- Je veux tout savoir Liam. Le bon comme le mauvais. Je veux savoir par quoi tu es passé avant me revenir.

Très bien... Elle semblait déterminée, prête à écouter ce que j'avais vu et vécu. Et ça me faisait chaud au cœur, bien que la suite de ses paroles laissèrent un arrière-goût amer.

- Je ne veux plus avoir l'impression d'être si loin de toi. Plus jamais.

Je baissais les yeux. Mes cheveux camouflèrent la souffrance dans mes yeux. Je ne voulais plus jamais m'éloigner d'elle, plus jamais la faire se sentir si mal... Mais par ma question suivante, je la blessais un peu. Je retins mes larmes bravement, et écoutais sa réponse. Puis, mes cheveux cachant toujours mes yeux et mon visage, je commençais doucement.

- Quand je suis parti, j'ai traversé le Japon. Mon objectif premier c'était de retourner dans ma maison d'enfance, et d'aller sur la tombe de ma mère. Pour ça, j'ai pris le bateau, puis j'ai marché jusqu'à la lande où nous vivions. Je pensais retrouver la maison en ruine, toujours là au milieu de la plaine battue par les vents... Mais Il n'y avait plus rien. La maison avait disparut. Elle avait été rasée et l'herbe repoussait tout juste sur la terre retournée. Heureusement, la tombe de ma mère était intacte quoi qu'attaquée par la mousse et les mauvaises herbes. Cet épisode a été assez dur pour moi. J'ai trouvé au bord de la tombe un bateau en bois taillé par elle pour moi. Je l'ai rapporté d'ailleurs. J'ai donc pris une nuit près de la tombe et ai déposé une gerbe de fleurs des champs sur la tombe après l'avoir bien nettoyée. Puis je suis reparti.

Je fis une pause, les larmes avaient envahit mes yeux et menaçaient de poindre dans ma voix. Une fois sûr que celle-ci ne tremblerait pas, j'ai repris.

- Ensuite, je me suis mis à vagabonder. Je suis allé dans divers endroits... Jusque dans des pays en guerre. C'est horrible, Joyce, il y a des gens qui meurent tous les jours, à tous les coins de rue ! Et... Et même les enfants ne sont pas épargnés... J'ai passé six mois dans une association d'aide humanitaire, à soulever des décombres, panser les plaies des citoyens victimes des affrontements, et distribuer des vivres. Ca m'a endurcit, mais aussi beaucoup choqué. Donc, quelques mois après la fin de mon aide, je suis reparti, et j'ai à nouveau vagabondé. J'ai passé un an à aller de ville en ville, de pays en pays, de villages pauvres en villes riches. Il y a dans le monde tant d'inégalités, tant de souffrance. Et ici on en est protégé, jusqu'à ce que notre combat commence aussi. Les scientifiques y sont souvent pour beaucoup, ils pompent les vivres aux gens, ils demandent des taxes exorbitantes pour chaque soin donné.

J'inspire pour me calmer et relève la tête. D'un geste doux, je chasse du visage de mon aimée une mèche de mes cheveux qui était tombée sur son visage.

- Finalement, j'ai voulu voir mon père. Dans mon enfance, avec mes yeux d'enfant, le village était beau, ensoleillé, plein de couleur et d'endroits à explorer. Mais quand je suis arrivé... La moitié de la population était soit morte, soit avait quitté le village pour une ville plus grande, avec plus de possibilités de réussite. Restait les personnes âgées, et mon père. Le village était gris, sale et poussiéreux... et beaucoup plus petit que dans mes souvenirs. Mon père aussi était gris et poussiéreux. Il était vieux, sa peau tannée recouverte des marques de la vieillesse, son corps auparavant musclé et souple comme un bambou s'était courbé et amaigrit. C'était difficile à accepter : mon père a vieillit. Mais il a été des plus heureux à me voir et ça, ça vaut tous les trésors du monde ! Puis, après y être resté un bon bout de temps, j'ai repris la route, et j'ai zig-zagué à travers le monde, jusqu'à arriver ici.

Je ne pensais pas avoir oublié quelque chose. En fait, j'avais caché certains détails, comme l'odeur de feu de ma maison brûlée, et l'enfant qui était morte dans mes bras après une attaque au gaz dans un village... J'avais omis ces détails gores. Pour son bien, je ne voulais pas la choquer, et j'avais conté mon voyage fidèlement.

J'ai écouté, sagement, sans émettre un mot, le long récit de ces trois dernières années. C'était dur de l'imaginer tout seul tout ce temps. Je veux dire seul avec Hero. C'était pas non plus évident de l'entendre me raconter les horreurs qu'il avait dû voir. La beauté du monde était bien mystérieuse...

J'ai bien compris qu'il n'entrerait pas dans les détails, d'une part parce que l'image qu'il devait avoir à l'esprit ne devait pas être bien agréable, d'une autre parce qu'il ne devait pas avoir envie de me choquer à vie au point d'en faire des cauchemars.
J'avais envie de pleurer, à l'entendre, ce que moi j'avais vécu ne valait rien en comparaison. Des villages entiers étaient chaque jour détruit, les populations massacrées. Et j'avais le genre de mec qui était près à supporter tout ça dans le seul but d'aider...

Je le sentis ému, je le sentis cacher son visage, baissant la tête pour ne pas que je le vois. Je me serrais un peu plus contre lui, tentant vainement de le consoler, même un peu, même à peine. Oh Liam, j'aurai tellement aimé pouvoir faire plus...

