« Je peux euh… Faire des formes avec ? »

C’était pas évident à expliquer et en même temps tout était dit : elle arrivait à maitriser une petite quantité d’eau et à la rassembler en boule ou en filet et à lui faire faire quelques formes sommaires. Cela lui avait pris un petit moment avant d’y arriver cependant, petit long moment en réalité. Au début elle avait du mal à même créer une vague. En fait maintenant elle s’entrainait à faire apparaitre de l’eau, elle avait compris que c’était possible comme souvent… Par erreur ! Elle avait « trempé » ses draps, elle avait d’abord cru avoir transpiré toute la nuit… Puis cela s’était reproduit une nuit plus fraiche… Se sachant continente elle avait trouvé cela bizarre. Elle avait même fini par douter de ce fait, mais… Un matin elle avait oublié d’allumer l’eau du robinet et s’était quand même aspergé une fois le visage avec de l’eau. Bref elle avait compris que l’eau pouvait apparaitre et qu’elle ne faisait pas pipi au lit.

« Et je peux aussi en faire apparaitre un peu, genre une coupe de main. »

Encore fallait-il réussir à choisir le lieu où apparaissait l’eau, en hiver cela pouvait être grave chiant. Quoi dans les airs mais non sur ton pull chaud et oui, c’est tellement plus drôle de te transir de froid ! Quoi ça ne te fait pas rire, mais voyons ! Bref, la jeune femme allait de déconfiture en éclaboussure et remerciait toujours les dieux et les esprits d’avoir permis à l’homme blanc d’inventer le sèche-linge.
Bien entendu elle n’était pas certaine que cette découverte appartienne réellement à un homme blanc, et elle n’avait jamais eu la curiosité de chercher quoi que ce soit à ce sujet… Mais il n’imaginait pas un de ses frères de couleur scientifique. Elle était tellement déconnectée de cette réalité qu’elle imaginait que tous l’étaient aussi. Peut-être son esprit n’arrivait-il pas à dépasser les limites d’une réalité qu’on lui avait imposée. Les mots étaient des couteaux qui modelaient la pensée comme du bois, lui donnant la forme qu’ils voulaient.

« Donc échauffement ! »

L’africaine s’assit en tailleur sur le sol et se concentra elle avait apporté une bouteille d’eau mais elle voulait essayer d’en faire apparaitre. C’était difficile, il fallait qu’elle visualise l’eau. La rapatriait-elle réarrangeant les atomes diffus d’H2O présents dans l’air, ou les faisait-elle basculer d’une autre réalité ? Elle ne le savait pas mais elle se rendait compte qu’il lui fallait un gros effort de volonté. (ce qui en soit était ridicule quand elle en faisait aussi apparaitre par mégarde, pourquoi les choses n’étaient-elles jamais simples avec les pouvoirs ?) Volonté qui s’éparpilla à la question du jeune homme.

« Je n’ai jamais fait attention, il y a tellement d’eau ici, des canalisations, des égouts, des tuyaux… Il y en a partout… Alors je sais pas si je sens quelque chose de particulier parce que je n’ai jamais « rompu le contact. » Tu ressens quelque chose de particulier en présence d’ai… »

Elle ouvrit et referma les yeux plusieurs fois. Se sentant extrêmement bête. Elle se mordit la lèvre avant de reprendre.

« Il faudrait que je retourne en Afrique pour savoir… Tu as dit un peu plus tôt que tu avais quitté Terrae, comment ça s’est passé ? »

