C'était terrible. Je sais que les étoiles ne sont pas vraiment censé sentir l'énergie à moins de s'y être entraîné, et de s'y être habitué. Mais là... Là ça s'était imposé à moi. Toute cette énergie d'un coup ! Je ne pourrais pas dire combien ils étaient, je pense que seul un master entraîné le pourrait, mais je sais qu'il n'y avait pas qu'une personne. Cette énergie, elle était tellement...
Un frisson m'avait parcouru l'échine. Je m'étais presque paralysée en ressentant tout ça. Ca avait été tellement puissant ! J'étais dans ma chambre, en train de travailler des plans sur mes robots, et je m'étais arrêtée net. Quand enfin, dans ma tête, ça avait commencé à se calmer, quelque chose d'autre, de plus puissant encore, s'était ajouté et avait terminé d'achever tout ce gros... N'importe quoi, si je pouvais me le permettre. Il y eu pendant un instant comme un sifflement dans ma tête, puis plus rien, le silence total. Jusqu'à ce que je vois des masters dans la cour partir à toute vitesse je ne sais où... Puis que... Quoi, une heure plus tard ? Deux ? J'entende dans la cour, à travers ma fenêtre ouverte, des élèves parler de ce qu'il s'était apparemment passé, et tout le tralala. Mon coeur se souleva lorsque j'entendis les élèves qui semblaient concernés, lors de cette étoilisation. Puis... Il se bloqua quand j'entendis le nom de June. Cette même June... Qui m'avait montré de photos de papa ? J'abandonnais mes plans, et courrais dans la chambre d'Allen, traversant les couloirs à une allure folle, bousculant deux trois élèves au passage. Je tambourinai à la porte, jusqu'à ce qu'elle s'ouvre. C'est là que je le découvris, aussi blanc que moi. Pire même. Je savais qu'il connaissait June. Mais qu'est-ce qui pouvait le mettre dans un tel état...? Est-ce qu'il était si proche d'elle ?

June. Nana. Ce qu'il leur était arrivé... J'étais plongé dans mes devoirs, révisant l'anglais avec une facilité déconcertante, et bloquant plus sérieusement sur mes maths, quand c'était arrivé. Cette douleur dans mon crâne, tout ce bazar, ces choses que je ne comprenais pas. Ca s'était plus ou moins arrêté. Puis il y avait eu cette énergie qui avait achevé leur "combat". Je l'aurais reconnu entre mille. Parce que je me sentais responsable de son "évasion". Et en même temps je la plaignais pour ce qu'elle avait enduré... Aëlita.
Je n'en avais pas parlé à Mitsuki. Je savais simplement... Que, peut-être, ma curiosité était responsable de ce qu'il s'était passé. Mais je n'y étais pas. Comment pouvais-je en être sûr ?
Mon coeur s'était donc serré quand j'avais entendu des élèves dans la cour brailler le nom des personnes qui avaient été emmener d'urgence à l'hôpital, à cause d'une étoilisation qui s'était mal passée. C'est à ce moment qu'on a toqué à ma porte. J'ai ouvert. Mitsuki. Son visage semblait pressé, choqué, et en même temps, paniqué. Elle ne savait pas quoi faire. Mais une chose était sûr. Elle savait déjà où elle voulait qu'on se rende. Et j'étais d'accord.

-L'hôpital !

Je hochai la tête, et disparus à l'hôpital avec elle.
Une fois arrivé sur place, téléporté à destination, elle lâcha ma main, et courut à l'accueil.

-La chambre de June s'il vous plaît !

Sans doute perdue dans tout ce qu'elle devait avoir à faire, l'infirmière s'y reprit à deux fois avant de réussir à nous donner le numéro de la chambre. Elle sembla vouloir ajouter quelque chose, mais nous déambulions déjà dans le couloir à une allure folle. On arriva devant la porte. Mitsuki posa la main sur la poignée et tourna la tête vers moi. J'hochai la tête. Elle toqua deux petits coups, puis entra timidement en passant d'abord la tête dans l'entrebâillement de la porte. Je crois que nous n'avions pas le droit de venir à deux. J'imagine que c'est ce que la secrétaire avait voulu nous dire. Mais tant pis.
J'entrai à la suite de Mitsuki, qui s'avança rapidement vers June pour prendre ses mains dans les siennes.
Mon coeur me fit mal. Elle était dans un sale état. Et sa gorge... Je me pinçai la lèvre.

