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L'ange et l'ordure. [PV I & A.]
##   Dim 28 Aoû 2016 - 13:24
Anonymous
Invité

“Mais la vertu ne s' émeut pas du vice
Qui la courtise en se parant de ciel
Et la luxure, unie au plus bel ange,
Après s' être gavée d' un lit céleste
Se repaîtra d' ordure.”
Ipiu & Tjay Ahmès


Là.

Elle est là. Juste là. Face à toi. Plus proche de la terre que toi. Tu la fixe. Elle aussi. Pour elle, tu es l'allié d'autrefois. Ce chien du centre, qui lui donnait ce qu'elle avait besoin de savoir sur les gens. Toi aussi, tu avais tout ce qu'il te fallait pour comprendre. Mais tu ne comprenais. Tu n'en avais pas l'envie ni la foi. Un côté naïf ou lâche. C'était au choix. Ton air candide ne te permet pas de te cacher de ta nature. Il ne te cache de rien. La lune t'as prise sous son sillage, elle t'éclaire sans que tu n'y fasses attention.

Aujourd'hui, il te faut assumer. Tout assumer. Tout comprendre.

~  ~

Un an. Tu as passé la barre fatidique des vingt-six ans. Tu aurais été trop vieux pour rentrer ici. Et pourtant, on te laisser errer. Tu vois Aaron de temps à autres, depuis votre rencontre sur le toit. Il est un des rares à tenter de t'arracher à ta solitude, à ta morne existence, à ce vide qui te fige dans le temps. Celui qui tente d'aider l'enfant en toi à sortir de sous le lit. Avec ou sans arme, tu continues de t'y prostrer, d'y laisser couler des larmes sans vie, sans envie. Tu es resté vide, longtemps encore. Tu avais pu apercevoir Toumaï, quelques fois, par-ci et là, restant dans l'ombre qu'elle produit, de part le soleil de ses boucles blondes. Tu revois encore ses yeux violets vifs cherchant cet espion, sûrement par instinct. Mais elle ne pouvait te voir parce que tu étais encore invisible à ces moments-là. Puis, Aaron t'a relevé une ultime fois.

Alors, il a fallu se reprendre, au moins un peu. Il a fallu te remplumer, commencer doucement à s'armer de courage et sortir le bout du nez, tel un furet timide. Étudier un peu, aussi, sortir de ton mutisme, t'ouvrir. Les visages de certains restent en mémoire là où d'autres se sont effacés, encore et toujours. Tu ne veux toujours pas te souvenir de Jenny. Ton esprit n'est toujours pas prêt à se souvenir du monstre que tu es, sans savoir être un soldat pour autant. Tu n'es plus rien depuis que les lèvres carmines se sont parés d'un tout autre rouge. Sauf que cette fois, tu n'étais pas venu les déranger pour tenter d'en chasser toute couleur à travers des baisers.


~  ~

Douloureux. C'est douloureux. Tu ne t'y attendais pas, il faut bien l'avouer. Ce regard qu'elle te lance, c'est bien loin d'être celui qu'une sœur porterait à son frère. Tu n'es que l'étranger, le bâtard du Centre, l'informaticien qui habitait dans ce pays qui l'a vu naître. Ce drôle de tacheté charmeur avec qui elle jouait le jeu juste pour te manipuler. Au fond, toi aussi tu faisais cela, parce que c'était sympathique de jouer à ce jeu d'idiot. Pour venir ici, elle avait dû prendre l'ascenseur. Elle avait dû traîner ses roues jusque là. Au moins, elle ne peut prendre de l'élan pour te tuer. Et toi, tu restes figé alors que tu as encore user de ton arme à toi, ton ami le clavier pour un rendez-vous anonyme. Tu avais signé de ton « F » de toujours et tant espéré qu'elle vienne.

Ta gorge est serré, tes yeux humides, l'estomac qui se tord dans tout les sens. Tu voudrais mourir, finalement. Sauter de là pour rejoindre à ton tour la terre après avoir vu les cieux à travers ses yeux. C'est ta chère sœur, enfin là, vous voici enfin réunis. Tu souhaitais tant le meilleur et ne voyait que le pire. Tu prends conscience qu'elle ne sait rien de toi et que toi non plus, tu ne connais que ce que tu as pu capter de sa vie. Elle t'es inconnue, cette sœur pourtant adorée. Tu finis tout de même par inspirer pour ne pas pleurer pour de vrai, pensant à des encouragements et doucement, ta voix se fait entendre. C'est épuisant.

« Toumaï... »

Tu ne peux pas dire grand chose. Doucement, d'une main tatouée, tu sors de la poche de ta chemise une photo. Elle représente un temps tant ancien, oublié presque. Une tête blonde avec une brune. Le soleil et la lune, réunis pour un moment factice, peut-être ? Encore que non, car à l'époque, vous étiez heureux. Elle était encore la princesse, tu pouvais encore croire que tu étais le chevalier.


Elle date du temps des illusions.
Et tu la tends, dans l'espoir terriblement fou qu'elle te haïra moins.




© Gasmask


Dernière édition par Tjay Ahmès Ibn la-Ahad le Lun 5 Sep 2016 - 11:58, édité 2 fois
##   Dim 28 Aoû 2016 - 14:56
Ipiu Raspberry

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La journée avait commencé sans fanfares ni glas, une journée normale ou le temps semblait filer beaucoup trop vite pour moi. La vie me rattrapait, la réalité était cruelle parfois, heureuse souvent. J’avançais doucement, à mon rythme laissant le courant et les remous que font les gens, mes amis frôler mon dos. Je vais bien, j’aime cette vie calme aux opposés avec celle qui me jetais contre les récifs, me broyant dans les rapides, m’écorchant contre les à-pics cruels.  
Nathou est revenu dans ma vie comme s’il n’en était jamais parti, sa droiture est pour moi un prompt renfort. Il donne à ma vie le cadre qu’il lui manque. C’est reposant, Aaron par contre chamboule souvent tout. Débarquant à l’improviste, me, nous mettant dans la merde assez régulièrement. J’ai parfois l’impression de ne pas être la même personne avec ces deux hommes chers à mon cœur, sans pour autant savoir laquelle est vraiment moi… Je m’en moque, je suis. Je suis illogique, lunatique, blagueuse, sérieuse, têtue, maladroite, docile. Je suis une amie, une chipie, mais pourquoi refuserais-je d’être tout ça à la fois ? Pourquoi m’obstiner à vouloir être unique ? Manichéenne ? Pourquoi ai-je si longtemps cherché à rentrer dans une boite ? Je ne suis pas un adjectif, je ne me résume pas pas un adjectif. Je suis et je vous emmerde !

La journée est entamée, le portable délaissé jusqu’alors regagne mes mains en quête d’une information de la plus haute importance, en quelle année est sortie le film le cinquième élément ? Cela n’a aucune importance et pourtant la question m’obsède depuis ce matin, je suis persuadée d’avoir déjà rencontré cette information mais elle tente de s’échapper toujours plus loin. Alors je me résous enfin à aller chercher l’information.
Oh ? Un mail ? J’ouvre machinalement l’application m’attendant peu ou prou à une des chaines remplies de blagues d’Aaron ou à un message de Nathou, ils sont les seuls à user de ce moyen de communication pour me joindre. Les autres toquent à ma porte ou me sautent dessus dans les couloirs, heureusement que mon cœur est l’une des parties les mieux accrochées de mon anatomie.

Mes sourcils se froncent alors que mes yeux parcourent le message, un frisson me parcours. Le rêve est fini la réalité vient me couper le souffle il me faut un moment avant de comprendre, un moment de plus avant d’accepter. Le répit est terminé, que croyais-je ? Que j’avais le droit au bonheur ? Que ma liberté m’était acquise ? Mes dents se serrent à m’en faire mal, mon estomac se rebelle contre  mon et un haut le cœur violent me secoue finalement. J’ai du mal à retenir le flux nauséabond de s’échapper d’entre mes lèvres blanchies. Ils sont de retours, mais je ne suis plus leur jouet.
F, un pseudo gommé par le temps. Un informateur, un jeu dangereux. Une bribe d’un passé que je croyais sentir s’éloigner. J’ai envie de pleurer, de crier et une chape de plomb de rage froide s’abat sur moi.

La rage froide et élimé dévore ce qu’il y a à dévorer et chasse le sentiment de danger qui m’avait fait chanceler. Je ne suis plus leur jouet, je ne me laisserais plus atteindre. Je n’ai plus peur d’eux. Le sourire gagne peu à peu mes lèvres, froid acide. Corrosif.

***

La nuit tous les chats sont gris et pourtant lui me parait noir, noir teinté de blanc, je l’observe dans l’ombre de la porte entrebâillée, il m’attend. Sait-il seulement à quel danger il s’expose ? Ils auraient du me laisser tranquille, continuer à croire aux mensonges, continuer à regarder ailleurs. Quand on ne veut pas connaitre une réponse, on ne pose pas la question. Le moteur silencieux me propulse vers l’avant, l’ombre se retire et les rayons de la lune accrochent mes cheveux. Mon regard se teinte de haine quand j’entends ses mots à moitié murmurés. Je voulais parler, savoir ce que le Centre me voulait avant de frapper, négliger les infos que l’ennemi donne avant qu’on ait commencé à le torturer est idiot. Ce nom, oublié laisse échapper ma rage. Les éclairs partent avant que ne les réfrènent les cueillant l’homme du passé au ventre. Déchirant ses cellules et sa conscience, brûlant sa chair.

« Ne m’appelle pas comme ça, jamais. »


Il n’en a pas le droit, personne n’en a le droit. Ceux à qui il appartenait sont morts, passés révolus, souvenirs oubliés. La douleur se mêle à la rage, encore ils ont osé. A nouveaux mes lèvres blanchissent dans un sourire torturé et froid. Alors qu’il se remet, le portable sur mes genoux est enclenché, le numéro appelé.

