Nathanaël se réveilla, calmement. L'obscurité qui régnait dans la pièce lui indiqua qu'il n'était pourtant pas encore l'heure de se lever. Cependant, les yeux grands ouverts, il sut qu'il ne parviendrait pas à retrouver le sommeil. Cela faisait un moment qu'il n'avait pas souffert d'insomnie et, étrangement, il n'avait pas été réveillé par un cauchemars. Oui, cela lui arrivait encore, mais c'était plus rare, moins intense. Le pire était derrière lui, il en était convaincu. Et puis, il n'était plus seul pour affronter ses démons. Il avait pu tout raconter à Ipiu et elle le soutenait. Il ne sombrerait plus.

Le Terre se leva. Il était inutile de rester allongé dans ces conditions. Il enfila un training et réfléchit à ce qu'il pourrait faire. Il pensa à de nombreuses activités différentes. Il ouvrit un livre qu'il avait emprunté à la bibliothèque, mais le referma rapidement. Il ne souhaitait pas étudier. Il avait envie de faire quelque chose de différents pour une fois. Le Titan prit ses clefs et sortit. Avant de s'éloigner, il veilla à fermer la porte de sa chambre. Immobile un instant, il se permit de réfléchir. Où se dirigerait-il ? Le jeune homme n'y avait pas vraiment réfléchi avant de quitter son antre. Il était au troisième étage... aller en haut ou aller en bas ? Soudain, il eut une idée et monta les escaliers au bout du couloir. Il ne prit pas la direction du couloir des Airs, mais celle de la salle d'entraînement. Il n'y était encore jamais allé. Il faut dire qu'en tant que Terre, ce n'était pas l'endroit le plus approprié pour s'entraîner. La salle était solidement bâtie, les murs paraissaient très épais et résistants, malgré les nombreuses traces et autres trous par-ci, par là. Du matériel était rangé dans un coin. Le silence régnait en maître. Nathanaël sut tout de suite qu'il se plairait à cet endroit. Les conditions étaient idéales.

Le Terre se rapprocha des objets entreposés. Certains étaient en piteux état, d'autres carrément cassés. Il resta un instant figé. Que faire, que prendre ? Il avait un but, mais ne savait pas trop comment procéder pour l'atteindre. Il voulait s'entraîner pour contrôler son pouvoir de Titan, mais cela l'embêtait de détruire des objets pour ça. Tant pis, cette salle était faite pour ça, non ? Soudain, il avisa une série d'outils qui lui tirèrent un large sourire. Il avait trouvé la parade. Pourquoi devait-il casser des choses... alors qu'il n'avait qu'à s'entraîner à les soulever ? Il se demanda d'ailleurs pourquoi il n'y avait pas pensé plus tôt. Peut-être était-ce un problème de préjugés... le jeune homme avait de la peine avec sa force surhumaine et, jusqu'à maintenant, cela lui avait seulement servi à casser, parfois, très souvent même, sans qu'il ne le veuille. Alors, peut-être que le problème résidait dans le fait qu'il ne voyait son don que comme une malédiction, une arme, un moyen de destruction. Ne pouvait-il pas envisager un aspect plus... positif ? Nathanaël savait que le pouvoir de Titan fonctionnait plutôt en fonction des émotions, contrairement à la Terre. Mais, peut-être que sa manière d'appréhender le problème avait aussi un impact. Après tout, était-ce vraiment un problème ? Non, ce don était un cadeau et il allait en trouver la preuve.

Le jeune gomme saisit des haltères, ni trop grands, ni trop petits et vint se placer un peu plus loin. Il tenta de les soulever, mais y parvint difficilement. Il fallait dire qu'il avait choisi du lourd, mais c'était le but. Il se concentra et sut exactement à partir de quand il put soulever le poids. Pourquoi cela était-il si instinctif en cet instant et si... imprévisible parfois ? Qu'est-ce qui changeait ? Pourquoi est-ce que sa force se « déclenchait » souvent sans prévenir ? Sans doute qu'en s'entraînant à l'activer et la désactiver, il parviendrait à saisir l'élément qui lui manquait. Il posa l'objet le plus délicatement possible, puis débuta son apprentissage. Il ne remarqua pas la jeune femme qui entra dans la pièce. Elle dut sans doute se demander pourquoi parfois il luttait pour soulever le poids, lorsque l'instant d'après il le soulevait avec le pouce et l'index, comme s'il s'agissait d'une plume.