Aujourd'hui, ça va faire une semaine que je suis au Japon. Et une poignée de secondes que ma chatte a pissé dans l'unique paire de chaussures que j'ai eu la place d’emmener dans ma valise faite à l'arrache. J'attrape l'animal par le cou, la sermonnant sur l'importance de faire ses besoins dans la litière, et pas à côté. Cependant, je suis chanceuse dans mon malheur. Une de mes voisines de dortoir a accepté de me prêter une paire de baskets, à ma pointure, le temps d'aller en acheter au moins une nouvelle paire. Après tout, un peu de shopping ne me ferait pas de mal, et m'évitera de rester buller dans mon lit. J'attrape mon portefeuille, je fais "mes" lacets et me voilà partie en direction du village. Je me souviens avoir remarqué quelques boutiques de fringues en allant à l'animalerie avec Drixx. Je ne croise pas beaucoup de monde sur le chemin, la plupart des jeunes étant en classe à l'heure qu'il est.

J'y suis. Devant la vitrine d'une friperie, cigarette aux lèvres. Regardant les pièces présentées à l'extérieur (L'avantage du beau temps) en faisant attention à ne pas m'approcher trop pour ne pas abîmer les vêtements avec ma cigarette. Il y a déjà une personne à l'intérieur, avec celle que je devine être la vendeuse, qui s'affaire à l'aider à ranger ses achats dans un sac. J'attends qu'elle l'accompagne jusqu'à la porte pour faire signe à la jeune fille. Quand elle s'approche, je ne peux pas m'empêcher de remarquer ses jolies formes et ses grand yeux bleus, ainsi que son sourire, surement d'usage envers un client, mais ravissant tout de même.

"Bonjour mademoiselle! Je voudrais savoir, vous avez des chaussures? On va dire que j'ai eu un accident. Enfin un chaton. C'est lui l'accident. Mais du coup je n'ai plus de chaussures à me mettre. Et j'en profiterais sûrement après pour regarder le reste, mais bon. Priorité, chaussures!"

"J'suis pas sûre qu'elle ai comprit là, tu devrais sans doute le dire encore une fois, au cas où."

"Chaussures."

"..."

Bon, je l'ai chuchoté pour moi même, jpense pas qu'elle ai entendu.

"Mmmmh? Non, rien de particulier. Je vous avoue que là, c'est plus une urgence et un besoin qu'un plaisir. Donc n'importe quoi à ma taille fera l'affaire et- Oooooh, elles sont cool les blanches là! Jpeux les essayer?"

J'attends l'autorisation de la belle pour enfiler la première, puis la seconde.

"Eh bah vous savez quoi? Je crois que mon karma s'est équilibré, elles sont parfaites? Jvais vous les prendre. Je vais en prendre une seconde paire je pense par contre; Dans un style différent. Mmmh. Vous avez des escarpins?"

Je la regarde, et je comprends que ma question est stupide.

"Oui nan pardon, effectivement, je vois bien que vous en avez. Je devrais plutôt demander si vous avez une paire qui irait bien avec un des jeans, ou des jupes. Mh. Je mets surtout du noir et du blanc, pour être honnête. Enfin, sauf quand je mets un jean, là je mets souvent des choses colorées ou fantaisies. Mais on s'égare, encore une fois. Du coup, des escarpins noirs? Ou d'une autre couleur si vous pensez que ça irait bien avec ce que je peux mettre. Ou avec une tenue qui m'irait ici, et avec laquelle je pourrais repartir."

Tu parles beaucoup trop meuf, c'est chaud.

Je sais, merci, je fais pas exprès là. Juste, savoir que je suis l'objet de l'attention d'une créature aussi ravissante, avec d'aussi beaux yeux bleus, ça me stresse. Et quand je stresse, bah voilà. Je parle. Ou je mange. Ou je fume. Ou je bois. Et là, bah je peux juste parler. Mais là, maintenant, tout le temps que je passe à pouvoir l'observer en coin (ou pas en coin d'ailleurs), c'est juste du bonus. Surtout quand elle se penche et que jpeux jeter un coup d’œil dans son décolleté.

Alors je dis oui à tout ce qu'elle me dit. J'essaye tout ce qu'elle me conseille, chaussures, tops, robes, jupes, et je dis oui à tout ce qui me va. Heureusement qu'il me restait des sous de mon job étudiant, sinon j'aurais été obligé de bouffer à la cafèt' tout le reste de ma vie. Et la street food ici est beaucoup trop bonne pour passer à côté. Mais bon, c'est l'occasion de fournir un peu ma garde-robe, qui est cruellement vide depuis que j'ai atterri à Tokyo.

Faire du shopping. Putain ça faisait longtemps. Putain ça fait du bien. Prendre du temps pour soi. Le pied. C'est le sourire aux lèvres que je parcours les rayons, seule quand la petite blonde est occupée avec d'autres clientes. Elle me conseille, et il faut avouer qu'elle connaît son métier. Et alors que j'admire les différents t-shirts et tops, elle revient vers moi.