Quand elle lui avait demandé commence cela s’était passé, elle s’intéressait plus aux cheminements administratifs qu’il avait du faire. Elle était habituée à ce que les administrations marchent aux pots de vins et diverses dessous de table pour accélérer les choses, pourtant elle osait croire qu’il n’en allait pas de même à Terrae. Elle était certes curieuse des conditions qu’il avait remplis pour pouvoir quitter l’enceinte cloisonnée.
Si elle avait été plus perspicace, ou plus adepte de la théorie du complot elle se serait peut-être demandé si on n’enfermait pas ici tous les gens qui avaient des pouvoirs pour les maitriser. Contrôlant sans qu’ils n’en aient conscience leurs faits et gestes, les endoctrinant pour en faire de gentils et dociles petits masters… Si elle en avait plus fréquentés elle se serait peut-être rendue compte du fait qu’ils n’étaient ni gentils ni dociles (ni même responsables…) Elle ne se rendait jamais compte de rien de toute manière, perdue qu’elle était dans son petit monde de contes merveilleux.
Pourtant là elle sait confusément qu’elle vient de faire de la peine à Allen. Elle s’en veut d’autant plus qu’elle ne comprend pas bien pourquoi alors qu’il lui narre son histoire en choisissant ses mots. Elle est conteuse, elle sait quand on cherche à raconter quelque chose de difficile, elle sait quand on cherche ses mots. Alors elle attend qu’il ait fini de parler, de se confier.
D’autant plus qu’elle sait. Elle connait la souffrance de la maladie, elle vit chaque jour en sa compagnie. En compagnie de cette flopée de médicaments qu’elle doit ingurgiter à heure fixe. Malgré son ton lourd elle ne peut s’empêcher d’éprouver de la joie. Il parle d’elle au passé, la maladie est partie. C’est un grand soulagement qu’il doit ressentir non ?

« Je suis heureuse que tu ailles mieux… »

Peut-être n’entend-il pas les paroles de l’africaine alors que la bourrasque les emporte. La bouteille chute sans bruit, se vidant sous les yeux calmes de la jeune femme. Le nippon semble un peu plus paniqué, craignant un quelconque accès de colère qui ne viendrait pas. Elle releva la bouteille pour sauver ce qu’elle contenait encore.

« Ce n’est rien ne t’en fait pas, regarde ! »

Elle passa la main au-dessus du sol humide et aussitôt l’eau s’en détacha pour venir former une petite boule dans les airs. Bien qu’étalée sur le sol elle ne s’était pas évaporée, elle était toujours là accessible. Certes la détacher d’un sol dur était un exercice plus difficile que de la séparer d’elle-même… Mais au fond l’opération n’était pas bien différente. Elle fit rentrer à nouveau le précieux liquide dans la bouteille et leva les yeux pour regarder les exploits du jeune homme. Elle lui sourit, c’était beau.

« Alors tu es un maitre des tempêtes ? »

La question s’échappa avant de quelconques félicitations. C’était la première fois qu’elle en voyait un, et de nombreux contes à leur sujet lui revenaient en mémoire. Elle savait que Terrae ne suivait pas précisément les règles qu’on lui avait apprises, mais la curiosité l’emporte :

« Tu manges des esprits ? »

Les mots se forment derrières les yeux d’argents. Elle ne les laisse pas s’envoler car la réponse est longue, alors elle cherche la formulation la plus adéquate pour cette histoire qu’elle racontait parfois lors des veillées. Elle cherche et se sont des souvenirs qui remontent, des images qui se mèlents aux phrases perdues. Comment cela commençait-il déjà ? Les mots reviennent avec l’intonation du mystère qu’elle prenait toujours au début d’une histoire…

‘’Il n’y a pas si longtemps’’ étaient souvent ses premiers mots, car si la vie humaine était bien courte, les histoires qui la jonchaient étaient intemporelles. Qu’importe le lieu, ou la date, ce qui était arrivé était arrivé.
Elle se souvint des yeux de sa sœur qui suivaient la danse des flammes sur sa peau, reflets chaleureux alors qu’elle comptait pour la dernière fois cette histoire. Cela lui semblait si lointain, plus encore que les mots qui continuaient d’existe.
Plus que cette histoire d’homme du désert qui chevauchaient les vents et dévoraient les esprits. Ceux qui dissimulaient leurs visages sous d’étranges parures bleues et avaient le pouvoir de ne jamais perdre leur route. Elle se souvient qu’elle les disait valeureux sans jamais n’avoir croisé leur route. Elle se souvint qu’ils étaient forts et beaux, mais qu’elle n’avait jamais décri leur beauté… Etaient-ils grands ? Petits ? Blancs ? Noirs ? Ils étaient pour elle imposant mais leurs masques de tissus leur mangeaient le visage et le bleu était leur seule caractéristique. Ce bleu profond et pur de l’aurore qui pointe sans encore apparaitre. Ce bleu chaud qui invite le soleil à se joindre à lui, ce bleu qu’ils avaient volé à la nuit en chevauchant ses vents…