« Aaron, il y a un intrus du Centre ici. Puis-je le tuer ?
- Ah. Euh. Oh. Je ne suis pas sûr que ce soit une excellente idée, là, tu vois… »

J’m’attendais à quoi là ? Qu’il me dise « vas-y ! » On parle d’Aaron, il fait juste semblant d’être con, il sait que c’est un avantage stratégique que de le garder en vie. Merde, j’aurais dû le buter avant et dire que c’était un accident.

« Je le maitrise, tu peux arriver ? Je suis sur le toit, je suis pas certaine de me retenir ! »

Le téléphone s’éteint et mon regard de glace transperce l’étendu haletant sur le sol, haineux.


“- A qui la nuit fait-elle peur ?
- A ceux qui attendent le jour pour voir.”
― Pierre Bottero, Ellana
##   Dim 28 Aoû 2016 - 15:31
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Ça s'envole. Tu la vois, partir dans les airs là où toi tu tombes, genoux qui claquent contre terre. Clac. Ce bruit est un écho au tonnerre qui a mordu ton espoir. Fou. Tu as été fou de croire que se relever pouvait suffire à ne plus te faire manger le béton. Tu as cru pouvoir tenir debout ? Pauvre fou, la réalité à toujours su te rattraper tandis que les larmes s'échappent de toi, enfin. Au moins, elles ont le mérite d’être claires, elles. Sans taches quelconque. Il était l'heure, Thay Ahmès. Il était temps de retrouver une vie d'adulte. Il. Était. Temps.

Le temps te foudroie sur place, l'onde fait voler légèrement les cheveux de Toumaï.
La photo, souvenir d'une époque d'insouciance a le coin supérieur droit de brûlé.
La cendre vient vite, de nouveau.

Cendres, poussières, sangs, brûlures.

Une goutte de sueur froide s'écoule le long de ton échine courbée, suivie bien vite par tant d'autres. La douleur physique fait enfin écho à celle intérieure. Tu es finalement bien vivant et au fond, tu es splendide, sans le vouloir. La voix de ta chère soeur se fait entendre, dans ce qui semble être une autre dimension. Quand tu fermes les yeux, l'instant d'après tu as la sensation que Jenny te caresse les morsures que la foudre a laissé. Ça soulage. Ça fait se sentir bien. La douleur devient presque salvatrice. Tu payes enfin ton crime. Elle peut  commencer à reposer en paix, dans ton esprit. Seulement le début de votre fin qui se signe réellement.

Ton front va rejoindre tes mains, qui se sont jointes, à terre. Tout en tentant de retrouver ton souffle dans celui éteint de ta défunte femme, tu te mets à rire. Un simple rire au départ qui doucement se transforme en une cacophonie douloureuse. Ode à la vie. Un esprit qui se laisse déchirer par ses émotions longtemps enfouie, sous couvert d'adrénaline, d'endorphines. Un an sans sortir pratiquement, autrement que pour aller parler petit à petit à Aaron. Ton long silence se trouve brisé pour de bon, s'écoulant tout autant par le rire que par les larmes qui ne parviennent à s’arrêter non plus.

Rires, pleurs, bonheur, souffrances.

Serait-il fou ou idiot de dire que tu es soulagé, finalement ? Toumaï t'a exprimé une émotion. Aussi dure soit-elle, aussi gravée puisse-t-elle être désormais, elle est bien là. Relève le front, affronte de nouveau. Regarde. Il était temps de recevoir l'attention que tu réclamais depuis tellement longtemps. Ce soir, mourir de sa main sera le plus beau des cadeaux qu'elle pourra te faire. Il sera le dernier. Le plus fort. Mourir sous ta mère lunaire, après y être né. Le soleil et la lune. Quand l'un apparaît, l'autre doit s'éclipser. Les nuits sont douces mais souvent effrayantes, aussi. Alors, c'est au soleil de rester. Car il éclaire toujours tout, même les ténèbres dans les rancoeurs.

« Toumaï... »

Et tu souris, si bel idiot que tu es. Au travers des larmes qui se tarissent, tu souris. Car après tout, le même soir, tu auras retrouvé ta soeur et Jenny. Tes yeux se reposent enfin sur la photo, plus près d'elle. Avant qu'ils ne se closent. Tu attends que ta bien-aimée d'autrefois revienne t'effleurer. Cette fois peut-être, elle va te serrer contre elle, pour de bon.

Tu es si serein : ça ne claquera bientôt plus.

C'était une belle nuit, si douce et sauvage. Elle était apparue pour amener l'aube écarlate plus vite.
L'impatience brûle les coeurs.
L'un bat d'amour.
L'autre abat sa haine.



© Gasmask
##   Dim 28 Aoû 2016 - 20:17
Ipiu Raspberry

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La rage ça brûle, ça transforme. Je ne me reconnais pas en ce glacial personnage qui mire de haut l’homme à terre. Froide, mon expression ne reflète aucune des émotions qui troublent mon esprit. Je ne reconnais pas cette femme qui n’a pour seul désir que de faire souffrir autant qu’elle souffre.
Ces conflits que j’essaie d’oublier se retrouvent projetés avec violence dans le théâtre de mes pensées. Le Centre… La haine refoulée éclate, brûle décape l’intérieur de mes veines, change cette chose douce que je devenais, cette chose qui se croyait guérie. Foutaises.

J’ai envie de le tuer, de l’entendre crier, s’excuser. Pour ces choses qu’il n’a pas faites, pour le mal qu’ils m’ont fait, pour ce qu’il représente. Je les voudrais tous morts car je voudrais ne plus être à leur merci. Ne plus craindre de les voir bouleverser ma vie comme si elle n’avait pas le droit d’éclore, de s’épanouir et de se développer. Je veux qu’il meure pour avoir à nouveau cette sensation d’être en sécurité, pour ne pas être rongée chaque jour un peu plus par la crainte qu’ils leurs fassent du mal. Pourquoi ? Pourquoi je n’ai pas le droit d’être libre ? Pourquoi les chaines brisées doivent-elles peser si lourd.
Je veux qu’il meure parce qu’il me rappelle sa trahison. Leur trahison. Mes sentiments bafoués, mes rêves écrasés. Il me rappelle cet amour qui n’a pas voulu disparaitre. Ce besoin de le revoir refoulé, cette colère, toute cette immense colère que j’ai fait taire. Il me rappelle tous ces bas instincts que j’ai appris à combattre.
Il est devant moi et il rit à s’en briser les côtés, comment peut-il rire ? Je suis en colère… Je veux du sang, de la souffrance dans ses yeux, et je veux qu’il s’arrête de rire.

TA GUEULE ? Il y a quoi de drôle ? Toi aussi t’as compris ? Compris qu’ils se sont foutu de ta gueule, qu’ils t’ont jeté dans un traquenard ? Tu es un test, un simple petit test, si tu disparais alors ils sauront que j’ai trahi. Tu comprends que tu n’as aucune valeur à leurs yeux ? Toute ta splendeur, toute tes souffrances, tout cela n’est rien à leurs yeux. Tu n’es rien ? ça fait mal non ?
Pourtant tu ris, tu ris comme un dément, comme un homme qui sent son heure approcher et défie la maraude de l’entrainer… Mais je ne le tuerais pas, je ne leur offrirais pas cette victoire quelle que fut la haine que tu m’inspire. Je ne serais pas cette chose faible qu’ils ont manipulée trop longtemps, fétu de paille dans la tourmente. Je serais forte. Je serais celle qui se tiendra fièrement aux côtés de ses proches, celle qui sera une amie, une sœur, une humaine.

Le regard reste froid, sans émotions, il juge. Le coup était fort mais pas réellement assez pour tuer, blesser était le but. L’unique malgré tout ce qui aurait poussé à franchir le pas, tout ce qui gronde et déchire mon corps, réveillant des parties même que je croyais avoir oubliées, faisant trembler chacune de mes cellules de haine pernicieuse. Je ne le tuerais pas.

Ce mot encore prononcé, comme un appel ne m’atteint pas. Alors c’était ça leur but ? Me blesser pour pouvoir me retrouver sous leur coupe à nouveau. Je ris intérieurement, me demandant s’il pourrait se relever. Je n’ai pas tout contrôlé, je ne me suis pas contrôlée, ce sera la ma seule erreur ce soir. Ils ne gagneront pas. Ni aujourd’hui ni demain. Maintenant il ne craint plus rien, rien d’autre que la souffrance que je vais lui infliger, je vais lécher chacune de ses terminaisons nerveuses de mon pouvoir pour faire naitre en lui une douleur incommensurable mais sans jamais me laisser dépasser par mes sentiments, sans jamais plus n’abimer sa chair. Il souffrira ainsi sans fin, et sans répit jusqu’à ce que le coma salvateur le gagne… Mais avant cela, j’ai des questions.
Mes pouvoirs se projettent vers lui, j’instille en son esprit une envie de franchise et la crainte de ne pas me répondre jouant de ses sentiments. Tu joues à un jeu dont tu ne connais pas les règles. Ils t’ont lancé dedans sans te prévenir, pion échangeable sur l’échiquier du pouvoir. Tu te croyais important ? Tu te croyais fort ? Tu n’es rien.

« Pourquoi es-tu là ? »

Ma voix est mesurée, calme, presque douce. Je ne le brusquerais pas, pas encore. Cela viendra, chaque chose en son temps.

Je ne reconnais pas cette femme qui sait comment agir, cette triste stratège au regard vide. Celle dont les sentiments semblent à nouveau masqués derrière de hauts remparts, la princesse a regagné le donjon, laissant la pierre répondre à la clarté de la lune. Cette améthyste que juge l’homme, celle qui tranche et décide froidement de son destin.


