Les titres auxquels vous avez échappé ::

Putain de bordel à cul de pompe à merde.
Vous avez déjà essayé de passer une combi moulante de power rangers ? Non, et bien n’essayez pas. Surtout si par mégarde il se trouve que vous êtes paraplégique suite à une mauvaise chute. Ça fait bien dix minutes que je me bats contre ce collant de mes deux. J’voulais rendre un hommage à Bito, s’il avait été master un jour ça aurait été le plus grand des supers. Seulement il s’est cassé ce con… Et cette putain de saloperie de combinaison refuse de remonter ! Vous savez quoi ? On va se contenter du plan B. Le plan B ? De quoi déstabiliser l’adversaire bien entendu. Une jolie petite tenue de super girl. Comment ? Si j’me prends une rêche dans l’arène ? Bah, il y aura du sang partout et ils devront nettoyer que voulez-vous ? Comment ça je serais blessée ? Mais de toute manière je vais être blessée, qu’est-ce que vous me faites iech ? Muchu est pas connu pour faire dans la dentelle, et p’t’être qu’en voyant autant de peau dénudée il aura pitié et m’défigurera pas ?
Moi non plus j’y crois pas une seconde, mais je trouve toute cette mascarade peu sérieuse, alors je refuse de me prendre au sérieux. La seule chose qui m’aurait un peu aidé en cas de dérapage sur du sable c’est cette foutue combinaison de cuir jaune. Vous pourrez dire ce que vous voulez, c’était tout à fait réfléchi de choisir ce déguisement, combi de cuir et casque de moto, le top protection. A défaut la cape rouge ça passe toujours dans une arène… Et puis on va pas se mentir les bodys c’est tellement plus facile à mettre !

Allez midi moins vingt. Vous croyez que j’mange quelque-chose ? Genre repas du condamné ? J’aurais dû commander une pizza. Tant pis. J’suis presque certaine qu’il faut pas manger avant une opération… alors on va éviter, ça facilitera la prise en charge à l’hôpital post arène… ‘Fin ça c’est à la condition que j’trouve le défis d’Ys amusant, s’il est nul j’le laisserais gagner. Ou pas. Depuis que j’ai parlé avec Nathou j’suis un peu paumée. Un tout petit peu. J’ai pas envie de le décevoir, et en même temps… En même temps j’suis pas prête à être master. Je suis à peu près équilibrée en ce moment, j’avais pas besoin de ça… Toujours est-il que m’y voilà, j’ai soudoyé Charlie-Ange pour qu’il me conduise directement en taxi, histoire de garder la surprise du déguisement tout ça… Sauf qu’on est légèrement à la bourre… Elle a dit quoi la vieille déjà ? A midi le défis se lancera et le dernier master à qui j’aurais pensé recevra la pièce…

OH PUTAIN.

J’ai pas fait ça ? Dites-moi que j’ai pas fait ça ? Je suis une grosse débile putain. LA PIECE. Elle est sur mon bureau. Sur mon putain de bureau, oui à dix putains de minutes d’ici. Ahahahah. On va espérer que comme c’est magique elle apparaitra dans la paume d’Ys malgré tout. Sinon j’rigole. Midi, bon j’suis à la bourre. Comme Aaron depuis qu’il est papa. J’rentre dans l’arène à midi trois. Le temps de se garer, de sortir le fauteuil, tout ça. Je lance un regard aux gradins, j’reconnais pas mal de visages familiers. Je devrais peut-être me sentir stressée, ‘fin j’imagine… Mais non, aucun stress, ça me fait juste chier d’être ici.

« Salut, désolée du retard, qui a eu la pièce finalement ? » je demande désinvolte.

Muchu est déjà sur le sable, j’imagine que c’est lui. Ouf. QUELLE IDEE DE PENSER A L’AUTRE CON AU MAUVAIS MOMENT HEIN ?

« Allez fais nous rêver ! »

On est venus un peu en avance avec Nico et Jérem ; j'ai Lottie sur les genoux, assis à côté du Tonnerre. Il avait l'air un peu nerveux, alors... 'Fin je me disais que ça pouvait pas être un mal de me joindre aux élèves, même si du coup ça me fait bizarre d'avoir une autre perspective sur l'arène. Même si je me mets pas officiellement hors jeu (parce que techniquement, tout Master est potentiellement "appelable") on va dire que je crois au fait qu'Ipiu va choisir Ys, hein. Bon, en parlant d'Ipiu d'ailleurs, elle est toujours pas là quelques minutes avant l'heure, et ça commence à me stresser. J'crois que ce serait la première fois qu'on a un Master qui vient pas à l'heure dite au rendez-vous, j'ai pas envie de voir ce qu'il va se passer.

—Mais qu'est-ce qu'elle fout putain...

Le temps passe. Et quand l'heure sonne, je vais chercher le regard d'Hideko dans les gradins des Masters, sourcils froncés d'inquiétude. Est-ce qu'il est arrivé un truc ? Est-ce qu'elle ne viendra pas ? Est-ce qu'elle a trouvé un moyen pour se défiler ? (Est-ce que c'est possible de se défiler ? Pourquoi j'ai pas découvert ça en premier ? Tant de questions sans réponses.)

Mais Ys se lève et se téléporte bientôt dans l'arène... Mes épaules se détendent imperceptiblement. Bon, tout va bien, elle a respecté ce qu'elle a dit. Par contre, elle n'est toujours pas là bordel de tête à queue. Si elle me dit qu'elle a oublié de se réveiller je la ta-

**CLAP**

Ceci était le bruit de mon facepalm. Mon visage est écarlate. Pourquoi je l'ai recommandée. Pourquoi pourquoi pourquoi. J'ai déjà aucune crédibilité auprès des autres Masters, POURQUOI ELLE DOIT ME FOUTRE LA HONTE COMME CA ??? POURQUOI ELLE A UNE TENUE DE SUPERGIRL ??? ET POURQUOI ELLE EST EN RETARD ?? POURQUOI LA VIE, LA MORT ? Et- Non mais je rêve, elle sait pas qui elle a choisi ??? Ca veut dire quoi, ça veut dire que j'y ai échappé de peu, c'est ça ?! (Imaginez la merde si elle avait choisi quelqu'un d'autre qu'Ys après l'avoir désigné hier...)