"Mon bonheur ? Déjà, j'ai ce qu'il me faut. Mais oui, je pense que j'ai trouvé. Ça m'avait manqué, d'essayer des fringues."

Elle sourit, et me montre une veste que je n'avais pas vu. Une veste dans un style militaire, treillis vert et marron. Comme mes yeux, en effet. Je souris. Je l'enfile, et je fais un petit tour sur moi même, avant de planter mon regard dans le sien.

"Alors, elle me va bien?"

Je connais déjà la réponse. J'ai de la chance, elle épouse bien mes formes, et la coupe sied parfaitement à mes épaules. J'achète. Et je rougis un peu quand elle me fait un compliment, baissant la tête en passant une main dans mes cheveux bleus. Puis je continue. Et on arrive au niveau de la lingerie. Certaines pièces sont magnifiques. Je repère quelques soutifs et culottes assorties, à ma taille, et je les glisse dans mon panier. Un shorty, une brassière pour quand je me remettrais au sport (mdr). De temps en temps, je fais quelques commentaires absolument pas productifs, mais je ris. C'est vraiment le pied. Je m'éclate, à faire la pitre entre les étagères.

J'appercois un chapeau. Impossible de savoir s'il m'irait.

"Dîtes. Vous pensez qu'il m'irait?"

Je l'essaie, le vissant sur mon crâne. Bof. Puis sans prévenir, je le pose sur son crâne, me délectant de la surprise que je lis sur son visage. Je recule d'un bon mètre, l'admirant des pieds à la tête.

"Nan, y a pas à dire, il vous va mieux à vous qu'à moi. Dommage. J'vais me contenter de cette casquette."

J'éclate de rire, et j'attrape une casquette qui traînait. Une de celles généralement pour les hommes, avec un logo Batman cousu dessus. Bon. Je crois que j'ai fait le tour. Alors je me dirige vers la caisse, adressant un clin d'œil à la jeune femme.

Il semblerait qu'elle aime bien le chapeau. Je suis à deux doigts d'éclater de rire quand elle le glisse derrière le comptoir, mais je me contente de pouffer derrière ma main, les yeux pétillants. Je lui présente mes articles, un à un, et elle les scan. J'ai même le droit à une réduc'.

"C'est vrai? Trop cool, je vous remercie. Je repasserai en cas de besoin. Et je vous remercie aussi pour vos conseils."

J'insère ma carte dans le lecteur, compose mon code, et j'attends en pianotant sur le comptoir, en rythme avec la musique en fond. Puis je saisis mes affaires, et dans un grand sourire, je la remercie. Encore une fois. Pour ses conseils. Encore. Et pour son accueil, et son professionnalisme. Je fais même un petit signe de main avant de prendre la direction de l'Institut, mes nouvelles chaussures aux pieds. En me promettant d'empêcher Roll de recommencer. Sauf si ça me permet de revoir ce visage joyeux et ces grands yeux bleus. Ça fait chaud au cœur de voir des gens aussi prévenants et souriants.

Je rentre tranquillement, toujours en chantonnant, ma cigarette aux lèvres. Qu'est ce que je vais bien pouvoir faire en rentrant ? Mmmmhhh. J'vais commencer par manger un morceau. Puis j'irais dans le parc, ou dans la forêt. Je manque de trebucher, mais je reste debout. Et le reste du trajet se passe bien. La journée ne peut que bien se passer.

[HRP: on comble les 15 lignes comme on peut hein]

Nan franchement, sans déconner, c'est de l'abus. De l'abus de la part de ces enculés de Tonnerres qui ont encore défoncés l'ascenseur. Et de la part des deux bassistes (bon y'en à un qu'a une guitare, mais on va pas chipoter pour deux cordes hein) qui étaient censé me filer un coup de main. Du coup Ys, t'es doublement coupable. C'est ta faute.

Me voilà en train de porter mon tout dernier carton. Sans déconner. C'est qui qu'a eu l'idée de mettre les Airs tout en haut? J'en ai marre de ces marches à la con, j'en ai marre d'être en sueur. J'en ai marre. Heureusement que j'avais sueulent quatre voyages à faire, et que le dernier carton est léger. Mon seul réconfort c'est d'imaginer Roll en train de faire des pitreries sur mon nouveau lit.

Je suis tellement perdu dans mes pensées évoquant la mignonnitude de mon bébé chat que je n'entends pas la jolie blonde arriver, et je sursaute quand elle me salut.

"Hey! Pas la peine de me donner du "mademoiselle" hein. Et c'est le dernier carton. Je pense que ça va all- OH SI, si ça ne te dérange pas j'aurais besoin d'un coup de main pour organiser mon armoire de fringues. Jdois avoir un truc frais à boire, et des cookies. Ça serait super cool. C'est quoi ton nom déjà?"

Aled ui viens m'aider stp. Puis tu pourrais voir mon chaton trop choupi.

"Pourquoi jsuis Air putain, c'est au dernier étage... Si je chope un de ces enculés de Tonnerres jle défonce. Moi c'est Elana, au fait."