- Mieux...Je veux aller mieux maintenant...Vous êtes bien la master Marguerite ?

La Master Marguerite ? Il était rare que j’entende quelqu’un m’appeler ainsi. Regardant le jeune Elio souffrir, une pointe de tristesse me fit serrer le cœur, comment avaient-ils oser faire cela ? Je ne devais pas m’énerver, je ne devais pas m’emporter, je ne devais pas le faire maintenant. Une fois les élèves en sécurité … Il en sera fini de ce laboratoire. Qu’importe les autres, je les chasserai tous, je les tuerai tous … plus aucun n’existera.

- Les autres ! Les autres où sont-ils ?!....Il...Il faut les aider eux aussi ! Et vite !

Il s’était agité, il s’était levé pour finalement s’éclater contre la poignée de la porte du laboratoire. Ayant regardé cela sans avoir vraiment bougé, un petit sourire amusé s’était dessiné sur mes lèvres. Me redressant finalement, je m’étais avancée vers lui, je l'avais aidé à se redresser et avec mon pouvoir, avais fait en sorte qu’il arrive à tenir debout.

- Ne t’inquiètes pas pour les autres, le chevalier Aaron est en ma compagnie pour vous aider.

Prenant mon oreillette, je la glissais dans mon oreille avant d’appuyer sur le bouton d’activation afin d’avoir le Master Tonnerre en écoute. Je ne dus pas entendre plus de cinq secondes pour que j’entende des petits grésillements. Il ne fallait pas s’attendre à mieux, je ne crois pas que les soldats ont le droit de se connecter sur Facebook avec leurs mobiles pendant qu’ils sont à leurs postes.

- Aaron-San, je viens de retrouver Elio-Kun. As-tu trouvé Mitsuki-Chan ?

Entendant une réponse positive de sa part, un sourire content se dessina sur mes lèves avant que je poursuive la communication afin de lui demander un endroit où se retrouver. Mais le problème le plus grand qui se mettait devant nous n’était autre que comment trouver Sora ? Il n’avait pas de pouvoir, je n’étais pas resté assez longtemps avec lui pour connaître son aura … J’avais beau chercher dans la limite du possible l’aura la plus faible, j’aurai tout aussi bien pu le mélanger avec un des rats traînant dans les parages.

- Je ne saurai pas trouver Sora maintenant, je vais faire sortir Elio en premier. Sois prêt quand sa sonnera, je te fais confiance Aaron.

Me penchant vers le jeune Elio, je le pris dans une éteinte avant de lui murmurer tendrement :

- Il est tant de partir maintenant, tiens moi fortement à la taille, serres de toutes tes forces.

Du moins de celles qui lui restaient. Écoutant mes dires, je le serrai à mon tour avant de fermer les yeux. Concentrant mon pouvoir à son apogée, je relâchais une rafale de vent vers le haut avant de tourner sur moi-même en gardant toujours mon élève afin de créer une tornade. Celle-ci se formait rapidement, de plus en plus grande, de plus en plus rapide, je pouvais entendre l’alarme sonner, je pouvais entendre les cris des gardes et l’activation de leurs fusils.

Je ne pouvais pas passer par le haut, nous étions dans un souterrain, je n’avais pas d’autres choix que de passer par la porte que j’avais prise, je ne savais rien faire d’autre que cela. Je n’étais pas une taupe, je ne me plaisais pas à faire des trous dans le sol moi !

Retraçant donc la moitié du chemin que j’avais fait en tournoyant sur moi-même, en protégeant Elio des coups de feu des soldats, je fus contrainte de m’arrêter quand une masse de déchets humains me bloquèrent le chemin, les armes pointés sur nous deux.

Passant Elio derrière mon dos, je jurais sur place avant de regarder à tour de rôles les hommes qui me barraient le chemin. Quinze hommes, tous armés à nous regarder dans leurs viseurs. Les salauds.

