J'ai l'impression d'avoir échoué au bon endroit finalement. Après toutes les émotions de ces dernières semaines, je me sens enfin soulagée. Mon humeur terne, mon renfermement se sont dissipés et je suis d'assez joyeuse humeur.
J'ai une chambre avec un lit, je côtoies du monde tout le temps et la solitude semble loin, très loin derrière moi.

Je me suis baladée aujourd'hui. J'avais envie de bouger un peu. J'ai de la chance, cet Institut est immense et j'ai eu de quoi faire. Cependant mes pas m'ont vite amenée dans la forêt. Par habitude peut être ? Je ne saurais dire. J'y ai passé un temps fou: je me suis laissée me perdre dans mes pensées et dans les bois. Pour une fois, depuis ce qui me semble une éternité, je n'ai pas songé à ce que j'étais avant. Mes songes se sont tous dirigés vers un seul et même point: ce que je voulais faire. Enfin, pendant un temps. J'ai très vite finit par abandonner mon cerveau pour rire bêtement aux blagues qui perçaient dans ma tête.
Oui, le filtre de la bêtise peut disparaître dans les moments d'introspection solitaires. Par exemple, vous la connaissez la blague du mec qui va nourrir le gorille de son pote ? Non ? Alors tant mieux, vous n'avez pas perdu dix minutes de votre vie pour rien. Moi si. Les gens dans les dortoirs ont des histoires étranges à raconter parfois...

Après cette ballade fructueuse au niveau spirituel, je décide de rentrer. J'ai récupérer des livres qui ont l'air passionnant. Il serait temps de les commencer.
Je rentre donc en sautillant. Un jour je me pencherais peut être sur cette histoire de base de données dont m'a parlé Ys. Peut être.

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En rentrant dans la bâtiments de l'Institut, j'expire un grand coup. Je commence à apprécier cet endroit.
Je me dirige vers les dortoirs des demoiselles. Je guette les conversations, un peu trop curieuse de savoir ce qui se trame autour de moi. Finalement, en me rapprochant de ma destination, dans les couloirs, deux voix sortent du lot. Du moins la conversation m'attire. Je m'arrête un instant pour détailler les deux personnages. Une espèce de tension de défiance semble régner entre eux. Mais rien d’agressif. Quelques curieux, comme moi, observent eux aussi les deux hommes.

Finalement, le plus menu des deux lâche ce qui semble sonner comme une pique avant de s'éloigner en faisant un magnifique petit doigt d'honneur:

"Hey, Erik. J'ai hâte notre rencard de demain."

Je note rapidement dans ma tête le nom du brun qui ne tarde pas de relancer son interlocuteur:

‘’Pas de soucis, Aby. Je suis aussi impatient que toi, ma belle. J’aurais peut-être la chance de te voir porter une robe et un peu de maquillage, comme ça !’’

Je hausse un sourcil. Aby ? Ma belle ?

"C'est une fille ?..."

Mon regard suit la dite Aby et je décide de reprendre ma route vers le dortoir à ses côtés. Je m'écarte du groupe de curieux, lance un sourire amical au dit Erik en voyant son air gêné et reprends donc ma route. Je suis curieuse de voir si "Aby" va vraiment entrer dans le même dortoir que moi.
Ma réponse arrive rapidement: on prend exactement la même route et arrivons ensemble devant la porte. Sans plus attendre je lâche ma pensée à la dite demoiselle:

"Vraiment ? T'es une fille ? Wow."

Je lui lance un regard étonné et amusé à la fois. J'adore cet endroit.

Erik a donc abandonné toute discrétion... Puis .. Aby ? Il est sérieux ce trou du cul ? Ça fait strip-teaseuse d'abord. Ou pas j'en sais rien, j'ai jamais mis les pieds dans une boîte de strip-tease.  " ma belle" . Ce type, il va mourir, je vais lui rentrer son chien dans le crâne et..... Merde, en plus maintenant je suis le centre de l'attention. Malgré moi, je rougi un peu, ravagé par le sentiment de défaite qui m'envahi prestement .

Très bien Erik, tu gagnes ce coup là. Mais la prochaine bataille, je vais la rafler, brillamment et devant tout le monde. Tu veux de la robe et du maquillage? Tu vas baver mon grand, tes dents vont racler le carrelage et en prime? Je vais me comporte comme un camionneur. Ha , qu'est-tu dis de ça hein? Qu'il aille se ranger cette aberration nippones aux yeux bleus .

Le couloir vers le dortoir me parait interminable. Des mecs ont l'air surpris, des nanas un peu déçues. et moi... j'ignore se beau monde, ou fais semblant, et trace ma route jusqu'à la porte alors que je tends la main  vers la poignée, je me retrouve interrompu par une voix féminine me demandant si j'étais un fille. Tout le couloir est au courant tu sais? faudrait voir à suivre un peu mad....  Alors que je me retourne, je vois devant moi.... Une nana issue d'une pub, je sais pas trop quel genre mais entre ses cheveux blonds , si blonds qu'ils sont presque blanc, et si yeux beaucoup trop bleus, propre sur elle, en robe et tout... Grande en plus .  Puis je me regarde moi, jean et baskets sales, t-shirt et veste. Okay ouais à coté je suis un mec c'est sûr. Peut-être que si je mettais un peu plus de rose sur mon atebas....

" Plutôt beau gosse n'est-ce pas? pourquoi ça te surprends, je te plais ?"

Bien entendu, je sers un jolie sourire et prends appuie sur la porte en même temps d'une main. Puis je décide que c'est bon j'en ai soupé d'être traité comme une nana.

" Ou alors.... Je suis un pervers travesti qui va se faire une petite visite dans le dortoir des demoiselles de l'institut parce qu'en fait pour financer cet endroit, on prostitue les jeunes filles et les jeunes hommes. Erik tu vois? Je lui donnes 3 jours ."

