Je n'avais toujours pas parler à Rin depuis mon retour. Il s'agissait d'une peur incontrôlable. Depuis mon retour de mission, j'avais souvent croiser le jeune homme dans les couloirs mais je m'étais caché de sa vue et je savais qu'il me croyait toujours parti pour les quatre coins du monde, risquant ma vie encore et toujours. Comment allait-il lui? Je n'en savais rien, et personne n'avait pu m'offrir de réponse. Kiyo m'avait récemment demandé des nouvelles de Selvi. Maria m'avait demandé si j'allais bien et si j'avais revu Jacques depuis l'Australie. Yuuna m'avait assuré qu'Aaron et Enzo allait bien. Les missions avait créé des liens qu'on le veuille ou non. Les professeurs étaient tous de repos, ou plutôt de mission, et les croiser de temps à autre dans les couloirs faisait peur. Cicatrices, bleu, bosses, cernes... Nous étions tous dans un sal état. Sauf les novices, qui devaient bien se demander ce qu'il se passait. J'avais récemment appris que Rin avait été initié. Si nous n'avions pas été fâché, il aurait été le premier que je serais allé voir à mon retour.
J'étais arrivée un peu en avance pour accomplir une énième mission. J'avais acceptée tout de suite en rentrant de prendre la patrouille de la semaine suivante. Quand j'avais appris qu'on la proposerait à Selvi aussi, un sourire avait étiré mes lèvres. C'est moi qui le lui avait proposé lors d'une de mes dernières visites à l'hôpital. Selvi avait faillit mourir parce que je n'avais pas su viser pour dévier la balle, je me sentais coupable envers elle. Elle était passée à deux doigts de la mort.
Chris m'impressionnait beaucoup. Il était grand, noir, et sa stature imposante ne me mettait pas vraiment en confiance. Selvi nous avait rejoins quelques minutes après, et je lui avais souris, rassurée par sa présence.
Voilà comment nous en sommes arrivés tous les trois à attendre depuis bien quatre heures un signe de vie extérieur à Terrae. Je sortais faire un ronde avec Selvi de temps à autre, Chris restant à l'entrée. Puis on revenait. La nuit allait tombée d'ici peu, et tout présagé que la nuit serait sans étoile. La lune en croissant ne nous éclairerait pas non plus de sa douce lueur. D'ici peu, le monde serait plongé dans les ténèbres les plus profondes et petits et grands crieraient à la terreurs de voir leur passé ressurgir en cauchemars.

- C'est calme, vous ne trouvez pas?

Oui c'était calme. Peut-être l'était-ce trop justement?

Je ne pensais sincèrement pas repartir en mission de sitôt. Quand on frôle la mort ainsi, on voit les choses différemment. Enfin, c'est ce qu'on dit. On cherche à vivre dans l'instant présent, on remet de l'ordre dans sa vie et on consacre du temps aux choses importantes. Ne plus s'arrêter sur les petits détails insignifiants et apprécier ce que chaque jour nous offre. Oui, je crois que c'est ce que je devrais ressentir : la reconnaissance d'encore être là, de pouvoir profiter de ce temps supplémentaire qu'on m'a offert... Pourtant... pourtant je n'y arrive pas encore. Il y a quelque chose qui s'est cassé en moi. Ludmila est venue me voir à l'hôpital et je lui ai demandé de me raconter ce qui s'était passé. J'avais besoin de savoir. Tout était si flou... non, tout est encore si flou. Ce ne sont pas mes souvenirs que je garde à présent gravé dans ma mémoire, mais les siens. Elle m'a expliqué ce que j'avais fait et un des éléments qui me perturbe le plus, c'est que j'ai fui. Certes, j'étais blessée, à la tête en plus. Je me sentais mal, j'étais perdue, mais tout ceci, ce ne sont que des excuses. J'ai fui. Je les aurais laissés se débrouiller seuls... non, c'est ce que j'ai fait ! La Tonnerre m'a téléportée loin de la bataille et j'ai attendu contre un arbre. Ça je m'en souviens vaguement. Je n'étais plus moi-même, plus vraiment moi. J'étais dans un état second. Alors oui, je m'en veux. C'est stupide, je sais. Je ne devrais pas, après tout j'étais gentiment en train de mourir, mais j'ai l'impression d'avoir abandonné, de les avoir abandonnés. Je me dis que si j'avais été plus lucide, j'aurais pu me battre encore, utiliser ma rage et ma peur pour faire quelque chose de bien et au lieu de ça, j'ai fui.

