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♪ Un pas en avant, deux pas sous terre... ♫
##   Sam 22 Mar 2014 - 0:01
Athéna

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Athéna
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Je me balançais sur mon lit.
Deux jours déjà. Deux jours que j'étais sortie de l'hôpital, que j'avais affronté mes peurs. Mes pouvoirs. Mes sentiments. Et étonnamment, je ne me sentais pas mieux. Pas mieux du tout. Quelque chose avait changé, certes. J'avais réussi pour la première fois, à combiner la puissance de mes pouvoirs et celle de mes sentiments. A les maîtriser, du moins en parti. J'avais réussi à les faire sortir, les observer pour les comprendre. J'avais compris. Mais j'avais l'impression d'avoir échoué. En parti.
Je sentais la forteresse trembler en moi. Elle bougeait de manière dangereuse dès que je rencontrais quelqu'un, comme si ses douves sortaient de leur lit. Je me réveillais parfois en pleine nuit avec une envie de frapper. Je ne connaissais pas ces envies, ça me faisait mal de les réprimer. Je me sentais moins sûre de moi, moins stable, et cacher tout ça devenait presque insupportable. Je finissais toujours par secouer le tête et me dire que ça allait passer. Que ce n'était que des troubles des émotions, mais ça allait passer. Forcément, j'allais m'habituer ou ça allait partir. Au pire j'irais voir... Un sensitif ?
Je me balançais à nouveau, ramenant mes genoux près de mon corps. Je m'en voulais attrocement pour Mitsuki aussi. Elle avait été si... Si gentille et aimable avec moi et qu'est ce que j'avais fait pour le lui rendre , Je m'étais comportée en vrai bourrin asocial, sans rien lui dire de moi, ou presque. Comment pouvait elle encore me faire confiance ? Me faisait-elle au moins encore confiance ? Ce cœur si pur, comparé au mien, me donnait la nausé. Je revoyais son visage, leurs visages à tous, me regarder avec de grands yeux. « Ho, Isis est intelligente, elle est sage et de bon conseil ! »
Je serrais le poing et me recroquevillais plus.
Moi, intelligente, sage ? Ce n'est pas de moi que vous parlez, vous ne me connaissez pas. Je ne suis pas stable. Je suis dangereuse et violente, pour moi et pour les autres. Je suis gentille ? Ce n'est pas dur d'avoir une façade. Oui, je vous aime bien tous. Mais qui de vous connaît mon vrai moi ? Mitsuki ? Astel ? Et maintenant, vous voulez encore de moi ?
La fenêtre se met à trembler, le vent tentant désespérément de s'engouffrer par les interstices. Je lève la tête. Depuis quand pleut-il ? Je me lève et vais me reposer sur le rebord de la chaise. Tout est si... Gris. Mon humeur est grise, le temps l'est aussi, même le parc me paraît sombre. Plus que sombre, même. Les feuilles tout juste éclosent volent, arrachées par les courants violent de l'air. Les orages... Normalement il n'y en a qu'en été. Les gouttes tapent contre la vitre et le vent forcit encore. Nous sommes en plein milieu de l'après midi, pourtant on se croirait en fin de soirée.
Le ciel est noir. J'ai l'impression qu'il reflète mes humeurs. Mais c'est impossible, je le sais. J'aurais voulu être air. J'aurais voulu pouvoir voler. Pouvoir m'élever haut, même en plein orage, sentir contre moi les caresses du vent aussi bien que ses claques, l'eau contre mes joues, la liberté... Mais je suis attachée. Attachée au sol par le plus affreux des sorts.
Je vois les dernières personnes rentrer sous la pluie battante, tantôt rigolant, tantôt râlant. Tellement prévisible : L'humain sait voir le ciel qui se couvre, et il ne pense pas une seconde à s'abriter. Il pense que l'eau tombera ailleurs, sur la tête d'un autre. Idiots.
Je pense à retourner sur mon lit, mais le reste de la chambre est si sombre que j'ai peur d'y remuer d'encore plus terribles noirceurs. Alors je regarde. Je regarde cette fille se laver les mains en regardant son ami en rigolant. J'éprouve un léger frisson devant l'eau qui s'écoule de ce robinet. Mon vieux cauchemars. Un robinet. Je rigole. Toute seule. Ridicule pas vrai ?
Les deux amoureux s'échappent en se protégeant inutilement de la pluie qui leur tombe dessus. Le garçon râle. Il se demande sûrement pourquoi la fille s'est lavée les mains par ce temps... Je le comprends, les filles sont parfois futiles. Mais elle voulait sûrement le retenir, parce qu'elle aime la pluie. Ça aussi je comprends, les garçons sont trop matérialistes.
Je les regarde entrer dans le bâtiment, main dans la main. Et... Je pense à Astel. Lui qui m'avait paru si jeune au début. Maintenant si grand. Une épaule sur laquelle se reposer. Je jetais un regard distrait sur le parcours des amoureux. Une marche si légère, des âmes heureu- le robinet.
Je me lève brusquement. Elle a pas fermé le robinet. L'eau s'écoule de l'embouchure, parfois portée par les violents coups de vent. Elle s'écoule sans s'arrêter. Comme dans mon rêve. Je me fige. Je ne peux pas porter à un rêve l'intérêt d'une réalité. Je l'ai dit moi même, il ne faut pas sortir par ce temps , ça pourrait être dangereux, le vent a encore augmenté...
Mais mon regard reste fixé sur ce robinet. Pourquoi il ne s'arrête pas ?! Pourquoi il n'y a plus personne dehors pour l'arrêter ? Hein ?! On vous demande pas grand chose bon sang ! Je bug un autre instant. Puis je fonce vers la sortie de ma chambre. Les ténèbres du couloir m'envahissent comme de mauvais suiveurs et je cours. Sans même m'en rendre compte, je saute les escaliers et glisse sur une rambarde. Et dans mes yeux, l'eau continue de couler indéfiniment. Je sens mon pas faillir devant la sortie. J'ouvre la porte à la volée, entendant derrière moi des cris. Une femme, qui me somme sûrement de revenir. La bourrasque de vent que je reçois manque de m'envoyer valser au sol. Je me serais cru plus forte. A croire qu'un master déchaînerait ses foudres sur cet endroit...
J'ai traversé le parce en courant. Pourquoi ce robinet était-il si proche et si loin à la fois ? Je pouvais voir cet affreux liquide parcourir le sol, et par la même occasion, pétrifier mes veines. Il fallait que je l'arrête, c'était... Impératif. Comme pour échapper à ce vieux cauchemars. Y remédier enfin. Je sentais le vent lutter contre moi, envoyer ses bourrasques dans les arbres, les secouant fortement, déchaînant sa fureur. Tu ne me stoppera pas, jamais. J'arrêterai ce putain de robinet.
Je ne voulais pas sentir les mouvements affolés de la terre autour de moi. Je n'en avais rien à faire. Pas le moment d'écouter un élément que je hais. Je passais mon chemin à chaque secousse que je foulais. Même la terre veut me détourner de mon objectif ?! Ingrate, je n'abandonnerai pas !
Une ombre a fusé dans mon champ de vision. Juste au dessus de moi. J'ai levé les yeux. Tout en continuant à courir. Je n'ai rien vu. J'ai sentis. Une masse. Une masse sans nom s'écrasa de tout son poids sur moi. Sur le bas de mon dos.
On dit que les titan ont une force incommensurable.
Les larmes me vinrent aux yeux, alors même que je m'écrasais au sol. Il y eu une seconde. Je rigolais nerveusement. Il y eu une deuxième seconde. Le vent se calma et vint me caresser la joue, jouer avec mes cheveux. Silence. Il y eu une troisième seconde. Je serrais les dents.
On dit qu'ils peuvent soulever des montagnes à l'aide de leur seule force.
Ma vue s'embruma. Je saisi une touffe d'herbe, comme si j'avais voulu déraciner tous les arbres de la terre avec. Et la douleur vint. Affreusement lente. Affreuse. Les larmes coulèrent. Je levais les yeux. Vers ce jais d'eau qui n'en finissait pas. A deux mètres de moi. Je n'ai pas tendu la main. Je ne sentais presque plus mes bras, le haut de mon corps était paralysé. Mes pouvoirs restaient cachés au fond de moi, terrés, murés, encadrés par ma peur.
On dit que les titan ont une force incommensurable.
Les arbres, eux, s'en foutent complètement.
Je tombais dans les pommes, le bas du dos écrasé par le tronc.