Oula, okay je me suis laissé allé. Mais ça a au moins le mérite de faire sens. Un jour, je le promets, je saurai tout sur le fonctionnement de cet endroit et pourquoi ç ressemble à l'enfant bâtard d'un asile et d'un lycée.

Enfin je me présente simplement, lui tendant la main.

"Abe Doe, fraîchement livré du Bronx comme un mauvais thaï. Si je peux t'être inutile, toujours à ton service."

Le phénomène étrange se retourne vers moi. Je lui sers un grand sourire. Il me scrute un instant avant de me répondre et de s'appuyer contre la porte en souriant à son tour. C'est plutôt mignon à voir.

" Plutôt beau gosse n'est-ce pas? pourquoi ça te surprends, je te plais ?"

Je ricane doucement et lève un sourcil. Je regarde autour de moi. Les demoiselles qui scrutaient la scènes ont l'air un peu déçues. En effet, elle serait plutôt mignon. Je reporte mon attention sur mon interlocuteur qui en rajoute encore. Il m'arrache un nouveau rire.

C'est avec un sourire en coin que je lui réponds:

" Tu rentres pas dans mes critères de féminité, mais t'es plus viril que certains hommes. Alors on va dire que ça passe."

Je lui fais un clin d’œil. Ça parle mal ce machin là.

"Si on prostitue vraiment les jeunes hommes et jeunes femmes ici, vu ta carrure je te donne pas très longtemps non plus."

Il me tend finalement la main en se présentant. Ce sera donc Abe. Personnellement, je trouve Aby beaucoup trop paradoxal pour mon pauvre cerveau. Je ne me souviendrais jamais d'une Aby avec ce style. Abe par contre, si.
Je lui offre un nouveau sourire et une petite poignée de main. Malgré sa petite taille et son aspect menu, il impose quand même son rythme d'une main assurée.

"Lys, je viens de l'Oregon. Ravie de te rencontrer, Abe."

Je lance un énième regard autour de moi. Les curieux ont reprit leurs occupations et ne font plus attention à ce qui se passe. Tant mieux, la blague a assez duré.
Je détaille Abe un peu plus, d'un air curieux. Je n'ai pas côtoyé grand monde. Ma liste de relations sociales étant assez courte finalement, je me passionne dans les phénomènes depuis mon installation. Pas par curiosité malsaine, mais surtout parce que ça brise un peu la zone de confort et de sécurité dans laquelle je m'étais retranchée. C'est pas plus mal de chercher à la briser celle-là. Et puis, Abe a l'air marrant.

"Tu viens d'arriver non ? Tu attires déjà bien l'attention. Dommage, on risque de se souvenir de toi sous le mauvais prénom. "

Bon signe elle rigole, normalement les nanas qui ont conscience de mon genre ont tendance à partir en courant quand je fais genre de draguer lourdement. Plus un point dans mon estime miss. Elle attarde son regard sur les gens avant de me regarder et de rire à  ma seconde vanne. Putain, en plus elle comprends le second degré. Meuf, en fait je te connais pas mais je t'épouse déjà dans ma tête. Sa réponse  me tire un grand smile :

"J'ai grandi avec trois frangin, du coup je suppose que mes chances de participer à un concours de miss étaient plutôt faible à la base. Puis faut  dire, dame nature n'a pas aider non plus"

Je conclu ma phrase en regardant ma poitrine. Heureusement pour ma dignité avec ou sans gras bien placé, ça garde le même nom. Est-ce que j'aurai pas plus de pecs que de seins moi? Son clin d’œil et sa remarque ne faut que me donner envie de pousser la connerie plus loin.

" C'est pour ça que j'ai pris mes devants. Moi je suis là pour sélectionner la marchandises. Pour reprendre le même exemple, les jeunes asiatiques font fureurs sur le marché noir en ce moment, les organes sont bons marchés et le commerce de la chair est à son paroxysme depuis que les gens ont commencé à pratiquer le tourisme sexuel en Thaïlande ."

Le résultat d'une nuit blanche de documentaires sur ce pays et les travers du tourisme . Merci Ajay, grâce à toi j'ai pu sortir la phrase la plus immonde de ma vie et maintenant je me sens bien.

Sa main est emporté par mon chaleureux salut alors qu'elle se présente à moi. alors qu'elle jette de nouveau un regard autour d'elle. Allons miss t'es méfiante, tu as peur qu'on t'espionne?  Ne t'en fait pas si on t'espionne avec moi, moi les mecs qui te surveillent vont pas avoir un truc utile à se mettre sous la dent avant un moment.  Ensuite, elle me signifie clairement que j'ai l'air d'un pousse fraîche de l'institut.

"Ça se voit tant que ça?  Merde du coup effectivement si je continu à me faire remarquer et que Aby reste, je vais être obliger de faire courir la rumeur comme quoi *Erik est un nudiste pour qu'on m'oublie."

Je reprends donc mon cheminement en lui lâchant un " tu rentres aussi? avant de machinalement ouvrir la porte et pénétrer dans la pièce. Un souffle insoutenable me saute au visage,  me prend au nez et à la gorge. le parfum, les déodorants aux fruits et tout le merdier.

"Nan les filles ça va plus être possible" Fini-je par lâcher tout haut " la prochaine pulvérisation de quoi que ce d'autre que d'un truc pour l'asthme, j'allume un briquet et je nous fais tous cramer."

La geste accompagnant la menace, je sors mon briquet de ma poche et commence à jouer avec la pierre avant de me retourner vers Lys, comme si de rien était .

"Et toi, tu es là depuis longtemps? En tant que doyennes du dortoir on va devoir se faire respecter un minimum si on veut pas mourir étouffées dans des mièvreries ."