Depuis que je suis sortie de l'hôpital, j'ai tâché de passer du temps avec les personnes qui me sont chères, mais sans leur parler de ma mésaventure. Je ne souhaite pas aborder le sujet avec quelqu'un. La douleur est suffisante dans ma tête. Je n'ai pas besoin de l'exprimer à voix haute. Elle revêtirait une forme bien plus concrète et pénible. Je lâche un soupir. Or, malgré tout cela, je suis repartie en mission. Oh, je ne suis pas bien loin. Je fais à nouveau des patrouilles autour de Terrae. Je n'aurais pas pu repartir, pas tout de suite. Il faudra bien un jour, mais je ne suis pas encore prête. J'ai accepté cette tâche pour plusieurs raisons. Premièrement, je sais que Terrae à besoin de chacun de nous. Nous sommes en guerre et je suis assez bien placée pour le savoir. Donc si on estime avoir besoin de moi, j'accepte. Et puis, c'est aussi une sacré confiance qu'on m'accorde. Deuxièmement, on m'a annoncé que je serais à nouveau avec Ludmila. Même si ce n'est pas le meilleur moment pour parler, j'avais besoin de la revoir. Je ne sais pas si je vais m'excuser. Peut-être ne comprendrait-elle pas et je n'ai pas du tout envie de recevoir une leçon maintenant. J'ai besoin de passer par cette étape de remord. C'est peut-être une manière de faire mon deuil de ce qui m'est arrivé. Je crois... je crois, et c'est un comble, que je fais une petite dépression. Je suis en vie et je déprime, cherchez l'erreur. Bref, ça me fait de bien d'être avec elle. On a vécu la même chose, les mêmes événements, bien qu'on en ait pas les mêmes souvenirs... Troisièmement, c'est une mission que je connais un peu. J'ai déjà patrouillé autour de Terrae avec Aoi et cela s'est très bien passé. C'est un lieu que je connais et être près de l'institut me rassure. Finalement, il fallait que je réessaie, comme on dit à une personne qui est tombée de cheval de remonter. Il faut vaincre la peur. J'espère juste que je serai à la hauteur.

J'ai eu le plaisir de revoir Chris. Il reste fidèle à lui-même, quoi qu'on voit à présent sur son visage des marques de fatigue. Il n'a pas arrêté lui et cela doit être pénible de faire chaque soir la même chose. Attendre... espérer qu'il ne se passe rien et en même temps souhaiter que quelque chose vienne briser la monotonie. Je me demande ce qu'il pense de moi. Il doit certainement sentir que j'ai changé. Une expérience comme cela, ça vous marque et ce n'est pas temporaire. Je ne serai plus jamais la même et c'est aussi quelque chose qui me perturbe. J'ai l'impression... de ne plus être vraiment moi. Je ris intérieurement, amère.

- C'est calme, vous ne trouvez pas?

Je sursaute. Perdue dans mes pensées, je m'étais complètement coupée du monde. Ce n'est pas bien. Je dois être attentive à ce qui se passe autour de nous. Je dois rester concentrée, ne pas me perdre dans mes réflexions. Ce n'est pas le moment. Il y a plus important que ma personne pour l'instant, Terrae.

- Pas nécessairement, non.

Je m'en veux de ne pas pouvoir sourire, de ne pas transmettre de la joie ou partager une certaine complicité avec les autres, comme je le faisais avant. Je suis neutre, une coquille vide d'émotions parfois. Je ressens la peur, la douleur, la fatigue, la tristesse... mais plus la joie, la compassion et tout ce qui fait que, à un moment ou à un autre, on se sent bien. Je n'aime pas renvoyer aux autres cette image de moi... ce fantôme de moi-même. Pour avancer, il faudra que je commence par mettre de côté mon orgueil et que je me pardonne ce que je considère comme une trahison. Ensuite, il faudra que je digère l'échec de la mission et ma faiblesse. Seulement après ça, je pourrai, je l'espère, retrouver cette joie de vivre qui me fait défaut.

Je secoue la tête. Je me suis à nouveau perdue dans mes pensées. Pour me changer les idées, je me concentre sur le vent comme me l'a appris Aoi et je sonde les environs. Je ne sens rien. Je crée alors une légère brise, juste ce qu'il faut pour que le vent vienne rafraîchir mon visage. Il faut vraiment que je me concentre sur cette mission. Il faut que je m'occupe l'esprit à autre chose. Que j'oublie un instant...

