Après maintes séances de réhabilitation intensive, j'ai enfin repris tant bien que mal ma faculté de mouvoir. Après tout, un mois s'est écoulé depuis mon 'accident' des plus désastreux. Un mois aussi depuis qu'une certaine manipulatrice du feu a commencé à faire partie de ma petite vie de solitaire.

En y repensant un peu, un peu de compagnie de temps en temps ne faisait pas de mal, enfin selon les dires de Shizuru qui me répétait sans relâche qu'il faut être plus ouverte. Mais je pense qu'au fond c'est juste pour que je lui expose ma personne qu'à elle, car après observation, je constatai qu'elle n'avait rien à faire des autres. Oui, pendant un mois, j'ai pu découvrir certaines choses bonnes comme mauvaises à son sujet. Une petite bourge de bonne famille qui a viré sur le chemin obscur de la vie, c'était l'appellation que je me plaisais de lui sortir de temps en temps, même si je ne connaissais pas tous les détails.

Pourtant, il y a une chose qui allait m'énerver dès le début. C'est sa manie de faire le pot de colle. Depuis que je lui ai donné la permission de m'approcher ne fut ce qu'un peu, elle était dans mon champ de vision quasiment tout le temps. Les quelques fois où je pouvais souffler se résumaient à mes balades en moto qui d'ailleurs me procurait un baratin sans fin de sa part. Même après ses insistances prononcées, je ne la laissai toujours pas enfourcher mon trésor, ni venir avec moi. C'était quelque chose que je me réservai quitte à avoir des maux de tête monstre par la suite. Et aussi la nuit... C'était l'horreur! Toutes les fois où je devais la faire sortir de ma chambre à coup de pieds car madame avait soi-disant peur de dormir toue seule. Des nuits blanches en l'occurrence. En y pensant d'avantage, les moments où elle allait aux cours et aussi à ses entrainements me laissaient des moments de répit. Car oui, elle devait apprendre à contrôler ses flammes, question qu'elle ne brule pas tout ce qui l'entoure. Jusqu'à cet après-midi, j'avais aussi des pensées noirs par rapport à ce don donné aux personnes habitant Terrae: Je ne savais pas encore quel était mon pouvoir, alors je me plaisais de sécher les cours sans retenue. D'un coté le fait d'être là, sans pouvoir ne serait ce qu'un peu commencer à combler ce vide comme on me l'a promis à ma venue, était frustrant. Pourquoi je n'avais pas accès à un quelconque pouvoir? Serait-ce une erreur de me retrouver là? Selon Shizuru, ce n'était qu'une question de temps. Mais la frustration était constamment présente. Et elle avant bien raison. J'allais le lui faire découvrir dans peu.

Ayant observé le pot de colle s'exercer de temps en temps à maitriser son pouvoir, je dus avouer qu'elle n'était pas douée. Pourtant je l'enviai tout de même, car elle au moins, elle pouvait me menacer à tout moment jusqu'à présent. Je plaisante. Depuis un moment déjà, on a arrêté d'essayer de s'entre-tuer, quelques coups par-ci par-là pour bien marquer les limites de l'acceptable, mais sans plus. Quand j'y réfléchissais un moment, sa présence n'avait rien de nuisible pour moi, au contraire même si parfois c'était lourd à supporter, surtout son comportement enfantin à vrai dire, je devais avouer que cela me faisait plaisir qu'elle soit là. Quelque part au fond.

Évitant de croiser sa personne aujourd'hui, j'ai séché toute la journée. Bizarrement, si elle apprenait cela, je passerais un sale quart d'heure. Pourquoi? Car il est important de suivre les cours ne fus que pour avoir une culture générale développée et aussi cela pourra t'aider pour maitriser ton pouvoir quand tu l'auras ... et blablabla. Évidement je décrochais toujours après cette partie, la laissant parler dans le vent. Pourquoi l'avoir évité aujourd'hui? Surement pour l'embêter un peu, car j'ai remarqué depuis peu qu'elle ne supportait pas se faire ignorer, c'était amusant. Amusant? Oui un concept assez étrange pour moi que je développais peu à peu, amusant comme casser la figure à quelqu'un... Enfin, Shizuru essayait du mieux qu'elle pouvait à m'expliquer ces concepts en donnant des exemples faciles à comprendre pour moi. Effrayant non?