- Finalement, j'ai voulu voir mon père. Dans mon enfance, avec mes yeux d'enfant, le village était beau, ensoleillé, plein de couleur et d'endroits à explorer. Mais quand je suis arrivé... La moitié de la population était soit morte, soit avait quitté le village pour une ville plus grande, avec plus de possibilités de réussite. Restait les personnes âgées, et mon père. Le village était gris, sale et poussiéreux... et beaucoup plus petit que dans mes souvenirs. Mon père aussi était gris et poussiéreux. Il était vieux, sa peau tannée recouverte des marques de la vieillesse, son corps auparavant musclé et souple comme un bambou s'était courbé et amaigrit. C'était difficile à accepter : mon père a vieillit. Mais il a été des plus heureux à me voir et ça, ça vaut tous les trésors du monde ! Puis, après y être resté un bon bout de temps, j'ai repris la route, et j'ai zig-zagué à travers le monde, jusqu'à arriver ici.

Son père. Liam ne m'en avait jamais beaucoup parlé. Sauf un jour. Sauf une fois. Juste une. J'ai compris combien cela avait dû le choquer de le voir si changer et je ne pu m'empêcher de me demander à quel point ça m'aurait étonné, moi, à sa place. Si je pouvais revoir mon père ou encore ma mère maintenant, serait-je si affectée de les voir plus âgé? Je me pus pas non plus m'empêcher de me dire que Vincent aurait dû avoir 13 ans cette année. Comme quoi, quelques blessures ne guériraient jamais, pas même avec le temps.

Je me suis redressée pour l'observer, sa main venant replacer une des mèches de mes cheveux tombée en avant. Je lui ai embrassé le bout de doigts, tendre.

- Ton père doit être fier de toi Liam. Je veux dire... Regarde ce que tu as accompli depuis tout ce temps. Te revoir a probablement dû le conforter dans l'idée que tu as trouvé ton équilibre. Et moi aussi je suis fière de toi. Tu as un cœur en or.

J'avais un petit sourire et je me suis avancée légèrement pour l'embrasser un instant seulement.
C'était à mon tour de tout raconter, et je le savais. Mais c'était difficile. C'était pas évident, parce que je savais qu'il allait se sentir coupable. Mais je ne lui avais jamais menti, et je ne comptais pas commencer maintenant. Il fallait que je sois honnête, ou on ne s'en sortirait jamais. Je me suis recoucher contre lui, cette fois mon oreille contre son cœur et ma main dans la sienne.

- OK. Pour ce qui est des bonnes nouvelles, j'ai validé mes années scolaires. Mitsuki m'a prit sous son aile pour m'aider à évoluer jusqu'à devenir master, afin que.. Je puisse mieux supporter tout le reste. Quand à Ys... On a finit par admettre qu'on se ressemblait plus qu'il n'y paraissait. Il m'aide énormément à penser à autre chose. Et à me remettre les idées en place quand j'oublie que tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir. En ce qui concerne Misao, il a étonnamment bien prit la nouvelle... Une fois que j'ai finis de déclencher son étoilisation.

J'ai pris une pause. Aller Joyce, courage....

- Quand tu es parti... Je ne t'avais pas tout dis, je voulais pas en rajouter. Si la maladie se déclarait, je n'aurai plus qu'une dizaine d'années à vivre, plus ou moins... La maladie a évolué. Puis régressé. Ma résistance semble être en yo-yo depuis trois ans et honnêtement... Les médecins passent de très confiant à très peu confiant.

Le plus dur restait à venir, mais au moins, j'avais presque finis. J'ai continué de ne pas le regarder, écoutant son coeur battre à mon oreille.

- Tout à l'heure... Quand tu m'as vu... Je sortais d'un examen. D'habitude, Misao m'accompagne, mais il n'a pas pu aujourd'hui alors j'ai pas tout compris. Les médecins oublient souvent qu'on a pas tous fait médecine après le bac, et moi, j'en suis même pas là! Tout ce que j'ai entendu c'était des chiffres, des statistiques et des faits. La seule chose que j'ai vraiment compris, c'est qu'ils me donnent 7 ans. J'ai 7 putains d'années pour trouver une solution. Parce que eux.. N'ont pas vraiment d'espoir avec les finances investies à l'heure actuelle dans la recherche.

Je ne voulais pas qu'il croit que j'avais dû affronter ça sans personne. Je voulais qu'il comprenne que je n'avais jamais perdu espoir. Je ne le perdrais jamais.

- Je n'ai jamais été seule. Je voulais que tu le saches. Je n'ai pas eu à supporter tout ça seule. Je me suis jamais sentie abandonnée. J'avais toujours quelqu'un avec moi.

J'avais finis. J'avais finis et je n'avais plus rien à dire. J'ai vu ma main serré la sienne, et l'autre se resserrer sur son haut, froissant le tissus.
Je pouvais pas le regarder. Je pouvais pas.

Joyce, dans un geste tendre, embrassa le bout de mes doigts. Ils s'agissait là d'un endroit devenu insensible avec le temps et les heures de guitare, mais cela me plut pourtant immédiatement. Elle semblait émue, perdue dans ses pensées. Puis, s'étant redressée pour m'observer, elle me dit :

- Ton père doit être fier de toi Liam. Je veux dire... Regarde ce que tu as accompli depuis tout ce temps. Te revoir a probablement dû le conforter dans l'idée que tu as trouvé ton équilibre. Et moi aussi je suis fière de toi. Tu as un cœur en or.

Ses paroles eurent sur moi un effet à la fois apaisant, et à la fois celui d'une vanne ouverte. Une émotion étrange envahit mon cœur, un étrange mélange entre de la reconnaissance, de la gratitude, de la joie et une tristesse, non une mélancolie douce-amère. Et mon cœur, trop petit pour contenir tant de force, en appela à mes yeux. Alors je remarquais que je pleurais. Et un flash-back m'emporta.