Les lampadaires s'allument près de nous. Il va bientôt faire nuit.

Je pensais sans cesse à Rin. Je l'avais quitté dans une telle colère. Il m'en voulait tellement! Je ne l'avais pas imaginé si inquiet. Surtout pas pour moi. Peut-être aurais-je dû aller le voir suite à mon retour? Mais il faut dire qu'entre Selvi qui jonglait entre la vie et la mort, les missions, Blue, mon père... J'avais tellement à réfléchir que je n'arrivais même plus à dormir! Et qui sait combien j'en aurais eu besoin!
Je ne savais plus où j'en étais, hurlant en silence une douleur que j'aurais voulu faire taire. Blue me manquait. Rin me manquait. Ma vie me manquait. Je repensais sans arrêt à mes amis d'avant, à ma famille, à ma vie d'autrefois. D'avant tout ça. Et je m'amusais à comparer à aujourd'hui. Une catastrophe. Je ne savais pas vraiment laquelle de mes deux vies je préférais. Hypocrisie, souffrances... Le lot de tous pas vrai?

- Pas nécessairement, non.

Selvi a perdu le sourire, la joie de vivre et la détermination qui étaient siennes. Je dois avouer m'en vouloir énormément pour ça. Si seulement j'avais su viser juste, et dévier cette balle... Je n'ai servi à rien ce jour-là.
Les lumières commencent à s'allumer. Le soir tombe et la lumière fait place aux ténèbres, reflet de mon humeur sombre. Tous silencieux, rêveurs acharnés, contemplateurs d'un bonheur envolé, je nous voyais alors jeune anges damnés à jamais, pour quelques erreurs passées.

Et puis c'est le noir total, et seule les lampadaires éclairent encore la chaussée froide et sombre. On voit passé les derniers retardataires. Un novice étant revenu ici pour voir si oui ou non, il a fait le bon choix. Puis plus rien. Le néant. Les oiseaux du jour se sont tus. Les bruits de la nuit retentissent doucement. Jusqu'au vent dans les feuilles morte de ce mois de septembre. Rien à signaler.

- Selvi ça n'a pas l'air d'aller... Est-ce vis-à-vis de la dernière mission?

Je m'en voulus tout de suite d'avoir étais aussi indiscrète. Mais Selvi n'eu pas le temps de me répondre que déjà, les lumière s'éteignaient brusquement, nous plongeant dans une oppressante obscurité.

HRP: Excuse moi, en plus d'être en retard, c'est court et pas fameux, milles excuses!!!

- Selvi ça n'a pas l'air d'aller... Est-ce vis-à-vis de la dernière mission?

Je sursaute en entendant sa voix. Je me suis à nouveau perdue dans mes pensées ! Je rage intérieurement. Est-ce une conséquence de mon traumatisme cette déconcentration chronique ? Je balaie ces considérations de mon esprit et m'attarde sur les mots de Ludmila. Je la regarde et je crois déceler quelque chose dans son regard... de la culpabilité ? Pourquoi ressent-elle ça ? Elle m'a parlé de notre dernière mission. Elle a bien senti que j'avais changé, que quelque chose n'allait pas, mais si elle veut en discuter, c'est peut-être parce qu'elle aussi en aurait besoin. Enfin, je crois que j'en ai besoin. Je ne peux m'empêcher de la fixer la bouche entre-ouverte. En cet instant, j'ai envie de lui dire... que je suis désolée. Je sens les larmes qui me montent aux yeux.

Soudain, les lumières s'éteignent. Une alarme raisonne dans ma tête. Ce n'est pas normal et, au vu des derniers événements, ce n'est pas bon signe. Chris s'approche de nous et nous demande d'être attentives et prudentes. Dans la nuit, je me permets de m'essuyer les yeux. Personne ne me verra. Il faut que je sois forte et que j'arrête de penser continuellement à moi. Ça devient maladif. Je soupire et me concentre sur l'air. Quelque chose cloche, il y a trop de monde, tout près. Je n'ai pas le temps d'avertir mes collègues qu'une explosion retentit à quelques mètres du portail... c'est-à-dire de nous. La détonation réveille des souvenirs que je croyais bien enfuis. Je réentends les coups de feu et je perds le contrôle, une peur oppressante m'assaillit. Je tombe à genoux sur le sol, les mains posées sur ma tête, les yeux fermés. Je ne veux pas revivre ce cauchemars. Pourquoi je me suis relancée là-dedans ? Pourquoi ?!? J'entends des cris autour de moi et soudain Chris vient me secouer. Je reprends mes esprits et relève la tête. En croisant son regard, j'y vois une pointe d'inquiétude, de colère, mais aussi beaucoup de détermination. Je hoche la tête et me relève. Je dois arrêter de me plaindre, d'être lâche. Je vais leur montrer ce que je vaux ! Ne plus fuir, ne plus abandonner, cette fois, je ne laisserai pas mes collègues seuls. Je jette un coup d’œil à Ludmila qui commence déjà à se battre. Quel courage ! Je l'admire. Elle me donne de la force. Il faut que je sois comme elle. Sans attendre, j'avance vers le lieu de l'explosion. Un trou a percé le mur d'enceinte de l'école. Je sers les poings. Les scientifiques ne doivent pas entrer.