—Elle me saoule, je gémis en me ratatinant sur mon siège, un bras retenant Lottie qui joue avec les doigts de Nico.

Je relance un regard à Hideko. J'vais tenter de lui faire passer un message en détachant bien les syllabes : "C'EST-AU-SSI-DE-TA-FÔ-TEUH". Oui, je tiens à me dédouaner. Je ne suis responsable de rien. Puis je lâche un nouveau soupir. Au moins elle est venue, hein, ne nous plaignons pas. Je sors la caméra du petit sac que j'ai emporté.

—J'espère qu'Huo a ramené son appareil photo, je lâche nonchalamment, me calant bien dans mon siège.

J'sais pas pourquoi, mais j'ai hâte de voir le spectacle commencer. Par contre, j'espère qu'elle se rend compte qu'avec son fauteuil, face à un Téléporteur, elle va avoir quelques soucis techniques...

Dans les gradins, je cherche la tête claire de Mitsu... J'espère que ça va aller pour elle. Est-ce qu'elle va rester tout le combat ?

Parfois, je me demande comment les plus anciens Masters estiment qu'une Etoile est prête à passer au rang supérieur. J'imagine bien qu'ils le ressentent, qu'ils voient l'évolution ; mais dans certains cas, j'ai un peu du mal à envisager qu'ils ont raison… Ne vous détrompez pas, je ne déteste pas Ipiu. Je ne l'apprécie pas vraiment, mais c'est aussi parce qu'on n'a jamais vraiment eu l'occasion de discuter réellement, elle et moi. Parfois elle passe à la maison et on échange quelques mots, ce n'est pas désagréable ; le plus souvent, je me contente de la laisser bosser avec Huo sans interférer. Je suppose que je n'ai jamais réellement cherché à la connaître — et j'ai bien assez d'une Tonnerre hyperactive dans ma vie, merci !

Autant dire que l'annonce d'Aaron et Hideko, hier soir, m'a laissée un peu pantoise. Sachant ce qu'il s'est passé avec le Centre cet hiver, la faire passer Master relève de la pure provocation. Quand bien même j'imagine qu'ils ont leurs raisons, je ne peux m'empêcher de me sentir angoissée quant à sa nomination… Mais Huo lui fait confiance, lui aussi ; alors je lui ferai confiance aussi. Je ne pense pas qu'ils puissent se tromper à ce point sur elle. On va voir ce que ça va donner.

Le zénith arrive bientôt ; je jette un regard en biais à Huo alors qu'Ys apparaît au centre de l'arène, un peu surprise de l'absence de l'Etoile.

—Elle ne va pas venir, tu crois ?

Ce serait étonnant venant d'elle ; mais au final, sa petite mise en scène — le retard, le costume — lorsqu'elle débarque lui correspond bien plus. J'étire un sourire en coin.

—Ca va être marrant. Par contre si Ys me fait le coup du dernier combat et que je suis obligée de le ranimer une seconde fois, ça va barder.

Ces Tonnerres vont me rendre chèvre. Ils sont casse-cou, prennent des risques inconsidérés ; et l'électricité contre l'électricité, ça ne fait pas vraiment du bien… Enfin, s'il atterrit à l'hôpital, peut-être qu'on réussira à convaincre Mitsuki d'aller lui parler ? Ca vous dit on réitère l'expérience du placard de la St White avec ces deux crétins ? Je n'aime pas la voir comme ça. Faire comme si tout allait bien. Est-ce que ça va pour elle, actuellement ? J'ai envie d'aller la voir, mais je ne sais pas comment elle le prendrait...

Le combat débute bientôt ; le défi est simple en apparence, mais il risque de lui poser quelques problèmes techniques. Je fronce les sourcils, m'appuie coude mon genou relevé, menton dans la main. Deux piliers électrifiés s'élèvent ; Ys attaque.

Ça va être un beau combat.

Je croise le regard de Boubou et j’lui souris de toute mes dents. Merci gars, ton idée a surpris tout le monde. Tu gères.

« Je ne savais pas que tu rêvais de moi, j’sais pas si j’dois être flattée ou trouver ça malaisant. »

Il l’a cherché celle-là. Je sais que c’est pas malin de titiller l’adversaire avant l’combat, mais voyez-vous s’il est sur les nerfs j’ai plus de chance de m’en sortir vivante. Quelqu’un d’énervé fait des erreurs. C’est pas systématique, mais avec Ys ça pourrait passer. C’est un tonnerre, et on est connu pour notre impulsivité. Pas besoin de le préciser, je sais que je pars avec un gros désavantage, et je ne parle pas de ma mobilité réduite. Il a plus de puissance, et d’endurance que moi niveau pouvoirs. C’est mathématique, je ne pourrais pas l’avoir à l’usure… Quoi que j’suis assez bonne en épargne de pouvoirs… Enfin qu’a-t-il préparé comme défis ?
Je manque de m’étouffer, il est sérieux… Il vient bien de me demander ce que je crois qu’il m’a demandé ? Vraiment pour de vrai ?

« T’es sûr ? Chez moi ça sonnait comme une façon polie de « maraves moi la gueule jusqu’à ce que je ne puisse plus faire un pas ou me téléporter. » Je te savais pas si masochiste mon grand… »

Bon après j’comprends qu’avec ce qu’il se passe avec Mitsu tu ais envie de te faire du mal… D’ailleurs en parlant de Mitsu j’ai un la gentillesse de pas prendre son fauteuil mais le normal (d’où le retard mais chut). J’ai pas spécialement envie d’envenimer les choses entre vous… Ou qu’elle profite de mon passage à l’hôpital pour me redégommer la face.
Mais quand même. Moi j’trouve ça un peu con de te taper dessus tu vois ? Finir à l’hosto ça me semble pas chouette, même si c’est devenu un passage presque systématique. T’sais quoi ? Ca va être ça mon défi perso, celui qui va donner un sens à tout ça. On ne finira pas à l’hôpital ni l’un ni l’autre. Si j’y arrive, p’t’être j’serais pas qu’une grosse bouse comme master.

