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Eat the rich [RP Solo]
##   Mar 10 Mai 2022 - 3:36
Nicolas L.L. Williams

Personnage ~
► Âge : 22
► Doubles-comptes ? : Jérémy B. Williams - Chrys Suede - Kaiko Yamada - Justine da Silva - Miguel Villa
► Rencontres ♫♪ :
Nicolas L.L. Williams
Master Tonnerre Solaire
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Date d'inscription : 16/09/2015
Age : 30
Humeur : Oui.

J'ai pas mis six mois à écrire cette merde non c'est faux... Contexte ! Le grand-père maternel de Nico est enfin mort ! Youpi ! Du coup il hérite de pleins de trucs de riches, une majorité d'inconvénients. Merde ! Il rencontre donc pour la première fois cette partie de sa famille biologique, dont il n'a clairement rien à foutre -mais il le dit pas parce que Papou lui a appris à être poli des fois. Quasi 7000 mots so, préparez votre boisson chaude et bonne lecture !


C’était une allée de petits cailloux blancs, bordées de tilleuls et de pins, au bout de laquelle se tenait le manoir de la famille de Lacvivier. Un bâtiment imposant de pierres blanches, comme tant de maisons du sud, avec cette particularité d’avoir à certains endroits, fixés aux murs, des tiges de métal noir forgé formant un « L » majuscule tellement stylisé qu’en regardant de plus près, on peut remarquer qu’il s’agit en vérité d’un cygne. Rien que la bâtisse lui paraît immense mais Nicolas est surtout ébahi par la taille du terrain ; à sa gauche, il peut voir les écuries de la famille et à sa droite, un étang bordant le début d’une forêt. Il n’ose imaginer ce qu’il y a au-delà du manoir mais derrière lui, il y a donc cette allée de petits cailloux blancs, bordées de tilleuls et de pins et le portail, à plusieurs centaines de mètres de là, délimitant ce territoire grandiose. Et il se tenait là.

Après avoir grandi dans un placard, puis vécu quelques mois dans un dortoir à Terrae, pour après avoir sa propre chambre pour la première fois de sa vie à 15 ans et finalement une véritable maison en allant vivre avec Aaron, Nicolas remettait beaucoup de sa vie en perspective face à ce qui, apparemment, lui appartenait désormais. …Allait lui appartenir ?... Il ne sait pas vraiment encore, c’est la raison pour laquelle il était là après tout, mais ça ne changeait rien à ce qu’il ressentait. C’est donc ici qu’Hélène, sa mère, avait grandi. Voici ce qu’elle a fui pour le grand amour. Ce qu’elle n’avait jamais tenté de retrouver quitte à laisser son propre fils grandir dans un placard. Nicolas posa ses poings sur ses hanches et renifla… Aaah c’est sûr qu’il y a pire comme enfer, mais bon, c’est pas parce que le cadre est joli que le tableau est une œuvre d’art… Hm. Cette métaphore n’est pas mauvaise. :

-M’sieur l’Comte ? C’est vous ?!

Après plusieurs secondes d’inertie où Nicolas observe, sans comprendre, le vieil homme venir vers lui à petites foulées, il réalise soudain qu’il s’agit de lui : « M’sieur l’Comte ». Alors. Non. Ça va pas être possible. Il inspire profondément, prêt à lui dire qu’il ne faut plus jamais l’appeler comme ça mais les émotions de l’homme l’arrêtent net ; il y a de la surprise, mais surtout un mélange de joie et de regret. Nicolas ne s’attendait pas à ce que quelqu’un ici soit content de le voir… Alors il tend bêtement sa main pour le saluer, emportant un peu plus l’homme dans son étonnement. Ils restent comme deux ronds de flans, la main dans la main, avant que Nicolas arrive enfin à répondre. :

-Ben… je crois oui ?... Enchanté. Vous êtes un cousin, un-… ? oncle euuh ?...

L’homme éclate de rire, son visage parsemé de ridules et ses dents blanches contrastant avec sa peau dorée en disent long sur sa personnalité. Il lâche la main de Nicolas pour essuyer des larmes d’hilarité aux coins de ses yeux. :

-Moi ? Un Lacvivier ?! AH ! C’trop d’honneur que vous m’faites là m’sieur l’Comte.

-Alors, à ce propos, ce serait vraiment super si vous m’appeliez Nicolas en fait…

L’homme bat des paupières avant de souffler, toujours souriant. :

-Comme vous voulez m’sieur l’Comte Nicolas ! et il enchaîne sans remarquer Nicolas qui a tenté de le corriger sans succès. Moi c’est Ritza[*], j’sers votre famille depuis pff… facile, quarante ans. J’m’occupe de la gestion de tout c’qui s’passe dehors donc les écuries, les vergers derrière, le domaine quoi.

[*Ritza est un prénom malgache, il se prononce « ritz »]

-Tout ça ? A vous tout seul ?!

-Oh c’pas facile de trouver de bons remplaçants au p’tit personnel de nos jours vous savez.

Nicolas faillit lever les yeux au ciel ; c’est pas facile depuis que l’esclavage est démodé, avait-il songé sans toutefois oser le dire à voix haute. :

-Ah ! M’Dam’ de Lacvivier vous attend dans la verrière ! Suivez-moi, suivez-moi !

