L'adolescent se demandait encore ce qu'il faisait là. Assit dans les gradins à regarder tout ces autres adolescents se... battre. Ou s'entraîner, il ne savait pas trop. Il essayait un peu de faire le tri dans ses pensés. A la ramasse... comme toujours. Il ne l'avait apprit qu'aujourd'hui pour son amie la rouquine alors que ça devait déjà faire un bon moment... Et il se sentait assez mal. Ce n'était pas sa vie. Ce n'était pas sa sœur qui était morte. Et pourtant... Ça s'appelait de l'empathie, il croyait. Empathie de merde, alors. Aaron ne cilla même pas lorsqu'un immense bloc de glaçon apparut de nul part avant de disparaître presque aussitôt dans une vapeur brûlante. Eau contre Feu ? Drôle de combinaison mais... qu'est-ce qui se passerait si deux tonnerres se battaient ? C'était l'une des questions qui créaient un affreux mal de tête. Juste en passant devant l'arène, il avait envoyé un sms à la rouquine : Dis, tu voudrais pas venir à l'arène ? J'ai l'impression que je vais faire une grosse connerie...

C'était faux mais... peut-être que ça allait la faire bouger ? Il était bien trop peu courageux pour avoir le courage d'aller toquer à sa porte. Il espérait, que même si le message était rédigé en anglais, elle le comprendrait. Après tout, c'était de l'anglais simple. L'adolescent finit par s'étirer en se levant. Il avait l'impression d'être rouillée et ses cernes et sa mine fatiguée n'arrangeait rien à son apparence. Surtout qu'il se traînait plus en mode zombie qu'en mode humain. Un certain gros coup de fatigue qu'apporte l'hiver. Il regarda de nouveau l'arène. Quand le lui avait-il envoyé, dix ? Quinze minutes ? Il ne savait pas trop. En même temps, lui et les repère dans le temps... Il était en train de descendre les gradins lorsqu'il aperçu une chevelure rousse. Il s'arrêta, hésitant. C'était peut-être une mauvaise idée. Peut-être qu'elle n'accepterait pas ? Se lancer... Simplement. Il prend une grande inspiration puis va rejoindre la rouquine.
- Hellow, la salua-t-il en arrivant.

Un sourire navrée étire ses lèvres alors qu'il glisse sa main dans sa nuque en laissant échapper un léger rire nerveux. C'était bas. Très bas, il avait beau le savoir, il n'avait aucun remord. Après tout, il faisait ça pour aider, alors ça ne pouvait pas être mal. Non ? La fameuse question ne tarda pas à arriver et il ne sait pas trop comment y répondre. Il avait peur d'être trop direct, ou, au contraire, pas assez. Il craignait aussi qu'elle ne le prenne mal et s'en aille. Après lui avoir mis une gifle, au choix. Sa joue se souvient encore de la gifle et elle préférerait largement ne pas en recevoir une autre.
- Baah, fit-il en regardant de tous les côtés en espérant trouver la "bonne" réponse. Pour parler. Pour bouger. Je n'aime pas n'avoir aucune nouvelle de mes amis.

Sa dernière phrase avait été dite avec un léger ton boudeur comme s'il n'aimait pas le dire. M'enfin c'était un peu vrai. Il lui lâche un léger sourire en faisant un pas sur le côté comme pour l'inviter à avancer :
- Bon, c'est peut-être complètement con comme jeu mais si on s'entraîner ? Celui qui touche l'autre à le droit de le poser une question. Pas obligatoirement avec le pouvoir mais aussi avec les poings et les mains. Mais toucher toucher, pas juste effleurer.

Lui et ses jeux de merde... Il se rappelle encore comment son frère le forçait à s'installer devant une tableau d'échec ou un jeu vidéo et celui qui perdait devait répondre ou faire des trucs stupides. Et après, il se demandait encore d'où lui venait cette habitude. Ses yeux ne brillent pas de leurs malices habituelles, ils se font ternir par son vide. Un vide qu'il a l'impression d'être tellement plus énorme ses derniers jours. Alors que Ludmila était parti chercher sa soeur, lui il n'avait rien fait.
- M'enfin, tu n'es pas obligé d'accepter, juste que ça pourrait nous changer les idées ?

Un léger sourire apparaît en la voyant accepter. Il voit bien qu'elle est réticente. Qu'elle n'a guère envie de jouer. Mais il espère quand même, qu'elle finira par rentrer dedans. Alors qu'il s'avançait vers la sortie, il lui donna les dernières règles :
- Pas le droit de ne pas répondre à une question, ni de l'éviter, ni de mentir, on la joue honnête et pas le droit non plus de quitter le jeu en plein milieu. On va dire... jusqu'à ce que le soleil commence à décliner ou qu'il se couche ?