Sa mère lui sourit, prenant la pose connue des pin-ups, le bras levé en angle droit, l'autre main posée sur le biceps dans un geste contenant fierté et puissance. Sa voix, chocolatée comme sa peau, emplit ses oreilles, monopolisant ses sens.

- Liam, querido, ne pleure pas ! Un homme, ni une femme ne doit pleurer pour si peu. Sois fort mon enfant !

Et le jeune Liam de sept ans essuya ses larmes sur sa manche, le cœur plus léger, plus déterminé. Il acquiesça et se redressa en brave petit bout de chou. Sa maman était très forte et il voulait devenir comme elle !


Les larmes débordaient à nouveau des yeux du jeune homme. Le pauvre Liam était épouvanté par le poids des années qui avait tassé son pauvre père. Mais celui-ci souriait, bien que les larmes coulent de son côté aussi. L'homme à la peau pâle s'approcha, ses mains noueuses dans son dos pour le soulager de quelque douleur.

- Mon fils, c'est bien de pleurer. Ce n'est pas une faiblesse. Mais garde tes larmes pour la joie et la tendresse que tu éprouves pour celle que tu m'as décrit. Mon fils, tu as grandit, je suis fier. Tu es fort et grand. Si ta mère te voyait !

Liam se frotta les yeux, éloignant les larmes et offrit un sourire rayonnant au vieil homme. Ainsi, celui-ci pourrait sourire à son tour.

Je me rendis compte que mes larmes, à l'évocation de ces souvenirs, avaient redoublées. Pour cacher le profond émoi qui m'étreignait, je serrai la jeune femme dans mes bras, le temps que les perles qui coulaient ne soient plus qu'un souvenir salé sur mes lèvres. Pendant ce temps, Joyce parla.

- OK. Pour ce qui est des bonnes nouvelles, j'ai validé mes années scolaires. Mitsuki m'a prit sous son aile pour m'aider à évoluer jusqu'à devenir master, afin que.. Je puisse mieux supporter tout le reste. Quand à Ys... On a finit par admettre qu'on se ressemblait plus qu'il n'y paraissait. Il m'aide énormément à penser à autre chose. Et à me remettre les idées en place quand j'oublie que tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir. En ce qui concerne Misao, il a étonnamment bien prit la nouvelle... Une fois que j'ai finis de déclencher son étoilisation.

Il y eut une pause qui laissa un silence entre nous. Je la sentis prendre son courage pour la suite.

- Quand tu es parti... Je ne t'avais pas tout dis, je voulais pas en rajouter. Si la maladie se déclarait, je n'aurai plus qu'une dizaine d'années à vivre, plus ou moins... La maladie a évolué. Puis régressé. Ma résistance semble être en yo-yo depuis trois ans et honnêtement... Les médecins passent de très confiant à très peu confiant.
Tout à l'heure... Quand tu m'as vu... Je sortais d'un examen. D'habitude, Misao m'accompagne, mais il n'a pas pu aujourd'hui alors j'ai pas tout compris. Les médecins oublient souvent qu'on a pas tous fait médecine après le bac, et moi, j'en suis même pas là! Tout ce que j'ai entendu c'était des chiffres, des statistiques et des faits. La seule chose que j'ai vraiment compris, c'est qu'ils me donnent 7 ans. J'ai 7 putains d'années pour trouver une solution. Parce que eux.. N'ont pas vraiment d'espoir avec les finances investies à l'heure actuelle dans la recherche.

Une autre pause. Sept ans...

- Je n'ai jamais été seule. Je voulais que tu le saches. Je n'ai pas eu à supporter tout ça seule. Je me suis jamais sentie abandonnée. J'avais toujours quelqu'un avec moi.

Je ne savais que dire. Mes larmes avaient recommencé à couler. J'étais pitoyable je le savais. Mais pour Joyce... Quel enfer cela avait du être ! Quel choc cette nouvelle avait du être ! La jeune femme pourtant semblait le supporter. Elle semblait le supporter. Et je savais que je devais l'aider à le supporter. Je devais rester à ses côtés, elle devait savoir que je ne serais plus jamais loin d'elle. Alors les mots sortirent en cascades de ma gorge serrée, rendant ma voix douloureusement rauque.

- On va trouver..! Je trouverais coûte que coûte, je te sauverais, je ferais saigner mes yeux à regarder dans les miroirs et l'eau, à chercher dans le futur le remède qui te guérira.

Je me redressais, écartant la jeune femme de moi, mes mains sur ses épaules. Les larmes roulaient encore sur mes joues mais je m'en fichais à présent. Je plantais mon regard dans le sien.

- Il faut que tu vives, je veux que tu vive, que tu reste à mes côtés et qu'on vieillisse ensemble. Alors je ferais tout pour que ça arrive.

Ma détermination, en cet instant, était droite et sans faille.

Il y a des instants dans la vie qui nous ramènent à ceux et celles que l'on était autrefois. On dit parfois que l'on a deux vies, et que la seconde ne commence que lorsque nous nous rendons compte que l'on en a qu'une. Pour être tout à fait honnête, j'ai pris conscience que je voulais vivre le jour où Ys m'a demandé de faire parti de son groupe. Ce jour-là, j'ai compris que je ne serai plus jamais seule et j'ai pris les armes. Quand Liam a croisé ma route, j'ai aussitôt comprit que lui aussi ferait parti de mon chemin vers la guérison, bien que j'ai appris plus tard que j'en tomberais éperdument amoureuse. A ce moment-là, dans cette chambre ce soir-là, Liam était devenu, avec Ys, Mitsuki et Misao, l'une des raisons principales pour lesquelles je me battais pour survivre. Non. Pour vivre.

