Je venais d'arriver à destination quelques instants plus tôt et décidai de me diriger vers les dortoirs afin de pouvoir y déposer mes affaires qui mine de rien, pesaient bien lourd. Je fis le tour du bâtiment pendant un assez long moment car mon sens de l'orientation était bien plus que pitoyable et puis j'étais encore légèrement confus par tout ce que je venais d'entendre.
L'homme qui m'avait amené ici était un Master, j'étais quelqu'un de spécial, de différent, il m'avait déblatéré des histoires incompréhensibles sur des gens possédant des pouvoirs, mais bon, il semblait sincère, c'était l'essentiel. Après avoir erré pendant trop longtemps dans les couloirs, j'arrivai enfin au bon endroit, et je dus avouer que ce fut un soulagement. J'entendis du bruit à l'intérieur de la chambre et soupirai intérieurement. Je n'allais pas être aussi tranquille que prévu, mais bon, faisons des efforts, l'empathie oblige, alors tentons d'être civilisé.

Je fus assez vite découragé en rentrant, un homme était accroupi au milieu de la pièce, devant une valise, et rassemblait des affaires ; on aurait vraiment dit qu'on avait saccagé ses affaires, m'enfin bon. Ce qui me dérangea le plus était son air un peu ... hystérique, mais je peux le comprendre, s'ils sont là, c’est qu'on les a "appelés" aussi. Je regardai ensuite l'autre, qui se tenait debout à ses côtés, l'air de pas trop savoir si oui ou non il devait l'aider. En tout cas, il me semblait pas trop mal, mais passons.

Je fis preuve de gentillesse en me taisant et les ignorant complètement. Je me dirigeai vers un lit qui semblait inoccupé et me posa dessus un instant après avoir déposé ma valise à côté de ce dernier. J'examinai rapidement la chambre, elle était simple, mais sympathique, bref, ça me convenait plutôt bien, la chambre du moins, pour le reste rien n'était plus sûr.
Je vis sur le chevet à côté de mon lit un cendrier, quelle joie, je tirai alors mon paquet de cigarette de ma poche, en sortit une cigarette que je portai à ma bouche pour finalement allumer ; quelle sensation délicieuse et relaxante était-ce après toutes les choses que je dus accumuler au courant de cette journée. En déposant mes cendres dans le cendrier, je remarquai qu'il avait une forme assez étrange pour en être un, était-ce un bol en verre ou une décoration ? Peu m'importait en fait, je fumais, et c'était chouette.

Je portai à nouveau un regard vers les deux autres gars, c'est pas qu'ils m'intriguaient vraiment mais il n'y avait rien d'autre à faire pour le moment. Je continuai à fumer ma cigarette en les regardant et je me disais de plus en plus que le gars accroupi devait vraiment avoir un souci. Il était ... crispé, si crispé que j'ai failli être crispé aussi, l'horreur. Il rangeait ses affaires sans en prendre soin, en fait, je crus comprendre que c'est lui qui les avait jetées partout, fabuleux ... L'autre était toujours debout, à côté de lui, en train de le regarder faire, le trouvait-il aussi dérangé que moi ? Peut-être, je m'en fichai un peu en fait, j'aurai préféré qu'il me regarde moi, au moins je lui aurais peut-être souri. Je repensai à l'empathie, il fallait être gentil, je devais apprendre à m'intégrer. Cela me rappelait les leçons que me faisait Yuki, lorsque nous étions encore ensemble, c'est lui qui m'avait appris à me soucier des autres, même si la seule personne dont je me sois vraiment soucié dans ma vie à part moi, c'était lui.

J'allais faire une tentative de gentillesse mais c'était amusant de regarder les deux autres. J'écrasai alors ma cigarette et m'en rallumait une deuxième. Je crois que les deux autres ne m'avaient toujours pas remarqué. Dingue. Étaient-ils ensemble ? Grand Dieu non ... Au pire, tant pis. Ça fera des trucs intéressants à écouter sous les douches. Je dus rire intérieurement en les imaginant ensemble. Ils devraient définitivement se mettre en couple. Bref, je me ressaisis et me levai pour rejoindre les deux autres au milieu de la pièce, je m'accroupis à côté du premier qui rangeait encore aussi mal ses affaires, je ramassai une chemise, la pliai et la posai dans la valise. Je le regardai et lui dis :

- Tu vois, c'est comme ça qu'il faut faire, prends ton temps, sinon tu vas froisser tous tes vêtements.

Un souffle m'échappa et je lui envoyai ma fumée au visage. La bourde, cela avait une connotation très sexuelle ... Je me retournai ensuite vers l’autre, qui était toujours debout, et je lui fis un petit sourire. J'étais satisfait, j'avais fait ma bonne action de la journée. J'avais été gentil, même si j'ai été maladroit, je l'ai fait. Et je continuerai à le faire en mémoire de toi, Yuki ♥