Laissant mes yeux virer à un gris pale, un tatouage se forma sur ma main tandis que mes ongles grandirent en formant les griffes d’acier. Je ne les laisserai pas … vivants.

Fonçant sur ceux-ci, ma greffe activée, je déchiquetais les corps des soldats sans peine, ni tristesse. Je n’avais qu’envie de sang à cet instant, mais je devais me contenir, je devais faire ce que je pouvais pour ne pas exploser, j’avais promis à Hideko de faire attention, j’avais promis à Shizuru d’en revenir vivante.

Une fois les murs blancs devenus rouge, je pris rapidement Elio et fonçais comme une fusée en volant vers la sortie. Défonçant la porte métallique d’une traite, nous en sortîmes sans trop d’égratignures, du moins pour Elio.

Une balle s’était logée dans mon bras, cet homme avait réussi à me toucher par la plus grande coïncidence. Une chance folle pour lui, la seule chance de sa vie avant que je le décapite.

Me dirigeant vers l’endroit où nous avions assommé les deux premiers gardes, je déposais Elio là-bas avant de m’asseoir doucement sur le sol. Croisant les jambes, je pris mon bras et pressais le trou afin de faire sortir la balle. D’un ongle d’acier, j’arrivais à extraire celle-ci bien que mal. Grimaçant un peu de douleur, je me relevais doucement avant de dire à Elio :

- Il faut que j’y retourne …

Tendant une petite oreillette à Elio, je lui adressais un sourire avant de lui dire :

- Ne bouges surtout pas, reste là et si il y a un problème, tu peux me contacter grâce à cela.

Je savais que l’endroit où je l’avais laissé était sûr, je ne devais plus m’inquiéter pour lui, je devais à présent y retourner. Retrouver Aaron et chercher le dernier élève, celui sans pouvoir, celui que je n’arrivais pas à trouver … Sora, mais où es-tu donc ?

Partant comme une flèche en direction du labo une fois de plus, j’arrivais sans soucis à l’entrée. C’était la pagaille à l’intérieur, tous courraient dans tous les sens, certains me trouvant suspecte m’avaient sauté dessus, je les avais assommé sans les tuer cette fois-ci, je n’en avais que faire de leurs vies, je devais trouver Aaron au plus vite.

Activant mon oreillette, je demandais d’une voix plus qu’énervée :

- Mais put’n, t’es où du con ?!

Aucune réponse de sa part, il n’avait pas décroché. Avait-il aussi un problème ? Que se passait-il donc avec lui ? Était-il toujours vivant ? Il devait l’être, il n’avait pas le choix, si je le trouvais mort, j’irai au royaume des morts pour le tuer une fois de plus là-bas.

Cherchant son aura du mieux que je pouvais, je reconnus celle-ci et fonçais tête baisée en sa direction. Lévitant toujours à une vitesse folle, je fonçais dans les portes jusqu’à ce que je vois sa tignasse brune. M’arrêtant juste devant lui, je lui donnais un coup droit dans le visage avant de dire :

- Réponds quand je te joins ! Je t’ai cru mort !

J'aurais voulus fermer les yeux. Ne plus voir son visage aux traits tirés, ses lèvres tremblotantes, son corps malmené... Ses yeux remplis d'effroi.
Ma gorge se noua. Elle semblait tellement faible, tellement fragile... Mitsuki, qu'avaient-ils fait de toi... ? Pourquoi t'avaient-ils fait subir ces horreurs ? Ils n'avaient pas le droit... Tu n'étais qu'une enfant. Une enfant tellement souriante. Et maintenant, à cause d'eux, triste, esseulée... Complètement brisée. Comme une poupée de porcelaine que l'on aurait fait tomber négligemment au sol.
Je m'en veux, tu sais ? J'aurais aimé être là pour te protéger, toi et les autres, alors qu'ils tentaient d'ébrécher plus que ton corps. Ton coeur, s'en remettrait-il ?
Alors que les yeux de Mitsuki se posaient sur moi, mon coeur se serra un peu plus dans ma poitrine. Ses yeux avaient adopté, dans l'urgence, la couleur si caractéristique des Tonnerres.
Elle se jeta dans mes bras, éclatant en sanglots. Le serrant doucement contre moi, je murmurai d'une voix cassée par l'émotion :

- Je sais... Ne t'inquiète pas... Nous sommes là, maintenant...