Liam m'a serrait contre lui, fort, comme pour s'assurer que j'étais là, comme pour s'assurer que tout ça, tout ce que l'on vivait depuis son retour quelques heures plus tôt était réel. Et ça l'était. Ça le serait toujours.

Quand je lui ai raconté, j'ai bien vu la tension entre nous s'insinuer. J'ai bien compris pourquoi aussi. Ma maladie serait toujours un frein à notre relation. A toutes formes de relations en générales. Je l'ai senti comprendre que même si je souriais, sous la carapace, j'étais terrifiée et anéantie par la nouvelle. Mais c'était moins douloureux à présent qu'il y avait deux ans. Quand le médecin m'avait avoué le verdict et que la sentence était tombée, je m'étais effondrée. Mais plus maintenant. J'étais convaincue que je pouvais encore me battre, convaincue que tout pouvait changer. Des miracles arrivent tous les jours pas vrai?

- On va trouver..! Je trouverais coûte que coûte, je te sauverais, je ferais saigner mes yeux à regarder dans les miroirs et l'eau, à chercher dans le futur le remède qui te guérira.

Il avait la voix rauque et quand il s'est redressé, me tenant par les épaules, j'ai vu toute l'étendue de sa peine. Même si j'avais voulu lui en vouloir de ne prendre conscience de tout ça que trois ans après les faits, je n'aurai pas pu. Il avait l'air à la fois dévasté et déterminé à prouver ses dires. J'étais émue et à la fois inquiète de savoir qu'en cas d'échec, Liam allait en être affecté. Non. Pas que Liam. Ma famille aussi.

- Il faut que tu vives, je veux que tu vive, que tu reste à mes côtés et qu'on vieillisse ensemble. Alors je ferais tout pour que ça arrive.

J'ai ouvert de grands yeux, étonnée. Je crois qu'il aurait pu me demander en mariage que je n'aurais pas été plus étonnée que ça. Qu'on vieillisse ensembles hein? C'est beau, d'entendre ça de la part de votre petit-ami, alors même qu'il sait que cela ne sera peut-être pas possible.

- Liam...!

Je me suis blottie contre lui, les larmes aux yeux, l'embrassant comme jamais. Il ne réaliserait probablement jamais l'impact que ses mots avait eu sur moi. Personne ne m'avait jamais dis ça. Personne.
J'ai passé l'une de mes mains dans ses cheveux, l'autre restant sur son torse. Je me suis mise sur lui, m'asseyant sur ses jambes. J'avais envie de le sentir avec moi, contre moi. Présent. Je me suis écartée un instant, émue.

- Je t'aime. Plus que je n'aimerai jamais quiconque, tu le sais ça?

Et je l'ai embrassé de nouveau, consciente que cette fois, c'était entre moi et la maladie. Elle ne m'empêcherai plus jamais de vivre. Et si elle devait m'emporter un jour, alors je partirai avec tant de souvenirs que j'aurai remporter toutes batailles du monde.

Mais pour le moment, je voulais juste penser à Liam, à moi, à nous, et à ses lèvres. Et oui, je reste une femme non?

Joyce a eut l'air surprise de ma ferveur. Ses jolis yeux verts s'agrandirent. Je trouvais cette expression si adorable que je craquais et embrassais son nez sans réfléchir. je fis récompensé lorsqu'elle se blottit contre moi et m'embrassa comme jamais. Je dois avouer que je piquais un fard, de plaisir surtout. Un ronronnement s'échappa de ma gorge. Elle était assise contre moi, une main passant dans mes cheveux. J'étais heureux, mais l'urgence de la situation pressait mon cœur. Je voulais être insouciant, mais... Je voulais encore plus que cette foutue maladie disparaisse. Je ne voulais pas partager la fille que j'aimais, et encore moins avec quelque chose qui la bouffait de l'intérieur. Je la sauverais, qu'importe le prix. Je m'en fis une promesse. La voix de Joyce me tira de mes pensées de preux chevalier.

- Je t'aime. Plus que je n'aimerai jamais quiconque, tu le sais ça?

Un sourire béat s'étira sur mon visage avant que je ne me réfrène pour afficher un regard plein de tendresse et d'amour.

- Moi je t'aime plus que toi ~

J'avais envie d'être un peu taquin. Je l'enfermais dans mes bras et lui soufflais dans le cou pour la chatouiller. J'avais envie de la gâter, de lui faire plaisir. Je susurrais à son oreille.

- Dis mon amour. Que dirais-tu de regarder un film en amoureux..? J'ai un écran d'ordinateur assez grand dans ma chambre !

Je réfléchissais à ce que l'on pourrait regarder et mes pensées se dirigèrent vers les films d'action (j'en étais fan, même si ça ne se voyait pas) ou d'horreur (je pourrais la serrer dans mes bras pour la rassurer !). J'avais simplement envie de rester dans ses bras, qu'on soit ensemble et qu'on ne se sépare pas. J'avais dormi trop souvent seul ces trois dernières années. Et elle m'avait tant manqué.

Il m'a embrassé sur le nez, m'a serré contre lui. L'espace d'un instant, d'un unique instant, je me suis sentie unique, comblée et invincible. J'étais enfin heureuse. J'ai fermé les yeux, l'ai embrassé, j'ai savouré. Je n'avais plus mal nul part. Je ne me sentais plus faible.
Il a eut un sourire béat, qui vous donne confiance en l'avenir. J'avais toujours peur, bien sûr, et ça ne partirait sûrement pas dans la nuit, mais j'avais retrouver l'espoir et l'envie d'y croire. Il aurait pu rester avec son père, retrouver cette femme... Et pourtant c'est moi qu'il serrait dans ses bras à l'instant. Et j'avais envie de croire que ça le serait toujours.

