Qu’est-ce que ? Comment ? Pourquoi ?

Elle est près. Très près. TROP PRES JE SENS SON CORPS COLLE AU MIEN LA COMME CELA SANS QUE J’AI DECIDE D’ETRE SI PROCHE.

Je recule d’un coup. Bam. Un mur.

- C’est… étroit, marmonné-je, agacée.

Et sombre. Trop pour que je puisse distinguer correctement les traits de la douce. En revanche, j’entends sa respiration, je sens son odeur. Je-

Comment en est-on arrivées là, déjà ? Ah oui. Nous dansions. Toutes les deux. Au milieu de toute cette foule. C’était déjà dur. Un grand pas pour moi. Et soudain, au milieu de ce moment si particulier, une main s’est posée sur mon épaule - aies-je vraiment grogné à ce moment-là ? c’est bien possible – et en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, nous nous sommes retrouvées ici, un « clic » assez désagréable nous signalant que nous étions enfermées a résonné, et un petit «À dans sept minutes !! Amusez-vous bien !"» a été lancé. Puis, plus rien. Son corps contre le mien. Le mur un peu trop près. Et voilà.

- …

Non. Je ne dirai pas un mot. Ce seront les sept minutes les plus silencieuses de ma vie. Je respire super fort, ou bien est-ce une impression ? Raaah mais tout a l’air de tellement résonner, dans un espace si confiné.

Amusez-vous bien, qu’ils disaient…

Il fait noir. Le temps que ses yeux s'accommode, Alice sent la Feu s'écarter et se cogner. Sans réfléchir elle s'éloigne elle aussi pour ne pas la brusquer. Elles sont vraiment... dans un placard ? Et... par .. quoi ? Pourquoi ? Son cerveau fonctionne trop vite, elle cherche à comprendre pourquoi absolument.

S'il y a bien une chose qu'Alice n'aime pas c'est que l'on ne respecte pas les souhaits des gens. Ça, elle n'aime vraiment pas. Pourquoi se sont elles retrouvées dans un placard alors qu'elles dansaient, et qu'elle se si heureuse et si fière avec Hamilton ? Non Alice, ce que tu détestes encore plus c'est ta colère. Et pour la réfréner, tu te concentres sur la Feu. Qui respire beaucoup trop fort... Eh est-ce qu'elle va bien ?

« Hamilton... Ça va ? Je suis là. Tu respirez très fort, ça va ? »

La Terre est réellement inquiète. Mais elle ne s'approche pas. Elle ne veut pas la brusquer. Et puis dans l'obscurité, elle n'aime pas trop ne pas pouvoir montrer à Hamilton où elle est. Personne ne les voit mais cela ne lui plaît pas. Elle ne sait pas quoi faire pour sa Lune, elle veut lui éviter d'être trop mal à l'aise. Alice l'est pourtant. Pas à cause de la Feu. Mais parce qu'il fait noir... et Alice a peur dans le noir. Alors elle parle de sa voix grave et toute douce, en collant son dos contre le mur, tentant d'être toute calme.

« Je suis un peu loin. Désolée si je suis tout de même trop proche. Je... Est-que je peux... te tenir la main ? »

Comme une petite fille qui n'ose pas, Alice se retrouve dans une situation qu' elle connait peu, lorsqu'elle n'a pas confiance. Et qu'elle retient sa peur de grandir.

La douce s’inquiète. Cela m’angoisse encore plus. Je grimace et calme rapidement ma respiration avant de lui répondre, dans ma voix flottant une froideur désagréable, involontaire :

- Oui. Oui, ça va.

Alice a reculé, mais nous restons trop proches. Que leur prend-il, de faire cela ? Ils ressemblent à des gosses de douze ans, à s’amuser à enfermer des gens dans les placards.

Ok, Hamilton. Inspirer. Du calme.

Je m’appuie contre le mur en poussant un léger soupir quand la Terre reprend la parole. Je hausse les sourcils, puis aie un moment d’hésitation. Je suis nerveuse. A peu près certaine que me laisser toucher ne serait pas une bonne idée. Je me mordille la lèvre inférieure.

- Je-

Je quoi ? Je suis désolée ? Je ne sais pas le dire. Je ne veux pas ? Ce serait un mensonge. Je ne peux pas ? Cela me semble si blessant. Et pourtant elle ne le serait pas, blessée.

- Je ne sais pas.

Alors lentement, je tends ma main devant moi, viens effleurer du bout de mes doigts les siens. Une crampe au ventre m’arrache une moue endolorie et je ramène rapidement mes bras contre mon corps.

