Après une bonne nuit de sommeil, Senri s'éveilla.

- YAMADA STYLE : SUPER RÉVEIL !!!

Il passa de son lit à sa salle de bain. Son crâne arracha le rideau de douche avant que son corps ne se torde dans la minuscule douche qu'offrait uen chambre d'initié. Se relevant fièrement, Senri arracha ses bandages et chassa les compresses de son visage en ouvrant les robinets. Il contracta ses muscles et poussa un râle guttural alors que l'eau glacial coulait sur son corps tumefié.

Si son visage avait dégonflé, il était encore coloré d'hématomes, au même titre que son poitrail. La peau de ses mains ne s'étaient pas encore totalement reformée. Les écorchures et les engelures étaient encore légions. Mais rien ne pouvait entamer la détermination du jeune Yamada. Tant et si bien que quand il sortit de sa douche il alla soulever deux haltères de trente kilos à bout de bras en hurlant. Alors que son visage se crispait sous l'effort, ses plaies faciales se rouvrirent et projetèrent quelques filets de sang dans les airs.

Après être repassé par la case douche et à l'infirmerie pour qu'on lui applique de nouveaux bandages sur la moitié de son corps il s'était rendu à la cafétéria. Où il avait englouti trois bols de céréales, quatre de riz, cinq toasts et trois brochettes de poisson.

Après être repassé dans sa chambre pour finaliser sa toilette, il se télécogna jusqu'aux thermes où il parvint à négocier avec sa patronne qui s'il condensait ses objectifs de la journée en une matinée, elle le laisserait partir à midi. Ce qui fut fait. Bien qu'à chaque téléportation il faisait plus de dégâts qu'il ne rangeait. Pour préserver son établissement, la gérante des bains le libéra. Le déjeuner fut alors quatre fois plus copieux que le petit déjeuner.

Senri dût repasser par sa chambre pour changer ses bandages. Il s'y permit même une petite sieste. Ce deuxième réveil fut similaire au premier, sauf qu'à la place de se télécogner dans sa douche, c'est contre le sol du couloir que le crâne de Senri s'écrasa. Mais il en fallait visiblement plus pour venir à bout du tonnerre.

Il se redressa acrobatiquement et se jeta dans les escaliers. Senri gravit les étage bousculant les passant et se cognant contre les murs, parfois l'inverse, jusqu'à enfoncer d'un coup d'épaule, la porte de la salle d'entraînement.

Le souffle court, un sourire aux lèvres et des bandages débrayés, Senri était planté au milieu de la salle. En débardeur ample gris et short noir.

Il est maintenant temps de revenir sur les raisons d'un tel empressement et d'un tel enthousiasme. Pas plus tard qu'hier, quand il avait fini à l'hôpital suite à, sa très glorieuse, défaite face aux masters, il avait découvert un mot d'Aaron. Ce dernier avait promis un entraînement au garçon et ce dernier, était plus que motivé.

- On va voir qui fait des éclairs qui font pitié !!

Il tapa glorieusement contre son torse tout en sautillant sur place et en frappant le vide.

Il était une fois un Master qui aurait préféré ignorer les bêtises d’un gamin qui aime trop casser des trucs avec son crâne. Oué. Mais visiblement, c’est trop compliqué pour moi, et j’me retrouve à prendre Senri sous mon aile pour mieux gérer Tonnerre et Téléportations histoire qu’il se tue pas et tue pas la moitié de Terrae. Pourquoi j’ai fait ça ?........ VRAIMENT ?? Je sais pas. J’crois que l’anxiété sociale face aux regards flippants d’Ashton en salle des Masters a joué, snif.

Non, en vrai, il m’fait un peu d’la peine, et ça m’énerve de le voir se faire mal comme ça. J’espère vraiment qu’on réussira à faire un truc sans qu’il casse tout. Raison pour laquelle je me ramène à notre lieu et heure de rendez-vous avec un casque utilisé en boxe pour lui éviter un traumatisme crânien.

C’est donc, grosso modo, Tarzan version Momie d’Halloween, que je retrouve dans la salle d’entraînement. Je cligne des yeux, déjà épuisé d’avance… J’suis aussi en tenue de sport, jogging et manches courtes avec un gilet de sport pas fermé par-dessus. J’reste immobile quelques secondes avant de m’avancer.

