Matheo ne va pas bien… Comment ça, Matheo ne va pas bien ? J'aime ma chérie hein - ma fiancée… - mais parfois j'aimerai un peu plus de précision. Non ? Bon. Tant pis hein. Matheo ne va pas bien. Ce qui veut dire que soit il déprime parce qu'il s'ennuie, soit sa maladie a encore empiré. J'espère que c'est pas ça. Vraiment. Matheo est quelqu'un de bien, il ne mérite tellement pas ça. Bon on va prendre mon kit spécial Matthy alors. J'ai trouvé un nouveau livre à la bibliothèque. Parce que Piu est quelqu'un de très doué et qu'elle me trouve des classiques traduits en chinois. J'ai tellement plus l'habitude de lire du chinois ces dernières années que ça me fait du bien de m'y remettre.

J'ai mon nouvel article, sur les lieux insolites à vérifier avec Piu parce que pourquoi pas, ma version chinoise d'une nouvelle de Poe et le livre que j'avais commencé à lui lire la dernière fois, une pièce de Shakespeare en anglais. J'aime bien lui lire des pièces de théâtre, je change un peu ma voix avec les personnages et ça le fait rire. Quitte à lui remonter le moral je crois que je ferais ça, ce sera mieux que du fantastique. Il est un peu tard en plus, même si le soleil n'est pas encore couché on pourra sortir après.

Je suis un peu inquiet quand même. Si Aoi me dit que Matheo ne va pas bien c'est qu'il doit y avoir un vrai soucis. Elle n'a pas voulu m'en dire plus, juste que je devais aller lui parler. Si elle est au courant c'est soit que c'est médical, soit… Je ne sais pas en fait. Matheo ne parle pas des masses à Aoi de ce que je sais, pas de façon régulière en tout cas.

Je toque doucement à la porte de Matthy, mes bouquins sous le bras avec un thermos de thé. Parce que oui, je suis quelqu'un d'attentionné parfois. Avec les gens que j'aime bien. Et j'aime bien Matthy. CQFD.

Prostré dans le coin le plus sombre de la pièce, je continue de pleurer, la tête dans les bras, marmonant quelques paroles inintelligibles par moment. Mon corps est secoué de soubresaut et à chaque fois, j'ai l'impression que mon coeur veut sortir de ma poitrine. Ca ne changerait pas grand chose au final, je ressens déjà comme un énorme vide, un trou béant qui, paradoxalement, me compresse l'estomac et le torse avec une force démoniaque. Je parviens à peine à respirer, pourtant, je n'arrive pas à me guérir. Les guérisseurs soignent le corps, mais ils ne peuvent rien contre les coeurs brisés. Je n'avais jamais compris cette expression auparavant, n'ayant jamais été attiré vraiment par quelqu'un, étant cloîtré dans ma chambre pendant toute ma vie. Mais maintenant que je le ressens, je trouve que cette appelation est bien faible. Coeur brisé... Si seulement il n'y avait que mon coeur qui souffrait. Là, j'ai plutôt l'impression que tout mon corps m'a abandonné et que je sombre lentement dans un gouffre sans fond. Ca s'est produit hier, il y a quelques heures même pour ma "vengeance"... mais rien ne passe, et ce poids sur mon coeur persiste.

"Vengeance", un haut-le-coeur me prend. Qu'est-ce qui m'a pris ? Pourquoi j'ai fait ça ? Il l'avait mérité est la première réponse qui me vient à l'esprit mais non, ce n'est pas la réponse. Pourquoi j'ai fait ça ? Cela ne me ressemble tellement pas. Au-delà de la honte et de l'humiliation que je ressens, une certaine forme de dégoût vrille à travers chaque cellules de mon corps. Comment j'ai pu faire ça ? Je ne suis pas du genre rancunier pourtant, je ne suis pas comme ça... Et pourtant... Pourtant j'ai...
Le grondement de mon estomac interrompt mes pensées. Cela un moment que je n'ai pas mangé. Cela fait un moment que je n'ai pas bougé aussi. Chaque fois que j'essaie, j'ai la nausée. Je souhaite m'endormir, pour tuoujours, resté prisonnier du joli rêve que j'avais fait l'autre nuit, pour ne jamais me réveiller, et penser encore que je peux être heureux.

