Voilà ! Il fallait bien que ça arrive. Deux semaines sans se faire la moindre blessure, si on omettait l’attaque traitresse de la table à la cafétéria et le coup de Tahia, c’était juste un coup de chance. Et puis aussi, à force de faire n’importe quoi ça avait fini par arriver. Mais il fallait quand même dire, qu’Aaron ne s’était pas manqué sur ce coup. Il fallait vraiment le faire.

Une personne ayant un minimum de bon sens, ne serait jamais montée de cet arbre.
Une autre personne avec un peu plus de bon sens, aurait vu la neige et les branches qui semblaient peu solide.
Et pour finir, une autre personne ne possédant pas forcément du bon sens, aurait vu qu’il y avait du gravier autour de cet arbre.

Mais il fallait voir les choses, comme elles le sont. Aaron ne fait partie d’aucune de ces trois catégories. Enfin, pas quand il décide de vouloir monter dans un arbre… Au début, ça lui paraissait être une bonne idée, après tout, il adore les paysages d’hivers même si les arbres n’ont plus de feuille, il y avait quelques choses de… Féerique ? Mais maintenant qu’il était obligé de monter ces horribles escaliers –pourquoi mettre l’infirmerie à l’étage ? Hein ! Pourquoi ? Pour faire « Si vous vous blessez, vous devrez monter tous ces escaliers ! Mouhaha ! » oui, c’était un bon moyen dissuasive… Enfin surtout pour les gens comme Aaron - il l’a trouvait moins bonne.

Pour s’être fait mal. Oui, Aaron s’était fait mal. Sacrément mal. Le genre de douleur qui fait tellement mal, qu’on hésite entre chialer comme un gosse, ou n’être même pas capable d’articuler le moindre mot, et qu’au final ça fait un mélange des deux. Les larmes aux yeux, mais qui ne veulent pas couler, avec une boule tellement grosse dans la gorge qu’on n’arrive même pas à parler. Et comme si ce n’était pas assez, l’impression d’avoir le cœur écrabouillé… En même temps, l’adolescent ne savait pas trop s’il préférait avoir le cœur broyé par ça ou par le vide. Aaron espérait, quand même, ne s’être rien cassé. Ça serait dommage. Et puis, ça ne serait pas comme si c’était la première fois qu’il se cassait quelque chose… Hum… En fait, nan, ça serait bien la première fois. Il avait toujours eut de la chance, enfin la plupart du temps, et la seul fois où il s’était fait un truc sérieux. C’était un déboitement d’épaule. Déboité ce n’est pas cassé. Donc c’est réparable… Enfin, ce n’est pas comme si un os cassé, n’était pas repérable ? Si ? Tant pis, de toute façon l’adolescent arrivait juste devant l’infirmerie.

Pour une fois, il n’avait pas eu de mal à trouver. En même temps, il s’était rendu compte, qu’il y avait des plans. Oh miracle ! Même s’il ne savait pas lire une carte, c’était un plan. Un plan que même un parfait imbécile amoché pouvait comprendre. Puis, c’était une chance qu’il en ait trouvé un parce que, même amoché comme il l’était, il n’aurait pas demandé à une personne où se trouvait l’infirmerie. Question fierté… Et puis il n’en avait même pas croisé. A croire que les élèves étaient invisibles…

– S'il vous plaît ! Vous pourriez tenir la porte ?

Te… Tenir la porte ? Ah bah oui, Aaron se rendit compte qu’il avait la calé son mouchoir imbibé d’eau, entre sa joue, blessée, et son épaule, comme à la façon d’un téléphone, et avait entrouvert la porte de sa main valide. Parce que oui, en plus s’être sacrément fait mal au genou droit, il n’avait même osé relever le tissu noir de son pantalon, pour voir l’étendue des dégâts, il s’était amoché, mais vraiment amoché, le coude et le bras gauche avec le gravier, faut bien lorsqu’on pense à tendre la seul partie non-protégée pour se receptionner, mais il s’était aussi égratigné, un peu plus qu’égratigné même, la joue gauche… La douleur était tellement forte, que l’adolescent avait de plus en plus du mal à aligner quelques pensées cohérentes.

Aaron cligna des yeux pour chasser les larmes, en se rendant compte qu’il y avait personne. Ah personne ? Ça voulait dire quoi ? Que l’infirmière était pas là, bah nan elle aurait fermé la porte sinon, non ? Un air ne sachant choisir entre l’ennui ou l’amusement, se dessina sur le visage de l’adolescent malgré la douleur. Une infirmière fantôme… Après le fantôme de la Cafét’, voici le fantôme de l’Infirmerie. Cette idée l’amusa pendant quelques secondes, puis il se souvient. Quelqu’un ne lui avait pas demandé de s’écarté… ? Ou alors, ouvrir la porte… ? Aaron se colla contre la porte en gardant les yeux baisé. Il laissa échapper un « pardon…» qui ressemblait plus à un grognement tellement il avait mal. Pas un de ces grognements qui font penser aux hommes des cavernes, ou plutôt aux grognements des animaux, non, ça ressemblait plutôt à un couinement…

Son pied légèrement surélever, parce que ça faisait trop mal de le poser, son regard passa le sol en revu pour éviter de croiser celui de la personne. Il du finalement mettre sa fierté de côté, la douleur était trop forte… L’adolescent leva la tête, et posa son regard sur la personne qui lui avait parlé. C’était une fille – n’y avait-il que des filles dans cet institut ? – aux cheveux marron et aux yeux bruns. Aaron ne s’attarda pas plus sur les détails, la douleur était trop forte, et réussit finalement à dire d’une voix presque étranglé.