Et il se dirigea droit vers les grandes portes du manoir… Nicolas se sentit tout petit. Tout lui semblait démesurément grand, maintenant qu’il s’approchait de plus en plus ; des escaliers à la porte, des murs aux fenêtres, il fut pris d’une hésitation devant le bâtiment qui projetait son ombre sur lui. Ritza eut la bienveillance de l’attendre et il le remercia en passant la porte. L’entrée était à l’image du reste : démesurée. Il y a une arche à gauche, menant à un salon gigantesque où il devine une cheminée de marbre. Sur la droite, des épaisses portes à double battant… Face à lui, deux escaliers qui se rejoignent à l’étage du dessus et surtout, la porte du fond. Le verre laissait passer la lumière, baignant le lieu comme s’il était un sanctuaire. En s’en approchant, puisqu’il était moins aveuglé par les rayons de l’astre solaire, Nicolas pouvait voir cette fameuse verrière, débordante de plantes. Une véritable jungle, où les grimpantes allaient jusqu’au toit, où les pots énormes pouvaient accueillir des arbres entiers -principalement des oliviers-, où se trouvait comme un écosystème, remplis de chants d’oiseaux variés.

Et au milieu de toute cette verdure, une tâche noire était assise à une chaise blanche, devant une table du même métal blanc, où se trouvait des biscuits sur une assiette de porcelaine et des tasses de ce qui avait tout l’air d’être du thé, à l’odeur. Ritza s’approcha d’elle, fit une légère révérence avant de désigner Nicolas avec sa main. :

-M’dame de Lacvivier. M’sieur l’Comte est arrivé.

Donc. Nicolas rencontre enfin sa grand-mère maternelle. Elle ressemblait énormément à sa fille, c’est la première chose à laquelle il pensa. Petite et toute en finesse, ses cheveux blancs forment un chignon serré mais Nicolas devine leur ancienne blondeur platine. Il est choqué par les yeux gris. Les siens. Mais rougis par le chagrin, sombres à cause du deuil. Il ne devait pas oublier, aussi amère soit-elle, que cette femme venait de perdre son mari. Cécile de Lacvivier, même dévastée, dégageait une prestance digne. Il se tient droit et la salue d’un mouvement de tête… Elle ne dit rien, pendant ce qui lui paraît être une éternité, elle l’observe de la tête au pied. :

-Vous êtes en retard, votre thé sera froid.

-Excusez-moi. J’apprécie votre attention cependant.

Il s’installe à table, veillant à ses manières -il se souvient des leçons d’Adélaïde eh. Dans d’autres circonstances, il se serait montré moins respectueux. Il doit en faire des erreurs, bien sûr, c’est pas gravé en lui… Mais pour le moment, ce qu’il cherche surtout à faire c’est ne pas blesser cette femme plus que de raison, qu’elle le déteste ou non. Pourtant, alors qu’il goûte au thé sans oser dire qu’il préfère le café -son visage l’exprime parfaitement-, il ne capte aucune animosité venant de sa part… Juste une profonde tristesse… et une certaine lassitude. Elle le regarde encore un peu, comme si elle cherchait quelque chose puis souffla avant de s’emparer de sa tasse à son tour, la dentelle noire à ses poignets laissant subtilement découvrir sa peau pâle. :

-Vous venez de loin, c’est la moindre des choses.

Le silence s’installa entre eux, les laissant profiter de l’aura du lieu. Nicolas n’osait pas poser ses questions. Le tintement de la tasse dans la petite assiette attira son attention. :

-Nous avons beaucoup de choses à voir ensemble aujourd’hui, mais il me semblait approprié de vous faire visiter le domaine.

-Oui bien sûr. J’ai vu que vous aviez des écuries ?

Elle marqua une pause, le visage inexpressif, toujours calme. :

-…Notre famille est connue pour fournir des chevaux qui concourent dans des hippodromes et des écoles de dressage.

-Vous devez avoir certains pedigrees… J’ai surtout travaillé avec des chevaux de traits légers, plus solides pour les randonnées.

Une autre pause, la femme bat lentement ses paupières… :

-Vous avez travaillé en école d’équitation ?

-Oh rien d’aussi-… euh… C’était un centre équestre, on accueillait surtout des enfants qui passaient leurs galops et des centres de loisirs…

Nicolas n’osa pas lui dire qu’il n’avait que son expérience pour attester qu’il savait s’occuper d’un cheval. Qu’il avait surtout trouvé un moyen de plus pour travailler de manière tout à fait illégale et pouvoir manger. Qu’il n’était certainement pas aussi bon cavalier que ce qu’elle pouvait s’imaginer pour sauver l’honneur de la famille. Pourtant, elle ne fit aucun commentaire. Elle se leva et fit signe à Ritza. :

-Préparez une tenue et un cheval pour le Comte. Nous allons passer par le jardin avant… Mon Comte, suivez-moi.

Nicolas grimaça au titre mais obéit, offrant par réflexe son bras à la dame qui y déposa sa main. Pour un bref instant, il crut voir un sourire mais il a disparu très vite… Ils sortirent de la verrière par une porte menant de l’autre côté du domaine, vers le jardin. Jardin à la française, régulier, entretenu mais s’intégrant au paysage, comme s’il cherchait à paraître naturel. A droite, la forêt et un bout de ce lac qu’il avait déjà aperçu, où barbotait des cygnes. Sa grand-mère remarqua que son attention était dirigée particulièrement vers ce coin plus sauvage. :

-Votre grand-père appréciait la nature. Le domaine a été agrandi dans sa jeunesse mais il a refusé de raser cette partie du domaine, pour y laisser la vie sauvage s’y développer. Seuls les cygnes, symboles de notre famille, ont été ajoutés.