- Moi je t'aime plus que toi ~

J'ai ris avant de lever les yeux au ciel. Rien n'était moins sûr que ça. Je l'aimais de tout mon cœur, au point de lui pardonner toutes ses erreurs, de la même manière qu'il avait pardonné les miennes.
Il m'a serré contre lui, soufflant dans mon cou ce qui me procura un frisson et amena un sourire sur mes lèvres. Un jour, cet homme me ferait faire une crise cardiaque. Sans mauvais jeu de mot hein. Je vais arrêter la l'humour avec la maladie non?

- Dis mon amour. Que dirais-tu de regarder un film en amoureux..? J'ai un écran d'ordinateur assez grand dans ma chambre !

J'ai souris. Oui pourquoi pas... Oh un film d'horreur ça serait génial, ça faisait des mois que j'en avais pas vu! J'adorai ça. Bon... Notons ici que je devrai faire semblant d'avoir peur... Ben quoi? Je voulais avoir une excuse pour être dans ses bras moi! Sinon un film d'action, mais pas d'excuse du coups... Surtout pas une comédie romantique, c'était franchement pas mon truc!
Je me suis rapprochée de lui, un sourire mutin aux lèvres.

- J'en serai ravie, mais j'ai un ordi ici aussi et... Et on aurait pas Hero pour nous déranger...

Comprenez-moi bien, j'adore Hero mais là j'avais bien envie de profiter de mon copain et sans le loup au milieu du lit en cas de jalousie! ... Putain je suis grave.
Mais je le pensais vraiment. Sauf que j'avais tout, sauf l'envie de me lever pour attraper l'ordi ou pour aller dans sa chambre si jamais il insistait.

J'ai vu le sourire de Joyce s'épanouir sur son visage. Elle se rapprocha de moi. Bon sang, cette fille me faisait de l'effet !

- J'en serai ravie, mais j'ai un ordi ici aussi et... Et on aurait pas Hero pour nous déranger...

Je réfléchit. Un grand écran mais un loup envahissant contre un écran plus petit mais une soirée tranquille. J'optais pour la seconde option. Je me penchais vers elle si près que nos nez se frôlèrent.

- Très bien, tu gagnes, petite reine ~

Je réfléchissais à des films sympas.

- Je propose un film d'horreur. Somme Saw, ou Scream ?

J'avais envie de me faire une petite frayeur. En plus, je pourrais la serrer à loisir dans mes bras. Je me souvins du premier film d'horreur que j'avais vu. Mon père avait ri devant mes hurlements et mes pleurs. Je pense que c'est l'une des seules raisons pour lesquelles je pourrais encore m'énerver aujourd'hui. Il n'avait rien fait pour me rassurer et j'avais passé une nuit blanche, terrifié par la moindre ombre. J'avais haï mon père pendant une semaine après, ne lui adressant plus la moindre parole. Il avait bien compris le message et n'avait jamais recommencé. Mais depuis je m'étais endurcit tout seul, de peur que l'on se moque de moi encore. Et finalement, mes plaintes s'étaient muées en mâchoires crispées et en sursauts discrets. Mais aujourd'hui j'allais devoir être encore plus brave, pour montrer que je pourrais protéger Joyce. Je la voulais en sécurité, et je voulais qu'elle se sente en sécurité. Mais pas comme un oiseau dans une cage d'or, non, je voulais la voir voler et chanter comme le sublime rossignol qu'elle était. Et je voulais la voir heureuse !

Mais commençons par se concentrer sur la suite. Autrement dit...
J'embrassais rapidement Joyce avant de me lever souplement. Mon dos craqua en s'étirant. Je fis un sourire joueur à Joyce avant de me diriger vers la porte.

- je vais chercher mes DVD pour qu'on fasse une choix !

Il s'est penché vers moi, et nos nez se sont frôlés. J'ai fermé les yeux, inspirant calmement, mes lèvres à à peine un souffle des siennes. J'étais bien, même si le doute planait encore un peu trop à mon goût. Je ne pouvais pas m'empêcher d'avoir peur. Ça passerait avec le temps, c'est ce que je me suis dis.

- Très bien, tu gagnes, petite reine ~

- Je suis pas petite... Je le suis plus. Et je gagne toujours, chéri.

Il m'a proposé divers film d'horreur, visiblement intéressé par ma proposition de rester ici. Je ne le lui dirais pas, mais j'étais soulagée. Pas que je ne veuilles plus voir Hero hein... Juste pas ce soir.
Il m'a embrassé rapidement, et je vous jure que je lui en aurai presque voulu s'il ne s'était pas levé en me souriant, taquin, dans le but d'aller chercher les films. Bon OK. J'ai peut-être bien fais la moue. Un peu.... Un peu beaucoup quoi.

Il a filé sans demander son reste, m'abandonnant seule dans ma chambre. Je me suis laissée tomber sur le matelas, le regard fixe et perdu dans les fissures du plafond.
Des journées aussi éprouvantes, on en voudrait pas tous les jours. J'avais une douleur sourde dans la poitrine, mais rien de bien alarmant, la normalité, qui me rappelait que tout était vrai. Ouais. Tout ça n'était pas un rêve.

J'ai attendu quelques longues minutes toute seule, sans bouger de mon lit, fixant le plafond avec intérêt. Il fallait absolument que je me calme. Que je reste zen. Ou pas.
Putain! Mais comment aurai-je pu me douter que j'allais voir mon copain disparu depuis des années en sortant de l'hôpital?! J'étais à la fois angoissée, perdue, heureuse, et sous le choc. Et peut-être que l'épisode ayant suivi la douche m'avait pas mal perturbé aussi.