Je caressai doucement son dos, le temps qu'elle reprenne un souffle un peu plus régulier.
Elle s'éloigna ensuite, me demanda si c'était réellement moi.
Je ne savais pas si je devais être blessé ou inquiet, mais décidai une fois de plus de ne rien montrer de mon trouble. Je hochai doucement la tête.

- Oui... Mitsuki... Mitsuki, je te ramène à la maison. S'il te plais, fais-moi simplement confiance...

Déposant doucement ma main sur sa joue, tentant de ne pas lui montrer mon oeil gauche (il ne manquait plus que je l'effraie de cette manière...), lui lançant un regard inquiet, je rajoutai d'une voix un peu moins assurée que je l'aurais voulu, pris d'un doute :

- Tu me fais confiance, n'est-ce pas ?

Un silence plana longuement dans la petite pièce.
Alors que la voix de Miya retentissait dans mon oreillette, légèrement entrecoupée de grésillements, la porte s'ouvrit à la volée, laissant entrevoir des hommes armés.
Jurant à voix haute, je reprenais Mitsuki dans mes bras et utilisait une nouvelle fois ma greffe.

- Désolé, j'ai pas le choix !

Nous emmenant dans la faille d'espace-temps, je la redéposai doucement au sol, jetant un coup d'oeil au soldat, toujours inconscient, quelques pas plus loin.

- Mitsuki, tu es en sécurité ici. Personne ne te fera de mal.

Je me tus quelques instants, puis repris d'une voix une fois de plus mal assurée.

- Tu es dans ma Greffe, ici. Personne ne viendra.

Je m'accroupis face à elle, la regardant dans les yeux.

- Je vais aller chercher Miya, et ramener Sora et Elio ici lorsque nous les auront retrouvés. Je ne sais pas combien de temps ça pourra prendre, mais... Je vais devoir te laisser seule ici. Prends cette oreillette ; si tu as un souci, appelle-moi.

Je lui donnai le petit appareil.

- Je suis désolé, Mitsuki.

Je déposai doucement mes lèvres sur son front, dans un geste paternaliste se voulant réconfortant.

- Je reviendrai vite, je te le jure.

Me reculant rapidement, je prenais le soldat sous les esselles, puis me fit réapparaître dans la salle, me servant du garde comme d'un bouclier humain. Les autres avaient lancé des exclamations surprises en me voyant réapparaître, restant sur leurs gardes.
Pinçant les lèvres, mes yeux abandonnant leur couleur rouge sombre pour cette même couleur jaune-dorée que ceux de Mitsuki, quelques minutes auparavant, je laissai toute la colère, la frustration, la peine que je retenais depuis si longtemps m'envahir, des souvenirs que j'aurais souhaité oublier plus que tout au monde me revenant à l'esprit.
Laissant une larme traîtresse couler le long de ma joue, dents serrées, j'envoyai une décharge électrique assez puissante pour tous les faire valdinguer plus loin. Lâchant l'homme, je me mis à courir jusque dans le couloir, me faisant arrêter par un poing que je n'avais pas vu venir.
Je titubai un instant, croisai le regard furieux de ma collègue.

- Pardon... lâchai-je simplement.

Je me massai la mâchoire, faisant une grimace.

- Tu as pu récupérer Elio ? Où est-il ?

Remettant correctement mon fusil sur l'épaule, je rajoutai :

- Ah, et... Mitsuki est en sécurité à l'intérieur de ma Greffe. Par contre, je pense que nous auront quelques difficultés à retrouver Sora... Tu aurais une petite idée pour la suite ?