- Non, déclaré-je un peu trop abruptement.

Alice sent la froideur de la Feu. Sa crispation. Toutes deux tentent de se calmer, placées dans des positions qui ne leur plaisent pas. Après sa question, Hamilton hésite, un temps. Et puis elle fini part tenter... et s'en ca aussi rapidement qu'elle est venue.

Cela ne blesse pas Alice. Cela ne la rend pas triste, elle comprend. Pour une fois pourtant, elle ne se sent pas capable de vouloir l'aider en plus d'accepter. Elle ne se sent pas assez en confiance, elle se sent à l'étroit et... il fait sombre. Bien trop sombre. Elle croise ses bras contre son ventre et se concentre sur la fente lumineuse donnant sur ka salle, et sur ceux qui voulaient leur souhaiter une bonne soirée.

Elle avait peur. Lentement, dos contre le mur, elle se glisse sur la sol du placard. Croise ses bras autour de ses jambes. Murmure.

« Je suis désolée de cette situation. Je t'avais que j'ai peur dans le noir. Et je sais que je suis trop proche. »

En étant plus basse, Alice espère lui faire de le place. 7 minutes c'est bien cela ? Elle tiendra bien 7 petites minutes dans le noir. Elle l'a déjà fait. Elle réussira. Et puis elle n'était pas seule et mine de rien, la présence d'Hmailton l'aide un peu.

«... Heureusement que tu es là... »

Alice a fait une bêtise. Hamilton serait, dans cette situation, surement mieux toute seule. Hm... La Terre se concentre pour ne pas devenir triste, elle se focalise sur sa danse d'il y a peu. Cela ne pouvait pas tourner à une mauvaise soirée. Elle ne le voulait pas et ne le laisserait pas faire.

Je sens plus que je ne vois le mouvement d’Alice. Je crois que nous sommes toutes deux dans la même position. Bras croisés, aussi loin l’une de l’autre. Elle pour moi, moi pour moi. Aha. Mon égoïsme me ferait presque rire jaune. Et puis elle glisse jusqu’au sol d’après le bruit que j’entends. Et puis elle murmure, s’excuse. Je déglutis difficilement, attristée de la voir ainsi. Et puis elle me fait comprendre que ma présence l’aide.

Je ferme les yeux une fraction de seconde, prends une petite inspiration, et m’accroupis devant la douce, paupières rouvertes.

- Chut, ma douce, murmuré-je à mon tour d’une voix plus basse, tentant de l’apaiser.

Un demi-sourire aux lèvres, je lève la main juste devant mon menton et une petite flamme vient apparaitre du bout de mes doigts, éclairant un peu le placard d’un halo rougeoyant. Je prends garde à ne pas trop approcher le feu de la Terre mais au contraire de moi, gardant en mémoire les mots du Master : mon feu ne peut pas me brûler.

- Ne t’excuse pas. Tu n’y es pour rien.

Doucement, je porte ma seconde main jusqu’au visage d’Alice, venant passer mes doigts dans ses cheveux. Les cheveux, c’est moins difficile qu’une main, je vous assure. Quand d’un coup ma flamme grandit et j’écarquille les yeux. Je parviens à lui rendre une taille normale mais sens qu’avec le contact d’Al-

Non, non. Je sens que je ne maitrise pas très bien ma puissance, voilà tout. Et puis, il fait chaud, n’est-ce pas ? Les flammes cela fait tout de même beaucoup augmenter la température. Et nous ne voulons pas avoir chaud, n’est-ce pas ?

- Je ne contrôle pas toujours très bien mes pouvoirs, marmonné-je en faisant disparaitre la flamme du bout de mes doigts, les joues rouges, nous replongeant dans le noir.

Ouais, ouais Hamilton. Ce sont les pouvoirs que tu ne contrôles pas. Bien sûr.

Les deux jeunes femmes restent chacune dans leur position en silence. Et puis elle sent la Feu s'accroupir elle aussi. Elle ouvre les yeux pour distinguer la silhouette qui la rassure tant. Et puis la voix d'Hamilton s'élève, toute douce, et cela la rassure, lui fait du bien. Elle parait un peu surprise en voyant apparaitre la petite flamme, mais cela la rassure, la lumière éclaire l'intérieur du placard. Elle lève les yeux vers elle et... Son sourire. Son expression. Hamilton est toute à son attention. Alice en perd son sourire une seconde, protégée des autres, elle la regarde comme si elle était la chose la plus précieuse.

