Et voilà. Le dernier carton est enfin vidé, et j'ai enfin fini d'installer mes affaires. Grâce à l'aide d'un Master, j'ai aussi enfin pu récupérer mes deux chats que j'avais laissé chez un ami en dehors de Terrae. Sephi et Aeris se sont un poil empattés, mais le roux et la cendrée vont bien. Je crois que le plus gros choc en sortant de Terrae, ça a été de revoir le dehors sans les œillères que je m'étais fixé moi même. Pouvoir croiser le regard d'une autre. Enfin d'une fille, sans avoir envie de disparaître dans le néant, transpercé de part en part par deux trais d'eyeliner. J'ai même réussit à récupérer un peu de cannabis qui traînait dans mon appart. Pas grand chose, mais ça peut servir dans certaines occasions. Tout ça en plus de mes consoles et de plusieurs cartons de mangas/de bouquins en tout genres. De TOUS mes livres. Puis j'ai fait l'état des lieux, et j'ai rendu les clés. C'est définitif, je n'ai plus de "chez moi" en dehors de Terrae.

Je suis donc installé, à l'étage de cette maison. En colocation avec Ipiu, que je dois aider pour les tâches ménagères, de part son handicap. D'ailleurs, j'ai beau être ici depuis un moment, à faire des allers-retours, je ne l'ai pas croisée de la journée. Pourtant, ses affaires sont déjà installées, mais je suppose qu'elle est occupée autre part. J'ai fait mes adieux à ma chambre à l'institut, ce qui m'éloigne de mes amis, mais Terrae n'est pas très grand, et la plupart d'entre eux travaillent au village, juste à côté, et ça ne dérange pas jeune femme qui vit avec moi si des gens passent de temps en temps. En attendant, je vais prendre une douche, parce que c'est crevant et ça fait transpirer, de déménager. Alors que l'eau chaude coule de ma tête à mes pieds, je n'essaye pas de la contrôler comme à mon habitude. Déjà, parce que la dernière fois, j'ai pété la canalisation des dortoirs des gars (Enfin c'était pas ma faute, mais quand même). Ensuite, parce que mon esprit est trop concentré sur autre chose. Enfin sur quelqu'un. Il y a de cela bientôt une semaine, Abe et moi avons fait l'amour. Et ça me fait peur. C'était bien. J'avais aimé ce qu'il s'était passé avant, pendant, et même après. Être avec elle. Mais j'ai peur. Pour une raison que j'essaye d'ignorer. L'eau continue de couler alors que mon esprit s'égare de plus en plus, essayant de faire le tri dans mes souvenirs, pour ne garder qu'Abe. Quand on s'est séparé après. Enfin quand on est rentrés chacun dans notre chambre respective, une vague de souvenirs m'avait assaillit. Je m'étais rappelé de ma mère, me laissant seul dans le noir après avoir eu ce qu'elle voulait. J'ai dormi la lumière allumée, ce soir là. Et Tifa a eu l'autorisation de dormir dans le lit avec moi.

Je fais le vide dans mon esprit pour me concentrer sur l'instant présent, et daigne enfin couper l'eau. J'ai à peine le temps de me rhabiller et de m'allonger sur le lit que j'entends du bruit en bas. Je crois qu'Ipiu vient de rencontrer les chats. Les cheveux toujours humides, je descends les escaliers quatre à quatre.

"お帰り [Okaeri] Ipiu! Jte présente Aeris et Sephiroth. Désolé, ils prennent leurs marques... Un café?"

Me doutant de la réponse, je me dirige vers la cuisine, qui contient le seul objet du rez de chaussé m'appartenant. La cafetière. Je prépare deux cafés rapidement, que je dépose sur la table, prenant soin de retirer une chaise pour la Master.

"J'ai fini de tout installer en haut, alors si tu as besoin d'un coup de main pour des trucs en bas, hésite pas. T'as passé une bonne journée?"

Pour l’emménagement j’ai LARGEMENT exploité mes potes. Pas de déménageurs quand ton petit ami est titan et que tu peux exploiter les enfants de ton meilleur pote, qui se retrouve d’ailleurs à transporter tes cartons de vêtements jaunes pendant que tu poutounes sa fille. Le plus chiant ça a été de faire rentrer mon lit médicalisé dans ma chambre sachant qu’il ne passait pas par la porte d’entrée de la maison. J’vous l’donne en mille, on l’a passé par la fenêtre. Enfin on, ils l’ont passé par la fenêtre pendant que j’les regardais faire…
Avec Lottie on se permettait même de les encourager en tapant dans les mains et tout. Si j’avais eu des pompons on aurait pu faire les cheerleaders ils auraient réussi… Mais là on a appelé Aoi en désespoir de cause, elle a compressé le lit et elle l’a porté avec son pouvoir et PAM en trois putains de minutes c’était plié, vous auriez du voir la gueule des mecs à côté. Il y avait que Huo pour sourire l’air de dire « ça c’est ma meuf les gars. » On a fini à boire du panaché en rigolant, et j’ai rangé le lendemain avec l’aide de la moitié des troupes qui travaillait pas.

Du coup en deux jours tout a été plié, et j’me suis retrouvée seule dans cette barraque avec un chien… CETTE PUTAIN DE GALERE. Heureusement on m’a aidée, cette maison j’peux pas y vivre seule. Retourner au taf ce matin a été une épreuve, j’étais claquée mais tout était plus ou moins à sa place. ‘fin à sa place première parce qu’ça va bouger à l’usage j’me doute bien.

La journée a été trop longue, mais j’ai tenu en m’disant qu’en rentrant Erik serait sans doute déjà rentré et que j’pourrais l’exploiter pour un café. Ça loupe pas, Erik est bien là. J’le regarde super chelou quand il me lance son Okaeri… C’est super chelou d’avoir quelqu’un qui t’accueille quand tu rentres chez toi… J’ai jamais connu ça moi, j’suis en mode « what ?????? » pendant au moins trois secondes avant d’me reprendre en caressant Tifa qui est venu réclamer des caresses. OK JE SUIS GAGA DE CETTE CHIENNE. J’sais pas si elle est comme ça avec tout l’monde mais l’courant est trop bien passé avec moi, du coup j’passe mon temps à la câliner, elle doit aimer les caresses j’imagine ?