Tout de même, je me suis bien assurée de l'appeler le matin même, lui donnant rendez-vous près du lac tard dans la soirée, à 21h précisément. Sachant qu'elle était toujours à l'heure, je me débrouillais à être un peu en avance. Ce serait drôle de la faire poiroter un peu dans le froid, mais pas cette fois. De plus je me taperai des séances de boude intensive de sa part, comme si je n'avais que ça à supporter. Après un petit passage dans ma chambre, en faisant bien attention de ne pas croiser la fille aux yeux rubis, je me dirigeai vers le lac en question. Un bel endroit, calme où on pouvait vider son esprit en contemplant les reflets de la lune sur l'eau claire. Moi apprécier la nature? Non, juste ces moments éphémères qui disparaissaient rapidement. Comme tout autour de moi, enfin jusqu'à présent. Arrivée à destination, je me posai contre un arbre jouant avec mon portable. Oui, effectivement, l'ayant volé à certain friqué dans le ville, je trouvai ce jouet assez intéressant. Bien sur vaut mieux pas que je le dise à Shizuru d'où je l'ai, sinon ca allait mal se terminer pour moi.

Soupirant de façon inaudible dans cette nuit de pleine lune, je repensai un moment à ce qui m'est arrivé dans la matinée. J'ai reçu enfin mon pouvoir. Je ne savais pas si c'était l'élément qui me plaisait le mieux de tout ce dont j'avais vu depuis mon arrivée ici, mais je devais avouer que ce n'était pas mal du tout. Après tout on ne contrôle pas la foudre tous les jours. Et encore contrôler c'était un grand mot, on m'a prévenu dès le début que j'aurai du mal à savoir gérer ce pouvoir, c'est pourquoi il était bien bridé. J'essayerai de ne pas blesser tout le monde autour de moi comme une certaine manipulatrice de feu, tout de même.

Sans que je m'en attende, une personne me sauta littéralement dessus me faisant sortir de mes pensées. Sous la surprise je fis tomber mon portable tout en foudroyant l'intruse du regard.

- Ara, aurais-je fais patienter mon petit hamster chéri ?

Et encore avec ses drôles de surnoms, j'allai vraiment la tuer un jour pour son manque de tact. Me frottant la joue d'un air mécontent, je ramassai mon portable tombé à terre et le mis dans une de mes poche de l'uniforme.

-Shizuru! Je t'avais dit de ne pas me prendre par surprise comme ça!

Quoi? Oui, j'ai appris à l'appeler par son prénom. Car plus je lui sortais des 'Fujino' ou 'eh toi', plus elle insistait à me pourrir l'existence. C'est pourquoi vaut mieux prévenir que guérir, ne? Tout en soupirant de désespoir, je la questionnai en avançant vers le bord du lac, où je m'assis.

-Tu as passé une bonne journée? Sans bruler un quelconque insecte?

On dirait que l'habitude reste toujours présente question de l'ennuyer aussi un minimum. Tout en attendant qu'elle prenne place à mes cotés, je regardais le reflet de la sphère blanche dans l'eau.

-J’ai eu cours toute la matinée et je me suis entrainée cette après midi encore, à part le manque de ta présence, je peux dire que ma journée à été … bonne.

Fixant sa silhouette s'assoir à mes cotés, je n'ai même pas pris la peine de retirer ma main de son emprise, toujours l'écoutant sans rien dire.

-J’ai été étonné que tu me donnes rendez-vous si tard, quelque chose se serait-il passé Natsuki ?

Il ne sait rien passé de particulier, c'est sur. Mais j'avais envie qu'elle soit la première qui sache que j'ai reçu enfin mon pouvoir. Lâchant sa main, je plongeai la mienne dans ma poche tout en arrêtant mon geste à sa suivante remarque.

-Sache tu es la seule qui m’enflamme Natsuki.

Bien sur, toujours des paroles bien placée pour me prendre au dépourvu. Détournant le regard, je fis une moue contrariée avant de soupirer de lassitude. Tout en sortant le petit cristal attaché à une chaine, j'affichai un micro-sourire en le suspendant devant ses yeux. Déclarant d'une voix faussement inquiète:

-Maintenant tu devras faire d'avantage attention à ce que tu fais... T'imagines si je venais à te griller sans faire exprès?

Remettant la petite pierre dans ma poche, je touchai l'eau du bout des doigts tout en faisant attention de ne pas perdre l'équilibre et d'y tomber. Remarquant que l'eau était froide, j'affichai une grimace avant de m'allonger de tout mon long sur l'herbe. Tout en invitant Shizuru à s'allonger à mes cotés, je pointai du doigt la lune.

-Il parait que ce pouvoir est plus fort pendant les jours de lune, comme le tien d'ailleurs. Mais bizarrement, ca ne me fait rien de l'avoir pour le moment...