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##   Sam 22 Mar 2014 - 12:15
Gaetano Bianchi

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J'aime la pluie. Contrairement à d'autres qui la maudissent, je l'adore. J'aime entendre, le bruit des gouttes qui s'écrasent avec fracas sur les vitres, le souffle du vent qui les accompagnent. Je ne sais pas si c'est à cause de mes pouvoirs ou pas et honnêtement je m'en moque.
Ce qui n'était qu'une petite pluie au départ est devenu un énorme orage. D'énormes bourrasques font voltiger les feuilles et les branches des arbres, allant presque jusqu'à les déraciner, la pluie diluvienne détrempe le sol, qui ressemble de plus en plus a un immense marécage et d'énormes flaques d'eau se créées sur le pavage. Ce n'est pas moi qui ait créé cette tempête. Pas cette fois. Je repense à celle que j'avais provoqué il y a peu de temps, où j'aurais pu causer des dommages irréparables à l'institut. Je ne veut plus jamais que cela arrive. J'ai tellement peur de commettre une erreur...
C'est pour ça que je suis dehors par ce temps. Je sais que c'est de la folie, que c'est extrêmement dangereux mais je m'en moque éperdument. Ce n'est pas comme si quelque chose pouvait m'arriver n'est-ce pas ?
La pluie est mon amie. Elle me murmure à l'oreille, me caresse et m'enveloppe. Je joue avec elle, rit d'elle comme elle se rit de moi.

Je me trouvais dans une clairière, perdue au milieu de la forêt. J'étais trempé jusqu'aux os, les gouttes me fouettaient le visage et chaque nouvelle bourrasque manquait de me déséquilibrer. Je m'en moquais.
Plongé au milieu de cette tourmente, je dansais avec la pluie, redirigeais les gouttes jusqu'à créer des flux d'eau que je tâchais de maîtriser, de faire miens. Mon but était de renforcer ma patience ainsi que mon contrôle sans me laisser perturber par ce qui m'entourait. Je savais que personne ne sortirais par ce temps et n'avais donc pas à me soucier de brider ma puissance. J'avais fermé les yeux et je sentais à présent toute la force destructrice qui m'entourait.

Puis il y eut un craquement et un cris suivit de pleurs. Je rouvrais les yeux et regardait autour de moi : rien. Pourtant j'étais certain de ce que j'avais entendu. Je sentais que quelque chose n'allait pas. Par où ? Ou se trouvait la personne ? Je transformais la structure de mon oreille pour tenter de déterminer la source du bruit mais la pluie m'empêchait de l'entendre. Je poussais un juron. Je n'avais pas vraiment le choix.
J'activais alors ma greffe et laissais le tatouage s'étendre jusqu'à mon visage puis je l'utiliser pour regarder à travers les arbres, observant tout autour de moi, toujours un peu plus loin. Mon regard s'arrêta finalement et j'écarquillais les yeux de stupeur. Un arbre venait d'être déraciné et était tombé sur une jeune fille, lui écrasant le dos. Je me mis alors à courir dans sa direction, utilisant ma greffe pour me diriger. Lorsque j'arrivais la jeune fille s'était évanoui.
Je désactivais ma greffe puis créais alors une bulle d'eau et la faisait grandir jusqu'à ce qu'elle nous enveloppe entièrement, nous protégeant du déchaînement du ciel, puis faisant appelle à mon énergie déjà bien entamée, je créai une colonne d'eau sous le tronc et la faisait grandir lentement jusqu'à ce qu'elle soulève le tronc, dégageant la jeune fille. Sans plus me préoccuper du reste je passais précautionneusement un bras derrière son dos et l'autre sous ses jambes. Une fois sûr de la tenir fermement, je me fis pousser deux ailes dans le dos et prenais mon envol tout en maintenant la bulle de protection. Je devais me hâter car je sentais mon énergie diminuer drastiquement et sentais que je ne pourrais plus tenir encore bien longtemps. Mon entraînement, l'utilisation de ma greffe et ce que j'avais fait pour la dégager, m'avais épuisé.

J'arrivais finalement à l'hôpital et entrais en trombe dans le hall.