On toque la porte. Je sors doucement de ma léthargie, dirigeant ma tête et mes sens vers la porte. Une énergie familière me fait écho, et je pousse un soupir, sans bouger pour autant. En temps normal, j'aurai été plus qu'heureux de le revoir. Depuis notre petit combat improvisé, il venait régulièrement me lire des articles de son journal ou même de la littérature, j'aimais particulièrement ses imitations de théâtre, toujours très amusante. Il égayait ma journée de la plus belle manière mais là... je ne voulais pas être égayé. Je voulais rester dans mon coin, ne plus bouger, ne plus souffrir. Mais je n'allais pas le laisser à la porte non plus. J'hésite encore quelques secondes puis finalement me lève, me dirigeant prudemment vers la porte. Oui prudemment, car des débris de différents objets, des livres, des morceaux de mobiliers aussi j'ai l'impression jonche le sol. Je sais ce que vous pouvez croire, mais je n'y suis pour rien, pas vraiment. Enfermé dans ma douleur, j'ai perdu un tant soit peu le contrôle, par à coup... Prostré dans mon coin, je ne m'étais pas rendu compte immédiatement que mes pouvoirs m'échappaient

Je pousse un nouveau soupir, tel un animal blessé, m'appuyant sur la porte comem pour y chercher du courage, surtout de la volonté. Rapidement, je range tous les débris que je peux capter dans un coin de la pièce avec un coup de vent puis ouvre lentement la porte.

-Salut Huo... Je... Excuse-moi mais, je n'ai pas trop envie d'entendre une histoire aujourd'hui...

Je ne cherche pas à le chasser, pas vraiment. J'ai juste de retourner m'allonger, ou m'asseoir en chien de faience contre le mur, ou encore m'étendre à terre en faisant le mort. Je ne peux pas faire ça en sa présence, il me prendrait pour un fou. Oui un fou. Fou de douleur.

Je sens son énergie bouger derrière la porte. Son aura a l'air faible et je me mordille la lèvre. Matty… Que t'est-il arrivé ? Je ne sais pas ce qui a pu se passer mais déjà même sans le voir je sens qu'il ne va pas bien. J'espère au moins pouvoir l'aider. J'entends un grand bruit de frottement derrière la porte avant qu'elle s'ouvre. Il a l'air pas bien du tout, rien que sa réponse me fait de la peine.

— Matheo…

Je m'avance prudemment et glisse une main dans ses cheveux avec douceur. J'ai envie de le prendre dans mes bras.

— Si tu ne veux pas que je te fasse la lecture, je ne le ferai pas mais laisse moi au moins être là pour toi. Je suis ton ami.

Sans attendre sa réponse, je le pousse lentement vers l'intérieur de la chambre et referme la porte derrière moi. C'est le bordel ici. Je crois qu'il a définitivement besoin de parler un peu. Aussi dur que ce soit, et je sais que ça l'est, il ne faut pas se laisser aller à la déprime trop longtemps. Quand on s'enfonce on en ressort plus. Et je veux l'aider à s'aérer la tête.

Je pose mon livre et mon article sur un coin de bureau avec mon thermos de thé. Bon… Comment faire ça avec tact ? J'ai jamais été doué pour ça. Je ne sais même pas vraiment pourquoi ça ne va pas, juste vaguement que ça a un rapport avec Nico. Chagrin d'amour ? Je ne prête pas trop attention aux rumeurs, elles sont rarement exactes, mais j'en entendu quelques choses qui ne me font pas vraiment plaisir.

— J'ai conscience de ne pas être forcément la personne la plus réconfortante du monde mais parle moi ? Je n'aime pas te voir comme ça Matty. Qu'est-ce que je peux faire pour t'aider ?

Enfin à part du thé ? Le thé c'est pas mal mais ça guérit pas les cœurs brisés.

Je me retiens de fermer la porte, fort, très fort. Je ne veux pas le chasser pourtant mais là, je ne pense pas correctement. Tout est confus dans ma tête, tordu par la douleur, les souvenirs et le remord. J'inspire bruyamment en sentant sa main sur mon crâne. Son contact me tire un pâle sourire bien que je ne sache pas exactement quoi dire ou faire. Ses paroles me parviennent comme une voix lointaine, comme s'il ne s'adressait pas vraiment à moi. J'aurai aimé pouvoir ouvrir les yeux et le voir à ce moment-là, pour voir son visage et capter ses émotions à travers son regard. Or tout ce que j'avais était cette copie fantôme. Mais je n'avais pas besoin de ça pour comprendre qu'il était sincère. Il l'était toujours. Je réalise par la même occasion que j'arriverai sûrement pas à le faire partir. Avant même que je ne formule clairement cette pensée dans ma tête, il entre pour commencer à s'installer. J'espère avoir bien caché les débris des divers objets cassés, même si un rapide coup d'œil dans la chambre lui aura permis de voir que des places sont désormais vacantes. Je ferme la porte en douceur, soupirant tel un animal blessé. Je reste appuyé contre la porte, suivant de la tête son énergie jusqu'à ce qu'il se fixe.

-Aoi t'a parlé n'est-ce pas ?