Enfin, je ne me suis pas encore entrainée à l'utiliser, certes. Mais disons que j'ai manqué quelques cours sur le sujet. Comment m'y prendre?

-Et de ton coté, ca s'améliore?

Je pouvais éviter de lui poser la question, et comme par hasard sa réponse me fit froid dans le dos.

-Voudrais-tu y gouter Natsuki ?

C'est pas qu'un souvenir de flammes consumant ton corps reste gravé dans ta mémoire, mais c'est tout comme. Et étrangement, je n'avais pas envie de revivre ce genre de situation.

-Alors dis-moi, quelle est ton affinité ? Feu ou Tonnerre ? Tu es bien trop méchante pour être Eau, pas assez vive pour être Air et certainement pas Terre, tu es trop impulsive pour être douce.

Balançant des regards tueurs à son encontre, je m'enfermai dans un silence de mort. Elle n'avait pas l'air d'avoir capté ma mauvaise humeur du moment, c'est pourquoi je lui pinçai la joue avant de m'éloigner à une vitesse éclair de sa personne.

-Non merci, j'ai eu assez de feu pour toute ma vie.

Lui lançant un regard de défi avec un sourire moqueur plaqué sur le visage, je poursuivis d'un ton contrarié.

-Et bien, c'est...

Me coupant dans ma phrase, je sortis mon portable qui vibrait comme affolé. Tout en grognant en voyant le nom s'afficher sur l'écran, je décrochai et déclarai avec colère.

-Quoi?!

Comme je ne supportai pas qu'on me dérange avec des stupidités, tels que des affaires à régler pour le compte d'un certain chef d'une certaine bande. On dirait que mes anciennes relations comptaient sur ma présence à Tokyo. Répondant que je n'avais rien à faire de ses histoires, la personne à l'autre bout du fil n'avait pas l'air de comprendre mon refus. Mais avant que je puisse raccrocher sans plus, un petit bruit s'échappa de mon cellulaire suivit d'une odeur de brulé. Étonnée par la situation, je regardais mon bijou acquit quelques jours au part avant. De la fumée s'en échappait. Ouvrant grand les yeux, j'étais déboussolée par ce qui venait de se passer avant de comprendre le pourquoi du comment. Reportant mon attention sur Shizuru tout en laissant tomber le portable au sol dans un geste ennuyé, je levais les yeux au ciel tout en parlant.

-Tonnerre... Et maintenant, il faut que je me trouve un nouveau cellulaire. Malheur...

Dépitée par la situation, je me laissai tomber à genoux tout en me lamentant sur la situation.

S'avançant vers moi, elle déclara amusée:

-Ara, je suis contente que mon petit louveteau a reçu son pouvoir. Mais je peux remarquer aussi que cela lui est tellement nouveau, qu’elle a cassé son cellulaire.

Merci de venir m'enfoncer d'avantage dans mon malheur, Shizuru. Tu loupes jamais l'occasion, on dirait.

-Dis moi, sais-tu déjà faire quelque chose avec celui-ci ? Si tu veux, je te montre mon évolution aussi …

Tout en arrêtant de m'apitoyer sur mon sort, je relevai la tête en fixant la jeune fille avec intérêt. Après tout, je pouvais me trouver un autre jouet de la sorte. Tout en croisant les bras toujours assise sur le sol froid, je plongeais mes émeraudes dans ses rubis si particuliers. Tout en affichant une mine gênée, je déclarai d'une petite voix.

-Non, je n'ai toujours pas eu l'occasion de m'exercer à le manipuler. Je l'ai appris ce matin après tout.

Après cet aveu de plus embêtant, j'affichai un sourire moqueur tout en lui lançant un regard froid made in Kuga.

-Ah? Tu as appris à faire quoi? Je risque de bruler si ma curiosité me pousse à vouloir voir ce que tu sais faire déjà?

N'attendant pas qu'elle m'en veuille pour cette 'plaisanterie' du mauvais gout, je lui accordai un sourire doux. Oui, oui, froide que je puisse être, je sais avoir cette expression du visage.

-Je veux bien voir de quoi tu es capable maintenant. Et j'aimerai aussi que tu sois...

Si je continuai ma phrase, deviendrait-elle encore plus collante que d'habitude? Surement, mais bizarrement après ce mois de sa présence, j'ai commencé à l'apprécié et l'accepter. Et je serais vraiment contente si elle pouvait m'aider ou tout simplement être là pour me suivre dans mes progrès.

-... sois là pour voir mes propres progrès.

Heureusement qu'il faisait nuit.

