- Merde ! Merde ! Merde ! Merde !

Les injures de Senri se répercutèrent contre les murs de la salle d’entraînement. Le souffle court, Senri se courba en avant pour poser ses paumes sur ses genoux écorchés, le souffle court. Il portait son short noir et pourpre avec un débardeur noir qui se collait directement contre sa peau du garçon à cause de la sueur.

Il se redressa, le corps encore engourdi de l’effort, il jeta un regard vers l’installation dédié à l’entraînement des tonnerres lunaires. Il se constituait d’un tremplin et sous ce dernier, plusieurs ronds, faisant penser à des cibles, qui étaient de plus en plus éloignées du tremplin.

En regardant ça, Senri enragea encore plus, il poussa un nouveau hurlement en se contorsionnant. Il leva soudainement son poing et l’écrasa de toute sa force contre son visage. Avec une puissance suffisante pour le jeter sur le tatami.

Après s’être lourdement écrasé par terre, Senri roula pour se mettre sur le dos. Une rougeur conséquente se formait sur sa joue en même temps qu’une sensation de chaud se propageait sur sa joue. L’adolescent contemplait le plafond, le regard vide. Depuis une poignée d’heures, Senri essayait de reproduire les entraînements dédiés aux téléporteurs, ce qui en soit, consistait pour lui, à sauter loin. Senri leva sa main devant lui, l’observant pensivement. Après tout, il n’y avait pas que les attributs lunaires et solaires qui constituaient ses pouvoirs.

Il ferma les yeux et se concentra, pour générer une manifestation de son pouvoir. Il sentit un timide grésillement sur le haut de son crâne qui s’estompa dans la seconde.

Senri rouvrit les yeux et envoya son poing frapper le sol. Une boule de rage tordait et remuait ses entrailles. Les dents serrées, le visage figé, déformé par tout un panel d’émotion négative, Senri se releva. Il avait repris un peu de souffle, mais sa respiration était toujours saccadée, par la colère cette fois.

Il avait besoin de se défouler. Autrement qu’en courant comme un dératé et en sautant dans les airs tout en espérant un miracle.

Las de ces quatre murs, le garçon récupéra ses affaires dans les vestiaires, enfila un sweat à moitié effilé et sortit. Il faisait déjà nuit quand la porte de la salle d’entraînement se referma derrière lui. Senri prit le chemin de l’institut, pour rejoindre les dortoirs. Pourtant, il se figea devant la porte, les yeux rivés sur ses pieds, la mine contrite.

Sans crier gare, il tourna sur lui-même et lança son sac dans les airs en hurlant de rage ; il n’y avait pas ses gants dedans, alors il se fichait pas mal de ce qui pouvait lui arriver. Une fois que le bruit sourd de la chute de son sac parvint aux oreilles de Senri, il se redressa, essoufflé et se cambra en arrière, soufflant comme un bœuf.

-Fais chier, fais chier, fais chier, JE VEUX TOUT CASSER !

Et sur ce hurlement, il décocha un coup de pied dans un distributeur à quelques pas de lui. Plusieurs canettes dégringolèrent à en juger par le bruit. L’adolescent, de son côté, tentait vainement de se calmer avec divers exercices de respiration.

Qu'on se le dise, j'aime mon job. J'adore être reporter, j'aime la photo et aider Terrae sur le volet médiatique me plait beaucoup. Mais parfois, juste… Ouais non y a des jours, travailler avec des gens me saoule profondément. J'suis pas quelqu'un d’asocial mais y a des jours où j'ai pas envie de faire d'effort.

Genre, aujourd'hui j'étais pas très motivé mais je suis quand même allé à la bibliothèque histoire de discuter du journal avec Piu. Autant dire que c'était pas un bon plan. Je pense qu'on devait pas être en phase mais j'avais pas envie de l'écouter. Finalement on a rien avancé, j'étais frustré et de mauvaise humeur.