“- A qui la nuit fait-elle peur ?
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##   Dim 28 Aoû 2016 - 22:18
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Mais rien ne vient. Ça sera donc bien plus pernicieux que ça. Tu restes ainsi, sur les genoux, ne cherchant plus à en bouger. Tes muscles hurlent déjà trop à l'agonie pour en voir ne serait-ce que l'envie. Tout te brûle, aussi bien l'esprit que le corps. Tu es une effusion de sentiments, retenues depuis plus de vingt ans. Ils ne demandent qu'à se déverser de nouveau, comme de la lave, encore. Il n'y a même pas besoin du pouvoir de Toumaï pour te faire répondre. Sauf qu'elle n'a pas envie d'entendre ça.

« Mère hurlait rarement... Elle était calme... J'aimais bien quand elle berçait sa princesse, parce qu'ainsi, je pouvais l'entendre chanter... Je crois que son époux était souvent jaloux, de ça... Je ne sais plus tellement... Mais... J'aimais bien, quand elle chantait... »

Toumaï s'en fiche bien, de ta crise existentielle. Si tu ouvrais les yeux, sans doute que tu verras toute cette haine froide. Mais tu ne le fais pas, comme attendant. Une douleur se fait sentir et toi, tu prends ça pour une autre caresse de Jenny. Sombre idiot.


« Jenny aussi, elle chantait quand je pensais trop à tout ça, pour me soulager de mes cauchemars. Ceux où les balles faisaient siffler encore les oreilles... Ceux où Mère tombait à terre... Ceux où il t'emportait... Ceux où il était encore un père... »

Une nouvelle larme vient à couler sur tes joues déjà rongés par le moment, par tout cela. Ton masque serein doucement s'effondre, tandis que tes cils scellés se souillent un peu plus encore. Ils laissent  passer tout de même ce fleuve qui t'habite. Toujours cette lave, qui brûlent les êtres. Un léger vent revient vous agiter les mèches, les vêtements, les âmes.

« ... Il n'a pas survécu à vos pertes... Il... Il a cessé de vivre... De me voir... Il a... Longtemps dit que c'était ma faute... Jusqu'à la fin... Jusqu'à... Mourir... Je voulais être le chevalier... C'est moi qui... Moi qu-.. A-aïe... »

Une nouvelle vague de douleur qui te fait rouvrir les yeux, qui t'as arraché ce petit bruit. Tu baisse la tête vers un bras et remarque ce rouge mordant qui se mêle à toutes les teintes de ta peau déjà présente. Tu reprends de l'air, tente de retrouver le fil de tes pensées et frémis quand tu te rappelles. Tu redeviens vite. Un automate face à sa propre existence tandis que tu reposes tes yeux hétérochrome sur elle.  

« ... C'était mon arme... Celle qu'on m'avait confié... Une autre prise d'air avant de se lancer. C'est moi qui aurait dû tirer, ce jour-là. La vérité ronge. C'est moi qui aurait dû finir ici... Pas toi, Toumaï... Si c'était moi qui avait été enlevé... Il aurait pu s'en remettre. »

Tu en es persuadé... Le pire étant que c'était vrai. Parce qu'elle a les yeux de votre mère. Que ça lui aurait été réconfortant de voir encore un bout de sa femme quelque part encore, de vivant. La gorge devient un peu plus sèche encore, l'émotion l'étranglant.

« Tjay Ahmès Ibn la-Ahad... Un jour, j'ai compris que c'était le mieux à faire... De changer de nom de famille pour ne plus avoir le même qu'avec lui... Ça devenait plus... Supportable... Je crois... ?  »

Pour qui ? Tu l'ignores. Ta voix devient faible tandis qu'arrive enfin la réponse qu'elle attend réellement. Celle du pourquoi de ta raison sur ce toit.

« ... Je ne sais pas pourquoi je suis là... Je pensais vouloir te voir plus que tout au monde... Alors pourquoi ça fait si mal... ? »

Cruelle vérité.

« Je voulais retrouver... Ma soeur... Mais tu es trop grande pour finir  notre château avec moi... »

Tu l'observes après tout ça. La douleur inonde ton cerveau, de nouveau. Tout devient flou...
Fermes-tu de nouveau les yeux ? Où est-ce le monde qui décide de s'effacer, pour toi ?

Tu ne sais pas encore s'il ne sera qu'intérieur, ton cri.
Celui que tu pousses depuis plus de quinze ans.
Personne n'avait su l'entendre.
Il ressemble à un « Pardon. »



© Gasmask
##   Lun 29 Aoû 2016 - 20:41
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Il cherche des excuses pour ne pas me répondre, il est fort je l’admets, il me parle de sa mère… D’une meuf, Jennie… Comme si j’en avais quelque chose à battre de sa mère, et ne parlons pas de sa copine. Sans doute il est déjà au courant au sujet des pouvoirs, j’ai dû en faire part au Centre dans mes rapports depuis qu’il est de « notoriété publique » qu’ils existent… Donc il doit être au courant et s’être préparé à noyer le poisson. Ma volonté se tend comme la corde d’un arc, exigeant plus de franchise de sa part et sa langue de délie.

Vos pertes ? Je tique, à qui s’adresse-t-il ? Est-ce à moi ou à un quelconque songe créé par la douleur. Ses mots sont emprunts de délires, je l’ai peut-être un peu trop amoché. Peut-être, je dois rester calme. Ne pas me laisser berner, il pourrait tout aussi bien… gagner du temps pour reprendre des forces et me bondir dessus, en corps à corps je ne gagnerais pas. C’est un euphémisme, je dois le garder à distance, mon fauteuil s’approche lentement de lui mais s’arrête à une bonne distance. Je distingue maintenant ses yeux vairons.
Ils m’ont toujours mise mal à l’aise, dérangée plus que je ne voulais l’admettre lorsque je travaillais avec lui son le pseudonyme Henrietta. Attirée aussi, nous jouions un jeu dangereux, de promesses charnelles jamais honorées, nous cherchant sans jamais nous trouver. Cela faisait entièrement partie de nos transactions.
Aujourd’hui ses yeux ne m’attirent plus le moins du monde, ils ne sont que le miroir de ma haine sauvage. Celle que je réfrène dans un sursaut de conscience. Dans un sursaut d’amour propre. Je ne serais plus celle qu’ils ont créée.

Ses paroles telles le venin s’infiltrent dans une plaie grande ouverte. De quoi parle-t-il ? Pourquoi ses mots trouvent-ils échos en moi ? Que… NON ! IL LE FAIT EXPRES ! IL SAIT. Il doit savoir ! Ce type… Désiré autre fois il me donne maintenant la gerbe. Alors nous y voilà ? C’est à cela qu’ils voulaient en venir ? Est-ce cela leur dernier atout j’ai envie de rire ! Alors quoi maintenant ? Ce prénom encore vient marteler à la porte de mon cœur, ce prénom qui me divise. Ne me définis plus, n’a plus à me définir. Ce prénom qui me blesse, qui rend l’enfant plus présente que jamais. Il me donne la gerbe, ses mensonges sont les plus venimeux que j’ai entendu.
Je voudrais qu’il se TAISE. MAIS FERME TAGUEULE ! L’électricité part, sans que je ne m’en rende compte. Je la rappelle vite, je veux des réponses. Pourtant le menteur distille son poison, goute par goute.

Je te déteste. Pour toutes ces choses que tu m’as volées et ne t’appartiennent pas. Ces choses que tu remues et déchires. Ces choses si intimes qu’elles en étaient oubliées. Je le déteste. Ce connard comment ? Comment ose-t-il ? Comment osent-ils ? Pourquoi ? Je n’avais rien demandé, la rage se contrôle lentement refluant en accompagnant mon souffle qui s’était emballé. Les larmes ne trouvent pas le chemin de mes orbites alors que chacune de ses phrases fait s’effondrer un rempart. J’ai oublié. Je ne voulais pas me souvenir de cette après-midi-là.

Je ne voulais pas me rappeler des rires qui s’étaient changés en cris, je ne voulais pas me rappeler de la douceur, ne laissant que l’horreur à l’horreur. S’il y avait du beau j’aurais envie de me retourner, s’il y avait du beau j’avais perdu quelque chose. Si je me retournais je ne pourrais plus avancer, je devrais chercher à reconstruire un passé perdu. Si je me souvenais je souffrirais.

J’ai mal. Simplement mal alors que des flots de douceur et de paix se ravivent dans mon esprit. Une main qui cajole, un père qui gronde et pardonne. Un sourire s’accompagnant de rires. Des rides au coin des yeux de ceux qui m’avaient mise au monde alors que je dansais sur la musique d’un quelconque objet mécanique offert par un ami de passage, des bouts de bois devenant un château aux tours imprenables. Des bras chauds et accueillants.

« TA GUEULE ! »


***

Ce n’est pas une sommation… La douleur prend le pas sur la raison. Les éclairs partent, protections d’un corps déjà effondré, d’une femme qui ne peut ni ne veut comprendre. Tu es là, pliée sur ces jambes immobiles alors que les vagues montent chamboulant ton âme. Ce qu’il en reste, Toumaï qui n’était qu’un nom, devient une femme. Une femme qui souffre et ne se comprend pas, une rêveuse qui s’est perdue dans un cauchemar, une enfant dont le corps meurtri ne sait plus exprimer sa douleur. Tu deviens celle dont les yeux restent sec alors que la souffrance irradie.



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Aaron Williams

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Aaron Williams
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Humeur : Aha ! ... Attendez, c'était une vraie question ?

Les secrets sont du poison. Chaque mot qu'on te confie ajoute un risque. Celui de te compliquer la vie, de créer des quiproquos, de mentir à ceux que tu aimes, de devoir choisir ton camp.

C'est bizarre, mais mon camp, je ne l'ai pas vraiment choisi. Pas souvent, mais parfois, quand nous avions le temps, et que nous nous se retrouvions, Tjay et moi discutions ; sur le toit le plus souvent, quand la nuit s'était déjà installée. C'était calme, c'était doux ; il est étrange, perdu, abîmé. Pour autant, j'aimais bien ces rencontres régulières. Ca me changeait. Puis j'ai appris à le connaître.

Récemment, nous nous sommes revus, et Tjay m'a parlé. Il m'a parlé de sa soeur, de ses boucles blondes et de son sourire, de ses yeux violine magnifiques et de sa peau ensoleillée. Il m'a parlé de ses réticences et de ses peurs, mais il n'avait que son prénom aux lèvres, et son espoir, l'espoir d'un frère qui retrouverait sa soeur qui n'avait pas eu le courage d'aller la voir encore.

Outre le fait de m'être reconnu un tant soi peu dans son récit, il y a autre chose. Il y a toujours eu autre chose.

Toumaï.

Elle était son soleil et son espoir, tout autant qu'elle avait été le mien un jour. Mais elle avait Tjay, elle avait ce frère, cette famille, cet homme qui l'a cherché, qui a commis l'irréparable pour venir à Terrae. J'ai fouiné, fureté ; j'ai eu envie de rire et de pleurer, peut-être parce que je me demandais comment elle allait réagir. Mais j'ai parlé d'elle, et j'ai attendu.

Puis il m'a dit qu'il irait la voir.

Ce soir, je suis pas tranquille, avachi devant le canap avec Gae. Il sent mon trouble et je n'ai pas pu m'empêcher de lui en parler, parce que c'est compliqué, que j'en avais aussi besoin. Puis j'ai eu le coup de fil.

— Non mais... Non mais attends ! Attends, j'arrive !!

Je saute du canapé, attrape mes chaussures pour sauter dedans et chercher un cristal de téléporteur qui traîne dans un tiroir.  Elle va vraiment le tuer, j'le sais ; ou plutôt, j'sais qu'elle le fera pas, mais qu'elle l'abîmera, qu'elle s'abîmera aussi, qu'elle leur fera du mal, à lui comme à elle, physiquement comme dans leur coeur.

— Gae, t'as pas vu- Le cristal, le cristal de téléporteur, tu l'as pas vu ?!

Cette fois, je m'énerve à demi et arrache un tiroir après l'autre pour en renverser le contenu au sol. Au troisième  tiroir, je le laisse tomber sur le sol. J'ai du mal à respirer, mes membres tremblent un peu. Au fond j'pensais qu'elle se mettrait en colère, mais j'm'attendais pas à ce que ça dégénère à ce point.

— Faut que je me grouille, pourquoi on trouve jamais rien quand on en a besoin ?!

Finalement, j'attrape ma veste. Hésite. J'ai peur, je veux être là, j'ai besoin d'être là pour elle, pour lui, pour eux ; mais c'est son moment, leur moment, c'est à eux, à eux seul. Pourquoi il faut que j'y aille ? En même temps, j'ai pas envie de voir ça, c'est pas moi son frère, c'est lui qui l'a cherchée, j'ai pas le droit d'être là, d'être celui qu'elle appelle quand elle a besoin d'aide. Surtout pas face à lui.

Mon regard croise celui de Gae, à qui je lance une expression désemparée. Il s'est levé presque en même temps que moi, m'a observé foutre le bordel dans l'appartement sans rien dire. Il voit que je tremble un peu, pas de peur mais de stress, celui qui est monté subitement au point de me tordre l'estomac. J'ai l'air d'un gosse qui aurait envie de se rouler en boule, mais pour autant, là, c'est pas trop le moment. Il m'interpelle en soupirant, d'une voix qui se veut calme et mesurée. Je crois. En soi, j'en suis pas trop certain. J'arrive pas à me concentrer. J'ai cette boule dans ma gorge qui m'oblige à respirer de travers.

— Aaron... Calme-toi. Tu n'aideras personne comme ça.

J'déglutis et prends une longue inspiration, ferme les yeux pour m'appuyer contre le dossier du canap. Respirer, respirer. Il faut apprendre à respirer. Pendant ce temps, Gae s'approche des tiroirs pour les remettre calmement dans le meuble, et je vois qu'il sourit.

— Nan, j'arrive pas... Faut que je me dépêche, ou-... Putain, je dois y aller ou pas ? je fais d'une voix sifflante et agacée.
— Tu vas y aller. Mais avant tu va respirer un grand coup, je l'entends répondre alors qu'il pose cette fois sa main sur ma joue.

Puis il recule, montre le canapé. J'ai envie de m'énerver, de lui dire que j'ai pas le temps d'attendre ; mais son calme plat comme un lac m'invite plutôt à la réflexion, à respirer. J'utilise mes pouvoirs sur moi, me force à dupliquer cette apparente sérénité que je vois en lui.

— J'ai confiance en elle.
— Aaron, tu connais ce genre de situation. Alors tu sais que c'est maintenant que tu dois garder la tête froide. (Il effleure mon menton pour me forcer à relever les yeux vers lui.) Tu lui fais confiance, alors accorde-lui cinq minutes. Je ne connais pas particulièrement bien Ipiu, mais crois-en ma propre expérience, elle ne le tuera pas.

Un tremblement m'agite encore mais j'acquiesce malgré tout. Mon ryhtme cardiaque ralentit, lentement. J'essaie de me dire que justement, il ne la connaît pas, et que je ne sais pas de quoi elle peut être capable. Mais si elle m'a appelée, c'est que ça ira, hein ? Elle a confiance en moi et j'ai confiance en elle ?

— Je suis pas sûr qu'il ait déjà pu lui dire... Elle pense que c'est un agent.
— Même si c'est le cas, je ne pense pas qu'elle le tue sur un coup de sang.

Un sourire cynique m'échappe, avant que je soupire et pose mon front contre son épaule. J'profite de l'étreinte brève que me rend Gae. Pendant ce temps, j'essaie de pas penser au fait qu'au contraire, elle serait capable de le massacrer. Mon énergie commence à parcourir Terrae pour essayer de repérer tout débordement de pouvoirs électrique.

— Désolé pour le bordel. J'irai à pied, j'grommelle en me massant les tempes.

Gae secoue la tête, me demande d'attendre ; j'lui lance un regard désabusé pendant qu'il se rapproche de la commode, pour sortir ce foutu cristal du dernier tiroir. Il ouvre la boîte et me tend l'objet, que j'attrape avec une expression de pure reconnaissance. Un baiser sur les lèvres.

— Merci. J'essaie de rentrer vite.

Cette fois, je ressens un semblant d'anomalie du côté de l'institut ; de l'énergie qui enfle et gonfle, subitement. Un hoquet de stupeur m'échappe et je me téléporte, tout droit vers cette énergie que je sais être celle d'Ipiu. Les pieds sur le toit, je tends les bras pour absorber le plus possible cette électricité ; elle me brûle un peu la peau, me tétanise un instant avant que je ne parvienne à la dompter ; je fais le rôle du paratonnerre, face à Ipiu que je ne vois pas. L'intensité lumineuse me force à fermer les yeux, ou du moins les abaisser suffisamment pour ne pas me cramer la rétine.

Je titube. Mon souffle est erratique, bloqué dans ma gorge ; j'ai senti mes cheveux se dresser violemment sur mon crâne. Devant, j'ressens la souffrance de Piu, physique et morale, violente ; j'essaie de l'atténuer sans lui en laisser le choix cette fois, l'assommant presque le temps que les éclairs ne tarissent.

— Toum ! Calme-toi ! J'aimerais qu'on évite de tous claquer, ok ?

J'aurais peut-être pas dû dire ça, là, mais j'trouve pas les mots pour la calmer. Derrière, j'vois Tjay, éclaté au sol. J'aurais dû mettre moins de temps pour venir. Putain de crise de nerfs.

Situation de merde.

— Toum, regarde-moi. Respire, respire allez... Ça va aller, ok ? J'pense que vous avez besoin de discuter, tous les deux.

Un regard désespéré vers Tjay. Je ne peux rien dire d'autre. Ce n'est pas à moi de le faire. Je suis juste là en soutien... Je suis juste un putain de paratonnerre, en fait. Entre le frère et la sœur.

— Je sais que t'aurais pas voulu que j'intervienne, mais là... T'es vraiment dans un piteux état, mec.

Avec l'espoir d'être un barrage à leur douleur.



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Un peu d'amour ♥:
##   Lun 5 Sep 2016 - 1:13
Anonymous
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“Mais la vertu ne s' émeut pas du vice
Qui la courtise en se parant de ciel
Et la luxure, unie au plus bel ange,
Après s' être gavée d' un lit céleste
Se repaîtra d' ordure.”
Ipiu & Tjay Ahmès


Un moment de flottement, tandis que ta gorge se met à brûler aussi, tant ton cri de douleur t'es arraché sans que tu puisses t'y attendre. L'éclair cette fois dure, lèche tes plaies déjà ouvertes, les approfondies, les ancrent en toi à jamais. Et tu as beau hurlé, ça ne change rien. La douleur est insoutenable, te prive de tout autre sensation, de tout autre sentiment, de tout. Toumaï te vole tes émotions comme tu as pu volé ses protections.

D'un coup d'un seul, tu as détruis ses remparts, d'une seule phrase, tu as tout ravivé. Il est normal alors qu'elle te rende la même. Il est normal qu'elle te rappelle à son tour comme tu n'es rien, comme tu ne pourras sûrement jamais l'être. Tes larmes ne peuvent même plus couler le temps de l'électrocution, le temps des cris, le temps du pardon. L'expiation que vous avez tous deux tant souhaité atteindre sans jamais pouvoir la frôler.

Quand ça s'arrête, tu ne le remarques même pas, ton corps encore parcouru par toute ses ondes qui représentent ses douleurs. Si tu étais en état de réfléchir, tu pourrais te rendre compte qu'enfin elle t'as partagé une émotion, qu'enfin elle s'est ouverte à toi, de la façon la plus pure qui puisse être parce qu'elle ne pouvait rien contrôler, parce qu'elle est terriblement elle, tout autant que tu n'es plus toi. Un instant de communion inconscient qui s'éteint quand Aaron souffre à son tour d'avoir dû venir vous voir, cette nuit.

Ton cerveau est encore à étudier la douleur, tenter de la temporiser, de s'en échapper même. Il ne remarque pas le nouvel arrivant, il n'entend pas les voix, ne ressens plus l'espace. Ton corps est une pierre, lourde et accroché au sol. Tu n'es plus capable de bouger le moindre muscle tant ils sont tétanisés face à cet échange d'aveux. Tu voudrais hurler son nom mais tu en est incapable. Les yeux fixent un point désormais flou, incertain. Peut-être même regarde-t-il quelque chose qui n'existe finalement que pour toi. Peut-être que tu n'as toujours fait que ça.

Aaron calme la princesse comme il peut, du moins il essaie. Te rends-tu compte qu'il est ce qui se rapproche le plus d'un ami ? Plus que jamais, même. Mais il est bien plus encore pour Toumaï et ça, tu l'ignores totalement. Ce n'est pas si grave au fond, c'est même plutôt normal. Tandis que la souffrance inonde encore tout tes nerfs, s'atténuant à peine, tu commences enfin à capter le son d'une voix. On t'appelle, tu crois ? Aucune idée, tu ne peux pas distinguer au travers des sifflements de tes oreilles ce qu'on peut te dire.

Tu as été vaincu, encore une fois.

La sensation de revenir dans le passé, encore une fois. Cette balle, dans la cuisse, qui t'as traversé d'une part à une autre. Cette cicatrice laissée qui t'élances, en cet instant. Tu te sens vide, une nouvelle fois. Ça n'a de cesse de revenir, tant tu n'es qu'un idiot qui ce laisse vaincre sans aucune vaillance, sans aucune lutte. Et ça vient de nouveau te brûler la gorge, l'acide de la défaite, de cette perte qui semble de nouveau se profiler.

Un premier poing, qui se serre.

Sauf que cette fois, t'y tu refuses. La balle ne gagnera pas. Le Centre non plus. Intérieurement, tu hurles de nouveau cette rage, cette colère qui sommeille depuis tant de temps. Le poing s'abat contre le béton du toit, dans un premier signe de vie véritablement visible. Tu recommences, cherchant une nouvelle douleur pour te concentrer dessus uniquement plutôt que celle qui habite entièrement ton être.

Le second ensuite, qui pâlit des jointures.

Tu frappes, jusqu'à t'en faire saigner. Qu'importe tes phalanges, qu'importe la scène pitoyable que tu peux offrir. Tu n'as jamais voulu paraître si fort, pourtant. Tu finis par réussir, tu finis par ordonner à ton cerveau de ne se concentrer que sur ce brève élancement, tandis que ton corps se bascule, laissant ton front retrouver le mordant du sol, ses touts petits gravillons qui viennent consteller ta peau un peu plus.

« Mère... »

Tu n'es qu'un filet de voix, un fil de vie t'animant de nouveau. Tu te battras, pour elle. Pour elles.

« Toumaï... »

Elles sont tant à faire battre ton coeur. Des souvenirs qui l'animent encore alors que tu le pensais déjà enterré, lui aussi.

« Jenny... »

Deux mortes qui entourent une bien vivante. Tu avais perdu l'espoir et pourtant, tu as reconnu ses yeux violets, ces boucles blondes. Elles valaient les lèvres carmines. Oui, bien entendu. Tu redresses légèrement la tête, posant ton regard fiévreux sur ta chère soeur, cette Ange capable d'être une Ordure. Tu n'en vois aucun des deux. Tu ne vois que ta soeur. La même chair que celle qu'elle a condamné à brûler.

« Père... Devait te ramener... Un cadeau... Pour ton anniversaire... Il voulait... Qu'il soit à toi... »

Enfin, tu remarques réellement Aaron, en dérivant. Tu lui offres un sourire tremblotant, de ce qu'on donne pour se rassurer davantage soi que l'autre.

« Dans... Le sac... C'est... Vieux... Si... Vieux. »

Tu le regardes, un long instant, sans même y faire réellement attention. Tu es plutôt content qu'il soit là, bien qu'il ait pu en douter. Tu es heureux même, qu'il soit là, en fait. Mais tu n'as pas le temps. Tu ne veux pas qu'il se blesse de nouveau à cause de toi. Alors, il faut revenir à Toumaï, le temps qu'Aaron puisse aller chercher ton si vieux sac à dos, planqué contre un mur vers l'entrée.

« Je ne veux plus... Te perdre... Toumaï... J-je... J'ai tout fait pour pouvoir... Te retrouver... Pour... Te revoir... »

Tout, oui.
Il a tout fait.
D'une seule balle, il a pu traverser le monde.




© Gasmask
##   Lun 5 Sep 2016 - 11:08
Ipiu Raspberry

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T’es fatiguée Ipiu, fatiguée de cette douleur qui pulse dans ton petit corps, fatiguée qu’on choisisse à ta place. Tu te croyais être forte, te voilà faible. La réalité, ta réalité change au gré du vent. Alors toi tu te laisses emporter, parce que tu n’arrives pas à résister. Des plumes de mémoire te transpercent, sillons ardent dans une conscience toute neuve. Des plumes de mémoire écrivent, ce que tu avais décidé d’oublier. Le château de bois s’effondre comme s’il était de cartes, la princesse est devenue chevalier brandissant l’arme des adultes de ses mains potelées. La princesse s’est vue emprisonnée, mais de son donjon elle se souvenait des rires qui animaient jadis son royaume. L’enfante a jeté la clef de ce coffre au trésor qui n’était plus qu’un souvenir douloureux d’une époque perdue à jamais. Alors tu souffres maintenant, de cet abandon, de ces mots. Personne n’est venu te chercher alors que des mains étrangères te défaisaient de toi. Tu avais appelé ton père, ton frère, ta mère même. Tu ne savais pas ce que voulait dire mourir quand ils t’avaient amenée. Puis tu étais morte.
T’avais refermé le couvercle de cette boite de Pandore, t’oubliant et les oubliant. C’était ce qu’on t’avait demandé de faire et ce qu’il t’avait fallu pour survivre. Mais maintenant ? Maintenant la douleur revenait, tu avais été abandonnée. Tu étais Toumaï, cette petite chose qui voulait que ses parents viennent la sauver. Celle qui s’était sentie trahie, celle qui avait été en colère, et blessée. Toujours et encore.
Pourtant t’as plus cinq ans, t’es même plus cette enfant au sourire brisé et aux yeux vides. T’es plus rien, parce qu’en ravivant cette flamme tu as commencé à t’effacer. Tout doucement, elle a pris le dessus sur toi et tu es restée là simple spectatrice de ta déchéance. T’as rien pu faire qu’exploser, t’exploser. Pour la deuxième fois de ta vie tu fais face à autant d’énergie, mais la première t’étais consciente, la première tu t’étais protégée de celle du master. T’as plus cette chance et ton sang bouilli dans tes veines, c’est pas beau. Vraiment pas beau, il coagule se fige comme toi.
Toi t’es figée en ce jour maudit ou tout a changé, t’as les yeux de ta mère qui se vident et la peur dans ton bide qui crépite. Ah non, ça c’est l’électricité qui te détruit autant qu’elle détruit l’intrus. C’est mieux comme ça, tu penses dans un dernier sursaut de lucidité, c’est mieux que tu disparaisses avec lui. Deux problèmes résolus d’une seule équation…

« Aaron… »
il y a autant d’espoir que de douleur dans ce mot, ton ami est là. Tu lui fais confiance, il saura te protéger. Il te calme lentement.

Comme souvent la déchéance ne t’est pas permise. Toumaï, c’est ainsi qu’Aaron t’appelle. Et ton avis qui y a pensé ? Tu as décidé il y a longtemps d’être Ipiu, d’oublier cette ombre qu’ils s’acharnent à dessiner sur ton visage. Tu ne pleures pas, ne cries pas tu es au-delà de ça. Tu n’es plus Ipiu, tu n’es plus personne. Alors finalement le pouvoir s’abat sur toi et la douleur reflue ne laissant qu’un vide immense. La colère qui alimentait la douleur reflue elle aussi doucement, avec l’aide d’un ami…

Mais l’ami ce n’est pas à toi qu’il s’adresse c’est à l’intrus. Alors le souvenir de la trahison se mêle avec ton sentiment présent. Alors c’est ainsi ? Si même Aaron a rejoint le Centre, à quoi bon se battre. Tu es vaincue.

Tes lèvres se serrent et les larmes de désespoir lavent ton âme, pas une cependant ne gagnera ton regard. Tu n’existes plus. Celle que tu avais cru être, voulu être, celle à laquelle tu t’étais attachée venait de sombrer car elle existait par le regard de ceux qu'elle aimait.

T’aurais pu te relever, mais tu n’en avais pas la force. T’étais blessée sans prendre le temps d’écouter, t’étais blessée car tu ne voulais pas écouter. Tout aurait été plus simple si on t’avait laissé être, mais on t’a jamais laissé le choix. On t’a toujours dit qui tu devais et qui tu pouvais être. T’avais eu presque un an pour te croire libre, maintenant il te faudrait composer avec ta nouvelle captivité. Pourtant la douleur reflue encore sous les bons soins d’Aaron.
La colère revient quand l’autre reprend la parole. Ne saura-t-il jamais se taire ? Jamais se la fermer ? Ta propre douleur te semble éloignée et cela te permet de réfléchir assez calmement. Tu inspires, expires écoutant les paroles de celui qui défend l’intrus, de celui qui est sans doute un traître mais ça ne fait pas mal. Il tient la douleur à distance de toi. Tes poings se referment sur tes accoudoirs et tes jointures blanchissent. Tu réfléchis, vite, stoïquement. Gagnes du temps, c’est la moindre des choses que tu puisses faire. Ton déferlement de pouvoirs attirera sans doute d’autres masters, il sera temps alors de dénoncer le traître et l'intrus.
Alors tu écoutes, tu écoutes ce qu’ils ont à te dire. Ou du moins tu fais semblant, tu es loin en réalité. Loin de leur atteinte, parce que tu as décidé de te protéger. De te fermer. Tu écoutes, impassible. Redressée sur ce siège qui guide tes pas.