Sérieux, de l’électricité… Je soupirerais presque. Il a raison, son défi est à double tranchant pour lui autant que pour moi, il ne peut pas venir au contact sans risquer de perdre. Je n’ai pas besoin de lui faire mal, juste de l’attraper.
Je ne bouge pas d’un centimètre, je cherche les lignes de forces, et celles de faiblesses. Je modifie quelques paramètres, l’électricité est une faignante, c’est l’un des premiers trucs qu’on apprend en physique, elle prend toujours le chemin qui lui demande le moins d’énergie. Il suffit de rendre l’air autour de moi plus isolant que celui autour du master… Mais si j’fais ça il va se prendre son jus de plein fouet, et j’parle pas d’une faciale. Vu la luminosité, ça piquera un peu plus.

Sérieux ? J’crois que j’me suis tirée une balle dans le pied en m’auto-défiant. Si j’abandonne, l’honneur est sauf et personne en saura jamais rien. Je saurais. Fuck. Chaque chose en son temps. J’commence par les charges électriques, des mini-bombes si je ne me plante pas, si elles me touchent ce sera moi leur matériau conducteur. Ça va piquer. C’est trop rapide, j’m’entoure d’une barrière à la neutralité la plus parfaite que je puisse créer, ce sera sans doute pas assez pour l’empêcher de me toucher s’il me lance un éclair directement, il est trop puissant. Seulement ça me permettra de supporter. Les billes explosent à son contact et seul leur souffle m’atteint faisant voler mes cheveux.

« ALLEZ FAIS VOLER MA CAPE STEUPLAIT ! »

Ce serait tellement drôle. Avouez ! En riposte je lui envoie un grand sentiment de fatigue, j’m’attends pas spécialement à ce qu’il s’endorme. Juste à ce que la fatigue le ralentisse assez pour me laisser une marge d’action. Je crée un chemin d’air conducteur en excitant les molécules ce qu’il faut pour offrir une voie de dérivation plus appréciable que ma figure. Le sol absorbe l’électricité de la cage dans un grésillement.

« Waouh ! T’y vas pas avec le dos de la cuillère, t’es balèze finalement. »

J’vais pas dire « j’aurais pas cru. » On a tous assisté à sa masterisation, c’est un putain de bourrin le mec et un masochiste… En fait j’aurais dû m’en douter qu’elle me demanderait de lui faire du mal.
Heureusement que l’électricité n’est pas faite pour être contenue, lui donner une forme de cage demande beaucoup d’énergie. Plus que je n’en ai-je crois, il suffit de lui offrir une échappatoire et la fainéante s’en servira. Le sol dégage une odeur de brulé. Bon je fais quoi maintenant ? Je riposte ? Ce serait une bonne idée. OH. Je sais. J’me concentre sur ses sentiments, il n’a pas envie d’être là. Il m’en veut. Il y a autre chose. Il essaie de se le cacher à lui-même on dirait… Bon. C’est pas compliqué d’comprendre que Mitsu a quelque-chose à voir là-dedans. J’ai dit que j’l’habimerais pas… Mais j’ai le droit de frapper sous la ceinture vous pensez ? On verra. Je redouble le sentiment de fatigue.

Malotrue ? MAIS C’EST QU’IL A DU VOCABULAIRE ! J’aurais pas cru… Attends mais qui de nos jours utilise encore ce vocabulaire justement ? Ca fait un peu beaucoup vieillot. Avoues t’es un vieux dans ta tête c’est ça ? Tu m’étonnes que Mitsu t’ais lâché. Non, ça c’était méchant, vraiment. Pardon. J’avais dit pas en dessous de la ceinture. J’vais me respecter un peu. Ce qu’il ne semble pas près à faire lui. Il essaie de me provoquer, je lui souris en retour. Non j’ai pas mieux, désolée hein ? J’suis pas spécialement une bourrine et quand j’m’entrainais à me servir de mes pouvoirs j’essayais plus de recharger mon portable sans griller la batterie que de pulvériser des cailloux hein ? Ça a le mérite de me faire sourire.

« Ah, mais justement gros, si tu t’en es rendu compte c’est que t’es le bon master. Les autres teubés semblent persuadés que c’est un choix intelligent. »

Non en vrai… Moi master hein ? Lol. C’est pas crédible, je sens à son humeur qu’il cherche à m’énerver. Il a intérêt de s’accrocher. Il n’est pas le seul à avoir fait des recherches… Sauf que quand on est le fiston d’un haut dignitaire japonais j’pense que c’est beaucoup moins compliqué de remonter la piste que quand on n’a même pas d’acte de naissance. Je n’ai jamais été une personne notable, toujours une madame X, une inconnue à elle-même. S’il a remonté toutes les pistes, j’lui dirais chapeau… Mais j’imagine que mon dossier chez Hideko doit être bien fourni.

Mes amis ? Je souris, imperturbable.

« C’est pas que ça te regarde, mais j’ai pas la réputation de cacher le fait que j’ai été une espionne envoyé pour découvrir ce qu’il se passait à Terrae. » je réponds sans baisser la voix.

J’ressens pas vraiment le besoin de m’énerver. J’ai accepté depuis longtemps cet état de fait, et si je ne le crie pas sur tous les toits tous ceux qui peuvent se considérer comme mes amis sont au courant. Toutes mes connaissances peut-être pas. Il y a cependant assez de rumeurs pour que ceux qui souhaiteraient le savoir le sache. Il arrive avec trois années de retard j’dirais à la louche. Il ne m’atteindra pas ainsi.
Je l’ai vu se rapprocher, je me concentre à nouveau sur ses sentiments. Un complexe mélange, pas mal de subtilités. Il est préoccupé, et vu la manière dont il me regarde j’en conclue que je ne suis pas étrangère à ce sentiment. Sympa de t'inquiéter pour moi. Irrité, et là j’en suis clairement la cause. Rien de pire que d’essayer d’énerver quelqu’un qui garde son calme ? Juste comme ça, essayer d’énerver un sensitif qui veut garder son calme ça ne fonctionne pas, déjà parce qu’on peut utiliser nos pouvoirs sur nous… Ce qui est du gaspillage la plupart du temps, perso j'ai assez de maitrise de moi pour m'en passer.

