Il est rare de voir une telle foule dans les rues. J’aurais dû m’y attendre. C’est les vacances de Noël et Nouvel An, les gens profitent pour se rencontrer malgré le froid, pour aller manger ensemble ou regarder dans une ou deux boutiques si elles sont encore ouvertes. Fait chier. Si je pourrais tout simplement faire demi-tour et aller quelque part où il y a personne. Malheureusement, je n’ai pas cette possibilité, parce que pour moi, aujourd’hui n’est pas un jour férié – je suis de garde à l’animalerie dans le cas où un des petits va mal ou si jamais quelqu’un trouve et amène un nouveau animal pour qu’on s’en occupe.

Après, je ne suis pas pressé. J’ai le temps, mon service ne commence que dans deux heures et quelques. Mais je me suis dit que si je parte plutôt, il y aura moins de monde dans la rue. Evidemment, j’avais tort. Et maintenant, faut assumer.

Je me faufile entre les gens, évitant tout contact aussi bien que je peux. Du regard, je cherche une petite ruelle, en espérant qu’elle sera plus vide. Même si cela implique de faire un large détour, tout est mieux que de rester dans cette foule insupportable.

La seule chose, c’est que quand on est dans une foule et qu’on ne regarde pas où on va, on finit forcément par rentrer dans quelqu’un. Et c’est exactement ce qui s’est passé alors que j’ai accéléré en voyant ce que j’espère être mon échappatoire en forme d’une ruelle probablement déserte. J’en suis à quelques pas quand je sens mon épaule bousculer quelqu’un dans la foule avec assez de force que j’en trébuche presque à cause de ma propre rapidité. Je m’arrête pour retrouver mon équilibre, ainsi que pour me retourner.

« Mes excuses. »

Je dis au jeune homme que j’ai bousculé et incline ma tête un peu. Et puis je me retourne, m’apprêtant à repartir. Après tout, dans une telle foule, des trucs comme ça arrivent plus ou moins tout le temps et je sais bien que normalement, il n’y a rien de plus à faire ou dire sauf une excuse, surtout que le jeune homme et probablement plus pressé que moi. Alors pourquoi le retenir alors que je suis plus ou moins pressé moi aussi ?

Je remarque vite que ceci n’est pas une situation ‘normale’, cependant, quand le jeune homme me retient. Quelque part, j’aurais dû m’y attendre. Après tout, on est à Terrae. L’endroit le plus anormal du monde, je crois.