Tu es vide.


“- A qui la nuit fait-elle peur ?
- A ceux qui attendent le jour pour voir.”
― Pierre Bottero, Ellana
##   Lun 5 Sep 2016 - 23:29
Aaron Williams

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Si j'avais espéré pouvoir l'aider à accepter les choses de cette manière, je crois que je me suis fourvoyé assez méchamment. Il y a Tjay qui souffre derrière ; qui souffre à en crever, et j'essaie d'absorber sa douleur, de l'atténuer, de faire la même chez Ipiu, au moins un peu, au moins pendant un temps. Mais même ça, est-ce que c'est une bonne idée ? C'était stupide de venir, mais pour autant, j'ai peur de ce que serait devenu Tjay si je n'étais pas intervenu là, dans l'instant.

L'électricité parcourt encore mes membres, j'ai du mal à bouger, surtout pour ne pas agiter l'air de nouveaux crépitements répondant à ceux de mon amie. Ma poitrine est dans un étau, c'est la douleur et la tristesse, la colère et la rage de vivre, de vouloir continuer, ce cri du coeur, une détresse qui me fait tanguer et tressaillir tout entier.

Ma mâchoire se contracte alors que j'entends la voix de Tjay s'élever, faible, mais déterminée ; il continue à parler, à essayer de faire remonter des souvenirs enfouis si profondément qu'il faudrait creuser au bulldozer pour les retrouver. Pour autant, je sais pas si la situation est idéale ; là il faut trouver un truc, réfléchir vite. La blonde ne réagit pas, et j'essaie de lire dans ses yeux. Ils oscillent entre l'or et le violine, entre la haine et le vide, la trahison et l'incompréhension.

Tjay me supplie presque d'aller chercher ce cadeau, dans ce sac, et je reste immobile, muscles bandés, douloureusement concentré. Impossible de m'y déplacer, non pas physiquement, mais je reste bloqué par le regard que me lance Ipiu. Toumaï. Putain. Peu importe qui elle pense qu'elle est, peu importe qui elle veut être, je sais qui elle est pour moi. Et son nom, je m'en cogne comme de ma première pipe. J'aimerais juste qu'elle comprenne.

Mon coeur se serre et je m'humecte les lèvres. À force de ne vouloir voir personne souffrir, c'est tout l'inverse que je fais. Au final, les choses en reviennent toujours à ce point ; la maladresse, les cachoteries. Je ne voulais pas savoir, mais pourtant j'ai su ; j'ai voulu l'aider, mais pourtant j'ai échoué. Lamentablement. Pourquoi c'est vide comme ça...

Un regard en arrière vers Tjay. J'espère qu'il saura que je suis désolé, que je ne peux pas faire ça, pas maintenant ; qu'il y a un moment pour tout, mais que ça, je n'arriverai pas à y participer. Est-ce qu'il peut comprendre ça ? Attendre ? Attendre un peu, juste cinq minutes, le temps que tout ça se calme ? Il suffit pas d'enfoncer une fissure dans le mur avec un bélier, les relations humaines c'est un poil plus compliqué que ça, faudrait vraiment lui faire un cours là dessus un jour.

J'reporte mon attention vers l'avant.

Putain mais elle me connaît, pourquoi elle me regarde avec ces yeux-là ? Après tout ce qu'il s'est passé, t'as toujours pas confiance en moi, Piu ? Ahah. Evidemment que t'as pas confiance. Ta confiance, on l'a déjà piétinée ; mais quoi, j'espérais que ce serait différent ? Qu'on pourrait se faire confiance mutuellement ? J'donnerais ma vie pour enlever cette expression de ton visage putain… Alors arrête de faire comme si t'étais pas capable de réfléchir et REFLECHIS BIEN GROGNASSE.

Mes bras retombent le long de mon corps et je regarde un instant le toit. Le bruit s'est arrêté. Le silence grésille à mes oreilles. Il bourdonne, bourdonne comme une abeille, comme les étincelles qui s'échappent de mon corps pour s'éliminer dans l'air du soir. Mes pouvoirs arrêtent d'effleurer Piu, simplement assez pour qu'elle ne souffre pas davantage. Faut vraiment qu'elle nous écoute. Faut que l'espoir revienne. Que la déception disparaisse.

— Tu lui montreras plus tard, je fais à Tjay, doucement. Tu le lui donneras plus tard, toi-même, si elle l'accepte. En attendant, arrête de bouger, s'te plaît. Faut qu'on t'emmène à l'infirmerie.

Arrête de te faire du mal comme çatu peux pas tout contrôler, tu le sais.

Souffle erratique, qui se calme peu à peu. Mes yeux reviennent dans les améthystes, rendues plus sombres par la pénombre ambiante. J'ai pourtant toujours trouvé qu'ils avaient la couleur du lilas…

— Ecoute... Piu, j'souffle. J'sais que pour toi la confiance ça veut pas dire grand-chose, mais tu sais aussi que j'sais pas mentir.

J'approche, et je sais qu'elle ne reculera pas. Même si elle le voulait, elle se laisserait pas paraître aussi faible, hein ?

— Quand on s'est rencontrés je t'ai dit que tu pouvais être qui tu voulais. Mais t'as une famille... Tu nous as nous, mais tu l'as lui aussi.

Regard en arrière. Regard vers Ipiu. Toumaï. Une étoile dans le noir. Tu sais que tu brilles, pour moi, putain. J'lui tends la main. Je m'attends pas à ce qu'elle l'empoigne, mais j'espère qu'elle posera au moins sa paume dessus.

— Vous devriez parler, tous les deux. C'est aussi une invitation. Mais juste attendre, quelques secondes.

Calme. Inspiration. J'ai l'impression que je vais vomir. Un truc me retient, un sursaut du serpent, celui du vice et du mensonge, celui qui vit caché et recroquevillé. Il attaque et proteste, j'ai une incertitude violente qui me fait arrêter mon geste en plein mouvement. Pourtant j'ouvre les valves. Lis ce que tu veux y lire. Dans mes yeux, sur mon visage et dans mon cœur, tout ce qu'il y a à y voir.

— Tu crois en moi, nan ? je l'interroge, plus avec hésitation, le cœur battant. Moi je crois en lui, et je crois en toi.

Je te fais juste confiance pour ne pas me détruire de l'intérieur, ok ma grande ? Y en a un qui ne sera déjà pas très heureux de l'intrusion.



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##   Mar 6 Sep 2016 - 11:11
Ipiu Raspberry

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Ton cœur s’éloigne de ce lieu de ces gens qui te blessent. Froide ; c’est ta réponse, la seule que tu n’aies trouvé pour te protéger. Tu as oublié Toumaï pour vivre, tu t’éloignes aujourd’hui pour la même raison : Vivre.

Te laisser atteindre par leurs mensonges n’était pas viable, la partie consciente de toi le sait, alors quand tu sens la douleur reparaitre à l’horizon et commencer d’obscurcir ton jugement tu triches. Tu triches comme il le fait tout le temps, utilisant ton pouvoir pour l’atténuer à nouveau et continuer à réfléchir de manière fonctionnelle. Tu sais dès que tu commences à tricher que le temps t’es compté, tu n’arrives jamais à dépasser les quinze minutes, c’est ta limite infranchissable depuis plus d’un an. Un quart d’heure, parfois moins, jamais une seconde de plus quels que fussent les efforts que tu développes pour cela.
Le pire dans cette histoire ? C’est que sans Aaron tu n’aurais jamais appris à maitriser ce pan de tes pouvoirs. Tu avais toujours eu peur de les employer et de blesser les gens en jouant avec leurs sentiments… Si c’était les tiens que tu manipulais, cela changeait la donne non ? Alors quand t’avais compris que le master se droguait parfois aux supers-pouvoirs t’avais commencé à t’entrainer pour en faire de même. Au début ça t’avait semblé très dur, puis pendant un temps tu avais trouvé ça très facile, tu avais progressé avec régularité jusqu’à te heurter à ce mur…

Ton regard jadis passionné est froid, glacial, acéré. Le violet se fait d’orage. Tu n’es pas classe quand tu joues ainsi, brisant l’image qu’ils ont de toi. Tu n’es pas classe mais tu es fonctionnelle, ton esprit libre de contraintes devient calculateur. Tu écoutes ce qu’il dit sans te laisser atteindre, tu apprends de l’ennemi ce qu’il sait. Il essaie de te retourner une fois encore, mais tu ne peux le laisser agir si facilement. Plus maintenant.

Il essaie de t’amadouer, et tu fais la part des choses. Tu croyais qu’il ne savait pas mentir, ça c’était avant qu’il vienne en aide à l’intrus et lui parle comme à un ami. Ta haine et ta peur du Centre sont absolues, la plus ancrée de tes convictions. Celle qui prend le pas sur toutes les autres, cette peur intime que tu as combattu pendant longtemps sans réussir à la vaincre. Celle qui blessera ton ami, le rongera et vous détruira. Tu ne vois rien, aveuglée par la peur tu es. La douleur de la trahison s’en est allée pour l’instant, alors tu les écoutes en silence.