- Attention, le bouclier a tenu. On doit les empêcher d'entrer sans l'abîmer!

Face à nous se trouvent quatre scientifiques accompagnés d'une vingtaine de gardes armés. En voyant la manière dont ils se déplacent, je comprends tout de suite qu'ils savent se battre. Je fronce les sourcils. Je déteste ces mercenaires et ces scientifiques. Je me concentre et dévie aisément les fléchettes de ces derniers. J'en profite d'ailleurs pour protéger Chris et Ludmila comme je peux. Ils ne nous auront pas si facilement cette fois. Ce qui m'inquiète, ce sont les gardes. Je n'ai pas la force, ni la vivacité pour arrêter un coup de feu, j'en ai malheureusement fait l'expérience. Je décide donc d'anticiper et, au moyen de disques d'air, je les désarme dès qu'ils sortent leur arme. Chris se bat comme un diable à côté de nous. Nos ennemis seront bientôt enseveli sous un amas de terre et de roche si ça continue comme ça. J'entends parfois un os qui craque lorsqu'il se bat au corps-à-corps. J'en frissonne. Soudain, j'entends des pneus qui crissent et des ordres lancés à la volée. Mon attention se détache un instant de notre combat pour observer, effarée, la cohorte de camions de la TV qui viennent d'arriver. Il ne manquait plus que ça. À présent, il ne s'agit plus que de protéger Terrae et ses habitants, mais aussi son image. Je retiens un grognement. Revenant sur la bagarre qui nous oppose aux scientifiques, je remarque qu'un garde s'est approché de moi. Il a un sourire carnassier. Il est sûr de gagner, trop confiant ? Il a un couteau à la main. Je sens mes membres qui commencent à s'agiter de tremblements sous l'effet de la peur, mais l’adrénaline reprend le dessus lorsqu'il s'élance. Par réflexe, j'évite son attaque, puis le projette au sol. En une fraction de seconde, je me retrouve sur lui, le couteau à la main, menaçante. Nous nous observons un instant, son sourire a disparu. Il s'est fait avoir comme un gamin, parce qu'il a prit notre combat à la légère. Je pourrais l'achever sans effort. Le couteau pourrait glisser le long de son coup, comme par maladresse. Il semble lire mes pensées dans mon regard, car il blêmit. Cela pourrait s'arrêter là. Un ennemi de moins, un meurtrier, un tortionnaire de moins... Je serre les dents. Non, je ne veux pas faire ça. Ce n'est pas moi !

- Je ne veux pas devenir comme vous. Je ne veux pas tuer.

Mon adversaire écarquille les yeux lorsque je lance le couteau, mais ne réagit pas, surpris. Je l'assomme d'un coup de poing bien placé, puis me redresse sans attendre. Je ne réfléchis plus aux médias, je pense à moi. Je ne suis pas cette sorte de personne. Ils m'ont fait souffrir... non, ils me font souffrir, j'ai failli mourir, mais je ne veux pas devenir comme eux. Je suis quelqu'un de bien et je vais le leur prouver. Je vais protéger mon foyer, je vais protéger mes amis. Je repars dans la bataille avec une détermination ravivée. Mes disques d'air volent dans la nuit.