Et comme je suis un peu con, au lieu d'aller me défouler sur un sac ou en courant, bah j'ai juste passé le reste de mon après-midi à m'occuper de mails. Soyons honnête, c'était la pire idée que je pouvais avoir. Même quand je suis de bonne humeur, ça a tendance à me mettre en boule. Devoir faire dans le diplomatique, le poli, la formulation… Tout ça me fait des nœuds au cerveau et à la fin j'ai juste envie de frapper quelqu'un.

En plus, quand je suis ressorti de l'institut pour rentrer à la maison, il faisait nuit. Évidemment, l'automne arrive et les jours raccourcissent. Un petit frisson me parcourt avec l'air frais et je réajuste ma température corporelle par réflexe pour ne pas avoir froid.

Respirer un grand coup me fait du bien et je profite de la cour quasi déserte un instant pour m'aérer aussi les pensées. Ma presque méditation est interrompue par un grand bruit sourd suivi des sons caractéristiques d'un ado frustré.

Bon… Lui, il a pas passé une bonne aprèm non plus visiblement. Y a des jours, je regrette presque d'être un adulte plus ou moins responsable…

Je ne mets pas longtemps à trouver la source du vacarme, un ado rasé en survet de sport qui donne un violent coup dans un distributeur. Je soupire lourdement.

— Oh, faut te calmer. La machine t'as rien fait, que je sache. Si t'as envie de taper sur quelque chose, y a des équipements pour ça, au gymnase.

Au pire, ça me donnera une occasion de me défouler. Il a l'air sportif mais c'est un initié, si vraiment il a besoin d'une correction, je l'emmènerai en salle des masters.

HRP:

Senri fit immédiatement volte-face en entendant une voix dans son dos. Il découvrit un adulte, cheveux roux, traits asiatiques. Pas banal. Senri eut un petit moment d’absence face à la chevelure de l’adulte. Parfois, il regrettait de ne pas laisser pousser ses cheveux pour, lui aussi, avoir une couleur de cheveux « cool ». Néanmoins, l’instant cheveu fut très vite englouti par la colère du garçon.

-J’en ai ma claque d’taper dans un sac.

Ou avec des gants. Depuis quelques jours, il avait l’impression que la barrière mentale qu’Aaron l’avait aidé à dresser était de moins en moins efficace. Il avait de plus en plus besoin de s’exprimer par une violence des plus sourde. Pourtant, son combat contre Tiago aurait dû suffire pour l’apaiser dans ses excès de violence. C’étaient certainement ses pouvoirs qui le poussaient à bout. Dans tous les cas, il n’avait pas envie de se retenir. Il voulait laisser ses sentiments et sa colère s’exprimer.

-Et j’me calme si j’veux et j’ai pas envie. Et encore moins si un putain d’visual key m’le demande.

Il arrivait que, dans un état de colère intense, la répartie de Senri faisait parfois un bond en avant. Et sa mauvaise foi aussi. Il adorait les visual key.

-Et t’façon, t’es trop vieux pour être crédible en vk, tocard.

Et sur ces mots, il dépassa l’adulte – dont il trouvait le look « super cool » et qui était devenu son énième nouveau modèle sans qu’il n’ose l’avouer - pour aller récupérer son sac.

C’est le moment où il faut nous arrêter un instant pour remettre quelques petites choses en contexte. L’homme disait vaguement quelque chose à Senri et pour cause, ce dernier était présent lors de son initiation. Quand l’adolescent avait fait émaner de sa tête un minuscule éclair en hurlant « SUPER-SAIYAN ». Malheureusement pour le jeune homme, la nature de Master de son interlocuteur lui avait totalement échappé. Ce qui expliquait son insolence et ses provocations mesquines.

Non pas que Senri aurait été plus respectueux face à un Master, néanmoins, le but de l’initié était clair ce soir. Il voulait un adversaire. Quelqu’un qui ne retiendrait pas ses coups.

Tout compte fait, ç’aurait été pire si Senri avait eut conscience que l’homme en face de lui était master.

En ramassant son sac, quelques mots passèrent à travers les lèvres de Senri. C’était un chuchotement incontrôlé, une sorte de mantra qui était survenu quand l’adolescent avait repensé au commentaire du roux.

-Je dois taper quelque chose de vivant.