C'était plus une affirmation qu'une réelle question. Qu'il arrive à ce moment précis, juste après ce qui s'est passé avec... Mon corps a un brusque sursaut, comme électrocuté. Je ne parviens même pas à prononcer son nom dans ma tête. Je secoue celle-ci, comme si je chassais une mouche, retrouvant petit à petit le fil de mes pensées. Aoi a forcément dû lui dire que j'étais passé. Je ne sais ce qu'elle lui a raconté, mais ça l'a amené jusqu'ici. Je ne sais pas si je suis heureux qu'il soit là ou mécontent. Je ne sais pas quoi ressentir. Au fond, son énergie brûlante tel un feu de bois me réchauffait un peu, sa simple présence me permettait de respirer un peu mieux que seul, enfermé. Mais j'avais peur de ce qu'il voulait savoir, surtout vu qui ça concernait. Je sais qu'il a un lien très fort avec... lui, alors je ne sais s'il est la meilleure personne pour en parler. Je ne sais plus.
Je lui adresse un bref sourire, forcé, avant de lui dire :

-Ne t'en fais pas, ça va bien. J'ai juste... besoin d'un peu de temps... seul, dis-je en cherchant mes mots.

Je passe ma main sur ma nuque, pour me donner contenance, quand ça se reproduit à nouveau. Ce doit être le geste de mon bras ou quoi que ce soit, mais en tous cas une masse d'air se crée et fracasse un des tiroirs de la commode juste à côté de moi. Je me tourne aussitôt au son de l'impact et lâche un gémissement.

-Oh non non non NON.

Je n'en peux plus. Ça n'arrêtait pas d'arriver depuis... ce jour-là. J'ai l'impression que mes pouvoirs n'en font qu'à leur tête, que je perds le contrôle petit à petit. Mais ce qui me gêne encore plus, c'est que cela se soit passé devant Huo. Comment le convaincre que tout va bien maintenant hein ? Déjà qu'il n'en était pas convaincu. Je me penche pour ramasser les morceaux de bois éparpillés un peu partout avant de renoncer. De la même manière que lorsqu'il est entré, je les envoie rejoindre le tas des rebuts d'un geste du poignet. Heureusement que rien n'est tombé... seule une partir du tiroir s'est décroché. Je soupire à nouveau.

-Désolé Huo... Je ne voulais pas que tu vois ça. Je suis un danger public en ce moment, expliquais-je avec un rire bref.


Hrp: Désolé <3

Il a l'air totalement déprimé et ça me serre le coeur de le voir comme ça. La chambre est loin d'être rangée alors que d'habitude il fait toujours attention pour éviter de se cogner ou de se prendre les pieds dans un objet qu'il n'a pas senti. Je fais la moue, soupire pour m'exprimer en me rappelant qu'il ne le voit pas. C'est un peu déstabilisant parfois. Je verbalise beaucoup plus avec lui pour ça et c'est pas quelque chose de spontané ni naturel chez moi. Pourtant Matty a toujours eu cette facilité à me faire parler. Souvent c'est plutôt lui qui me rassure mais là c'est mon tour.

— Elle savait que ça m'intéresserait, je fais en haussant les épaules.

En même temps, il aurait dû s'en douter. Même si elle ne m'a pas dit pour quoi il était venu la voir, ce que j'ai trouvé assez bizarre. Enfin Aoi est quelqu'un de bien plus respectueux des sentiments des autres que moi généralement. Pas que je le sois pas hein, encore que ça dépend de qui, mais j'suis pas la personne la plus gentille au monde clairement.

Du temps seul hein… C'est pas comme ça qu'on sort de la déprime, mon grand. C'est comme ça qu'on s'y enfonce plutôt. En restant seul, en pensant que ça ira mieux et qu'on sortira à ce moment là, on fait que s'enfermer dedans. Je sursaute en sentant l'air bouger à son geste. Oh. Il va vraiment plus mal que je le pensais en fait. Je m'approche doucement de lui et prend sa main pour le faire asseoir avec moi sur le bord du lit.

— Ca peut arriver à tout le monde d'avoir des mauvais jours. C'est pas pour autant que ça fait de toi un danger public donc ne dit pas ça.

Pour quelqu'un qui utilise autant son pouvoir au quotidien c'est normal que ses humeurs l'influencent. Nos pouvoirs sont intimement liés à nos émotions, nos sentiments autant qu'à notre état physique.

— Ca m'arrive aussi tu sais, enfin moins mais ça m'arrive. L'autre jour j'ai fait peur à Aoi parce que j'étais brûlant. Elle a cru que j'avais de la fièvre alors que je m'étais juste énervé sur mon logiciel de retouche photo, je rigole.

Et régulièrement j'éteins mes poings en entrainement parce que sinon je fous le feu à mon sac de frappe dans le feu de l'action. Oui je suis fier de ce jeu de mot laissez moi tranquille.

— Si t'as pas envie de parler de ça c'est pas grave. Je t'ai amené un thermos de thé.

