Nous avions pris ma voiture pour nous rendre à Terrae. Le voyage s’était passé dans un silence de mort, ni Tomoyo ni moi-même n’avions eu le courage de briser cette atmosphère pesante.

Je me rappelais encore du jour à Hideko m’avait demandé de la joindre dans son bureau, celle-ci était étrangement calme, son regard transperçant le mien. Quelque chose se passait, quelque chose en rapport avec moi.

Elle tenait dans ses mains un dossier, un dossier d’une personne prête à nous rejoindre, ayant ressenti un vide.

Je m’étais approchée de son bureau, j’avais déposé mes doigts sur le dossier en écarquillant les yeux. Tomoyo Marguerite Asama. Que ? Qu’est ce que ca voulait dire ? J’avais … une petite sœur ? Elle était âgée de 21 ans, son visage ressemblait à celui de père trait pour trait.

Je ne comprenais rien, que faisait-elle là ? Comment se faisait-il que je ne savais même plus que j’avais un sœur, mais surtout … comment père a-t-il réussi à me mentir toutes ces années.

La raison de son vide ? La disparition de mère … ? Mère vivait toujours ? Mère vivait avec Tomoyo ? Est-ce que toute mon enfance à elle aussi, été bâtie sur un mensonge encore plus gros que je ne l’aurai cru ?

J’avais perdu mon sang froid quand Hideko m’avait demandé d’aller la chercher, j’avais perdu toutes contenances de mon pouvoir. Je crois que si elle ne m’avait pas étreint à ce moment là, j’aurai pu détruire tout Terrae à cause de ma tristesse.

Une fois devant sa porte, j’avais frappé deux fois. Celle-ci m’ouvrit directement, se regardant un court instant, je la vis verser une larme.

- « Maman …. ? »

C’était ce qu’elle m’avait dit, je savais que j’avais hérité des traits de ma mère biologique, depuis l’accident avec Ogami, j’avais revêtit cette apparence. La seule chose que j’accordais à Tomoyo fut un sourire ainsi qu’une caresse sur le visage. Je lui avais demandé de me suivre à Terrae, elle avait accepté, fait ses valises et rentra dans ma voiture.

Il ne fallut pas plus d’une heure pour arriver devant le portail, il ne fallut pas plus de cinq minutes pour que je me parque et que nous sortions enfin.

Soupirant un peu, je me dirigeais vers le coffre pour aller chercher les bagages de ma chère petite sœur. Restant silencieuse, je lui tendis deux de ces valises tandis que je pris deux autres ainsi qu’un sac bien encombrant. Que pendait-elle donc ? Elle avait prit sa garde robe peut être ?!

- Nous y voilà, Tomoyo-San.

Lui adressant un sourire, je lui demandais :

- Si tu as besoin de quoi que ce soit, viens me voir, si tu as des questions sur Terrae aussi, pose-les moi, je me ferai un plaisir de te répondre. Désires-tu quelque chose avant que je te montre les dortoirs ?

- Qu'est-ce que je fou ici ! C'est quoi ça Terrae ? Et t'es qui d'abord !

Je crois que mon cerveau à fait « Off » sur ce coup là, je la regardais d’un air disant bien « Quoi ?! » avant de soupirer de lassitude et lâcher ses valises. Tombant sur le sol lourdement, je m’approchais de ma chère sœur avant de me placer juste à côté d’elle et lui poser une main sur son épaule.

- Ce que tu fais ici ? Tu m’as suivies ici, je ne te savais pas aussi irréfléchie Tomoyo-San !

Tirant sur sa joue en prenant mon visage de psychopathe, je m’arrêtais après avoir entendu un petit cri de sa part. croisant les bras, je la regardais de haut en bas avant de déclarer :

- Tu lui ressembles vraiment beaucoup …

Secouant la tête pour chasser mes souvenirs, je levais les yeux vers ceux de la jeune fille devant moi.