Il hocha lentement la tête, notant ces détails pour plus tard. Ils s’approchèrent des rosiers blancs, Nicolas frôlant les pétales du bout de ses doigts. :

-Ce sont des roses Blanche Moreau. Une vieille espèce française… murmure-t-il.

L’ancienne Comtesse retira sa main du bras de son petit-fils pour reculer légèrement… Elle l’observa de nouveau, de bas en haut, comme si elle n’arrivait pas à comprendre comment un grand garçon habillé de cuir et de ceintures cloutées pouvait apprécier quelque chose d’aussi délicat qu’une fleur, avant de souffler. :

-Vous connaissez les roses ?

-J’ai… travaillé dans une jardinerie-pépinière… Je récoltais des roses alors j’ai appris à les reconnaître.

Encore un travail illégal, juste pour survivre… Qui aurait cru que ça lui servirait un jour ? Pas lui en tout cas. Elle mit quelque temps avant de réagir, analysant l’information. Elle eut un vague sourire contrit avant de demander. :

-Un centre équestre et une jardinerie ?... Puis-je savoir dans quel domaine vous travaillez exactement désormais ?

-Eeeeh… J’étudie la biologie à l’Université de Tokyo.

La Dame eut une inspiration surprise. Une émotion presque joyeuse anima son cœur blessé et Nicolas dut battre frénétiquement les paupières… Cécile de Lacvivier était amusée d’apprendre que son petit-fils avait des connaissances dans plusieurs domaines. Il n’avait aucune idée de pourquoi, mais au moins, elle allait un peu mieux. Elle reposa sa main sur son bras et le guida vers les écuries. :

-Mon mari était enseignant-chercheur. Quand sa santé le permettait encore, il donnait des cours à la faculté de Médecine à la Sorbonne.

-Ah bon ?! s’exclame-t-il sans pouvoir retenir sa surprise. Je-… Excusez-moi si je suis malpoli, je pensais qu’en étant comte il n’avait pas forcément… un métier…

-…Être Comte n’est pas un métier, mon enfant, c’est un titre. Comme on appelle un homme, Monsieur, et une femme, Madame. Un Comte porte l’histoire de sa famille et de celles de son Comté.

-Et vous pensez que j’en suis capable ma Dame ?

La question fusa avant qu’il n’ait eu le temps de la retenir… Nicolas s’en voulut un peu. Il n’avait pas la prétention d’avoir les meilleurs intérêts pour cette famille… En fait, il avait aucune intention particulière. C’était eux qui avaient décidé de faire de lui un héritier, ce nom n’avait aucune valeur à ses yeux. Le seul avantage qu’il y voyait était le confort financier et un allié précieux pour Terrae. …Et potentiellement une maison de vacances d’été pour la famille Williams, eh. Et peut-être que Cécile de Lacvivier l’avait deviné, qu’elle s’en doutait. Son pas ralentit imperceptiblement mais son regard reste perçant, droit devant elle. :

-Ce que je pense n’a pas d’importance… Je respecte les dernières volontés de mon mari.

Woah. Quelle esquive. Nicolas ne peut s’empêcher de rire, l’ancienne Comtesse le regardant de côté. :

-J’aimerais toutefois partager ce que j’ai appris en portant ce nom. Voulez-vous bien écouter les mots d’une vieille dame qui a perdu le plus important ?

-…Ma Dame ?

-« Tout pour l’honneur » disent nos armoiries. Et c’est en essayant de le préserver que nous l’avons perdu… Quand Hélène est partie.

Nicolas s’arrêta net de marcher, il ne s’attendait pas à ce qu’elle parle de cette fugue en premier. Il ne s’attendait pas à ce qu’elle en parle du tout en vérité. Cécile de Lacvivier plongea son regard d’argent dans le sien, remplis de regrets. Elle l’encouragea à reprendre la marche, maintenant qu’ils avaient presque atteint les écuries. :

-M’dam’ !

Ritza venait vers eux, en courant. Enfin, en trottant, une main retenant son chapeau de paille, l’autre son pantalon. :

-M’Dam’ ! Dame Marie refuse que j’harnache Opale pour M’sieur l’Comte Nicolas.

L’ancienne Comtesse eut un soupir que Nicolas put littéralement traduire par « Oh merde encore ce bordel… »… Enfin une version polie sans doute. Elle remonta ses robes élégamment et partit en direction des manèges d’un bon pas, arguant à Ritza de guider le Comte vers les vestiaires. Nicolas le suivit sans poser de questions.

Dans le vestiaire, seul face à la pile de vêtements d’équitation, Nicolas put enfin réfléchir au discours sur l’honneur qu’il a eu avec Cécile. Son propre sens de l’honneur eh ?... Beh ça commencerait par ne pas abandonner sa famille. Sa famille qui l’attend à Terrae. Il eut un sourire faible en s’emparant du veston blanc où est brodé le blason des Lacviviers. Un cygne blanc sur un ciel azur, trois étoiles, trois croix. …Il mit le veston par-dessus sa chemise bleu clair, enfila les bottes montantes d’équitation et sortit du vestiaire.

