Le cœur battant, je posais enfin les pieds sur le sol de Washington. Anastasya à mes côtés, le voyage était passé très vite. Qui plus est, j'avais somnolé pendant la quasi-totalité du voyage. Les longs voyages ne m'avaient jamais fait du bien mais il semblerait que la présence d'Anya m'ait aidé car je me sentais prêt à soulever des montagnes. Dans la voiture, en direction de la Maison Blanche, je sentis la main d'Anastasya serrer la mienne.Pas besoin d'être sensitif, ou télépathe pour sentir son angoisse. En même temps je la comprenais, nous venions ici pour protéger le Président. Des Etats-Unis. En Amérique.

Je m'interdisais de m'angoisser, mais Anastasya commençait à me contaminer. Aussi resserrais-je mon emprise sur sa main et m'appuyais-je doucement contre elle, d'épaule à épaule. J'avais l'impression d'être dans un rêve, comme lorsqu'on le sens à la limite de basculer dans le cauchemar. Lorsque la voiture s'arrêta, je tressaillis et en sortis en tenant la porte pour Anya. Devant la Maison Blanche, je restais un peu soufflé. Le bâtiment était bien plus grand en réalité que dans les films.

Je... Je n'imaginais pas ça aussi imposant en fait... souffla Anya à côté de moi.

Je hochais discrètement la tête. Quelque chose n'allait pas, ici. Toutes les alarmes sonnaient de concert dans mon cerveau. En même temps, nous avions reçu une demande d'aide de la part des gens de cet endroit, alors normal que quelque chose cloche. Je ne pouvais m'empêcher de me dire que là dedans, il y aurait des loups aux grandes oreilles, et aux yeux bien ouverts. User de nos pouvoirs pourrait être dangereux.

Finalement, le Master qui nous accompagnait passa devant nous et nous fit signe d'entrer. La mission commençait enfin réellement. Je plaçais une main dans le dos de la jeune femme à mes côtés. Un geste protecteur tout simplement. Une fois à l'intérieur, il me sembla avoir changé de monde. Tout était brillant, bien entretenu. Nous devions rejoindre le président, aussi le Master nous dirigea vers son bureau, un étage plus haut.

Les dents serrées, vigilant, je marchais à pas de loup aux côtés d'Anastasya et du Master, Keitaro si je me souviens bien de son nom. Un télépathe je crois bien. Je suivis le petit échange entre lui et ma petite amie jusqu'au regard en coin que lui lança le Master. Tendu, je dus serrer légèrement les poings pour me contenir. Je renvoyais un regard froid au Master, lui signifiant de faire attention à ce qu'il faisait, même en étant le chef de la petite bande que nous formions. Il hocha discrètement la tête, signe qu'il prenait en compte ma mise en garde respectueuse. Je desserrais les poings et me rendis compte que j'avais pressé la main d'Anya pendant un temps.

Alors que nous passions dans un couloir peu fréquenté, Anastasya s'attarda sur quelque chose de l'autre côté des vitres. Suivant son regard, j'aperçus une camionnette noire de bonne fabrication, sûrement blindée. Je croisais le regard d'un des types qui tournaient autours et compris qu'ils n'avaient rien à faire ici. Je me doutais qu'il s'agissait de types louches, mais comment avaient-ils pu s'introduire ici..? Quelque chose m'échappait et je serrais les dents de frustration de ne pas savoir quoi.

Je vis le Master se raidir et son sourire se fana puis disparut. Il y eut un silence presque palpable de tension, puis la voix du Master résonna dans ma tête :

"Nous allons au bureau du Président tout de suite. Il est déjà en danger."

Je vis Anya me lancer un regard, rejetant la peur dans un coin de son esprit. Je hochais la tête et elle se mit à courir. L'adrénaline envahit mes muscles et je bondis à leur suite, prêt à me battre. La course effrénée ne dura que quelques minutes et nous débouchâmes alors dans le bureau du président. Une pièce assez vaste pour se battre, eus-je le temps de constater. Puis mon regard tomba sur le Président lui-même.

