Cela fait bien longtemps que je n’aie pas eu de nouvelles. Comment vas-tu ? La dernière fois que je t’ai vue, tu m’as appris que tu étais enceinte. Je ne sais même pas s’il s’agit d’une fille ou d’un garçon ! Ca fait si longtemps… En réalité, cette idée de lettre m’est venue après que j’aie eu vent d’un bal, là où je me trouve désormais. A l’entente de cette nouvelle, j’ai immédiatement pensé à toi ! Tu te rappelles ? Tant de souvenirs ! Tu étais si jolie, coiffée et habillée comme ça… Je m’en rappelle comme si c’était hier. D’ailleurs, n’était-ce pas ce jour que tu as rencontré ce garçon… Casadon ? Est-ce de lui que tu as eu cet enfant ? Bah ! Dans tous les cas, je suis persuadée que ce fut un beau bébé ! Qui doit maintenant être bien grand, d’ailleurs… Comme j’aimerais te revoir ! Et comme j’aimerais rencontrer cet enfant que tu as dû très certainement éduquer à merveille ! Je suis sûre qu’en plus, mon fils pourrait être son ami ! Mon fils… J’espère vraiment qu’il va bien.

Comment dire ? A l’entente de toutes ces bizarreries, concernant cette fille aux pouvoirs, l’ouverture de cet institut : la nouvelle Terrae… Je suis partie. J’ai dû m’éloigner de mon fils, à peine âgé de 16 ans. Il en a maintenant 17… J’aurais tant aimé être là pour fêter ce jour avec lui ! Mais je ne peux pas. Je n’ai pas pu. Impossible de l’appeler ou même d’aller le voir. Je ne dois pas le faire, et tout cela dans le seul but de le protéger. C’est dur à accepter, mais j’ai dû m’y faire. Ce qui me rassure, c’est qu’il n’est pas seul. Il est avec sa meilleure amie… Et aux dernières nouvelles, il se trouve à Terrae ! Quel hasard, hein ? J’aurais préféré qu’il vive une vie normale. Mais à Terrae, je sais qu’il sera en sécurité !

A vrai dire, je suis partie car les scientifiques, la terre entière étant au courant des pouvoirs, étant au courant pour Terrae… Nous, anciens de Terrae, pouvions nous défendre : mais nos enfants ? C’était plus compliqué… Sur un trajet de la maison au lycée, lors d’une sortie entre amis… Ils pouvaient être en danger, être enlevés… Et alors, impossible de les protéger. Car je refusais de le suivre tout le temps, d’être toujours sur ses talons. Je voulais qu’il vive, et pas que sa liberté lui soit enlevée à cause de nous !

J’ai eu du mal à partir, mais Eriol, Dark et Mist (enfin… Takeshi et Kasumi) m’ont fait comprendre que je le faisais pour Allen, et non pour moi. Alors nous sommes partis nous réfugier… En Alaska ! Il fait vraiment très froid ici… Mais j’aime énormément. Après tout, c’est toujours l’hiver que j’ai préféré ! Alors devrais-je me plaindre ?

Ici, nous avons découvert un laboratoire que nous avons su mettre hors d’état de nuire. Lors d’une nuit, une tempête a commencé à faire rage, et j’ai suffisamment ressenti le vent pour pouvoir l’orienter. Depuis la fin de Terrae, de l’ancienne de Terrae, même après avoir retrouvé mes pouvoirs, j’ai énormément de mal à les maîtriser. Et encore, j’ai bien de la chance de pouvoir utiliser l’air ET la guérison, bien qu’à dose très réduite ! Mist, Dark, Eriol… Ne peuvent plus utiliser que l’électricité. De ton côté, qu’as-tu récupéré ? Feu, Invisibilité, les deux… ?

Enfin, revenons-en à ce laboratoire… Cette nuit-là, j’ai accentué la puissance du vent, et l’ai orienté sur ce laboratoire. Eriol, Mist et Dark se sont alors introduits à l’intérieur, et ont fait sauté tout le réseau électrique, sans laisser la moindre trace, de fait que la tempête semblait être pour eux la seule cause de cette panne. Leur seul souci est que l’électricité n’est jamais revenue… Les faibles pouvoirs regroupés entre eux de ces trois garnements avaient bien plus de puissance que prévu ! Mais pourquoi se plaindre : grâce à cela, sans le moindre mort, sans le moindre débordement, sans laisser une seule trace… Les scientifiques ont été obligés de quitter la région, et nous vivons désormais paisiblement dans un petit chalet que… Nous avons acheté. Lorsque nous avons parlé de construction, les visages d’Eriol et Dark ont viré au blanc. Ce qui fait que Mist et moi avons finalement décidé de prendre un grand chalet, juste de quoi vivre à quatre.