Je baisse les yeux sur la poitrine d'Abe puis sur la mienne. Oui, effectivement. J'appelle ça des pectoraux, pas des seins. Enfin bon, passons, ça a son charme viril.
Abe a l'air d'être un bon répertoire à conneries. Il n'hésite pas surenchérir à sa précédente vanne. Cela m'arrache à nouveau un rire, un peu moins contenu que les précédents. Décidément !

"Je te fais passer le mot si je trouve quoi que ce soit d'intéressant. On parlera de mon pourcentage plus tard."

Je prends un air faussement sérieux pendant quelques secondes, en hochant fermement la tête d'un air satisfait.

"...Erik est un nudiste pour qu'on m'oublie."

Je hausse à nouveau un sourcil. Un nudiste ? J'ai écouté Abe, mais mon cerveau a bloqué sur cette information. Donc, le petit gêné de tout à l'heure serait un nudiste ? Information intéressante. Un sourire amusé apparaît sur mon visage. Il s'en passe des choses étranges au sein de cet Institut et franchement, une part de moi à peur de savoir. L'autre part, la majorité, adore les commérages.  

"C'est un trop bon moyen de pression ça tiens. A conserver pour usage lucratif. "

Je n'ose pas demander d'où il sort ça. Il n'y a pas de fumée sans feu, mais si les faits réels sont rendus publics ça enlève le charme d'une rumeur. Alors... On va conserver la magie comme elle est et imaginer le plus de scénarios dérangés possibles.
Mes yeux brillent de la lueur de la bêtise maintenant de la lueur de la bêtise. J'apprécie l'humour d'Abe.
Je lâche un petit 'oui' en réponse à sa question tout en le suivant dans le dortoir. Impossible de se tromper en pénétrant des dortoirs pour femme: ça sent la demoiselle et ça, Abe ne manque pas de le relever. Je le comprends un peu. Je suis partisane des bonnes odeurs, mais pas de l'asphyxie ni des bûchers. Je relève d'éviter de lui envoyer du déodorant au visage. C'est peut être vraiment mortel, qui sait ?

Il se retourne vers moi une fois sa menace lancée.

"Et toi, tu es là depuis longtemps? En tant que doyennes du dortoir on va devoir se faire respecter un minimum si on veut pas mourir étouffées dans des mièvreries ."

"Depuis plus d'une semaine en gros. Dis toi que le dortoir sert à dormir. Si on veut dormir. Le reste du temps, personnellement, je suis dehors. Je préfère le grand air, même pour étudier. L'enfermement c'est pas spécialement mon truc. "

J'observe un peu la pièce puis croise mes bras sur ma poitrine.

"Je pense pas que menacer les gens ça marche pour imposer du respect."

Je secoue la tête.

"Non ce qu'il faut c'est une action grandiose qui impose le respect. Rester sur de simples menaces ça finit par lasser tout le monde. "


Je prends une grande inspiration et lève le menton, cherchant à regarder de haut Abe -c'est pas difficile. Je bombe un peu la poitrine. Après tout, si il doit y avoir une guerre de pouvoir, c'est chacun dans son camp.

"Après pose toi la question: est-ce que ça vaut vraiment le coup ?"

Je plante mes yeux bleus dans ceux de mon interlocuteur et hoche la tête d'un air solennel. Après quelques secondes je reperds mon aire sérieux et lance un grand sourire amusé et amical au garçon.

Je me marre, elle a du répondant la blondinette. Son air de princesse est donc une simple façade dû à son visuel trop angélique. En fait à l'intérieur à tout les coup c'est un putain de démon psychopathe. Je note cette hypothèses plus tard et du coup je me tien prêt à lui sacrifier quelques vierges du dortoir le cas échéant.

"Nan beauté, je partage pas mon gain, puis en vrai les femmes comme toi, ça s'entretien. Tu comprends pour pas qu'elles soient trop tentée d'aller voir ailleurs. Un jolie minois ça ouvre bien des portes."

Le tout servi avec le ton de crooner le plus surjoué de l'univers s'il vous plait. la connerie fraîchement servie.

Ma petite pique sur Erik semble l'intriguer, c'est en suite à mon tour d'être intéressé quand elle parle de "moyen de pression" et qu'elle prononce le mot "lucratif". Elle et moi, c'est obligé, on va s'entendre. Même si l'idée d'escroquer ce bon Erik ne plait qu'à moitié.

" Je suis sûre de pouvoir lui taper quelque clopes avec ça. Pas besoin de rentabiliser d'avantage je pense, à long termes, ça va lui faire cher."

alors que ma menace est accueilli par un silence de dédain dans la pièce, lys répond à ma question et je dois avouer que je suis plus à l'aise à l'idée de ne pas être la seule personne tout juste arrivée et paumée. Même si elle le dit pas comme ça, ses coups d’œil à la foule auparavant l'ont trahie, les gens c'est pas trop son truc. Puis j'ai un peu l'impression de me faire sermonner, mais même pas pour le fait d'avoir menacer, mais pour ne pas avoir poussé la connerie plus loin... ou j'ai compris ce que je voulais comprendre. Quoi'qu'il en soit, elle a raison, j'ai mieux, plus fort comme signe.

"Tu as raison, quitte à s'imposer, autant le faire avec panache!"

Je me dirige vers les différentes alcoves renfermants les lits et pille allègrement les coussins qui trainent avant de revenir vers Lys et lui en tendre quelques uns . Aux diverses protestations je réponds d'un ton on ne peut plus sérieux.

"Nan mais les filles, on est vieilles, c'est pour nos dos, démonté par les coup de boutoir de ces messieurs. Vous verrez quand ça sera votre tour, vous nous comprendrez."