Je sens sa présence disparaitre et reparaitre au-dessus de moi. J’ai le réflexe de renforcer mon bouclier sur le dessus… Pas vers le bas. Les orbes me surprennent et je serre les paupières quand le sable qu’elles projettent vient heurter la peau de mon visage. Ça chatouille, ce n’est pas encore douloureux. J’imagine que tu as du lire que j’ai une bonne résistance à la douleur. La torture on apprend en la pratiquant, et on apprend à y résister en la subissant. Ca picote à peine.
Il en profite pour balancer mon fauteuil vers l’arrière, j’me ramasse mais ça en vaut la peine. Pendant quelques secondes ma cape vole derrière moi. TROP BIEN. C’est trop classe, j’ai même eu le temps de tendre un bras en avant comme si j’étais super girl. LA JOIE.

« ENCORE ! » je le provoque.

Ouai, j'ai l'goût d'acier du sang dans la bouche et une foutue envie de tousser à cause de la poussière. J'lui ferais pas l'honneur de l'faire.

Par contre je me permets d’exploser de rire quand tu reprends la parole. Euh ? T’es au courant que j’peux pas me lever ? T’as lu ça dans ton dossier ? Section de la moelle épinière en L2 ça pardonne rarement… Bon j’avoue ces derniers temps j’ai peut-être un peu essayé de stimuler les motoneurones qui restent dans ma moelle épinière pour essayer de me lever. Spoiler : ça fonctionne pas. Faut être super précis et tester un par un tous les neurones ça prends du temps… Et les contrôler simultanément c’est la merde.

« Mon grand, Alfred t’a jamais dit que chaque mort est idiote ? »

Voilà. On est deux à avoir fait des recherches. Tu le sais maintenant.
Il n’y a pas une façon de mourir intelligemment. Il n’y en aura jamais. Chaque mort est cruelle et bête. Bête et méchante pour ceux qui restent. Si tu crois que mourir me fait peur ? Tu rêves, ce serait même plutôt reposant. Seulement je ne mourrais pas ici, pas dans cette arène. Ça j’en ai pas le droit.

Je me redresse comme je peux, quand on contrôle pas réellement bien ses abdos c’est pas la joie. J’tiens sur mes bras un moment avant de calculer que j’y arriverais pas comme ça. Mes jambes sont pas dans le bon axe, je suis sur le ventre… Ouai c’est évident pour la plupart du monde, mais moi j’les sens pas mes putains de jambes. J’arriverais pas à m’asseoir sauf en prenant passe de temps. Ce serait trop lui en accorder. Je ne le laisserais pas en profiter. Je roule sur le dos, je cherche sa présence et je lui envoie un sentiment d’engourdissement sans vraiment l'voir. J'essaie pas vraiment d'être subtile, ça sert à rien et ça gache trop de puissance. On s’calme mon gros. J’en profite pour m’asseoir. C’est mieux pour voir venir les choses.

Je sens que j’l’agasse. Il vaudrait que j’pète une durite et que j’utilise des trucs impressionnants moi aussi… Mec moi j’sers à l’électricité domestique, j’alimente pas un accélérateur de particule ok ? Sous l’engourdissement je cache de l’attirance. Il finira par avoir envie de me toucher, que ce soit pour m’en coller une ou m’rouler une pelle. J’préfèrerais la première, j’ai pas envie de m’expliquer avec Mitsu. Je souris toujours. Ce coup-ci je m’attaque à ses putains de colonnes d’électricité, utilisant la même méthode je commence à drainer discrètement leur énergie vers le sol en créant des lignes de courant conductrice. C’est dangereux ces choses là mon grand, tu vas finir par blesser quelqu’un. Moi sans doute ?

Il faut que je réfléchisse vite, que j’envisage ses mouvements. Il nous a montré lors de sa mastérisation qu’il était foutument rapide. Il faut que je le prive de ça. Je lui envoie un sentiment de lourdeur, de pesanteur. Je sais qu’il sait, il n’est pas assez con pour ne pas capter que je joue avec ses sentiments. Pas dans cette arène, pas en y étant attentif. C’est pour ça que je joue sur plusieurs terrains à la fois, il faut qu’il se perde dans ce qu’il ressent. Peur. Affliction. Je le ralentis. Je l’attise avec mes piques, colère. Celui-là il est à toi mon gros, mais t’en rends-tu compte ? Je ne perdrais pas mon sourire, cherche pas.

« C'est tout ce que t'as ? »

Pourquoi personne ne les prévient jamais des Masterisations la VEILLE ?? Un jour, il  faudrait que ces fichus Masters pensent un peu aux pauvres supporters qui galèrent à préparer des banderoles et rassembler tout le matos dont ils ont besoin à peine quelques heures avant le début des épreuves. Et encore, là, Ariana, elle est en retard !!

La rouquine, qui arbore aujourd'hui deux couettes dont les pointes se terminent par du blond (en hommage à la Dame du jour), fourre toutes ses affaires dans son petit sac à dos grenouille, galère à le fermer et le balance sans autre forme de procès sur son dos. Elle attrape aussi une casquette rose, qu'elle visse sur sa tête, et décide qu'elle n'a pas le temps de se changer. Résultat, elle est encore habillée de son short en jean et de son t-shirt blanc à paillettes "Keep calm I'm a princess" maculé de vieilles tâches de peinture qu'elle n'a jamais réussi à faire partir au lavage. Elle sort en trombe de sa chambre, gueule dans le couloir qu'il va y avoir un nouveau Master bientôt, puis monte les marches quatre à quatre jusqu'à la chambre d'Allen, qu'elle avait prévenu un peu plus tôt.

—ALLEEEEEN VIIITE IL FAUT QU'ON Y AILLE !!

Toute excitée, la rouquine prend tout de même le temps de se jeter à son cou pour le saluer, puis lui attrape la main pour le tirer à sa suite.

—On peut y aller en volant ? J'ai peur d'être en retard, j'ai encore tout à installer, ohlala c'est une catastrophe, mais pourquoi ils nous préviennent toujours aussi tard ?!

