Je poussai un soupir las. C'était moi ou le nombre de gens se promenant dans les rues augmentait sensiblement depuis quelques temps ? Je voulais bien croire qu'il faisait légèrement plus chaud que durant cet hiver – mon Dieu, j'osais à peine sortir de ma chambre, il y a pas un mois, tellement on se les gelait... – , mais, très sérieusement... C'est dans ces moments-là qu'on se dit « AHAHAHAH, j'aurais jamais dû quitter l'Italie »... Par exemple, là, j'ai froid. Et je chut les gens qui osent me dire très gentiment que je suis qu'un frileux et que... Non mais vraiment, je déteste le froid. Genre la neige, c'est joli, mais bon, au bout d'un moment, on en a trèèèès légèrement marre. Je porterais plainte contre le vieux débile qui a décidé qu'il devait faire aussi pourri alors qu'on était en mars...
Bien, je me suis très légèrement égaré, mais bon, tant pis, hein...
Je disais ? Ah, oui, c'est vrai. J'avais eu la très mauvaise idée de sortir alors qu'il commençait à faire soi-disant chaud pour ces espèces d'esquimaux. Et qui dit beaucoup de gens dit... Dit quoi, à votre avis ? Trop de pensées qui tourbillonnent, et un mal de crâne assez monstrueux pour les télépathes. Parfois, je regrettais légèrement de l'être...
Jetant des regards distraits autour de moi, les mains enfoncées dans les poches, j'avais eu une merveilleuse idée. Plutôt que d'aller m'enfermer dans la librairie ou rencontrer un imbécile – sisi, vous voyez de qui je veux parler, ne faites pas les innocents – qui squattait le bar presque 24h sur 24 – depuis qu'il avait appris que son ex était revenue à Terrae, en fait... Et qui donc la fuyait comme la peste. J'étais étrangement compatissant à la vue du caractère de son ancienne dulcinée, qui devait être au moins aussi pourri que le sien – je pouvais aller manger un petit truc au Glacier ! J'y étais déjà allé quelques fois depuis mon arrivée à Terrae – faut dire qu'en un an, t'as le temps... – et ils vendaient des petites choses plutôt sympathique.
Décidé, je me dirigeais vers le lieu dit, ignorant de mon mieux les pensées pour la plupart complètement futiles des passants. Je reconnus vite fait quelques personnes, que je saluais alors d'un léger sourire, avant de reprendre ma route.
Arrivé devant l'établissement, j'eus à peine le temps de comprendre ce qu'il se passait que la personne à côté de moi, une petite blonde, manqua de chuter en tentant – visiblement – de s'accrocher à la première chose qui lui tombait sous la main. C'est à dire le vide absolu. La retenant doucement, pour éviter qu'elle ne s'étale lamentablement par-terre, je lui laissai le temps de recouvrer ses esprits avant de lui demander, légèrement inquiet :

- Tout va bien ..?

Question idiote, mais bon, autant demander, pas vrai ?

HRP : Je suis désolée pour cet horrible et affreuuux retard T.T Pardon T.T De plus, ma réponse est absolument pas géniale, et super courte, pardon T.T

Je regardais la jeune fille reprendre ses esprits, puis se hâter de récupérer ses affaires, emportées par le flot continu de passants, qui ne lui jetaient pas le moindre regard. Allaient-ils réellement finir par la remarquer, ou allaient-ils continuer à la piétiner sans même s'en rendre compte ? Non, enfin, je disais ça juste comme ça, hein, pas grand chose de conséquent. J'avais simplement un peu peur pour elle. Parce que bon, elle a quand même manqué de s'évanouir, là... Pourquoi, d'ailleurs ?
Je concentrai mon esprit uniquement vers le sien, tentant ainsi d'occulter le brouhaha intérieur mugissant et intenable de la foule tout autour de nous, mais ne parvint à saisir que quelques bribes. Trop de monde. Beaucoup, beaucoup trop de monde.

- J'imagine que j'ai déjà été mieux. Ça devait être juste un étourdissement par rapport à la fatigue. Merci beaucoup, vraiment désolée du dérangement.

Eh bien, au moins, j'avais ma réponse ? Elle n'avait pas l'air spécialement ravie d'être ici, semblait-il. À la vue de ses habits et de ses bagages, je pouvais d'ailleurs aisément comprendre qu'elle venait juste d'arriver, et qu'un temps d'adaptation lui serait nécessaire pour s'habituer à tout ça. Parce qu'après tout, en plus d'être composée d'une ville grouillante, Terrae comprenait aussi des habitants plus étranges les uns que les autres. Je m'étais d'ailleurs toujours demandé si cet endroit ne recueillait pas simplement les personnes les plus bizarres que ce monde ait porté. Il suffisait de voir certains professeurs ou élèves pour s'en rendre compte immédiatement ! Entre les psychopathes et les imbéciles, on avait de quoi faire. De plus, l'alliance des uns et des autres avait tendance à donner naissance à des cocktails plus explosifs les uns que les autres. Définitivement flippant !
Puis, la jeune fille s'inclina respectueusement devant moi.

- Ça va bien maintenant, vraiment désolée de vous avoir fait perdre du temps.

- Non, ce n'est rien. Faites simplement attention à vous, lui répondis-je, un sourire quelque peu gêné aux lèvres.

Je n'avais définitivement pas l'habitude que l'on s'incline devant moi pour ce genre de choses. Je veux dire, ces coutumes – typiquement japonaise, il me semblait – semblaient sortir d'un tout autre monde. J'avais beau avoir été élevé dans une atmosphère aussi triste que stricte, jamais on ne m'avait inculqué ce genre de préceptes. Et plus je passais de temps ici, au Japon, plus je me rendais compte que... Tout le monde le faisait. Est-ce que j'étais un intrus ou un malotru, pour ne pas comprendre ces règles de vie civique ? Je veux dire, j'ai pu retenir quelques petits trucs, mais mis à part les suffixes, que je me mettais à utiliser lorsque je me rendais compte que je parlais avec un japonais, je ne connaissais pas grand chose. Même l'abruti de service était plus doué que moi de ce côté-là ! Après, j'avais appris récemment qu'il était à Terrae depuis près de quatre ans, et que du coup, c'était légèrement normal, mais voilà, ça me choque toujours autant. Bref.
Toujours concentré sur les pensées de l'inconnue, je m'avançai à mon tour vers le glacier, interceptant quelques unes de ses pensées.
Je laissai, malgré moi, échapper un petit rire.

- Envie d'un croissant, mademoiselle ? Histoire de vous requinquer, lui lançai-je finalement en souriant, alors que je me postai près du tableau qu'elle dévorait littéralement du regard.

Bah quoi ? Elle crevait la dalle, j'avais presque pitié pour elle ! Non, enfin, quand même pas, mais... Bref, ça sert, d'être télépathe...