J'ai finalement entendu trois coups frappés à la porte. Je me suis relevée et j'ai passé une main dans mes cheveux légèrement ondulés avant d'ouvrir avec le sourire.

- Tiens... Tu cherches quelque chose peut-être?

Non je jouais pas avec le feu c'est pas vrai! Et non, mon sourire mutin n'en étais pas du tout la preuve!

J'avais éclaté de rire en l'entendais râler à demi à cause de son surnom. "Petite reine", je trouvais que ça lui convenait parfaitement. Elle était petite, frêle et ses longs cheveux blonds lui donnaient un air de poupée de porcelaine. Mais à l'intérieur, elle brûlait d'un feu puissant, son caractère était doux et piquant à la fois. J'aimais tous les côtés de sa personnalité. Elle savait diriger, conseiller les gens. Elle était toujours conciliante, même si parfois ça dérapait. Et ses grands yeux verts m'aspiraient, comme si je pouvais me noyer dedans. Quand elle marchait elle avait toujours l'air décidé et son port de tête montrait qu'elle était forte, et qu'il pouvait être dangereux de se frotter à elle. "Ne jouez pas avec le feu, vous pourriez vous brûler", ça vous parle. Eh bien c'est tout elle ! Et elle était ma petite reine de feu.

J'entrais dans ma chambre à pas de loup, mais comme d'habitude, Hero m'attendait et me sauta dessus joyeusement. Je le repoussais gentiment et elle retourna dans son coin favori. Je grimpais sur une chaise, attrapant mes DVDs et choisis les films de catégorie "Horreur". Je trouvais donc Saw, It, L'orphelinat, L'exorciste, Dossier Warren et Scream. Je pense qu'on aura de quoi choisir. En descendant, pourtant prudemment, je glissais et me cassais la figure. L'arrière de ma tête cogna contre la chaise et me projeta ensuite par terre, où je me cognais la pommette. Comment dire "bonjour" à la marque rouge bien moche, puis au joli bleu qui, après avoir été remarqué par chaque personne que je vais croiser, va donner lieu à la question "tu t'es battu ?!"... Ô joie. Enfin, j'avais mes DVDs, j'étais pas sonné et la trace ne se voyait pas trop. Je ressortis donc de ma chambre et pris le chemin du retour. Je frappais discrètement à la porte de Joyce puis entrais. Elle m'attendait et ouvrit rapidement, une main langoureusement passée dans ses cheveux. Dieux que je l'aime.

- Tiens... Tu cherches quelque chose peut-être?

Oho, elle voulait jouer ? Très bien, jouons ~

- Si je devais chercher quoi que ce soit - ou plutôt qui que ce soit - je ne chercherais plus depuis longtemps. Et tu veux savoir pourquoi ?

Je m'avance avec une démarche prédatrice, souple comme une panthère, obligeant Joyce à reculer. J'ai sur les lèvres un sourire carnassier. J'approche mon visage du sien, et lorsqu'elle ne peut plus voir que moi, je change de posture, et mon expression faussement dangereuse se craquelle jusqu'à totalement tomber. A la place, je regarde ma petite amie dans les yeux avec toute la tendresse et l'amour que j'éprouve pour elle.

- Parce que je t'ai trouvée toi.

Et, touche finale, je l'embrassais tout doucement.

Il avait ce regard qui vous ferez défaillir en moins de deux secondes s'il avançait encore d'un pas. Ce regard fier et déterminé, ce regard confiant qui vous met au défi de ne pas craquer. Il avait l'air félin et j'avoue n'avoir qu'approuver ce comportement. J'aimais le voir si sûr de lui, de nous.

Il a comprit mon ton taquin et il a joué sur mon terrain, sûr de me battre à mon propre jeu. Nous étions si naïfs et insouciants, comme aux premiers jours de notre histoire. C'était assez étrange et pourtant totalement naturel.

- Si je devais chercher quoi que ce soit - ou plutôt qui que ce soit - je ne chercherais plus depuis longtemps. Et tu veux savoir pourquoi ?

J'ai seulement été capable de hocher la tête, son sourire affamé et sa démarche prédatrice me laissant défaillir. J'ai reculé d'un ou deux pas, tâchant de fuir cet homme qui m'affolait plus que de raison.
Sans que je ne le décide vraiment, je n'ai bientôt vu plus que lui et son regard amoureux, le masque dangereux tombant pour laisser place à ses émotions profondes. On dit que chez une femme, l'amour se voit dans le sourire. C'est probablement vrai. Pour les hommes, on dit que c'est dans le regard. C'est la pure vérité. Je ne lisais alors dans celui de Liam qui l'entière dispositions de ses sentiments envers ma personne. Dieu que je l'aimais cet homme.

- Parce que je t'ai trouvée toi.

J'ai ouvert de grands yeux mais il m'a embrassé sans me laisser le temps de répondre à sa déclaration. On s'était laissé prendre au jeu et pourtant et bien que je sois joueuse, je venais de me faire avoir. Une vraie débutante, mais ô combien j'aimais me laisser prendre à son jeu.

- Tu es bien joueur ce soir...

Il était temps que l'on se retrouve.

- Tu es bien joueur ce soir...

Je fis un sourire en coin, des éclats de malice plein les yeux.

- Et tu n'as encore rien vu ~

J'avais bien remarqué que toutes mes mimiques et mes attentions lui avaient fait de l'effet et j'étais bien décidé à ce que ça continue... Avec le film ! Je posais mes DVD sur la table, bien en évidence et les passais en revue.

- Bon bon bon... J'ai : Saw, It, L'orphelinat, L'exorciste, Dossier Warren et Scream. Lequel te plairait le plus ?

C'était bien sûr à elle de choisir, car je les avais déjà tous tellement vus que je connaissais par cœur. J'avais bien sûr pris ceux qui ne me faisaient plus sursauter depuis longtemps, car je devais montrer mon côté brave ! Toujours se mettre en avant pour la femme qu'on aime, même si vous la connaissez depuis bien longtemps.

Félin, je me coulais souplement dans son dos et l'enfermais dans mes bras, comme on prends un oiseau dans ses mains. J'éprouvais tant d'amour pour Joyce, tant de tendresse. Je n'allais quand même pas passer pour le faible de service ! Je fourrais mon nez dans le cou de ma copine et soufflais doucement sur sa peau.

- Alors... Ton choix ? Ronronnais-je.

Liam avait ce regard. Ce regard qui vous fait frissonner, qui vous donne l'impression d'être unique et spécial. Ce regard qui vous renverse, qui vous donne envie de plus, de mieux. Ce regard qui vous suggère une nouvelle scène, qui vous donne la sensation d'être cette personne que vous avez cessé de voir dans le miroir.

Il avait un brin de malice illuminant ses yeux d'un bleu profond. Pour la première fois ce jour-là, j'eus réellement la sensation qu'il était rentré. Qu'il était rentré et qu'il ne partirait plus jamais loin de moi.
Je suis restée muette, le détaillant avec un certain délice. J'avais envie de continuer ce petit jeu entre nous, que nous avions commencé après l'accident de la douche. Ce même jeu qu'on avait été contraint de cesser pour nous rassasier.

- Bon bon bon... J'ai : Saw, It, L'orphelinat, L'exorciste, Dossier Warren et Scream. Lequel te plairait le plus ?

Bon sang redescend sur terre Jo'! J'ai secoué la tête pour cesser de dévorer mon petit ami des yeux, profondément perturbée par son comportement pour le moins étonnant. Je ne le connaissais pas aussi entreprenant, ni aussi confiant. Pas même aussi joueur. Mais ça me plaisait, surtout que j'avais la conviction d'être la seule à connaître cette personnalité de lui. Et c'était appréciable de le voir si à l'aise avec moi, lui qui était d'ordinaire si timide à montrer son vrai visage.

Un instant, je me suis perdue dans mes pensées, retournant sur le toit de l'institut, le jour où il m'avait avoué m'aimer de la façon la plus maladroite que je connaissais. Je n'y avais tellement pas cru que j'avais pensé à une blague et je l'avais blessé. La dispute qui en avait découlé avait eut beau nous déchirer, elle fût aussi le signe de notre affection et de notre sincérité dans nos sentiments. Bien qu'il avait disparu suite à cette funeste journée, j'avais tout de même gardé cet instant dans le cœur, heureuse de m'en souvenir dans les moments les plus noirs de ces trois années.
C'était la première fois qu'un homme disait m'aimer. La première fois que moi-même je tombais amoureuse. La première fois que j'avais oublié, l'espace d'une seconde, la douleur accompagnant mon chemin suite à la perte de ma famille.

Encore une fois, il me sortit de mes pensées en m'enlaçant à la taille, mon dos se nichant contre son torse, son nez dans mon cou. Il souffla sur ma peau un air chaud et tentateur. J'en frissonnai toute entière et un petit cri de surprise m'échappa tant j'étais parti loin dans mes souvenir. J'étais tendue, ne sachant trop à quoi m'attendre vu sa nouvelle facette à tendance charmeuse.

- Alors... Ton choix?

- Hein?! Oh! Pa.. Pardon! Euh... Saw me tente bien. Ça fait longtemps que je ne l'ai pas vu.

J'étais en train défaillir, ne sachant plus où me mettre tant la gêne et le désir m'accablaient. C'était un sentiment à la fois étrange et nouveau. Une fois la surprise passée pourtant, je m'ordonnai de ne plus me laisser avoir et de reprendre l'avantage. Beaucoup plus facile à dire qu'à faire si vous voulez mon avis.
Je me suis retournée, passant mes bras autour de son cou avant de sourire d'un air taquin.

- Je te trouve bien entreprenant tout à coups...

J'ai approché mes lèvres de sa gorge y apposant un baiser. Il était temps que je reprenne un peu confiance et que je gagne la partie. Ou pas...

C'est donc sur Saw qu'on part. Mais je suis rapidement distrait par les bras de ma copine qui passent autours de mon cou. Elle prends les devants on dirait ~ ça ne me déplaît pas je dois l'avouer...

- Je te trouve bien entreprenant tout à coups...

Je lève un peu la tête lorsque je sens ses lèvres poser un baiser doux comme un papillon sur ma gorge. Et c'est moi qui suis entreprenant après... Je souris, complètement charmé par ce petit bout de femme au caractère bien trempé. A mon tour de riposter.

- Peut-être... Tu n'es pas mauvaise joueuse non plus, hein.

Je lui fais un clin d'oeil, tentant de me défendre comme je peux. Je reste charmeur et aguicheur tout en reculant petit à petit vers la porte. J'ai dans l'idée de retourner à ma chambre chercher des sachets de pop-corn sucré et une couverture en moumoute toute douce. Parce que quitte à voir un film ensemble, autant être bien installés.
Le coeur battant, je pose mes mains sur ses hanches et la serre contre moi avant d'ouvrir ma porte et de me glisser dehors.

- Je reviens ma douce.

Un baiser envoyé de la main puis je filais récupérer ce que j'avais en tête. Cela ne prit que quelques petites minutes. De nouveau devant la porte de Joyce, les bras plein de friandises en tout genre et de la couverture duveteuse, je parvins à ouvrir la porte avec le coude et entrais triomphalement avec mes trésors.