Quand elle vint se coller à moi, un mauvais pressentiment me parcourut. Et ceci n'était pas faux, j'avais en horreur quand elle se permettait de trop. Même après un mois où elle ne laissait passer aucune occasion pour m'embrasser, je ne m'habituais pas à ce geste. J'allai la tuer!

-Je serai toujours là pour Ma Natsuki …

Changement d'avis. En fin de compte, juste un sourire apparut sur mon visage tout en me focalisant sur les gestes de ma chère amie de feu. Je devais l'admettre, son visage concentré et cette puissance qu'elle dégageait par sa seule présence, m'émerveillaient. Tout en la regardant, je tournai ma tête de coté à la vue d'une flammèche bleutée apparaitre dans l'air.

-Si délicate et si seule … Se battant dans la pénombre contre les ténèbres …

Je ne savais pas d'où me venait ce sentiment étrange. Peut être c'était son aura et le ton de voix qu'elle utilisait à ce moment de concentration. Mais je la trouvais si triste à ce moment, trop triste à mon gout.

Tout en faisant un O de la bouche, je regardai tour à tour d'autres flammes apparaitre un peu partout devant sa personne. Je ne savais pas qu'elle était capable d'en produire plus d'une seule.

-Vois-tu Natsuki ? Elles sont petites et encore fragiles, mais elles apparaissent enfin quand je les appelle.

Voulant complimenter ses progrès, je m'arrêtai net en voyant les flammes changer de couleur et s'attacher à Shizuru. Me relevant paniquée, je m'approchai d'un pas de sa personne avant d'interrompre mon geste, car toute flamme eut disparut. Soufflant avec soulagement, je l'écoutais en me rasseyant.

-J’arrive à garder un peu plus le contrôle qu’avant, de plus, le feu ne me brule plus désormais. On peut dire que j’ai progressé même si je suis toujours instable.

Tout en affichant ce moment sourire content, elle vint à mes cotés.

-Sais-tu que le feu est un élément destructeur ? En prenant possession de ce pouvoir, les portes de l’Eden me seront fermées à jamais … C’est les pensées que j’ai depuis que j’ai compris la force de celui-ci. Pour arriver à un semblant de contrôle, je dois me concentrer sur cette chose en toi qui grogne libération …

Tout en méditant sur ses dires, je l'écoutais avec une oreille attentive en affichant une mine sérieuse.

-… Pense aussi à qui tu tiens le plus dans ce bas monde, n’as-tu pas une personne spéciale … ?

Une personne spéciale...? Attrapant sa main d'un geste vif, je commençai à jouer avec cette dernière tout en fixant un point invisible au loin.

-Shizuru... Ne dis pas ce genre de chose. Si tu possèdes cet élément c'est pour une bonne raison. Et... et la chaleur ce n'est pas forcement mauvais, bien au contraire.

Joignant des gestes à mes paroles, je déposai ma main au niveau de son coeur tout en poursuivant dans un murmure.

-Le feu est un élément de la nature qui est fondamental et puissant, tu as beaucoup de chance de l'avoir. Ne gâches pas ce cadeau, et justement apprends à le contrôler pour en profiter au maximum.

Tournant mon regard d'un vert profond, je me plongeai dans le sien. Cette joie mêlée de tristesse qu'elle montrait à ce moment avait quelque chose de dérangeant, mais je ne savais pas le définir. Du jour en jour, je voyais que derrière cette personne soi-disant forte, il y avait une partie sombre qui la détruisait peu à peu. Et le pire ce que j'en prenais garde et je voulais stopper ce processus.

-Je ne comprends pas... Pourquoi devoir tenir à quelqu'un? Qu'est-ce que ca change? Si on peut s'en sortir seul...

Depuis toujours cette réflexion fit partie de moi, mais depuis peu Shizuru me faisait découvrir avec patience que j'avais peut être tord sur toute la ligne. Mais bon, je restai tout de même convaincue de ce que j'avançais.

-S’en sortir seul n’est pas une solution Natsuki, un jour ou l’autre tu auras besoin de quelqu’un. Et ce jour, je voudrais être la personne sur qui tu pourras compter.

Grimaçant à l'entente de ses mots, je ne répondis rien. La laissant s'approcher de moi sans bouger, ses paroles coulaient dans mon esprit.

- N’as-tu pas apprécié ce mois passé avec moi ? Ne voudrais-tu pas que cela continue à tout jamais ? 