J'aimerais juste l'emmener dehors ou faire des papillons de feu pour lui remonter le moral mais il ne les verrait pas. Et en soi ce que j'ai dit est un peu un mensonge parce que j'ai envie de savoir ce qu'il se passe mais je peux pas le forcer. Parfois faut juste attendre que ça passe et que les gens soient prêts à parler. C'est un truc que j'ai du mal à faire, surtout avec Aoi. Parce que je suis un crétin qui n'apprend pas de ses erreurs et que je tiens trop à elle pour être patient quand il y a un problème.

J'essaie de me calmer, je fais tout mon possible pour. J'inspire profondément, j'essaie de trier le surplus d'émotions qui menace mon esprit de craquer à tout instant et je fais de mon mieux pour contrôler les soubresauts de mon corps. C'était ridicule, J'étais ridicule d'agir ainsi devant lui. C'est pour ça que je en voulais pas qu'il vienne, que personne ne vienne, que je restais enfermé dans ma chambre sans bouger... Je ne voulais pas que les gens me voient ainsi. Personne ne devait me voir ainsi. Je n'étais que l'ombre de moi-même, je ne parvenais ni à sourire, ni à rire, même pas à me forcer dans les cas... Bouger, penser, manger, boire, pleurer, tout était devenu si douloureux.
Le visage rivé sur les débris, je ne sens pas Huo se déplacer et sursaute lorsqu'il me prend la main. Je baisse la tête, penaud, et me laisse guidé jusqu'à mon lit. Je ramène mes jambes contre moi et commence à me balancer d'avant en arrière, sans pouvoir m'en empêcher. J'écoute les paroles de Huo qui, malgré tout, parviennent à me réchauffer un peu. D'un geste du poignet, le thermos lévite vers moi et sa chaleur se diffuse de mes mains le long de mes bras. Je respire l'arôme du thé sous mon nez, c'est agréable, et si gentil de sa part de m'en avoir apporté.

-Merci Huo, dis-je d'une voix rauque. Qu'est-ce que... Qu'est-ce que Aoi t'a dit ?

Je me doute cependant qu'elle ne lui a pas donné de détails sinon il ne me poserait pas ces questions et il en serait peut-être pas là, d'où mon hésitation. Est-ce que je dois lui dire ? Prononcer SON nom est trop dur pour moi et je crains la réaction de Huo. Je sais qu'ils sont proches tous les deux alors je en veux pas dire du mal de son frère d'adoption. Et puis... ce n'est pas lui le véritable problème. C'est moi au fond. Je bois une gorgée de thé, que me brûle un peu la gorge mais bizarrement, c'est plutôt agréable. J'en reprends une deuxième, puis me lance, me doutant qu'il ne s'en irait pas avant que je n'ai parlé.

-C'était il y a deux-trois jours environ, je ne sais plus vraiment désolé, Ni... Il est venu dans ma chambre, me repris-je aussitôt, une pointe se fichant dans mon cœur. On a un peu discuté mais il n'était visiblement pas là pour ça et euh... je pense que tu comprends comment cela s'est terminé.

Je sens une rougeur grignoter mes joues. C'était dur de reparler de cette nuit, encore plus s'il me demande des détails. Mais je pense qu'il voit très bien ce qu'il s'est passé, il le comprend à mon récit et mon attitude. Comme Ys, Huo me connaît bien, trop bien même. Je prends une nouvelle gorgée de thé, plus longue cette fois. Maintenant que j'avais commencé, il fallait continuer.

-J'étais vraiment heureux cette nuit-là, même encore le matin. Ce garçon... Je crois que c'est cette nuit-là, en l'entendant me parler, s'intéresser vraiment à moi, que j'ai compris que j'avais pour la première fois des sentiments envers quelqu'un d'autre. Je veux dire autre que l'amitié bien sûr. Cela m'a surpris car je ne m'y attendais pas, même avec lui. Sauf que...

J'avale ma salive avec difficulté. Nouvelle gorgée de thé, qui passe difficilement. Mes paupières s'agitent de manière incontrôlable, un peu à la façon d'un spasme, tandis que je contiens les larmes qui veulent forcer la barrière de mes yeux. Je secoue la tête.

-Il ne voyait pas les choses comme ça. Ce n'était qu'un jeu pour lui. Surtout qu'il est sensitif, il savait ce que je ressentais, il connaissait mes sentiments, il me la dit, il y a répondu juste pour... ça !

Ma voix grimpait au fur et à mesure que je parlais pour claquer en prononçant le « ça », en même temps que mes pouvoirs. Le couvercle du thermos saute à cet instant, ce qui me calme aussitôt. Le thermos de Huo... je l'ai cassé. Je m'excuse aussitôt, me penche pour le ramasser et le remettre en place. Tant que mes pouvoirs étaient aussi instables j'étais dangereux, même pour lui, tout master qu'il est. Si je le blessais, je m'en voudrais toute ma vie. Après m'être excusé un nombre incalculable de fois, vérifié que je ne l'avais touché accidentellement avec la masse d'air, le calme revint. Le moment du récit aussi.