L'ado est un gars assez musclé, le crâne rasé et il me répond en japonais. Oh, génial, encore un qui se prend pour un gros dur. Je soupire lourdement. Ma patience est extrêmement limité ce soir. S'il me cherche il va très vite me trouver et là je vais surement pas me contenter de le coller.

— Visual k- Oï, c'est ma couleur naturelle, gamin.

C'est qu'il continue de me chercher en plus, ce petit con. Ok, très bien, tu cherches quelqu'un pour te défouler, c'est bien. Tu m'as trouvé. Sa tête me dit vaguement un truc mais bon on voit défiler tellement de gens pour les initiations que je me rappelle rarement des têtes.

Il ma dépasse pour ramasser son sac qu'il avait du balancer avant. Je roule des yeux devant son attitude provocatrice. Vraiment, si tu voulais que je te tapes, tu pouvais aussi demander. J'aurais pas dit non.

— Oh, tu as envie de taper ?

J'ai un sourire sardonique, un sourcil levé. S'il se porte volontaire, je vais pas dire non. Que mes responsabilités aillent se faire mettre, moi aussi j'ai bien envie de taper quelqu'un et je vais pas aller déranger Nico ou Jérémy à cette heure-ci.

— Amène toi, alors. Si t'es aussi pressé. J'me ferai un plaisir de te donner une leçon, mais viens pas te plaindre, je t'aurai prévenu.

Lorsque Senri se redressa avec son sac sur l’épaule, la lanière qui écrasait son index et son majeur contre son épaule, il sentit sa mâchoire se crisper. Le roulement des yeux de l’homme ne faisait qu’accroître son agacement. Il détestait ce genre d’attitude supérieure. Même si, après tout, c’était tout ce qu’il cherchait.

- Ouais, t’as compris.

Il avait lâché ces mots sèchement, juste le temps que l’homme ne se tourne vers lui et ne l’invite à se battre. Un sourire passa sur le visage de Senri, la lanière du sac glissa de ses doigts et, lorsque celui-ci retomba une fois de plus sur le sol, Senri était déjà au contact.

Il envoya son pied fendre l’air, droit vers le visage de l’homme. C’était un coup précipité, sans technique et sans analyse des distances. Son pied ne toucherait pas, il était trop proche, ce serait au mieux son tibias qui écraserait la joue du rouquin. Senri avait usé de son élan pour se propulser le plus vite possible vers l’homme et porter son coup. Il n’était pas décidé à combattre comme un boxeur. Les barrières de la technique, ce soir, il n’en avait rien à faire. Il ramena son genoux rapidement vers lui. Tout en faisant céder une autre barrière, celle de ses pouvoirs de sensitif.

Il voulait ressentir autant de colère et d’agacement que possible. Bien que ces émlotions soient déjà suffisantes pour faire grésiller son crâne.

Sans cette étiquette de boxeur qu’il s’échinait à conserver à chaque face-à-face, il pouvait laisser libre court à ses pouvoirs de tonnerre. S’il ne pouvait pas être téléporteur, au moins il utiliserait sa foudre à son maximum.

Senri jeta son pied en arrière pour tourner sur lui-même - la précipitation avait empêché toute possibilité d’enchaînement. Un éclair jaillit en ligne droite vers le ciel quand il fit un tour sur lui-même pour se jeter sur le flanc gauche de l’adulte. L’adolescent jeta son poing droit en arrière, montant instinctivement le gauche à son visage, et l’envoya droit contre le visage de l’homme. Un éclair courut de son épaule à son poing.

Le visage de Senri se crispa de douleur quand l’électricité arriva à son poignet pour prolonger son coup.

- J’suis pas un pleunichard !

La situation ne lui permettait pas de s’exprimer correctement, il n’en avait pas le temps. Tout ce qu’il voulait c’était sentir ses phalanges s’écraser contre la mâchoire de l’individu.

Ha oui, il est motivé de ouf, en fait. Je pensais pas qu'il allait réagir aussi vite. M'enfin, j'suis volontaire. Me fera du bien de me défouler. On va essayer de pas l'envoyer à l'hosto quand même. Aoi m'en voudrait.

