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Feel alright ? (Tahia Makoto)
##   Lun 25 Aoû 2014 - 0:56
Maël Capet
Maël Capet
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Date d'inscription : 22/08/2014
Age : 33

Cinq ans. Le Japon n'est plus ma vie depuis cinq longues années. Ou courtes. C'est une question très intéressante qui, alors que mon regard se perd à travers la verrière de l'aéroport, ne trouve pas de réponse. Au final, le temps file, quoi que nous fassions, alors pourquoi se demander si nous l'avions vu passer ? Le fait est que mes pieds touchent de nouveau le sol japonais, après mon départ pour la France.
Ce terminal me semble encore tellement familier, comme si je l'avais quitté il y a quelques jours. Normal. J'étais parti de mon pays ici. Alors en y revenant, je reconnais les lieux. La différence ? J'étais parti avec mon frère. Aujourd'hui je suis seul. J'ai la peau tannée par le soleil et non opaline comme à mon habitude. Et aujourd'hui, contrairement au passé, j'ai fui comme un pauvre lâche. Ca faisait toute la différence, en y repensant. Ma lâcheté était, en quelque sorte, la raison de mon retour ici. Si je n'avais pas fui, j'aurais fini comme les autres, le nez au sol, la mort sur moi, comme un voile froid et impénétrable.

Le Mali m'avait donné, et m'avais repris, sans que je n'ai le temps de m'en rendre compte. Sans que je ne saisisse l'importance des choses infimes que j'avais effleuré des doigts. Aujourd'hui, à l'aéroport de Tokyo, c'était comme si j'avais seulement fait le tour du bâtiment. Comme si je n'avais pas pris l'avion. Le cœur aussi lourd qu'il y a cinq ans, mais pour des raisons différentes.
Les bruits de pas des voyageurs tournent autour de moi, jusqu'à ce que l'homme qui m'avait amené s'arrête à mes côtés. Je le fixe. Mouais. Je n'aime pas son regard. J'ai l'impression qu'il me juge en fait. J'ai horreur de ça. C'est simple, pour lui, il semble tellement fort. Il n'aurait pas fui, lui. Mais s'il était si fort... Pourquoi il n'est pas venu plus tôt ? Pour tous les protéger ? Je n'avais pas eu la carrure pour le faire, mais lui. Lui il aurait pu. Non, c'est clair. Je l'aime pas lui. Mais je vais devoir le supporter jusqu'à notre arrivée à... Où, déjà ? Là bas. Ouais, là bas. Dans cet institut où on m'aurait entendu.
Alors je sors de l'aéroport. Je marche à travers le parking bondé. La pollution est toujours aussi présente à Tokyo. Kyoto a-t-elle changé ? Quelque chose me dit que je ne pourrais pas répondre à cette question avant quelques temps. La ville n'est pas loin en train, mais encore faudrait-il que je puisse y aller... Un soupir m'échappe, alors que j'arrive près de la voiture qui nous attends. L'homme semble quand même un peu tendu. La paranoïa propre aux zones de guerre. Pourtant tout à l'air normal au Japon. Qu'est-ce qui se passe ?

Très vite, nous nous cachons dans la voiture. C'est l'impression que j'ai en tout cas. Le véhicule quitte rapidement le parking pour atteindre le périphérique. Il n'y a pas grand monde à cette heure, enfin, quand je dis pas grand monde, c'est à peine deux kilomètres de bouchons. Avec de la chance, on aura juste une demi-heure de retard sur l'heure d'arrivée prévue. Sans adresser la parole à mon accompagnateur, je regarde au dehors. La ville futuriste est toujours là, jamais très loin, sans qu'on puisse la voir vraiment. Je n'étais pas habitué à cette mélancolie. Je n'avais jamais eu envie de rentrer chez moi. Mais maintenant que j'y étais, je me sentais mieux. Peut-être les souvenirs de mon enfance. Peut-être le mal du pays.
Quand la voiture se gare devant une grande bâtisse, je ne sais toujours pas. Je sors, prends mon sac de l'équipe humanitaire. Je m'arrête devant la grande grille. Je passe après l'autorisation du gardien. L'homme m'explique rapidement, avant de partir. D'accord. ici, c'est Terrae, donc. Je n'ai pas envie d'y entrer. Je remonte l'allée, à l'ombre des arbres. Et je m'arrête sur un banc, juste avant d'entrer dans le bâtiment. Mon sac au sol, je préfère arrêter mon périple avant de continuer.

Tout ça, c'est déjà beaucoup, en fait. Entre le massacre au Mali, et maintenant ça... Je ne sais pas quoi penser. C'est pas vraiment nouveau, mais bon. Est-ce que j'ai fait la bonne décision ? L'absence de cette sensation dérangeante, cette impression qui me suit depuis quelques années, me donne une idée de réponse. De toute manière, je n'avais nulle part où aller. Alors ici ou ailleurs. Bof.
Un nouveau soupir m'échappe alors que je prends un paquet de bonbons. J'ouvre dans un froissement de papier l'emballage, et mange un ousron en gélatine. J'ai pas faim, mais j'ai envie de sucre. Devant moi, quelques jeunes gens passent. Ils semblent heureux, comme protégés. Bien différents des enfants du Mali. Mais similaires aussi. Ils sont méfiants. Quelque chose ne va pas ici, j'en ai bien l'impression.

Un deuxième ourson quitte l'emballage, alors que je tourne la tête. Il faudrait que je rentre là, mais je préfère retarder l'instant. J'espère presque que quelqu'un viendra parler un peu, pour me donner une raison. Un sourire désabusé flotte sur mes lèvres. Maël, rappelles-toi, tu n'aimes personne. Tu es pitoyable.


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Une heure de lecture est le souverain remède contre les dégoûts de la vie.
Maël, cataplexia's victim since 1990
 

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