J’aimerais énormément que tu puisses venir nous rendre visite ! Ou qu’à l’inverse, nous venions ? Après tout, le seul danger est de se faire retrouver par les scientifiques… Et à quatre, nous avons largement de quoi les repousser ! Après tout, je suis sûre que toi aussi, tu te débrouilles très bien, et que pas un seul de ces monstres n’est venu te voir !

Je suis désolée… Je sais que ce n’est pas bien de les traiter de la sorte, et d’être si méchante avec eux… Mais après ce qu’ils ont fait à Mist, après tout ce que j’ai pu vivre, après cette bataille, ce qui était arrivé à Yujiro… Même toi, je ne pourrais jamais oublier ton regard qui avait tant changé après ça, ton sourire qui avait disparu ! Ton si joli sourire… Je suis sûre qu’il a resplendi, ce jour où tu as accouché. L’enfantement est une chose merveilleuse, non ? Je me souviendrais toute ma vie de la première fois où j’ai vu Allen ! Des yeux bleus, des cheveux bruns… C’était mon portrait craché ! Eriol était presque jaloux. Mais j’étais tellement fière de lui, lorsqu’il a dit ses premiers mots, lorsqu’il a fait ses premiers pas ! En parallèle, Mist avait accouché quelques mois plus tôt de sa fille : Mitsuki. Allen et elle ont grandi ensemble, et je sais que le lien qui les unit est très fort. C’est pour ça que je suis rassurée qu’ils soient tous les deux à Terrae… Même si je suis triste de ne pas les voir grandir.

Enfin, passons ! Tu me manques ma chère Kumiko. J’espère réellement que tu vas bien ! Te revoir serait un vrai bonheur, et si l’adresse à laquelle je t’écris est bien la bonne, si tu reçois bien cette lettre, j’espère que tu m’y répondras, que je puisse un peu découvrir ce que tu deviens !

Je t’embrasse, et prie pour avoir de bonnes nouvelles de ta part.
A très bientôt, je l’espère !

J'ai bien reçu ta lettre. Tu ne peux pas savoir à quel point celle-ci m'a fait plaisir ! Tu m'en aurais presque fait pleurer, tu sais ?

Je vais bien, j'essaie de faire comme toujours : sourire à la vie, rire au nez de mes ennuis. Et toi, comment vas-tu ? J'avais peur d'essayer de te recontacter ; j'étais partie bien trop rapidement, sans rien dire, et j'avais tellement peur que tu m'en veuilles. Mais il fallait que je parte, je ne pouvais pas rester là-bas, tu sais. Même si j'aurais souhaité rester jusqu'à la toute fin, je m'en veux d'avoir fui. Moi qui me disais être Feu, j'ai fait preuve d'une lâcheté sans pareille. Tu ne sais pas à quel point je m'en veux...
Bien entendu, je me souviens de ce bal, et je ne peux que te remercier de m'y avoir menée. Sans toi, je n'aurais jamais pu rencontrer Casadon, c'est vrai. Et... C'est effectivement lui le père de mon enfant. J'étais un peu jeune, à l'époque, mais maintenant, seize ans plus tard... Je ne regrette pas. Non, vraiment, je ne pourrais jamais regretter.

C'est une petite fille, je l'ai appelée Aoi. Un prénom que je jugeai très pur, à l'époque, et qui lui va à merveille maintenant encore. Elle ne me ressemble pas du tout ; elle me fait même beaucoup penser à toi. Que ce soit dans sa manière de parler, de penser, son sourire. Tout en elle me rappelle les magnifiques souvenirs que nous avons partagés, toi et moi. Néanmoins, elle a toujours été très renfermée sur elle-même ; de qui tient-elle ça ? Elle a toujours semblé effrayée par les gens. Elle a eu énormément de mal à se faire accepter des autres, et a souvent subi la malveillance de ses comparses. Je m'en veux tellement pour ne pas avoir pu l'aider...