« - Euh… Ex… Excuse-moi, tu n’aurais pas vu… l’infirmière… »

Bon… La voix tremblante et étranglée, ça ne le fait vraiment pas… Tiens, peut-être qu’elle aura pitié de lui et voudra bien aller chercher l’infirmière. Ou l’infirmier, au choix. Puis, il ne fallait pas oublier ses yeux aux bords des larmes, avec la flamme de douleur qui y brulait… Il ajouta simplement.

« - S’il te plais… »

- Elle n’est pas là, elle a encore dû… sortir. Elle croule sous les dossiers depuis un moment.

Aaron haussa un sourcil, nan vraimeeeent ? Il avait bien vu qu'elle était pas là donc, à moins de s’être transformée, elle aussi, en fantôme c'est évident qu'elle a du sortir. Il se demandait bien comment elle pouvait crouler sous les dossiers, vu le nombre d'élèves qu'il avait eut la chance -ou la malchance- de croiser. Certes, y avait bien les élèves de sa classe, mais il y faisait tellement peu attention qu'ils semblaient appartenir au décor... Tiens, c'est peut-être pour ça qu'il ne remarque pas les élèves... L'adolescent remarqua à peine le sourire rassurant de la jeune fille.

- Assied toi, je vais m’occuper de toi en attendant. Comment tu t’es fait tout ça ?

S'asseoir... ? Mais, euh... où ? Son regard balaie la salle on quête d'une réponse. Des lits séparés par des draps pour permettre aux élèves de se reposer, un bureau avec sa chaise où gît des fioles -sorcière...- et des bandages que la jeune fille venait surement de déposer. Elle devait surement s'attendre à ce qu'il vienne s'asseoir sur la chaise... Ah, oui, c'était... Logique ? Plus logique que de rester devant la porte. D'un pas hésitant et boitant, il l'a rejoignit et se laissa tomber sur la chaise. Qu'est-ce qu'elle lui avait déjà demandé ? De...

- Fais-moi confiance.

Aaron fronce le nez. Lui faire confiance, ça pourrait être une bonne idée mais... Mais pourquoi lui faire confiance ? D'accord, elle avait ramenée des bandages, donc elle devait surement être l'assistante de l’infirmière, mais pourquoi ? On n'a pas besoin d'avoir la confiance envers quelqu'un qui soigne... C'est trop compliqué... Aaron aurait bien voulu reculer sa tête quand elle approcha sa main, mais vu qu'elle lui avait demandé de lui faire confiance... Autant essayer. Il ne put s’empêcher de loucher vers sa blessure. Qu'est-ce qu'elle comptait faire ? Les désinfectants n'étaient pas dans l'armoire ? Et...

L'adolescent sentit un léger picotement au niveau de sa joue. Le même genre de picotement qu'on ressent lorsqu'on met de l'eau sur une blessure. ça pique un peu, sans faire réellement mal. Pourtant, il ne put s’empêcher d'écarquiller les yeux en voyant une lueur sortir de la main de la jeune fille... En quelques secondes -ou quelques minutes ? Il n'en savait rien, depuis qu'il était tombé il avait l'impression que tout était déréglé- il n'y avait plus de blessure à sa joue. Il ouvrit la bouche pour dire quelque chose, mais rien ne sortit.

Qu'est-ce... Qu'est-ce qu'elle venait de faire ?! Par réflexe, Aaron se recroquevilla légèrement sur la chaise, ses yeux faisant des aller-retours entre la main de la jeune fille et sa joue. Qu'est-ce qu'elle venait de faire ?! C'était de la magie ? Était-ce l'une des choses, dont Tahia avait parlé, où il fallait être ouvert d'esprit... ? Surement... Mais non. Non, ce n'est pas possible... Étrangement, au mieux de trouve ça effrayant, il avait l'impression que c'était amusant. Plus amusant que le fantôme de la Cafét'...

En quelques secondes, la moue inquiète d'Aaron, se transforma un en immense sourire. Le fait de découvrir quelques choses comme ça, lui fit oublier la douleur pendant quelques minutes. Ses yeux pétillèrent de joie de découvrir quelques choses de nouveau et se plantèrent dans ceux de la jeune fille.

- C'est trop fort ! Comment tu as fais ça ?

Son esprit tournait aussi vite qu'il le pouvait. Cherchant une explication à cet étrange phénomène. Il ne voyait pas comment c'était possible... Peut-être les fioles qu'elle avait ramenée ? Ou alors, l'infirmière était une sorcière et l'avait transformée en sorcière. Oh super... Des fantômes, et des sorcières sectaires... Étrangement, cette idée plut assez à Aaron. Oh moins ça expliquerait pourquoi, Tahia, lui avait dit qu'il fallait être ouvert d'esprit pour comprendre cet institut... Soudain, la question de la demoiselle resurgit. Ses joues prirent une légère teinte rouge. Il n'avait même pas l'honneur de dire qu'il s'était battu -en même temps vu son physique, il aurait plus de chance de perdre, que de gagner...- et dire la vérité serait... serait un peu pathétique. Parce que, oui, franchement comment peut-on faire plus pathétique que de tomber d'un arbre ?

