Aujourd’hui on ne te trouvera pas en train de vagabonder dans les couloirs, on ne te verra pas non plus t’empiffrer à la cafétéria. Non, parce qu’aujourd’hui tu es loin de cet endroit qui t’as accueilli pendant plus de 6 ans.
Dans ce train, le nez collé contre cette vitre sale, tu la regardes qui s’éloigne. Terrae. Ton long soupir, fait ensuite apparaître cette buée qui te gâche la vue et qui permet à tes yeux de renoncer au paysage.
Tu te vautres alors sur cette banquette en fermant les yeux. Les minutes passent et le sommeil te gagnes. Ce fût court, mais ces quelques minutes à somnoler suffirent à te remémorer le jour de ton arrivé à Terrae...
Heureusement tu n’étais pas seul ce jour là, il y avait Aoi avec toi. Vous ne saviez même pas comment vous y prendre pour entrer dans ce bâtiment qui vous paraissait si intimidant… Pourtant, il n’y avait rien de compliqué, il suffisait de passer le portail et de pousser la porte d’entrée en disant “Bonjour !”.
Tout à coup, tu rouvres les yeux et tu fixes le plafond d’un air quelque peu contrarié.

- Pourquoi je l’ai pas pécho moi ?

Sérieusement ? C’est la seule chose que tu regrettes Bito ?
Ta façon de penser te fais rire et tu préfères t’arrêter sur cette seule question. Penser à tout ce que tu laisses derrière toi ne te ressembles pas. Tu ne réfléchira donc pas plus que cela et tu partira le sourire aux lèvres.

~~

Les heures passent, tu es sorti du train et tu as pris d’autres correspondances pour arriver dans cette ville où tu as grandis. Tu as pu, par la même occasion, retrouver les joies des transports en communs… Oui, c’est bien de l’ironie.
Le coin t’avais manqué, il a à peine changé. Tu inspires donc un grand coup pour remplir tes poumons de l’air de la campagne et tout à coup... tu éternue:

- AtChooO ! Arf, putain d’pollen. Dis-tu en en te débarrassant tant bien que mal de cette choses visqueuse qui pend au bout de ton nez..

Instinctivement tu te mets en route, tu prends ce trajet que tu connais par coeur malgré les années passées. Tu redécouvres certaines parties du paysage et en un rien de temps, te voilà devant chez toi.
Sauf qu’une fois la main sur le portillon de jardin, tu hésites à entrer.
Si depuis tout ce temps tu n’as pas osé revenir ici, c’est pour une bonne raison: Tu voulais d’abord prouver à tes parents que tu n’étais plus cet adolescent trouillard et immature.

Et finalement, tu n’as pas vraiment changé, car une fois face à eux tu as les larmes aux yeux. Tu retiens une larme qui tente désespérément de s’enfuir.
Finalement, tu es toujours ce gamin qui a besoin de ses parents.
Cette grimace que tu tire pour ne pas pleurer fait sourire ton père.

- Chérie, ton fils est encore en train de chialer.
- Je chiale pas, c’est c’te putain de pollen !
- Ah ouais ? Et depuis quand t’es allergiques au pollen toi ?

Plus d’excuse pour retenir cette larme, tu enlaces tes parents qui te diront enfin:
“Bienvenue à maison Youri”