Le Deal du moment :
Funko POP! Jumbo One Piece Kaido Dragon Form : ...
Voir le deal


Partagez
Ce n'est pas que de la culpabilité, n'est-ce pas ?
##   Jeu 28 Juin 2012 - 11:55
Aoi Amazaki

Personnage ~
► Âge : 28
► Doubles-comptes ? : Aaron W, Ariana, Misao
► Rencontres ♫♪ :
Aoi Amazaki
Master Air Solaire
Messages : 1531
Date d'inscription : 08/01/2011
Age : 28
Emploi/loisirs : Te soigner après ta dernière connerie.
Humeur : Vous voulez la version longue ou la version courte ?

Un temps infini avait semblé passer. Ce temps infini où, seule, j'avais ruminé mes pensées dans tous les sens possibles et imaginables. Au fond de moi, ce n'était pas que la douleur qui enflait, sans s'arrêter, comme un écho puissant. Il y avait aussi cette culpabilité, qui ne cessait de me poursuivre et de me traquer, comme la pauvre petite proie que j'étais. Que j'ai d'ailleurs toujours été.
Depuis le commencement, je savais que je me fourvoyais. Ce n'est pas avec des sourires que l'on cache la laideur de son âme. Ce n'est pas avec des mots gentils, ou bien placés, que l'on pouvait amadouer les autres. J'avais réussi un temps, à le leur cacher. Mais ils ne sont tous pas aussi aveugles. Était-je un monstre ? J'espérais que non. Mais c'était trop tard, tellement trop trop tard... Est-ce qu'il y avait vraiment quelqu'un, là-haut, qui punissait les mauvaises personnes ? Est-ce que je serais punie, moi aussi ? Est-ce que j'aurais droit au châtiment que je méritais ? Je n'avais jamais été spécialement heureuse d'être frappée ou punie, mais... Je devais l'être. Je devais être punie. Je ne méritais plus que ça. J'ai été une mauvaise personne... Et peu importait combien je m'efforçais de ne pas y penser, toutes ces pensées aussi malsaines que moi-même venaient parasiter mon esprit. Mais c'était normal. De la même manière, peu importait combien je m'entraînais, je resterais toujours faible. Peu importait combien j'essayais, je ne pourrais jamais dire que mon existence valait la peine d'avoir vu le jour.
Je n'avais pas le droit de pleurer. Je n'avais pas le droit de sourire. Je n'avais plus le droit de rien ressentir, à cause de ce que j'avais fait. J'aurais tellement voulu mettre fin à cette vie idiote et sans le moindre sens ; mais je n'étais pas si lâche. Je devais tenir bon, à cause de tout ça. Voilà ma sentence, douloureuse, silencieuse ; un enfermement de moi-même au milieu des ombres de mon cœur.
C'était bête, sûrement. Vraiment très bête. Mais je détestais faire du mal aux autres. Je détestais rendre les autres tristes, je détestais les blesser. Rien que de savoir quelqu'un mal, que ce soit de ma faute ou non, je ne pouvais pas le supporter. Et là, savoir que je lui avais fait du mal... M'était simplement insupportable. Je n'y pensais pas constamment, mais, peu importait, tout me revenait en tête dès que je me retrouvais enfermée dans ma chambre.
Allen.

Je lui avais caché des lettres de sa mère, durant si longtemps... ! Il avait toutes les raisons du monde de m'en vouloir, et, depuis janvier, nous ne nous étions pas revus. Je l'avais aperçu, au détour d'un couloir, mais avais fui. J'avais tellement peur qu'il ne s'en souvienne. Peut-être que, si il ne me voyait pas... Il ne s'en souviendrait pas ? Il ne se souviendrait pas de la douleur que je lui avais causé ? Je ne savais plus quoi faire. Alors j'ai tout laissé comme c'était, sans chercher à arranger quoi que ce soit. À présent, nous étions en juin, le vingt-huit. Six mois plus tard, le jour de son anniversaire. Et moi, je ne savais toujours pas quoi faire.
Durant la nuit, je me réveillai une fois de plus d'un horrible cauchemar. La poitrine comprimée, des milliers de voix me hurlant mon crime résonnant dans mon esprit, je me redressai, la tête entre les mains. Les joues humides, certainement d'avoir trop pleuré, je me levai avec rage, essuyant ces larmes traîtresses, qui pourtant ne laissèrent pas leur flot se tarir. La vision floue, dans la pénombre obscure de cette chambre froide et vide, je me laissai tomber à genoux devant ma table de nuit, ouvris le tiroir. Dans ce tiroir, deux choses : mon carnet, que je n'avais plus touché depuis janvier, malgré les dizaines de mots que j'avais écrits et qui traînaient à présent à ses côtés, et, installée sur le livret comme sur un piédestal, la petite boîte à musique que Mitsuki m'avait offerte.
Je laissai mes doigts entrer en contact avec la couverture du carnet, avant de m'interrompre, comme prise en faute. J'attrapai la petite boîte à la place, comme pour me convaincre que c'était bien ça que j'étais venue chercher. La sortant de la table de chevet, je la contemplais – de mon mieux – durant quelques instants. Puis, laissant échapper un soupire, je tournai avec une lenteur infinie la clé, que je portai à mon cou aux côtés du cristal que Tomoe-sensei m'avait fabriqué, avant de disparaître brusquement, elle aussi. Entonnant doucement la mélodie en même temps que l'instrument, je fermais les yeux, calmée par ces sons si doux et tendres. Lorsque je rouvris les yeux, à peine quelques secondes plus tard, je ne pus entrevoir que quelques instants les deux petits personnages danser en son sein. Mes yeux se remplirent à nouveau de larmes. Des larmes de tristesse, de nostalgie, de culpabilité et de douleur intense. Larmes que je retins en abaissant fortement les paupières.

