La vie … m’insupporte. Je n’aime plus … cette vie. C’est peut être pourquoi j’ai décidé de changer, mais quand même, pas grand chose ne change, les gens, l’école, les responsabilités, la seule différence est peut être … tout simplement moi. Je ne suis plus connue de tous, j’ai un visage inconnu aux yeux de mes élèves, je vous dis pas la merde que j’ai eu pour leur faire comprendre que j’étais Miya. Personne ne m’a cru évidemment, j’ai donc du dire que celle-ci avait une remplaçante, moi en l’occurrence.

En plus de ça, je n’aurai jamais cru que mes élèves seraient si différents avec une autre personne. Des petits cons qui se croient déjà Master ! Non mais franchement, ils savent même pas changer la direction du vent et ils veulent déjà voler ! Sérieusement, ca me fait chier.

Soupirant de lassitude, je m’enfonçais dans mon siège en regardant les deux têtes de cons qui avaient foutu le bazar à mon cours. Avant ? Non jamais, ils étaient des anges, et se préoccupaient de moi, mais avec ma nouvelle tête, c’est tout l’inverse ! à croire qu’ils n’aimaient que l’image de moi …

- Sensei … Tomoe-Sensei, Miya-Sama aurait jamais fait ça !

Levant les yeux vers la petite tête blonde qui venait de parler, je regardais de haut le jeune garçon qui avait osé parler pendant que je réfléchissais. Le dévisageant avant de lui lancer une craie en pleine figure, je me redressais en tapant sur mon bureau :

- Miya-Sama n’est plus là ! Alors tu la fermes et tu ne bouges pas ! Sinon je te fais récurer les chiottes avec ta langue connard !

Grimaçant en descendant la tête, la tête blonde pestait des choses que je ne su comprendre clairement. A part un petit « salope » entre les deux, je me rassis sur ma chaise en croisant les bras.

Il fallut une bonne heure avant que je les lâche en leur collant par la même occasion trois heures de colle pour le lendemain, heureusement pour moi, ce ne sera pas moi qui y regarderais ! Me relevant finalement, je fermai la porte de ma classe derrière moi en m’aventurant dans les couloirs. Sentant mon cellulaire sonner, je décrochais celui-ci.

- Shizuru ?

- Tomoe, tu sais me rendre service s’il te plait ? J’ai oublié mes pinceaux dans la salle d’Art …

- Tu veux que j’aille les chercher je suppose ?

- Oui. Je passerai chez toi ce soir dans ce cas, cela fait bien deux jours que nous ne nous sommes pas croisées en y pensant …

- J’avoue, ca me ferait plaisir de te voir, à ce soir alors !

Fermant mon cellulaire, un sourire amusé se dessina sur mes lèvres. Finalement, ma vie à Terrae n’était pas si mauvaise que ça, tant que Shizuru était ici avec moi, ca m’allait … Tant qu’elle ne parte pas comme les autres en fait. Mais elle ne le fera pas, elle connaissait cette peine autant que cette tristesse. Nous la partagions, depuis … tellement longtemps.

Me retrouvant dans la salle d’Art, j’ouvris la porte coulissante en m’avançant vers une des étagères où le nom de Shizuru se trouvant. Ouvrant celle-ci en y entrant le code, je cherchais ses fameux pinceaux. Choses que je trouvai rapidement, fermant le casier, je me retournais pour sortir mais je m’arrêtais en voyant une personne que je ne connaissais que trop bien.

Akari Ushiromiya, la jeune fille qui avait combattu Shizuru … Une personne que Shizuru appréciait pour diverses raisons en l’occurrence. Je me souvenais encore de la puissance que ces deux filles dégagèrent, elles étaient toutes les deux des monstres sadiques, jouissant de la douleur de l’autre, mais le cœur transpercé en voyant son reflet dans les yeux de l’autre.

Lui faisant un signe de la tête pour la saluer, je m’avançais vers elle en me disant que celle-ci n’allait sans doute pas me reconnaître. « Miya » avait assisté au combat, pas Tomoe.

- Akari Ushiromiya, je suppose, je suis Tomoe Marguerite, Shizuru parle énormément de toi ces jours-ci.