- Terrae est un institut pour jeune personne ayant ressenti un vide, on leurs accorde un pouvoir pour combler ce manque en quelque sorte. Tu t’es sentie seule, désemparée, abandonnée de tous, c’est comme ça, comme ça que j’ai ressenti l’Appel.

L’appel … un truc bien étrange, c’est étouffant, c’est dérangeant, on ressent la peine de celle et ou celui qui nous demande de l’aide, parfois, on peut même voir ce qu’il se passe autour de lui, on peut ressentir tout cela. Je n’avais rien ressenti pour Tomoyo, c’était un autre Master qui devait aller la chercher normalement, Hideko m’avait permise d’y aller, elle avait accepté que je m’occupe de cette affaire. Elle me connaissait, elle savait pertinemment que je lui en aurai voulu si elle avait laissé un autre Master partir à ma place.

- Je suis une Master, une Master Air Lunaire plus précisément.

Devais-je lui dire mon prénom ? Elle devait savoir qui j’étais, ne voulait-elle peut être pas se l’admettre …

- Tomoe, je m’appelle Tomoe …

- Une master Air ? Ça consiste en quoi ? Tomoe, je suppose que tu ne te souviens pas de moi ... Tu es tellement comme Maman, mais tu as un truc en plus qui te rend unique.

En ce que ca consistait ? Pas grand-chose à vrai dire, à part que tu es respectée par les étudiants, que tu es puissante, tant que tu sais utiliser correctement ton pouvoir, mais aussi, c’est très utile pour jouer les oiseaux … Haha, je me tais.

Soupirant lourdement, je me caressais la longue mèche pendante à ma droite d’un air las. Prenant un temps de réflexion, je fini par lui répondre :

- Que dire ? Je suis une des personnes ayant le plus haut rang en dessous de la directrice, à part ça, je contrôle l’air et je sais manipuler les gens rien que par le son de ma voix.

Première question réponde, passons à la suivante. Ce n’était pas vraiment une question non plus, je dirais juste une remarque qu’elle aurait bien pu garder pour elle … quoi que ?

- Ce n’est pas que je ne me souviens pas de toi, c’est plus que l’on ne se connaît pas.

C’était méchant dit ainsi ? Mais c’était la vérité, elle ne connaissait rien de ma vie et moi pareil. Hormis de notre naissance à mes quatre ans, la petite fille que j’ai dans mes souvenir n’a rien avoir avec la jeune femme devant moi.

- J’ai décidé récemment de ressembler à Mère depuis la disparition de mon frère.

Mon frère … ce chapitre n’a pas à être expliqué aujourd’hui. Tournant les talons, je repris les valises de ma chère Tomoyo et commençai à avancer en direction des dortoirs.

- Explique moi … comment était … Oka-Sama ?

- Tomoe-San, tu es à Terrae depuis combien de temps, si ce n’est pas indiscret ? Et pourquoi ressembler à maman, après tout c’est à cause d’elle qu’il n’est plus de se monde.

Demander quelque chose sans répondre à ma question, elle avait peut être le même sang que moi, mais l’éducation ni était pas. La laissant parler en m’engouffrant dans les couloirs des dortoirs, je pris les escaliers d’un pas lent tandis que ma chère sœur me suivait tout en parlant.

- Maman ? Je t’avoue que je n’ai pas un souvenir positif d’elle depuis que papa est retournée avec sa vraie femme… Dans les brides de souvenirs positifs qu’il me reste d’elle, elle était joyeuse et pleine de vie, heureuse et reconnaissante du bonheur qui lui était accordé simplement.

Sa vraie Femme, celle que j’appelais moi-même Okasan, la mère d’Ogami. Cependant, elle avait la chance d’avoir des souvenirs de mère, si père ne m’avait pas appris que sa femme officielle n’était pas ma mère, j’aurai continué à croire que celle-ci l’était. Une vie basée sur le mensonge, des parents menteur … à croire que je ne pouvais faire confiance qu’à moi-même.