Ton fils est à Terrae ? C'est assez étrange, mais Aoi s'y trouve aussi, depuis le mois de janvier. Et tu ne devineras jamais ce qu'elle est devenue ! Une Guérisseuse, tout comme toi. Ce pouvoir va tellement bien avec son tempérament... Si calme, et doux. Tellement elle. Je suis vraiment fière, tu sais ? De plus, je suis persuadée que le hasard a encore frappé ! Il y a quelques mois, ma fille m'a appelée pour me raconter tout ce qu'il s'était passé depuis son arrivée là-bas. Elle a parlé de Mitsuki et Allen ; je suppose que nous parlons bien des mêmes. Elle est très amie avec eux, et les apprécie énormément. Dès qu'elle se met à parler d'eux, on ne peut plus l'arrêter ! Je suis tellement contente de la voir si heureuse, tellement épanouie... Elle a vaincu sa peur des autres, et a enfin trouvé sa place... Certes, ses peurs ne sont pas toutes évanouies, mais Terrae est une superbe thérapie, je trouve ! Pas toi ?

J'ai peur pour vous. Kasumi, je ne la connaissais pas vraiment, je ne vois même pas qui c'est, en réalité, et Takeshi, je ne l'ai rencontré qu'une seul et unique fois, très brièvement. Quant à Eriol... Je ne l'ai rencontré qu'une seule fois, là aussi, mais il a fait partie de mes dernières rencontres là-bas, alors ce serait dur de l'oublier. Nous nous étions perdus dans la forêt, tu imagines ! Enfin, en tout cas, je n'aurais jamais pensé qu'il puisse un jour devenir ton mari, et je suis vraiment heureuse que tu aies réussi à trouver le bonheur, malgré le fait d'avoir dû te séparer de ton fils. C'est vrai que ce doit être horrible, de perdre tout contact avec son enfant... Je n'arriverais pas à ne plus parler à ma petite Aoi. C'est tout simplement inimaginable !
Faites attention à vous, d'accord ? Il vous reste certes quelques bribes de pouvoirs, mais ce pourrait être dangereux. Soyez tous vigilants, d'accord ? Au sujet de vos enfants, je peux vous donner quelques informations via ma fille, qui est avec eux presque tout le temps. Allen et Mitsuki vont bien, même si il y a eu quelques complications avec cette dernière...

Aoi m'a appelée, en pleurs, il y a quelques semaines. Mitsuki avait été la cible des scientifiques, emmenée dans l'un de leurs laboratoires avec deux autres élèves. Elle a rapidement été secourue par les Masters de Terrae, et semble aller mieux maintenant. Je ne veux pas vous inquiéter, mais ne pas vous le dire serait vous mentir. Je ne voulais pas ça.

Pour vous rassurer un tant soi peu, Mitsuki est devenue Étoile il y a un mois ; peut-être plus, je ne sais plus. Elle est une Téléporteuse ! Comme ses parents ? Ton fils, lui, est un Sonore.

C'est tout ce que je sais sur eux pour le moment, puisqu'avec tout ce raffut, Aoi en oublie presque de me contacter. Mais l'important est qu'ils soient en bonne santé tous les deux, pas vrai ?

Je suis tellement contente que tu puisses utiliser tes deux pouvoirs ! Ce doit être merveilleux de ressentir tout ça à nouveau... En ce qui me concerne, je ne peux utiliser que le feu ; mon invisibilité est très réduite, je n'arrive plus qu'à rendre ma main transparente. Pas forcément très utile, tu me diras ! Enfin, quand j'ai découvert que je pouvais à nouveau utiliser mon affinité, j'ai poussé un cri de joie et ai accidentellement mis le feu au rideaux... Ma pauvre Aoi en a pleuré pendant des heures. Elle avait l'air tellement effrayée ! Finalement, je lui ai conté nos histoires. Elle adorait, en redemandait. C'était vraiment une enfant très calme, et maintenant encore (même si j'ai parfois l'impression qu'elle se transforme de plus en plus en moi en grandissant... Heureusement qu'elle n'est pas Feu, oh mon dieu !). J'ai réellement hâte de la reprendre dans mes bras !