Mes pas me portèrent jusqu'à l'homme, ficelé à sa chaise et bâillonné. Je lui arrachais son bâillon avant de lancer un regard autours de la pièce tandis que le pauvre homme se reprenait. Quelque chose clochait. Pas de garde, pas d'attaque. Rien. Un cliquetis discret m'apprit que les portes s'étaient verrouillées. Une voix retentit dans les hauts-parleur :

Finalement, vous n'êtes pas aussi futés qu'on le pensait, les montres de foire ! Ou alors on nous a vraiment envoyé les moins dégourdis...

Alors je compris. Un piège. Un saloperie de piège ! J'inspire profondément. Mauvaise idée, car ma vision se floute peu à peu, au rythme de mes respirations. Un gaz, une drogue. Ma première réaction est de me porter aux côtés d'Anya, mais au lieu de ça, je m'effondre à terre, les jambes coupées. Et je sombre dans l'inconscience.

Je me réveillais lentement.
Des odeurs... Désinfectant, plâtre, bandages... Du fer, en arrière plan... Je sens que je suis allongé.
J'ouvrais un œil. Une lumière blanche et crue m’accueillit. Le plafond était d'un blanc éclatant. J'ouvris les deux yeux et tournais la tête. Une poche remplie d'un liquide transparent semble reliée à mon bras par un tube de plastique. Il n'y avait pas un son. Encore groggy, je me redresse et arrache la perfusion. De drôles de bip viennent agacer mes oreilles. Une drôle de machine montre une ligne en mouvement. Elle est reliée à mon corps par de drôle d'autocollants.

Je secoue la tête pour avoir les idées plus claires et regarde autours de moi. L'angoisse de me trouver dans une pièce ressemblant à celle d'un hôpital se calme lorsque j'aperçois Keitaro à me droite, revenant à lui. Calmement, il observe les alentours et son regard se pose sur moi. Sa voix résonne dans ma tête.

"Il faut s'en aller. Débranche-toi et va ouvrir la grille d’aération. Je viens de capter les pensées d'Anastasya. On la rejoint"

Le contact se rompt et je hoche la tête en signe d'accord. Arrachant les étranges stickers, une sirène stridente à souhait se déclenche. Je file vers la grille d'aération et l'arrache en faisant fondre les vis. Je ressens dans chaque fibre de mon corps qu'il faut que je me dépêche. Alors que le dernier vis cédait, des bruits de pas retentirent et la porte s'ouvrit violemment pour laisser place à une douzaine de personnes en combi' noire armées. La voix de Keitaro retentit encore une fois :

"Merde, pas le temps ! Kyle on se bat ! Anastasya, rejoins-nous vite, tu es à 50 mètres en ligne droite."

D'un seul coup, l'adrénaline afflua dans mon sang. Mes poings s'enflammèrent tendis que la terre se craquela autours du Master. Le danger imminent me fit me sentir comme une bête acculée. Nos adversaires étaient armés de Tasers, couteau à cran d'arrêt ou de petits pistolets. Et ils approchaient. Le combat commença. Entre deux parades, je priais pour qu'Anastasya nous atteigne après le combat. Dos à dos avec le Master, nous étions acculés contre un mur, à quelques mètres de la grille d'aération.

Je sentais que même en nous défendant de toutes nos forces, nous n'en arriverions pas à bout à deux, tout Master que Keitaro était. Comme pour confirmer mes pensées, une lame entailla mon bras. Un claquement de langue agacé m'échappa et j'envoyais l'homme bouler d'un coup de pieds. D'autres le remplacèrent. Et ils arrivaient, toujours plus nombreux.

Recroquevillée dans le conduit d'aération, je fermais les yeux. J'essayais de réorganiser mes pensées décousues, pour trouver un plan, une issue. Pour le moment, c'était évident que je devais trouver les deux autres membres de mon équipe, mais ensuite ? Ensuite rien n'était moins sûr. Je passais à l'attaque, ou je tentais de fuir avec mes coéquipiers ? Restait aussi le problème du président... Ils l'avaient peut-être amené ici, il fallait qu'on le retrouve avant de partir...