Etant donné qu'il devait être un peu plus de quatorze heures, il fallait compter trois bonnes heures. Ou alors beaucoup plus si elle prenait la deuxième option. C'était long mais c'était comme ça. Il se souvient encore des parties qui duraient des heures et des heures avec son frère. Parfois, ils faisaient même des nuits blanches à cause de ça. Maintenant qu'il y repensait, avec un peu de recul, c'était de véritables interrogatoires... étant donné que son frère gagnait à chaque fois et les rares fois où l'adolescent gagnait, il posait des questions... sans grandes importances. Son coeur se serra. Il voulait revoir son frère... Juste avant de quitter la zone d'ombre pour rentré dans l'arène, il se retourna vers Ludmila avec un sourire provocateur.
- Tu peux toujours abandonnée, si ça te fait peur, mais c'est l'occasion rêvé pour me connaître. Puis, si ça ne te motive toujours pas, on peut rajouter un défis pour le perdant ?

Ses yeux avaient beaux être bercés par un douloureux vide, une petite étincelle de malice y brillait. Lui et ses jeux. Des frissons le parcoururent en relevant son estomac en repensant à la dernière fois et presque aussitôt il eut l'impression d'être glacé. Loin des gens, c'est trop dur... Mais il fallait s'y faire. Il attend que la demoiselle passe près de lui pour la toucher avec son poing à l'épaule.
- Comme ça, c'est simple comme bonjour, nan ? Tu seras désavantagée si tu n'utilises pas ton pouvoir, m'enfin c'est comme tu veux.

Question posée. Certes, il n'y avait que l'intonation pour le remarquer, mais c'était posé. Sans attendre sa réponse, il s'avança dans l'arène.  Restant sur un côté pour le moment...

Pas de réponse. Il aurait dû s'en douter. Mais pas grave, il allait faire avec. De toute façon, il connaissait la technique pour faire parler. Et surtout pour peut-être l'aider à se relever. Son air de petite fille perdue, l'attriste. C'est sûr, il fera quelque chose pour lui rendre son sourire ! Pour retrouver un peu la Ludmila du café et de la patinoire. Il ferme les yeux et plonge dans son pouvoir. Le faire calmement, épuiser le moins possible. Parce que tenir trois heures, ça risquait d'être dur. Il laisse la lumière dorée se répandre dans les noirceurs et active la téléportation. Il rouvre les yeux alors qu'elle se fait absorber par le noir. Le monde tangue légèrement alors qu'il donne un coup de pied dans les fesses de Ludmila. Pas de pitié. Il se recule en vacillant presque. Il a l'impression d'avoir des millions de petites lumières qui clignotent devant ses yeux.
- Bon, grogne-t-il sans vraiment voir ce que son attaque a fait. Plus le droit d'arrêter maintenant. Les hostilités commencent. Tous les coups sont permis et... tu as une petite soeur, c'est ça ?

Il s'en fichait de frapper là où ça ferait le plus mal, au contraire, ça lui permettrait de marquer des points et ainsi poser plus de question... Et lui faire comprendre un truc. Il n'arrivait pas à faire comme son frère, a y aller en finesse, sans brusquer. Alors qu'il reculait de nouveau, il leva les poings pour se protéger.

Bordel, elle frappe vite. Et fort. L'adolescent grimaça en reculant. Son épaule assez douloureuse. Il ferme son esprit pour ne pas se laisser gagner par l'empathie. Pour ne pas avoir de la compassion pour la demoiselle. C'était peut-être horrible mais c'était comme ça. Il réussit à ne pas esquisser de moue lorsqu'elle prit la parole. Elle avait l'air tellement détruire... Mais c'était bien pour ça qu'il lui avait demandée de venir aujourd'hui. Pour lui rendre, son sourire nan ? Même s'il devait finir électrocuté. Au fond, il devait sûrement être un peu maso pour faire tout ça...
- Pour te faire réagir, lâcha-t-il en haussant les épaules. Et c'est le jeu ! Si tu ne veux pas que je te pose des questions, tu n'as qu'à pas te faire toucher !

A la fin, sa voix vibrer comme celle d'un enfant qui disait à l'autre qu'il ne devait pas faire ceci ou cela. Mais il ne s'arrêta pas à ça. L'adolescent avait de la chance d'être plus grand que la blondinette, si bien qu'il se pencha en avant et lui mit une pichenette sur le front et avec un sourire insolent, lui balança à la figure.
- Puis, tu n'as qu'à partir si tu ne veux pas jouer, mais ça serait abandonner. Hors, Ludmila n'abandonne pas après une question, nan ?

Il se recula comme un gosse fier de lui. Il fallait dire qu'il adorait ce genre de jeu. Ces jeux où on pouvait faire n'importe quoi, se prendre pour n'importe qui tout en essayant d'être le plus honnête possible. Où il fallait d'abord jouer sur de la provocation puis voir qui tiendrait le plus longtemps. Même s'il perdait presque à chaque fois, il les adorait. Surement parce que c'était les seuls moments où il était avec son frère. Son regard s'assombrit alors qu'il piqua du nez, baissant sa garde....

La rouquine profita du fait qu'il avait baissé sa garde pour marquer un point. Un point beaucoup trop facile. Il releva la tête avec une moue agacée puis recula brusquement lorsqu'elle vociféra. Un sourire amusé se glissa sur son visage lors de la question, sauf qu'il y avait un truc qui clochait. Le sourire se fana alors qu'elle poursuivait sur sa lancée. Il recula d'un pas lorsqu'elle lui balance enfin la réponse à sa question. Il serre les poings pour ne pas laisser son visage se décomposer et encaisse la suite. Une suite qui fait assez mal. Même très mal. Pourtant il garde cet air neutre, légèrement agacé. Il croise les bras et se redresse.
- Ce n'est qu'une question par coup, lâcha-t-il en la toisant. Hors, tu en as posé quatre. La prochaine fois je ne répondrai qu'à la première...

C'est comme un gamin qui reprocherait à sa mère d'avoir oublié sa promesse. C'est attendrissant et pathétique à la fois. Ils sont tous les deux à portée de bras. Il suffirait juste de tendre le bras pour toucher l'autre et voilà, la question est posée sauf que... c'est beaucoup trop facile. L'adolescent a bien compris quelle était la véritable question et il finit par lâcher, à contre-coeur.
- J'en ai aucune idée. Au Etat-Unis, en France, au Mexique, en Russie, il pourrait être n'importe où et j'en ai pas la moindre idée.

Ça faisait mal de lâcher ça d'une telle façon. Ça faisait même mal d'en parler. C'était souvent vers les premières questions qu'il regrettait d'avoir commencé. Parce que c'était les plus dures, celle qu'on pose pour démonter l'autre et ainsi marquer des points. Il ferma brusquement le poing et lui cogna l'épaule avant de se téléporter lâchement loin d'elle. Comme ça elle sera obligée d'utiliser ses pouvoirs. Et au pire, il aurait le temps de la voir s'approcher, donc de se préparer.
- Je ne te ferai aucun cadeau parce que, mine de rien, j'ai pas envie de dire la moindre chose alors... Depuis quand tu n'en as plus ?

C'était bas, et lâche. Mais ça l'énerverait bien un peu...

L'adolescent laissa tomber sa garde et recula brutalement lorsque la rouquine disparu. Merde, merde et remerde ! N'avait-elle pas dit qu'elle n'allait pas utiliser ses pouvoirs ?! Un cri de surprise s'enfuit en la voyant apparaître devant lui en mode "screamer" alors qu'il recula de nouveau. Emporté par son élan et la poussée que lui administra la rouquine, il heurta violemment le mur derrière lui. La tête la premier. Il essaye d'inspirer mais des mains lui enserrent la gorge. Fortement... Puis soudain le monde bascule en noir et blanc et c'est comme s'il avait un souvenir se déroulant sous ses yeux.

Des mains lui enserrent le cou. L'air ne parvient plus et il essaye de se débattre. Griffe les bras, essaye de repousser la personne dont il ne voit pas le visage. Il a mal partout. Des points noirs commencent à danser devant ses yeux et il les sent se fermer tout seul. Il entend des voix et les mains lui relâchent la gorge. Il s'écroule au sol...

-... fou moi la paix!
Les mains de la rouquine lâchent sa gorge et le contact avec le sol est affreusement dur. Complètement choqué, il reste un moment à terre avant de brutalement se mettre à tousser. Inspirer, cracher, expirer, tousser, essayer d'inspirer mais tousser encore. Son coeur s'affole alors qu'il tente de se redresser. Le monde tourne mais il entend très clairement les sanglots de la rouquine.

- Hey, croassa-t-il en se tournant vers elle après avoir essuyé la bave. J'te foutrai pas la paix, parce que j'ai pas envie que tu te foutes en l'air dans ta chambre. J'te laisserai pas faire ça.

Une nouvelle quinte de toux, le secoue. Une toux sèche et douloureuse. Il essaye de se rappeler sa question, mais rien à faire, ni même de sa réponse. Il essuie sa main contre son tee-shirt avant de prendre le menton de la rouquine et de l'obliger à lever les yeux vers lui.
- J'te laisserai pas faire ça, répéta-t-il. Alors cogne autant que tu veux, mais je préfère ça à ça !

De l'autre main, il lève le poignet de Ludmila comme pour bien lui montrer qu'il avait vu. Puis d'un coup, il laisse tout tomber avec un soupir. Sa main se lève et tapote amicalement la tête Ludmila.
- Aller, ch'ui p'être une enflure, un gosse insupportable, capricieux et insolent mais je suis aussi ton ami. Alors p'être que tu ne veux plus avoir d'ami car t'estimes que tu es un monstre pour... Je-ne-sais-qu'elle raison... excuse moi j'ai pas capté ce que tu m'as dis au début, j'étais légèrement dans la brume. Mais j't'assure que c'est quand même sympa d'avoir des amis lorsqu'on est monstre ou parasite.

Il lui accorde un véritable sourire. Ce sourire qui laisse voir ses canines légèrement pointues et des dents blanches. L'adolescent finit par se reculer pour la laisser respirer. Sa gorge lui brûle et le souvenir le hante. Qu'est-ce que c'était que ça ? Il savait très bien qu'il avait enterré une partie de sa vie car il ne voulait plus en entendre parler mais... qu'est-ce qui se passait dans cette partie ? Bonne question... Mais s'il l'avait enterré c'était bien pour ne plus en entendre parler alors... autant laisser les cercueils où ils étaient. En parlant de cercueils, son cerveau dériva sur les zombies sans réelle raison et il se retrouva à se demander à quoi il pouvait bien ressembler. C'est sûr qu'après avoir été à moitié étranglé, il ne pouvait pas ressembler à un prince. Il était à peu près sûr d'avoir le teint encore plus pâle et les yeux un peu plus creusés...
- Alors, on fait comme ça ? Finit-il par demander d'une voix enraillée en se massant la gorge.

Assit en tailleur, l'adolescent se massait la gorge. Il avait l'impression qu'un million d'aiguille chauffé à blanc s'enfonçaient dans chaque centimètre de sa chair. Ça piquait. Ça brûlait et surtout, ça grattait. Mais il ne pouvait pas se racler décemment la gorge en public. Un rire nerveux s'échappe lorsqu'elle lui demande si elle ne lui a pas trop fait mal. Non ! Non, bien sûr que non ! Elle lui avait fait ATROCEMENT mal ! Mais, il n'eut pas le temps de le lui faire remarquer que déjà elle était levée. Elle se lamente. Encore. Lui dit que les monstres comme elle n'en ont pas le droit. Il ne comprend pas vraiment mais les phrases suivantes font échos en lui. Bon qu'à détruire des choses. Vraiment ? Très bien. L'adolescent ferme les yeux. Libère son pouvoir. Attend qu'il se soit rétracté et rouvre les yeux. Il se trouve juste devant la rouquine. Alors qu'il n'y a qu'une lumière dure dans ses yeux, son expression laisse voir un visage joyeux. Il lui prend le coude :
- Bah c'est parfait, fit-il avec un faux enthousiasme. Moi aussi je ne suis bon qu'à ça ! Alors...

Il fait un truc qu'il n'avait jamais testé volontairement. La téléportation à deux. La dernière fois remontait... à la rencontre avec Marvin. Mais il faut dire qu'il y a un moment que cela s'est passé alors, entre temps, il s'était un peu amélioré. De plus, il espérait tenir le coup et ne pas s'évanouir brusquement en arrivant. Et cela n'arriva pas. Il s'était téléporté en haut des gradins. Tout, tout en haut. Un Terre ayant fait une attaque un peu trop grosse avait dégommé la barrière et il était possible de sauter sans problème. Cinq ou six mètres avait-il estimé. Les seuls signes évident de son malaise fut qu'il serra plus fort le coude de la rouquine et que son visage blêmit un peu plus. Ils étaient juste au bord du vide. Un mauvais coup de vent et boum, ils se retrouveraient en bas.
- Mettons y un terme, si tu le veux bien, puisque tu as l'air de ne vouloir que cela.

Sa voix avait été horriblement froide. Ouais, les pensées suicidaires, elles étaient tous les jours présentes. Tous les jours un peu plus fortes... Alors se tenir aussi près du vide, si près de pouvoir mettre à terme son calvaire, c'était un peu jouer à la roulette russe avec qu'un seul emplacement vide...