Son raisonnement te fait sourire, alors tu dois croire que Tjay est ta famille ? C’est ça le plan ? Sérieusement ? Toumaï est morte avec les membres de sa famille… Et toi, tu as bien trop peur pour t’imaginer un jour fonder une famille. Peur de ne pas savoir les protéger, de les perdre. Les jamais n’existent pas.
Sans cela même, il t’avait dit que tu pouvais être qui tu voulais, mais le fait que tu aies des amis, une plus que potentielle famille changeait la donne ? Pour eux tu devais te restreindre et devenir celle qu’ils attendaient de toi ? Il croyait réellement à ce genre de conneries ? Décevant.
Il essaie de te faire culpabiliser ou tu rêves ? Non, c’est la réalité. Triste et mordante, mais la réalité. Il essaie de te convaincre usant d’un lien qu’il a probablement savamment construit pour l’utiliser en ce jour et en cette heure. Pour te retourner à nouveau. Tu connais leurs méthodes, tu as été leur agent la majeure partie de ta vie. Quinze ans, peut-être plus, sans doute pas moins. Te lier à quelqu’un pour que tu lui voues une confiance aveugle, ils savaient te l’imposer sans que tu ne le saches car tu construisais de toi-même ce lien… Il ne fallait pas que ce soit la personne qui t’aborde, il fallait que ce soit toi qui fasses le premier pas. Un bon arnaqueur attirait sa cible et lui faisait croire qu’elle contrôlait tout. C’était toi qui étais venue à lui en ce soir d’hiver plus d’une année auparavant. Dupes tu l’avais été.

Tu réfléchis à sa proposition et sens la barrière de ses émotions se lever. Tout est accessible, tout est à portée de main. Son ultime atout est usé avec tant de dérision, ainsi il compte te convaincre ? Il t’offre juste une porte pour en apprendre plus… A-t-il préalablement usé de ses pouvoirs sur lui pour te tromper ? C’est probable.
Alors tu commences à fouiller, la confiance d’abord, la peur. L’amitié. La crainte. La crainte, elle érode tout. Il a peur quand il pense à toi, une peur immense et incontrôlable. Peur de te perdre. Tu grinces des dents, ce n’est pas ce que tu cherchais. Tu cherches encore, ne trouve que de la confiance envers Tjay. De la jalousie aussi, refoulée, alors tu comprends. Il croit réellement ce que l’intrus lui a dit. Il n’est pas un traitre, juste ce bon vieil imbécile d’Aaron. Celui qui croit aux cas perdus. Tu ressens une vague de soulagement, comme si ton monde se remettait lentement en place mais il ne sera plus jamais le même… Car ses fondements ont cédé sous les asseaux verbaux de l’intrus mais pour l’instant la douleur est lointaine et il peut continuer de vivoter.

Ainsi il a été dupé. Tu te retires, tu en as assez vu.

« Il t’a menti Aaron, le frère de Toumaï est mort le jour où ils l’ont amenée. Il fait partie du Centre, il t’a manipulé. »


Dans ta voix on sent la majuscule et l’importance de ce lieu, de cette institution, dans ton monde. Crainte, haïe, toujours présente comme une épée de Damoclès. La violence de tes sentiments à son encontre se reporte sur ton pauvre frère, celui que tu ne crois pas. Celui que tu détruits. Tu t’adresses à lui avec haine :

« Et si tu arrêtais de mentir ? Ils ont vraiment cru qu’ils m’atteindraient ainsi ? Ont-ils oublié qu’ils ont tué Toumaï ? Cet angle d’approche n’était pas le plus intelligent, ils auraient pu le prévoir. Je ne te crois pas, alors arrête. »


“- A qui la nuit fait-elle peur ?
- A ceux qui attendent le jour pour voir.”
― Pierre Bottero, Ellana
##   Jeu 8 Sep 2016 - 18:57
Anonymous
Invité

“Mais la vertu ne s' émeut pas du vice
Qui la courtise en se parant de ciel
Et la luxure, unie au plus bel ange,
Après s' être gavée d' un lit céleste
Se repaîtra d' ordure.”
Ipiu & Tjay Ahmès


Elle ne réagit pas. Rien, face à ton envie de te relever. Aaron lui, a l'air de voir autre chose. Toi, tu ne sais pas. Tu te rends compte à quel point tu es inutile. Il te dit de te calmer. D'arrêter là, de te reposer, au fond. Quelque chose du genre. T'écoutes plus vraiment.

Tout ça n'a servi à rien.

Rien de rien. Tu as parlé face à du vide. Tu en as assez, de ces histoires-là, de vide. Que fallait-il faire pour être heureux un jour, en cette vie rempli de rien ? Tu ne sais pas. Tu l'as jamais su, vu. La seule fois où tu aurais pu l'être, votre père t'en as privé. T'as fini le travail, en tuant Jenny.

Alors, tu retournes contre le béton. T'aurais jamais dû te relever du sol de votre maison, il y a longtemps. T'aurais préféré crever avec votre mère. Votre père se serait suicidé et finalement, il n'y aurait plus jamais eu de souffrance. Ni de ta part, ni de la sienne, ni de Jenny. Il n'y aurait rien eu et ça, ça aurait été super. Tu regrettes tout. Au diable la résolution de ne plus abandonner.

Tu n'es rien.

T'as le regard qui se perd sur les barrières, sur le peu d'étoiles visibles. Finalement, en bougeant à peine, tu peux regarder la lune. Elle est si belle. Elle t'as toujours plu, la lune. Et tu t'es jamais senti aussi faible que là, face à ta "mère". Tu as mal. Terriblement mal. Chacun de tes muscles hurle à l'agonie et t'as même plus la force de l'exprimer. Tu aimerais dormir pour tout oublier, tout effacer mais la douleur est trop forte pour ça.

Tu te sens bloqué dans une spirale qui n'a pas de fin. Trop épuisé pour tenir encore debout, tu restes ainsi, pathétique. Tu l'es, à te laisser aller au désespoir comme ça. Si t'étais pas déjà à Terrae, t'en auras affolé du Master encore, à être aussi vide encore. Ton seul but dans la vie a mis un mur, entre vous deux.

Puis, tu captes le son de sa voix. Alors, tu retournes à la réalité et écoute. Ah oui, le Centre. C'est amusant de constater comme elle y met la majuscule et toi pas. Ça n'a pris que de place concrètement dans ta vie. Le reste est caché. Puis, il semblerait qu'elle change de cible, pour ses paroles. Ça te glace, sur place. T'en relèves même la tête vers elle, sous le coup de l'effroi.

"... Hein ?"

Tu ne comprends pas. Comment ça ? Elle est là, sous tes yeux, ta chère Toumaï, tu reconnais ses yeux. Votre mère, elle avait les mêmes. Tu le sais, tu t'en souviens bien, toi. Tu te souviens de tout. Tu serres les dents.

"... Arrête de dire des conneries... Tu es... Juste là..."

Ça sort, d'un coup, sous celui de la colère. Pourquoi a-t-elle dit ça ? T'as pas tellement lu son dossier, en entier. L'essentiel, les grandes lignes. À aucun moment, ils n'ont évoqué l'avoir tué. Elle a déraillé ? Tes sourcils se froncent, dans l'incompréhension la plus totale. Mensonge. Elle ment.

"C'est toi qui raconte des mensonges pour ne pas me voir..."

Tu comprends, enfin. Il y a une information qu'ils n'avaient pas, à son propos. Une seule, vu qu'elle leur a été apporté après son rapt. Enfant anonyme dont ils ont certes volé l'identité. Tes lèvres s'étirent dans un dernier son. Celui de votre nom de famille.

Le premier.
Le vrai.
L'unique.



© Gasmask
##   Jeu 6 Oct 2016 - 15:08
Aaron Williams

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Aaron Williams
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Humeur : Aha ! ... Attendez, c'était une vraie question ?

Elle voudrait ne pas me croire. Ce serait tellement plus simple pour elle, tellement plus facile, de balayer tout ce qu'il s'est produit, de balayer ce que je suis, balayer tout ce qu'elle pense de moi. Croit-elle que ça ne m'atteint pas d'être à ce point mal considéré ? Je sais que son être est basé sur le mensonge, sur les mensonges, ceux qu'on lui dit et qu'elle a construit, ceux sur elle-même et ceux dont elle a été victime. Mais un mensonge, c'est tout sauf moi ; en doutant, elle me dépouille un peu de ce que je suis. En doutant, elle me place là où je me tenais il y a plusieurs années. Dans le vague et le flou, baigné entre deux eaux, alimenté par tout ce qu'il y a de plus négatif en moi. Quelque part, ça fait mal. Peut-être qu'elle le verra. Peut-être pas.

Dans tous les cas, j'attends. J'attends la réaction, la réalisation. Et quelque part, elle ne tarde pas à venir. Son visage se tord, subrepticement, ou peut-être que ce n'est qu'une vue de mon esprit, en contact avec le sien. Je sais qu'elle est en colère, qu'elle refoule, mais je sais aussi qu'elle a peur.

J'aurais aimé pouvoir dissiper sa peur. La rassurer, lui faire prendre conscience ; pas juste lui asséner des choses, attendre qu'elle les assimile seule. En fait, elle n'est même pas seule ; mais sa terreur de la trahison l'empêche de voir.

Soudainement, une distance est remise entre elle et moi. Elle se retire, cesse de fouillager. Mon corps se détend alors que la sensation désagréable cesse. C'est une chose qui arrive suffisamment rarement pour que je ne sois pas habitué ; ni même que je le supporte. Parce que je sens tout ce qu'il se passe, que je ressens tous les remous, les choses enfouies ; j'aperçois ce que je rejette et suis forcé de faire face. Elle aussi a fait face. Je me sens dépouillé, comme à nu ; un peu vidé de ma substance, mais pour autant humain. Au fond, c'est l'inhumain qui s'agite. Lui n'aime pas ; lui n'est pas ce que je suis, et je ne suis pas ce qu'il est. Lui ne veut pas savoir ce que je ressens et tendrait même plus à l'effacer.