Tout en restant perturbée par ses questions, je ne répondis rien laissant planer un silence. Je voyais clairement que Shizuru s'était attachée à moi d'une drôle de façon. Elle était prête à tout faire pour une personne sans coeur ni émotion comme moi. Je me posais souvent la question pourquoi ce dévouement, sans jamais arriver à une réponse. Et je ne voulais pas connaitre la sienne non plus, de peur de la rejeter par pure pulsion du moment. Et après tout, j'étais bien ainsi par rapport à sa personne. Elle était comme une amie? Non, une personne unique à laquelle je n'avais pas peur de dire et montrer ce que j'étais vraiment.

-Shizuru...

Cette situation me mettait mal à l'aise. D'un coté je devais l'avouer, j'aimais sa présence, sa personne rayonnante près de moi. Elle était la première à venir vers moi, à oser franchir la barrière de solitude qui me séparait du reste du monde. Mais d'un autre coté, j'aimais ma solitude et j'avais peur de ce qui se trouvait à l'extérieur de ce monde sombre rien qu'à moi. Et je n'appréciais pas que Shizuru vient mettre les pieds dedans sans retenue. Enfin... J'étais perdue sur la question.

-Tu sais... J'aime bien quand... Enfin, tu vois quoi.

Et bien, question exprimer ses sentiments ce n'était pas encore ça. J'espérais juste qu'elle me pardonnera mon manque de tact. Ouvrant grand les yeux, je venais juste de réaliser mes propres pensées. Comment ça je prenais en compte ce qu'elle puisse penser de moi? Depuis quand est-ce que son avis et sa présence sont devenus si importants à mes yeux? Dans quoi je me suis foutue encore...

-J'apprécie ta présence... Même si t'as le don de m'énerver! Donc c'est que...

Mais oui, essayons de masquer le tout derrière des répliques méchantes ou autre, question de ne pas ravaler sa fierté de trop. N'osant même plus la regarder, je fixais mes mains qui étaient vraiment intéressantes à ce moment précis. Puis dans une murmure inaudible, j'ajoutai à moi-même:

-...que en fait je pense t'aimer... bien...beaucoup...

Devenant un vrai gyrophare, mes mots s'entremêlaient entre eux, tandis que mes pensées se chamboulaient dans mon esprit torturé. Je ne comprenais même pas le sens de mes dires et ca me faisait bouillir sur place. De l'incompréhension, de la rage et bien d'autres sentiments étrangers à ma personne qui se débattaient dans me tête, constituaient ma personne en ce moment même. Tout en restant dans mon mal-être, je ne décrochai pas mes yeux de mes poings serrés à s'en blanchir les jointures.

-Je peux enfin te l’avouer aussi dans ce cas …

Tout en suivant son geste, je me relevai encore troublée par mes précédents dires.

-Nous sommes deux à partager ce sentiment dans ce cas …

Comment...? Mais avant que je puisse ne serait ce que réagir à ses mots, sa soudaine proximité me bloqua dans tous les sens du terme.

-Ma reine des glaces fond tel un glaçon devant un soleil brulant à ce que je vois, j’en suis tellement heureuse …

Faisant des yeux ronds comme deux billes, je me rendais peu à peu compte de ce qu'elle venait de me dire à l'instant. Devenant rouge pivoine, je n'osais bouger pendant un moment tout en cherchant une quelconque échappatoire. Mais je ne pouvais fuir cette situation que j'ai moi-même provoquée à cause d'une poussée sentimentale. Moi-même je ne savais pas quels conséquences auraient mes dires, mais en voyant la réaction de Shizuru, elles n'étaient pas des moindres. Que faire? Tout en commençant à paniquer, je pus voir dans son regard une demande non-dite, elle attendait quelque chose de moi, je le voyais, je le sentais,...

Des sueurs froides parcouraient mon dos, tandis que son souffle se faisait ressentir sur mon visage. Je ne savais quoi penser de ce qui allait suivre. Ce genre de geste ne venait que rarement de ma personne et encore quand il venait. Et là, j'étais devant une situation qui... Qui quoi d'ailleurs? Prenant mon courage à deux mains, je comblais l'espace qui me séparait de Shizuru, scellant nos lèvres dans un baiser doux. Tout en sentant ma panique passer comme par enchantement, je resserrais mes mains sur son pull blanc. Une boule apparue dans mon estomac. Et elle remontait peu à peu le long de mon corps tremblant jusqu'au bout de mes doigts. Sentant le roussi arriver, je repoussai Shizuru tout en regardant mes mains fumantes et les quelques étincelles blanches autour d'elles. Frottant mes mains contre mes jambes dans un geste inutile, j'osai pas lever mes yeux vers la jeune fille qui devait me regarder de ses rubis. Trop de stress comme pour une journée.

-Shizuru, je... Désolée...