- Vite venez m'aider, elle est gravement blessée ! hurlais-je.

Des infirmières arrivèrent rapidement et l'installèrent sur une brancard, puis tandis qu'ils l'emmenaient, l'une d'elle me demanda ce qu'il s'était passé.

- Elle devait se trouver dehors et un arbre lui est tombé dessus. Sur le dos !

Elle hocha la tête puis parti rejoindre ses collègues. Une boule d'angoisse se forma dans mon ventre. Je ne connaissais pas cette jeune fille, cependant, je n'avais pu m'empêcher de remarquais la couleur de ses cheveux, si semblable à ceux de Mitsuki.
Mais qu'est-ce qui lui avait pris de sortir par un temps pareil !


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Spoiler:
##   Sam 22 Mar 2014 - 23:35
Athéna

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Je me noyais. Une quantité d'eau affreuse s'écoulait dans mon esprit, incapable de réfléchir. J'étais emportée. Emportée dans un courant sans sens. Où est le haut ? Mais dites moi où est la lumière ! Je me débat. Je panique. Je m'étouffe. Aidez moi ! Au secou... L'eau rempli mes poumons. Je ne peux plus pleurer, plus rien faire. Le ras de marré en moi transperce tout. Il me à terre toutes mes défenses, il abat toutes mes protections. J'ai chaud. J'ai mal. J'ai froid. J'ai peur. Aidez moi... Pitié, je veux partir... Je suis secouée de toutes parts. Comment le robinet a t-il pu se transformer en ça ? Je veux me réveiller...
Une lumière aveuglante perce les ténèbres. Où est elle ? En bas ? En haut ? Où est le haut ? Je suis désorientée, aidez moi à m'y retrouver, je vais mourir... Je sens mes muscles se contracter. La lumière disparaît alors que les sensations du réel rejoignent celles des rêves. Je me sens pleine d'eau mais dans un endroit sec. J'ai chaud mais toujours plus froid. La lumière clignote au rythme de mes yeux qui s'ouvrent et se referment. Ils n'ont pas la force de rester ouverts. Je n'y vois rien, tout est flou. Mais il faut que je me réveille, ça devient insupportable. Je vais mourir... J'ai trop peur, aider moi...
J'AI PEUR !


Mes yeux s'ouvrent avec plus de force. La terreur m'incite à vouloir résister à ce sommeil. Quand me suis-je endormie ? Je ne me souviens pas. Donc je ne dors pas. C'est un sommeil artificiel, il faut que je laisse les yeux ouverts. Je tente de me concentrer sur ma vision. La lumière devient plus vive, plus claire, plus blanche. Plus déchirante.
Je sens mon corps. Je sens sa chaleur. Je tremble de douleur, je transpire, je souffle. J'ai trop chaud. Trop chaud, mais je respire. Vite, même. Je vis. Je suis vivante. Il n'y a plus d'eau. Pourtant elle est si présente encore, je la sens dans chacun de mes maigres mouvements, de la pointe de mes doigts au haut de mon crâne.
Ma vision s'éclaire. Je vois ce plafond. Si carré. Si caractéristique. Si blanc. Ma mémoire ma revient lentement. Le robinet. L'arbre. Mon dos... Je respire, je vis, qu'importe le reste. J'inspire et expire lentement. Ce plafond. Cet hôpital. Il me semble qu'une fois de plus, l'histoire se répète. J'en suis au troisième tour du carrousel, apparemment. Je tente de parler. Appeler quelqu'un. Je ne veux pas être seul, je risque de me rendormir. Mais aucun mot ne franchi mes lèvres. Pas même un grognement. Je suis seule dans cette pièce où tout commence à me faire peur. Je suis seule avec cette peur. Je ne vois que ce plafond... Si seulement je pouvais voir la porte... Ou mon voisin de chambre... Ça changerait tout...
Je tente de bouger une jambe. Aucune réaction. Seul mon bassin est pris d'un frisson. Ok, les jambes c'est mort. Ma tête tourne, mais il faut que je bouge. Il faut que je vois, que j'entende, que je ne sois pas seule, pitié... Des -bip- répétitifs atteignent mes oreilles. Une infirmière arrive en courant dans la pièce. Ça aurait pu être quelqu'un d'autre, mais elle se pencha au dessus de moi, confirmant mon idée. Elle avait un beau visage. Un sourire pâle. Pourquoi ce sourire ? Je ne suis pas mourante, juste... Dans un lit d'hôpital, pas vrai ?

_ Vous voulez la position assise ?

J'ai tenté d'hocher la tête. Elle a compris et le haut du lit s'est relevé. Alors j'ai vu.
Pas de voisin de chambre. Il y avait des fils. Beaucoup. Beaucoup trop. Branchés à mon bras, mon ventre aussi. Il y avait des poches de liquide, des machines plus grosses que moi, qui émettaient tous types de signaux. Pourquoi autant ? La peur revint. Pourquoi autant ? Qu'est ce qu'il s'est passé , qu'est ce que...
L'infirmière prit soin de moi. Elle tenta de me donner à boire en parlant d'une voix rassurante. Mais quelque chose n'allait pas. Elle ne me regardait jamais dans les yeux. Il y avait cette tristesse infinie. Ces larmes que je sentais en elle. Me regarder constituait une douleur pour elle. Pourquoi ? Je cherchais un reflet. Mon visage, était-il intact ? Qu'est ce qu'il se passe, répondez moi !
Mais ma bouche restait muette, et la femme continuait de pleurer en elle. Je ne pouvais pas bouger. J'avais de plus en plus peur. Qu'est ce que j'ai fait ? Les questions se multipliaient et je ne trouvais de réponse nulle part. Elles se bousculaient pour sortir mais mes lèvres restaient collées, et le moindre mouvement m'enlevait encore un peu de force.
Mais la panique était si présente... Il fallait que je bouge, que je me prouve seule que c'était possible, et alors je verrais à quel point c'était stupide d'avoir si peur. Je grogne. Je me force . Je fais des efforts. Ma tête acquiesce lentement. Enfin ! Je bouge ! Et je bouge donc je vis, tout va bien ! Je sens frémir mes doigts. C'est bien ! Monte alors en moi ce sentiment engourdi, qui commence à peine à s'éveiller. Mes membres se décontractent, le sang circule à nouveau en moi. Mon dieu, que ça fait du bien. Ça fait un peu mal aussi, mais ça me prouve que je suis vivante.
L'infirmière s'affole légèrement. Elle me dit de rester immobile pour le moment, me demande si j'ai mal, ne prends pas le temps d'écouter mes réponses. Que je ne peux pas lui donner, de toutes manières. Je tend une main fragile pour la poser sur la sienne. Elle lève son regard apeuré. Je lui rend un semblant de sourire. Vous voyez ? Tout va bien, pas besoin de s'affoler.
Je tente de me recaler dans mon fauteuil, mais... Mes jambes restent inertes. Pas étonnant, elles sont trop grosses pour le tenter en un seul mouvement... La jeune femme pousse le drap tranquillement et m'aide à me redresser. Elle me saisit par le bassin. Puis elle recale mes jambes. Quoi de plus normal pour un malade ? Je ne suis pas encore remise sur pied, je l'admet... Mais... Oui, il y a toujours ce mais. Je ne ressens rien. Quand mes jambes se plient, il n'y a pas de douleur, rien. Pas de frisson. Je me hâte de mettre ça sur le compte de la morphine. Pas besoin de se tracasser, ce n'est rien.
Un homme rentre. Un médecin. Ces blouses sont si caractéristiques... Je les connais si bien.