Tout cela était trop confus pour mon corps fatigué, encore empli du somnifère. Pour le moment, je devais me ressaisir. Je pris plusieurs inspirations profondes, avant de bouger les bras lentement, pour faire circuler le sang et donc le somnifère. Je trouvais également un paquet de biscuits écrasés dans la poche arrière de mon pantalon. J'en mangeais quelques miettes en continuant mes mouvements, sentant lentement les forces me revenir. Alors que j'étais prête à repartir à l'attaque, j'entendis la voix de Keitaro, qui me fit sursauter. Il était en vie ! Et conscient ! Kyle aussi, j'en étais sûre, je l'avais entendu lui parler ! L'adrénaline additionnée à la disparition du somnifère me fit bouillir sur place, et je pris le chemin que m'indiquait Keitaro. Plus je m'approchais, plus les bruits de bataille étaient présents.

J'accélérai la cadence et arrivai en moins d'une minute à l'endroit prévu. Encore dans l'ombre, j'observai les deux hommes se battre face à une équipe armée. Je pris quelques instants pour pouvoir analyser tout ce que je voyais. Certaines combinaisons semblaient... Changer. Se modifier. C'était très maladroit, et surement un prototype mais... Il copiait les pouvoirs des Morphes. Cette idée me donnait froid dans le dos. Pour pouvoir trouver cela... Ils avaient fait des expériences sur des élèves. Ou sur des appelés qui n'ont jamais trouvé le chemin de Terrae. Quelle horreur... Combien ont péri pendant ces expériences ?... Je serrais les dents, déjà ivre de colère. Ils allaient le payer...

Je me concentrais pour devenir invisible, avant de sortir du conduit et de me percher sur le bord. Alors qu'un des attaquants s'approchait trop de Kyle, je sautais sur son dos, avant de joindre mes deux poings pour lui asséner un coup violent sur la tempe. Je quittais le dos de mon ennemi avant qu'il ne touche le sol, et fauchais les jambes d'un autre ennemi. Une fois l'homme face contre terre, je ne lui laissai pas le temps de se redresser et pris ses cheveux pour lui frapper la tête contre le sol. Bon. Deux de moins maintenant. En regardant rapidement autour de moi, je repérais nos affaires dans un coin de la pièce. Je me jetais sur mon fouet, calé entre le sac de Kyle et de Keitaro, avant de prendre ces derniers. Une fois cela fait, je revins vers les deux hommes, me faufilant grâce à ma petite taille et me plaçai à côté d’eux, et redevins visible, sentant déjà que je commençais à fatiguer. Il fallait que je garde des forces pour le Feu… Je lâchai les deux sacs à leurs pieds.

- Si vous avez des armes, prenez-les vite. Je vous couvre pendant que vous les trouvez.

Keitaro plongeait vers son sac pour en sortir deux nunchakus et une ceinture de couteaux, avant de reprendre la bataille. Je fis claquer mon fouet, qui vint gifler un attaquant, le déséquilibrant. Je pris un briquet dans ma poche, l’allumai et utilisai le feu préexistant pour enflammer mon bras gauche. Je passais ma main enflammée sur le manche du fouet qui se mit à brûler lui aussi, avant de passer à l’attaque. A coups de fouet, je réussis à faire tenir quelques combattants à distance, quand un des leurs s’approcha trop. Sans aucune hésitation. Je plaquais ma main brûlante sur son visage. Le hurlement et l’odeur qui s’en suivirent et s’intensifièrent quand il attrapa mon bras tout aussi brûlant avec ses deux mains me donnaient des haut-le-cœur, mais je ne bronchais pas. Pas de pitié pour les ennemis. Pas d’hésitation. Maintenant, c’est eux, ou nous.


HRP : Attention, Keitaro est Terre, pas Tonnerre ;)

[hrp : corrigé XD ]

La salle était à présent pleine à craquer de ces hommes en combinaison. Soudain, un homme surgit à me droite, prêt à me ceinturer pour m'empêcher d'utiliser mes bras. Pourtant, avant de m'avoir atteint, il eut un drôle de mouvement puis ses yeux se révulsèrent et il tomba à terre. Près de lui, un autre s'étala de tout son long et sa tête remonta pour frapper le sol violemment. Déstabilisé, je parais maladroitement un coup d'un type armé d'un couteau de boucher et le désarmais. M'emparant de l'arme, je me concentrais sur le combat.