Aaron détourna la tête et fixa le sol tandis que ses joues devenaient de plus en plus rouge. De sa main libre, il frotta doucement l'endroit où est la blessure... Enfin, où était la blessure. C'est trop étrange...

- Je t'interdis de rire, fit-il d'une petite voix. Je suis juste tomber d'un arbre...

Pouvait-on vraiment faire plus... plus pathétique ? Aaron en doutait. C'est sur avec son ton enfantin, et ses joues rouges, il ne pouvait pas tomber plus bas... Quoique si... Maintenant que son attention était retombée, il avait mal. Vraiment très mal, au genou et au bras. En fait, c'était surtout son coude. Il n'osait même pas le bouger. Il leva doucement les yeux vers la jeune fille.

- Euh... commença-t-il d'une voix hésitante, ça te dérangerai de regarder mon bras... ? Je me suis ramassé dessus...

- Tu ne t’es pas loupé à ce que je vois. Tu aurais pu te faire beaucoup plus mal.

Aaron acquise en hochant la tête. C'était vrai, il aurait pu se faire beaucoup plus mal. Comme il aurait pu se faire moins mal, en ayant une autre idée que de tendre le coude. Ou alors, ne se faire absolument rien en ne montant pas dans cet arbre. Quoique... De toute façon, il ne peut pas retourner en arrière. Et s'il l'avait pu, ça aurait été pour autre chose que ces petites blessures... De nouveau, il ressent son vide... Il baisse la tête pour voir l'état de son coude. C'est vraiment... Comme la jeune fille l'a dit, il ne s'est pas loupé.

- Tu es nouveau je pense, pas vrai ? À Terrae, il est possible d’obtenir des pouvoirs, afin de combler le Vide que tu as ressenti à ton arrivée. Je ne sais pas si on t'en a déjà parlé.

Aaron hocha distraitement de la tête, trop fasciné et émerveille par la lueur sortant de la main de la fille. Obtenir un pouvoir...? Comment est-ce possible ? Ce n'est que dans les livres fantastiques qu'on voit ça... Étrangement, Aaron a envie d'y croire, même si au fond de lui, il se dit qu'il s'est peut-être cogné la tête contre l'arbre s'est évanouis... Il s’apprêta à lui répondre lorsqu'elle prit la parole.

- Je suis guérisseuse. Comme dans les jeux vidéo. Mon autre pouvoir est de contrôler l’air. Du coup… je peux voler

L'adolescent relève la tête tandis que ses yeux s'agrandirent d'émerveillement. Voler et guérir... Un immense sourire se dessine sur son visage. ça doit être génial ! Même si, personnellement, il n'aimerait pas les avoir. Puis vu son coté égoïste, ça ne devrait pas l'aider tellement niveau soin. Quant à pouvoir de voler, il ne le disait à personne, mais avec son léger vertige...

- Pour la petite anecdote, j’avais beaucoup de mal il y a environ deux ans. Quelqu’un m’a conseillé de sauter du toit en me disant que comme ça, je serai forcée de voler. J’ai essayé et je n’ai réussi qu’à me ratatiner sur le premier type qui passait. Heureusement que j’avais réussi à ralentir un peu ma chute sinon je nous aurais blessés tous les deux. Comme quoi, tomber d’un arbre n’est pas si pathétique !

Aaron ne put empêcher son sourire de s'agrandir et pouffa légèrement. Oui, ce n'est pas seulement réservé aux filles... Sauter d'un toit. Franchement qui pouvait conseiller ça ? Même pour quelqu'un qui contrôle l'air, et encore plus pour quelqu'un qui avait du mal, c'était dangereux ! Quoique... Il ne connaissait absolument pas les limites -déjà qu'il y a même pas cinq minutes il ignorait que ça existait !-de ce pouvoir, alors inutile de s'imaginer des trucs.

Avec émerveillement, il ne put s’empêcher d’être légèrement déçu quand son genou fut soigné. C'était tellement... étrange. Étrange et merveilleux. Merveilleux de voir qu'il serait peut-être capable de faire ça un jour, et étrange de se dire que quelqu'un est capable de le faire...

- Normalement tout devrait être soigné, je me suis chargée de ton genou aussi. Mais si tu as encore mal dis-le moi s’il te plaît.

Aaron fut presque déçu. Maintenant qu'il n'avait plus mal, il allait devoir sortir... Mais pour faire quoi ? Il ne préféré pas s'éloigner du bâtiment principal de peur de se perdre. Quant à retrouver quelqu'un, il n'avait croisé personne avec qui il avait fait connaissance. Ni le fantôme de la Cafétéria, ni même Tahia. Cet établissement est si grand que ça ? Il prit la parole en examinant son bras, qui il y a peine deux minutes lui faisait un mal de chien..

-En fait, nan. Je suis arrivé y a... Deux semaines, il ajouta en fronçant le nez, à peu près... J'ai absolument rien écouté de ce que m'a dit le... Le... Arf, comment Tahia l'avait appelé ?