-Comment tu te sens ? lui demandai-je, la gorge nouée.

Nous n'avons croisé aucune infirmière ou médecin, ou alors n'a-t-on pas fait attention à eux tant nous étions pressés de voir June. Aussi... Au moment où je voyais June, je découvrais seulement son état. Et je ne savais rien de ce qu'il s'était passé en elle. Au final est-ce qu'elle... Et bien est-ce qu'elle avait vécu un choc ? ou quelque chose de ce genre ? Après tout, tout était possible, n'est-ce pas...?
Mais physiquement... Bien que blessée -assez durement par ailleurs... Etait-ce la faute d'Aëlita ?- elle semblait... Relativement bien aller. En tout cas, je m'attendais à pire, et j'étais grandement rassuré. Quoi que... Rassuré, peut-être pas. En fait, peut être que j'étais simplement content de constater qu'elle était sur un lit d'hôpital et non sur celui de sa mort. La différence devait se situer là...
Je souris faiblement en l'observant faire toute sa gestuelle. Lorsque je comprends enfin, je me mets à regarder autour de moi, avant de voir Mitsuki sortir un bloc note et un crayon de son sac pour le tendre à June.

-Tiens ! Tiens, prends ça June.

Elle lui sourit doucement. Je ne sais pas comment elle fait pour être aussi... Douce, avec les autres. C'est terrible. Quand j'y réfléchis, je me dis que mon demi-frère a quand même tenté de se suicider, et la personne qu'il a été voir avec les poignets en sang... C'était quand même Mitsuki ! Et elle, elle a réussi à aller de l'avant, à le relever, à l'emmener à l'hôpital, sans jamais flancher. C'est une certaine force que je ne pourrais, à mon avis, jamais avoir.
Je reportai finalement mon regard sur June, avec un léger sourire, douloureux malgré tout. L'étoilisation, c'était un truc horrible... Quand je me rappelais l'état dans lequel Road m'avait mis... Et puis l'état dans lequel June était, et les autres devaient être... Pourquoi il fallait que ça se passe comme ça, hein ? Je me pinçai les lèvres.

-Alors, comment tu te sens ? redemanda Mitsuki.

Ca m'embêtait un peu qu'elle n'ait pas répondu à la première question, et je remarquai que Mitsuki fronçait un peu les sourcils, elle aussi. Malgré tout, je lui accordai un sourire, et hochai la tête après avoir lu son petit écriteau.

-Je m'en occupe ! s'exclama Mitsuki.

Et elle se leva, aussi vive que l'éclair. Elle n'était pas Tonnerre pour rien, celle-là ! Parfois je me demandai même d'où elle la tenait, toute cette énergie. Je laissai un léger rire m'échapper malgré tout quand, juste après être sortie de la chambre, elle re-rentra, et se tourna vers June.

-Heu... C'est dans ta chambre, c'est ça ? Et tu veux quelque chose de particulier à lire ?

Attendant la réponse de June, bien qu'elle avait du deviner qu'en effet, son matériel de dessins était dans sa chambre, elle s'adossa à la porte et la couva d'un regard doux tandis que cette dernière écrivait la réponse sur son carnet, avant de le montrer à Mitsuki, cette dernière se contentant de hocher la tête avec un sourire et de lever la main en sortant.

-A toute les loulous !

Et elle s'éclipsa. Je m'assis sur le siège à côté de June, et j'observai ses bandages avec un œil inquiet malgré tout. Je secouai la tête, cherchant à me changer les pensées.

-Tu vas me dessiner alors ? demandai-je avec un sourire en coin, amusé.