« Yo Erik, yo les terreurs. Café ever, c'est même pas la peine de demander. Ca a été toi sinon ? Pas trop chelou d’retourner à Tokyo ? »

Je jette un regard presque froid aux envahisseurs chats que j’n’avais pas remarqué avant qu’il ne me les présente. Alors ça y est, les monstres sont arrivés ? PUTAIN AARON SORS DE MON CORPS SAMER ! J’sais même pas si j’aime les chats ou pas ? j’me suis jamais posé la question, j’en ai jamais fréquenté non plus… Mais j’pense déjà comme l’autre chelou. SAMER.

« Longue mais ça, va t’inquiète on a fini d’ranger mes affaires hier, t’as réussi à prendre les tiennes de marques ? Reste peu ou prou que les trucs qu'on doit décider à deux, genre tu préfères que les verres soient sur cette étagère ou celle-ci ? Si c'est important cherche pas ! Oh et faut qu'on voit aussi, tu veux qu'on fasse nos courses ensemble ou séparément ? J't'avoue que pour moi ce serait plus facile si on faisait ça ensemble et qu'on avait pas à gérer deux stocks différents mais j'peux capter qu'ça soit chiant so... On fait comme tu veux. »

"Tokyo hein? Ça faisait bizarre. C'était sympa en vrai, mais c'était déroutant. Revoir des visages familiers, ne pas marcher la tête baissée de peur de croiser le regard d'une fille. J'aime toujours autant cette ville. Mais je n'y habite plus. J'ai rendu les clés de mon appart. Maintenant, ma maison c'est ici, merci encore de m'avoir choisi."

Dis comme ça c'est un peu chelou. "Merci de m'avoir choisi".  Mais le message est plutôt clair nan? Merci de m'avoir pris comme coloc' quoi. Je noie mon doute dans ma tasse, tout en souriant. Je suis content d'être ici. À Terrae, mais aussi dans cette maison. Étrangement, je n'angoisse pas le moins du monde. Je vais vivre avec une fille. Mais ça ne m'inquiète pas. Ipiu dégage cette aura mystique, appaisante. Sans compter l'étrange impression qui émane d'elle parce qu'elle est master. Elle est rassurante, et je sais même pas pourquoi.

"Ouais, j'ai testé ma douche elle fonctionne bien. Pour les courses par contre, je sais pas trop. Je cuisine mal moi. En général je me contente d'acheter à emporter au kombini. Après, en ce qui concerne la vaisselle, on met tout ce qui est utile au quotidien en bas. Et le café en haut. Comme ça t'auras besoin de moi et tu te feras pas un truc infâme et imbuvable. Pour ta sécurité."

Je passe ma main sous la table, et Tifa vient chercher des caresses. Puis je reprends.

"Mais ouais t'as raison, ça sera plus pratique de faire les courses ensemble. Comme ça je prends les trucs en haut et on t'accroche le caddie, tout le monde est gagnant."

Comme si la chienne avait perçu la moquerie, même gentille, elle s'éloigne pour poser sa tête sur les genoux de la blonde.

"Si on peut même plus faire de blagues... En vrai, je sais pas pourquoi mais j'ai pas l'impression que tu puisses mal le prendre, mais si jamais ça te fait chier ou ca te blesse, hésites pas à me le dire. J'ai pas tes pouvoirs, et jsuis super nul pour percevoir les émotions des gens...

Pizza ce soir ? C'est moi qui paye !"

Je commence vraiment à avoir faim avec les allers-retours de la journée, et j'ai la flemme de faire les courses de suite. J'allais proposer autre chose au moment où Aeris saute sur la table, faisant sursauter Tifa qui se redresse d'un coup, tapant avec sa tête dans le poignet d'Ipiu, renversant son café. Je me lève et attrape la chatte par la peau du cou pour la faire sortir de la pièce, avant de lui faire la leçon pendant qu'une Tifa penaude jappe aux pieds de la master.

"Combien de fois je t'ai dit de ne PAS sauter sur la table, hein? Ya eu du laxisme mais là t'es de nouveau avec moi, alors tu vas reprendre les bonnes habitudes, okay bébé ?"

Je retourne vers Ipiu.

"Ça va? Pas besoin de te changer? Désolé, j'vais les surveiller un peu mieux..."

J’pourrais le vanner mais il est mignon et fragi… Ok déso, c’est trop tentant. Mon sourire se fait espiègle alors que mes yeux cherchent la belle chienne du regard. J’vous ai dit que j’aimais les chiens genre beaucoup trop ? C’est la faute de l’autre conne, elle a pris un lapin et maintenant elle est grave en manque de canidé, du coup je trinque et j’me mets à baver devant les chiens parce qu’elle elle peut pas l’faire. C’est relou quand elle projette ses désirs sur moi j’vous jure, c’est pas elle qui doit enlever les poils de ses vêtements. Elle a que l’positif. Enfin, revenons à nos moutons.

« C’est Tiffa que j’ai choisi, pas toi… Et t’sais qu’avec ta taille baisser la tête te permets de croiser plus de regards que d’la lever, ton instinct de survie n’est pas top. Faudra qu’on travaille là-dessus… Enfin, mon grand Terrae c’est devenu ta seule maison au moment où t’as accepté tes pouvoirs, mais p’t’être que tu t’en rends pas encore compte. »

J’t’avoue que j’avais un peu peur pour la douche, c’est du bricolage maison avec l’aide de potos Terre et eau un peu bricolos. J’espère qu’on aura pas de fuites parce que j’me sens plus apte à faire de la plomberie là… enfin me voilà déçue Erik, moi qui te croyait homme parfait, tu ne sais faire que le café… bon, comme tu te débrouilles en cocktails j’vais essayer d’arrêter de te vanner.