Ritza sursauta en le voyant. Il tenait la bride d’un étalon à la robe entièrement noire… Opale. L’ironie était présente. Le brave homme souleva son chapeau d’un pouce comme pour mieux l’observer, surpris, avant d’éclater de rire. :

-M’sieur l’Comte Nicolas, si vous m’permettez, mais vous ressemblez pas du tout à un Lacvivier, même attifé comme ça !

-Ça tombe bien, répond Nicolas en remontant ses gants de cuir, j’en suis que la moitié d’un.

-AH !

Ritza était hilare en lui passant la bride de l’animal. Nicolas sourit, passant sa main dans l’encolure du cheval arabe. Il était magnifique, les muscles puissants et fins, sauvage mais docile… Cela fait plusieurs années maintenant que Nicolas n’est pas monté à cheval, mais lorsqu’il a mis son pied à l’étrier, tout lui est revenu en mémoire. Il sortit des écuries au trot, avant de s’élancer dans un galop nerveux une fois dans le manège à ciel ouvert. Opale était finement dressé, répondant à la moindre impulsion de la bride, des étriers… Nicolas pouvait le dire, il n’avait jamais eu de monture aussi élégante et sage.

Il fit quelques tours à pleine vitesse avant de s’arrêter net, au centre, il testa la maniabilité de l’animal. Il fit piaffer Opale après avoir effectué une simple volte d’un ordre ferme de sa voix… En diagonale, il se dirigea vers le bord du manège où se tenait Cécile de Lacvivier… accompagnée de son autre fille Marie. Elle aussi ressemblait terriblement à Hélène, mais ses cheveux libres étaient ondulés, encadrant un visage plus fermé, sévère. Elle portait la même tenue que lui et, effectivement, Nicolas comprit ce que Ritza voulait dire par « ressembler à un Lacvivier ». Elle avait beau être plus basse, ses yeux d’argent le regardaient de haut. :

-Ainsi nous ne pouvons qu’espérer que mon neveu saura gérer les écuries du domaine… parce qu’il est capable de se tenir sur un cheval ?

Froid. Pas de titre. Marie est une femme en colère mais pas par jalousie ; elle se sent faible. Elle n’a pas su « remplacer » Hélène aux yeux de son père, elle n’a pas pu porter de garçon. Pas étonnant qu’elle déteste Nicolas… :

-En constatant la qualité des chevaux, je compte sur votre expertise ma tante.

La haine transforma un instant le visage de la femme mais sa mère l’empêcha de dire quoi que ce soit d’un mouvement de main. Nicolas descendit de cheval et commença à le libérer de sa selle et de sa bride. :

-Opale est un pur-sang arabe à la robe noire, ce qui est assez rare… C’est une espèce nerveuse, hyperactive. Il faut s’armer de patience, de compréhension et de compassion pour dresser un animal avec un tel sang chaud…

Il donna une dernière caresse à l’étalon avant de l’encourager à partir au galop d’une tape plus franche… Ravi, il partit aussitôt dépenser l’énergie qu’il contenait jusqu’alors… Les pur-sang arabes sont loyaux et apprécient la compagnie de l’homme certes, mais ce sont des animaux à qui la sensation de liberté va comme un gant. Nicolas revient alors vers sa tante dont le regard a changé. :

-Ce manoir, ces écuries, ce domaine, Dame Marie… Ce sont les vôtres. Je porte peut-être le titre mais je ne vous priverais jamais de votre maison.

-Monsieur le Comte, interrompt Cécile de Lacvivier, ce domaine est le vôtre. Nous n’avons pas à y rester.

-Dans ce cas, je ne signerai rien.

Marie eut soudain les larmes aux yeux, mais elle resta droite et digne. :

-Tu penses que c’est facile hein ? Laisser notre héritage à un roturier-…

-Marie ! s’exclame Cécile.

-Tu dois te sentir puissant maintenant que tu as tout en main, tu peux jouer de nos vies comme bon te semble… Ça doit être vivifiant pour quelqu’un de ta condition.

Nicolas fit les quelques pas qui le séparait de Marie. Elle était petite, mais il y avait un feu dans ses yeux argentés qu’il reconnaissait. Survivre sans recevoir l’aide de personne… Finalement… Il était peut-être un Lacvivier lui aussi… Il se pencha à l’oreille de sa tante rebelle pour murmurer, l’image de sa Greffe inactive dans sa nuque titillant ses sens. :

-Je suis bien plus puissant que tu ne peux l’imaginer… et si ma condition m’a appris une chose, c’est de ne jamais priver quelqu’un de ce que j’ai pu recevoir ou devenir aujourd’hui.

Il se redressa et plongea ses yeux dans les siens. Il y avait quelque chose de brisé dans ces gens et Nicolas n’était pas là pour réparer les torts d’un passé qui le dépasse… Il avait souffert de son côté, s’était relevé grâce à d’autres personnes qui aujourd’hui comptent bien plus qu’un titre. Dans une autre vie, de cette fortune et de cette place, il aurait pu s’en servir pour se venger… Mais toutes ces souffrances ne devaient plus compter désormais ; qu’il emporte le meilleur pour forger quelque chose de nouveau, et d’heureux. C’est pour ça qu’il n’est pas le Comte de Lacvivier, mais un Master de Terrae. :

-Dame Marie de Lacvivier, j’ai cru comprendre que vous gérez l’état des écuries et participez au dressage des chevaux du domaine. Une fois tout ce qui est administratif étant réglé, je tiens à ce que vous conserviez ce poste afin que la famille puisse continuer de briller et être reconnue. Vous travaillerez pour cela, rien d’autre.

Sous-entendus pas pour lui. Marie comprit ce qu’il lui offrait, sous couvert d’une multitude de couches de bienséance et d’étiquette pompeuse… Il lui offrait la liberté de se battre pour survivre à la manière dont elle le souhaite. :

-Bien Monsieur le Comte.

…Bien ça veut dire « oui » mais bon sang qu’est-ce qu’il déteste quand on l’appelle de cette manière ERF ! Marie s’empara de la bride, du tapis et de la salle d’Opale comme excuse pour s’éloigner. Cécile de Lacvivier s’approcha doucement de Nicolas, abasourdie. :

-Vous voulez vraiment nous laisser le domaine ?

-Pourquoi je vous en priverais ? C’est votre maison, vous avez élevé vos filles ici, Marie a grandi ici… Et vu le soin qu’elle apporte aux chevaux, elle doit les aimer plus que tout. C’est une évidence quand on voit comment Opale est dressé. C’est… mon honneur me dit que ce serait injuste.

-…Vous avez un certain talent pour les mots, mon enfant.

-Eh ?!

Ouais non alors… Pas tout le temps.

Il se changea à nouveau avant de rejoindre sa grand-mère à l’étage du manoir, dans ce qui semblait être un bureau. Les murs étaient couverts de livres, les bibliothèques allant jusqu’au plafond bien haut. Le lustre était grandiose et Nicolas se sentit à nouveau tout petit dans cet étalage de faste. Il s’installa devant le bureau large et imposant, derrière lequel Cécile de Lacvivier paraissait minuscule dans sa tenue de deuil. :

-C’était le bureau de votre grand-père… Après quelques signatures, ce sera le vôtre.

Il s’empara des documents qu’elle lui tendait. Un grand charabia disant qu’il héritait du titre, des possessions, du domaine… et quelques autres éparpillés autour de Foix. Mais quelque chose entre les lignes attira son attention. :

-Porter le nom ?

-En signant, vous deviendrez légalement Nicolas de Lacvivier. Vous serez reconnu comme noble.

Pour ne pas dire qu’il ne serait plus un bâtard. SUPER. Il pose les papiers sur la table en grimaçant. :

-Non. Si je dois porter un nom, c’est celui de mon père.

-Celui que vous portez ?... Lefebvre c’est cela ?

Nicolas avait pensé à Aaron. Parler de sa famille à Terrae allait ouvrir tout un tas d’autres questions et il n’était pas prêt à partager les réponses avec cette femme, bien qu’elle semble moins dure que ce à quoi il s’attendait. Il hoche la tête lentement, refusant de mentir pour autant. Cécile reprit les papiers, modifia les titres comme convenu avant de les lui rendre. :

-Comte Nicolas Lefebvre de Lacvivier pour les hautes sphères. Et administrativement, vous gardez le nom de votre père. Est-ce que ce compromis vous convient ?

-…C’est d’accord. J’ai pas envie de changer ma carte universitaire vous comprenez ?

Cécile sourit brièvement… Elle ne comprend probablement pas et elle le sait. Mais comme elle l’a dit plus tôt : ce qu’elle pense n’a pas d’importance, elle respecte les dernières volontés étranges de son mari. Tout fût signé, et quand Nicolas se releva, la Dame de Lacvivier fit de même. :

-Monsieur le Comte, nous vous invitons à rester dîner afin de discuter plus amplement de l’avenir de la famille… Pensez-vous pouvoir rester ?

-Ouais pourquoi pas.

Jet lag pour jet lag hein. Quoi qu’il arrive il risque de se téléporter au milieu de la nuit ou au petit matin à Tokyo donc bon…

***

Nicolas observait le jardin et le soleil couchant en réalisant soudain tout le poids de ce qu’il venait de faire. Bordel de coude… Lui ?! Le Loup Noir du village, gamin rachitique et violent, avait tout ce domaine à son nom… MERDE. Il était riche ! Encore plus riche que lorsqu’il recevait des mensualités de la part des Lacviviers. Il s’était à nouveau changé, portant une chemise blanche avec un veston azur portant le blason brodé… Son blason… PU-TAIN ! La vie n’avait vraiment, aucun, putain de sens. :

-Monsieur le Comte !

Il grimace avant de se tourner vers la jeune servante. Une grande femme brune aux yeux de biche lui fait face. Si elle portait un pantalon il y a quelques heures, elle a désormais une robe avec un tablier ; l’image de la parfaite domestique. :

-Oui ? Ah ! Attendez… Édith, c’est ça hein ?

-Ou-… oui.

Elle s’occupait du manoir principalement, comme Ritza s’occupait surtout de l’extérieur. Elle paraissait timide mais devait diriger sa petite troupe de domestiques, cuisiniers et bien d’autres choses qu’il ignorait avec une main de fer ; l’état du manoir en témoignait, pas UNE trace de poussière. Alors il ne fut pas étonné de la voir se reprendre bien vite. :

-Nos invités sont arrivés et il est de coutume que le maître de maison vienne-…

-J’aimerais, souffle-t-il pour l’interrompre, que Dame Cécile de Lacvivier soit toujours considérée comme la maîtresse de cette maison. S’il-vous-plaît… Allez la chercher.

Édith hocha la tête pour toute réponse, laissant à Nicolas le temps d’apprécier encore un peu la nuit qui tombe ; la nuit, son moment. Il pense à Mathéo en se disant qu’il allait probablement bien se moquer de lui quand il allait lui raconter la façon dont il s’était comporté aujourd’hui… Il avait hâte d’entendre sa voix le chambrer comme il faut, et son rire cristallin.

Il soupire. Ok. Back to battle. Il traverse la verrière et va dans l’entrée où Cécile de Lacvivier , accueille déjà les invités. Une femme accompagnée de son mari et de sa fille, cheveux châtains délicatement coiffés d’une multitude de tresses et aux yeux verts intenses, ayant probablement son âge. Dès qu’ils l’aperçoivent, les invités se tournent vers lui. L’homme le salue simplement en serrant sa main, tiquant visiblement en voyant les tatouages sur ses doigts et ses manches relevées. Sa femme lui sourit avec beaucoup de vigueur, laissant Nico faire un baise-main avant de s’exclamer. :

-Je suis Noémie Niel, une famille noble de Toulouse. précise-t-elle. J’étais une amie de votre mère… J’ai rencontré votre père…

-Oh ! fait Nicolas, ne sachant pas s’il devait paraître ému ou détaché. Je… suis ravi de faire votre connaissance Dame Niel.

-De même. Je vous présente ma fille, Mathilde.

-Ma Dame.

-...Monsieur le Comte.

Nicolas maîtrisait la situation mais si vous saviez, à l’intérieur il n’en pouvait déjà plus… Il avait tellement hâte de rentrer et d’entendre Jérémy le traiter de débile, plutôt que d’entendre ce titre encore une fois. Soldier on, soldier on. Cécile fit un geste avant d’ouvrir la porte à double-battant menant vers une salle à manger. Nicolas reconnut avec un certain soulagement, Édith, qui lui indiquait sa place en bout de table. Il ne s’y installa pas, préférant tirer la chaise et regarder sa grand-mère dans les yeux. :

-Ma Dame de Lacvivier, je vous en prie. Permettez que j’aille chercher Dame Marie.

-Merci mon Comte. murmure-t-elle en s’installant. Si elle désire ne pas venir… N’insistez pas.

Nicolas hoche la tête, s’excuse auprès des invités et part dans les escaliers… Il a du mal à se repérer dans le manoir, même s’il n’a rien de labyrinthique. Après deux erreurs, il toque enfin à la bonne porte quand il entend la voix de sa tante lui répondre. Il souffle avant d’entrer… Marie est assise dans un lit à baldaquin, tout en soie blanche. Sa robe est simple et vaporeuse : elle est bien différente dans cette tenue par rapport à celle qu’elle porte dans les écuries. Réservée, triste,… éteinte. :

-C’était la chambre d’Hélène.

Il ne répond pas tout de suite, jette un bref coup d’œil sans intérêt pour la coiffeuse, la porte menant à une salle de bains privée, ou le détail des fioritures aux murs. Il est concentré sur Marie qui baisse les yeux, comme une enfant perdue sans sa grande sœur. :

-Elle était parfaite tu sais ? Père la gardait comme un oiseau précieux en cage… Mais elle était si amoureuse que ça a dépassé tout le sens de l’honneur qu’elle avait appris avec lui.

Nicolas s’installe à ses côtés. Marie a… quoi ? 35 ans ?... Quelque chose dans ces eaux-là, puisqu’Hélène en avait 42. Qu’avait-elle subi au départ de sa sœur ? Il ne pouvait pas l’imaginer. Elle en parle au passé, comme si elle était morte, alors qu’elle est bien vivante. A quelques centaines de kilomètres, mariée à un ex-alcoolique qui battait son gosse,… mais vivante ! Nicolas qui s’était senti tellement seul en grandissant… est-ce qu’il aurait repoussé un frère, une sœur, rendu fou par le chagrin, la trahison, le silence ?... Il n’en sait rien. Alors il hausse les épaules. :

-Beh… Elle n’était pas si parfaite alors hm ?... Du moins le parfait que votre père attendait. Tu ne l’es pas non plus… et je suis probablement loin, trèèèèès loin de l’être !

Elle rit, à la fois amusée par la vérité et blessée au plus profond d’elle-même. Il ajoute plus sincèrement. :

-Ta mère m’a dit que j’étais pas obligé de te forcer à venir…

-…ce qui veut dire que je le dois.

-Mouaiiiis… Désolé.

Marie éclate de rire pour la première fois aujourd’hui. Le même rire qu’Hélène, la tête en arrière, la gorge déployée… Comme si rire aux éclats était trop rare pour elles. Nicolas, sans le vouloir, comprend un peu mieux ces deux femmes. Il sourit faiblement. :

-Tu sais… Pour toi, me tutoyer doit être l’équivalent d’une insulte mais… ça me fait du bien.

Elle s’arrête brutalement, le regarde dans les yeux. Il y a un bref moment de compréhension entre eux. :

-Hélène m’a dit la même chose… Il y a si longtemps. elle inspire, ressemblant son courage. Bien. Mon neveu… Allons-y.

Il lui offrit son bras et ils descendirent dans la salle à manger où le service attendait leur arrivée pour placer le velouté de champignons devant eux. Nicolas prie… pas Dieu, ptdr, contrairement au reste de la table, nan il remercie intérieurement les quelques leçons de bienséance qu’Adélaïde lui a offert : il sait quelle cuiller utiliser grâce à elle. Noémie félicita brièvement les cuisiniers des Lacviviers, comme le veut l’étiquette, sans trop insister, avant de se tourner vers Nicolas. :

-J’étais dans la même classe que votre père au lycée. J’ai été témoin de la rencontre entre Hélène et François… Vous lui ressemblez beaucoup mais… vous êtes aussi le fils d’Hélène, je le vois nettement maintenant.

Nicolas ne peut s’empêcher d’être étonné. Si ses yeux d’argent indiquaient clairement son affiliation à la famille des Lacviviers, on lui avait rarement dit qu’il ressemblait à sa mère. Il n’avait pas sa grâce et ses cheveux blonds, sa petite taille et ses manières. Curieux, il pose alors la question. :

-Qu’est-ce qui vous fait dire ça ?

-Hm… Un éclat dans le regard. De la curiosité. Dominique aide-moi voyons…

Son mari leva son nez de l’assiette pour observer Nicolas après avoir poussé un énorme soupir. Nicolas battit des paupières. L’homme avait l’air ennuyé mais il ne dégageait pas du tout cette émotion. C’était plutôt quelque chose comme de l’inquiétude. Nicolas se mit instinctivement aux aguets, mais la seule autre émotion étrange à la tablée était celle de Mathilde Niel, profondément ancrée dans la gêne. :

-Il ressemble plus à François. conclut simplement Dominique avant de préciser. J’étais un de ses amis d’enfance. Le Comte n’aurait pas teint ses cheveux ce serait d’autant plus évident.

Silence… Nicolas touille sa soupe… …Ouaiiiiis ambiance. Il ne sait pas quoi dire pour alléger l’atmosphère… Tout ce qui lui vient sont des blagues qui paraîtraient déplacées pour des bourgeois et-… ils étaient pas sensés parler de l’avenir de la famille ? Que foutaient les anciens « amis » de ses parents à un dîner de « famille » ? Cécile de Lacvivier reprit la parole dans un instant de flottement, juste avant que le ballet de domestiques ne remplace l’entrée terminée par le plat -Nicolas échappa un « merci » que les autres prirent la peine d’ignorer. :

-Mathilde mon enfant, dis-nous où en sont tes études.

Mathilde, qui s’était montrée discrète, eu un léger sursaut en entendant son nom. Elle se redressa et s’adressa timidement à Nicolas, non pas à celle qui venait de lui poser la question… :

-Je suis en faculté de Médecine…

-Ah ? Vous aussi ?

-…Vous voulez devenir médecin, monsieur le Comte ?

-Non, j’ai un double cursus en Master Biologie. Je suis à la fois en laboratoire en génétique, et sur le terrain, pour la biodiversité. C’est mon partenaire qui étudie la Médecine.

-Mon ?

Le claquement d’un couvert contre une assiette éclate, et tous regardent le visage de la Dame de Lacvivier virer par toutes les couleurs possibles… Marie, à côté de Nicolas, semble hyperventiler ; elle est en fait en train de retenir un rire. Mathilde est si soulagée qu’elle s’affaisse un peu sur son siège. Les parents Niel se regardent sans savoir quoi dire. Le silence dure et Nicolas vient seulement de saisir ce qu’il vient de se passer.

L’ « avenir » de la « famille » de Lacvivier, après avoir « accepté » un « bâtard » comme « héritier », est donc de le « marier » à une autre famille noble, histoire d’avoir une « lignée » qui fait pas trop « tâche » aux yeux des autres bourgeois, sans doute. Et il venait de tranquillement balancer qu’il n’était pas célibataire… ni hétéro. Woups. Il jette un regard à sa tante dont les épaules tremblent tellement elle contient son hilarité, ses yeux mouillés essayant de lui dire quelque chose qu’il ne comprend pas parce qu’il est, un peu, sous le choc d’avoir casé cette info importante l’air de rien, en voulant répondre innocemment à une question. Bon. Au pire eh, c’est fait.

Nicolas n’avait pas honte de qui il était, ni de Mathéo. Il renifla, découpa un morceau de viande qu’il trempa dans la sauce au vin, comme le bâtard qu’il était, et parla tout en la mastiquant. :

-Il est doué. Il m’a déjà sauvé la vie plusieurs fois, et je n’exagère pas.

A la confirmation qu’attendait probablement la vieille femme, Cécile de Lacvivier se permit d’être encore plus malpolie que Nicolas l’avait été en quittant brutalement la table sans s’excuser. Un poids énorme disparu avec elle et toute la tablée se détendit aussitôt. Surtout Marie, qui lâcha enfin son rire, le nez quasiment dans son assiette, les joues pleines de larmes. :

-ELLE A- AH ! On a essayé de te fiancer- OUH ! A MATHILDE ! AHAHAAAH !

-Ouaiiis, j’ai compris au bout d’un moment… Désolé, ajoute-t-il à l’adresse de la famille lui faisant face, mais j’ai vraiment… pas ce genre de compétences sociales.

-OH lala moi non plus ! fait le mari en s’adossant au fond de son siège, glissant au point de presque disparaître sous la table.

-Dominique n’a pas de sang « noble » non plus. Notre mariage n’a pas été très bien accueilli par ma famille.

-Eh. Vous avez été inspirés par mes parents ?

Le couple se regarda, et il put voir enfin de l’affection dans leurs yeux. Noémie sourit. :

-Oui. En quelque sorte, oui.

Le reste du dîner se passa bien plus tranquillement ; plus de silence étrange, tendu, des anecdotes d’un peu partout, entre Marie et sa jeunesse avec sa sœur, les parents Niel et leur adolescence avec Hélène et François, même Mathilde parlait librement de ses amies de l’université, de sa curiosité pour la culture japonaise et Nicolas lui répondait sans problème de ses amis de la Cool Patrol en retour, et de l’animation des rues de Tokyo, au coin plus posé qu’est l’Institut. Ils avaient fini qu’ils discutaient encore, Nicolas ramena son manteau de cuir, celui de François, pour le montrer à Dominique. L’homme eut aussitôt les larmes aux yeux en le reconnaissant. :

-Il a vieilli, mais c’est bien lui !

-Il a eu pas mal de dégâts aussi… Mais je l’ai bidouillé pour le garder aussi longtemps que possible.

-S’il était là-…

-Il ne l’est pas.

Nicolas l’a interrompu très vite parce qu’il a senti à quel point le chagrin du deuil était encore très présent chez lui. Et… ça fait si longtemps qu’il s’est suicidé. Ça fait si longtemps qu’il faut arrêter de se torturer avec toutes les questions qu’il a laissé en suspens. La soirée finit sur une si belle note. ET PIS MERDE IL EST PAS LEUR PSY A LA FIN. ALLEZ CONSULTER MERDE ! Nicolas prit une profonde inspiration avant de se pencher vers Dominique, comme s’il était sur le point de lui dire un secret. :

-Et entre nous heureusement parce que je sais pas comment il aurait réagi devant la réaction de la Dame de Lacvivier.

L’éclat de rire qui suivit répondait un peu à sa question.

***

-Eh.

Nicolas se retourna. Il était assis sur les escaliers, devant le manoir, fumant enfin pour la première fois depuis ce qui lui paraît être une éternité maintenant -depuis Terrae en fait. Il avait accompagné la famille Niel jusqu’à leur voiture et s’était dit qu’il pouvait en profiter… Si ce n’était pas le cas, sa tante ne le fit pas remarquer. Marie descendit quelques marches pour le rejoindre, soulevant de manière inélégante ses robes pour pouvoir écarter les jambes et s’asseoir confortablement à côté de lui. :

-Tu t’inquiètes à propos de ma mère ?

-Nan. Elle n’y peut rien, moi non plus,… Qu’elle s’y fasse ou non ne change rien pour moi. Elle a ignoré le fait que j’étais un bâtard, elle n’a qu’à ignorer que je suis pas hétéro.

Marie lâcha un rire. :

-En tout cas si elle te casse les couilles, t’as une alliée ici.

-…T’es bien gentille comparé à cet aprem dis.

-…Ok, peut-être un peu plus qu’alliée. Mais chut.

Il la poussa un peu de son poing. Son secret était bien gardé. Il écrasa sa cigarette mais garda le mégot dans son cendrier portable. En se levant il souffla. :

-Dans tous les cas j’ai aucune idée de quoi faire maintenant. J’vais pas m’excuser pour ça… J’dois aller lui parler quand même ?

-Nah t’occupes je m’en charge. Tu devrais rentrer chez toi. Tu veux un taxi pour l’aéroport ?

-Hm. J’ai mes secrets aussi.

Marie haussa un sourcil, puis ses épaules. Il y a déjà eu trop de révélations dans la soirée pour qu’elle y accorde plus d’importance. Ils s’échangèrent leurs numéros et adresses mail, puis Nicolas remonta l’allée de cailloux blancs, argentés dans la nuit étoilée -ça faisait si longtemps qu’il n’avait pas vu aussi clairement la Voie Lactée-, bordées de tilleuls noirs comme des ombres. A la grille, il sortit son cristal de Téléporteur.

Le soleil était levé à Terrae. Il y avait de l’agitation dans la maison. Lou l’aperçut à travers la baie vitrée et s’empressa de poser les tartines que venait de griller Jérémy sur la table, puisque Charlotte tressaillait d’impatience. Elle n’a pas le temps de lui poser des questions qu’il posa sa tête lourde sur son épaule et la serra dans ses bras. :

-Nicolas… Ça s’est pas bien passé ?

-Moyen… C’était surtout fatiguant. J’te raconterai ‘Ma.

Elle le repoussa gentiment pour voir son visage… Bien sûr qu’il était fatigué, mais elle avait dans ce regard cette autorité qui lui disait qu’il ne couperait pas à des explications. Jérémy sortit à ce moment de la cuisine. Il s’arqua en arrière pour dire à Aaron de sortir une tasse à Nico qui venait de rentrer. Il y eut un drôle de bruit mais tout le monde l’ignora pour se placer à table. :

-Colas ! T’as pas ramené de souvenirs ?

-Nan désolé Lottie. J’y penserai la prochaine fois.

Une tasse de café noire apparut devant lui et il se tourna pour faire face à Aaron. En vrai, il en avait des choses à dire. Ces gens là-bas ne savaient rien de lui, ces gens là-bas avaient voulu changer son nom, ces gens là-bas avaient voulu le fiancer à quelqu’un qu’il ne connaissait pas. Mais Nicolas sourit… A ce moment-là, ici, il était à sa place et il voulait profiter d’un petit déjeuner normal en famille. Il s’empara d’une tartine beurrée, mordit dedans joyeusement et sirota l’or noir dans un soupir content. :

-Alors ?... fit Jérémy, trop curieux pour retenir ses questions. Qu’est-ce que t’as bouffé ?

-Mec… J’en ai aucune fichtre idée !


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