Elle ouvre la fenêtre d'Allen, lui jette un grand sourire et se transforme en canard (c'est le premier truc qui lui est venu, pas de jugement merci) avant de s'envoler dans un coin-coin sonore, prête à lui caqueter dessus jusqu'à ce qu'il se décide à la suivre. Heureusement, l'arène n'est pas non plus à l'autre bout du campus ; et elle est heureuse de pouvoir se poser directement dans les gradins après avoir repéré ses amis. Elle veut foncer sur Nicolas pour lui faire un câlin, mais comme il a sa petite soeur à côté de lui, elle n'aimerait pas lui faire peur. Aussi se pose-t-elle non loin de là dans leur rangée, avant de se retransformer et de s'étirer avec un sourire.

—Je suis pas en retaaaard ! Coucou Nirolas, coucou Rérémy ! Hannn Lottiiiiiie dsjfdjfblblblbl coucou toiii ! (Puis elle lève les yeux vers Aaron et sourit largement.) Bonjour monsieur Williams ! (Elle se retourne vers Nicolas.) On a rien loupé ? J'ai perdu un peu de temps mais on est arr- Merde, mince mais il est passé où ? baragouine-t-elle en cherchant Allen des yeux, une main en visière et les yeux plissés.

Quand est-ce qu'elle l'a perdu de vue ?? Pendant le trajet ? Ou alors il a juste décidé de passer par l'entrée, comme les gens normaux...

—Dans tous les cas, reprend-elle avec un entrain non dissimulé, j'ai réussi à faire tout ce que je voulais ! Ohh, Allen, t'es re-là, gazouille-t-elle, toute heureuse.

Sans attendre, elle s'accroupit pour poser son sac pour en sortir et déplier une pancarte sur laquelle elle avait écrit au feutre "IPIU POUR MASTER" avec plein de coeurs et des couronnes de la victoire. Et des éclairs parce que c'est classe.

—Vous en pensez quoi ?! C'est trop bien hein ?!

Et puis l'heure sonne. Aria se retourne vers le centre de l'arène, les yeux brillants... et voit qu'Ys s'y téléporte.

—Hein ?! Mais ?! Qu'est-ce qu'il fout là, je croyais que c'était Ipiu qui passait Master ?! Ils trouvaient qu'il était trop nul du coup ils l'ont fait redoubler ?!

Ce n'est qu'en voyant Ipiu arriver qu'Ariana comprend. Elle fait "ooooooooohhhhhhhhh", accroche sa pancarte à la rembarde des gradins, sautille sur place et récupère son mégaphone, alors que le combat débute dans l'arène.

—GOGO SUPER IPIU !!!!

Elle aime bien Ys, mais pour le coup, c'est quand même son moment à elle.
(Par contre ils parlent beaucoup trop. Elle entend rien. Enfin, en même temps, si elle faisait moins de bruit, ça irait peut-être mieux... Vous croyez qu'elle peut chanter une chanson pour les encourager ?! Quelqu'un a une idée svp ?!)

Pour la peine, elle va commenter le combat. Heureusement qu'elle oublie les 3/4 du temps d'appuyer sur le bouton du mégaphone, sinon tout le monde en profiterait...

J'avais prévu une journée tranquille, détente, petit soleil et verre de coca en terrasse. Bien sûr, j'avais oublié que j'étais maintenant en couple avec Ariana. Attention, je le regrette pas, pas du tout même (genre lol c'est ENFIN arrivé j'ai envie de dire : oui les gars, je suis en couple après un bon paquet d'années célibataire), mais disons que parfois c'est un peu angoissant, parce que j'me sens pris de court et j'ai pas le temps de réaliser que bim bam boum ouuuuh c'est partiii. Et on sera tous d'accord pour dire que j'ai vachement besoin de temps en général, moi.

Mais c'est pas grave, hein. Aujourd'hui y'a un combat pour qu'Ipiu (à qui j'ai jamais vraiment parlé en fait) prouve qu'elle est apte à devenir Master. Et donc apparemment on y va. J'ai été prévenu y'a 30 minutes. J'me suis dit "Allez, c'est bon, j'ai le temps de me préparer, on arrivera en retard, pas grave". Bah nan. Donc en fait à quelques minutes près, Aria aurait ouvert la porte de ma chambre et j'aurais été encore à poil. Mais bon, tout va bien. J'avais eu le temps de m'habiller.

Et apparemment on y allait en volant. Genre, t'attends pas que je te réponde ? J'ai quand même à peine eu un bisou là c'est abusey. Et elle est partie. Un canard. Un canard. Bon. Bah si un jour elle me dit que j'suis un canard j'pourrais lui répondre "c'est celle qui le dit qui y est".

Je jetai un dernier coup d'oeil à ma montre avant de prendre mon envol, non sans un soupir. Je refermai la fenêtre derrière moi en me servant de l'air comprimé dans ma chambre et m'envolai pour l'arène. J'atterris vers l'entrée, ayant perdu Ariana de vue, et ne la voyant toujours pas, j'imaginais qu'elle devait être à l'intérieur. J'entrai et la retrouvai assez rapidement. Je la rejoignis et me sentis d'un coup mal à l'aise. Ok, donc y'a Aaron, le nouveau papa hype de Terrae et l'un des meilleurs potes de Mitsu que j'connais pas. Y'a Nicolas (lol lol lol il m'aime pas j'crois nan ?) et son... frère, j'crois ? Bref, la dernière fois que j'les ai vus, Terrae débutait sa période apocalypse et tout le monde s'était retrouvé chez Aaron, sans Aaron. Oh et y a le bébé aussi, of course. Et Ariana. Et sa banderole. Mais quand est-ce qu'elle a trouvé le temps de faire ça sérieux ?!

Bon. Bah j'vais me contenter d'un petit signe de tête poli et j'vais m'asseoir tranquillou, hein.

Par contre Ipiu est pas là, c'est normal ? Ah, bah Ys est là, lui. Et Ipiu vient d'arriver. Sympa le déguisement, dommage qu'elle soit en fauteuil roulant, on peut pas en profiter pleinement, franchement ça casse un peu le truc quand même.

Allez, c'est parti pour le pugilat hein. C'est toujours super joyeux les passages au rang de Master, j'ai l'impression qu'on revient à l'antiquité où les gens se tapaient dans les arènes pour créer des spectacles. C'est carrément ça en fait. Et donc les gens apprécient vraiment voir des gens qui se tapent dessus ? Ok. Ok. Normal. Alors pourquoi quand j'buvais et que j'me battais, j'me faisais sortir du bar ? C'est un peu contradictoire, hein, ils auraient pu me regarder pareil.