_ Tu te sens mieux Isis ?

Tiens, il n'a pas regardé mon nom sur sa feuille, il a donc retenu mon prénom. Étrange, je ne suis que de passage... Il discute tranquillement avec l'infirmière. Elle lui donne les détails de ma santé, que j'ai du mal à entendre. Par contre... C'est ce que je vois qui... L'homme fait un signe de tête vers moi. Auquel l'infirmière répond par une tête baissée, ce même air triste. Elle me jette un dernier regard et quitte la pièce en silence. Je vois l'homme prendre une inspiration. Puis il s'assoit.
Mon cerveau envoie des signaux lumineux tout rouges. Pas seulement parce que j'ai la tête qui tourne. Non, parce qu'il marche. Parce qu'il est en train de me montrer des indices que je ne veux pas voir. Pourquoi ce silence entre eux ? Ont-ils quelque chose à me cacher ? Pourquoi... Pourquoi il s'assoit ? Les médecins ont beaucoup de patients, il n'a pas de temps à perdre pour moi. Ne peut-il pas simplement me dire ce que j'ai et partir, je n'aime pas son regard. Sa présence me... Dérange. Pourquoi est-il là ? Que l'infirmière revienne, je ne lui en veut pas d'être triste, c'est pas grave, je vous assure !
Il passe une main dans ses cheveux. Non, pourquoi est-il si épuisé ? Il doit être en forme, c'est un médecin ! Il doit me faire un joli sourire et même de l'ironie si il veut, je m'en fout ! Peut importe comment on le regarde, c'est une blague. Ils veulent m'affoler ? Il s'est passé quelque chose dans l'hôpital ? Haaa, mais pourquoi ne parle t-il pas ? Pourquoi le silence est si long ? Pourquoi ?!

_ Isis...

Ne prononce pas mon nom comme ça. Je n'ai rien de grave, alors ne me donne pas de raisons de m'inquiéter ! Je vais bien. BIEN.

_ Je ne sais pas si tu t'en souviens, mais tu as eu... un accident. Une personne sur place était là mais...

Oui, je me souviens ! Plus ou moins... Et qu'il arrête avec ses mais ! Je vais bien, je bouge, je respire et je peux même sourire ! Pourquoi parle t-il si lentement ? Je ne suis pas malentendante ! Ha, mais qu'il en finisse ! Silence, je te maudis !

_ Nous avons fait tout notre possible, mais l'arbre est tombé... En pleins sur les lombaires et...

Non, non, non, non, NON ! NON C'EST FAUX ! Je voulais arrêter un robinet, il n'y avait pas d'arbre, jamais ! Chut, qu'il se taise ! Non, tout est faux, ce n'est qu'une mascarade ! Je n'ai rien, pas vrai ?! Hein, c'est faux tout ça ! Mais... Stop ! Arrêtez ce silence ! Comment peut-il être si long ? Si vide et si plein de sens en même temps ? Comment ? POURQUOI ?
Mes yeux se troublent alors que je tente désespérément de bouger le bas de mon corps. Vous allez voir, elles vont bouger ! Je vous le dis, elles vont bouger !

_ Tes jambes sont...
_ Inutilisables.

Ma voix n'est que le spectre d'elle même. Rocailleuse, âpre. Les larmes coulent en abondance. Je mord la lèvre au sang. Je l'ai dit. Mais non, c'est faux, je n'y crois pas ! Ce ne sont que des mots, rien de plus ! Il lève la tête. Ce regard. Non, ne le dit pas. Non, tais toi, je n'ai rien dit, il ne s'est rien passé ! NON, je ne sais pas ce que signifie une rupture des lombaires, NON, je n'ai jamais percuté d'arbre, NON, il n'y a jamais eu d'infirmière, non... Non... Non, pitié, ne le dis pas...

_ Je suis désolé.


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Gaetano Bianchi

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Je me suis régulièrement fait la réflexion que la vie est injuste. Elle nous sourit parfois, c'est vrai, mais elle nous enfonce aussi surtout. Cette réflexion je me la suis faite un bon nombre de fois, et le réaliser me fait toujours l'impression d'un poids sur mon coeur, comme une chape de plomb.
Pourtant cette fois-ci, ce n'est pas de moi qu'il s'agit, mais d'une élève. Je ne la connais pas, son visage ne m'était pas familier jusqu'à ce soir, et je ne l'aie pas en cours. Pourtant je n'ai pas pu m'empêcher de noter la couleur de ses cheveux : ils sont blancs, comme ceux de Mitsuki. Je ne sais pas si c'est à cause de ça que j'ai réagit aussi vite - sûrement aurais-je agit de même avec n'importe quelle personne - mais durant un instant j'ai cru qu'il s'agissait de Mitsuki. Je ne l'aie rencontrée qu'une fois, pourtant elle m'a marqué. Son regard à la fois taquin et innocent, tout le potentiel que j'ai senti en elle, son énergie... Et cette promesse que nous nous sommes fait d'aller à l'ancienne Terrae. Maintenant qu'elle est Master je souhaite plus que tout honorer cette promesse, au moins aurais-je fait une chose de bien...
Une jeune femme qui approche me fait sortir de mes pensées et je relève la tête. Je suis toujours à l'hôpital, assis dans un couloir. Je ne sais pas quelle heure il est exactement, mais je sais que j'ai passé la nuit ici, à attendre des nouvelles de cette jeune fille. C'est mon devoir en temps que Master de m'assurer qu'elle va bien, même si je ne la connais pas.
La jeune femme s'arrête devant moi et me salut, je le lui rend. Je la sens mal à l'aise, comme une tristesse... Je n'aime pas ça. Quelque chose ne va pas.