[hrp : Pas de soucis ^^ je me suis permise d'avancer un peu, parce qu'il nous reste 10 jours pour terminer la mission, mais surtout parce que je pars vendredi matin pour revenir lundi soir... donc ça risque d'être juste, désolée ^^' si je vais trop vite, je change. Envoie-moi un mp ;-)]

Je vis Selvi mal à l'aise quand je lui posai la question. Avais-je commis une erreur? J'aurais dû la protéger lors de notre mission. Je n'avais pas su le faire, tout comme je n'avais pas su le faire pour Blue, qui souffrait aujourd'hui par ma faute. J'avais la rage. La haine. Mes yeux avaient dû virer au marron chocolat.
Il y a eu une détonation. J'étais la plus proche, tellement, que je tombai en avant. Chris me demanda en hurlant si j'allais bien ais je vis Selvi mal.

- Occupes-toi de Selvi! Je vais voir, rejoignez moi!

Oui je venais de donner un ordre à un master. Mais le temps pressé et il était plus proche d'elle que moi. Je courus sans même attendre sa réponse. Je n'entendis tout à coups plus grand chose. Puis un sifflement prés de mes oreilles. Une fléchette. Une revanche? J'acceptais le défis. Je m'approchai en courant de la source de l'explosion et découvrit avec effrois un peu moins d'une trentaine de de personnes, scientifiques et mercenaires mêlés.

- Eh Lo' tu ne m'avais pas dis qu'on devrait en plus ramener des meufs! Je pensais que c'était des monstres!

Un soldat très con ou une tonnerre remontée? Je ne sais pas. Il n'empêche qu'en une microseconde, il était au sol, mon pied sur le cou.

- Traite moi encore une fois de monstre et je te montre ce dont je suis capable!

Je voyais mes cheveux grésiller autour de moi, en proie à une certaine électricité. Et le combat commença. Deux des mercenaires m'attrapèrent et je sentis en moi la haine renaître de ses cendres, tel le phœnix. J'aurais voulu être capable d'avoir le courage de tenir tête à mon père comme je le faisais devant eux.
Je me téléportai derrière eux et les assommais sans soucis, quand Selvi et Chris me rejoignirent. Selvi... Elle avait l'air terrifiée. Un instant, je captais son regard, et j'y vis la peur mais aussi la détermination. Puis une balle m'effleura le bras et je fixais l'homme d'une quarantaine d'années m'ayant tiré dessus. Je préparais déjà une boule d'énergie quand je compris, les camions télé étaient là. Ils voulaient nous faire passer pour des monstres sans foi ni loi. Jamais je ne laisserais le monde penser cela de mon chez-moi. De mes amis. De moi... De Rin.. De ma famille. Je sentais le sang couler sous ma manche de chemise.
Je diminuai l'impact de mon attaque et visé mais il évita et se jeta sur moi. Je poussai un cri de surprise avant de voir la flèche dans sa main.

- AU SECOURS!

Mais Chris volait déjà à mon secours, me tendant la main après m'avoir débarrassé de cet imbécile de soldat.

- Ne t'embête pas des caméras, l'important c'est Terrae, si on les laisse entrer, c'est finis.

J'approuvais d'un signe. J'entendis une balle fuser et j'eus le temps seulement de disparaître pour apparaître un mètre plus loin. Chris fonçait déjà sur l'adversaire. Les quatre scientifiques, malins, tentaient de pénétrer de façon subtil pendant que le chaos régnaient. J'arrivai devant eux en une seconde. Ils furent surpris de me voir surgir.

- Déjà partis? C'est tellement dommage!

Malgré ma phrase enjoués, mon visage laissait apparaître ma haine. Les caméras filmaient tous. Une erreur et la réputation de mon logis était finis et les attaques seraient plus fréquentes. Je repensai alors à Rin. Il m'avait confié que tout était de la faute aux scientifiques. Ils l'avaient détruit de l'intérieur. Je serrais les poings.
J'avais la haine. Mais je n'étais pas comme eux et ne le serais jamais. Jamais je ne ferais dû mal au nom d'une valeur, jamais je ne tuerais au nom de la sciences ou d'un culte. Je tuerais par défenses. Et temps que je pourrais l'éviter, je le ferais. Le tonnerre grondait quand ma foudre me parcourut le corps. Les nuages de tout à l'heure se mirent à verser des trombes d'eau et je souris, j'avais toujours pris ce temps pour mon temps préféré. Mon jour de chance. La seule femme de l'équipe eu l'audace de me pointer avec un pistolet à fléchette.

- Rendez vous. Vous n'avez aucune chances.

- Se serez sous-estimer nos compétences madame.

Elle ne comprit pas, et le temps que je la désarme, la fléchette avait atterrie dans la jambe de son coéquipier.
Je la vis le regard noir, pointer son arme, à balle cette fois, sur Selvi. Pas une deuxième fois. Cette fois, je n'hésitai pas une seconde et mon éclair finit sa course dans le flingue, puis par conséquent et par répercutions, dans le corps de la femme, qui tomba, évanouie.