Mes saloperies ayant coupé court aux plaintes pour laisser place à des visages quoi, dégoûtés ou bien outragés, je me retourne vers Lys.

"Il parait que Napoléon, pour signer sa campagne en Italie, a plus ou moins coloniser l'art de là bas, pour en faire une sorte de symbole. Ces coussins seront le symbole de notre conquête de notre règne au sein de ce dortoir. Symboliquement au moins, f actuellement on verra plus tard." Merci History channel

C'est avec l'air le plus sérieux et résolu du monde que plonge mon regard dans celui de Lys.

"Alors, Est-ce que ça vaut le coup?"

Je crois que j'ai adopté le phénomène étrange du dortoir des filles. Il est vraiment très, très drôle. J'accroche totalement à l'humour d'Abe. La voix qu'il prend pour renchérir est complètement exagérée, mais ça passe assez bien avec le ton de notre conversation.
Je réponds à son compliment par un geste de la main dans ma longue chevelure blonde et un clin d’œil plein de sous-entendus.
Je hoche ensuite la tête pour plussoyer son idée de racket de cigarettes. C'est juste et pas trop méchant non plus. Une vengeance plutôt sympathique au final.

Alors que je taquine Abe sur son manque de grandiose, je vois une idée stupide lui traverser l'esprit.

"Tu as raison, quitte à s'imposer, autant le faire avec panache!"

Je tire un grand sourire admiratif et l'observe s'affairer à récolter les coussins du dortoir. Je vois comme une sorte d'impôt dans ma tête. Il ne prend pas tout mais suffisamment pour nous imposer en tant que Reines Indétrônable du dortoir.
La remarque qu'il lance me rappelle un instant que c'est une fille qui se tient devant moi. Elle m'arrache également un léger sourire mi-gêné mi-amusé. Je n'ai pas particulièrement l'habitude de ces messieurs à vrai dire. Enfin, ça semble calmer la vague de rébellion. Le pouvoir de l'expérience peut être. Ou de la bêtise beaucoup trop grosse qu'elle fatigue l'auditoire en deux secondes. Je ne sais quoi en penser.

Finalement il me tend une partie de ses coussins. J'enchaîne en me confectionnant un trône moelleux dans un coin de la pièce.
Une fois fini je me retourne vers Abe et lui désigne mon œuvre en affichant un sourire faussement machiavélique.

''Alors pour renforcer l'effet de symbolique voici un trône confectionné à partir des larmes de nos ennemis mwahahaha.''

J'étends un peu mon sourire et me pose dans mon trône de Reine incontestée. Je prends un air hautain et sûr de moi. Je fais monter ma voix dans les aiguë et prends un ton royal pour continuer:

''Cela vaut largement le coup très cher ami. Grâce à vous le Royaume a été unifié, vous pourrez être fait Paladin ou alors Fou de la Reine. -Je reprends un ton et une attitude normale, m'asseyant en tailleur sur mes cousins- Fou de la Reine c'est bien. Tu pourras avoir un chapeau multicolore, comme ta mèche.''

Je m'arrête un instant et soutien un peu le regard fauve d'Abe. Je me redresse finalement pour aller fouiller dans mes affaires. A mon arrivée j'ai pu acheter une nouvelle garde robe mais aussi quémander deux petites choses: parmi celles-ci, un violon. J'ai un peu insisté sur le fait que ce soit mon passe-temps favori et ce qui m'aide à me concentrer. J'avais hésité à demander une harpe, mais je préfère quand même cet instrument là. Je le maîtrise mieux que la harpe de toutes façons.
Je retourne m'asseoir sur mon trône de coussins, face à Abe.

''Tu m'as inspirée. Voici pour toi, joli damoiseau, une petite mélodie.''

J'attrape mon archet avec assurance et lance les premières notes sans attendre de réponse de sa part. Les yeux légèrement refermés, je me laisse emporter par mon inspiration du moment.

La chanson de Lys pour Abe <3

Une fois le morceau terminé, je relève les yeux sur Abe et lui lance un petit sourire.

Cette pièce sera mon domaine, mon empire de rien mais mon empire quand même, jusqu'à ce que j'obtienne la chambre promise par le master-livreur. Et Lys, qui rigole ne fait que me donner envie d'aller plus loin. Mais la suite je suis sûr que c'est interdit dans plusieurs pays alors je m'abstiens, je viens à peine d'arriver après tout. Mes proposition sur le dos d'Erik trouvent aussi un assentiment.  Par contre, j'aurai peut-être dû faire un peu moins trash pour calmer les demoiselles, ça a l'air de gêner un peu la blondinette. Une fois sa part du butin en main, elle entame la conception d'un fauteuil, quand à moi, je me fabrique une banquette et me votre allègrement dessus, à proximité du trône de coton hypoallergénique. Je passe la main devant nous, désignant l'assemblée pisseuse et morveuse. Ou pas en vrai je juge pas, c'est  pour la tournure.

"Tu as choisi judicieusement, un trône pour les diriger toutes!"

Elle se pose, avec un air impérieux et s'adresse à moi tel un larbin ou un truc du genre. Quel position adopté, la co-reine? le chevalier servant, le rôle de bouffon auquel je semble prédisposé. Mais finalement on choisit pour moi? Je serai donc le bouffon de la reine. et je fini en triturant mon atebas. Un chapeau multicolore, wesh okay je prends.

"Seulement si tu m'offres le chapeau, ma reine. à ce moment là je fais toutes les cabrioles que tu attends de moi."

Elle plante son regard dans le mien, je lui fait mon plus beau sourire et mon plus con aussi bien entendu. J'la voie aller farfouiller dans ses affaires, j'en ^profite pour m'étirer longuement avant de me rendre compte que je sens un poil le fauve. Je veux prendre une douche chaude.

Lys revient, un violon un la main. Mais où s'arrête la perfection. Elle a de la poitrine et sait jouer d'un instrument, la nature à mal fait la répartition des talents . Ou elle m'a oublié. Elle reprend place sur son trône et me dédie ce qu'elle s'apprête à jouer.

Je m’allonge sur le flanc, la tête soutenue par la main, et je l'écoute, pour une fois en silence et sans me brûler le cerveau à coup de pensées stupide. Je fais le vide dans ma tête le temps qu'elle joue, comme hypnotisé par l'archet qui danse sur les cordes. Le morceau terminé, je fini mon trip spirituel pour revenir sur le monde des mortels. Lys me regarde, en souriant. Perso, je suis conquis.

" Tu défonces!" finis-je par lâcher, des étoiles dans les yeux. " Y a un truc qui va pas chez toi? genre un troisième œil derrière la tête ou un truc du genre."

Je note mentalement : trouver un chapeau multicolore pour Abe. Je l'imagine déjà avec une tenue de style arlequin avec le bonnet à grelots. Il serait tellement mignon.

Je conclue ma mélodie sous le regard pétillant d'Abe. Il a l'air d'avoir apprécié, vu la lueur qui brille dans ses yeux. La confirmation ne se fait pas attendre:

" Tu défonces! Y a un truc qui va pas chez toi? Genre un troisième œil derrière la tête ou un truc du genre?"

J'éclate de rire à cette remarque. Bien sûr que quelque chose cloche, par contre, vas trouver ce que c'est. Je ne me souviens de presque rien. Quelques soient mes antécédents, malheureusement, je n'en ai aucune fichue idée.
Je prends le temps de ranger le violon correctement et reprend une nouvelle fois ma place.

"Le morceau t'as plu ? Tant mieux ça me fait super plaisir ! -je lui souris d'un air enjoué un peu gêné au fond - Il y a forcément un truc qui ne va pas chez moi. Chez toi aussi d'ailleurs, sinon on ne se serait pas retrouvés ici tous les deux."

Je gigote un peu à ma place. La conversation et nos diverses bêtises m'ont mise en forme. Moi qui comptait m'arrêter un peu de traîner partout pour me poser et lire, je suis repartie pour une longue série de 'je ne sais pas quoi mais ce sera divertissant'.

Je penche légèrement la tête sur le côté, mes cheveux suivant le mouvement de mon cou. Mes yeux brillent d'une petite lueur de curiosité.

"Tu es là pour quoi toi ?"

Je fais une petite moue avant de reprendre:

"Si ce n'est pas trop déplacé de te poser la question. Tiens moi par exemple, je suis amnésique. Il y a un peu plus d'un mois je me suis réveillée dans la forêt en Oregon et j'ai traîné dans un trou paumé jusqu'à ce qu'un Master vienne me récupérer."

Je soupire et lâche un petit ricanement lorsque je me remémore la folle aventure avec Ys.

"C'était comment pour toi hors de Terrae ?"

Je lui offre un petit sourire. Je ne m'attends forcément à ce qu'il me réponde, mais tant qu'à être là, autant essayer de faire plus ample connaissance.

Mon enthousiasme amuse Lys. Les gens normaux ils sont reconnaissants. du coup elle est pas normale CQFD.  Elle range son instrument et n'a pas besoin de poser de question pour comprendre que ça m'a plus. Paul, jouait un peu de guitare. Bon c'était essentiellement pour draguer mais, parfois, c'était cool quand il se posait dans le salon et jouait jusqu'à que ça gave Ajay.

Puis Lys me rappelle la règle de Terrae, on est pas ici sans raison. Je trouve ça presque triste, genre faut avoir souffert pour avoir le droit d'être là. J'ai pourtant pas la sensation d'avoir souffert plus que d'autres. Le psy m'avait bien demandé si je refoulais pas un truc mais, n'étant pas vraiment sûr du sens de refouler moi-même, j'ai dit que non, il ne me semblait pas.

Elle me jette un regard curieux, penchant la tête sur le coté avant de lâcher la bombe, me demandant la raison de ma présence ici. Hum... c'est une question sérieuse. Elle commence par me donner l'exemple et je grimace en apprenant sa courte histoire. L'amnésie c'est quand même la tuile, il parait que ça peut se régler tout seul, comme ne jamais revenir à l'origine.

" T'inquiète pas, maintenant que tu as raconté la tienne, d'histoire, je peux faire un petit effort."

Je prends une courte pause pour essayer de mettre de l'ordre dans des pensées qui n'avaient pas forcément encore aboutie.

"Le master qui m'a ramassé dans un bar m'a parlé du "vide" qu'il avait ressenti en moi. Je dois avouer pas vraiment comprendre, j'étais dans une mauvaise passe voilà tout.  Je me suis fait foutre à la porte de chez moi quand mon frangin a voulu emménager avec sa nana et j'ai perdu mon job dans la foulée, je savais plus trop ni quoi faire, ni où aller. Du coup un mec arrive de nulle part et te vend Terrae, tu fais pas la fine bouche et tu prends."

Je vois pas trop comment expliquer ça autrement. Du coup comment ça s'est passé me parait encore la version la plus compréhensible .

" Je comprends pas non plus pourquoi moi plutôt qu'un autre. J'ai grandi dans un orphelinat et je suis sûr que des tas de gamins ont aujourd'hui plus d'emmerde ou de problèmes que moi, et en plus je suis censé être adulte et tout? Je veux pas avoir l'air de cracher dans la soupe, mais je suis perdu."

Les choses mises en perspective, le constat est pas terrible et j'évaluais jusque là assez mal ce que pourrait représenté Terrae pour  moi.   Je suis à peine arrivé, je m'amuse déjà. Worth it !

Je me dis finalement que j''ai peut-être osé un peu fort avec ma question. Mes paroles le font grimacer et je fais de même, pas réflexe de mimétisme.
Je me tais et attends en silence sa réaction. Un peu stressée à l'idée de comment il va recevoir ma question et ce que je lui ai dis. Au final, il se lance. J'ai peut être bien fais de lui parler avant. Même si je n'ai pas grand chose à raconter, en mettant les informations bout à bout. En fait, l'échange se révèle comme peu juste à mon esprit.

Je hoche la tête en l'écoutant. En effet, si on a tous fini par atterrir ici, c'est que la proposition des Masters devait être, à chaque fois, follement plus intéressante que nos vies à l'extérieur de l'Institut. C'est un peu comme un asile de fou, mélangé à une grande réunion de Dérangés Anonymes. Vu comme ça, c'est un peu triste et déprimant. Mais l'endroit est censé être un tremplin, un nouveau départ, le début d'une vie meilleure. En somme, un lieu pour repartir de zéro et se reconstruire sur des bases plus saines. Si on a tous choisis de les suivre et si beaucoup sont restés, c'est que cela doit bien fonctionner quelque part.

Il finit de parler alors que je l'écoute en silence, cogitant en même temps sur notre sujet. J'ai rapproché mes genoux de moi et posé mon menton dessus.
Je comprends ce qu'il veut dire. Le doute est plus que permit dans une situation comme la notre. Après tout, nous avons suivi un inconnu nous faisant miroiter un monde meilleur. Je dois avouer, je n'ai pas osé y croire pleinement jusqu'à il y a quelques jours. J'ai finis par assimiler cet état de fait et la réalité de l'endroit. Jusque là, je me sentais rêver.

Je finis finalement par lui sourire gentiment avant de répondre:

"Je comprends. Je me suis pris le bec avec le Master qui m'a récupéré avant de finalement accepter sa proposition: ça semblait bien trop beau. Même après mon arrivée j'ai eu du mal à croire à tout ça. J'ai encore un peu de mal à comprendre ce que je dois ou vais faire ici."

Je m'arrêtes un instant et détend mes jambes pour les étirer un peu.

"Je me demande si on ne se pose pas trop de questions finalement. Autant prendre le bon moment tel qu'il est quand il arrive. On verra bien ce qui se passera après. Si on a eu de la 'chance' d'arriver ici alors que nos vies partaient un peu -ou beaucoup- en lambeaux, tant mieux. Je suis du partit d'en profiter tant que ça dure. Sans trop se prendre le chou sur le pourquoi."

Je soupire.

"Le destin peut-être. Qui sait ?"

Je lui envoie un nouveau sourire et me redresse face à lui.

"En tout cas, je suis très enchantée de te connaître Abe. Tu es quelqu'un de sympa. J'ai pas envie de dire 'tant mieux qu'on se retrouve ici tous les deux' mais si un peu quand même. T'es fun, on ne se serait certainement jamais croisés autrement."

Je tends mon poing vers lui avec l'air le plus enjoué du monde.

"Désolée de t'avoir demandé tout ça. Je suis un peu trop curieuse parfois, je me suis laissée emportée. Enfin... J'accroche à ton personnage. Sache le. On va bien s'entendre je pense !... Si tu veux bien."

Effectivement, j'apprécie bien Abe. J'ai accroché immédiatement. Dès qu'il a ouvert la bouche. C'est mon type de mec: il est marrant.

Je sais pas trop comment elle fait pour passer d'un air de connerie suprême à un sourire gentil et chaleureux mais elle gère l’expressivité du visage en tout cas. Je rigole quand elle me parle de déboire avec son master.

"Toi au moins tu te souviens de ce qui s'est passé en détail et de qui c'était, moi perso, j'étais bien trop ivre pour ça, je me suis réveillé le lendemain matin dans taxi au milieu de Tokyo, j'ai même compté mes organes pour être sûr que tout soit bien en place. Je te raconte pas la flippe. Heureusement, j'avais un petit mot explicatif sur moi et le kit du débutant à Terrae."

J'acquiesces à ses propos, c'est la meilleur manière de prendre les choses pour le moment. De toutes façons en vrai entre la clôture électrifiée et le gardien de 3 mètres de haut, on peut avoir la garantie d'être presque en paix. Je ricane un peu à l’évocation du destin.

"Je suis un peu mal à l'aise avec tout ça, j'ai pas l'impression d'avoir le contrôle sur ma vie en ce moment, Mais c'est pas discutable, je suis là depuis 24 heures et je sens un mieux. Tout n'est pas parfait, mais tout est pas mal. Surtout si ma vie est entre les mains du destin, je vais pas être serein alors les protections, je suis toujours preneur." Déjà vu, n'est-ce pas Abe?

Je réponds à ses compliments par un grand sourire. Elle est cool. et je sais pas pourquoi, ça me donne envie de pleurer d'entendre ça. L'impression de compter ou un truc du genre. M'enfin, c'est pas ça qui va me faire verser une larme ! Elle me tend le poing, comme pour sceller notre amitié, redoublant de mots doux à mon égard. C'est bon je suis à toi fait ce que tu veux de moi Lys! j'appose donc mon poing sur le sien:

" Y a aucun mal t'inquiètes. Je suis du même bois, j'aime apprendre des trucs, surtout quand c'est pas très utile ou intéressant, ça donne toute sa valeur à la connaissance je trouve. Et moi aussi j'aime bien ton style. Après, franchement le violon c'était de la triche pour gratter des points. Mais qu'est-ce que c'est la méga classe ma gueule! "

Et franchement, ça je vais pas te le dire en face mais tu peux savoir comme ça fait du bien de s'entendre dire des trucs pareil de temps en temps. Pour moi, la dernière fois, je m'en souviens même plus .