Lui tendant une main en lui adressant un sourire, je tenais les effets personnels de ma petite Shizuru avec précaution, manquerait plus que j’ai le malheur de tout casser tien !

- Que viens-tu faire ici ?

- Ravie de te rencontrer, Tomoe. Et bien, je viens juste d’enlever mon plâtre, alors j’ai essayé de manier mon katana, mais je n’y arrivais pas. Alors, je me suis dit que dessiner pourrait m’aider à retrouver l’habilité de ma main. Et toi ?

Serrant ma main, elle répondit à ma question sans plus attendre. Je fus surprise par le « Tomoe », il n’y avait que Shizuru qui m’appelait comme ça aussi.

- Et…Euh désolée de te poser une question indiscrète, mais est-ce-que tu es l’ex’ de Sasuke Saru...Saru...Ah oui, Sasuke Sarutobi ?

Sasuke … C’était un Master, il était là le jour du combat entre Shizuru et elle. Mais à part ça, ce mec, je ne le connaissais pas plus que ça. Non, je l’évitais à vrai dire, avec son affinité, qu’est-ce qui se passerait s’il venait à lire dans mon esprit ?! C’st intime et ma tête n’appartient qu’à moi !

Lui faisant un signe négatif de la tête, je commentais ses dires en même temps :

- Non, de un, je ne m’intéresse pas aux hommes et de deux, je ne connais pas vraiment Sasuke-San.

Lui adressant un sourire, je répondis à sa question précédente :

- Shizuru m’a demandé de lui apporter les pinceaux qu’elle avait oubliés ici, j’ai assisté à ton combat avec elle, j’ai été étonnée qu’elle trouve quelqu’un à sa hauteur en fait.

Il était vrai que ca m’avait fait un choc … ma précieuse Shizuru … battue par une autre femme ! Je me réservais ce privilège ! Mais ce qui était arrivé, était réel … Elle avait trouvé … son égo.

- Je ne m’y attendais pas, vraiment pas que ça finisse sur un match nul.

Je voyais ça comme une défaite, parce que je savais que cette fille aurait pu la tuer. Et les séquelles qu’elle en garait n’étaient pas moindres, même si elle n’était plus en chaise depuis une semaine, elle avait du mal à marcher. Son état physique me convenait … elle avait besoin de moi, donc, elle ne me laissera pas seule. C’est égoïste hein ? Pourtant, c’est ce que je ressentais à ce moment précis.

- Ni que tu arrives à devenir son amie …

- Vraiment ? A vrai dire, je suis capable de m’adapter à tout genre de caractère : je peux devenir amie avec le plus timide, et aussi avec le plus froid. Je suis vraiment bizarre, je l’admets !

Souriant à ce dire, je me disais bien que cette fille n’était pas une personne comme une autre. La regardant prendre place devant un chevalet, elle se mit à peindre quelque chose … quelque chose qu’il me fallut du temps pour comprendre sa forme.

- C’est déprimant. Au fait, Tomoe, quel est ton élément ? Tu ne serais pas Master par hasard ?

Oui, dessiner ainsi était bel et bien déprimant. Pour ce qui était de mon élément et de mon statut, je lui répondrai plus tard, premièrement arrangeons un peu son dessiner. Prenant un pinceau de Shizuru, je trempais celui-ci dans la peinture avant de refaire la forme de la flamme en respectant bien les nuances de couleurs.

- C’est déjà mieux ainsi.

Souriant, je m’avançais vers un lavabo où je déposais le reste des affaires de Shizuru à côté et je me mis à nettoyer la pointe de celui que j’avais utilisé.

- Je suis Master oui, une Air Lunaire, je suis donc sonore.

N’était-ce pas amusant ? Les personnes que je connais le plus sont toutes les deux des manipulatrices. Shizuru avec son don de marionnettistes, Marina avec sa possibilité de contrôler les sentiments et moi, qui contrôle les gens par a voix ! On s’est bien trouvées n’est ce pas ?

- Et toi tu es une feu solaire, je m’attendais pas à ce que les solaires puissent être si démoniaque.