« Ce que je prépare n’est pas mauvais, mon copain doit me donner quelques cours pour que j’m’améliore, mais en théorie tant que j’ai google j’sais tout faire. J’peux m’en charger au quotidien à la limite, tu manges autre-chose que jap ? Le riz et moi est pas super poto. »

Ouai j'ai dit mon copain en parlant de Nath, et ouai ça me fait trop plaiz. Azy tu peux pas test. Quand je cuisine par contre il manque l’ingrédient principal… L’amour. Les gâteaux qu’on a fait pour l’anniversaire d’Alice étaient les meilleurs que j’ai jamais mangés, pas parce qu’ils étaient particulièrement compliqués à faire, mais parce qu’ils étaient faits pour quelqu’un que j’aime.
Je prends même pas la peine que le reprendre sur la café… S’il savait que la flemme me fait souvent préférer le soluble au moulu… Je ne lui ferais pas la joie de lui répondre ça, j’lui offrirais pas un clash si aisé. Par contre c’est hors de question de bouffer ton prêt tous les jours, genre… Lol quoi ? J’me ferais tellement défoncée par le toubib, j’entends déjà notre discussion… Lui : trop de sel mademoiselle Raspberry ça fait augmenter votre tension ! Moi : mais au moins j’prends du poids. Lui : C’est juste des œdèmes.
Comment elle a déjà eu lieu cette discussion ? Ah, ouai sans doute, de toute manière j’fais jamais rien comme il voudrait que j’le fasse.
C’est une trop bonne idée l’cadis accroché au fauteuil, et il pourra même monter dedans comme les enfants… Putain j’sens qu’on va s’amuser. Euh. Il était peut-être pas sérieux à la réflexion ? Tiffa vient se faire papouiller et la question se perd dans les tréfonds de mon esprit. J’aime cette chienne putain, elle trop douce. Elle trop câline. Elle est parfaite. Ah ? Finalement c’était une blague ? Tristesse.

« J’veux bien commander mais on ferait quand même p’t’être mieux de réellement sortir faire des courses ? Il y a des pockys au thé vert et du café pour demain matin c’est tout… C’est un peu léger non ? J’aime pas l’idée d’être en flux tendu et de toujours devoir faire un détour parce qu’il manque quelque-chose… Par contre j’pense pas qu’on arrive à faire les courses ensembles demain, j’ai un peu l’impression que tu commences le taff quand j’le finis… T’as toujours les même hor… Attention Tiff… »

Et merde, j’ai juste eu le temps de me décaler pour éviter que la chienne ne soit brûlée. Je la repousse doucement mais fermement, je n’ai pas trop de mal à me convaincre que le café sur mes jambes n’est pas bien grave dans la mesure où j’les sens pas. Saloperie de chat. Erik revient.

« Si j’m’en suis foutue partout, j’vais m’changer, j’reveux bien du café pour le coup. »

J’vais dans ma chambre choper une autre robe, puis dans la salle de bain pour pouvoir nettoyer mes jambes. J’ai le plaisir de découvrir une jolie marque rouge sur mes cuisses. Lol lol lol. De la crème hydratante et demain on y verra que du feu. En théorie. La marque disparait sous le tissu, ni vu ni connu.

« Du coup radi to go ou t'as trop la flemme et j'ferais des courses demain soir ? »

"Evidemment que jbouffe pas que japonais enfin. Italien, mexicain, coréen, et même français! Ya de tout à emporter."

J'espère que mon ton légèrement moqueur lui fera comprendre que c'est une blague.

"... Ma maison? T'as sûrement raison, tu sais? Après, quand on a un foyer, on a une famille. Piu-oneesan."

Cette fois, je tire carrément la langue. Je le dis pour rire, mais je crois qu'au fond je le pense un peu. Après tout, elle se comporte comme tel, par moment. Prévenante, à l'écoute, même si elle fait semblant de se moquer de tout par moment. C'est définitivement le genre de grande sœur que j'aurais aimé avoir. Sauf que là, c'est le drame. La master va se changer, pendant que je lui prépare un second café. Il faut vraiment que je rappelle les bonnes manières à ces deux fripons. Puis Tifa vient vers moi, penaude. Elle sait qu'elle a fait une bêtise, même si c'était totalement involontaire. La queue entre les jambes, elle cherche un signe d'approbation dans mon regard. Je suis en train de la câliner quand Ipiu revient. La chienne s'approche d'elle, et posant ses pattes avant sur le bord du fauteuil, elle lui lèche la joue, pour s'excuser. Je pouffe, avant de répondre sur un ton un peu plus sérieux.

"Radi, quand t'auras bu ton café. Jsuis claqué, et on commande quand même pizza, comme ça avec un peu de chance elles seront là à notre retour, parce que je crève de faim. Tu t'es pas brûlée au moins? Tifa s'en voulait de t'avoir fait peur."

Je sors mon téléphone de ma poche, pour appeler la pizzeria, prenant soin de demander à ma colocataire ce qu'elle désire, pendant qu'elle boit son café. Puis je fais comprendre à Tifa que nous sortons, mais qu'elle va rester dans le jardin, et je la somme de ne pas faire de bêtises.

Nous sommes maintenant dehors, et pour la première fois j'utilise la clé de ma nouvelle maison, pour fermer la porte à double tours.

"Par contre, t'as une liste ou tu fais ça au feeling? Perso si c'est toi qui cuisine jte laisse choisir ce que tu veux cuisiner, jsuis pas difficile en plus. Oh, j'ai une idée. Demain si tu veux, je sais pas trop quels sont tes horaires de boulot, mais mon boss m'a filé ma journée pour que je m'habitue à mon nouveau chez moi. Mais du coup, on peut se faire une sorte de mini concours de cuisine, où chacun cuisine pour l'autre. Et le perdant se tape la vaisselle pendant une semaine?"

Jsuis quasiment sûr de perdre. Mais tant pis. Et pu- Oh.

"Limite si tu veux, on invite des gens pour le jury. Ça peut être marrant nan? Une ou deux personnes."

Comme ça je pourrais ptête rencontrer le copain d'Ipiu, celui qui la faisait tant sourire tout à l'heure quand elle parlait de cuisiner. Et ça fera bientôt un mois que je suis avec Abe, ça lui ferait sûrement plaisir. Enfin je sais pas, jsuis partit vachement loin juste pour une corvée de vaisselle. Que je suis en plus censé faire parce que le fauteuil de madame n'est pas super pratique pour ce genre de choses.

- - -

Nous voilà devant le petit supermarché, après quelques minutes de "marche".  Je me saisis du premier caddie que je trouve, et je passe les portes automatiques un grand sourire sur les lèvres.

"C'est parti, nos premières courses, Piu-oneechan."

Je lève les yeux au ciel. Mec c’est pas parce qu’il y a de tout à emporter que tu dois manger de tout non ? J’suis pas trop débile non plus t’sais ? Et il doit bien y avoir des trucs que tu n’aimes pas non ? Enfin, là maintenant c’est plus mon problème, si t’as quelque-chose contre les épinards à la crème c’était avant qu’il fallait l’dire. Maintenant tu vas subir juste.

OK. JE SUIS TOUCHEE. OK UNE VANNE VITE. NON PAS CELLE-LA. Putain j’ai failli lui sortir de but en blanc ‘ Sorry chéri mais quand j’t’ai demandé ce que c’était ton genre tu m’as dit un truc du genre l’inceste, déso j’peux pas être ta sœur.’ Heureusement j’ai eu le réflexe de fermer ma gueule avant que ça ne sorte. OK ? On va juste faire comme si j’avais pas entendu l’sous entendu, et pas senti ce que tu ressentais ok ? Je suis pas assez blindé pour ce genre de conversations, PAS DU TOUT. POURQUOI TU TIRES LA LANGUE ? Maintenant j’suis obligée de répliquer, d’surenchérir.

« Mec t’sais qu’on a le même âge ? »

Bon. J’aurais vingt-trois ans dans un mois, donc j’suis plus âgée j’pense, mais dans la théorie là maintenant de suite on a le même âge. DONC SON ONESSAN IL PEUT SE LE CARER OU JE… Ok non mais en vrai c’était mignon, mais juste j’sais pas réagir à ce genre de genre de trucs okay ? Heureusement que Tiffa vient à ma rescousse me faisant un léchouille sur la joue que son maitre s’empresse de traduire.

« T’inquiètes Tiffa j’vais bien, c’était un peu rouge mais rien d’grave. Et Okay pour la pizza, j’prendrais la même que toi. »

Oui, j’ai pensé à mentir par principe, puis j’me suis rappelée qu’il verrait quand il m’aiderait à m’laver, et euh. LOL en fait. Donc, voilà. Autant pas prendre de risque. Pour la pizza ? J’le laisse choisir pour découvrir ses goûts et surtout parce que j’aime bien jouer avec mon destin.

« Demain j’ai un club jusqu’à tard, ça sera pas trop possible pour moi… Mais peut-être une autre fois en week-end ? Par contre rêve pas, celui qui fait pas la cuisine fait la vaisselle il n’y aura aucune dérogation… Et pas de plainte, on a un lave-vaisselle pour le plus gros du taf… Pour les courses j’pensais prendre les basiques d’une cuisine : nouilles, riz, pates, conserves, fromage rappé et cornflakes, et ensuite aviser en fonction de ce qu’on trouve pas trop cher, un peu de viande, des légumes, ce genre de trucs… Oh et du PQ en prévision. »

On n’a jamais trop de PQ dans une maison. On prend la route de la superette le plus proche, quand il prend le cadis j’peux pas m’empêcher de dire :

« Il nous faudra des sangles pour l’attacher au fauteuil la prochaine fois… »

Nous voilà dans l’super-marcher et c’est grave cool d’avoir quelqu’un de grand pour attraper les produits en hauteur. Ça change la vie j’vous jure.

"J'étais persuadé que t'étais plus vieille, genre 25 ans. Sans doute ton statut de Master qui te vieillit. Enfin jveux dire, de part ton "rang" plus élevé je te pensais logiquement plus vieille que moi et mes 22 ans. Et on aura deux calzone du coup en revenant."

La pizza commandée, on sort, et je réfléchis à ce qu'elle a dit vouloir acheter. Ça me semble logique, alors j'ai juste hoché la tête. Jsuis pas un gars compliqué. Pas au niveau culinaire en tout cas.

"Je me doute bien que celui qui cuisine pas fait la vaisselle, mais le paris portera sur une semaine complète, peut importe qui cuisine. Histoire qu'il y ai un peu d'enjeu quoi. Que ça nous motive à nous dépasser. Une couleur de PQ préférée ?"

Après tout, c'est vrai que c'est important le PQ.

Là, on est maintenant dans le supermarché, et le caddie se remplit petit à petit de toutes ces choses qui paraissent normales dans une maison, mais qu'on a pas encore. Produits d'entretien, liquide vaisselle, serpillère, éponge, quelques paquets de biscuits, des féculents, du thé, du sucre, le fameux combo riz/pâtes/semoule, tout ces trucs. Quelques sodas, des bières et du sirop de grenadine viennent compléter la liste. Un pack d'eau gazeuse, du chocolat en poudre, des céréales, de l'huile, du lait, et finalement de la viande et des légumes, ainsi que quelques fruits. Et le caddie pèse une tonne maintenant. Je le guide tant bien que mal entre les rayons avant de me rendre compte que j'oublie le plus important. Pas le PQ, Ipiu s'en est chargée. Mais la bouffe pour les chats et Tifa.

"Je reviens, j'ai oublié un truc!"

Je pars donc en courant vers le rayon dédié aux animaux, que je trouve sans trop de problèmes, et je prends le nécessaire avant de retrouver la jeune femme. Cette fois, avec le poids supplémentaires, j'ai vraiment du mal à guider le caddie, qui fait de temps en temps, sans prévenir, des mouvements incontrôlés vers la droite ou la gauche.

"On va vraiment prendre des sangles la prochaine fois, hein... Au moins, on peut prendre la file handicapés, pour en finir au plus vite..."

Sauf qu'une fois dans la file qui s'écarte pour nous laisser passer, je me rends compte que j'ai encore oublié un truc. Je charge donc Ipiu de commencer à déposer les trucs les moins lourds sur le tapis pendant que pour la 2nde fois de la soirée je cours à travers les rayons à la recherche de ce que j'ai oublié. Trouvé. Je retourne vers la caisse, la trouvaille à la main.

"C'est bon, j'ai tout ce qu'il faut!"

Je regarde la caissière, qui me regarde d'un œil amusé, passant tour à tour sur moi, ma coloc' et l'objet que je tiens à la main. Et je me sens rougir, ma boîte de préservatifs à la main. Oh.

"Euuuuuuuuuuuh. C'est pa- Enf- C'est pas ce que vous croyez hein."

Jme tourne vers Ipiu.

"Je paye pour cette fois, okay? Tu payeras la prochaine fois."

« Déso de te décevoir mais on a l’même âge. »

Pour encore un demi mois. J’lui dirais plus tard. Pour l’instant j’vais juste le laisser mariner. Non mais… Bon en soi j’ai vingt-deux ans à un ou deux ans près… Donc on va se calmer sur qui est l’plus vieux ou l’plus jeune. Avec Tjay on a décidé que j’étais née en quatre-vingt quinze. C’est un choix, comme j’ai choisi mon nom et mon prénom. J’ai cette chance de pouvoir décider qui je suis et qui je veux devenir. C’est pas donné à tout l’monde hein ?

« Ok, alors pari accepté, on se fera ça un wee ? Tu voudras un plat imposé ou chacun fait ce qu’il veut et on compare ? »

Genre, ça se fait. Si j’devais faire quelque-chose de bon… Je ferais quoi… J’sais pas, j’ai… Des souvenirs du rêve qui remonte, un tajine au pruneaux… J’ai jamais fait ça, mais. On n’y est pas okay ? On verra ça plus tard… On a sans doute même pas de plat à tajine ? Hm. Non, j’crois pas. J’vous ai dit que j’aimais pas perdre ? Va falloir que j’trouve un plat qui peut pas perdre… Ou plutôt un plat que je ne peux pas louper de ouf. Faut que j’réfléchisse.

Dans le magasin on rajoute des trucs dans le cadi à tour de rôle. J’peux pas m’empêcher de vanner Erik en lui disant qu’si j’avais encore mes jambes j’me débrouillerais tellement mieux que lui. P’t’être qu’il a raison, il devrait laisser faire les adultes… Arrivés à la caisse il part en sens inverse alors que je me retrouve à monter sur le tapis roulant nos articles. En vrai, ça va je gère cette partie, mais ce serait plus simple si il y en avait un de chaque côté, genre un qui sort les articles du cadis et un qui les range dans les sacs de l’autre côté. Il revient et pose une boite de capotes sur la caisse. La caissière nous regarde d’un air entendu.

« C’est blessant. Tu pourrais m’assumer, j’suis sûre que vous pouvez tout à fait comprendre que même une paraplégique comme moi ait une vie sexuelle. Enfin, avait, parce que s’il est pas capable d’assumer, moi j’vais trouver quelqu’un d’autre. Quelqu'un qui n'aura pas honte de moi. Ca prendra le temps que ça prendra c’est pas si évident qu’ça de trouver un bon soumis vous voyez ? Enfin, bon j’y arriverais. Ouai, tu peux payer, et peut-être je te pardonnerais… »

Désolée, d’une c’était trop tentant, de deux c’était juste trop tentant. Fallait pas m’laisser une ouverture comme ça. J’étais obligée. C’est un peu de ta faute aussi. Sérieux si t’assumes pas d’acheter des préservatifs, faut les commander sur le net… En plus t’aurais pu prendre un assortiment, genre là t’as des capotes toutes simples, mais t’aurais pu en avoir avec différents gouts, différentes textures, varier les plaisirs tout ça… Faut vraiment qu’j’ai une conversation sérieuse avec toi sur le sujet. -kwa l’hôpital qui se fout de la charité ?-

Cerveau : OFF

Venant de n'importe qui d'autre j'aurais rougit et souhaité disparaître. Sauf que là, je vais jouer le jeu.

"Mais enfin, Onee-sama... Vous pouv- Je- Vous vouliez que ça reste secret, que c'est mal si les gens l’apprennent. Que c'est mal vu. En plus, on utilise plus de préservatifs depuis longtemps. D- Depuis cette fois sur la table de pic-nique au Lac. Non. Cette boîte c'est pour quand je couche av- . . . OUI JVOUS TROMPE, ONEE-SAMA. OUI, AVEC VOTRE MEILLEURE AMIE. Elle ne s'en remettait plus, de savoir que son copain la trompait à cause de vous!"

Cerveau : ON

Tout le monde me regarde. Tout le monde regarde Ipiu. Gênée, la caissière se contente juste de passer les derniers articles en silence, alors que la scène de ménage improvisée continue. J'ai peur de me faire rouler sur le pied. Ou sur les deux pieds, même. Je remets l'entièreté de nos achats, sauf les capotes qui finissent dans ma poche, comme un ultime geste de défi extrêmement nul. J'entrouvre la boîte discrètement, et je récupère l'un des préservatifs, que je déballe avant de le ranger lui aussi dans ma poche. Puis je paye, et fais semblant de partir outré en poussant le caddie, une main dans la poche. J'ai assez d'avance pour agir discrètement, alors je fais un nœud, et je lance la bombe à eau improvisée qui s'écrase sur l'un des genoux de la master, l'arrosant copieusement.

"T'as vu ce que tu me fais faire hein? 'Spèce de tarée!"

Je suis à bout de souffle tellement je ris. J'ai gardé mon sérieux beaucoup trop longtemps, ça commençait à me ronger de l'intérieur, j'allais exploser. Vociférant une volée d'insultes, elle essaye de me rattraper, alors je pousse le caddie de toutes mes forces avant de m'y agripper pour dévaler la légère pente, en espérant la distancer.

- - -

Fort heureusement pour moi, j'ai réussi à garder le contrôle, et à ne pas m'écraser avec le caddie contre un muret au premier virage. J'aperçois au loin le livreur de pizza devant notre maison. Mon salut. Je meurs de faim. Il faut que j'y arrive avant elle, sinon jvais prendre cher. Pour jauger de la distance qui nous sépare, je me retourne...

Mon sourire s’agrandit au fur et à mesure qu’il parle, c’est vraiment une bonne répartie, ‘fin jusqu’au moment où il commence à dire qu’on l’fait sans préservatif. Gars toujours un préservatif avec tes coups d’un soir. Ou de plusieurs dans la mesure où tu n’es pas exclusif. Bon quand à parler de ma meilleure amie… Mais j’lui accorde que c’est drôle vu qu’on a passé notre première soirée ensemble à suivre son pseudo nouveau petit ami au love hôtel. Mon sourire va grandissant.

« Oh, mais je le sais, penses-tu vraiment qu’elle me cache ce genre de détails ? Nous partageons tout l’une avec l’autre. Croyais-tu pouvoir semer la discorde entre nous pour récupérer son héritage ? »

Même nos sextoys en l’occurrence. Sérieux, j’suis nulle à amour gloire et beauté, faudrait p’t’être que j’me mate la série pour avoir un peu plus de répartie. Il part faisant mine d’être ofusqué et j’peux pas m’empêcher de sourire à la caissière.

« Promis on ne vous fera pas de scène à chaque fois, on va régler nos comptes en privé… »

Quoi ? Me sentir mal à l’aise ? Mais genre d’où ? J’trouve ça juste trop drôle, alors faut pas s’attendre à ce que je me trouve mal à l’aise. Erik se lâche complet quand il est avec moi, et j’aime bien avoir un adversaire à ma mesure. Par contre j’aime moins quand j’me retrouve aspergée d’eau gratuitement dans la rue.

« Mais assumes un peu, genre c’est moi qui te rend comme ça ? C’est ce que tu es, juste d’habitude t’oses pas l’montrer. »

Et tu paieras ton geste pendant très longtemps. Tu vois l’épis sur ta tête le matin du à l’électricité statique ? Il refusera de se laisser peigner pendant quelques mois, le temps que j’me lasse de la blague. Oh, mais bien sûr je nierais en être à l’origine… C’est un peu une vengeance qui se mange froide.

« Et t’assumes pas assez d’les acheter pour te permettre d’les craquer comme ça. »

Heureusement que j’sens pas le lubrifiant sur mes genoux, sinon j’serais de mauvais poil. Il part en courant et en poussant le cadi (qu’on vole du coup si j’ai bien compris ?) j’le laisse dépenser ses maigres forces et j’le suis de loin… Il est un peu en train de péter un câble tout seul… Et si j’lui roule après j’lui donne raison et j’passe pour une tarée. Quand on arrive à la barraque on attrape le livreur au passage. J’explique même pas pourquoi j’suis trempée et j’dois me changer pour la seconde fois de l’heure. J’vais perdre patience j’vous jure.

« Je te laisse ranger les courses pendant que j’me change. »

Quand j’reviens, les pizzas ont à peine eu le temps de refroidir. J’pense qu’on s’est gentiment calmés chacun dans notre coin. C’est justement le moment d’en remettre une couche.

« Sinon, t’as vraiment des gouts d’chiotte en matière de préservatif… La prochaine fois demande au lieu d’prendre le premier truc qui t’passe sous la main. »

Elle est vachement loin la madame. Je sais pas pourquoi mais ça me soulage d'un poids. Jcrois je l'ai blasé. Ou alors elle est de ce type de personnes. Celles qui pensent que la vengeance est un plat qui se mange super froid. J'aime bien les glaces mais faut pas déconner non plus. Un frisson parcours mon échine rien que d'imaginer comment elle pourrait se venger si l'envie lui prend. Enfin voyons le bon côté des choses. On a un caddie maintenant. Manque plus que le plot de signalisation orange et on est les parfaits étudiants. Alors sous le regard perplexe du livreur, je règle la commande, me saisit des pizzas et pousse le caddie à l'intérieur. Ce qui est bien avec une maison adaptée aux fauteuils roulants, c'est que le caddie passe tranquille lui aussi. Comme Ipiu me l'a demandé, je range les courses du mieux que je peux, en essayant de m'adapter à ma colocataire. Au pire, c'est la 1ere fois, j'imagine que je m'y ferais et qu'elle me dira si elle ne peut pas atteindre ce qu'elle veut. J'ai quasiment fini quand elle me rejoint dans la cuisine, alors je pousse une des pizzas vers elle. Et elle ne peux pas s'empêcher de faire une remarque. Enfin je m'attendais à pire.

"C'est pas que j'assume pas d'en acheter. Mais t'aurais vu comment la meuf m'a regardé, j'ai eu l'impression d'être un pédophile tenant la main à une petite fille. Le regard des autres j'espère que ton copain il le tient mieux que moi. Les gens sont cons parfois putain. Et ouais, jte demanderais conseil pour les capotes la prochaine fois. T'as l'air de bien mieux t'y connaître que moi. Si t'as des conseils tout court d'ailleurs, je prends."

Ya pas de honte. Après tout, ça peut être utile hein.

"Et jcrois que t'avais raison tout à l'heure. Jveux dire, jsuis comme ça. Con et enfantin. Mais je suis encore plus quand t'es dans le coin. Tu me désinhibe. Je sais pas pourquoi. Sans doute à cause de la façon dont on s'est rencontré. J'ai presque l'impression d'être plus moi même quand jsuis avec toi que seul. C'est pas chelou?"

Jpense que si, quand même. Enfin j'imagine que mon côté "con" est exacerbé quand même. Je sais pas. Je me sens presque con, à réfléchir à ça.

"Anyway Ipiu! Jsuis super content de vivre avec toi. Et sache que même si on se prend la tête, ce qui arrivera forcément, bah jte considère beaucoup, et jpense que t'es une fille super. Et que même si ya une boîte au lettre avec nos deux noms dessus, c'est chez toi, hésite pas à me dire si je dépasse les bornes d'une quelconque manière que ce soit. Et promis, dès demain jfais en sorte que t'ai à t'habiller qu'une fois par jour!"

Je ponctue mon monologue par un "Bon appétit" et je croque maladroitement dans la pizza, en essayant de ne pas m'en foutre partout. Ouais, jsuis content d'être ici bordel. Je gratifie Sephi qui passe par là d'une caresse au passage.

Euh ? J’espère que tu considères pas qu’c’est moi la p’tite fille ? Ah. Si. #malaise. Je sais pas si Nath supporterait d’acheter des préservatifs avec moi, en vrai j’ai pas spécialement envie de tenter l’expérience. C’est compliqué okay ? Mais pour le coup j’compte pas m’étendre sur mes problèmes de sexualité actuels avec Erik. Déso mon chou, mais j’vais pas parler d’ça avec un débutant. J’soupire en levant les yeux au ciel.