Elle ne retrouva pas les mots justes et ceux qu’elle avait rassemblés s’éparpillèrent alors qu’il continua. Elle sourit doucement, ne le prenant pas mal. Elle venait d’apercevoir un fossé qu’elle savait pourtant existant. Elle sourit pour masquer la peur que ce fossé faisait naitre en elle. La peur de l’isolement qu’elle repoussât toujours plus loin. Il se reprit mais elle ne se sentait plus le courage de lui raconter son histoire et de creuser encore plus cet espace qu’elle aurait voulu combler. Elle se tût par peur d’être rejeté.
Rien dans l’attitude du jeune homme n’aurait pu la pousser à cette conclusion. Celle qu’il la rejetterait à cause de sa différence, mais c’était la peur qui avait une fois de plus pris le dessus. Alors sa réponse ne fut pas celle qu’elle s’apprêtait à donner. Pour la première fois le mensonge vint plus facilement que la vérité, et quelque chose s’éteint un peu en elle. Ce n’était rien d’important, et elle ne s’en rendit pas compte sur le moment. Elle ne s’en rendrait compte que des années plus tard, c’était la première fois qu’elle renonçait à ce qu’elle avait connu.

« C’était de l’humour ne t’en fais pas. »

Mensonge. Elle changea de sujet :

« A part l’air, tu as d’autres pouvoirs ? Je veux dire, moi par exemple parfois j’ai des visions… Tu as quelque chose comme ça ? »

HRP : c'est moi qui m'excuse mes réponses vont bien s'espacer >.<

Sonore ? Elle se demandait si cela faisait de lui un bon musicien ? Ou alors se servir de son don pour faire de la musique c’était tricher ? Un peu comme si elle essayait de lire les résultats du loto avant qu’ils ne paraissent ? Elle nota tout de même cette idée dans un coin de sa tête, cela ne semblait pas très légal dit comme ça, mais il n’était écrit nulle part qu’il était interdit de se servir de ses dons pour gagner au loto non ? Il faudrait qu’elle se renseigne, peut-être qu’il y avait une charte des voyants assermentés ? S’il n’y en avait pas elle profiterait de ce vice pour rendre Adjambo et sa mère riches ! Et surtout très heureuses, elles seraient traitées comme des reines et ne manqueraient plus jamais de rien… Bon, bien entendu avant de se faire, elle devrait apprendre à maitriser son don, ce qui ne semblait pas être une mince affaire… Mais en théorie… Cela pouvait marcher, peut-être d’ailleurs que l’argent quasi illimité dont jouissait l’institut qui offrait le toit et le couvert à tous ses étudiants venait de là ? Bien entendu il aurait été évident qu’il y avait tricherie (qui n’en était pas vu que la loi ne stipulait nulle part qu’il était interdit d’user de dons de prévoyance pour jouer au loto) si une même personne avait gagné sans cesse au loto… Mais quelques placements astucieux en bourse suffisaient à assurer une bonne rente.
La suite de ses paroles la mettent mal à l’aise. Il s’agit donc d’un sorcier puisqu’il peut envouter les hommes. En théorie, comme il s’applique à le répéter. C’est un hasardeux choix de mots qui emmenaient la jeune femme à se mettre en alerte. Les sorciers étaient des personnes dangereuses qui s’en prenaient à tous ceux qui n’allaient pas dans leur sens. Elle décida de prendre des pincettes, on lui avait parfois dit que les manitous blancs étaient les plus à craindre, s’il ne se doutait de rien, alors peut-être que leur relation resterait à la bonne entente qu’il y régnait depuis le début. Lui mentir n’attiserait-il pas sa colère ? Elle hésitait, et sa douceur finit par trancher, elle n’avait pas grand-chose à perdre en l’occurrence. Elle lui sourit :

« Si un jour tu veux passer de la théorie à la pratique, tu pourras essayer de me faire faire, euh, des choses. »

Elle ne se rend vraisemblablement pas compte du contenu tendancieux de ses propos, elle s’est juste mise à la place du jeune homme. Entrainer ce genre de pouvoir ne peut pas se faire seul, et trouver un partenaire ne doit pas être des plus aisés pour cette discipline… Il avait toujours été plutôt bienveillant à son égard, elle pouvait donc lui faire confiance, bien qu’il s’agisse d’un marabout blanc non…