Un kick direct, très mal ajusté, et je pare avec mon avant bras. Il est brouillon, pressé et imprécis. Probablement parce qu'il utilise sa colère comme focus. Stupide. Je le fais aussi parfois mais là il va juste se faire mal.

J'entends un grésillement électrique et je grimace. Un Tonnerre. Ceci explique pourquoi il est un peu con. Je vais me prendre quelque coups de jus mais bon vu ma résistance et le niveau d'initié qu'il a, je vais pas prendre grand chose à moins qu'il se mette à faire des vrais éclairs.

Ah ouais… Je crois que j'ai sous estimé un chouille son degré d'énervement. On va se calmer direct, hein. J'esquive son coup de poing en me déportant un peu sur le côté et profite du mouvement pour attraper son bras. L'électricité manque de me faire lâcher par réflexe mais ma prise se resserre fort sous le coup de jus.

— Ha non ?

Je profite de ma prise pour le balancer assez violemment par terre dans une prise projetée.

— Si vraiment tu es pas un pleurnichard, assume toi. T'es pathétique à jouer les caïds comme si t'étais le roi de la cour sans même prendre la mesure de ton adversaire.

Je lui lance un regard méprisant, les lèvres étirées dans un rictus mauvais.

— Je pourrais te brûler vif et c'est pas tes étincelles qui m'en empêcheraient.

Je viens de le remettre. Ipiu m'a parlé de lui. Elle est pas la seule d'ailleurs. Pas très malin, le gamin.

— Regarde toi, Yamada, t'es même pas foutu d'utiliser tes pouvoirs sans te faire mal.

[J'suis désolée il y va un peu fort pardon ;-; j'avais pas prévu qu'il passe en mode mafieu daron xDD]

Senri hoqueta de douleur quand son dos heurta le sol avec violence. Un filet de bave jaillit de sa bouche au moment du choc, son visage se crispa et ses yeux s'écarquillèrent suite au choc. Mais rapidement, la douleur fut remplacée par une colère sourde. Les veines sur le front de Senri menaçaient d'exploser tant il était hors de lui.

Senri tira sur le bras qui avait servit à le projeter au sol. Puis, il ramena ses genoux vers lui. Si le Master tenait toujours le bras du boxeur c'est deux genoux qui viendraient heurter son visage.

- Ne prononce pas mon nom, tocard !

Dès qu'il put, il roula sur lui-même jusqu'à être suffisamment loin du feu. Senri se releva à la hâte, titubant légèrement. Il pointa son doigt vers son adversaire en bombant le torse.

- T'peux m'brûler autant que tu veux, je resterais debout jusqu'à ce que tu manges le sol !!

Et sur ces mots, Senri leva ses poings devant son visage, mit sa jambe gauche devant la droite et commença lentement à tourner autour d'Huo.

Les pieds de Senri raclèrent subitement le sol pour le projeter face au chinois.

- J'ai même pas besoin de mes pouvoirs !

Il ponctua sa phrase d'un puissant crochet du droit. Mais le crochet cachait un autre coup, un coup désuet, d'une simplicité enfantine ; un simple direct avant. Coup essentiellement défensif. Senri venait de s'en servir comme d'une arme. Son crochet était comme un coup d'estoc, dangereux, rapide mais attendu. Le Master l'esquiverait ou s'en protégerait certainement.

Mais un direct du gauche, avec si peu d'élan et de détente était un coup de bouclier vicieux et innatendu.

Qui plus est, un direct conferait à Senri une allonge supérieure à celle du crochet. Crochet, qui exigeait d'être presque collé à sa cible. Ainsi le direct servirait autant à attaquer qu'à repousser.

Malgré tout ces avantages, cet enchaînement n'était pas exempt de défaut.

Lorsque Senri aurait donné son premier coup et enclecherait le deuxième, il y aurait un temps de latence avant que son bras droit ne revienne devant son visage pour le protéger. Ainsi sa garde serait plus que fragilisée.

Mais, un boxeur devait savoir s'exposer pour mieux répliquer.

