Le mot épiphanie m'interloque, détournant mon attention de la divine moumoute noire du présentateur-comptable pour regarder la blonde. Avec l'air le plus sérieux du monde, elle soutient que nos pouvoirs viendraient de notre estomac... Est-ce qu'elle serait pas en train de se chercher une excuse pour entamer sa seconde pizza en scred... Nul ne le sait, sauf moi qui vais rapidement attraper mon deuxième fix de pepperonis.

"Perso, j’optais pour le fait que mon estomac soit en réalité un trou de ver menant à une dimension maintenant inondée de fast food. Mais oui, c'est une explication. Après rien ne dit qu'on ressent nos pouvoir de la même façon. C'est probablement un peu comme la vue, chaque regard et différent."

Pouah, la profondeur de ma personne m'étonne. Pas d'avantage que Lys me proposant d'adopter une chèvre mais c'était un bon avant goût de surprise. Attendez... Une chèvre?! Bon okay, je me facepalm...

"Lys, on a pas de jardin, et je conçois difficilement l'idée d'une caisse d'intérieur pour une chèvre... Et je conçois encore moins l'odeur que ça va transporter avec elle. Puis elle va taper dans notre bouffe quand on la regardera pas. Un iguane peut-être? C'est quand même plus viable dans un espace clos."

Puis en plus, ça a une bonne tronche. Je sens mon estomac commencer à protester sous l'arrivée massive de nourriture. Mais bon, voilà il comprend pas le pouvoir des papilles gustatives sur un cerveau, il semble donc raisonnable que je continue à m’empiffrer.

Le sort de ma deuxième pizza pratiquement conclu, je déclare forfait, j'en aurai pour le petit déj. Je me laisse couler le long de mon lit dans un soupir de bien-être totale, la peau de l'estomac distendue pas l'accumulation de nourriture. Je découvre mon ventre un instant pour constater l'ampleur du phénomène avec un sourire idiot.

"Je me déclare officiellement rassasié." Un rot pas très féminin m'échappe." Désolé. Par contre, je vais décéder dans mon lit maintenant, je peux pas ingérer la moitié de mon poids en bouffe sans en subir le contre coup."

J'écoute l'argumentaire de Lys, impassible. Je ferme même les yeux pour éviter sa technique du "regarde comme je suis belle et chou et mignonne et si TRISTEUH". Bref je fais rempart contre tout feu.

"Lys, c'est un animal de ferme, elle va s'ennuyer en intérieur, puis ça reste pas petit éternellement, surtout que si Walt Disney ne ment pas, il va falloir le nourrir au biberon si tu veux un bébé. Lys tu fais tellement de trucs random, je vois déjà le texto " je rentre en retard, il faut nourrir Tagueule. Parce que oui, c'est le nom qu'il va retenir vu que je vais passer mes nuits à lui hurler ça dessus pendant qu'il bêlera . Je te préviens si tu m'en ramènes une je te garantie pas qu'elle finira pas en kebab."

Puis au moins, un iguane, c'est silencieux! Je boude faussement son caprice pendant qu'elle englouti la faim de son repas et... WTF comment elle peut se lever après avoir mangé tout ça? J'étire mon dos et mes courbatures, y compris celles d'estomac. Elle s'en va donc disparaitre dans la salle de bain. Quant moi? Je profite de cet instant de solitude pour m'emparer du joint et le finir tranquillement allongé dans mon lit, écoutant les élucubrations de la télé, perdu dans mes pensées.

Elles comprennent Erik, Brooklyn, Terrae, L'estomac sans fond de Lys et un lapin avec un fusil. Le retour de la Reine (Le nom de ta sextape) sonne l'heure du couvre feu en notre royaume. Les convenances de nuitées sont échangées et la lumière, éteinte.

Je me lance donc dans mes petites prières, par pur superstition, pour remercier l'entité supérieur hypothétique de la journée que je viens de passer. Quelques minute après mon amen mental, alors que je glisse discrètement ma bible sous ma table de nuit, j'entends Lys remuer dans son Lit puis finalement me proposer de rapprocher les lits. Vu la forme de la question, si je réponds mal elle va se sentir un peu gênée alors j'articule tranquillement, un sourire attendri au visage :

"J'avoue, c'est une bonne idée, il parait que l'on dort mieux à deux! "

Après un rapide conseil de guerre, la stratégie suivante et adoptée. Lys souhaitant dormir près du mur, nous prenons parti de tirer et d'accoler mon lit au sien, le peu d'espace entre nous se trouvant comblé par notre taxe Abe. Alors que je me laisser aller aux mondes enchantés des songes, le dos tourné à Lys, je suis happé vers la frontière entre nos lit pour finir entre les bras de Lys, tel la peluche que j'étais apparemment destiné à être. Le rapprochement des lits était un piège, un piège pas désagréable, moelleux et confortable dans lequel je reçoit quelques caresses sur le haut du crâne pour empêcher tout risque de protestation.

Donc je ne proteste pas.