Sibylle roule aussi vite qu'elle peut. Elle vient d'apprendre qu'Ipiu allait devoir relever un défi dans l'arène pour pouvoir passer Master et c'est trop la classe ! Dès qu'elle l'a su, l'Allemande a partagé l'information sur les réseaux sociaux, évidemment. Elle aurait aimé ne pas être aussi stressée, mais voilà, on ne lui avait rien dit. La Tonnerre ne l'avait même pas prévenue ! C'est quoi pour des amis, franchement !

La rouquine arrive enfin à l'arène et il y a foule. Elle voit plein de visages connus, des gens qu'elle a croisés et avec qui elle a discutés. Elle voit aussi Ariana de loin. Elle tente de lui faire de grands signes pour attirer son attention, mais c'est raté. Elle est bien trop occupée à mettre en place sa banderole et quelle banderole ! L'ex-danseuse en serait presque jalouse. Non, en vrai, elle trouve ça juste génial. Elle sort son téléphone portable et en profite pour faire une photo qu'elle poste tout de suite avec le commentaire Super banderole et super fans ! Allez Ipiu !. Ensuite, elle se fraie un chemin vers les premiers rangs. Elle veut être certaine de tout voir. Elle ne filmera pas, par contre, parce qu'elle sait que ça ne se finit jamais très bien et qu'elle a tout de même un peu de respect pour les gens. Sibylle retourne un magnifique sourire à un beau gosse lui fait de la place et elle se concentre sur le spectacle qui s'offre à elle. Elle adore voir des gens utiliser leur pouvoir et aujourd'hui, elle est sûre d'être servie !

Ipiu arrive avec un costume trop badasse. L'Allemande se permet une dernière photo qu'elle poste à nouveau avec le titre Wonderpiu, puis le combat commence. Malgré sa proximité avec le centre de l'arène, elle ne peut pas entendre tout le blabla que les deux adversaires échanges. Il faut dire que les tours électriques en jette et font un peu de bruit. Tant pis, le spectacle ne fait que commencer.

« VAS-Y IPIU, LE LAISSE PAS TE FAIRE PEUR », crie-t-elle, espérant que ses encouragements aideront son amie qui, il faut l'avouer, ne semble pas en très bonne posture pour le moment.

Je n'étais pas dans la salle lorsqu'Ipiu a été recommandée au titre de Master. Je m'y attendais pas à vrai dire, et comme je séchais pas mal en ce moment pour vaquer à d'autres occupations bien plus intéressantes, j'avais appris le lendemain par les réseaux sociaux qu'Ipiu allait enfin pouvoir tenter sa chance. Bon, j'avoue, j'aurais pu le prévoir parce que ça fait un moment qu'elle est ici, et il me semble qu'Aaron m'a déjà parlé autour d'un café d'une probable recommandation de l'Etoile Tonnerre, mais comme il me disait aussi qu'elle était pas trop chaude, j'ai pas cherché plus loin. Après tout, c'est son choix, hein, elle a parfaitement le droit de refuser. Mais faut croire qu'elle a enfin décidé de passer le cap !

Comme j'étais réveillée depuis un moment et que j'avais déjà été faire mon jogging du matin, j'étais déjà prête à partir. Aussi, dès que je reçus l'information par le biais des réseaux sociaux (je suivais depuis peu le #terrae je l'avoue), je me rendis sur place d'un petit coup rapide de téléportation. Je remarquai au loin qu'Aaron était déjà arrivé et qu'il s'était installé dans les gradins des élèves et autres (parce qu'en ce moment, j'ai l'impression que plus aucune recrue n'est élève à Terrae, serait-ce la fin de la carrière des profs de Terrae ?) pour observer le combat avec toute sa petite famille. Je leur adressai un grand signe de la main accompagné d'un immense sourire et m'installai sur un siège, m'installant bien au fond pour caler confortablement mon dos contre le dossier. Ariana finit par arriver à son tour en compagnie d'Allen. Elle sortit une immense pancarte et un grand sourire se dessina sur mes lèvres. Cette fille est vraiment géniale ! Je voulus la saluer aussi, mais elle était visiblement occupée, et je décidai que j'irai la rejoindre à la fin du combat pour discuter un peu.

Après quelques minutes, Ys descendis au centre de l'arène. Mais il est vraiment bête où il le fait exprès ? Ipiu est pas là, hein, ça sert à rien de te pointer là alors qu'elle est pas encore arrivée. Puis tu sais pas si elle va te défier, alors fais pas trop le malin non plus... Bon, ok, j'suis méchante et pas forcément objective, c'est pas gentil-gentil tout ça.

Ipiu finit par arriver, équipée d'une super tenue que je lui enviais beaucoup (je reconnais que je suis une grande fan de la nouvelle série Supergirl produite par les américains). Je me redressai d'un bond et m'appuyai contre la rambarde.

- ALLEZ IPIU, TU PEUX LE FAIRE !!!

Bon, par contre elle a pas pris mon fauteuil, j'comprends pas pourquoi, ça lui aurait donné un avantage certain dans ce combat. Je vous rappelle qu'elle peut voler avec ce fauteuil, alors bon, c'est toujours bon à prendre !

Le combat débuta, et ils commencèrent à vachement trop parler à mon goût. Les gars, on est pas là pour vous voir discutailler, hein, nous ce qu'on veut c'est de l'action nom de dieu ! Bon, après j'vais rien dire, elle a de la chance, Ys parle. J'avais oublié qu'il était capable d'avoir des conversations avec des gens... Elle devrait en profiter.

« MAIS T’ES CON TE FAIS PAS MAL ! » j’peux pas m’empêcher de crier.

Putain fasse qu’il se soit pas blessé, fasse qu’il se soit pas blessé. Ys pardon. T’avais pas à faire ça, fallait l’dire j’arrêtais. J’ARRETAIS. On peut se trouver un safeword ok ? J’essaie de dissiper l’électricité qui lui tombe dessus. C’est trop puissant pour moi, j’peux pas la contrôler alors j’lui trouve des voies de dérivation. J’l’entraine vers la terre qui l’absorbe. C’est beaucoup trop de pouvoir, j’perds mon souffle à essayer de tout dériver. J’y arrive pas. JE N’Y ARRIVE PAS PUTAIN. Soudain l'air se clarifie de la tension qui y régnait.