Si Kaa-sama me voyait, où qu'elle fût à présent, elle ne serait certainement pas fière de moi. J'aurais voulu, comme elle, être capable d'un courage sans nom, braver tous les dangers en levant haut le menton et ne baissant pas les yeux face au premier venu. Beaucoup de gens disaient que je ressemblais à Kaa-sama, autant physiquement que mentalement. Ce n'était pas vrai. Je ne ressemblais pas à Kaa-sama ; elle était grande, belle et forte, et je ne possédais rien de tel. De même, je n'avais rien de courageux, ni de sûr de moi. Je n'avais pas le caractère d'un Feu, comme elle. J'étais juste faible, trop discrète pour être remarquée, maladroite, idiote.
J'essuyai une fois de plus mes yeux, puis posai la petite boîte sur mon lit, la laissant déverser ses notes harmonieuses et envoûtantes dans la pièce.
J'étais une Air. Une Guérisseuse. Et je savais ce que j'avais à faire, à présent.
Je joignis mes deux mains, fermai à nouveau les yeux, à présent sereine. Je savais que je lui avais fait du mal. Je le savais. Et je ne pouvais rien faire de plus pour lui, à part lui présenter mes excuses. J'aurais dû aller le voir bien plus tôt. Pourquoi avais-je attendu aussi longtemps, déjà ? Parce que j'avais peur ? Quelle idiotie.
La pénombre fut doucement, lentement, illuminée par une lueur émanant du creux de mes mains. Certainement pleurais-je encore un peu ; certainement avais-je à présent les yeux rouges et cernés ; je m'en fichais. Je me sentais juste idiote de ne pas y avoir pensé avant aujourd'hui. Combien de temps encore aurais-je laissé cette situation s'éterniser ?

Ma respiration se calma quelque peu et, alors que le son faiblissait, avant de s'éteindre complètement, l'obscurité envahit à nouveau peu à peu les lieux. Entre mes doigts gisait à présent un cristal, pas plus gros qu'une bille, d'un beau gris translucide, et prenant une forme un peu allongée. Il n'était pas aussi beau que celui de Tomoe, mais... J'y avais mis tout mon cœur, toute mon âme et toute la tendresse que j'éprouvais à son égard. Je tenais vraiment à lui... Il avait été là pour me protéger, comme un grand frère, et moi, je n'avais jamais rien fait pour lui. Alors, moi qui ne pouvait pas le protéger, j'espérais que ce cristal de guérison le ferait à ma place... De toutes mes forces, de tout mon cœur, de toute mon âme.
À présent, je ne me sentais pas très en forme, et aurais pu rejoindre immédiatement mon lit si je m'étais écoutée ; mais j'avais encore une chose à faire. Je me relevai alors, tenant toujours fermement la petite pierre dans ma main gauche, et me dirigeai à pas lents et feutrés vers le bureau. N'osant lâcher l'objet de peur de le perdre, si petit et fragile, je continuai à l'enfermer dans mon poing, pendant que, de la main droite, j'allumai ma lampe de chevet et fouillais les tiroirs, à la recherche d'une enveloppe, d'une feuille de papier et d'un stylo. Je pliai le papier, après avoir pris soin d'y laisser un petit mot que j'inscrivis de ma plus belle écriture, mais que je ne signai pas. Ce n'était même pas pour une raison particulière ; simplement un oubli dans la précipitation, que je n'avais même pas remarqué. Je le plaçai ensuite avec le cristal dans l'enveloppe, sur laquelle on pouvait à présent lire à l'encre noire : « Pour Allen »

Sortant ensuite de ma chambre, en prenant soin de ne pas claquer la porte, je me dirigeai, perdant peu à peu de mon assurance, vers la chambre de mon camarade, à quelques mètres de la mienne. Arrivée devant celle-ci, je coinçai, les membres tremblants, la lettre sous la porte. Sans quoi, sans un regard en arrière, je retournai dans ma chambre, la tristesse planant toujours au dessus de moi comme un lourd nuage, mais le cœur momentanément en paix.
Je savais que ça ne suffirait pas, mais, à présent, j'étais prête à affronter ce que je devrais affronter. C'était comme ça. Ce n'était pas de la culpabilité ; je ne savais même pas ce que c'était. Mais je savais que je me devais de le faire.
Kaa-sama, tu n'auras plus à avoir honte de moi. C'est ce que j'ai décidé.
Ainsi, je m'endormais, ressassant les mots que j'avais inscrits sur la petite carte improvisée, serrant la petite boite à musique contre moi comme pour conjurer les mauvais sorts de ces nuits noires et sans lunes.

    « Je suis désolée. Pour ces derniers mois, pour mes mensonges, pour tout. Puisse cette pierre te protéger mieux que je ne pourrais le faire moi. Bon anniversaire, Allen, et prends soin de toi. »



Je vole en #F54759
 

Ce n'est pas que de la culpabilité, n'est-ce pas ?

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1Terrae, Une nouvelle ère commence... :: L'Institut Terrae.
 :: Chambres. :: Partie Air. :: Chambre d'Allen.