—Toujours toi, mais j’veux bien la démo puisque t’es si motivé à me prouver que j’ai tort, j’souris en coin, m’avançant vers lui en lui jetant le casque dessus pour qu'il l'attrape... ou non. Salut. T’as l’air en forme dis-moi ?

Moi. Lol. J’suis drôle hein.
J’le dévisage un peu et le regarde de haut en bas.

—Ca va aller pour tes blessures ? Ils ont dit quoi à l’infirmerie ?

— Okay!!! Préparez-vous à en avoir plein vos mirettes !!

Senri était plus qu'excité par cet entraînement. Il fonça jusqu'aux appareils de musculation — rattrapant le casque au dernier moment et le laissant tomber par terre — il chargea directement cent quinze killos sur une barre. Il l'attrapa et la souleva à plusieurs reprises. Ses veines commencèrent à se dessiner sur ses bras et ces pectoraux, presque à travers les bandages. Il marcha, comme une espèce de croisement entre un sumo et un tank, vers Aaron.

Il fit tomber la barre après une vingtaine de répétitions à quelques mètre de son mentor ; le souffle court et la face écrevisse. Mais, au cours de l'exercice, une série de petits éclairs avaient commencé à courir de son crâne à ses épaules. Le garçon bomba le torse.

— Vous avez vu comme je suis trop fort !! Et regardez ce que je peux faire aussi !!

Le garçon concentra ses éclairs au sommet de son crâne, fléchit les genoux et se téléporta. Il réapparut en l'air. Le bruit de son crâne contre le plafond raisonna dans toute la salle d'entraînement. Les éclairs sur son crâne zèbrèrent sur le plafond dans un périmètre de cinq mètres autour de lui. Et soudainement, la pièce fit plongée dans le noir tandis que le garçon chutait. À demi assommé.

Par un coup du sort assez incroyable, Senri, au lieu de s'écraser contre le sol et d'eparpiller sa cervelle sur les chaussures d'Aaron, eut la chance d'avoir sur le trajet de sa chute le casque qu'avait ramené le Master. Ce qui explique pourquoi, il ne mourut pas cette fois-ci.

— AARON-SENSEI ? Vous êtes là ? Je suis mort ?! Si jamais vous m'entendez, je suis dans le noir. Mais mes blessures vont bien ! Ils ont dis que je pouvais reptendre l'entraînement !

Lorsque la lumière serait de retour, l'on pourrait observer autour de Senri des tâches rouges éparses. Un peu partout sur son corps.

Mais. Mais wesh putain, les gens normaux répondent "oh salut" avant de répondre "WESH JE VAIS TE PROUVER QUE JE SUIS LE WARRIOR TELEPORTER C MWA LE PLUS FOR". Il répond même pas à ma question et je le regarde soulever du poids comme le musclor qu'il est. Wow. Ok moi je soulève ça je me pète un bras, allez salut. Attendez il se dirige vers moi là ? Non non non recule recule-

Ok. Y a des éclairs qui se forment. Est-ce que vous pensez qu'il fait des éclairs aussi quand il est constipé et qu'il va aux chiottes ? J'ai besoin de savoir, les enfants. (En fait je suis pas sûr d'avoir envie de savoir mais... ma curiosité naturelle va prendre le dessus sur ma raison, là. Enfin, l'important c'est que j'évite de poser la question à voix haute, hein.)

—Woah, c'est cool Senri...

Ma voix est un peu moins enthousiaste que ce que mes paroles pourraient laisser croire, mais je suis surtout INQUIET quand il me dit qu'il peut faire mieux. Quand on voit que faire mieux = arracher des portes, chez ce garçon, je vous jure que l'inquiétude est très sauvagement légitime.

D'abord, il concentre ses éclairs au sommet de son crâne, s'apprête à sauter........... et se téléporte dans le putain de plafond. Les éclairs font un feu d'artifice en son et lumière dans la salle d'entraînement, défonçant joyeusement le système électrique, comme PUTAIN de d'habitude. Il a de la chance que je l'aie pas vu tomber parce que sinon je crois que je lui aurais foutu un coup de pied au cul directement, putain.