Tu sais, Yureka, Casadon m'avait retrouvée peu de temps avant mon accouchement, mais il n'est pas resté. Il n'a pas pu, et je ne lui en veux pas. Il n'a pas voulu me reprocher de ne pas avoir avorté, même si il le pensait sans doute, mais comment aurais-je seulement pu le faire ? Tu dois savoir ce que ça fait, non ? Enfin, tout ça pour dire que je l'ai élevée seule, et que je suis vraiment fière de ce qu'elle est devenue, même si tout ne vient pas de moi. J'aimerais vraiment te la présenter, lorsque tout ça se sera calmé. Je suis sûre que vous vous adorerez ; vous avez tellement de points en commun ! Mais ça, je l'ai déjà dit, je crois...

J'espère de tout mon cœur que tout se passera bien pour vous, et que cette histoire se termine le mieux possible. Pas pour nous, mais pour tous ces enfants, cette nouvelle génération de Terraens. Prions pour eux, soyons à l'affut... Et allons les aider si le besoin s'en fait ressentir. Imaginer que ma fille puisse être en danger par leur faute... C'est horrible. Même là-bas, ils ne sont plus en sécurité... Mais où peuvent-ils se réfugier, maintenant ? Où peuvent-ils grandir en paix ?...
Fais attention à toi, faites attention à vous. Je pense très fort à toi. Et, n'oublies pas, aies toujours confiance.

J'espère pouvoir te revoir, moi aussi. Ton rire me manque, tu sais ?

J’ai vraiment été heureuse de recevoir ta réponse ; j’avais si peur d’avoir envoyé cette lettre à une adresse qui n’était plus du tout la tienne ! On peut dire que j’ai eu de la chance… En règle générale, je tombe toujours sur la mauvaise adresse, les mauvais numéros… Alors imagine juste le sourire qui s’est dessiné sur mes lèvres au moment où j’ai vu qui était l’expéditeur de cette lettre ! Une vraie gamine, je suis sûre que mes lèvres touchaient mes oreilles tant mon sourire était grand !

Mais pour te répondre, je commencerais pas répondre point par point tes propos, histoire d’être sûre de ne rien oublier !

Tout d’abord… T’en vouloir ? Combien de personnes ont quitté Terrae après la perte de nos pouvoirs ? Tellement de gens ! Moi-même je n’y suis pas resté si longtemps finalement. Quelques mois, tout au plus. Et puis Kasumi (enfin… Mist !) m’a proposée de partir emménager dans la banlieue de Tokyo, et je l’ai suivie. Alors ne commence pas à me dire que tu t’en veux !

Casadon est donc le père de… Aoi, c’est bien ça ? C’est un très joli prénom… J’ai essayé de m’imaginer à quoi elle pouvait bien ressembler, et je dois t’avouer que j’hésite sur certains aspects de son apparence ! Est-ce qu’elle est blonde, comme toi, ou bien est-elle aussi brune que l’était Casadon ? Enfin, outre cet aspect, je l’imagine très douce, et… Je la vois très bien avec le corps que tu avais lorsque nous étions à Terrae ! Enfin, j’imagine que tu as toujours la même taille… Mais ça fait si longtemps que je ne t’aie vue !

Par contre… Je dois t’avouer être très flattée d’être apparemment ressemblante à ta fille ! Car je l’imagine tellement rayonnante dans ma tête que je ne peux que me sentir inférieure à elle, et que toi, sa mère, m’avoue trouver une ressemblance entre nous deux… C’est vraiment un sublime compliment que je ne peux pas prendre à la légère !

En revanche… Qu’elle soit renfermée me fait presque mal au cœur pour elle. J’aimerais tellement qu’elle profite de la vie, qu’elle goûte au bonheur de Terrae, à ce bonheur si sucré et si gouteux. Je sais que je ne la connais pas, et pourtant, aussi bête que ça pourra te paraître, la mince description que tu as fait d’elle a suffit à me donner envie de la rencontrer, et m’a suffi pour m’attacher à ce qui pour l’instant reste une chimère dans ma tête, à laquelle je n’ai encore qu’une image née dans mon esprit accrochée à sa figure. Mais je reste d’accord avec toi, Terrae est une thérapie si belle… Je suis donc heureuse d’apprendre qu’elle apprend peu à peu à s’ouvrir aux autres.