Elle baisse les yeux lorsqu'elle sent son contact, et retrouve son sourire doux jusqu'au moment où la lumière devient plus forte et que la chaleur monte d'un coup. Et Alice attrape l'expression d'Hamilton avant d'être plongées à nouveau dans le noir.

Alice ne peut empêcher son sourire en entendant la phrase d'Hamilton.

« Ce n'est pas grave. Merci. »

Merci, sa Lune. Qui l'éclaire dans le noir, qui la protège. Et qui est si belle. Et il fait si chaud. Alice se recale un peu dans son coin. Elle se calme, un peu rassurée, mais elle calme surtout tous ses sentiments.
Elle murmure dans un souffle tout timide, n'attendent toujours aucune réponse de sa part.

« Je t'aime. Je suis contente d'être avec toi ce soir, malgré tout. »

Alice a un peu moins peur, elle a toujours les yeux posés sur le sol, concentrée sur des choses positives que la Feu a réveillées en elle. Ce qu'il fait chaud...

La douce perd un instant son sourire, avant de me regarder… avec une telle intensité que je sens mon cœur cesser de battre un instant, puis reprendre, un peu trop vite. A peine trop vite. Puis ses lèvres s’étirent une nouvelle fois, manquant de me faire craquer et l’embrasser. Mais j’ai trop peur de ce que cela pourrait me faire et me retiens. Ensuite, tout s’éteint et Alice me remercie. Je grimace. Je sais aussi peu dire ce mot que le recueillir.

- Il n’y pas besoin de me remercier, Alice, soufflé-je.

La Terre se recule un peu et je l’imite en m’asseyant contre le mur en face, les genoux repliés contre mon torse.

Alice parle. Mon souffle se coupe. Mes joues paraissent prendre feu.

- Je-

Je suis incapable d’aligner deux mots correctement. Elle me l’a déjà dit mais le réentendre me fait toujours un choc. Et je continue d’être incapable de prononcer ces mots. Je me redresse légèrement, en proie à des envies contraires.

Et puis zut. J’aurai au moins essayé. Tant pis si cela se passe mal.

Je change de position, me retrouve à quatre pattes face à Alice, et me penche lentement. Doucement, tout doucement, mes lèvres viennent effleurer les siennes, puis les embrasser avec timidité.

Hum. Il fait chaud. BEAUCOUP TROP CHAUD.

- …Je me sens mal, lâché-je tout à coup.

Mes bras me lâchent et je glisse contre la douce, la tête dans son cou, mon corps collé au sien, les yeux écarquillés sous la surprise.

Ok. Il fait une température tout à fait normale en fait. Alors pourquoi est-ce que j’ai les joues si brûlantes ? Et eurg… Trop de proximité… Nausées… Je vais mourir, c’est certain.

Alice reste la tête baissée, jusqu'à entendre du bruit, Hamilton bouge. Elle redresse la tête, tentant de voir ce qu'elle fait... Et se retrouve à sentir son souffle sur son visage. Alice ne s'y attendait pas, par réflexe, elle se recule à peine, pour au final ne plus bouger. Elle a peur de la brusquer, elle ne veut pas la faire aller mal, surtout pas... Mais ses lèves sont si proches, son souffle si chaud... La Terre ferme les yeux, et se laisse embrasser, doucement.

La chaleur monte doucement de son ventre, et remonte jusqu'à sa tête, lui laissant une drôle de sensation. Elle rouvre lentement les yeux, la tendresse de la Feu la touche mais ne va-t-elle pas... Se sentir mal. Alice s'écarte, veut l'aider, et puis elle se retrouve d'un coup à supporter le corps d'Hamilton, qui tombe sur elle. Elle pose ses mains sur ses épaules pas réflexe, ne sachant pas quoi faire. Et en même temps... son corps, tout contre le sien, son visage dans son cou... Bien sûr, Hamilton lui avait déjà offert des câlins, mais pas... Pas comme ça... Pas SI proches, pas si...

Alice lève la tête, serre un instant les dents, ce n'est pas vraiment facile. Elle respire lentement, se calmant pour aider sa Lune. Lentement, elle la décale sur le coté, la tenant toujours par les épaules, la mettant sur le coté.

« C'est bientôt fini... Dis-moi ce que je peux faire... Si je peux. »

De nouveau, Alice se concentre sur le mal être de la Feu, en tentant de repousser sa propre peur. Si seulement elle pouvait ouvrir la porte, épargner à Hamilton ce contact qu'elle fuit. Mais elle ne cède ni à la colère, ni à la panique. 7 minutes, ce sera bientôt terminé. Elle repousse tous ses désirs, ses peurs, tout ce qui la perturbe, elle respire lentement. Elle doit rester calme, penser à des choses rassurantes.