« CA VA ? » je crie.

Non mais sérieux tu crois qu’on s’en était pas rendu compte que t’y étais allé un peu fort ? TU Y VAS TOUJOURS UN PEU FORT DU CON. Sérieux ça se fait pas de faire ça, moi je te ferais pas de mal alors tu te dégommes pas la gueule merci. MERCI. Sois gentil. D’ailleurs les gens vous devriez l’encourager aussi, parce qu’on est deux à pas avoir choisi d’être ici. C'est pas cool.

Ah, bin moi non plus tu vois j’vois pas ce que je pourrais leur apporter. C’est cool on est deux, et s’il me veut pas dans son équipe c’pas grave j’m’en remettrait bien… Par contre qu’on soit clair j’suis pas pitoyable et c’est pas parce que je suis dans un fauteuil que j’ferais une mauvaise master. Je ferais une mauvaise master parce que je ferais une mauvaise master. Je cherche pas la gloire non plus, ni dans la vie ni dans la mort. La gloire c’est pour les idiots prétencieux et ça m’intéresse pas. Quand j’fais quelque-chose de bien ou de mal j’le fais pour moi, pas pour qu’on m’admire ou qu’on remercie. J'm'en contre tape que mes méthodes soient douteuses tant qu'elles fonctionnent, les gens sont pas obligé de savoir. J’lève les yeux au ciel. La gloire c'est un truc de péteux qui prend des risques inconsidérés et quatre-vingt dis pour cent de temps se fait splatcher par les méchants.

« C’est bon t’as fini ? »

A bien en fait non. COMMENT CA T’ETAIS TRISTE POUR MOI DU CON ? D’où ? Tu me connais pas t’as pas l’droit d’être triste pour moi, et l’père noël il avait aucune raison de passer. On fêtait pas noël dans mon pays, tiens toi au courant. Je serres les mâchoires, à parler à tord et à travers il finit par toucher. Evidemment. Connard. Tu fais ça pour me provoquer, j’le sens, et pourtant ça marche. T’en sais quelque-chose toi ? T’en sais quelque-chose de ce que ça fait de te raccrocher à des souvenirs tout en sachant que c’est leur présence qui font pleuvoir les coups sur ton dos ? T’sais ce que ça fait quand on te bat de plus belle parce que t’as eu le tord d’appeler ta mère à l'aide ? Non, toi elle a juste clampsé. Pauvre bichon.
On t’as jamais dit de pas parler de ce que tu ne connais pas ? N’parles pas Piu. Ne réponds pas. Respire. Souris. Ouai, voilà j’te souris avec dédains.
Je sais bien que c’est pas en allumant des ampoules ou avec mes petits tours de passe-passe que j’peux être utile à Terrae. J’le sais putain. Tu veux quoi ? Que j'maitrise la foudre comme Zeus et que j'pête tout ? C’est pas en détruisant que je serais utile à qui que ce soit, si c’est ça ta réponse à toi alors ouai j’ai p’t’être un truc à faire chez les masters. Déjà te casser la gueule, métaphoriquement s’entend. Pourquoi t’espères de la violence ? Pourquoi t’espères que j’sorte de mes gonds ? C’est ça que tu veux non ?

« Sauver Julien ? » j’reste estomaquée, la colère grandissante balayée. « Julien est mort, non. Julien n’a jamais existé que pour moi. Il n’y a personne à sauver, ce n’était qu’un rôle. T’as vraiment du survoler l’dossier… » j’murmure pour moi-même.

J’sais pas pourquoi j’ai un sourire triste. Julien, mon premier amour, mon premier sentiment non feint en plus de dix ans. Mon premier sentiment n’avait été qu’une supercherie crée par le Centre. Ah, si tu te casses j’ai perdu ou le défis continue ? Non faudrait que je sache, et si j’pers il s’passe quoi ? ‘fin là j’ai cru comprendre qu’on m’dégagerait. C’est trop dégueulasse, on m’a pas laisse le choix de venir et on veut me foutre à la porte. Si je n’avais pas mon histoire, je m’en foutrais… Si j’fous un pied hors de l’enceinte de Terrae sans pouvoir j’suis morte. Ce qui est pas possible tu vois. Hier j’ai dit que ce serait pas un adieu.

Il a pas osé ? IL A OSE. MÊME AARON J'LUI ROULE DESSUS QUAND IL M'APPELLE COMME CA. Il a essayé, mais j'ai pas aimé. C'est douloureux. Ce nom est douloureux. Je serais toujours cette petite fille qui aimait danser pieds nus pendant que sa mère chantonnais, ce sourire qui répondait aux étrangers qu’ils étaient les bienvenus ? J’serais toujours la sœur de Tjay. Je suis toujours Toumaï même si ça fait mal.

« C’est pas dans l’fond. JE SERAIS TOUJOURS TOUMAÏ. »

T’as cru quoi ? Que tu pouvais te barrer comme ça ? Tu as ta puce traductrice gros ? J’sais pas trop ce que ça fait quand on elle surcharge, avec eu peu de chance ça te cramera comme il faut. Gagné, le circuit surchauffe et prend feu. Je souris. Il ne pourra pas me retourner la pareille. J’comprends et parle japonais couramment même si j’ai pris l’habitude de m’exprimer en français, j’avais pas besoin de puce pour le comprendre.

Essaie pas de faire comme si t’avais quelque-chose à faire. On sait tous que tu t’es fait plaquer comme une merde, le retour dans les dortoirs ça fait quoi ? NON. JE NE CEDERAIS PAS PUTAIN. GARDES TON CALME. Tu te fermes gentiment ta gueule. Sois une brave fille. Pas en dessous de la ceinture.