Souriant à cela, je lui fis un clin d’œil en m’approchant d’elle. Oui, il était vrai que je m’étais toujours dis que les solaires et les lunaires sont différents en tout point. Un représente le jour et sa lumière, l’autre représenté la nuit et sa pénombre. Un Ange et un Démon …

- Tu es la Master qui a crée le champ de protection lorsque Shizu’ a perdu le contrôle de ses pouvoirs, non ? Tu as vraiment…changée.

Elle avait deviné juste dans mon jeu, lui adressant un sourire, je croisais les bras en l’écoutant parler.

- Justement… il ne faut pas se fier aux termes « solaire » et « lunaire ». Ceux qui s’y fient, se font facilement manipuler, tu sais ?

Ce n’était pas faut, cependant, en tant que lunaire comme Shizuru, tout le monde savait qu’il était préférable de nous éviter. Cependant, mon affinité basée sur mon comportement était lui aussi assez étrange, celui-ci collait à merveille avec la Miya souriante, en était-il de même avec la Tomoe rongée par ses songes ?

- Je n’en doutais pas moins de toi Akari-Chan.

Lui attrapant sa main, je déposais mes lèvres dessus en signe de révérence.

- Tu vaux bien ma Shizuru, je suis ravie de rencontrer quelqu’un comme toi.

Lâchant sa main dans un geste doux, je me posais contre un mur en croisant les bras tout en fermant les yeux.

- J’ai changé, n’est ce pas étrange ? Tu es bien la première à m’avoir reconnue, mes propres élèves ne savent même pas qui je suis …

« Réellement », c’est ce que je voulu dire, mais de Tomoe et Miya, qui de moi et moi était la vraie ? Tomoe je dirais, mais Miya est celle avec qui j’ai vécu … en restant dans l’ombre avec Tomoe. A s’y perdre n’est ce pas ?

- Tu devrais plutôt dire que tu ne sais pas non plus qui tu es vraiment, non ? Quelqu’un qui change brutalement d’apparence, et peut-être de personnalité se pose ce genre de questions.

Ne pas savoir qui j’étais, ce n’était pas faux. Je me découvrais de jour en jour, Shizuru me montrait les différences entre Tomoe et Miya tout en me donnant des limites à ne pas dépasser. J’étais comme un enfant a rééduqué, sauf que mon mental est plus fragile que la moyenne. M’enfermer ? On a déjà essayé, j’ai tué tout ceux qui avaient essayé … évidemment, Shizuru s’est chargé de ne pas ébruiter l’histoire.

- Tu as raison, je ne sais plus, mais je me dis que tant que Shizuru est avec moi, ca me va … Elle m’aide à me découvrir, elle me supporte et m’aime comme je suis.

Je ne vivais plus cet amour à sens unique depuis le départ de Natsuki, je pouvais presque m’en réjouir en fait qu’elle s’était cassée celle-là ! Encore un peu et Shizuru finirait par lui baiser les pieds ! Non mais sérieusement, Shizuru Fujino faire sa belle devant une routière, on aura tout vu.

- Je te prierai de ne pas le dire aux autres … Je n’ai pas vraiment envie qu’ils le sachent … Je veux garder ça secret pour le moment.

Je n’avais toujours prévenu personne, à part Shizuru et Hideko et maintenant Akari personne n’était au courant. Même pas Ma-Chan ou Aoi-Chan … Elles n’en savaient rien. Antonio … ? Si il le sait, Marina le saura et inversement.

- En fait, c’est ma vraie apparence, je me cachais pour faire plaisir à une certaine personne. Elle a finit par m’abandonné aussi, je n’avais plus raison de rester dans l’ombre.

Ogami, n’ose même plus revenir ici, je te tuerai … Je te découperai en morceau et te jetterai dans un canal sans pitié. Tu m’as trompé, je te le ferai payer.

- Je la reconnais bien, là ! Ne t’inquiète pas, je ne vois pas l’intérêt de dévoiler à tout Terrae que tu es en fait quelqu’un d’autre, ça ne m’apporterai rien de spécial… Toi aussi, tu as été abandonnée… comme Shizu’… Les gens sont vraiment des cons …

La reconnaître, oui, Shizuru était devenu mon Dieu. Je crois que j’arrivais à l’aimer plus que moi-même. Chose inconcevable quand on me connaît n’est-ce pas ? Pourtant c’était vrai. Elle m’appartenait à présent, et jamais, je ne la laisserai à un autre.