Passons maintenant aux choses sérieuses, et aux sujets que j’aurais aimé ne jamais abordé… L’enlèvement de Mitsuki. Rien qu’en écrivant ces mots, je me sens mal. Un mal être ambiant, qui a réussi à me peiner une bonne semaine avant que je n’ose en parler à Kasumi et Takeshi. Comment décrire leur réaction ? Plus forte encore que ce que j’aurais pu imaginer. J’ai réellement cru qu’ils allaient faire un massacre. Ils sont entrés sous une véritable rage noire, Takeshi voulait retourner à Tokyo pour aller massacrer tous les scientifiques nichés au Japon… Avec Eriol, nous avons réussi à le calmer… Plus ou moins. Kasumi avait réussi à garder le contrôle d’elle-même, extérieurement du moins, parce qu’intérieurement, ça devait être bien pire qu’Hiroshima. Je ne saurais décrire réellement leur état d’esprit à cet instant-là, ce que j’aurais pu dire… C’aurait simplement été « Je comprends ». Deux piètres mots, je veux bien te l’accorder… Mais même moi, j’étais au bord des larmes en apprenant ça. Kasumi l’avait vécu… Et à la suite de cette Bataille qui nous avait tous détruit, à la suite de ces ravages de l’Organisation… J’avais eu peur. J’avais eu peur de ces gens-là, qui pouvaient détruire si aisément le bonheur des autres… Et savoir que cette fille, la fille de ma meilleure amie, vivait une chose si horrible, que sa mère avait même déjà vécu ? C’était horrible, invivable, surtout en sachant qu’on était partis en pensant les préserver. Apparemment, Kasumi et Takeshi ont décidé de lui faire passer un message… J’ignore encore la nature de ce dernier, mais quand je me réfère à leurs bouilles, je ne peux qu’imaginer quelque chose de bien original !

Mais à présent, soyons plus joyeux ! J’avoue avoir été rassurée d’apprendre que Mitsuki avait révélé son pouvoir d’Etoile. Une jolie téléporteuse, ses cheveux vibrant dans les airs… J’imagine tellement Kasumi à sa place ! Kasumi, Mist, dans sa dernière gloire… Telle mère telle fille, tu penses ? J’imagine alors que ta fille sera, ou est déjà, une personne formidable alors !

Tu m’as dit contrôler l’invisibilité, du moins très brièvement, et le feu ? Je suis sûre que tu te débrouilles à merveille ! Rien que ça, les sensations, les souvenirs… Ca doit être fantastique ! A chaque fois que je soigne une plaie, ne serait-ce que celle d’un oiseau, je suis comblée.

Ah, et, Kumiko… Je suis désolée, vraiment, pour Casadon. J’aurais tant aimé qu’il reste… Mais je ne pense pas qu’il puisse te le reprocher. Ta fille semble être si merveilleuse ! A-t-il déjà vu à quoi elle ressemblait maintenant… ? Je suis certaine qu’il s’y accrocherait bien vite ! Elle a l’air douce, gentille, et terriblement attentive. Les gens qui se sont renfermés sur eux sont attentifs, parce qu’ils ont appris à préférer écouter les autres plutôt que de parler d’eux. C’est une manière d’esquive, mais aussi une façon pour les autres de s’accrocher à eux… Et je suis bien heureuse qu’Allen et Mitsuki aient su trouver toutes ces qualités chez elle !

Je tenterais de revenir au Japon bientôt… Et je passerais alors te voir. Je veux voir comment évolue cette nouvelle Terrae, je veux voir de mes propres yeux mon fils qui évolue dans cet environnement qui a autrefois pu m’être si familier. Je veux le revoir, pour ne serait-ce qu’être sûr qu’il va bien et qu’il est heureux ! Son sourire… C’est ce qui me manque le plus, tu sais ? Et son regard, ce regard protecteur qu’il avait l’habitude de poser sur la jolie Mitsuki. Elle aussi me manque, je ne peux pas le nier.

Je ne peux pas te garantir que j’aurais toujours confiance en moi. En revanche, je peux te promettre de ne jamais t’oublier, et de venir te voir dès que j’en aurais l’occasion !

Nous ferons attention à nous, ne t’en fais surtout pas pour ça !