[T'inquiète !! C'est nickel pour apprendre la vie à Senri !! Je suis partie du principe qu'Huo lâchait pas le bras de Senri, mais si tu veux qu'il le lâche, bah Senri se plit juste sur lui-même et lance ses genoux dans le vide !! Hésite pas à me dire si le reste du post est trop lourd, je me suis un peu trop cru dans un Shonen je crois !!]

Autant y a des fois j'essaye d'être pas trop un enfoiré mais là j'essaye même pas de retenir le soupire exaspéré qui me vient. Ce mec est… Je sais même pas si j'ai un qualificatif assez superlatif pour parler de lui. Il se prend pour un personnage de shonen c'est n'importe quoi. Et puis d'où je peux pas l’appeler par son nom ? Il préfère que je l'insulte peut-être ? Crétin. Heureusement que je l'ai lâché après la projection sinon j'aurais pris ses genoux d'ailleurs mais je suis pas un débutant non plus.

— Jusqu'à ce que je manges le sol ? Vraiment ?

Je soupire derechef, blasé.

— T'as rien de mieux en stock niveau provocation clichée ?

En plus il tourne mais ce mec est juste un bourrin même pas il réfléchit. Il se jette sur moi de nouveau pour me frapper en gueulant qu'il a même pas besoin de ses pouvoirs. Comment dire que moi non plus, en fait ?

J'esquive son coup d'une légère torsion du buste sans vraiment chercher à répliquer mais son bras gauche revient et je ne peux pas vraiment l'éviter. Je pare comme je peux en levant mon bras en défense. Je reconnais quand même qu'il tape assez bien. J'attends qu'il atterrisse et utilise mon pouvoir de Marionnettiste pour l'immobiliser totalement.

— Bon, je soupire. T'es bien gentil mais je suis toujours pas ton punching bag perso et j'ai pas très envie de t'envoyer à l'hosto.

Je me passe une main dans les cheveux en faisant la moue et je le regarde. Il est figé dans une position assez stable, jambes écartées et poings serrés.

— Écoute, au lieu de me casser les couilles, si t'allais courir et hurler un coup vers la forêt ? Pourquoi tu es si vénère d'ailleurs ? C'est quoi ton foutu problème à agresser les gens comme ça ?

Je suis même plus énervé. Mon agacement est retombé d'un coup et je suis juste las. Moi aussi j'aimais bien provoquer le premier gars qui passait pour faire passer ma frustration mais au final ça rapporte juste des bleu. Ça règle rien.

— Putain d'merde, c'est quoi ça ?

Senri avait laissé échapper ces jurons quand son corps s'était brusquement immobilisé et que bouger ne serait-ce que le petit orteil était devenu impossible. Il tenta de se débattre, sans succès. Ces muscles se contractaient pourtant à vue d'œil, son visage se teinta du rouge de l'effort, mais rien n'y faisait : il ne pouvait plus bouger. Il releva des yeux brûlant de colère vers le Master. C'était sûrement lui qui était à l'origine de ce maléfice.

— Tch... Comme si j'étais le seul à t'avoir provoqué. T'as cru que parce que t'es un adulte, j'allais pas réagir à tes piques ? T'as cru que j'allais respecter mes aînés ou une connerie du genre ?!

L'adolescent bouillonnait de rage. Ses bras, jambes, tous ses muscles menaçaient de se rompre tant il forçait dessus pour se défaire de l'emprise. Sa gorge et son visage se tordaient sous ses hurlements et vociférations.

— Mon problème ?! C'est moi qui aie un problème maintenant ? Mon problème, c'est cette putain d'institut ! Ces putains de teleporteurs, de titans ! J'ai passés des heures, des semaines, des mois à m'entraîner, pour qu'un gringalet qu'à jamais touché un sac m'étale parce qu'il est titan ?! Pour qu'un connard de teleporteur esquive mes coups alors qu'il a pas la moitié de mes réflexes ?!