On sait tous les deux que s’il le veut, il peut me résister. D’ailleurs j’trouve ça fairplay de sa part d’avoir abaissé sa barrière. J’suis pas assez prétentieuse pour croire que j’lui ferais tant d’effet si c’était pas l’cas. Pourtant mec, oublies pas un truc. Si t’as pas besoin de moi, la réciproque n’est pas vraie. Tu veux que je sois sérieuse ? Ca j’peux l’être. TU NE BOUGES PAS. J’me concentre fort, très fort sur le sentiment de sidération que j’veux lui imposer. PAS BOUGER. Je respire doucement, lentement, profondément. Il est trop loin. Trop loin pour que je puisse l’atteindre. Si j’me mets à ramper j’aurais plus assez de concentration. Si j’attends trop longtemps il se fera du mal pour se réveiller. Aucun des deux ne me convient. VIENS YS. Approches-toi de moi. J’utilise mon pouvoir, ce sentiment d’attirance j’le fais enfler avec toutes mes forces, toutes les fibres de mon corps j'en tremble tellement c'est intence. Rapproches toi putain. J’ai pas envie de partir. J’ai pas envie de te faire mal. APPROCHES TOI.

« T’sais quoi ? La liberté c’est pas faire ce que l’on veut, c’est faire ce que l’on doit. »

Du Bottero dans ta gueule. Pourquoi j’pense ça genre maintenant et pas hier ? Putain, mais il avait raison. J’aurais dû le savoir. Je le sais. Et je sais que c’est pas Bottero qui l’a médité tout seul. Je sais qu’il avait lu Kant. Ce type me manque. La saveur de ses mots, son univers me manque. La liberté qu’il m’a offerte bat toujours. Je suis Ipiu Raspberry, en l’honneur d’Ipiutinelle, d’Ellana Caldin. Je l’ai choisi, alors pourquoi l’oublier ? Vous avez envie que je sois master ? C’est un peu une grosse blague, on l’sait tous et j'vous ferais pas une dissertation sur la liberté là maintenant. Je suis super Ipiu.

« Et là tu vois ce que j’dois faire c’est t’attraper j’crois. »

C’est pas ce que t’as dit t’as déjà oublié ? T’es con où tu le fais exprès, ôtes-moi d’un doute. Ce que j’veux ? C’est bien la dernière chose dont tu tapes, fais pas genre. C’est juste pas crédible. Rien à faire de quoi ? De gagner ? Non, t’as raison, gagner ça m’importe pas en tant que tel. Gagner c’est surfait. Ce n’est pas le but qui compte, mais la manière dont on l’atteint. Gagner pour gagner, quoi de plus horrible ? Gagner ça n’a pas de saveur si la victoire n’est pas belle. Si j’gagne j’le ferais à ma manière et à mes conditions. Ce n’est pas de la sensiblerie mais de la détermination, je ne ferais pas ce que tu attends de moi si ça implique de te faire du mal.
NE ME DIS PAS QUE ? TU ES CON. TU ES DEFINITIVEMENT CON PUTAIN. FAIS PAS CA OMG FAIS PAS CA. Tu veux que j’gagne à ce point ? Non ? Parce que là tu lattes la gueule tout seul. T’EST QU’UN GROS CON. PUTAIN.

« Ce qui est cool avec toi Ys c’est qu’on a rien à faire t’as raison. Tu lances des défis et tu les perds tout seul. »

Tu vas t'arrêter ? T’es au courant que si tu tombes dans les pommes t’as perdu ? J’aurais trop tout mon temps de ramper jusqu’à toi. C’est juste débile ce que tu fais. TU TE FAIS DU MAL. Rends toi compte que c’est débile et que t’es inutilement violent. OMG. Je relâche mon pouvoir. JE PEUX PAS FAIRE CA.

« T’ES QU’UN CON YS ! TU VEUX CREUVER ? T’ES CLAIREMENT PAS PARFAIT COMME MASTER, T’ES QU’UNE BRÊLE SUICIDAIRE ! ME METS PAS ÇA SUR LE DOS. PUTAIN. J’SUIS PAS TA PUTAIN D’HEROÏNE DE JE SAIS PAS QUOI BORDEL ! »

Je suis un tout petit peu véner. UN TOUT PETIT PEU. Je vais le baffer. J’vous jure que j’vais le baffer. J’ai besoin de mon fauteuil. J’crée des explosions électriques pour le rapprocher de moi tout en continuant à parler.

« ALORS OUAI TU FAIS TON BEAU, MAIS T’ES QU’UN GRAND MALADE ? TU CROIS QUE TE FAIRE DU MAL C’EST COOL ? MAIS T’AS UN PUTAIN DE GRAIN. T’ATTENDS QUOI DE MOI TRES EXACTEMENT ? QUE J’TE SERVE D’EXCUSE POUR TE FOUTRE EN L’AIR ? TU CROIS QUE C’EST COMME ÇA QUE TU VAS LA FAIRE REVENIR EN LUI FAISANT PITIE ? C’EST PAS UNE PUTAIN DE MISSION C’EST TA VIE CONNARD. C’EST TON CORPS. PRENDS SOIN DE TOI PUTAIN. »

Mon fauteuil est là j’enclenche les freins, et j’remonte dessus en manquant de me ramasser. Surtout ne faites pas ça à la maison les enfants. C’est dangereux, et j’me suis froissée un muscle. J’le sens immédiatement. Lololol, j'vais plus pouvoir faire mes transferts seule putain, j'vais devoir demander de l'aide à mes voisins de chambre. Genre hors de question que j'reste à l'hôpital pour ça. OUAI JE SUIS PASSEE EN DESSOUS DE LA CEINTURE. J’me bats pas avec un type qui a envie de crever j’l’aide. Déso, c’pas ce que j’dois faire, je sais, mais j’ai jamais prétendu que j’étais libre. J’fais rarement ce que je devrais et j’me le reproche assez longtemps, mais j’refuse. JE REFUSE OK ? Il est plus proche maintenant mais j’peux pas l’toucher. Ce serait plus facile avec un contact putain. Je vais déguster OK JE SAIS. J'commence déjà à sentir des relants de fatigue, créer des émotions si différentes à cette vitesse c'est couteux. Sauf que là j’m’en tape. Doucement je crée un mélange d’optimisme et de la douceur et je les projette sur lui. FAUT PLUS QU’IL FASSE CA. SINON JE ME CASSE. J’ai d’jà assez fait d’mal ok. OK. Alors je refuse qu’il se serve de moi pour ça. ALORS IL VEUT JOUER AU SUICIDAIRE ? On peut-être deux.

HRP: