Aaaah un bonne séance d'entraînement en solitaire un soir de pleine lune ça fait tellement du bien parfois. Et paf coup de pieds circulaire, re-paf coup de pieds sauté ! Boum direct du droit, re-boum crochet du gauche ! Finish it (pauvre sac de frappe) ! Coup de pieds retourné et crochet du gauche ! FATALITY.

Un bruit. Je me réveille en sursaut. Dans ma chambre... Oh. C'était qu'un rêve cet entraînement. Je me disais aussi que c'était trop beau. Enfin, y'a toujours qu'un bruit m'a réveillé. Y aurait-il quelqu'un dans ma chambre ? Si c'est le cas, il va prendre cher pour m'avoir réveillé, l'enfoiré.

Crac, BAM. Oulah, il serait pas un peu bourré ce gars ? Il vient de se prendre ma commode en bois et vu l'origine du bruit, pile le coin. Ca, ça doit faire très mal. Je l'entend grogner d'ici, le bougre. Il continue d'explorer et vient droit sur moi, qui ait comme un con décidé de dormir par terre pour cette nuit.

Quelque chose de lourd et un peu mou se pose sur mon avant bras. Et appuie. Ca aussi, ça fait mal. Je grogne et l'autre abruti se met à brailler :

OH LUMIERE OUI ?!! SALOPE D'INTERRUPTEUR DE MERDE !!

Là, ça fait trop.

Ta gueuuuuuule... Je gronde, furieux.

Je chope sa jambe et le fait tomber avant et de me placer sur lui, un genou sur la gorge.

Si tu bouges, je te tue.

Menace inutile, je crois que l'autre a compris. Je lève le bras et allume une vieille lampe à gaz qui émet tout de suite un jolie lumière blanche. Je me tourne vers l'intrus et me retrouve... face à mon reflet, 10 ans plus jeune. Cheveux blancs en bataille et yeux rouges écarquillés. Pas mignon, plutôt le genre à gueuler pour un rien. Je grognais, pas très amène :

Gnf. T'es qui toi ? Et tu fous quoi dans ma chambre ?

J'étais de très, très, TRES, mauvaise humeur. Mon genou était toujours pressé sur sa gorge et mes yeux, couleur de sang, le vrillaient du regard. Avec mes cheveux blancs en pétard, je devais vraiment faire peur. Tant mieux. Je le dominais de toute ma hauteur, attendant sa réponse.

Le moi-10-ans-plus-tôt semble être complètement ahuri de me trouver dans MA chambre. Il répond en braillant encore une fois :

T'ES QUI TOI, OUI ?! TA CHAMBRE ?!!

Je plisse les yeux sous le coup de sa voix, trop forte pour mes pauvres oreilles au réveil. Et il continue :

J'AI ATTERRI OU ENCORE ?! J'AVAIS LA TÊTE DANS LE PÂTÉ OU LES CHAMBRES CHANGE DE PLACE DANS CE FOUTU INSTITUT ?!! NON, PLUS NE M’ÉTONNE HEIN !

Il essaye de se débattre. Je presse mon genou plus fort. Cri encore, mais de douleur. Une lueur de satisfaction s'allume un instant dans mes yeux. Soudain il arrête de bouger :

Putain tu me ressemble.

Sa voix n'est plus qu'un croassement de corbeau. Je relâche un peu la pression. Je répond :

Ici, c'est ma chambre. Regarde autours de toi et dis-moi si tu reconnais quelque chose. Ah et si tu continue de brailler à me faire éclater un tympan au réveil, je te tue.

Je me relève et le laisse crachoter. Je vais vers mon lit en fer, à la mode prison, et y repose ma couverture. Je me retourne vers l'autre hébété et, en frottant ma tête la main dans les cheveux, je râle :

C'est une manie chez toi de te pointer chez les autres et de leur marcher dessus ? Nan parce que si c'est ça, je fermerais ma porte à clef la prochaine fois.

Je passe devant lui sans plus faire attention et vais dans la cuisine faire un café. De là, je contemple les murs de béton gris moroses et mes trois-quatre meubles de pauvre qui ornent ma chambre. Il serait temps que je la remplume cette chambre d'ailleurs.

Mes nouvelles baguettes de batteries gisent par terre suite au choc de l'autre-moi-plus-jeune contre ma commode. Je m'approche des baguettes et les repose sur le meuble, aux côté de mon vieux poignard émoussé à la garde noire en forme de tête de loup. Mon agacement ne s'amenuise pas. Je plante mon regard dans celui de l'inconscient et reprend :

Donc. Je répète. T'es qui et qu'est-ce que tu fous dans ma chambre à trois heures du matin ? J'te préviens, je suis pas le type gentil et patient qui attends des réponses sagement alors tu ferais mieux de me répondre, mec. A moins que tu préfères que je te frappes pour m'avoir réveillé.

L'autre abruti m'a répondu en grognant :

Je sais pas. Les autres, ne dorment techniquement pas par terre. Alors je me contente de défoncer leurs affaires.

Sa réponse m'arracha un sourire amusé, sans savoir s'il plaisante ou pas. Pas si con ce ptit gars, finalement. Je me renfrognai légèrement avec la suite :

Ouais, je suis dans l'aile des feux, vu les clanpins que c'est, je me doute bien que t'es aussi patient que moi ouais ! Bah tu sais quoi ? Ce que je fout dans ta chambre, j'en sais rien, je voulais rentrer dans la mienne. Qui je suis, je sais pas, j'ai que ça a foutre la nuit, moi, allez sonner chez les gens ? Leur marcher dessus ?!

Ok, je retire ce que je dis, ce petit gars est sympa sur les bords mais con. Quant je terminais par ma menace, il sembla à nouveau éclater :

Que je préfère que tu me frappe ? OUAIS BIEN SUR !! Tu t'attends quand même pas à ce que je me mette à te caresser les boules en te demandant "Oh wi chérie, punis-moi ! " ! NON MAIS SANS BLAGUES !

J'explosais à mon tour. Mes yeux rougirent comme deux braises. C'était le dépassement des bornes. De mes bornes. Je frappais le mur d'un coup de poing enflammé. Une nouvelle trace de suie à effacer plus tard. Tant pis. Ma voix baissa d'une octave, comme un grondement :

Ca suffit. Evite de faire ton malin, mon gars. Ici t'es dans MA chambre, c'est mon territoire. En gros, t'es à ma merci. Et crois-moi personne t'entendra crier à cette heure. Je te demande pas de répliquer à toutes mes phrases, je te demande TON NOM !!

J'avais rugit les derniers mots et la flamme de mon poing avait grossit. La lampe à gaz sauta et nous plongea dans le noir. Mes yeux luisaient à la lueur de la flamme qui couvrait mon poing.

Lentement, sans quitter l'autre des yeux, je m'approchais de la lampe et la rallumais d'un claquement de doigt qui projeta des étincelles rouges sur le gaz. La lumière emplit la pièce. J'ouvrais le poing et la flamme s'éteignit.

Ma vieille cafetière émit son bruit caractéristique qui me disait "Ton café est prêt". J'allais l'éteindre et me servait une tasse du breuvage amer et brûlant. Tandis que je buvais une gorgée, mes yeux vrillaient le gamin. Mon pouvoir de marionnettiste le contrôla et je le fis s'asseoir par terre, un peu brutalement.

Ce petit effort me fatigua d'un coup. J'avais mal contrôlé mon coup et le gars s'affala par terre, mais je ne m'en excuserais pas. Je m'approchai et m'assis en face de lui. Posant ma tasse, je détaillais le gamin de haut en bas. Il était chétif. Comparé à lui, j'étais Hulk, une montagne de muscles. Je repris la parole :

Alors, ton nom ?

J'ignorais le soupir d'agacement que laissa échapper le moi-plus-jeune. Il fallait que je reste calme, c'est pas bon à la santé de s'énerver. Allez, on se caaaaalme. Inspire, expire. Respire, mec, respire. Ne pense pas au couteau que tu garde toujours sur ta commode.

L'autre replace ses cheveux, trop longs d'un bonne demi-douzaine de centimètres. Encore un de mes gestes caractéristiques, enfin jusqu'à ce qu'Akira me piège pour me faire couper les cheveux. Il s'attaque alors à sa cravate, la tripatouille un coup et finit par l'enlever pour la fourrer dans sa poche. Mec, un conseil, ne la porte jamais : les cravates c'est le MAL ! Il lâche alors :

OK, ça, c'est fait, elle me soule celle la... Moi c'est Kei. Je peux retourner la question ?

Son regard noir et sa tête de hibou ensommeillé me font plus rire qu'autre chose mais je me retins de ricaner, ce n'est pas poli. Et je suis devenu poli. On dirait pas ? J'vous emmerde allez d'abord tester de se faire réveiller en se faisant écraser à trois heures du mat' !
Et puis Kei... Oh putain, même son nom ressemble au mien ! Je répondit, le ton adoucit :

Moi c'est Kyle. Bienvenue dans mon humble demeure. Excuse mes sautes d'humeur, j'ai tendance à être de très mauvaise humeur au réveil, surtout quand on vient de m'écraser le bras.

Je lui fais un clin d'oeil. C'est peut-être pas le meilleur geste à faire, mais osef. Après tout, il n'était pas si mauvais, juste... Sanguin, très sanguin. Comme moi quand je suis arrivé. Ouaip, le bon vieux temps où je frappais tout ce qui bougeait. Aaaah le mini fight face à Bob et Raven qui m'aidait... Enfin, bref.

Putain, c'est pas possible, je suis devant un moi plus jeune, réellement. Il a les cheveux blancs, les yeux rouges, l'air d'un chien de garde (même si lui c'est plutôt Pit Bull et moi Rotweiler)... Manque plus que la peau mate et la cicatrice. Je me levais.

Pendant qu'on y est, t'aimes le café ? Je t'en sers ?

L'expression de Kei passe du bulldog hargneux au chihuahua surpris. Le jour et la nuit quoi. Je manques d'éclater de rire mais réussi à transformer mon sourire hilare en une sorte de grimace souriante, style "Gwaaah j'ai failli me foutre de toi, mais non suis gentil!" très réussie. Être cool avec les autres ça me réussit pas très très bien on dirait.

Le pauvre gars bascula en arrière en mode choc. Pas étonnant, je lui crame limite les tifs et trente secondes après, je lui souris et lui propose un café. Pas étonnant donc. Enfin pour moi, parce que lui, il est frappé. Tout bien réfléchit, jsuis carrément bipolaire au réveil moi. Ou alors ça s'appelle faire des efforts, à voir. La réponse du pauvre garçon commence mal :

Je sais pas, le café, c'est pas non plus connu pour ses vertus CALMANTES HEIN ! J'ai pas l'air assez réveillé comme ça pour toi peut être ?!!

Mayday mayday ! Fou rire en approche, je plonge ! Je plonge, je vais crasher !! Le fou rire arrive... Je redresse au dernier moment, ouf ! C'est donc un rire modéré qui échappe à mon contrôle et qui se calme après quelques secousses. Sauvé. Kei semble se rendre compte de sa réponse quelque peu claquante.

Mais Merci. Oooooh... Au fait, Kyle, ça ressemble vachement à Kei ?! Ouais, je viens de bité aussi, j'ai pas encore tout les neurones au démarrage...

Je souris et me rassois. Je hoche la tête :

Je vois complètement de quoi tu parle, pour ce qui est des neurones. Ca m'arrivait avant. Maintenant ça va mieux, tu verras faut juste le temps. Et ouais, Kyle et Kei ça se ressemble vachement. Tu viendrais pas du passé, mec ? Genre... D'il y a deux ans, quand j'arrivais à Terrae..?

Question conne, vieux. Et pas drôle si tu pensais que ce serait marrant. Je reprend, un peu gêné :

Ouais, tu me fais penser à moi au moment de mon arrivée. Je me fritais avec tout le monde, novices, initiés et Etoiles sans distinction. J'étais un peu con à l'époque. Je le suis toujours, d'ailleurs.

Ta gueule Kyle. On dirait un vieux. Ah mais je suis vieux, j'ai 25 balais c'est vrai. Et sûrement moins de connexions dans le cerveau. A voir.

[HRP : désolée pour le temps d'attente T-T]

Suite à ma tirade pas très intelligente (et pourtant je le suis d'habitude ! Sisi j'vous assure... Bon, ok, non.), le Kei tire une drôle de tronche. Vraiment drôle. Alerte, sourire moqueur en approche ! Trop tard... Un sourire en coin railleur tire sur mes lèvres. L'autre ne semble pas le remarquer, c'est tant mieux pour ma peau, j'ai pas envie de me battre.

Kei s'agite un peu. Il doit pas être spécialement sain dans sa tête c'ui-là. Ouaip comme moi, en pire. Il finit par décrocher quelques mots :

PFF ! M'en parle pas ! Master aussi, qui vienne me shooter la gueule et celle de la porte des chiottes des dortoirs par la même occasion ! Sans dec ...