- La personne qui a abandonné Shizuru … Natsuki Kuga. Je la tuerai pour le mal qu’elle lui a fait.

On pouvait voir la colère se peindre sur mon visage, je n’aimais pas cette femme et elle non plus. A force de me faire appeler tête de grenouille et elle, la bourrine de service, il ne fallait pas s’étonner que ca n’aurait jamais été le grand amour entre nous deux. Un obstacle, oui, elle l’était pour moi. Mais plus maintenant …

- Mais bon, elle ne reviendra quand même plus ici et tant mieux.

Manquerait plus que Shizuru retombe dans ses bras ! Là, je fais un malheur. Gros comme un éléphant … ou une baleine … ou … qu’importe.

- Tu l’as connue toi ?

- Mmh… non. Si je la vois un jour… j’aimerais bien la découper en étoiles. Je suis en manque, ces derniers temps…

Ne t’inquiète pas, je me ferai un plaisir de l’achever avant que tu ne la trouves. Malheureusement, cela devra être fait en dehors de Terrae … j’ai une réputation de Master à tenir, faire souffrir ses élèves, c’est acceptable. Les tuer, c’est autre chose … Je voyais déjà d’ici la tête de Tomoe, elle m’enfermerait dans une cage ou elle me priverait de mes pouvoirs, elle en serait capable !

- Sinon, tu es sure que Shizu’ ne t’utilise pas pour apaiser sa peine ?

Haussant les épaules en souriant, quelqu’un m’avait déjà posé cette question précédemment. Il est possible que ce soit le cas, connaissant Shizuru, elle ne se reteindrait sans doute pas de faire ça, même à un propre membre de sa famille.

- C’est possible que je ne suis qu’un bouche trou pour elle pour le moment, mais je ne m’inquiète pas. Elle sait aussi bien que quiconque qu’elle n’en sortira pas indemne si je ne suis qu’un jouet pour elle.

Je l’ai toujours dis, Shizuru, ce sera moi qui te prendrai ta vie. Ni la mort, ni la maladie où une quelconque personne, le jour fatidique, j’aurai ta tête entre mes mains. Pourquoi penser ainsi ? C’était l’amour absolu ! Accorder sa vie à une personne ainsi … M’accorder de la tuer était quelque chose de plus fort que de l’amour ! J’en avais été bouleversée, je n’avais pas pleurer en lui disant « non, jamais je ne ferai ça », non, j’avais répondu « Cela serait un honneur Shizuru-Sama ».

- Et toi, qui te confirme que ton amitié est vraie ?

Ce n’était pas méchant, non, je voulais juste savoir ce qu’elle pensait de tout cela.

- Ceci dit... Je considère Shizu' comme une amie, comme mon égal. Après, si elle me considère comme une amie ou pas, ça ne me concerne pas.

Je ne comprenais pas sa façon de penser sur ce coup là, elle devait me trouver étrange dans mon genre, mais je suppose qu’elle n’était guère mieux que moi. Souriant à ses dires, je laissais un petit rire résonner dans la salle d’Art.

- Si cela te convient ainsi, c’est ton choix après tout. Mais sache qu’elle te considère elle aussi comme une amie ... De sa manière évidemment.

Décroisant les bras, je m’approchais d’un chevalet pour regarder la peinture qui était dessus. Des formes ne ressemblant à rien, des couleurs fortes, des lignes partant dans tout les sens, de l’abstrait je suppose ?

Continuant à regarder les dessins, je m’arrêtais près d’une toile blanche. Me décidant de m’amuser un peu à peindre aussi, je me dirigeais vers l’armoire à peinture pour en sortir de l’Acrylique ainsi que quelque plaquette sur lesquelles j’étalerais ma peinture. Prenant les pinceaux de Shizuru, je m’assis sur un tabouret et commençai à faire un fond bleu foncé en dégradé pour arriver à un blanc/bleu ciel. Gardant ma peinture en format paysage, je me demandais ce que je pouvais bien faire dessus.

- C’est apaisant de peindre … tu ne trouves pas ?