Et lorsqu’il y aura le moindre problème… Je t’en supplie, tiens-moi au courant. Je prierais le ciel pour qu’il me donne la possibilité de voler encore pour que je puisse venir jusqu’à toi ! Pour que je puisse voler jusqu’à Terrae, pour que je les aide, que je les protège, que je donne ma vie pour eux s’ils le veulent. Je ferais tout, pour toi, pour eux, pour notre avenir que sont ces jeunes…

Tu me manques aussi, Kumiko.

Je suis moi aussi heureuse, à un point que tu ne peux pas imaginer. J'avais tellement peur de ne plus jamais pouvoir te parler !
Si tu savais comme Terrae... Et comme toutes ces personnes, avec qui je n'ai plus eu contact depuis lors, me manquent ! Tes lettres sont pour moi des touches de bonheur dans cette vie si monotone... J'aurai tellement aimé que rien ne s'arrête.

Oui, je m'en voulais. Je m'en voulais d'être partie, lâchement, alors que j'aurais pu affronter dignement cette fin qui nous a laissé à tous un goût amer.
Il aurait été préférable que je continue à me montrer digne de mon affinité Feu ; courageuse et impitoyable. Maintenant, j'ai bien plus l'impression d'avoir ces traits qu'à l'époque. Terrae lit-elle aussi dans l'avenir ?

Étrangement, elle n'est pas d'une taille imposante comme je le pensai lorsque je la portai dans mes bras, encore une enfant ! Certainement grande pour ses origines à demi japonaises, elle ne dépasse pas le mètre soixante-dix. Elle a hérité des cheveux de son père ; bruns, longs, et légèrement bouclés.
Aoi te ressemble énormément de par sa manière de penser. Elle est douce et gentille, tout comme tu as pu l'être, et l'es sans doute encore aujourd'hui. Je suis presque certaine que tu n'as pas changé !
Aussi, ne t'excuses pas pour Casadon, tu n'y es pour rien, tu sais ? Il est venu, une fois, et l'a vue. Elle n'était encore qu'un bébé, âgée de quelques mois ; elle n'a jamais eu le bonheur de le rencontrer. Ce qui est étonnant, c'est qu'elle ne m'ait jamais posé la moindre question sur lui. A-t-elle peur de me blesser ?

Je comprends la réaction de Kasumi et Takeshi, suite à l'enlèvement de leur fille. C'est une chose terrible. Je suis désolée de n'avoir pu te le dire d'une autre manière ; mais il fallait mettre ses parents au courant. Moi-même, si Aoi avait subit cela... Je crois que j'aurais pu tuer bon nombre de personnes avant de ne serait-ce que songer à me calmer !
Ils sont forts. Courageux et forts. Je n'aurais pas pu contenir cette colère en moi. Mais peut-être est-ce simplement parce que je suis une Feu ? Il est vrai que je m'énerve assez rapidement... Peut-être trop pour mon propre bien.
En réalité... Ils sont dignes de ce titre de Master qui leur avait été attribué ; tout comme toi. Vous séparer ainsi de vos enfants... Ce devait être dur.

D'après Aoi, Mitsuki est quelqu'un de spectaculaire ; elle est très attachée à elle, ainsi qu'à ton fils Allen, si je ne me trompe pas.
Voudras-tu me parler un peu d'eux ? Je ne sais rien, mis à part ce que ma fille a bien voulu me dire d'eux !

Le feu est pour moi un élément vital. Je ne compte plus le nombre de fois où je me suis brûlée la main, à trop vouloir l'approcher du foyer allumé dans la cheminée ! Aoi m'a souvent réprimandée pour ça.
Tu imagines ? Elle est bien plus mature que moi ; à se demander qui est la mère de qui !

J'ai hâte de te revoir, vraiment. Et, lorsque tu iras les voir... Salue ma petite Aoi de ma part, s'il te plaît. Elle aussi me manque ; et, même si je ne peux pas aller là-bas... Je souhaite moi aussi la revoir.

Ne t'en fais pas, je continuerais de te tenir au courant de ce qu'il se passe à Terrae. Si il se passe quelque chose, je viendrais à mon tour les aider ; il faut bien que mes pouvoirs servent un petit peu, non ?

PS : Aoi m'a appelée ce matin, pour la première fois depuis longtemps... Et cette chipie a osé ne pas me dire qu'elle avait été Etoilisée (elle n'a pas osé me dire comment cela s'était passé...) ! Quel bonheur, vraiment...

Prends soin de toi, Yureka...