C'était censé être une bonne soirée, et au final, Hamilton partirai certainement en courant, se sentirai sûrement malade pendant un long moment... Alice aurait pourtant tant voulu la rendre heureuse, rendre heureux les gens présents... Pourquoi, bon sang, pourquoi DANS un placard ?

Mon dos tout entier se crispe au contact de ses mains. Ma tête tourne, m’empêche de reculer. Alice veut m’aider. Je le sais. Mais ce serait sympa qu’elle arrête de me toucher. Cela empire quand je sens ses doigts sur mes épaules. Enfin, nous nous retrouvons un peu détachées l’une de l’autre et, comme mu par une force nouvelle, mon corps tout entier a un geste de recul, et je me retrouve enfin à ma place initiale contre le mur. La douce me demande ce qu’elle peut faire.

- Rien.

Pourquoi suis-je aussi froide ? Elle n’y est pour rien. Pour rien du tout. Je soupire légèrement en passant mes mains sur mon visage.

- Je- Je ne fais pas exprès d’être sèche. Ce n’est pas contre toi.

Elle doit le savoir. Mais je dois le dire. Pour en être certaine. Je déglutis puis reprends la parole, un peu calmée :

- Crois-tu qu’il reste encore longtemps ?

Alice la sent crispée, mais continue à la repousser pour pouvoir ensuite s'éloigner d'elle et n'être plus du tout en contact avec elle. Une fois en place, Alice se recule, rapidement, se remettant dos à la paroi. La réponse d'Hamilton s'élève dans le noir, froide, presque tranchante. Alice ne sourit plus. Plus du tout. Elle sait, évidemment, que cette froideur n'est pas dirigée contre elle, mais elle ressent alors tout le malaise de la Feu, et c'est cela qui la dérange le plus.

« Je sais, ne t'en fais pas pour ça. »

Elle sait, elle l'a bien compris, et n'en veut pas du tout à sa Lune. La question qui suit est un peu moins tendue. Cela rassure à peine Alice pourtant, qui répond, avec sa voix calme, qui se veut rassurante.

« Non, je pense que c'est bientôt terminé. »

L'ombre d'un sourire se dessine dans sa voix, tentant de se vouloir positive. Elle savait pourtant qu'à l'instant où les portes les libéreront, la Feu partirai, et qu'elle ne la suivrai probablement pas. Elle attendrait un peu en tout cas. Elle ne savait pas ce qu'elle devait faire. Elle aurait voulu l'aider. Elle ferme les yeux, lasse, et pour se protéger de l'obscurité en la créant elle-même.

Elle serait patiente, elle attendrait, de toute façon, elle n'en voulait à personne. Cette plaisanterie devait partir d'une bonne intention. Un peu violente l'attention, mais ils ne pensaient probablement pas à mal...

Elle sait. Evidemment qu’elle sait. Arrête de répéter des choses inutiles, Hamilton.

Je ferme les yeux, attends que cela passe. Bientôt, d’après la douce. Mais qu’est-ce, bientôt ? C’est long. Trop long. Je me sens pâlir, je me sens faillir. Je ne vais pas tenir encore longtemps. Vraiment pas longtemps. J’entends sa respiration. Je sens son odeur. Nos jambes se frôlent et même ce contact minime me devient insupportable dans un espace si réduit.

Et enfin, la porte s’ouvre. D’un bond je suis debout, mon regard noir plaqué sur le visage de la Master qui vient nous libérer. Je sors et m’apprête à incendier assez froidement la femme mais un haut le cœur me prend et sans même me tourner vers elle, je dis à Alice que je la rejoindrai au bal avant de partir à toute vitesse dans la direction opposée.

Je rejoins les premières toilettes et- Hmm. Oui, c’est bien ce que je me disais. Les nausées, je ne sais pas les contrôler. Une fois calmée, je me passe de l’eau sur mon visage plus pâle que jamais. Il faut que je rejoigne Alice, mais d’abord, il faut que je sorte. Je tremble trop. J’ai besoin d’une cigarette. En fait, j’aurais besoin de ne plus la voir de la soirée, le temps de m’apaiser mais j’ai envie d’être avec elle. AARG JE LES DETESTE. Je file dehors, fouillant dans mon sac à la recherche de tabac sans cesser de maudire les organisateurs de cette fichue soirée.