Ah, j'ai encore jamais essayé avec un Master. Quoique... Les entraînements avec Dante et Eïon, ça compte ? Je pense pas quand même. N'empêche qu'ils y vont fort des fois. Je suis coupé dans ces souvenirs "émouvants" (IRONIIIIIE tu connais ?) par Mini-moi qui reprend :

Mouais, quand même mec, quand on commence à dire à l'époque, c'est qu'on fait de vieux os HEIN ! C'pas moi qui en veut à Terrae, c'est Terrae qui vient chercher la merde d'abord quoi ! C'est vrai qu'aurait pas mal de monde...

Il semble prendre un instant de réflexion. Attends, ça de lui arrive de réfléchir ?! Bon, j'arrête d'être un connard. Ou pas, c'est trop bon ! L'autre reprend :

Novice, les battle et les gueulante dans ces putains de dortoirs de merde, ça compte ?! Sinon, le reste, en vrai, j'ai la pure flemme de faire une liste de tout les gens qui me tape sur le système ici, en vrai, dire Terrae entier, c'limite plus rapide hein !...

Je ricane un coup et répond :

Mais je suis vieux, mec. J'ai 25 ans, presque 26 alors bon. Perso, j'ai voulu éclater un Titan en étant novice alors les gueulantes tu les compte si tu veux.

Je fis une pause pour boire une gorgée de café.

Fuck, c'est froid. Passons. Comment tu fais pour toujours être aussi... J'sais pas, aussi énervé, surexcité, un peu comme une guêpe qui te lâche pas et bourdonne tout le temps à ton oreille. Enfin, tu vois ? T'es toujours à 1000 à l'heure. Tu te pose jamais trente secondes ? Et t'en a jamais marre d'être toujours speedé ?

Franchement, je sais pas comment je fais pour le supporter. Regardez, il est venu chez moi à 3 du mat', m'a marché dessus, m'a réveillé en sursaut, il gueule, répond toujours du tac au tac... Ce mec est épuisant. Rien que de le voir ça me fatigue. C'est une pure pile électrique. Et pourtant c'est un Feu, cherche la logique, mec.

[HRP : Merde, j'avais zapé notre topic D: Pardon pardon pardon ><]

Quoi ? Moi speedé de la vie ?!

Sa réaction me fait presque rire. Il s'en rend même pas compte ce pauvre type... Il me lance un drôle de regard. Tiens, même ce regard je l'aime pas. Je plante mes yeux dans les siens, histoire d'essayer de lui faire baisser le regard. J'aime pas qu'on me dévisage, ça me donne envie de frapper celui qui le fait. Et là, mon poing me démange dangereusement. Baisse les yeux p'tit gars, ou tu risque de les baisser de force. Et le voilà qui reprend :

Toi t'es bipolaire, tu le sais ça ? Genre tu veux me frapper, et deux secondes après, tu me fais la conversation en mode normal !... Mais genre moi j'aurais pas le droit d'être une pile électrique, et c'est un bipo qui me dit ça ?!

Je commence par hausser un sourcil puis tique légèrement. Moi, bipolaire ? J'éclate de rire, un rire un peu fou, et ça dure, ça dure. Finalement, j'arrête de rire et le fixe le regard un peu fou.

Moi, Bipolaire... Elle est bonne celle-là. Dis mon petit, t'as pas l'air de te rendre compte que t'es sur MON territoire, à 3 HEURES du matin, et que tu m'as marché dessus.

Je me rapproche dangereusement de lui.

Donc, là, j'essaye juste de pas te foutre mon poing dans la gueule, je sais pas comment je fais pour me retenir, mais si tu la joue pas plus sympa, tu vas vite fait finir encastré dans un des mur de cette pièce.

Je sais, je me fais menaçant, mais il commence à m'énerver. Il a beau être un mini-moi, je l'aime pas plus que ça. Je me demande si ça me ferait mal si je lui mettais une pêche là tout de suite... Sûrement pas. Et puis, on ne me réveille pas en sursaut, on ne me marche pas dessus impunément. Jamais. Je me rends bien compte que j'ai dit "territoire", ce qui va sûrement le faire bien rire. A ce niveau-là, j'anticipe deux réactions : rire et coups ou bien gueulante et coups. Faudrait voir qui donnera le coup.