POURQUOI JE LUI AI PROPOSÉ UN ENTRAÎNEMENT.

Il commence à beugler à quelques mètres max de moi, et je fais apparaître une multitude de sphères électrifiées autour de moi pour éclairer un peu. Vu la tête que je tire (un truc proche de "-_-" emoticonement parlant") ça doit faire bien flipper à la lumière des sphères. Deux d'entre elles tournoient autour de sa tête pour que je jauge les dégâts..... il est miraculeusement tombé sur le casque. J'inspire et fais demi tour sans répondre, récupérant un tapis en mousse après l'autre pour les foutre sur le sol sur un bon périmètre. Je retourne vers Senri, récupérant le casque.

Levant la main vers le plafond, je concentre les sphères dans ma main et déverse l'énergie dans le système électrique. J'essaie de gérer les fusibles à distance, remettant le système en route. La lumière revient et je constate que Senri s'est encore ouvert. Mais je. Je vais le tuer, ce gosse !!!

—Toi. Tu sors plus de ce périmètre de tapis, je veux plus te voir te téléporter volontairement ailleurs que dans ce carré de la séance. ET METS MOI CE FOUTU CASQUE, je beugle à moitié, lui jetant le casque en mousse dessus.

PUTAIN MAIS JE SUIS VÉNÈRE VAZY. Je plisse les yeux en le regardant, lui balançant un vieux paquet de mouchoirs qui traîne dans ma poche :

—Si t'es pas en état ou que tu te retéléporte dans un quelconque mur, plafond ou meuble, je te dépose directement à l'infirmerie et je demande à ce qu'on t'attache. Capiche ? Tu pisses le sang.

Lorsque que Senri leva les yeux vers la source de lumière qui venait d'apparaître, il hurla et sursauta pour finalement, s'asseoir sur ses genoux, le dos bien droit, comme le brave élève qu'Aaron méritait. Car c'était bien le visage blasé de son mentor qu'il avait vu en clair-obscur. Et qui avait manqué de lui faire se faire dessus.

Mais la peur laissa rapidement place à l'émerveillement sur le visage de l'adolescent quand, il vit son mentor rétablir l'électricité à l'aide de sphères électriques qui tournoyaient autour de lui.

— WOAH TROP CLASSE APPREN- Oui SENSEI, d'accord SENSEI !

Le regard noir d'Aaron couplé à la vision que Senri avait eut du visage de son professeur avaient rendu l'adolescent bien plus docile. Cela dit, son enthousiasme n'avait en rien était entamé. Il attrapa le casque et le vissa sur sa tête avant de se téléporter au centre du périmètre qu'avait montré Aaron, les fesses en l'air. Il retomba en arrière et se releva d'un bond durant lequel il tourna sur lui-même pour être face à Aaron.

— Voilà !! Chu prêt !!! On va apprendre quoi ?! À balancer des lances électriques a chaque tp?!

Senri était tout excité à cette idée d'entraînement. Néanmoins, il n'oubliait pas les menaces d'Aaron. Bien que, ce dernier avait dit qu'il le ferait attacher. Mais Senri était téléporteur, et certain d'être capable de se défaire d'un quelconque lien.

J'pensais pas que ma gueule pouvait calmer quelqu'un aussi vite, je note l'astuce des lumières glauques, merci Senri pour ce cours digne du plus grand intérêt pédagogique. Il est beaucoup, beaucoup trop déter pour ma propre santé mentale, mais je sais très bien faire illusion habituellement, alors je vais faire illusion. Imagine juste que tu as ingéré de l'alcool, Aaron, ça ira TOUT SEUL. (ou alors tu auras juste envie de lui foutre ton poing dans le nez — et comme il est boxeur pro il va te mettre la misère — ou te regarder avec des étoiles dans les yeux en disant "oh oui sensei frappez moi encore", brrr, vision d'horreur).

Je secoue la tête par réflexe, un peu épuisé d'avance. Au moins, il est sur les tapis et il ne risque pas la mort par téléportation dans un mur, comme ça… Je grimace à sa question.

—Alors… non, pas tout de suite.

"Pas tout de suite". Pourquoi j'ai dit "pas tout de suite" ?!!!! C'est pas au programme putain, j'peux pas réfléchir avant de causer des fois ?! Avec un soupir, je reprends :

—D'abord, avant de s'occuper de l'électricité, je crois qu'il va vraiment falloir régler le problème de tes téléportations parce que tu vas finir par te défoncer le crâne, p'tit chou. Donc, bien : j'aimerais que tu téléportes sur les tapis que je désigne, et uniquement ceux que je désigne. Si tu te prends un mur, je te fous un coup de jus en plus.

Bon, un mini coup d'jus, c'est genre l'électricité statique quand t'ouvres ton frigo et qu'il essaie de te dissuader de prendre une quatrième bière ; j'suis pas SI sadique. Mais quand même. Faut lui faire passer l'envie de se défoncer le crâne, hé, j'connais pas d'autre motivateur, là !

Les yeux de Senri s'illuminèrent quand Aaron ne fit que remettre à plus tard le lancé de lances électriques entre chaque téléportation. Il se mit même à sautiller sur place et à murmurer compulsivement :"Trop hâte, trop hâte, trop hâte, trop hâte". Mais s'il était très enthousiaste, il n'en était pas moins attentif. Quand Aaron annonça l'intitulé de l'exercice, le garçon frappa dans ses poings avant d'adopter une Jojo pose des plus caricaturale.

— OKAY JE SUIS PRÊT VOUS ALLEZ VOIR, JE VAIS FAIRE UN SANS FAUTE !

Cinq secondes plus tard, le casque de Senri s'écrasait contre un mur tandis qu'un éclair remontait le long de son postérieur.

— Ça fait super mal !!!

Il souffrait plus de la punition de son professeur que des chocs répétés sur son crâne. Il se télécogna à nouveau sur un des tatami et revint au centre.

— Cette fois, c'est bon, je le sens !

Un bruit en provenance du plafond et un hurlement raisonnèrent à travers la salle d'entraînement. De retour au centre des tatamis, Senri secoua la tête. Il défit son casque, et claqua ses deux mains contre ses joues, lorsqu'il les abaissa, il avait deux marques rouges aux joues.

— OK ! Warrior Téléporteur en mode super précision !

Il remit son casque et planta ses pieds au sol. Il inspira et expira longuement. Faisant le vide dans son esprit. Très vite, des sons familiers lui revinrent en mémoire. Les baskets qui crissent contre le sol, les paumes qui s'écrasent contre le ballon.

La téléportation était comme un match de volley.

Premier tatami. Senri s'y téléporta les pieds en l'air et le front — casqué — à la limite du sol et du tatami. Deuxième tatami. Toujours le front contre le tapis, mais cette fois il était un peu plus proche du tapis. Troisième tatami. Il se téléporta alors qu'il retombait de sa deuxième téléportation, en même temps que son crâne, son poing heurta le tatami, faisant tournoyer son corps sur lui-même. Cinquième tatami. Senri glissa son poing contre son visage comme pour se protéger d'un coup. Son crâne fut cette fois preservé du tapis. D'une impulsion du bras, Senri se jeta en l'air pour se remettre debout.

Il haletait un peu, une main contre sa cuisse, les yeux vers ses pieds. Il releva un visage qui peinait à contenir un sourire vers son mentor.

— Comment je m'en suis sortie ?

Il sautille sur place. Il… Ok, c'est bon, J'AI FAIT UNE CONNERIE. Il va jamais oublier cette histoire de lances électriques. J'suis dans la merde. Puis il me fait une pose power rangers. Jepleur. Mais j'vais lui laisser le bénéfice du doute : après tout, c'est un p'tit gars très étonnant !! J'suis sûr qu'il peut y arriver !!


En fait, pourquoi j'ai de l'espoir ? Pourquoi je l'entraîne ? POURQUOI, CIEL, QU'AI-JE FAIT ?! Bon, du coup, il se prend les murs, et moi j'lui envoie de petits coups de jus dans son postérieur. Rien de fou, c'est le genre de court-jus par électricité statique que tu te prends quand tu touches une portière. Du coup, surprenant, je dirais, mais pas si douloureux.

—Que dalle ça fait mal, recommence !!!

Il paraît que je suis un tyran. Eh bien, c'est faux : j'aime juste donner des motivations supplémentaires à mes élèves, C'EST TOUT. C'est comme le lancer de craies pendant les cours : c'est UTILE. J'souris en coin à Senri et acquiesce quand il recommence… Et il se retéléporte dans le plafond. Blase. Le. Blase. P'tain. Senri… Je croise les bras et le regarde faire, à la fois dépité et embêté, parce que je sais pas comment faire pour lui faire comprendre qu'il faut qu'il arrête de faire n'importe quoi avec son corps. C'est pas normal qu'il finisse aussi souvent dans un obstacle, il s'en veut ou quoi ?!

Et puis là, il commence à réellement se concentrer et je hausse un sourcil. Un sourire vient remonter le coin de mes lèvres. Il manque de se ramasser, mais y a du progrès. Doucement, je hoche la tête. Tout va très vite, mais il gère. Ce pouvoir aurait été fait pour lui. Quelque part, je comprends sa rancoeur à l'idée d'être sensitif. J'applaudis avec un rire.

—Super bien, t'as géré. Tu vois qu'ça va mieux en te concentrant...

Je lui tends mon poing pour un fist-bump.

—On fait une pause quelques minutes et tu recommences, ça t'va ? T'es allergique à un truc ?

Je lui balance une barre de céréales choco-banane-miel.

—C'est important, le sucre !

Senri se jeta sur ses jambes, tout pimpant et souriant. Il était tellement content d'avoir réussi à s'en sortir.


— Je suis à fond, m'sieur !!


Et il se sentait tellement "à fond" qu'il voulut taper son poing contre lui de son mentor. Mais, finalement il ne fit que se téléporter contre le poing de son mentor et retomba lourdement en arrière. Et juste après, la barre de céréale lui tomba sur le nez.


— Ouille.


Il attrapa la barre entre ses dents à l'aide d'une magnifique contraction de muscles faciaux. 


— J'crois j'maîtrise pas encore bien ! Faut vraiment que je sois concentré au max !!! Mais c'était trop bien !! Vous avez vu comment je faisais, genre whoam, FIOU, Prrrrsht!!!


Tout en parlant, il avait englouti la totalité de la barre de céréale — l'emballage avait d'ailleurs disparu — et souriait de toutes ses dents.


— Et maintenant on fait quoi ?! Je suis trop méga à fond !!! Je pourrais me téléporter en Alaska !!!


Il s'était redressé et faisait à présent des pompes. 

Le fist-bump qu'il me fait n'est pas des plus ordinaires, mais voilà, ok, c'est Senri, j'accepte tout tant qu'il ne se fracasse pas la gueule, ne me fracasse pas la gueule, ou ne fracasse pas la gueule à quelqu'un d'autre. …. En fait non, je retire : j'accepte tout, sauf le fait qu'il vient de bouffer une barre de céréales entière tout en parlant, emballage compris. Je ne veux pas savoir comment fonctionne ce miracle. Je ne veux pas. C'est trop pour moi, désolé-

—Tu t'es bien débrouillé, ouais. Par contre, enlève l'emballage, la prochaine fois, s'te plaît-… C'est pas bon pour ta santé… Il va te pousser un onzième orteil sinon, c'est cancérigène les emballages !

Maintenant la question est : est-ce qu'il va penser que je suis sérieux ? J'en sais rien, mais franchement, je veux tellement, tellement voir la tronche qu'il va me tirer.

—Alors. Non. Fais pas ça. Il fait super froid en Alaska, j'ai expérimenté en caleçon, et ça fait partie du top 10 des événements magiques les moins funs de mon existence !

Enfin, on enlève les événements tragiques direct, hein, mais ça c'était pas tragique, c'était juste pathétique hmhm- Pourquoi il fait des pompes en fait ?

—Bon ! Hm. Tu veux pas garder ton énergie pour utiliser tes p-… Non, laisse tomber.

S'il s'épuise plus vite, on aura fini plus vite.

—Maintenant……. (J'fais durer le suspense.) J'aimerais que tu recommences jusqu'à ce que ça devienne naturel.

Bah ouais.
D'abord on maîtrise un truc avant de passer à la suite, tocard. Ca devrait lui prendre quelques séances pour être maîtrisé, easy, héhé. Aaron, meilleur prof !