Il pourrait profiter de ma faiblesse pour m'atteindre. Profiter de ma faiblesse pour détruire tout ce qui pré-existe. Pendant un temps, face à tout ce que je suis, face à tout ce qui est, j'ai du mal à me retrouver. Puis je me calme et reprends mon assurance, pour garder la face devant celle qui doit être bien plus perdue que moi. Je rassemble les morceaux disparates et les réarrange. Ils sont censés sonner entre eux comme une mélodie - celle du fond de mon être et qui éloigne la passivité.

Elle parle. Je suis triste et soulagé à la fois, perdu et agacé.
"Cet angle d'approche n'était pas le plus intelligent."
Est-ce qu'elle ne peut pas simplement comprendre que c'est pour cette raison que ça ne peut pas être un traître ?

Là, je veux répliquer mais Tjay s'en charge avant moi. Il est vaincu, en colère, brisé. Ma main retombe le long de mon corps et je contemple tour à tour le frère et la soeur, dont les noms m'importent au final peu. Mais eux, pour eux, ça a une importance. Je ne comprends pas vraiment, parce que mon nom ne me définit pas. Ou je ne pense pas qu'il me définisse. Mais eux n'ont pas vécu dans le même monde, ou plutôt dans la part la plus abjecte de celui-ci.

Pour autant, il retente. Des mensonges, je ne pense pas... mais tu sais, Tjay, elle a toujours été douée pour se mentir à elle-même. Elle m'a souvent dit que les mensonges, quand on finit par y croire, ne se distinguent plus de la vérité. Pour autant, je  ne suis pas d'accord ; la vérité, elle, existera toujours. Tout comme Tjay et Toumaï.

— Je t'ai fait confiance à toi, à Piu, à Toum, peu importe comment tu veux qu'on t'appelle. (mais faudra quand même se mettre d'accord là-dessus un jour ok) Tu es qui tu veux être, tu te souviens ? Mais il y a des choses qui sont là, qui sont réelles et que tu ne peux pas effacer, je souffle un peu tristement pour appuyer ses propos. Je t'ai fait confiance, à toi qui venait du centre, alors pourquoi tu ne lui laisses pas le bénéfice du doute ? Tu penses que j'aurais délibérément laissé quelqu'un venir nous faire du mal ? Venir te faire du mal ?

Tjay s'arrête finalement de respirer un instant ; une étincelle jaillit en lui, comme un espoir. Il lui dit un mot que je ne comprends pas. Je mets quelques secondes à saisir que c'est son nom. Leur nom.

Il résonne un moment dans ma tête. J'essaie de garder un visage composé, mais c'est difficile. J'observe la réaction d'Ipiu. Toumaï. Elle. Et je reste campé sur mes jambes, au cas où un nouvel éclat de rage ou de douleur viendrait balayer le toit de l'institut.


luv:



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##   Lun 10 Oct 2016 - 18:59
Ipiu Raspberry

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Humeur : Vous connaissez le syndrome de la cocotte minute ? Bah voilà. sous pression et prête à exploser !

Il te dit que tu es là, ce en quoi il se trompe, tu n’es pas là, tu n’es nulle part. Tu es à nouveau perdue, entre passé et avenir le présent a du mal trouver sa place. Il te dit que tu ne veux pas le voir, ce en quoi il a raison.

Tu n’as juste pas envie de faire face à ça, pas envie de le laisser te rappeler qui tu es. Peur qu’il te définisse. Tu es en colère, tu es triste, tu es vide. Tu n’as jamais appris à faire confiance, tu avais essayé… Tu y étais arrivé, puis tout s’est perdu jusqu’à tes sentiments purs qui ont été entâchés. par la cruauté de ceux qui t'on envoyé ici. Ton amour n'était qu'un mirage, ta douleur qu'un mensonge. T’es fatigué de ce monde, fatiguée de luter. T’es persuadée que tu ne seras jamais vraiment heureuse, mais tu croyais que tu ne serais plus vraiment malheureuse. Tu voulais te construire, tu voulais te trouver des rêves, arrêter de vivre au jour le jour et réapprendre à te projeter.
Tu étais persuadée que les choses viendraient en temps et en heure et qu’un jour tu te retournerais vers celle que tu étais aujourd’hui en souriant. Qu’un jour tu te sentirais vivre sans retenue. Tu te leurrais peut-être, tu l’avais souvent dit par le passé, tu ne voulais pas un nom, tu voulais ton nom, mais quand l’espoir de redevenir celle que tu aurais pu, dû être, se profilait, tu fuyais. T’avais peur de tout ce passé, peur que le gouffre en toi se creuse plus qu’il ne se remplisse… Alors tu fuyais, encore et toujours. Tu te prétendais forte, mais passais ta vie à te dérober. Tu oubliais ce que tu ne pouvais changer, pour avancer, pour vivre… C’était plus simple que d’affronter, plus simple que de brandir ton glaive contre des moulins pour te rendre compte qu’ils étaient en réalité d’effrayants monstres.

Ils t’en veulent tous deux de la lâcheté qui te caractérise, tu pourrais les rejoindre sur ce point, si tu n’avais pas tellement peur de ce qui se cachait derrière. Tout a été démoli, Toumaï, Henrietta, Ipiu… Toutes avaient été détruites, et toi t’étais restée, sans nom, sans identité, sans rêves. Tout ce qui avait fait le bonheur de ces filles, de ces femmes, avait été balayé. Pouvaient-ils comprendre ? Peut-être, encore eut-il fallu que tu acceptes de leur parler de ta vie, du nombre de fois où tout avait été détruit, du nombre de fois où tu avais dû te renouveler, te réécrire, te ré-apprivoiser.

Tu croyais ton périple abouti, mais finit-on jamais de se construire ?

Ce nom tu l’avais gommé, c'était plus simple. Nécessaire. Tu avais fait table rase de Toumaï pour ne pas devenir folle de douleur. Pourtant ce nom trouve à nouveau écho, et ça te fait mal. Il se fraie un passage, jusqu’à une petite boite que tu croyais avoir jeté, un petit espoir que tu avais scellé. L’espoir fait mal, il tue à petit feu, tu le sais… Et la douleur aiguë reprend le pernicieux goût de la chronicité. Tu fermes les yeux, compte jusqu’à trois comme t’avait appris à le faire ta mère, inspires… Tu ne te souviens même pas d’où te vient ce réflexe qui t’aide à reprendre ton calme, mais ça fonctionne quand tu expires, tu te sens plus libre et ce malgré les paroles d’Aaron. Il cherche à te faire ouvrir les yeux, mais tu n’as pas envie de voir…
Seulement il a raison, tu ne peux le nier et ton calme précaire te permet de t’en rendre compte. Ça te débecte, et si… Tu laissais planer un danger sur Terrae ? Aaron, sait, ne sait pas, se doute plus qu’il ne sait ta crainte du Centre, son inhumanité, sa puissance. Alors que tu te juges experte en la matière, peut-être à tort... s’il négligeait le risque… Quel risque ? F. est dévoilé, tu le surveilleras, qu’il vive ou meure n’a pas d’importance.

Qu’il vive ou qu’il meure définira celle que tu seras.

Tu t’avances vers lui et ton regard est attiré vers un petit cadre blanc posé au sol, tu tends la main pour le t’en saisir presque inconsciemment te penchant sur le bord de ton fauteuil.

***
Mes doigts se referment sur le papier usé par l’âge, une photo. Une photo pleine de souvenirs, c’est elle. C’est moi, c’est son frère… C’est lui. C’est la joie, c’est doux-heureux, c’est douloureux. Qu’importe j’ai déjà pris ma décision. Les mots d’Aaron m’ont permis de prendre la distance qu’il fallait, je crois.
Je ne sais pas si F. ment, pire je ne sais pas si je veux qu’il mente… Mais je peux lui laisser le bénéfice du doute. Ce choix, il est ce qui définit qui je veux être. Peu importe Toumaï, peu importe Ipiu, il est moi. La photo se plisse et j’essuie une larme que je n’avais pas senti couler de ma joue, m’étonnant de sa présence et de ma difficulté à voir les choses avec clarté. Il se passe encore un moment avant que mon regard ne se plante dans celui de Tjay, avant que mon jugement ne tombe, sentence et peine.

« Faut que tu voies un docteur, j’t’ai salement amoché, désolée pour ça. Je ne te crois pas, mais je lui fais confiance, alors j’vais te laisser une chance : on va faire un test génétique. En fonction du résultat, j’écouterais ce que tu as à dire… Ou pas. Si par hasard tu ne mens pas, saches que la fille que tu as connue a disparu, elle n’a pas survécu au Centre, elle s’y est effacée avant de disparaître. »

Et j’en suis peut-être la première désolée, je ne pourrais plus être elle. Je le sais depuis le début, les promesses qu’elle n’a pas pu tenir ne sont pas à ma portée, ce ne sera jamais une femme joyeuse au sourire apaisant. Je ne serais jamais aussi douce qu’elle aurait dû l’être, mais je serais moi… ça compte non ?
Même si c'est un peu facile de dire ça maintenant, que je fais confiance à Aaron parce que j'ai douté de lui... Parce que je douterais encore si je devais croire qu'il était passé du côté du Centre, car rien jamais ne vaincra cette peur et cette aine que je ressens envers eux. Je ne serais jamais vraiment libre d'eux, je le sais maintenant... ça fait mal, mais ça me rend plus... forte ?

La suite de l’histoire, j’vais vous la raconter, on va appeler une ambulance, ou Aaron va se téléporter à l’hosto avec Lui… Et moi j’vais rentrer dans ma chambre et pieuter, demain j’irais faire une prise de sang, et d’ici une semaine… On verra ce qu’il arrivera non ?


“- A qui la nuit fait-elle peur ?
- A ceux qui attendent le jour pour voir.”
― Pierre Bottero, Ellana
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