- Nous ne sommes pas comme vous. Nous ne tuons pas par plaisir ni même par devoir. Là est la vrai différence.

Lorsque je reviens vers le gros de la bataille, je constate que de nombreux mercenaires sont déjà au sol, sûrement l’œuvre de Chris. Certains commencent même déjà à fuir, les plus amochés sans doute. Ce qui m'inquiète, c'est que je ne vois pas Ludmila. Je parcours la scène, sentant la panique qui me reprend. Je retiens un soupire de soulagement lorsque je la vois près du trou dans le mur. Elle se trouve face aux quatre scientifiques qui ont certainement tenté de se faufiler dans l'institut dans la confusion. Elle ne s'est pas laissé avoir, elle est trop intelligente pour cela. Je souris et reste un instant interdite. Je ne pensais plus cela possible, sourire. C'est un bon début. Je m'apprête à la rejoindre pour l'aider, mais deux mercenaires m'ont choisie pour cible. Je les désarme rapidement et me mets en position de défense. Je n'ai aucune chance contre eux, je le sais. Ils m'ont certainement vue me battre avec leur collègue et ils ne me sous-estimeront pas. Je tente le bluff, on ne sait jamais.

- Écoutez, on est en train de vous massacrer, alors fichez le camp et on ne vous poursuivra pas, ok?

Je ne reconnais pas ma voix qui est trop sûre d'elle. J'ai l'impression d'avoir entendu une autre personne s'exprimer. C'est un sentiment assez étrange, mais je ne laisse pas paraître mon trouble sur mon visage. Cela réduirait mes efforts d'intimidation à néant. Les deux gardes éclatent de rire et s'approchent, ensemble. Je soupire et serre les poings. Je n'ai pas le choix, je vais devoir me battre. Je remarque qu'eux aussi ont des couteaux à leur ceinture, mais ils n'ont pas jugé nécessaire de les sortir. Ils savent, eux aussi, que je n'ai aucune chance. Je me mords les lèvres inférieures. Je dois rester concentrée, je dois analyser la situation et surtout, je dois faire un choix. J'ai dit, et je suis déterminée, que je ne voulais tuer personne, mais si c'est la seule solution pour me défendre, pour protéger Terrae ? Est-ce que j'hésiterai ? Ils avancent toujours, confiants. Je jette un coup d’œil vers Chris pour voir qu'il se bat contre plusieurs mercenaires. Il est effrayant et impressionnant à la fois. Je l'admire beaucoup. J'aimerais aussi voir ce que fait Ludmila, mais je lui tourne le dos et ce ne serait pas prudent de laisser mes deux adversaires en dehors de mon champ de vision. J'espère qu'elle se débrouille. Je rage intérieurement de ne rien pouvoir faire pour elle. Mais au moins, pour une fois, je ne suis pas en train de fuir. Je reporte mon attention sur les gardes qui me font face. Ils se sont arrêtés un instant. Je crois que mon désintérêt les a perturbés. Tant mieux, c'est une occasion à ne pas manquer. Je crée un disque d'air que j'envoie dans les jambes d'un de mes adversaires. Surpris et déséquilibré par l'impact, il tombe lourdement contre le sol. J'ouvre la bouche surprise par l'efficacité inespérée de ma démarche, mais me reprends quand l'autre s'élance vers moins en criant. J'essaie de l'éviter et de saisir son bras pour lui faire une clef, mais il anticipe mon mouvement et me projette contre le sol. Je ne peux retenir un cri aigu qui transperce la nuit. J'ai un instant le souffle coupé par le choc et il en profite pour venir s'asseoir sur moi dans une position que je n'apprécie pas. Il a le dessus, il le sait, et je ne peux rien faire. Je dois utiliser l'air. Il me sourit et sort gentiment son couteau. C'est comme si la scène d'avant était inversée, mais je vois dans son regard que lui ne lancera pas son couteau au loin. Son collègue s'est relevé et s'est approché de nous, mais il n'intervient pas. Il n'en a pas besoin, je suis à leur merci. Je fronce les sourcils lorsque le métal froid vient se poser contre ma peau. Il faut que je bouge ! Maintenant ! En me concentrant sur l'air qui nous entoure, je crée une bourrasque suffisamment importante pour le repousser plusieurs mètres plus loin. Il vient percuter son pote et ils chutent tout deux. Je porte ma main à mon cou, car j'ai senti des picotements. Ma peau est légèrement entaillée. Je saigne, c'était moins une... Je me pince les lèvres. Il faut que je sois bien plus réactive. Il faut que j'agisse à l'instinct, moins de réflexions, plus d'actes !