- Qu'est-ce qu'il y a ? Comment va-t-elle ?

Elle se mordille la lèvre et je serre les dents. Quelque chose ne va vraiment pas.

- La jeune fille que vous avez sauvée, Isis Nial, elle... Elle a perdu l'usage de ses jambes.

Mon visage perd toute traces d'émotions et je vois une lueur de peur passer dans le regard de l'infirmière. Merde !

- Je suis désolé, bafouille-t-elle. Nous avons fait tout ce que nous pouvions, mais l'arbre lui a brisé la colonne, même nos guérisseurs n'ont rien pu faire.

Je me passe une main sur le visage, ne sachant comment réagir. Je ne peux pas me permettre de laisser éclater ma colère. Non, en vérité je suis furieux. Pas contre les médecins, ils ont fait tout ce qu'ils pouvaient, mais contre moi-même. Il est de mon devoir de protéger les élèves de cet institut et si j'avais été un peu plus attentif, peut-être aurais-je pu arriver à temps... Non. Ça ne sert plus à rien de s'apitoyer et de me blâmer. Tout ce que je peut faire pour le moment est de l'aider.

- Je peux la voir ?

Elle semble hésiter puis elle hoche la tête et me dit de la suivre. Finalement nous arrivons devant une porte somme toute, banale puis l'infirmière s'en va. Je toquai doucement, puis entrai.
Elle était là, allongée sur son lit, pâle, reliée à toutes sortes de tubes et machines. Je m'avançai calmement puis m'asseyais à côté d'elle. Je ne savais pas trop comment aborder le sujet, comment lui dire...

- Isis, je m'appelle Gaetano, c'est moi qui t'aie trouvé.

Que dire de plus ? Je n'attendais pas de sa part qu'elle soit reconnaissant, après tout je n'étais pas arrivé à temps. Je voulais juste qu'elle sache que j'étais là au besoin.


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##   Mer 16 Avr 2014 - 14:41
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Alors que le mot, ce mot infâme, avait franchit la barrière de mes lèvres, le cri, lui restait bloqué. Il m'étouffait. Il remontait de mes jambes, me serrait le cœur à m'en rendre malade. Il poussait sur mes yeux jusqu'à ce que je n'y vois plus rien, qu'ils soient baignés dans les larmes chaudes et salées. Mais il ne sortait pas. Alors furieux, il traversait mon corps à nouveau, détruisant tout. Saccageait l'intérieur de mon ventre, secouait mes entrailles et retournait mes poumons.
J'avais le souffle coupé. J'étai coupée du monde. Je ne vouais plus, n'entendais plus. Seul le liquide traçait des sillons sur mes joues, en silence. Toujours ce silence pesant. J'avais mal. Je voulais mourir.
Le médecin jugea qu'il était temps de me laisser seule.
Seule avec ma conscience. Seule avec mes pleurs. Ma détresse. Mon incompréhension. Ma colère. Seule avec ce choc et ces foutues jambes qui refusaient de bouger. Que je tentais désespérément de... Non. Je ne tentais plus rien. Les ordres dans ma tête étaient bloqués et mélangés au désordre, au vide intérieur. J'étais terrassée. Incapable du moindre geste comme du moindre mot. Impuissante.
La forteresse explosa. Chaque morceau partit en fumée.
Qu'il parte ! Qu'il dégage ouais ! Qu'il le dise, qu'il en a marre de me voir comme ça ! Quel abruti ! Me laisser seule ?! Non, il veut juste ne plus regarder la face de son échec ! Lui il se relèvera, il se dira que je n'étais qu'un cas et il sauvera d'autres gens. Je ne serais qu'une vague erreur de parcours, le faible son de quelque chose de raté. Crétin. Salaud. Je voudrai l'étrangler, fuir loin, me jeter dans les bras du monde. Je voudrai le rattraper, le chopper par le col et lui encastrer le crâne contre un mur.
Des larmes coulèrent encore. De rage.
Mais il s'en fout, lui ! Il sait que je ne peux pas me lever ! Qu'un seul pas, un seul mètre m'est aussi inaccessible que l'autre bout du monde. "Après tout, laissez la, elle ne bougera pas." Je serre les poings. QUI EST SAGE ?!
Un hoquet suivit d'un frisson me secoue violemment. J'ai mal. J'ai mal putain. Mes jambes me font mal. Je gémis. Je pleure. Je m'étouffe. J'ai chaud. J'ai froid. C'est un cauchemars. Je suis pitoyable.
On nous ment. On nous ment tous.
Quand on perd ses jambes, elles sont toujours là. Palpables. Elles nous narguent, on les supplie, on croit qu'elles vont guérir parce qu'elles sont encore accrochées. C'est faux. Je voudrais les couper. Cuter, petite cuillère ou mine de crayon, je m'en fout donnez moi n'importe quoi, que j'arrête de croire.
Quand on perd ses jambes, elles sont toujours là. Douloureuses. On les sent lacérées, dépecées, explosées tout en voyant leurs peau douce. Plus on les voit, plus on les hait. Plus on les sent. Plus elles me déchirent, m'épuisent et me tuent.
Mes membres tremblent comme une vieille masure sous les coups d'une hache. Chaque image traverse mon esprit comme une nouvelle réalité, crue, trop dure pour être acceptée. Trop de réalités d'un seul coup.
Je ne me lèverai plus jamais. Je ne marcherai plus jamais. Je ne sentirai plus jamais le sang circuler dans mes muscles, ceux là se tendre et se détendre au rythme de mes foulées. Je ne verrai plus jamais le monde d'en haut, condamnée à les regarder par le bas, de me sentir inférieure. Plus jamais le sol sur laquelle je vis ne me délivrera ses bienfaits, le grain de la terre sous mes orteils, les fourmis dans les pieds... Plus jamais.
Rien d'autre que leurs regards de pitié. Les visites incessantes à l'hôpital. La douleur constante. Les relations devenues impossibles. Quand on a mon âge, qu'on a connu l'autre, la liberté, le plaisir de vivre, quand on a connu tout ça, on ne peux pas oublier. C'est injuste. On ne peux pas se résigner. On est écrasés, condamnés à ne jamais s'imaginer vieillir, y préférer la mort. Je voudrais mourir.
JE VOUDRAIS MOURIR PUTAIN !