Le visage de Senri se décomposa pour traduire la terreur quand son professeur parla de cancer. Mais son visage prit soudainement un visage pensif.

— MAIS !!! Si j'ai un onzième orteil, je pourrai me muscler et devenir super fort avec... Et si je mange plein d'emballage, j'aurais un nouveau bras ?! Mais le cancer, ça affaiblit... Raah. Je voulais avoir trois bras, moi...

Il ne resta pas avec son air penaud longtemps. Puisqu'Aaron lui parla de son expérience en Alaska, Senri eut comme des étoiles dans les yeux.

— WOAH MAIS VOUS ÊTES TROP FORT SENSEI !! C'ÉTAIT UN ENTRAÎNEMENT SPÉCIAL MASTER ?!

Alors qu'il s'était lancé dans une série de pompes, Aaron prononça la reprise de l'entraînement, l'adolescent resta pendu aux lèvres de son mentor.

Recommencer jusqu'à ce que ça devienne naturel, ça sonnait bien !

Senri sauta sur ses pieds et revint au milieu des tatamis. Il ferma les yeux et reprit ses téléportations dans la zone délimitée par Aaron, il se cognait encore souvent, mais de plus en plus souvent il se rattrapait.

Au bout d'une bonne trentaine de minutes, le garçon suait à grosses gouttes et, lorsqu'il jeta ses bras vers le sol pour se réceptionner, ces derniers s'affaissèrent et il roula sur le sol, en dehors des tatamis. Le souffle court et les bras pendouillant devant lui, il tenta de se relever. Et, entre deux expirations, parla à Aaron.

— Faut... Que j'fasse sans... Les mains ?! JE SUIS PAS FATIGUÉ HEIN !!!

Le fait de hurler ces mots lui déclencha une violente quinte de toux qui lui fit poser un genou à terre. 

Putain mais tuez-le, j'sais pas, faites un truc. Je lui lance un regard ennuyé lorsqu'il évoque la pousse d'un troisième bras.

—Non, une bite va te pousser sur le front, par contre.

Plus aucun respect en moi, c'est bon. C'est mort. J'en peux plus d'toi, Senri !!!

Cela étant, je cligne des yeux quand il crie que… C'est trop fort ? Parce que je suis allé en Alaska ? Mais NON, j'étais juste avec un gamin, en caleçon, du coup j'ai du passer pour un foutu pédophile, on s'est téléporté dans des endroits improbables, on a fait coucou à la Reine d'Angleterre et pour finir- Nan je veux plus repenser à ça ! C'était pas trop fort ! Mais, désireux de ne pas briser les espoirs de mon cher élève, je lâche :

—Evidemment. Mais à ne pas reproduire à la maison !

Ptdr je suis faible.

L'entraînement continue pendant un moment, et j'avoue je me barre en plein milieu pour boire un jus d'orange, puis je reviens comme une fleur avec ma petite brique, discutaillant avec Senri et les autres personnent qui nous regardent comme ça "o_O" dans la salle d'entraînement.

Quand il est mort au sol, je m'approche et me penche au dessus de lui, tout sourire.

—Nan, tu t'es bien débrouillé. On va s'arrêter là, même si tu es pas fatigué. Moi je suis ééépuisé, tu comprends, j'ai tellement de boulot…

Nan mais évidemment qu'il est crevé, mais il va râler si j'lui dis qu'il a l'air d'un mort-vivant-remort.

—On s'revoit la semaine prochaine pour continuer ?

Senri était toujours terrifié par les mises en garde d'Aaron sur une consommation abusive d'emballages et toujours admiratif de ses exploits au milieu de l'Alaska. Un jour Senri ferait pareil.

Cela dit, quand il fut au sol, il ne tarda à rouler et se mettre sur le dos pour récupérer. Entre deux respiration de bœuf, il répondit à son mentor.

— J'comprends... Je vais... Continuer... Tout seuuuul...

Il agita rapidement sa tête en réponse au rendez-vous fixé la semaine prochaine.

— OUAIS !! J'serais encore meilleuuuuuur...

Il dit ces derniers mots avec une fatigue plus que palpable dans la voix. Avant de fermer les yeux. Et de laisser échapper un sifflement caractéristique du sommeil.