Je profite de ce léger répit pour jeter un coup d’œil à Ludmila et je vois avec horreur qu'elle se trouve au sol, un scientifique debout face à elle, menaçant. Je suis trop loin pour savoir ce qui se passe. Est-elle blessée ? Ou est-elle simplement tombée ? Sans attendre, j'envoie valser notre ennemi commun contre le mur avec une bourrasque. J'entends le bruit d'os brisés et je frissonne. J'espère... j'espère que... qu'il...

J'aurais aimé avoir plus de confiance en moi dans ma vie. Celle d'avant. Pouvoir me défendre comme je le faisais ce jour-là, avec conviction.
Il ne faut pas croire que parce que je faisais partie de la popularité, j'étais une fille sûre d'elle ou quoi que se soit. C'est faux.
Mais j'en avais finis avec tout ça. Aujourd'hui je me battais pour ce qui m'avait permis un jour, d'affronter ma douleur: Terrae. Rin se trouvait à l'intérieur, de même que les autres novices et sûrement d'autres initiés, étoiles voir même master. Je me devais de les protéger. Un scientifique se dressait contre moi et je vis au loin mon amie se faire agresser, couteau sous la gorge.

- SELVI!

Ni une ni deux, je courus vers elle mais l'homme m'attrapa et me colla contre un mur, ses mains froides sur mon cou. Non... Pas encore... Non. Non. NON! Je me téléportai et l'attrapa de la même manière que lui un instant plus tôt, mon autre main remplis d'étincelle électrique.
Je le regardai dans les yeux, pleine de haine envers cette pourriture. Je l'assommai d'un coup de crosse de flingue à fléchette et me tourna vers la jeune fille, toujours en galère. J'avais les yeux rivés sur elle, et je voyais le sang couler lentement sur son cou pâle.

- NON!

Je n'ai entendu que mon cri. Un coups de feu, c'est tellement banal au milieux du chaos. Un par ci, un par là, ça en deviendrait presque normal. Une sorte de musique d'ambiance. J'ai vu les yeux de Chris, en train de se battre contre deux hommes armés, s''ouvrir et ses lèvres crier mon nom.
Une vive douleur à la tête. Comme si tout se mettait à brûler. Je n'avais pas fait attention au dernier des scientifiques. Je sentais mes forces diminuées. On m'avait toucher à la tempe. Un frôlement plutôt profond je dirais. Je tombai. Les yeux mi-clos, je vis le scientifiques s'agenouiller prés de moi, un flingue à la main. Il allait me tuer et je ne pourrais rien y faire. Mes cheveux s'étaient teints de rouge pourpre. La douleur était si présente que je n'entendais plus rien.
Selvi... Désolée de ne pas avoir su te protéger la première fois. Et de te laisser me voir ainsi la deuxième.
Blue... J'aurais dû l'appeler. Lui expliquer. Lui dire de ne jamais ressentir le vide. De se mettre à l'abris. Aller la chercher. Ne plus la quitter.
Nariwen, Kyle... Jamais nous ne ferions de notre petits trio un groupe comme nous l'avions tant voulu.
Akira, Ipiu... Notre petit groupe de rebelles allait continuer sans moi alors?
Rin... Peut-être aurais-je dû aller te voir plus tôt. Te dire à quel point j'étais désolée de mettre disputé avec toi. Pardon...
Papa. C'est toi qui avait raison. J'avais faux, je suis une ratée. Une ordure qui na que ce qu'elle a mérité. Les coups n'étaient rien comparé à la culpabilité. Pardon de ne pas avoir était à la hauteur de la tâche. Je sais que tu m'as un jour aimé. Même si aujourd'hui, nous nous haïssons tous deux.

- Pardon...

Je n'avais plus beaucoup de force mais je vis une ombre verte derrière Selvi, et j'utilisai ce qu'il me restait pour l'électrocuter sans en avoir assez pour le tuer.
Je sombrai dans une semi-inconscience. J'étais couverte de sang. J'étais à demie morte. Moment. Rideau. Je peux avoir des vacances maintenant?