- Isis, je m'appelle Gaetano.

Je lève la tête brusquement. Un peu trop. Mes jambes me relancent, mon cœur chavire à nouveau et se serre, mes larmes continuent de couler devant cet inconnu. Mes yeux cherchent à le tuer, froids, implacables.
Quand est-il entré ?! Depuis quand est-il assis à côté de moi ?! Ils l'ont envoyé pour me voir, c'est ça ?! Voir cet état pitoyable, ces larmes, pour qu'il me lance ce regard triste à la con ?!? Qu'il dégage, je ne veux pas le voir ! Je ne veux voir PERSONNE ! Personne de valide, qui tient sur ses jambes, qui me nargue du haut de ces centimètres stupides ! Je ne veux pas de leur infime compassion à cette souffrance immense. Je suis injuste. Je vous emmerde.

- C'est moi qui t'aie trouvé.

Alors c'était ça ! Cet homme, peu importe son nom, m'avait récupéré sous cet arbre ? Il m'avait amené jusqu'ici pour qu'on me soigne, qu'on me maintienne en vie ?! Mais j'en veux plus de cette vie ! J'en peux plus ! C'est pas une vie ça ! C'est quoi ?! Rien, pas plus que RIEN !
J'aurais préféré qu'il me laisser crever, sous ce foutu tronc ! Ou qu'il arrive plus tôt. Il était quoi, master ?! On nous ment. Tout le temps. Vous pensiez que Terrae était un endroit où vivre, un paradis ? Se pardonner ? C'est faux. C'est affreusement faux. J'aurais du mourir plus tôt. J'en ai marre de vivre. Je me hais. Je hais ces larmes. Je hais ce type.
Mon pouvoir s'agite. Il me commande. Il dirige ma colère contre lui. Je suis injuste. J'en ai marre. Trop. Je les emmerde. Ma main saisit l'accoudoir du lit, un barre en fer courbe. Sans efforts, d'un simple geste du bras, il se détache, plie sous mes doigts. Je le lance, cet enfoiré d'accoudoir. Fort. Loin. Le plus loin que je peux vers cet homme. Il vient s'encastrer dans le mur avec violence. En face. Je perd la vue, un instant. Encore ces larmes. J'en peux plus, je suis trop fatiguée.

_ Merci. Merci, monsieur Gaetano.

Ma voix était rauque, détruite. Méconnaissable. D'elle ne s'élevait que la colère froide, la tristesse, le désespoir. La douleur.

_ Vous avez vu maintenant ? Je vais BIEN. (ma respiration me tire un gémissement. Parfaitement bien.) Vous pouvez retourner à votre monde des merveilles à la con.

La haine.
On s'en fout, des erreurs de parcours.
Tant que ce n'est pas nous.


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##   Dim 4 Mai 2014 - 15:56
Gaetano Bianchi

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Que devrais-je faire ? Cette jeune fille en face de moi semble tellement perdue et en colère et triste. Devrais-je partir et la laisser seule avec sa colère ? Pourtant je ne sais que trop que dans certains cas ce n'est pas la bonne solution. J'ai trop souvent préféré régler mes problèmes par moi-même ou dissimuler ce que je ressentais, parce que je ne pensais pas avoir besoin d'aide. Parce que j'en voulais au monde entier. Un peu comme Isis en ce moment. Je ne peux pas prétendre comprendre ce qu'elle ressent, je n'ai jamais perdu l'usage de mes jambes ou de quoi que se soit. Mais je ne peux pas partir. Pas maintenant. Je ne peux pas la laisser toute seule, livrée à sa peine.
Elle doit probablement me haïr de l'avoir sauvée, je peux le voir dans son regard, mais je ne lui donnerais pas satisfaction. Je ne veux pas qu'elle commette une idiotie.

Lorsqu'elle arrache l'accoudoir de son lit pour le lancer je me contente de l'éviter mais ne cille pas. Je préfère garder un regard relativement fermé pour ne pas qu'elle interprète mal mes expressions. Je sais très bien que dans ce genre de situation tout ce qui se rapproche de l'empathie est pris pour de la pitié ou de l'hypocrisie et elle n'a pas besoin de ça.

_ Merci. Merci, monsieur Gaetano.

Ses larmes me serrent le coeur. Que devrais-je faire ?

_ Vous avez vu maintenant ? Je vais BIEN. Vous pouvez retourner à votre monde des merveilles à la con.

Je pousse un soupir et me passe une main sur le visage. Les choses vont sûrement être plus compliquées que je ne le pensais. Elle en veut au monde entier.

- Non Isis. Tu ne vas pas bien. Et c'est exactement pour ça que je ne vais pas partir.

Je ne sais pas comment lui dire les choses sans qu'elle ne le prenne mal. Je ne veux pas la heurter plus qu'elle ne l'est déjà mais je ne veux pas pour autant prendre des pincettes. Enfin, je suppose que je vais devoir être patient.

- Isis je ne veux pas que tu te méprennes sur mes intentions. Je ne voulais pas ce qui t'es arrivé mais je n'en suis pas responsable. Je veux t'aider mais si tu ne me laisse pas faire je ne pourrais rien pour toi.

Elle doit me détester et que je lui dise ses paroles ne doit pas vraiment arranger les choses. Je ne peux cependant pas lui mentir, lui dire que tout ira bien, que les ça va s'arranger, parce que ce n'est pas vrai et elle le sait.
Pour l'instant je dois juste attendre qu'elle se calme.