- Mais quand papa et toi êtes partit ça a été le début de la fin, au final elle vivait pour papa et nous deux quand papa lui a privé de ta présence et la sienne, son bonheur s’est éteint mais les lettres qu’elle t’envoyait lui donnait de l’espoir. Sauf que papa a encore une fois tout détruit en lui retirant son infime espoir de te revoir un jour, tu devais considérer la femme de papa comme ta vraie mère. Ensuite, nous avons appris que tu avais changé, que tu étais devenue quelqu’un d’autre et maman a su que papa avait gagné tu nous avait définitivement oublié. Ensuite ... Elle a décidé de se tuer, et de tuer la cause de son malheur pour que papa soit aussi détruit qu’elle.

Pourquoi … pourquoi me disait-elle cela ainsi ? Je sentais mes mains se serrer de plus en plus sur les poignées des valises, je sentais mon corps devenir aussi dur que de la pierre. Ne bougeant plus tout en fixant le sol les yeux grands ouverts, je pouvais sentir mon vent intérieur se battre contre les parois de mon corps pour exploser dans les secondes avenir, mais je devais me retenir, je devais me taire. Peut être avais-je mal compris, n’est ce pas ? C’était le cas, j’avais mal compris … Elle ne voulait pas dire que sa mère avait tuer la mienne n’est ce pas ? Elle ne voulait pas dire que la tristesse de Père fut engendrée par cette femme qui était SA mère ?! Non, ce n’était qu’ironie du sort ! Une bonne plaisanterie entres sœurs … N’est ce pas ?

- Tu peux m’expliquer comment … était ... notre père ?

Otou-Sama … Il était mon roi, mon dieu, celui que j’aimais plus que tout, celui pour qui j’aurai donné ma vie. Pourquoi ? Pourquoi cet amour sans borde pour son père ? Ne me le demander pas, je l’aimais, c’était ainsi. Il me protégeait, il me montrait ce qu’était vivre, et surtout, il me montrait ce qu’était son monde, son paradis, celui qu’il trouvait dans mes yeux et derrière mon sourire selon lui.

J’avais beau essayer de mes calmer, cela ne fonctionna pas complètement, mes yeux avaient aborder une lueur grisâtre, transparente presque. Je ne m’étais pas retournée, j’avais repris la marche tout en prenant bouffée d’air sur bouffée d’air. Mais il fallait que je lui répondre, Père … aimait les gens polis et bien élevé, il aimait la Miya que j’étais.

- C’était mon Dieu, un homme parfait, le seul homme parfait sur cette Terre.

Arrivée devant sa chambre, j’ouvris la porte du dortoir commun avant de regarder sur les lits le nom de Tomoyo. Trouvant celui-ci à côté d’un lit vide, je déposais ses valises sur son lit avant de m’y asseoir tout fermant les yeux. Prenant le contrôle de ma colère, mes yeux retrouvèrent leur éclat mauve gris qu’ils abordaient à leurs habitudes.

- Pour ta première question, cela fait un peu moins d’un an … où peut être trois … je ne serai te le dire. Le temps s’écoule différemment ici que dehors.

Levant ma main pour lui montrer l’étendue de la chambre, je lui dis d’un ton calme :

- Tu devras dormir ici en attendant que tu deviennes initiée, une fois que tu auras tes pouvoirs, tu logeras avec une ou deux autres personnes et non plus avec une dizaine d’entres elles.

- C’était mon Dieu, un homme parfait, le seul homme parfait sur cette Terre.

J’avais du mal à imaginer qu’elle parlait de notre Père, ne lui avait-il pas menti ? Pourtant, sa croyance en lui n’avait pas faillit, elle avait continué à dire qu’il était parfait même si je venais de le descendre en lui racontant la vérité, notre vérité. Je ne pouvais pas comprendre cet amour, celui-ci m’était tellement inconnu qu’en y pensant, j’en avais presque la nausée.