« Bien avant que tu n’arrives, j’avais une bonne réputation de queutarde, du coup j’sais pas si mes conseils seront de très bonne facture. J’savais m’amuser, pas entretenir une relation stable et saine… Enfin du coup niveau préservatifs, à l’occaz tente différentes textures, ça change un peu pour être perceptible, mais pas trop assez pour être dérangeant. Sinon t’as les préservatifs fluos qui sont chouettes, mais le jour-nuit ça a tendance à faire rire et débander. Pour les trucs plus techniques, j’imagine qu’il va te falloir tester avec elle et voir ce qui vous plait l’plus ? J’suppose que le meilleur conseil du monde c’est : demandes lui si ça lui plait. »

En même temps t’as pas trente-six solutions quand tu sais pas ce qui te plait, tu testes. C’est juste de la logique. C’est pas toujours utile pour les coups d’un soir, mais parfois t’arrives à communiquer avec et ça peut-être chouette. Je dirais que c’est ce qui différencie un bon d’un mauvais coup, la communication.

C’est touchant ce que tu dis mec, ça me fait plaisir parce que j’essaie d’faire en sorte que les gens ne se prennent pas la tête quand ils sont avec moi, et là tu y arrives. Et c’est chouette. Chouette que tu te sentes assez en confiance avec moi pour être toi sans restrictions. Bon, p’t’être que le jour où je devrais ramasser tes conneries j’trouverais ça moins chouette ?

« Ahahah. Fais pas des promesses que t’es pas certain de tenir, nous connaissant je pense que c’est pas la dernière fois qu’on se balancera des trucs à la gueule. Juste j’suis pas d’accord, ici c’est tout autant chez toi que chez moi, et t’as l’droit d’essayer de gueuler plus fort que moi quand on s’disputera, j’aurais jamais le droit de te dire de dégager, parce que c’est chez toi point. ‘fin du coup c’est chez nous. J’suis contente que ce soit toi aussi si ça peut te rassurer, j’suis quasi sûre qu’on s’prendra pas la tête aussi souvent que tu l’penses… »

Sauf si tes chats décident de m’assassiner. Là p’t’être…

Discuter, demander si ça plaît? Ça semble logique. La communication c'est super important dans toutes les relations et interactions humaines, et j'imagine que c'est pareil dans un couple.

"Ça paraît tellement évident que j'y pensais même pas, tu vois? Faudrait qu'on cause contraception du coup, voir faire un dépistage et tout ça..."

La dernière partie, j'étais censé la penser. Pas le dire. Je rougis jusqu'aux oreilles. Pas de honte, ou de gêne, juste parce qu'une fois de plus j'ai parlé trop vite, et d'un truc trop personnel. J'essaye d'enchaîner rapidement, quitte à revenir sur ce qu'elle m'a dit.

"Bah, réputation de quetarde ou pas, qui peut juger hein? L'important c'est de s'éclater dans le consentement mutuel, ça ne regarde, enfin regardait que toi. Mais du coup, ta relation actuelle a l'air vachement sérieuse, pour que tu l'appelles "mon copain". Ça se passe bien? Il s'appelle comment déjà?"

J'ai un peu une mémoire de merde pour les prénoms, désolé si tu l'as déjà dit...

En tout cas, sa réponse concernant notre cohabitation me fait chaud au cœur. C'est autant chez moi que chez elle, et l'entendre étire mon sourire d'une oreille à l'autre.

"Une promesse est une promesse, et c'est pas le genre de chose que je fais sur un coup de tête. Même si jdois t'obliger à rester à poil pour que tu la tienne. Ya une dérogation pour les dates et ce genre de trucs, quand même, jsuis pas un monstre."

Je reprends un croc dans ma pizza, avant d'enchaîner.

"Mais ça marche, jme retiendrais pas si ya un truc qui me dérange, et j'hésiterais pas à hausser la voix si besoin. Au moins contre toi jdevrais avoir une chance de gagner."

Ouais nan parce qu'à sortir avec une sonore, c'est accepter de perdre tous les duels de "qui crie le plus fort". C'est un fait. Même si c'est pas encore arrivé. Par contre, je ne sais pas exactement comment j'm'y prends, mais j'arrive pas à manger proprement... La fatigue, sans doute... Mais c'est au moment où j'ai les mains couvertes de sauce tomate que mon téléphone se met à sonner. Je jette un regard désespéré à Ipiu, en poussant du coude mon téléphone vers elle. Au numéro qui s'affiche, je sais que c'est mon patron. J'imagine qu'il veut juste me demander si je me suis installé, sympathique et prévenant comme il est. Ah. Piu n'a pas eu le temps de décrocher, parce que le SMS que je recevrais quelques instants plus tard contiendra des excuses de mon boss pour cet appel non désiré. Sauf que là, de suite, le regard de la blonde fixe mon écran un instant, avant de se porter sur moi, en train de me laver les mains. Je fais un effort de concentration pour me rappeler sur quelle était ma dernière action avec le téléphone. Je crois m'en souvenir, et c'est pas bon. Pas bon du tout du tout.

Euh. J’pourrais te dire que j’veux pas l’savoir mais en fait j’m’en tape que tu dises ce genre de trucs. C’est pas ce qui me gène tu vois, alors bon voilà quoi.

« T’as besoin d’infos ? »

J’demande quand même, parce que bon, les nippons -ni mauvais- sont pas au top niveau contraception (putain faut que j’arrête avec cette blague). Genre j’vous l’dis parce qu’il y en a pas mal à Terrae, et qu’à force d’allumer tout ce qui passait dans l’bar j’en ai croisé pas mal, mais sérieusement ils comprennent pas tous l’utilité de la capote. Heureusement qu’certains des profs font d’la préventions aux nouvelles générations, parce que putain samer, c’est tellement relou de devoir s’arrêter en pleines préliminaires pour faire de l’éducation -ou tordre un bras avec (trop peu) de douceur quand la personne capte pas que non c’est juste non- c’est relou.

En fait si, n’importe qui peut me juger, et chacun a son opinion sur moi. C’est humain, juste j’ai pas à la connaitre et personne d’autre en fait… Mais bon, j’sais que j’pinaille. Déjà. NE. PAS. ROUGIR. Ensuite, ne pas changer de sujet, bon en fait j’y arrive plutôt bien, ça ne se voit pas que je suis mal à l’aise. Il a dit « sérieux » bah bien sûr que c’est sérieux. Gars tu penses que j’en parlerais sinon ? ‘fin, t’es pas l’oreille à laquelle j’irais raconter mes plans Q. (oui un gros O avec une petite queue…)

« Ouaip, j’pense que c’est sérieux… Il s’appelle Nathanaël, et si tu l’croises j’imagine que tu te diras que c’est le blond l’plus canon de Terrae. ‘fin j’suis parti pris, du coup évites d’appeler Nath tous les beaux blonds que tu croises okay ? »

Non parce qu’avec Erik vaut mieux prévenir. Ce type est vachement plus barré qu’il essaie de s’en donner l’air. J’vous jure.