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##   Mar 13 Mai 2014 - 23:12
Athéna

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Soupire autant que tu veux, crétin !
Passe toi la main dans les cheveux, tant que tu le peux encore ! Je voudrais te les arracher, tes bras, on verra ce que tu ferais sans ! Tes jambes aussi, même une seule ça suffirait pour que tu puisses effleurer ma douleur ! Tu t'ennuies ? Je te désespère ?! Mais qu'est ce que tu fais là au juste ?!?
Je suis injuste. Ça me fend le cœur, mais à côté du reste, ce n'est rien.  Je m'en veux d'en vouloir au monde entier, je m'en veux de ne pas trouver de responsable, je m'en veux d'être la seule à blâmer. Quelqu'un, il faut quelqu'un. Je ne peux pas tout porter, c'est trop lourd, il faut quelqu'un, au moins que je ne me sente pas coupable de l'état... Dans lequel je vais passer le reste... de ma vie ? DE MA VIE ?
Un sanglot me déchire. Je n'ai plus de vie. Il n'y a que dans les films que les handicapés sont heureux, mais les acteurs, les scénaristes, qu'est ce qu'ils en savent de la douleur ?! Qu'est ce qu'ils en savent des souffrances qu'on ne voit pas ?! Ils s'en foutent royalement, il leur faut un personnage handicapé "pour l'égalité et la diversité des personnages" ! Je les hais tous, là maintenant je voudrais être la gentille fille qui se tait, le figurant à qui il arrive jamais rien. Me voilà catapulté au statut d'avenir court et de privations dues aux incapacités corporelles ! BRAVO !
Je tremble encore, de peur, de fatigue, de douleur, de... Je ne sais plus. Laissez moi... Laissez moi, je veux courir... Pitié, je veux me levez et marcher, juste marcher, c'est pas grand chose non ?

- Non Isis. Tu ne vas pas bien. Et c'est exactement pour ça que je ne vais pas partir.

Un élancement dans mes jambes me laisse un hockey qui se coince dans ma gorge et me fait mal. Arrête de pleurer, maudit corps, arrête... Je ne vois plus rien... Je gémis.
QUI irait bien hein ? Qui irait bien, si on lui disait que finalement, tous les actes que les autres réalisent chaque jours vont devenir un enfer ? Quand on est destiné au souvenir ? Avec Jun, ça nous avait demandé tant d'effort de franchir ces escaliers après l'entrainement, et pourtant, je donnerais tout pour recommencer. Deux fois, trente fois s'il le faut.
Ma gorge se sert.
Non je ne vais pas bien. Et lui, monsieur je pète la classe et je suis super puissant, il ferait quoi à ma place ?! Il irait cueillir des fleurs pour se consoler peut-être ?! Ha mais non, suis-je bête, il ne peux pas marcher, il doit y avoir quelqu'un avec lui, derrière pour le pousser !
Mais pourquoi ça fait aussi mal ?

- Isis je ne veux pas que tu te méprennes sur mes intentions. Je ne voulais pas ce qui t'es arrivé mais je n'en suis pas responsable. Je veux t'aider mais si tu ne me laisses pas faire je ne pourrais rien pour toi.

Mais PERSONNE n'est responsable ! Qui je pourrais incriminer hein ?! La tempête ? LE BON DIEU PEUT-ÊTRE ?! Non, si c'est un manière de dire que je suis la seule responsable, alors oui je le sais ! Oui, j'ai été inconsciente de me balader pendant un orage, mes parents me l'ont toujours répété, il fallait bien que ça arrive ! Mais bon comme ça ils pourront dire "ne faites pas comme Isis sinon vous finirez dans un fauteuil !" Est ce que ça m'aide ça ? Est ce que c'est censé m'aider de savoir que c'est entièrement ma faute si aujourd'hui, demain, dans dix ans, dans cinquante si je vis jusque là, je serais à jamais la trace d'une erreur de gamine ?! Est ce que ce n'est pas un peu sévère comme sentence ?!
Je ferme les yeux. Tout mon corps me pique, mes envies contradictoires me tuent et me démangent de l'intérieur, mais rien n'y fait.
Il n'y a au bout de mon corps -et malgré toutes mes plaintes- ne restera qu'une carcasse de douleur. Je les hais. Donnez moi une scie que je les coupe, ça fera moins mal.
Je fixe mon interlocuteur, les yeux larmoyants et perturbés. Tu les vois toi aussi hein ? Pourquoi elles ne peuvent plus marcher alors ?

_ Je voudrais... Je voudrais me rouler en boule. Ramener... Ramener mes jambes près de mon corps, le plus prêt possible et... pleurer.

Je sanglote et manque de m'étouffer. Ma voix est lancinante, gémissante, rugueuse. Pitoyable.

_ Je... voudrais marcher... jusqu'à la porte pour la fermer... Mais même ça... Même ça je ne peux pas !

La colère revient. Marre marre marre. Je voudrais tellement... Mes désirs me tueront. J'en ai rien à faire de toi, quelque soit ton nom... Qu'est ce que tu veux au juste ?

_ Allez vas-y maintenant ! Si tu peux comprendre ça aides moi ! Je t'écoutes !

Je serre les dents.
Vas-y.
Tu vas voir toi même ce qu'elle vaut, ton aide.


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##   Lun 30 Juin 2014 - 16:34
Gaetano Bianchi

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Gaetano Bianchi
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J'avais mal pour Isis. Ses larmes me déchiraient car elle me rappelaient que moi aussi j'avais souffert. Beaucoup trop. Et je ne supportais pas de voir une fille de quoi... Dix-sept ans ? Seize ans ? Souffrir ainsi. Si seulement j'avais pu... Quoi, courir plus vite ? La voir avant ? Je secouais la tête. Je n'y était pour rien. Il ne servait à rien de me blâmer pour quelque chose dont je n'étais pas responsable.
Même si je ne pouvais pas comprendre ce que cela faisait de perdre l'usage d'un membre, j'étais familier avec la sensation de perte de contrôle de son propre corps. Je ne l'avais dit à personne. Ni à Aaron, ni à Emmy ou Hideko. Je ne voulais pas qu'ils s'inquiètent pour moi. Mais la vérité était que ma greffe avait un prix bien plus grand que ce que j'avais imaginé. J'avais une vue accrue, grâce à elle, et des capacités visuelles inimaginables. En revanche, plus je l'utilisait et plus elle me provoquait d'importantes migraines qui pouvaient devenir vraiment gênantes. Mais pour une quelconque raison que je ne m'expliquais pas vraiment, j'avais des défaillances de l'ouïe. Oh rien de vraiment signifiant pour le moment mais tout de même. Je supposais que comme ma greffe concernait mes yeux le contrecoup affectait les régions proches et créait une sorte de surcharge de mon cerveau... Enfin, ce n'était qu'une supposition.
Alors quand j'affirmais ne pas comprendre la douleur d'Isis, ce n'était pas tout à fait vrai. Au contraire. Il n'en restait pas moins que je me trouvait impuissant face à son sort. Je n'étais pas médecin, je n'étais pas guérisseur.
J'écoutais ses supplications le coeur lourd. Je l'entendais parler de son désir de marcher, de se rouler en bouler, d'aller fermer la porte. Je ne pouvais rien faire pour la soulager.

- Allez vas-y maintenant ! Si tu peux comprendre ça aides moi ! Je t'écoutes !

Elle avait raison. Je ne pouvais rien faire. Et dans l'état où elle se trouvait, elle n'accepterait pas mon aide. Elle avait besoin de temps.
Je me levais.

- Tu as raison Isis. Je ne peux pas comprendre. Je m'excuse.

Je commençais à partir. Je savais que je ne pourrais rien de plus aujourd'hui. Je me stoppais sur le pas de la porte et me retournais. Je devais faire quelque chose. Mon regard se durcit un peu.

- Bas-toi Isis. Quand tu sentira prête à relever la tête, je t'aiderais. Tu sauras où me trouver si tu as besoin de moi.

Puis je partis, fermant doucement la porte derrière moi. Je poussais un soupir et m'adossais quelques instants au mur. Je n'avais pas dormis de la nuit au final et j'avais bientôt un cours à assurer.
Cette entrevue me laissait un goût vraiment amer dans la bouche.

[Edit : J'ai modifié la partie sur la greffe, jette un oeil <3]


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Spoiler:
##   Ven 4 Juil 2014 - 15:35
Athéna

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HRP : Un œil ou une oreille ? ;p Alors finalement il est condamné à ne plus entendre les jolies phrases d'amour ? ♥ /pan/


- Tu as raison Isis. Je ne peux pas comprendre. Je m'excuse.

Je grince des dents. Non ! Non pitié, ne t'en va pas ! Je suis désolée, je ne le pensais pas mais... Qu'est ce que je suis censé faire ?! Dites moi, il doit bien y avoir quelqu'un qui sait non ? Quelqu'un... Quelqu'un doit bien savoir comment tenir... Comment oublier la douleur, comment se relever... NON ?!
Un nouveau sanglot me prend et je manque de m'étouffer en maudissant ce foutu corps. Ça va ?! T'en as pas un peu fini de pleurer ? Tu crois que j'ai pas assez mal ? J'en ai pas besoin, de ce liquide amère qui me ronge, de toutes ces pensées embarrassantes, de ces mots violents qui sortent de ma bouche. Je suis désolée, je suis injuste, je suis moche. Je ne me suis jamais sentie aussi... Faible. Faible de corps, faible d'esprit, je suis une épave rongée par le temps, un morceau de pomme au service des asticots.
J'essaye de me calmer. Je suis laide. Sale. Je cherche quelqu'un pour assumer à ma place, pour payer, mais je suis bien la seule. Je ne veux plus être seule. Pitié, j'en ai assez, pourquoi ?! POURQUOI ?!
Y a t-il quelqu'un qui peut répondre, au moins... ?

- Bas-toi Isis. Quand tu sentira prête à relever la tête, je t'aiderais. Tu sauras où me trouver si tu as besoin de moi.

Me battre ? Mais contre qui ? Contre moi ? Contre quoi ? Contre ma débilité ? Mon irresponsabilité, ou contre ces foutues jambes qui refusent de bouger ? Contre ces pensées malsaines qui me dévorent, contre mes souvenirs ?
Tout ce que j'ai de bons en ce monde, tout ce que je pensais avoir accompli, tout ce que j'aurai pu faire par la suite s'en trouve compromis. Contre l'avenir peut-être ? Il n'est plus qu'un mot abstrait, il m'écrase, trop grand pour être imaginé. Je ne peux pas avoir d'avenir, c'est impossible. Je n'en veux pas. Je ne peux pas rester assise toute ma vie dans un fauteuil, je ne tiendrai jamais le coup.
Encore des larmes, encore ces foutues larmes. Si ? Il faut que je résiste à cette envie d'en finir ? Mais à quoi bon se battre ?! Je n'aurai rien à la fin ! Ce n'est pas parce que je souhaite vivre qu'on le donnera le droit de le faire comme tout le monde ! Finit toutes ces choses que tout le monde fait, des balades au parc, en montagne, même une course pour rire, un jeu d'enfants, même ça... Je n'ai pas eu le temps d'en profiter... Pitié, c'est trop affreux, trop cruel... Combien de temps me reste t-il à vivre ?! Combien de temps à regarder les autres faire ce dont je ne peux que rêver ?!
Qu'est ce qu'il reste... de ma jeunesse ? Un temps passé ? Un vulgaire souvenir ? Non pitié, je ne veux pas oublier la sensation d'être debout, de marcher en étant l'égal des autres ! Non, je ne peux pas me battre contre mes espoirs et mes envies ! Pitié !
C'est stupide. Qui pourrait ne pas avoir pitié de mon état ? Personne. Mais qui pourrait m'aider ? Personne. Je voudrai qu'on leur crève tous les yeux, qu'ils ne puissent pas me voir si pitoyable.

Il sortit. Ferma la porte. Et c'était tout.
Je l'avais chassé. Avec mes paroles blessantes, mes pleurs rancuniers, mes sentiments injustes.
La pièce ne fut emplie que de mon amertume et de mes pleurs stupides. Que de mes espérances perdues, tuées à coup de massues et torturées pour celles qui s'accrochent. Emplie de mes gémissements de douleurs confondus en excuses. Emplie de ce silence que je ne parvenais à briser seule, qui m'entourait, me suppliait de me taire. Il me tenait telle une camisole, étouffante et restrictive. Mes jambes, toujours sous mes yeux, refusaient encore leur devoir. Comme toujours à partir de maintenant.
Seule.
Dans une pièce.
Vide.
Je suis assise et le resterai jusqu'à ce que je meure.


~FIN~


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