Sergueï la laissa s'éloigner de lui sans chercher à la retenir, et s'aperçut que son regard avait changé. Il était devenu très froid. Le changement était flagrant. Oksa soutint son regard et lui dit :

- Sergueï ... Je n'y arriverai pas. Je ne peux t'accorder ma confiance. C'est trop m'en demander. Excuse moi, j'ai été trop blessée par les autres personnes, je n'arrive plus à me dire que certains humains peuvent être différents. Si tu tiens réellement à m'aider, ce dont je doute fort, désolée, il faudra que tu trouve le moyen de gagner ma confiance.

Ah, le manque de confiance en soi... Il fallait s'y attendre. Le jeune homme se redressa et se leva, réfléchissant à sa réponse. La méfiance de la jeune fille était aussi compréhensible : un garçon qui ne connaissait même pas son nom jusque là et qui s'impose en "sauveur", c'est étrange. Il fixa un moment le plafond, puis revint vers le regard de la jeune fille, le sourire aux lèvres.

- Tu n'es pas obligée de m'accorder ta confiance, si tu n'en as pas envie. Je reconnais que j'ai été assez cavalier en entrant dans ta vie comme ça, et j esais que la confiance se mérite. Mais je suis vexé que tu penses que je suis un menteur. Je déteste les mensonges. Dis-moi ce qu'il te faut pour pouvoir m'accorder cette confiance : je suis sûr de pouvoir le faire. Tant que ce n'est pas quelque chose de mauvais, bien sûr.

Il précisait, parce que Célia lui avait fait une demande de ce genre un jour, et il s'était retrouvé obligé d'apprendre à manier un pistolet et une épée pour pouvoir l'aider dans son entraînement quand il avait refusé. Complètement folle, cette fille.

Je suivais du regard les moindres gestes de Sergueï. Il se leva, fixa un moment le plafond, pour finalement se tourner vers moi, le sourire aux lèvres. Il me dit :

- Tu n'es pas obligée de m'accorder ta confiance, si tu n'en as pas envie. Je reconnais que j'ai été assez cavalier en entrant dans ta vie comme ça, et j esais que la confiance se mérite. Mais je suis vexé que tu penses que je suis un menteur. Je déteste les mensonges. Dis-moi ce qu'il te faut pour pouvoir m'accorder cette confiance : je suis sûr de pouvoir le faire. Tant que ce n'est pas quelque chose de mauvais, bien sûr.

Un fin sourire se dessina sur mon visage, bien que mon regard soit resté un peu froid. Je commençais avec un léger amusement :

- Ce que tu peux faire ? Hmmm ... Voyons ... Rien de mauvais tu dis ?

Je fis semblant de réfléchir un peu et je continuais :

- Tient, tu pourrais tuer quelqu'un non ?

Puis je souris en coin, et fronçais légèrement le nez.

- Non, c'est mauvais ça je crois.

Je le regardais avec des yeux légèrement adoucis.

- Ne fais rien. Tu ne t'aies pas défilé, ça me suffit.

J'haussais les épaules avec un sourire et un regard un peu triste.

- Mais ... Ce que je me demande maintenant, c'est ce que tu compte faire pour que je ne sois plus seule ...

Je retrouvais légèrement mon sourire quand je vis que Sergueï avait cru à mes mensonges. Je savais bien mentir, j'étais habituée. Il répondit à ma question :

- C'est simple : je vais t'emmener un peu partout où j'irais. Il faut que tu sortes, que tu voies le monde qui t'entoure. Tout le monde ne va pas te cataloguer comme "fille super timide" si tu t'en donnes la peine ! Et je suis là pour empêcher ça.


Il m'ébouriffa les cheveux, je retins un cri d'indignation quand je vis rentrer l'infirmière. Je me contentais donc de remttre mes cheveux en place et de jeter un regard faussement méchant à Sergueï. Elle posa la question habituelle :

- Lequel de vous deux est malade ? Qu'est-ce qui vous amène ?

Je m'apprêtais à répondre mais Sergueï me devança :

- J'accompagne Oksa parce qu'elle s'est fait mal à la cheville aujourd'hui. J'ai soigné ça mais j'aimerai savoir si c'est suffisant ou non. Pourriez-vous vérifier ?

L'infirmière s'avança vers moi et commença à tourner, toucher, appuyer, bref, tripoter ma cheville de partout sans aucunes douceurs. Je fronçais les sourcils. Elle prit la parole :

- C'est bon tout est bien réparé. Il faudra quand même vérifier de temps en temps si la cheville n'a pas regonflé au cas ou ça n'ai pas totalement agi.

Elle regarda Sergueï avec un air légèrement méprisant, comme s'il ne valait pas grand chose.

- Vous auriez quand même du m'attendre pour éviter de faire des bêtises. Enfin bref, c'est trop tard de toutes façons. Vous pouvez tous les deux retourner en cours.

Je remettais ma chaussette et ma chaussure puis me levais pour rejoindre Sergueï qui était appuyé contre le mur.

Sergueï eut l'air vexé par le regard de l'infirmière, en même temps, je le comprenais. Il se tourna vers moi, et m'interrogea :

- On fait quoi maintenant ? Tu veux retourner courir ?

Courrir ? J'haussais les épaules, moyennement motivée. Je n'avais jamais séché les cours, mais il faut bien une première fois à tout non ? Sergueï coupa mes pensées :

- Ce que je peux faire, si tu veux, pour t'aider dès maintenant, c'est t'emmener manger avec moi et quelques amis ce soir, après les cours. Comme ça tu restes une bonne élève, et tu te socialises un peu. C'est bien non ?

Je le regardais avec un air légèrement inquiet. L'idée de voir de nouvelles personnes me térorisait. Je cherchais une réponse, mais les mots restaient bloqués dans ma gorge. Je détournais légèrement le regard, essayant de cacher ma gêne, qui était pourtant immense. Sergueï voulait m'aider, et moi, je n'y mettais pas du mien. C'était si compliqué ... J'avais avancé seule une bonne partie de ma vie, alors cette nouvelle aide me perturbait.

- Co ... Comme tu veux .. bégayais je, confuse.

Puis, me reprenant, essayant d'avoir un peu de courage, je modifiais légèrement ma réponse :

- D'accord .. Vers quelle heure ?

Je le regardais à nouveau, mon regard était terifié, mais ma voix était sûre, et montrait ma détermination. Je voulais avancer, mais sans l'aide de Sergueï ça me serait certainement impossible. J'avais appris que dans la vie, quand on te tend la main pour t'aider à te relever, il faut toujours la saisir, aussi inquiétant soit le chemin qui suit. Je faisais un petit sourire à Sergueï.