Je ne pouvais détacher mon regard de la scène : Ludmila, par terre, une flaque de sang se formant petit à petit près de sa tête. Qu'est-ce qui s'est passé ? Qu'est-ce que j'ai manqué ? Suis-je donc vraiment aussi inutile que ça ? Je n'ai pas fui cette fois, mais pourtant, cela n'a rien changé. Les scientifiques sont toujours là à se battre... enfin non, les mercenaires, car les quatre autres sont au sol. La Tonnerre tourne son regard vers moi et j'entends un cri de douleur derrière moi. Je me retourne par réflexe et aperçois l'un de mes précédents adversaires gisant à terre. L'autre s'approche de moi, mais il n'a pas le temps de réagir, surpris, car je lui décoche un coup de poing magistrale. Je sens son nez craquer sous l'impact. Je grimace, puis me mets à secouer frénétiquement la main. C'est que ça fait mal ! Je regarde les deux hommes inconscients, puis me retourne et court sans hésiter vers Ludmila. Il n'y a plus rien d'autre qui compte. Je dois agir. Il le faut, c'est impératif ! Je ne vais pas à nouveau rester les bras croisés à attendre que d'autres agissent. Je m'agenouille près d'elle.

- Ludmila, ça va aller, d'accord ? Je suis là, près de toi, et je ne t'abandonnerai pas.

Ma voix est étrangement calme. Je ne sais pas d'où me vient cette soudaine empathie que je croyais perdue. Je m'inquiète sincèrement pour elle. Sans plus attendre, je pose mes mains de chaque côté de sa tête et je me concentre. Je peux la sauver, je peux faire quelque chose pour elle. Je sens la fatigue s'emparer de moi. Je me suis déjà bien battue, j'ai déjà utilisé mon pouvoir et je ne suis pas sûre de réussir à la soigner. Alors que je sens mon énergie quitter progressivement mon corps, le décor autour de moi se met à tourner. Soudain, une main se pose sur mon épaule et l'autre vient pousser mes mains. Je regarde Chris avec surprise.

- Arrête, tu es déjà fatiguée. Nous sommes tout près de l'hôpital, alors ne dépasse pas tes limites comme ça.

Il me sourit, mais je lis l'inquiétude sur son visage. Sans attendre plus longtemps, il prend Ludmila dans ses bras et se dirige vers l'hôpital.

- J'envoie une nouvelle équipe pour garder le portail. Attends-les, puis va te reposer.

Je le regarde partir, toujours sous le choc. Ils disparaissent dans la nuit. Je me retourne et constate que la plupart de nos assaillants ont déjà fui. Voilà pourquoi il se permet de partir comme ça. Il a fini le travail. Le combat est terminé. Nous avons gagné... je n'en ai pourtant pas l'impression. Ce soir, il n'y a aucun vainqueur, juste des perdants... Il ne reste que deux personnes, deux scientifiques. L'un est toujours au sol, mais conscient, c'est celui que j'ai assommé violemment. L'autre se dirigeait vers lui lorsque je me suis retournée. Il s'est figé instantanément, attendant ma réaction. Je lis la peur dans son regard.

- Aide-le à se lever et partez d'ici, maintenant.

Ma voix est glaciale, mes poings se serrent. Je pourrais les réduire en miette si j'écoutais ma colère et mon désir de vengeance, mais ma raison est plus forte. L'homme parait surpris, mais ne demande pas son reste. Les deux scientifiques quittent les lieux aussi vite que possible. Tout est calme à présent. J'ai oublié la présence des journalistes qui sont, en fait, toujours présents et qui n'ont rien manqué de l'événement qui s'est produit ici. Non, je n'ai pas conscience de ça. La seule chose qui hante mon esprit, c'est Ludmila, sa blessure, et moi, ma souffrance. Je m'assieds sur le sol devant le trou béant du mur, un peu comme un dernier rempart devant Terrae, mais ce n'est qu'une illusion, du bluff. Je ramène mes genoux contre ma poitrine et me mets à pleurer à chaudes larmes. J'en ai vraiment marre de tout ça. J'ai failli mourir et maintenant c'est au tour de ma collègue d'être entre la vie et la mort. Pourquoi ? Pourquoi est-ce qu'on doit subir tout ça ? On a déjà tellement souffert. Nous sommes différents, c'est vrai, mais on ne mérite pas ça. Assise là, seule, je suis une proie facile. Je me suis déconnectée de la réalité, du reste du monde. Il n'y a plus que mes sanglots qui brisent le silence de la nuit.