« Mais tu peux m’expliquer ce que c’est que les U traçons ? »

Le pire ? C’est qu’elle ne comprend absolument pas ce qu’il peut bien se passer dans la tête d’Allen. Afya, si elle sait comment on fait les bébés elle n’a pas de vocabulaire pour le développer, elle devrait immensément réfléchir pour ne pas utiliser des mots crus et le sous-entendre… Encore une fois elle se trouvait bien dépassée par ses propos… Heureusement qu’Allen n’en avait pas profité ! Quel embarra, quel effroi si cela avait été le cas ! Elle remarqua qu’il avait l’air un peu… choqué ? affolé ? avait-elle dit quelque chose de bizarre, il ne lui semblait pas… Alors elle conclue que quelque chose n’allait pas :

« Tu te sens bien ? »

Et s’il était en train de… De quoi d’ailleurs ? Elle ne savait pas, mais parfois les gens regardaient dans le vide et ne se rendait plus compte qu’on leur parlait, et après ils avaient mal quelque part. Les esprits n’étaient pas innocents de ces faits, ils pouvaient tout à fait s’en prendre à un manitou avant qu’il n’acquière la pleine puissance de son don. C’était tout à fait envisageable…
Comme pour se ressaisir il répondit très vite à ses questions, elle ne comprenait pas trop mais elle avait décidé de faire confiance au futur sorcier. Ce qui était sans doute bien candide (et totalement fou de sa part mais ne parlons pas des sujets qui fâchent)…
Elle le regarde et peu à peu elle ne comprend plus du tout ce dont il parle, les fréquences ? Elle ne connait pas la réelle signification de ce mot, être sur la même fréquence, c’est être du même avis… Alors du coup doit-elle comprendre que les ultrasons existent sur plusieurs avis ? Et du coup les personnes âgées n’entendent pas tout les avis ??? Mais les animaux entendent plus d’avis que les humains ? Elle se perd absolument et c’est bien visible sur son visage… Elle comprend rien, elle n’a pas le niveau… Pourtant elle ne lui en veut pas, elle sait que le problème vient d’elle et non de lui. Elle n’ose d’ailleurs pas lui dire qu’elle n’a rien compris, elle ne veut pas le peiner alors qu’il a essaé de lui expliquer avec gentillesse.

Par contre sa remarque elle la comprend et essaie de se repasser toute leur conversation depuis qu’ils se sont rencontrés… Ce qu’elle n’arrive bien entendu pas à faire, elle se rappelle les grands axes, la majorité de ce qu’il lui a appris, mais bien peu de ce qu’elle a elle-même dit. Elle cherche et remonte, ne trouve rien, redescend… Se renfrogne…

« Je n’aurais pas du te demander si tu mangeais des esprits, tu as raison c’était déplacé. »

Afya, que rajouter… Que dire de plus ? Elle est pareille à elle-même… C’en est déroutant à bien des égards, mais elle veut bien reconnaître ses torts et essayer de s’améliorer.

De quoi parlait-il alors, elle paniquait un peu de l’avoir offensé sans le vouloir. Elle était à mille lieues de la réalité, mais elle ne le savait pas. Avait-elle fait quelque chose qui l’avait peiné ? Quelque chose d’inapproprié ? Elle ne voyait pas quoi et cela lui faisait perdre ses moyens. Elle se sentait vraiment mal à l’aise. Quand il évoqua leur conversation passée elle hocha la tête.

« Oui ? »

Elle se rappelle tout à fait avoir dit cela, bon approximativement, mais elle l’a dit. Elle ne comprend juste pas pourquoi il relance le sujet, c’était un sujet si ce n’est normal de conversation qui lui semblait totalement dénué de quiproquo… Elle n’aide vraiment pas le pauvre Allen qui se trouve tout à fait mal à l’aise embarqué dans des explications tout à fait douteuses… Surtout que non elle ne voit pas ce qu’il veut dire, elle cherche retourne ses mots dans tous les sens et justement ne leur en trouve aucun.
Il s’enfonce et elle ne lui tend pas la main pour s’en sortir… Mais enfin son visage s’éclaire, elle l’a compris !

« Ah, mais je sais ! »

Afya salvatrice du palpitant du jeune maitre de l’air. Elle a enfin compris de quoi il en retourne, ce n'est pas trop tôt...

« Mais comme je te fais confiance, tu peux vraiment t’entrainer sur moi et me faire faire ce que tu veux, peux, j’ai pas peur… »

En réalité elle n’a rien compris désolée. Elle croit qu’il parle du fait que les gens qui ont son pouvoir pourraient être mal intentionnés. Elle le sait ça, mais juste elle se dit qu’elle a bien cerné le jeune homme et qu’elle ne le voit absolument pas lui faire faire quelque chose d’absolument inapproprié ou de dégradant. Elle voulait bien lui faire confiance, après évidemment sa confiance pouvait totalement être baffouée… Sous entendait-il qu’elle n’aurait pas dû lui faire confiance ? Cela la peinait, elle se disait qu’ils auraient pu devenir amis avec le temps si ils commençaient à se faire confiance.

« Je n’aurais pas dû ? »

Elle était triste, mais elle lui laissait encore une chance de la détromper. Afya était encore et toujours à côté de la plaque, ne comprenant pas ce qui lui arrivait, ou ce qu’elle avait à faire… Et pire ! Elle ne comprenait pas le mal dans ses propos, elle était prude. Ou cruche. Ou les deux en fait…  Le pauvre Allen… Il ne savait plus où se mettre, il allait finir par la planter si elle continuait comme ça…

HRP : pardon mais je suis morte de rire. Afya quand elle veut pas, elle ne veut pas... xD

Regardé comme ça ? Parle-t-il de ce regard triste et rempli d’ignorance, celui d’une trop rapidement apportée confiance ? Ce regard pur qu’elle pose sur le monde. Elle ne saurait comment changer de regard, elle est née avec celui-ci. Ces yeux d’argents qui semblent luire dans le noir, lui donnant un regard félin. Elle est désemparée, alors elle plaque ce sourire de défense sur ses lèvres et baisse les yeux. La fière est trop douce pour la colère, la fière a perdu le feu qui faisait d’elle une lionne, et chat blessé elle ne se dresse plus flamboyante. Elle n’est plus qu’Ombre.
Ombre de celle qu’elle pourrait être. Ce sourire vide, est son dernier rempart. Cette défense qu’elle dresse quand elle est perdue, et ne sait plus comment agir. Ce sourire qui tient les gens à distance et les empêchent de poser les questions auxquelles elle ne saurait que répondre. Il cache beaucoup de choses : sa culpabilité, sa déception sans cesse grandissante. Ce sourire balaie doucement tout ce qu’elle a à offrir, palissade au chagrin qui voudrait déborder. Qui cherche-t-elle à protéger en l’abordant comme un étendard ? Elle ? Les autres ? Les deux ?

Elle sourit.

Ses paroles la sauvent un peu, le terne reflue alors que le rouge ne se voit pas sur ses joues. Le terne quitte son regard, qui ne regarde plus le vague mais ses pieds avec timidité. Loin d’elle l’idée d’insinuer ce genre de choses, c’est si loin de ses envies et de sa manière d’être qu’elle ne pouvait les comprendre. Elle réarrange ses pensées et ses cheveux qui ont glissé sur son visage comme pour cacher les dégâts de la honte.

« Je… »

Elle hésite, maintenant qu’ajouter ? Les mots s’échappent, leur sens avec. Elle essaie de les attraper, mais ce n’est pas une histoire qu’elle voudrait écrire. C’est une excuse, elle n’a jamais été forte pour demander pardon. C’est pour cela qu’elle a toujours consciencieusement évité. Elle rassemble son courage.

« Pardon ! Je… Ne voulais pas du tout insinuer que je voulais qu’on couche ensemble… Je ne veux pas qu’on… enfin tu vois ? Et… Surtout je ne voulais absolument pas que tu le prennes mal, bien entendu que je ne veux pas qu’on couche ensemble ! Je suis désolée, je ne voulais pas te mettre mal à l’aise… Ou te faire des propositions désagréables. Tu n’as rien à craindre avec moi ! »

Bon… Au moins, elle a compris ce qu’il voulait dire….