- Cette fois-ci on va pouvoir s'installer !
J'avais hâte de voir ce film au final.

Il m'a donné un meilleur angle pour l'embrasser en relevant un peu le menton et j'ai pu librement me laisser aller à mon envie du moment, à savoir nous retrouver. Nous trouver plutôt.
Il a murmuré dans un clin d’œil aguicheur que je n'étais pas mal non plus, dans le genre tout en reculant subtilement vers la porte. Ses mains ont d'ailleurs finit par se poser sur mes hanches, comme pour m'empêcher d'approcher plus et il m'a affirmé revenir. Bordel mais il avait quoi à partir à tout bout de champs?! Je commençai sérieusement à être vexée de par ses aller-retour que par son acharnement à reculer chaque fois que je faisais un pas vers lui. Certes il était timide, mais y avait des limites merde!

Il revint quelques minutes plus tard avec de véritables trésor et c'est un sourire en demie-teinte qui l'accueillis. On s'installa suite à sa suggestion et on lança le film. Pour être honnête, j'ai à moitié suivie la première partie du film, un peu trop perdue dans mes pensées. J'aurai aimé avoir la confiance nécessaire pour déconcentrer  Liam du film en l'embêtant un peu mais il m'avait suffisamment refroidis pour que je n'ose plus rien.
C'était quoi le problème? On s'était pas vu depuis trois ans! Alors certes j'avais changé mais... Peut-être étais-je encore trop puérile pour lui? Et si c'était ça le problème? Si au fond, il n'arrivait pas à voir en moi autre chose que l'adolescente de cinq ans sa cadette qu'il avait laissé trois ans plus tôt?
Sauf que j'avais grandis depuis. J'étais devenu une jeune femme avec des formes et des attentes. Des envies. J'avais beaucoup plus de maturité qu'autrefois et j'aurai aimé qu'il le concède. Mais visiblement non...

Je restai donc silencieuse, contre lui, sans pour autant être trop proche. Pour être honnête, je ne me suis pas lovée contre lui comme je l'aurai voulu. J'aurai aimé poser mon oreille contre son cœur et l'écouter battre tout en jetant un œil sur le film. J'aurai aimé que ses bras me serrent contre lui dans un geste à la fois tendre et protecteur. J'aurai aimé qu'il m'embrasse comme au premier jour, avec fougue et amour, et que finalement, je manque quelques scènes du film tout en m'en fichant éperdument.
Mais non. Au lieu de ça, j'étais seule contre mon oreiller, l'ordinateur reposant entre nous, comme un rempart. Et j'étais silencieuse. Et lui aussi. Sur mon bureau, les multiples présents qu'il m'avait fait plus tôt dans la soirée me narguaient, me rappelant douloureusement que nous avions délicieusement manqué de déraper à la suite de leurs ouvertures.

J'avais mal au cœur. Je me sentais abandonné. C'est con hein? Je me sentais autant seule maintenant qu'il était à côté de moi que lorsqu'il était à l'autre bout du monde! Quelle imbécile j'étais.. Qu'est-ce-que je croyais? Qu'en revenant, Liam aurait envie de plus qu'une simple amourette d'adolescent? Oui, c'est exactement ce que je croyais. Imbécile. Me voilà vexée et trop fière pour l'admettre. Alors je ruminais, bien consciente que Liam ne devait pas comprendre mon soudain mutisme.

On se prépara au film. L'ordi de Joyce se retrouva entre elle et moi. Elle serrait un oreiller contre elle et moi, j'avais froid malgré la couverture. Quelque chose n'allait pas, je ne pouvais pas me concentrer sur le film. Aussi, après dix minutes, je l'arrêtais. Agacé, mais ouvert à la discussion, je me tournais vers la jeune femme qui m'avais manqué pendant tant d'années et qui maintenant se tenait trop loin de moi à mon goût. Je me souvins du sourire étrange qui avait accueillit mon arrivée avec les friandises. Inquiet, je me penchais légèrement en avant, scrutant son visage angélique.

- Ma douce. Tu as mal à quelque part ?

J'avais peur que la maladie la fasse souffrir. Mais y avait-il d'autres possibilités ?

- Ou... tu n'aimes pas le film ? Les friandises ne sont pas à ton goût ?

Puis une pensée m'horrifia. Je lui lançais un regard mi-penaud mi-terrifié.

- J'ai... J'ai fait quelque chose de mal ! Dis-moi quoi, je ne le ferais plus, je suis désolé...

Je voulais simplement regarder un film avec mon amour, elle lovée contre moi, et moi, le bras passé autours d'elle. Je la ferais rire à chacun de mes sursauts, et le film serait joyeux au lieu d'être terrifiant. Alors... Où avais-je foiré cette fois ? Il fallait qu'elle me le dise, que je comprenne. Je la fixais, mon cœur battant trop lourdement dans ma poitrine. Je ne voulais que son bien, que son bonheur, alors pourquoi cela se passait-il comme ça ? Pourquoi étais-je si maladroit ? Je ne l'étais pas avant ces trois ans. Avais-je perdu la main, perdu mon sens de la chevalerie, perdu ma tendresse ?

J'étais terrifié à l'idée que mon erreur me serait fatale, que j'allais la décevoir au point où elle me jetterai. Je savais que mes questions allaient la mettre en colère mais je l'endurerais, je m'excuserais et j'apprendrais de mes fautes, il fallait que je devienne vite parfait, vite vite avant qu'elle ne se lasse de mes bêtises... Je devais me rattraper ! L'urgence faisait gronder le sang à mes oreilles, me donnant de légères acouphènes.