"Je demande comme ça, au cas où mais, tu as envie de retrouver la mémoire?"

Perso, je deviens amnésique, j'espère avoir la lucidité de me poser la question. Veut-on vraiment retrouver une mémoire perdue, même si elle est pénible ou douloureuse. Ouais, on peut pas vraiment savoir, mais si le corps pousse l'esprit à oublier, c'est pas qu'il en a envie, quelque part? Ou c'est purement chimico-psychologique? Trop compliqué, je commence à avoir mal au crâne moi.

Je pouffe légèrement lorsqu'il me raconte son aventure oubliée avec son Master. Ils sont tous aussi barges ? Entre celui qui tente de me kidnapper et l'autre qui abandonne son élève dans un taxi au milieu de la ville... Waw. Je ne sais pas quoi dire. Ils sont fous.

"Je me demande si ils sont formés à récupérer des êtres paumés finalement. Ils ont des techniques bien étranges ces types."

Je me calme dans mon petit fou rire intérieur et acquiesce à nouveau les mots de mon interlocuteur. Je lui offre un petit sourire compréhensif et doux. C'est vrai que se fier au destin, à la chance, au cosmos et tout le reste, n'est pas chose aisée. Mais je suis assez confiante. Son malaise lui passera. Il a l'air futé, vif et il a du répondant, il ne devrait pas avoir de mal à imposer sa place ici, vu le genre de la maison.
Mon cas, pourtant, ne me semble pas si assuré. Construire ses bases sans rien savoir de soi-même, c'est...complexe. Cette histoire de 'vide' me semble beaucoup trop juste d'un coup...

Le poing d'Abe contre le mien me ravie.

" Y a aucun mal t'inquiètes. Je suis du même bois, j'aime apprendre des trucs, surtout quand c'est pas très utile ou intéressant, ça donne toute sa valeur à la connaissance je trouve. Et moi aussi j'aime bien ton style. Après, franchement le violon c'était de la triche pour gratter des points. Mais qu'est-ce que c'est la méga classe ma gueule! "

Mes lèvres s'étirent dans un sourire enjoué et fier tandis que mes joues prennent une teinte rosée. Le compliment me touche. Je vais peut être faire ça finalement: avoir l'air méga classe tout le temps.
Mais mon esprit s'est allégé bien vite. La question d'Abe me ramène à mes craintes. Je pince mes lèvres et perd mon attention dans le vague un instant.
Ys m'a parlé de la base de données de Terrae, oui. Mais je n'ai pas souhaité y repenser depuis. Je n'ai pas vraiment oser. Ainsi, cette question me prend un peu de court. Je panique quelques secondes dans ma tête, rougis à nouveau. Finalement je me secoue un peu, faisant remuer ma chevelure dans tous les sens. Je reporte mon attention sur Abe avec un petit sourire.

"Je n'en sais rien. Je pourrais peut être trouver qui je suis ici, apparemment..."

J'inspire un grand coup et replie à nouveau mes jambes vers moi.

"Mais je sais pas. La partie curieuse de moi se pose la question. Elle se pose d'ailleurs beaucoup de questions. Mais je ne suis pas sûre d'avoir envie d'entendre les réponses. Je me suis dis que ce serait bien d'essayer de faire quelque chose de ma vie ici avant de me plonger dans ça. Histoire d'être sûre de pouvoir m'accrocher à quelque chose de sympa et de concret si jamais ça devait être..."

J'expire.

"... Si jamais ça devait être déplaisant."

Je fais la moue et tire la langue à Abe avant de reprendre mon sourire habituel.

"M'enfin, j'ai le temps pour ça. Je pense que je ne vais pas cesser de me poser la question vois-tu. Le jour où j'en aurais marre, je ferais la démarche. En attendant je fais comme si de rien était. Ma vie est une série de pages vierges. C'est peut être pas plus mal. Imagine moi maintenant découvrir quelque chose de dramatique et d'horrible : je suis clairement pas prête. Après je me fais peut être des idées. Mais quelque chose me dit que j'ai pas forcément envie de tout savoir."

Je m'écroule finalement sur mes coussins. Le trône n'a plus de forme à force mais il fait toujours aussi bien le travail. Je roule sur le côté, la main soutenant ma tête. Je plante mon regard dans celui d'Abe, toujours souriante.

"Je me souviens pas de moi-même, mais le violon ça y a pas de soucis. C'est rigolo, nan ?"

OMFGROFLMAOOTD (ohw my fucking god rolling my ass off the floor of the dead) !

Voilà plus ou moins ma réaction quand elle commente le niveau de compétence des masters. Là comme ça dans les deux cas, effectivement, ils ont un vision très bizarre du professionnalisme. Mais bon c'est peut-être une sorte de norme après tout.

"Des gens bizarres ramassés par des gens bizarres. Franchement, plus j'y pense et plus je me dis qu'en fait on est dans un asile et qu'on a juste trop bien gobé le coup des pouvoirs magiques et tout, en fait on est juste sous médocs et en fait tout les trucs bizarres genre le type que j'ai vu voler ce matin, c'était une hallu."

je pose furtivement mon doigt sur elle, comme pour vérifier si elle était réel .Pourquoi je trouve ma théorie plus crédible que ce que je pense être la réalité?

"Comment j'ai fait New York Tokyo en une nuit moi d'ailleurs?"

la question parait stupide et évidente, mais elle vient de me frapper en plein visage. Sûrement une sorte de pouvoir ultra balèze ou autre, à tout les coups.

Notre amitié scellée de nos poings, elle me tire un grand smile des famille, mes mots ne la laisse pas de marbre. Avec sa peau blanche, impossible de le rater. Mais je l'ai ramené sur terre avec une question qui devait être innocente. Bien ouèj Gros!