-Je me suis vengé Huo. Moi. Je... Je ne pensais pas que j'en étais capable, vraiment. Je ne pensais que je pouvais être aussi vindicatif. C'est pour ça que je suis allé voir Aoi, pour qu'elle m'aide. Je suis allé chez lui ensuite, pendant qu'il dormait et je lui ai infligé un... handicap... en brisant le cristal que je lui avais offert pour symboliser notre amitié. Volontairement.

Je me dégoûte. Encore heureux que je sois aveugle, car je ne pourrais pas me regarder dans une glace sinon.

-J'ai été stupide. Ca ne me ressemble pas. Je lui en veux Huo. Je lui en veux parce qu'il m'a trompé, et je lui en veux surtout parce qu'à cause de lui j'ai réalisé des choses sur moi-même qui ne me plaisent pas.

Je pousse un long soupir. Je ne me sentais nullement soulagé pour l'instant, au contraire. Me rappeler tout ça m'a replongé dans l'énergie du moment, mes émotions se faisant plus vives, mes sensations aussi. Je retrouvais cette colère qui m'avait habitée, bien aidée par la tristesse et le regret.

-Je regrette tellement Huo. Je regrette tout. Je regrette cette nuit. Je regrette la nuit suivante. Je regrette mon attitude. Je voudrais... qu'il en soit jamais venu. Que ce jour ne soit jamais arrivé.

Je suis bête. Si bête.

Je le laisse se reprendre un peu, le regarde manipuler le thermos et boire un peu de thé. Je ne veux pas le presser même si intérieurement j'avoue que je m'impatiente un peu. Enfin je sais me contenir un peu mais j'aimerais savoir ce qui l'a mis dans cet état. Au moins que je sache sur qui taper le cas échéant. On ne touche pas à mon Matthy.

— Pas grand chose. Que tu étais venu la voir et que tu n'allais pas très bien. C'est de toi que j'aimerais savoir ce qu'il s'est passé.

Peut-être que c'est pas cool d'insister mais en même temps parfois il faut que ça sorte aussi. Je suis pas expert en sentiments, c'est même plutôt le contraire pour peu que quelqu'un puisse l'être, mais j'aimerais quand même inverser un peu les rôles pour une fois. C'est toujours à lui que je parle d'habitude.

Il boit un peu de thé et je souris en le voyant grimacer légèrement avec la chaleur. J'écoute simplement. Alors comme ça mon petit Matthy s'est laissé aller à expérimenter. Avec Nicolas en plus si j'ai bien compris. Il a l'air vraiment amoureux. Enfin Matheo est quelqu'un qui rougit très facilement et il est ouvert avec ses sentiments. Ca me fait aussi plaisir qu'il m'en parle même si je vois bien que c'est dur pour lui.

Qu'il s'énerve par contre c'est quelque chose de nouveau. Pas surprenant. De ce que je comprends, c'est même tout à fait normal. Mais je ne l'avais jamais vu en colère jusqu'à maintenant. Il s'est même vengé. Wow, mais c'est que le petit chaton a des griffes finalement. Plus que je l'aurais pensé. Je n'arrive pas à retenir un sourire très amusé. Un rire silencieux me secoue les épaules. C'est pas sympa de ma part honnêtement, il a l'air très affecté, mais enfin… Venant de lui et avec ce que moi j'ai vécu c'est assez mignon en fait. Je n'arrive pas à retenir un ricanement au final.

— Pardon, pardon. Je devrais pas rire. C'est juste que-

Je pouffe encore de rire derrière ma main et lui ébouriffe les cheveux doucement.

— Tu ne peux pas être parfait Matthy. C'est normal de vouloir te venger si on t'a fait du mal. De mon point de vue tu as même bien fait. Il vaut mieux ça que garder une rancune à l'intérieur et la laisser pourrir.

Je soupire doucement, fait la moue. Il va falloir que j'ai une petite discussion avec Nicolas à propos de tout ça.

— Je suis le premier à me fustiger pour des colères mal placées ou des vengeances. Je pense que tu le sais. Je suis même déjà allé bien trop loin pour ça. Mais être en colère quand tu es blessé c'est normal. Tu n'es pas un ange, tu as le droit de faire un coup bas à quelqu'un qui a joué avec tes sentiments. C'est même recommandé.

Pour avoir été l'objet de quelques vengeances amoureuses, je pense que quand on sait que c'est mérité on ne cherche pas à répliquer de toute façon. Avec Aoi notre histoire a aussi été compliqué avec ça. On s'est beaucoup cherché, on s'est tapé dessus et crié des horreurs parfois. Ca ne veut pas dire qu'on s'aime pas mais certaines choses ne doivent pas être enfermées.