- Pour ta première question, cela fait un peu moins d’un an … où peut être trois … je ne serai te le dire. Le temps s’écoule différemment ici que dehors.

Je ne comprenais pas pourquoi elle était là, ni pourquoi elle avait revêtit l’apparence de maman, on m’avait toujours dit qu’elle n’était plus celle qui m’avait quitté main dans la main de papa, mais là … Que pouvais-je en déduire ?

- Tu devras dormir ici en attendant que tu deviennes initiée, une fois que tu auras tes pouvoirs, tu logeras avec une ou deux autres personnes et non plus avec une dizaine d’entres elles.

Initiée ? Ce que … quoi ? Non, hein ? *beug système*. Je crois que ma tête voulait tout exprimer à ce moment là, parce que vu comment Tomoe me regardait, elle devait me prendre pour une écervelée.

- Initiée ? Tu m’expliques ? Si ce n’est pas trop indiscret, comment es-tu arrivée ici ?

*Tête de conne power *, Je l’admirais de plus en plus mais quelque chose en elle me perturbait. Serait-ce à cause de son attitude, ou tout simplement son visage … celui de maman.

- Initiée ? Tu m’expliques ? Si ce n’est pas trop indiscret, comment es-tu arrivée ici ?

Serait-ce moi où son expression allait bizarrement bien avec sa question et son ton de voix relativement … stupide. Ne lui avais-je pas expliqué précédemment ce qu’était une initiée ? Aurait-elle fait un beug cérébrale là dessus ou serait-ce plutôt moi qui eu oublié de lui dire, je ne savais plus et je n’avais quand même rien d’autre à faire que lui répondre.

- Actuellement tu n’es que Novice, cela veut dire que tu n’as aucun pouvoir. En passant l’initiation, tu acquières un pouvoir. Celui-ci peut être feu, tonnerre, eau, air et terre. Ton pouvoir naquit de ton caractère, tu ne peux donc pas choisir ce que tu veux être.

Prenant un instant pour la laisser comprendre ce que je venais de dire, je continuai afin de lui expliquer les autres grades se trouvant à Terrae.

- Après être initiée, tu passeras étoile, Shizuru Fujino est étoile, tu dois la connaître n’est ce pas ? Sinon, après cela, tu passes au rang de Master, comme moi. Un Master Air Lunaire.

Une fois la première question répondue, je ne m’arrêtai pas dans mon monologue et continuai à répondre à ses autres questions.

- Pour ce qui est de mon arrivée, je suis là tout simplement.

Je ne comptais pas lui révéler la raison de mon arrivée, ma décadence et encore moins pourquoi j’étais redevenue la fille de ses souvenirs, du moins physiquement. Elle le saura en tant voulu, il était encore trop tôt pour que je m’étende à lui raconter mes souvenirs, ma peine et ma tristesse.

Entendant mon cellulaire vibrer, je le retirai de ma poche pour y répondre, décrochant directement sans regarder le nom s’indiquant sur mon écran, un petit « Allo » sorti de ma bouche.

- Shizuru ?

- Ara, je ne peux guère me cacher de toi, Tomoe. Je peux savoir où tu te trouves ? J’ai quelques problèmes avec le cristal que tu m’as offert, il s’est activé bizarrement là tantôt …

S’activer bizarrement ? Serait-il possible que ce se soit passé quand je me suis légèrement énervée en entendant les dires de Tomoyo ? Non … les cristaux réagissaient-ils tous ainsi ?

- Je vois, je suis dans la chambre des novices, tu peux venir ? Je suis avec Tomoyo-San.

- Passe dans ma chambre avec elle, ca sera plus simple.

Raccrochant sans même me laisser l’occasion de lui dire quoi que ce soit, je restais oreille au téléphone avec un air stupide encré sur le visage. Reprenant mon air neutre en secouant la tête, je levais les yeux sur ma sœur avant de lui dire :

- Que dirais-tu de te présenter à Shizuru ?