Aaron se mordilla légèrement le pouce, comment est-ce qu'elle l'avait appelé ? Il eut beau chercher pendant quelques secondes le mot ne voulait pas remonter. Il continua en tapotant sur son genou, juste pour vérifier qu'il n'y avait plus rien.

- Bref, je sais plus. Vu que j'ai écouté que le quart de ce que m'a dit la personne, je ne sais même pas la moitié de ce que devrais savoir un... Un novice !

Il acheva avec un grand sourire. C'était pathétique. Fallait le reconnaître. M'enfin, Aaron s'en fichait un peu, tant que son monde tournait bien rond s'était suffisant. Après s'il fallait faire quelques efforts pour mieux le faire tourner mais voila. Faire le minimum d'effort et seulement pour amélioré son confort. Décision bien égoïste.... L'adolescent savait très bien qu'avec sa mémoire, il pourrait facilement être dans les premiers, mais bon... C'était tellement plus facile de se limiter à ce qu'il était sans faire le moindre effort. Il reprit en vérifiant de nouveau son coude.

- En fait, je lui étais tombé dessus donc ça a assez mal commencé. Après, elle a bien voulu m'expliquer ce qu'était Terrae, enfin un tout petit peu vu qu'on s'est encore fâché... Elle m'a dit qu'il arrivait un truc aux novices, et c'est pour ça qu'on ne trouvait pas beaucoup de novice flemmard... C'est ce qui t'es arrivée ?

Aaron pencha légèrement la tête sur le coté en regardant la jeune fille. D'ailleurs, c'était quoi son nom ? Il essaya de s'en souvenir mais ne trouva pas. Est-ce qu'elle le lui avait dit au moins ? Il passa sa main dans sa nuque en lui adressant un sourire légèrement gêné.

- Au fait, je m'appelle Aaron Eran, et toi ? A moins que tu me l'ai déjà dis, j'ai un léger problème d'écoute.

L'adolescent eut un léger rire. Léger n'était peut-être pas le bon mot pour décrire son inattention. Pas seulement pour écouter les réponses des gens mais aussi pour retenir ses propres réponses. Toute son assurance disparu alors qu'il se recroqueviller légèrement sur lui. Son regard fui celui de la jeune fille et il murmura doucement.

- J'ai un peu mal au ventre...

Oui, s'inventer une excuse pour pas quitter un endroit, c'est bien la spécialité d'Aaron...

– Enchantée Aaron. Moi c'est Aoi, Aoi Amazaki. Je ne m'étais pas présentée, désolée.

Aaron hocha la tête sans arriver à détacher son regard de la fenêtre. Pourquoi parler du Vide le faisait tout le temps ressortir ? C'était embêtant... Vraiment. Une petite question vient se poser dans l'esprit de l'adolescent. Encore cette même question... Qui ne voulait plus le laisser à chaque fois qu'il pensait à son frère.

– Tu as besoin d'un médicament pour ton ventre ou ça ira ? Tu peux rester un peu si tu veux. Je n'ai pas toujours beaucoup de compagnie.

Cette fois-ci, il réussit à se détacher du paysage enneigée. Il hocha de nouveau la tête en posant son regard sur elle. Il lâcha un petit "Oui, j'en veux bien un, s'il te plais..." presque inaudible. Par habitude, il s'assit en tailleur sur la chaise. Certes, c'était pas la position la plus idéale sur une chaise, mais Aaron se sentait mieux comme ça.

– Au bout d'un moment, on se fait appeler par les Masters de l'école, et c'est là qu'on reçoit nos pouvoirs. J'avoue que ça fait un peu peur au début, l'ambiance sombre et tout ça, mais ils sont vraiment très gentils, et la Directrice est quelqu'un de confiance. L'initiation te fera beaucoup de bien tu verras.

Le regard de l'adolescent se fit loin, et il tourna de nouveau la tête vers la fenêtre. Lui... Lui faire du bien ? Il se demanda comment ça pourrait lui faire du bien. Tout ce qu'il voulait c'était son frère... Il cligna des yeux pour chasser les larmes qui revenait tandis que le Vide se faisait plus fort. La voix d'Aoi le ramena sur terre.

– Dis moi, Aaron, c'est américain comme prénom ? D'où est-ce que tu viens ? Enfin, si tu n'as pas envie de me répondre je ne te force pas. Certaines personnes n'aiment pas vraiment les questions.

Aaron tourna de nouveau la tête. Une petite pensée lui conseilla d’arrêter, a part s'il voulait attraper un torticolis. Son sourire revient. Ses mains appuyées sur le petit espace juste devant ses jambes, il se pencha légèrement en avant.

- Oui je viens d'Amérique. Puis je suis...

L'adolescent s’arrêta en regardant le plafond. C'est vrai, d'où il venait ? Il avait toujours vécus entre New-York, Miami et Pittsburgh. New-York la première partie de l'année scolaire, Pittsburgh pendant les vacances -va savoir pourquoi, y a bien meilleur pour passer ses vacances- et Miami pour l'autre partie. Il s'était toujours demandé pourquoi ils avaient pas inversé entre Miami et Pittsburgh, c'est vrai quoi. C'est meilleur d'avoir les plages et le soleil que... Que des musées et des matchs... Bien qu'il n'ait jamais apprécié la plage. Surtout celle de Miami. Trop noir de monde. Il ajouta en haussant les épaules.