« Me quoi ? Attends là j’te suis pas ? A quoi ça te servirait d’me foutre à poil pour que j’tienne ma promesse ? Mais… azy tu vas pas déjà tenter le harcèlement quoi ? »

T’sais que j’peux te griller, autant mentalement que physiquement. OMG. La menace ultime si tu me fais chier « la prochaine fois que tu ramènes ta meuf, tkt tu banderas pas. » OMG. Je me note ça dans un recoins obscur de ma tête… J’lui dis maintenant qu’il n’aura nul problème à gagner avec moi ? Si je m’énerve et que je crie, tu peux te dire « okay ça va passer. » le truc qui devrait lui foutre la trouille c’est quand j’baisse la voix. C’est super utile dans une dispute, de baisser la voix, parce que l’autre il attend ta réponse et ta hargne et il doit se la fermer pour t’écouter… Même si parfois rouler sur un pied est suffisant pour avoir l’attention désirée…

Les pizzas sont vites englouties, enfin, moi j’finis pas la mienne. Merci de pas rajouter en pensée un « comme d’hab » parce que ça me donnera des envies de meurtre. Il fout de la sauce tomate partout, et du coup il va devoir nettoyer. Obvious. J’le ferais pas pour lui. Son téléphone se met à sonner et j’vois dans son regard tout l’désespoir du monde.

« Okay attends. »

J’passe ma main dans ma serviette, j’ai mangé proprement mais j’ai quand même du gras sur les doigts. J’décroche. Ah. Bah trop tard.

« Déso. C’était important ? Faut l’rappeler ? »

J’fais en réappuyant sur l’écran pour le garder allumé le temps qu’il me donne la consigne à suivre. Non parce que « Patron » en général c’est de mauvaise augure à cette heure… Normalement le mercredi c’est calme à Terrae, mais des fois qu’le bar soir un peu bondé…
Le téléphone vibre entre mes doigts réaccaparant mon attention, c'est plus ou moins le moment où j'me rends compte qu'il a laissé son portable ouvert sur la galerie. Ah. Euh. Ok.

« Bah dis donc… T’as déjà cassé avec Sib ? Ou tu te tapes deux filles à la fois ? J’aime bien Sib, du coup ça serait classe que tu choisisses vite et qu’t’évites de la rendre trop malheureuse okay ? »

Devant mes yeux le selfie d’une jolie -pas trop mon genre- fille aux cheveux auburns topless et pas bien plantureuse. Finalement il se démerde plutôt pas mal le gueux, j’ai vu sa photo avec Sib il y a une paire de jours ? (j’l’ai direct enregistré dans mes « futurs dossiers sur Erik à ressortir pour les anniversaires » ou bien entendu en toute situation exigeant qu’je les dévoile… ) Tiens d'ailleurs avant d'lui rendre le téléphone j'me l'envoie aussi cette petite photo... Histoire d'avoir des preuves... <3

"Nan ça devrait le faire t'inquiètes, je devrais pouvoir me débrouiller, mais merci."

Si je rougis, c'est parce que ta proposition m'embarrasse, ouais. Mais je peux me débrouiller tout seul, ya des trucs où on est jamais mieux servi que par soi-même. Au moins, elle rougit un peu elle aussi en évoquant le nom de Nathanaël. Enfin non, elle rougit pas. Plus un changement d'attitude, un truc que j'aurais pas remarqué si j'étais pas assis en face d'elle à attendre sa réponse. Je trouve ça mignon, mais je ne dis rien, ça pourrait se retourner contre moi.

"T'inquiète, jvais pas commencer à appeler mon reflet Nath'"

Jsuis pas du tout du genre narcissique, mais sûrement qu'à force de l'entendre dans la bouche d'Aby, en plus de la situation, jpeux pas m'en empêcher, en riant.

"C'est pas mon genre."

Jle dis en riant, limite provocateur, mais c'est vraiment pas mon genre, et jsuis persuadé qu'elle le sait. Enfin je sais pas vraiment quelle image elle a de moi, mais j'ose espérer qu'elle me fait assez confiance pour savoir que le ton que j'utilise est une blague.

Puis je suis en train de me laver les mains, et Piu me fixe, avant de faire ce qu'elle fait le mieux. Me mettre dans l'embarras.

"Comment ça Sib'? Hein? Mais j'ai jamais été avec Sib', qu'est ce qui te fait penser qu-"

Un frisson parcours mon échine. Il faut que j'en ai le cœur net. Jme précipite vers la blonde, main tendue vers le téléphone, mais elle a le temps d'envoyer un truc. Par réflexe, je l'ouvre. Elle s'est envoyé un truc à elle même, par mail. Qu'est ce que ça peut être? OH PUTAIN. J'ai même pas le temps d'être content, de sourire ou quoi que ce soit malgré la photo. Aby qui m'envoie une photo d'elle au pire moment. PUTAIN. C'est en bafouillant que je reprends la parole.

"Non, jsuis avec une seule fille. Celle qui m’envoie ces photos. Abe. Il s'est rien passé avec Sibylle, jvois même pas ce qui te fais penser ça. Enfin j'aurais pu coucher avec elle, elle m'a proposé. Mais j'étais déjà avec Abe à ce moment là. Mais jamais je tromperais ma copine, okay? Maintenant si tu peux supprimer la photo que tu t'es envoyée, s'il te plaît? Ça serait une photo de moi encore jm'en fiche, mais pas d'elle. Jpourrais avoir des problèmes moi après."

Jpense que rien qu'avec le ton de ma voix elle devrait comprendre ma détresse. Et jpeux tout t'expliquer cette histoire avec Sib', si tu veux, mais jt'en prie, pas Aby. Sois cool. Il me reste qu'à prendre une tête de chien battu, et je grillerais ma dernière carte si elle refuse. Mais j'ai pas envie d'en arriver là.