Je l'écoute s'étendre sur la question, elle a l'air vachement réfléchi pour une reine dictatoriale qui m'a tout juste nommé bouffon, et quel mauvais bouffon vous fout le cafard comme ça de nul part? Elle s'écroule finalement sur les coussins, posant se regard sur moi et me tirant la langue pour mettre en évidence l'ironie de la vie. Je comprends tout à fait ses problèmes avec la curiosité. C'est le regard un peu perdu, réfléchissant à ce que je m'apprête à dire, que je parle à Lys.

"Tu vois, je rêve de devenir écrivain. C'est bête hein, j'en ai ni le style ni l'allure. Mais du coup, je comprends tout à fait ce qu'une série de page blanche peut avoir de beau et d'effrayant à la fois. Franchement, je crois qu'à ta place j'aurai pas tenu. Je suis pas fait pour la survie en solitaire. Des fois je rêves de simplement pouvoir effacer une des pages de ma vie pour la réécrire, ne serait(ce qu'un peu. Ouais, en fait je changerai un paquet de trucs, mais ça c'est le regard d'un prototype raté d'adulte qui parle."

Je pose mon regard dans le sien, lui faisant un sourire doux.

" Puis bon, tu as raison de voir les choses comme ça, savoir tout de suite va pas forcément t'avancer à grand chose si tu peux pas profiter de ce que tu as déjà. Un trône raplapla et un bouffon avec option philo. C'est plus que certains dirigeant du monde non? Puis bon si il te reste le violon, il y a peut-être d'autres trucs que tu sais faire que tu ignores encore, en vrai tu aurais juste l'air badass si tu te trouvais un autre  talent à ton "premier" essai ."

Puis comme ça tu pourras faire la femme parfaite et le monde sera à tes pieds. Tiens, je commence à lui prêter des ambitions maintenant. C'est signe que je l'adopte ça. Désolé Lys, j'ai décidé  de te garder.

" Puis au pire des cas, si c'était pas terrible comme passé, il est derrière toi maintenant. et ton présent, c'est Terrae, ce dortoir et moi."

Je lui sers un sourire faussement aguicheur, ramenant la conversation vers un truc plus léger.

"Faut faire un truc truc spécial pour travailler ici? Ou juste la motivation et des petites annonces?"

Je m'apprête à répondre à Abe au sujet des 'hallucinations' quand il pose son doigt sur moi. Mon corps se raidit. Mon regard se durcit et je l'observe faire d'un air de jugement. Mes joues prennent une teinte rouge immédiatement.
Lorsqu'il s'éloigne je me détends à nouveau et pousse un petit soupir de contentement. Le contact, très peu pour moi.

Sa question me semble effectivement pertinente. Quoi qu'il aurait peut-être dû se la pose avant. Il me semble fort probable qu'il se soit retrouvé aux mains d'un Master Téléporteur qui n'aura pas eu la délicatesse de prendre l'avion avec un type complètement bourré. Je me demande comment s'est passé l'arrivée moi. Cela ne devait pas être très glorieux à mon avis.

Lorsque je finis ma tirade sur l'ironie de mon sort, Abe reprend la parole, l'air songeur. Je l'observe en l'écoutant. Devenir écrivain ? Je trouve que c'est un joli projet. Cela ne me semble pas si bête. C'est un projet comme un autre et si il y parvient, ce sera fantastique pour lui et les lecteurs qu'il touchera avec ses écrits. C'est sur cette pensée que je lui offre un sourire approbateur.

"C'est un joli projet. J'espère que tu y arriveras. Devenir écrivain, c'est pas à la portée de tout le monde, mais si tu le veux vraiment, je ne vois pas ce qui t'en empêche. A défaut de pouvoir réécrire ta propre histoire, tu pourras offrir un peu de fantaisie dans la vie de ceux qui te liront. Je trouve ça honorable, d'une certaine façon, le métier d'écrivain."

Le sourire qu'il me lance ensuite, me touche. Il est tout doux et le soutien verbal qui l'accompagne me réchauffe le coeur. Je lance un petit 'merci' étouffé dans mes pensées. A cause de lui je vais vraiment finir par chercher à cultiver mon côté 'badass'.

" Puis au pire des cas, si c'était pas terrible comme passé, il est derrière toi maintenant. et ton présent, c'est Terrae, ce dortoir et moi."

Je hausse un sourcil et tire un sourire un peu amusé. C'est bien mignon comme déclaration ça, dites-moi. Je prends et répond à son sourire de beau gosse par un clin d’œil amusé.

"Tu es un Bouffon assez efficace Abe, je suis satisfaite de mon choix. Merci beaucoup."

Son ton se détend. Je cogite un instant sur sa dernière question.

"Il doit bien y avoir un endroit où postuler pour trouver du travail ici. Il faut que je me penche sur le sujet moi aussi. Cela ne devrait pas être bien difficile à trouver. Sinon, on continue sur l'idée du trafic d'être humains. Ce sera toujours ça de prit."

Je lance un regard sombre aux demoiselles dans la pièce. Vous êtes toutes des cibles potentielles mes demoiselles... Attention.

"Plus sérieusement, renseigne toi au près des Masters ou au niveau du panneau d'affiche de l'Institut. Faute de savoir comment nous guider à l'extérieur ils doivent savoir le faire ici. Tiens! Si jamais on est vraiment drogués tu pourrais devenir palefrenier spécialisé dans les licornes."

Je rigole moi-même de ma bêtise et lance un sourire amusé au jeune homme. Mes yeux prennent une lueur douce et reconnaissante. La voix un peu étouffée et les joues rougies, je réitère mes remerciements:

"Merci beaucoup de m'avoir écouté, Abe."

Puis je me range dans les coussins. Copains coussins.