- Surement de New-York, mais vu qu'on arrêtait pas de changer entre Miami et Pittsburgh, j'en ai aucune idée. Puis vu qu'on vivait plus à New-York, autant dire que je viens de là-bas.

En fait, il s'en fichait. Si ça pouvait l'aider à retrouver Kyro, il s'y intéresserait un peu plus mais sinon non. Une légère lueur curieuse revient dans les yeux du garçon et il reprit.

- Comment l'initialisa, euh nan... Comment l'initiation pourrait me faire du bien ? Il ajouta en baissant la tête et en murmurant. Tout ce que je veux c'est mon frère...

Une petite alarme résonnait dans sa tête. Il valait mieux changer de sujet avant que ça se passe comme avec Tahia. ça serait dommage. Il se souvient qu'elle avait bailler, et il s'empressa d'ajouter en levant les mains.

- Ah mais si je te fatigue, je peux prendre le médicament et sortir....

Aaron baissa de nouveau la tête. Oui c'était stupide, s'il l'a fatigué elle lui aurait surement dit... Son regard partit se coincer dans un coin de la pièce, quand soudain il se souvient de son nom. Ama... Amazaki. C'est japonais ça, nan ? Donc Aoi doit parler japonais, à moins qu'elle n'ait juste le nom...

- Dis, tu parles japonais ? Parce que, je trouve ça étrange... Tahia m'a dit qu'on nous avait remis une puce, au nom barbare que je n'ai pas retenu, qui nous permettait de tous nous comprendre. Mais c'est quand même super étrange...

[HRP : Aaaaaah ! Je suis désolé de t'avoir fait un truc si long ! >.< C'est mon dernier jour de vacance et je me suis un peu laissé emporté, désoléééé !]

- Tu sais, l’initiation est… enfin c’est un peu spécial.

Aaron pencha légèrement le tête sur le coté. ça commençait à l'intriguer... Un truc à l'ambiance sombre, qui fait un peu peur, qui donne des pouvoirs et est spécial... Franchement ? Comment pouvait-on faire plus sectaire ? Surtout avec un portail électrique... A croire qu'ils ne voulaient pas que les élèves partent. C'est si affreux que ça ? Il se mit à loucher sur le médicament qu'elle venait de déposer devant lui. D'ordinaire il n'aime pas en prendre, se disant que la douleur passerait rapidement, mais là, il était bien obligé... Il l'a vit bailler et s'empressa de dire en agitant les mains.

- Ah mais si je te fatigue, je peux prendre le médicament et sortir....

Au moins ça lui permettrait d'éviter de prendre le médicament... Mais ça voudrais aussi dire qu'il se retrouverait de nouveau seul. Aoi haussa les épaules en lui répondant.

- Mais non, ne t’inquiète pas. J’ai juste eu une longue journée. Et puis, à ce que je vois, tu as beaucoup de questions à me poser.

Les joues d'Aaron se colorèrent furtivement de rouge tandis qu'il ouvrit la bouche pour répliquer, mais... Rien. Il la referma en baissant les yeux sur le médicament. On pouvait pas faire plus... Plus poisson rouge ! Cette pensée le fit sourire discrètement tandis qu'il demandait à Aoi si elle était japonaise. Bon c'est sur, il aurait eu moins de question à poser s'il avait écouté le... le... le... la personne qui l'avait amenée ici ! Et aussi s'il avait un peu plus écouté Tahia.

- Oui, je parle japonais. La puce permet de nous comprendre, mais j’avoue que je ne sais absolument pas comment elle fonction. C’est un peu… enfin c’est trop compliqué pour moi.

L'adolescent hocha la tête. Il n'allait pas la blâmer de ne pas savoir ça. Après tout, il n'était même pas capable -enfin c'est surtout qu'il n'avait pas envie- de retenir le nom de la puce. Et puis, apparemment, ça devait s'appeler "la puce". C'est tout de suite plus facile à retenir. Pourtant, il ne put s’empêcher de demander.

- Donc si on veut savoir quel langue parle la personne, il faut se... Il faut connaitre son nom, nan ? Au moins pour savoir de quel pays elle vient. Mais si... Si on donne des puces à chaque élèves, ça veut dire qu'ils viennent de tous les coins de la planètes... Et...

Aaron pencha la tête sur le coté vers la fenêtre. Et mer... Ah, bah bravo ! Il venait juste de s'embrouiller dans ses propres questions. S'il elle lui aurait demandé de répéter le début, il n'en aurait même pas été capable. C'est ça le problème de parler sans réfléchir. Après il n'est plus capable de s'en souvenir.

- Il y a des gens de toutes les nationalités. Beaucoup d’américains et de russes, plusieurs européens… Des japonais évidemment. Bref, ils viennent de partout. C’est ça qui rend les rencontres ici aussi intéressantes, on en apprend plus sur les autres.

L'adolescent hocha lentement la tête tandis qu'il se répétait ce que venait de dire Aoi. Des américains, des russes, des européens, des japonais... ça fait beaucoup de monde. Et pourtant il n'a croisé que quatre personnes depuis le début -en comptant le fantôme de la Cafétéria, sinon ça serait pas marrant-. Bon, il serait peut-être temps de faire un peu plus attention à ce qui l'entoure. ça pourrait être une bonne idée. D'ailleurs, ça serait pas mal de s'y mettre maintenant...  Tout de suite... Il tourna brusquement la tête vers Aoi en se rendant compte qu'elle lui parlait.

-Les pouvoirs qui te sont offerts pendant l’initiation réagissent avec ta personnalité. Ils comblent le Vide en te permettant d’extérioriser ta tristesse ou ta colère à travers eux. Plus tu monteras dans les échelons, moins ces pouvoirs seront bridés et plus leur action sur toi sera importante.

Bug. Les yeux d'Aaron s'écarquillèrent tandis qu'il ouvrait la bouche. Elle avait bien dit pouvoirs ? Pouvoir comme ce qu'elle venait d'utiliser sur ses blessures ? Soigner des blessures, voler... Vu qu'elle avait dit que ça réagissaient avec la personnalité, ça voulait dire qu'il y en avait d'autre ?! Et selon la personnalité -toujours- il permettait d'extériorisé les émotions... ça avait l'air... Complètement délirant... Délirant et effrayant. Si Aoi avait réussit à le soigner -grâce à ses pouvoirs- ça voulait donc dire qu'elle était déjà ini... qu'elle avait déjà passée l'initiation.

Le regard de l'adolescent dériva lentement vers la fenêtre tandis qu'il refermait la bouche sans dire un mot. Des dizaines de lueurs d'émotions contradictoires brillaient dans ses yeux. Un sourire discret sur les lèvres... Voyons voir... Elle avait déjà passé l'initiation, mais Aaron cherchait quelque chose d'autre. Un truc qu'elle lui avait raconté pour... Pour... Oui ! Il tourna brusquement la tête vers Aoi.

- Donc...

Emporté par l'élan du geste, et sa position sur la chaise, l'adolescent se ramassa royalement de l'autre coté accompagné de la chaise. Sa phrase mourut dans un cri très aigu. Fallait bien... A force de tourner si vite la tête. C'était déjà bien de ne pas s’être chopper le torticolis...  Aaron laissa échapper un léger rire nerveux en lâchant la chaise. En fait... C'était étrange parce que c'était comme si un coup de vent avait souffler sur la chaise et l'avait renversé avec son occupant. Une légère douleur au niveau du genou -le même qui avait morflé tout à l'heure- le fit grimacer.

Avec prudence, Aaron s'assit de nouveau en tailleur, à même le sol, après avoir redressé la chaise. Tiens, c'était pas si mal d’être à terre finalement. Au moins, il ne pouvait pas tomber plus bas ! Quoique.. S'il se mettait à creuser, peut-être... Il passa sa main derrière sa nuque en adressant un sourire gêné à Aoi tandis que l'autre main alla frotter son genou.

- On dirait que la gravité m'aime pas aujourd'hui...

Il laissa de nouveau échapper un rire et scruta le sol en espérant qu'il ne s'effondre pas. Après tout, avec ce qu'il venait de dire, ça ne l'étonnerait pas si le sol s'effondrait juste pour lui faire comprendre qu'il pouvait toujours tomber plus bas. Il regarda à droite puis a gauche avant de reposer son regard sur Aoi. En fait... Il ne savait même pas pourquoi il avait fait ça. Franchement... Il prit la parole tandis que son regard fuyait de nouveau.

- J'vais faire comme si j'étais jamais tombé...

Aaron leva de nouveau la tête et posa son regard sur Aoi. Il ouvrit la bouche pour prendre la parole... Euh... Attendez... L'adolescent sentit le rouge lui monter aux joues en se rendant compte qu'il avait parlé à haute voix... Oh super ! ça c'est un coup de la fatigue. Fatigue qui ne semblait pas exister quand il agita rapidement ses mains devant lui.

- J'ai rien dis, j'ai rien dis !

Aaron tourna la tête en faisant une moue boudeuse, les joues rouges. Il déteste quand il est dans cet état. Surtout parce que Kyro n’arrêtait pas de lui dire qu'il ressemblait à un gosse. Il inspire profondément et pose toutes ses questions d'un coup.

- Tous ceux qui contrôle l'air, savent soigner ? Puis, depuis combien de temps tu as été initié ? Il existe d'autre pouvoir ? C'est quoi les différents caractères ? Et, comment ces pouvoirs peuvent-ils remplacer une personne ? Et si je devais en avoir un, ça serais quoi ?

L'adolescent soupira. En temps normal, il aurait fait des phrases, chercher un moyen à rendre ça cohérent mais là... Là, il n'en avait pas envie. C'est stupide de s'énerver pour si peu... Mais, qu'est-ce qu'il pouvait y faire ? Aoi y était pour rien, et pourtant il s'énervait. Quel imbécile... Au moins, il avait réussit à ne pas prendre le médicament !

- Ils ne remplacent pas… les gens. Ils ne font que combler le Vide… C’est compliqué. C’est quelque chose qui se ressent.

Ils ne remplacent pas... Ils ne font que combler... Aaron profita du fait d'avoir sa moue boudeuse pour y réfléchir. Ces pouvoirs ne font que combler le Vide... Une absence. L'adolescent avait une légère impression de malaise. Comme si parler de ça le dérangeait. Il ne voulait pas qu'un pouvoir comble l'absence de Kyro. Il le voulait simplement. Peut-être qu'il fallait juste attendre. Attendre donc être patient. Ce qu'il ne voulait absolument pas.

- Sinon, on peut contrôler les cinq éléments. Un par personne, évidemment. Et à chaque élément, deux pouvoirs. Les airs peuvent soit guérir, soit contrôler le son. Le choix des éléments dépend de plein de facteurs, c’est un peu long à expliquer. Mais généralement les terres sont calme, les eaux timides, les airs discrets, les feux plutôt sûrs d’eux, et les tonnerres… plutôt hyperactifs, je dirais. Pour faire plus simple.

Des étoiles -ainsi qu'une légère flamme de scepticisme- apparurent dans les yeux d'Aaron tandis qu'il tournait la tête vers Aoi. Donc il y avait des terres, des eaux, des airs, des feux et des tonnerres, c'était presque la même chose que dans le dessin animé, les tonnerres en plus. Et les airs étaient capables de soigner et de contrôler le son... Ça tombait limite dans un conte de fée.

Être dans livre... Ça aurait pu être bien, au moins Aaron savait que la fin serait heureuse. Peut-être pas la même fin que dans les autres, mais une plus joyeuse. Retrouver son frère par exemple. Ça serait vraiment bien... Mais... La vie était plutôt un livre d'horreur qui se finit toujours par une mort... Avec plein d'autre au milieu.

-...ne te connais pas suffisamment. Tu le découvriras par toi-même si tu décides de rester, et de te faire initier. Mais c’est ton choix. Personne ne peut décider à ta place. Donc médites là-dessus.

Inclinant légèrement la tête, il ne put s'empêcher de laisser échapper un beau et élégant « Euuuuh...». Il faudrait vraiment qu'il écoute un peu plus, la preuve, il venait tout juste de manquait une partie de ce que venait de dire Aoi. Du coup, il ne sait même pas de quoi elle parle. C'est malin... Vraiment très malin. Comment est-il censé faire maintenant ? Ça serait impoli de lui demander de répéter. C'pas qu'il ne l'écoute pas -quoique...- c'est jusque... Jusque se perdre dans ses pensées est si facile.

Le regard de l'adolescent se mit lentement à dériver jusqu'à se perdre dans un coin. Découvrir par toi-même, c'est ton choix, personne ne décide à ta place, médite dessus... C'est... Très étrange. Peut-être que si... Peut-être que s'il retrouvait la question à laquelle elle répondait, il arriverait peut-être à comprendre. Oui, peut-être... En attendant il commençait à être fatigué, malgré les soins.

- D'accord, finit-il par dire en hochant la tête.

C'était juste un moyen comme un autre de... De quoi déjà ? De ne pas laisser le silence s'installer. Hum, c'était peut-être un peu trop tard. Aaron eut un léger sourire gêné en passant sa main dans son cou. Voilà, il ne savait plus quoi dire. Prit d'une envie subite, il se leva sans un bruit et alla jusqu'à la fenêtre. Fenêtre qui semblait le narguer depuis le début avec son carré de ciel bleu. Il pencha la tête en espérant pouvoir voir le toit, mais... Rien. Déjà que l'infirmerie semblait assez haute alors le toit... Faudrait qu'un jour il aille sur le toit, juste pour voir. Il marmonna en espérant qu'Aoi l'entendrait quand même.

- La vache, ça a l'air haut ! Et toi t'as sauté comme ça ? Fit-il en se retournant vers Aoi. Mais...

Aaron se mordilla doucement le pouce en essayant de se rappeler de quand ça datait. Un ans, nan ? Ou alors deux... Il n'en était plus très sûr.

-... Mais, finit-il par reprendre en jouant avec la manche de sa veste. Tu voles comme les oiseaux maintenant ?

Des petites étoiles devaient surement briller dans ses yeux...

Le rire nerveux d'Aoi alluma une flamme de curiosité dans les yeux d'Aaron alors qu'elle prenait la parole.

– Ben... Au début je voulais tester. Puis j'ai changé d'avis en voyant la hauteur. Mais j'ai glissé, comme une cruche.

L'adolescent réussit de justesse à retenir un léger rire. Certes, il n'y avait rien de drôle, dans ce que venir de dire l'étudiante, mais c'était plus à cause de son côté enfantin. Celui qui se moquait de tout... D'ailleurs, s'il avait été à sa place, il n'aurait même pas eu le courage de monter sur le toit. C'est vrai, quoi... Rien qu'à le voir du sol, le bâtiment était immense alors vu d'en haut... Certes, l'adolescent avait le vertige, mais ce-dernier était tellement léger qu'il lui permettait de monter dans des arbres tranquillement... Sauf quand ils s'allient avec la neige et le gravier. Le rire d'Aoi, le fit doucement retourner sur terre.

– Maintenant je peux voler. Comme les oiseaux, oui. Mais sans les ailes. Et beaucoup plus vite.

Les étoiles se transforment en constellations tandis qu'un immense sourire apparaît sur le visage du garçon. Émerveillé. Ce seul mot aurait suffit à qualifier son attitude. Aoi flottait dans l'air. Nan, elle lévitait ! Assise en tailleur, elle ne touchait même pas le sol. Aaron aurait presque été tenté de passer quelque chose sous la demoiselle, juste pour voir s'il n'y avait pas un support transparent sous elle. Comme dans les tours de magies...

– C'est utile quand on a pas envie de marcher. Le mieux, c'est quand même de se téléporter. Même si ça te retourne le ventre, c'est vachement plus pratique et rapide. Ma meilleure amie a ce pouvoir, elle est tonnerre.

Voler, soigner des blessures, se téléporter... L'adolescent avait l'impression d'être plongé brusquement dans un livre fantastique. Un petit coin de paradis dans la noirceur du monde... Il ne put empêcher un léger cri aigu sortir tandis que par réflexe il frappait doucement dans ses mains avant de les approcher de sa bouche comme pour souffler dedans. C'était un geste assez vieux qu'il n'avait plus fait depuis longtemps. Geste donné par Kyro, comme s'il voulait emprisonner ses souvenirs dans ses mains pour s'en souvenir. Oui, il voulait s'en souvenir ! De cette étudiante volant en plein milieu de la pièce avec un beau sourire. Il s'en fichait complètement de ressembler à un gosse, trop heureux pour s'en soucier.

Aaron n'arrivait pas à se souvenir de la dernière fois où il avait fait ce geste. Juste qu'il fit remonter une foule de souvenir. Souvenir qu'il cacha immédiatement en fermant les yeux. C'était les siens, et ceux de personne d'autre... Un égoïste. Voilà ce qu'il devait être, mais il s'en fichait... Il s'en fichait royalement, parce que, derrière ses paupières closes, il se souvenait de quelqu'un. Quelqu'un qui le faisait passer d'un état à un autre en un clignement d’œil. Quelqu'un qui lui souriait, alors que la neige tombait généreusement dehors. Quelqu'un en uniforme de milit...

L'adolescent rouvris brusquement les yeux, mettant un terme au souvenir. Le cœur au bord du vide et les larmes remontant doucement. Il ne voulait plus voir la neige. Plus sentir son vide. Juste. Le. Retrouver. Il eut un besoin urgent d'air frais, quand soudain, Aaron eut l'impression que la pièce était plus petite. Plus noire... Oh non... L'adolescent connaissait trop bien cette sensation. Il ne sentit pas ses jambes se dérober mais il sentit bien, le choc entre son épaule et le sol.
Crise de panique...
Il en faisait tellement depuis que... Que... Il se recroquevilla à même le sol alors que son coeur battait de plus en plus vite. L'impression d'étouffement s'accentua tandis qu'il fermait les yeux. Se débattre dans des ténèbres glacials... C'était tellement beau, deux semaines sans se blesser, deux semaines sans crise. Trop beau pour être vrai. La crise se retira aussi rapidement qu'elle était venu... Deux minutes maximums, surement pas plus longtemps.

-Ça... Ça va..., souffla-t-il doucement.

Aaron les détestait... Les plus courtes étaient souvent celle qui lui faisait le plus mal. Rapide et frappant horriblement fort, le laissant généralement glacé jusqu'aux os et tremblant. Il ouvrit doucement les yeux tandis que son cœur ralentissait doucement. Il s'assit lentement contre le mur, cachant ses tremblements en serrant son manteau contre lui. Son regard fuit. Il fuit la réalité. Il fuit Aoi. S'il l'avait pu, il se serait enfuit de cet endroit. Pour aller où ? Aucune idée. Juste. Fuir. Sa voix s'éleva doucement, comme si, elle aussi cherchait à fuir.

- Dé... Désolé, ça m'arrive...

Souvent ? Rarement ?

-... quelques fois.

Cette crise avait été tellement brutale, qu'Aaron ne se rendit même pas compte de son ton légèrement froid. Presque... volontairement. Cette fois si, il avait vraiment mal au ventre. Par la panique, par la peur, même une légère boule s'était formée dans sa gorge. Un tourbillon balayait chacune des pensées qui essayaient de se former dans son esprit. Un tourbillon aussi vide que lui... Un tourbillon glacé. Il soupira en posant son front sur ses genoux. Que dire ? Que faire ? Rien... Il n'avait rien à dire, comme d'habitude... Quant à faire quelque chose, il faudrait déjà qu'il arrive à reprendre son souffle avant d'envisager quoique ce soit...

- Excuse moi, soupira-t-il sans relever la tête. C'est surement parce que je suis fatigué...

... Que t'as fais un câlin au sol...

-... et un peu à côté de la plaque...

... complètement tu veux dire...

-... que j'ai fais cette crise.

... ou à cause de quelque chose d'autre... Un souri... Aaron se leva brusquement faisant tourner la pièce. Il s'appuya contre le mur pour éviter de tomber à nouveau en disant.

- Ça va ! ça va...

Non. Ça n'allait pas du tout. Absolument pas. Il voulait sortir. Juste sortir. Respirer l'air. Sentir ce froid, le véritable pas juste ce... qu'il... avait. Sa voix s'éleva de nouveau, légèrement tremblante avec des pointes de paniques :

- Dis, tu connaîtrais pas un endroit calme ? J'veux dire... Hors du bâtiments... Calme, pas beaucoup d'élève... Tranquille.