Je tranchais la gorge d'un des ennemis lorsque nos sacs à Keitaro et moi tombèrent à nos pieds. Anya se matérialisa alors à mes côtés. Je fis un bond de côté de surprise et un autre des hommes s'empala sur mon arme. Je laissais l'arme là où elle était et me jetais sur mon sac dont je sortis deux gants en métal que j'enfilais vivement. Frappant mes poings l'un contre l'autre, je les enflammais. Le combat reprit dans un mélange d'odeur de chair brûlée, de terre en colère et de cris assourdissants. Les entailles fleurissaient à présent sur mes bras et mon torse nu, m'arrachant de temps en temps des grimaces de douleur et de rage.

Je remarquais alors Anya aux prises avec un homme de grande stature. Récupérant un couteau au sol, je le lançais sur ma cible. Grâce à mes anciens réflexes de tueur, la lame se ficha avec un bruit mat dans la tempe de l'homme, qui s'écroula comme une masse. Je hochais la tête vers la jeune femme lorsqu'une détonation me désorienta. La seconde que je pris pour retrouver mon ouïe et mon équilibre fut celle qu'attendaient les hommes en combinaison. Alors que je me retournais, j'entrevis un éclair d'argent et voulu me baisser. Trop tard, une douleur déchira mon œil gauche. Le hurlement de douleur qui m'échappa se termina dans un gémissement alors que je m'accroupissais, mes deux mains sur ma blessure.

Mon sang coula par terre et un flash-back me ramena des années en arrière. La foule qui court autours de moi, des cris de terreur, des hommes en uniforme qui m'attrapent et me battent. La douleur à l’œil. La même douleur que celle que je ressent maintenant. Un claquement me parvient comme de loin, quelque chose pèse sur mon dos. Et cette douleur... Nom d'un chien que j'ai mal... La colère, la peur, la tristesse, tout remonte alors comme une fusée et explose en moi.

Un hoquet m'échappe et mon œil valide passe du rouge sombre au rouge flamboyant. Je me redresse, les flammes sont tout autours de moi, mais ne me brûlent pas. Dans une vague d'onde violente, elles déferlent, mordantes, et brûlent tout sur leur passage. Des cris d'horreur, de douleur. Partout, cette odeur de chair calcinée. Je flamboie. Mon pouvoir a déferlé durement en moi. Mais peu à peu, je reprend conscience du monde autours de moi. Mes flammes vont vers Anya et Keitaro ! Tremblant, je reprend peu à peu, avec difficulté, le contrôle des flammes. Cet effort, combiné à la douleur, me coupe les jambes et je tombais à genoux.

Le choc dû à l'explosion du pouvoir et la douleur de mon oeil blessé me rattrapèrent trop vite pour moi. Mes jambes flanchèrent et je tombais à genoux au milieu des corps calcinés. Des corps que je venais de brûler. Des êtres humains vivants. Je n'avais jamais tué autant et même mon expérience n'empêcha pas le haut-le-cœur familier qui me prit.

La voix d'Anya monta jusqu'à mon cerveau et agit comme un électrochoc. Je parvins à me redresser légèrement et, de mon œil valide, je scrutais la salle. Le nombre de nos attaquants avait bien diminué mais c'était trop pour Anya et Keitaro, tout Master qu'il était. Quant à moi, ce n'était pas faute de vouloir, mais j'étais un peu séché pour le moment.

Encore groggy, je regardais Anya se placer devant moi, comme dans un rêve. Une part de moi se révolta de voir la jeune femme se tenir comme rempart face aux adversaires. Alors que j'allais lui dire de déguerpir, quelque chose changea dans l'attitude d'Anya. Elle se redressa et je pouvais voir qu'elle était furieuse. Elle rayonnait. Une flamme gigantesque jaillit alors de ses mains et assaillit les hommes en combinaison. Elle prit alors la forme vague d'un phénix et tournoya autours de nous. L'odeur de chair brûlée en devint presque insupportable mais le feu disparut soudain, ne laissant qu'une poignée de survivants.