C'est ce à quoi je m'attendais, Aoi ne lui avait rien dit. Juste qu'il devrait passer me voir pour prendre de mes nouvelles. Je ne peux m'empêcher d'avoir une pensée pour elle en la sachant si prévenante. Elle n'a rien dit, elle pensait que ce serait sûrement mieux que ce soit moi qui explique et en cela, je la remercie. Le fait de m'envoyer Huo pour ne pas être seul et me réconforter avait quelque chose d'amusant puisque d'habitude, les rôles étaient inversés. J'aurai préféré rester seul pendant un temps, un long temps. Toutefois, il fallait reconnaître que sa présence me rassurait, me faisait du bien. Avoir un peu de compagnie réchauffait mon coeur; tout comme son aura, typique des feux.

Mon histoire racontée, je le sentis trembler sans comprendre jusqu'à qu'il rigole. Je baissais la tête, avant de l'enfouir dans ma tête. Non effectivement, j'aurai préféré que tu ne rigoles pas Huo, surtout en voyant que c'était si dur pour moi. Après comment lui en vouloir ? J'étais ridicule.

- Ca ne me ressemble pas... Je lui en veux, je lui en veux tellement que je ne peux même exprimer à quel point. Parce qu'il a abusé de mes sentiments, et parce que... parce qu'il m'a fait faire ça. Il m'a poussé à ça, et c'est ridicule. Raaaaah!

De rage, je plonge mon visage dans mes bras, secoué par des sanglots incontrôlables. J'aurai tellement voulu que tout ça n'arrive pas. Qu'il ne vienne jamais. J'étais si en colère que j'en venais même à souhaiter ne l'avoir jamais rencontré, surtout si c'était pour que ça se termine comme ça. Pour une fois dans ma vie, je m'étais approché du bonheur total, je l'avais effleuré du doigt et j'avais eu l'impression d'être complet, d'être enfin à ma place car j'avais trouvé une personne dont je pensais qu'elle voyait quelque chose en moi, quelque chose qui allait au-delà de la maladie, de l'apparence et de la sympathie. Au final, je n'avais récolté qu'une déchirure, une plaie béante qui ne voulait pas se refermer...

-Je sais qu'on ne peut pas être parfait et... je ne prétends pas l'être. C'est juste que... que... c'était stupide. Et je croyais vraiment que... Que je epourrais être heureux pour la première fois de ma vie, dis-je en sanglotant.

Je suis pas très doué pour ça. Consoler. Enfin même si c’était que ça… Les états d’âme de Matheo sont compliqués à comprendre pour moi. Je suis pas quelqu’un de compatissant ou empathique. Se venger pour moi c’est normal, c’est un mécanisme de défense, presque de survie. Parce que ne pas répondre à une provocation, une insulte, un coup bas, c’était paraître faible et si on était, on se faisait tuer. Je pouvais pas me permettre de penser différemment. C’est aussi pour ça qu’avec Aoi ça a été aussi compliqué. On s’est souvent piégés dans un engrenage à rendre coup sur coup, moi par habitude et elle… Par fierté ? Au final c’est un peu pareil.

Je souris faiblement alors qu’il se met à pleurer et passe un bras autour de ses épaules pour le réconforter. Il a l’air de s’en vouloir tellement, d’en vouloir tellement à Nico.

- Matthy… Je ne suis pas un Saint. Même loin de ça. Moi si on me blesse, je réplique. Je suis tellement- Quand j’ai eu peur de me faire rejeter et que j’ai pensé qu’Aoi ne voudrait pas de moi et que je ne la méritais pas, j’ai essayé de la blesser pour qu’elle s’éloigne.

Je soupire doucement. Je prétends pas savoir ce qu’il se passe dans la tête de Nico mais de l’autoflagellation m’étonnerait pas trop de lui…

- J’suis un connard donc je me serais vengé aussi. Si tu peux pas vivre avec ça… Fin excuse toi ? Et sinon attends que lui le fasse.

Pourquoi les humains sont-ils si mauvais pour communiquer ? C’est nous qui avons la parole pourtant.

Je sens son bras m'entourer, son aura flamboyante créant une sorte de foyer apaisant qui réchauffe mon corps. Ses paroles me parviennent de loin, comme un vieil écho qui s'amenuit petit à petit, mais j'en comprends l'essentiel. Je m'attendais à ce genre de réponse de sa part. Je sais bien qu'il ne peut pas totalement comprendre mes niaiseries, mais il fait l'effort d'être là pour moi, et je sens qu'il fait tout pour me comprendre et me consoler.

Je me redresse lentement, et essuie mes larmes avec ma manche, frottant si fort que la peau me gratte autour. Je dois être hideux, tout rouge ainsi. Mais je n'y fais pas attention, mon esprit est ailleurs.

-Pardon Huo... Je me suis laissé aller. C'est toutefois mieux que de détruire ma chambre petit bout par petit bout, dis-je avec un soupir de désespoir.

Je retrouve toutefois bien vite une certaine détermination. Ses paroles me font l'effet d'un électrochoc lorsqu'elles parviennent jusqu'à mon cerveau, et que j'en comprend le sens.

-Hors de question que je m'excuse. Je regrette ce que j'ai fais, mais il le méritait, dis-je, un air féroce sur le visage.

Nouveau soupir. J'inspire une grande bouffée d'air avant d'exprirer lentement pour calmer le sang qui pulse à mes oreilles, et qui échauffe tout mon corps comme un brasier ardent. Je ne voulais pas m'énerver, pas maintenant, pas en sa présence. Un petit rire nerveux secoua mon corps, alors que je tournais mon visage ravagé vers lui.

-Ca faisait longtemps que l'on n'avait pas eu ce genre de conversation... On dirait que c'est à toi de t'improviser comme consolateur aujourd'hui.

Je secoue doucement la tête. Je veux pas qu'il s'excuse d'être mal, je veux pas qu'il me demande pardon parce qu'il a un chagrin d'amour. Parce que c'est vraiment de ça qu'il s'agit.

Je soupire doucement et le prend dans mes bras plus franchement. Ouais je fais un câlin. Si je veux. Il en a besoin là et moi je suis pas du genre doué pour consoler. Même si je comprends vraiment. Il est en colère, et triste et en même temps il ne veut pas l'être. Je suis nul en chagrin d'amour. J'arrive déjà pas à gérer les miens alors ceux des autres...

— Pour une fois que je peux te rendre la pareil, je ris doucement.

Je caresse doucement ses cheveux. Je tiens tellement à lui, ça me fait mal de le voir comme ça. Matheo devrait rire et courir sous la Lune, pas rester à pleurer dans sa chambre parce qu'on lui a brisé le coeur.

— J'suis nul en réparation de coeur brisé. Mais j'aime pas te voir souffrir Matthy. Je tiens beaucoup à toi, tu sais. T'es surement un des meilleurs amis que j'ai eu et tu mérites pas ça.

Je souris doucement, effleure ses joues du pouce pour essuyer ses larmes.

— Sois un peu égoïste avec ça. Parfois ça a du bon de ressentir de la satisfaction pour une vengeance. Si il le méritait t'as pas à regretter ça. C'était pas permanent de toute façon, que je sache.

Je récupère mon livre que j'avais balancé plus loin sur le lit.

— Pensons plus à ça, ok ? J'suis venu là pour te changer les idées. Je peux te faire un peu la lecture si tu veux. Sinon on peut sortir ou faire ce que tu veux. C'est toi qui décide.

Je sens les bras de Huoqui m'entourent, leur poids sur mes épaules mais, pour la prmeière fois depuis des jours, c'est un poids réconfortant qui se pose sur mon corps. Je me penche l'égèrement, posant ma tête sur son épaule et lui rend l'étreinte avec force. Je sanglote un peu, de tristesse, de remords, de... quoi encore ? Tellement de sentiments se mélangent.
Je rigole à mon tour, me retenant de ronronner lorsqu'il me fait des papouilles dans les cheveux.

-Je ne te savais pas aussi calin, encore moins sentimental. On ne cesse jamais d'apprendre des autres on dirait, dis-je avec un petit sourire.

Je ne sais si ça lui coûtait, mais ça n'en avait pas l'air. Il se laissait proter par ses émotions, il avait changé depuis notre première rencontre, ce n'était plus le même homme. Je sais que ce n'est pas du tout son style de s'exprimer de la sorte. Le fait qu'il en soit capable pour moi...

-Merci Huo. Merci.

Finalement, je me redresse, laisse échapper un petit rire lorsqu'il essuie mes larmes avant que je ne prenne la relève de façon un peu plus brouillon, et finit par acquiescer à sa proposition.

- Un peu de lecture ne me fera pas de mal je pense. Il y a longtemps que je n'ai plus rien écouter et bizarrement, là tout de suite, j'en ai envie.

Mon coeur est plus léger à présent. J'ai sûrement versé les dernières larmes qu'il me restait à verser, j'ai enfin pu mettre des mots sur ma colère, raconter mon histoire à une personne. La plaie allait pouvoir cicatriser alors... Peut-être allais-je enfin commencer à guérir. Le coeur est un organe long à se réparer après tout.

-Qu'est-ce que tu m'as apporté comme lecture ? Un nouvel article ? Ca fonctionne toujours bien d'ailleurs ton travail de journaliste ?, demandais-je, désireux de m'intéresser à lui.

Il est temps que les rôles reviennent à leur place, même si savoir que l'on pouvait les échanger remplissait mon coeur de joie. J'avais toujours su pouvoir compter sur lui. Je réalisais seulement à quel point à présent.

Je fais la moue, un peu boudeur, puis lui tire la langue. Genre ! J'suis tactile comme mec hein, faut pas croire. Juste, pas avec tout le monde. Quand j'ai confiance ouais, même si habituellement c'est plus le genre désinvolte, un bras autour des épaules, un ébouriffage de coupe, ce genre de trucs. Les câlins, c'est plus avec Aoi mais là Matthy en a besoin donc j'vais pas lui refuser. J'ai un coeur quand même.

— Me remercie pas, c'est normal.

C'est normal d'être là pour ses amis, surtout dans ce genre de moments je crois. Et il mérite pas de reste comme ça. Il a l'air mieux déjà et ça me fait plaisir de voir qu'il se reprend. J'espère que ça l'aidera à dépasser ça un peu. J'esquisse un grand sourire et feuillette le livre sur mes genoux pour retourner au passage où je m'étais arrêté la dernière fois.

— Le journal marche tranquillement ouais. Enfin en ce moment j'essaye de m'occuper un peu plus de la couverture médiatique de Terrae. J'fais des trucs pour des journeaux étrangers ou japonais pour essayer d'améliorer notre image.

Je me frotte un peu la nuque. Ca doit avoir l'air tellement chiant en fait dit comme ça mais moi je suis dans mon élément et je me sens utile à Terrae alors ça me convient.

— J'ai la pièce de Shakespeare de la dernière fois qu'on avait pas fini si tu veux. Sinon j'ai pris une nouvelle de Edgar Poe en chinois. Tu préfères quoi ?

J'aime tellement mieux le voir sourire, même un peu plus faiblement, tant que ça va. La Lune est bien plus belle si elle sourit.

"C'est normal"... Je marque un temps d'arrêt lorsqu'il me dit cela, puis, un sourire vient doucement étirer mes lèvres alors que mes joues se colorent d'uen jolie teinte rouge. J'étais d'accord avec lui bien sur, il savait que je ferais la même chose dans son cas, je l'ai déjà fait. C'est tout de même autre autre que de l'entendre prononcer. Je ne peux toutefois pas m'mepêcher de rire en sentant qu'il me tire la langue. Il n'a pas tant changé que ça finalement, Huo reste Huo.

Je l'écoute parler un instant de son travail. J'ai l'impression qu'il ne veut pas m'ennuyer et qu'il me réponds pour la forme. Un nouveau sourire sur les lèvres, je tourne mon visage pâle vers lui et continue mes questions, pour qu'il comprenne que je suis vraiment intéressé.

-Notre image est si mauvaise que cela à l'extérieur ?

Je baisse finalement la tête, contraint de faire face à mon ignorance.

-Pardon... Je ne suis pas au courant de grand chose...

J'approuve cependant bien vite, d'un hochement de tête, le choix de continuer Shakespeare (en plus il prend différentes voix quand il me lit du théâtre, c'est assez drôle, même lorsque le sujet ne l'est pas). Mais lorsqu'il m'annonce avoir une nouvelle en chinois, ma curiosité est piquée. Je m'installe confortablement sur mon lit, à savoir, je m'allonge sur le ventre, la tête dans mes mains, balançant mes pieds comme un enfant:

-Je veux bien qu'on finisse Shakespeare... Mais avant, tu peux un lire un morceau d'Edgar Poe s'il te plait? Je ne t'ai jamais entendu parler en chinois, je suis très curieux.

Pour être sûr de l'entendre bel et bien dans sa langue, je retirais la puce traductrice que l'on nous offre à Terrae. Puis je lui offrit mon visage, impatient d'entendre ses mots.

Oh il rougit, trop adorable. Oui j'aime utiliser ce qualificatif pour Matheo. Parce qu'il l'est, adorable. C'est dingue comme il est super cute, ça doit être son pouvoir secret. Je ris un peu quand il semble embarrassé de ne pas savoir grand chose de notre image à l'extérieur. A vrai dire, je crois qu'il y a peu de monde ici qui s'en préoccupe vraiment. M'enfin c'est aussi pour ça que je fais ce que je fais avec Keitaro.

— Ca pourrait être pire mais en soit c'est clair qu'on a vu mieux, je fais en haussant les épaules.

Finalement il s'allonge sur le ventre et je ris un peu en voyant sa posture presque enfantine. Il me réclame la nouvelle de Poe et je hausse un sourcil en le voyant enlever sa puce traductrice.

— Ha… Bon du coup j'allais dire que tu vas rien comprendre mais tu dois déjà plus rien comprendre, je rigole.

J'attrape le recueil de nouvelles et tourne quelques pages. Je me souviens que j'avais lu celle-là quand je faisais encore mes devoirs au lycée et elle m'avait bien plu. Je commence à lire doucement en détachant bien les syllabes puisqu'il semble vouloir écouter du mandarin. Une fois faudra que je lui ramène des poèmes chinois. Y en a qui sont cool du 1er ou 2ème siècle, même si c'est un peu désuet. Je lis quelques pages et arrive vers le milieu de l'histoire. Je me tourne vers lui et arque un sourcil en désignant le livre dans ma main.

— Je continue ?