Anya se laissa tomber à mes côtés et je me forçais à me placer devant elle, ayant eu le temps de récupérer un minimum. Une main sur mon œil blessé, je m'accroupis et passais un bras autours de la taille de la jeune femme. Keitaro surgit à nos côtés et un dôme de terre nous recouvrit. Keitaro semblait aussi mal en point que nous. Il était couvert de coupures qui saignaient souvent méchamment. Il reprit son souffle et prit la parole :

Je n'ai pas pu faire cela plus tôt, à cause du surplus d'ennemis. Quand j'aurais fini, je compte sur toi pour nous faire sortir Anastasya. D'accord ?

Sa voix rauque tremblait d'épuisement. Effectivement, Anya était la moins amochée de nous trois. Mais la laisser gérer ça toute seule ? Jamais. Prêt à tout, je me redressais un peu. Les sourcils froncés, je restais aussi attentif que possible, mais le sang que je perdais me faisait tourner la tête. C'est alors qu'Anya fit un mouvement et de mon côté aveugle. Résultat, je sursautais comme une bête traquée. Sa main douce se posa sur mon bras et sa voix sonna à mes oreilles :

Kyle, c'est moi, Anya. Tu es blessé à l'oeil. Tu me laisses te soigner ?

Trop sonné pour faire dans la dentelle, je me dégageais d'un geste brusque, mon œil valide flamboyant.

Non. N'y touche pas ! Grondais-je furieusement.

Pourquoi j'avais fait ça ? J'en n'avais aucune idée, mais je savais que mon ton froid allait la blesser. Pas le temps de s'y attarder, le dôme disparut et laissa place à un spectacle désolant. Les morts, charcutés ou brûlés vifs, se mêlaient avec les légumes qu'avait laissé le pouvoir du Master. Celui-ci se dressa lentement sur ses jambes. Je fis de même, vacillant sous l'effort et laissais Anya filer en premier. Prenant au passage deux lames et un coup-de-poing américain sur quelques cadavres, je les glissais dans ma ceinture et suivis Anya dans les couloirs. Par où aller maintenant ? Le temps nous était compté.

Après le chaos qui avait régné dans le laboratoire, ce calme soudain me semblait assourdissant. Mes oreilles sifflaient, et j'avais l'impression que ma respiration était bien trop forte, tout comme les battements de mon coeur d'ailleurs. La pièce était parsemée de corps, sans vie ou presque, et il y régnait une odeur affreuse de chair brûlée, ainsi que le gout métallique du sang. J'avais des haut-le-cœur que j'essayais de refouler, et préférais me concentrer sur Kyle et sa blessure. Mais malheureusement, au moment où je m'approchais de lui, il se rebiffa et m'interdit de toucher à son œil.

Je me reculais, blessée sans le montrer, mais préférais ne rien ajouter. Il devait être encore trop sonné pour me laisser l'approcher... Je baissais les yeux, refluant mes larmes, et me levais. Je ramassais mon fouet et partis vers la sortie, en enjambant les corps. J'avais du tuer des gens... J'étais mortifiée, ne pouvant penser qu'à une seule chose : la mort de toutes ces personnes. Elles étaient ennemies, mais je ne voulais pas ça... Je ne voulais rien de tout ça. J'essuyais rageusement mes yeux et sortis dans un long couloir, suivie des deux hommes. Je me sentais tellement coupable, que j'entendis au dernier moment le coup derrière moi. Je sursautai et me retournai rapidement, prête à me défendre... Mais vis Keitaro écroulé contre le mur. Les expériences qu'on avait commencé à mené sur lui, ajouté à ses pouvoirs qu'il avait déployé, l'avait exténué. Je me précipitais vers lui et passai son bras autour de mes épaules pour le soutenir.

- Allez Keitaro, on y est presque !

Je repris de plus belle, longeant les murs, avançant avec incertitude. Au bout de dix minutes de recherche, j'entendis des cris, suivis de bruits de pas. Je m'arrêtai, déjà terrifiée, quand je vis une escouade de soldats arriver, armés et masqués. Nous étions fichus... Mais au dernier moment, je repérai quelque chose, et me détendis instantanément. FBI. Ils étaient la pour nous aider... Un des soldats prit en charge Keitaro, alors que d'autres se déployaient autour de nous pour nous protéger et nous amener dehors. Nous étions bientôt libres...

[HRP : Désolée pour mes réponses qui sont super courtes ! ><]

Je ne pus m'empêcher d'observer Anastasya alors que nous nous sortions de la pièce pleine de cadavres. Elle était concentrée dans son devoir de guide et protectrice, mais j'avais bien vu ses yeux s'embuer lorsque j'avais refusé qu'elle me touche. Une pointe de remords me piqua le cœur comme une aiguille. Je m'étais pourtant promis de ne pas la faire pleurer, alors quoi ? Je secouais la tête et refoulais toutes les pensées superflues dans un coin de ma tête.

Un cognement sourd retentit devant moi et je faillis trébucher sur Keitaro, qui s'était affalé contre le mur, visiblement à bout de force. J'avais moi-même les jambes qui tremblaient, mais je me refusais à craquer, pas tant qu'on serait en sécurité. Le sang s'échappant de mon œil s'était un peu tarit, mais je ne m'inquiétais pas de la douleur. Elle m'était assez familière. Anastasya prit Keitaro et entreprit de le soutenir du mieux qu'elle pouvait. Je m'approchais à mon tour pour les aider lorsque des cris me parvinrent. Anya et moi nous figeâmes, terrifiés à l'idée de devoir affronter d'autres ennemis.

Les soldats déboulèrent, armés et masqués. L'adrénaline me redonna quelques forces et je me plaçais devant mes compagnons, menaçant. Puis, quelque chose brilla sur la combinaison d'un des hommes. Une plaquette en argent, avec le sigle du FBI. Je me détendis imperceptiblement et les laissais nous entourer. Keitaro reçut un support convenable, mais je refusais à nouveau que quelqu'un m'aide. M'approchant d'Anya, je lui pris la main puis nous suivîmes la brigade à l'extérieur du bâtiment.

Le soleil m'aveugla un instant. Il devait être le début de la matinée, nous avions donc passé la nuit dans le bâtiment qui se trouvait derrière nous. Lorsqu'on s'arrêta dehors, sans lâcher la main d'Anya, je m'affalais au sol, épuisé. Alors seulement, je laissais les hommes s'occuper de ma blessure. Le nettoyage de la plaie m'arracha quelques gémissements de douleur contenus. Une fois un bandage posé, je consentis à lâcher Anya pour m'allonger un instant contre le sol frais.

Une fois mes blessures guéries, je reçus un baiser d'Anya, comme une sorte de récompense. Eh, pour le coup, limite je referais cette putain d'embrouille juste pour un baiser. Comme quoi, l'amour, en plus d'être aveugle, il est fou. Ou alors c'est moi qui le suis ! Je la regardais se lever et aller jusqu'à l'ambulance où Keitaro se faisait soigner. L'équipe médicale lui sauta presque dessus pour la soigner et elle se laissa faire sans broncher. Le Master à côté d'elle lui sourit et ils entamèrent une discussion.

Je vis les épaules de la jeune femme se détendre, comme si un poids lui était enlevé, mais peu à peu, son visage s'assombrit. Me levant, je vint m'asseoir à côté d'elle et passais un bras protecteur autours de ses épaules. Je voyais que la culpabilité d'avoir tué lui serrait le cœur. Pas très habile avec les mots, je tentais quand même quelque chose :

Ces hommes, à l'intérieur, tu dois te dire qu'ils ne feront plus jamais de mal. Anastasya, imagine ce qu'ils auraient fait si nous les avions laissés en vie ! Ils s'en seraient peut-être prit à tes parents, ou à des gens innocents, peut-être des enfants.

Je la ramenais contre moi et déposais un baiser sur le sommet de sa tête.

Je ne dis pas que tuer est bien, juste que ces gens ne devaient pas continuer de vivre. Et il aurait été impossible de les convaincre de se ranger. Jamais. On avait pas le choix.

Ne sachant plus quoi dire, je me contentais de passer mes bras autours d'elle et de la bercer doucement. Nous étions vivants, elle, le Master, et moi aussi. C'est ce qui comptait le plus à mes yeux et j'étais soulagé qu'on s'en soit sorti malgré nos blessures.