Senri s'était un peu emporté. Lui qui d'ordinaire cachait ses sentiments pour ne pas paraître faible, il venait de les hurler à un inconnu. Et, cette pensée suffit à le faire enrager et détourner ses yeux rouges de l'homme.

— C'est bon, arrête ton vieux pouvoir. J'vais aller courir ou à l'arène, jsais pas. Mais bref, lâche moi, tocard.

Son regard était fuyant et son ton renfrogné.

Je dois lui reconnaître un truc, il est persistant. Il force comme un fou sur mon emprise mais juste… Enfin il fait ça comme un bourrin il se sert que de ses muscles et presque pas de sa volonté. Il vire tellement au rouge sous l'effort que je retiens un rire. C'est pas volontaire mais il est presque comique ce gars.

— Je suis Marionnettiste, espèce de débile. Tu pourrais au moins connaître les différents pouvoirs.

Je soupire lourdement devant sa nouvelle provocation. J'en ai rien à faire qu'il me respecte, j'ai juste pas envie qu'il continue de m'emmerder. Enfin ok, j'ai répondu aux provocations au début mais là ça m'amuse même pas. Je suis trop fort pour lui, c'est même pas drôle. En plus ce con continue de forcer, il va finir par se faire mal.

Je dois avouer que je suis un peu frappé par son niveau de rage. J'ai rarement vu quelqu'un aussi furieux. Il a un sérieux souci, ce mec. Ha donc le problème est là. Il gère pas la défaite et il aime pas son pouvoir. Bien, on va pouvoir avancer. Je relâche mon emprise lentement histoire qu'il finisse pas le cul par terre.

— Écoute, je soupire. J'vais peut-être t'apprendre un truc mais dans la vie y aura toujours des gens plus forts que toi. Maintenant est-ce que tu préfères t'énerver sur des trucs qui t'ont rien fait ou passer ce temps-là de façon plus productive ?

J'essaye d'être un peu sympa et de lui sourire vaguement.

— Même moi j'ai du mal avec les Titans, pourtant je suis Master Feu et j'ai une résistance augmentée. Je serai jamais non plus au niveau des réflexes d'un Tonnerre. Et alors ? J'ai mes propres points forts.

Je hausse les épaules. Putain, voilà que je recommence à faire le prof. Si ça se trouve il s'en fout de ce que je raconte.

— Au lieu de te concentrer sur tes faiblesses, apprends à jouer autour. Tu es Tonnerre, nan ? Si un Titan arrive à te toucher arrange toi pour qu'il prenne une bonne châtaigne et t'aura pas de problème à le mettre au tapis.

Je rigole un peu.

— Et apprend à jauger tes adversaires. Moi aussi je peux t'étaler sans problème tellement tes coups sont prévisibles.

Senri bouillonnait d'une rage innommable. Bien qu'il continuait de forcer sur son corps pour se libérer de l'emprise du Master — qui venait de confirmer que ça venait bien de lui — ses muscles sous l'effort commençaient à fatiguer et son instinct de conservation — et les douleur liées à l'effort — l'empêchait de continuer à déployer toute sa force dans cette entreprise. L'effort avait néanmoins fait jaillir des étincelles de son crâne, descendant jusqu'à ses épaules.

Néanmoins, lorsque l'étreinte invisible s'estompa, même si ce fut de manière très progressive et douce, il ne put s'empêcher de tomber à genoux les bras contre le sol. Il avait le souffle court et des gouttes de sueurs striées son épiderme. Ses bras lui faisent un mal de chien et ses jambes étaient atrocement lourdes.

— Mais j'en ai rien à foutre qu'il y est toujours plus fort. Quand quelqu'un est plus fort que moi, j'le surpasse. C'tout.

Il avait lancé ça à la suite de la réplique du Master, plus pour lui même que pour ce dernier. Il s'était également assis en tailleurs pour laisser ses bras se reposer un peu.

En revanche quand l'homme confirma être master feu, une drôle d'expression teinta le visage de Senri. Un mélange d'admiration, de fierté, de colère et d'amertume. Senri serra les dents et les poings en regardant le sol.

— Je voulais juste... Ne pas avoir besoin d'être autre chose qu'un boxeur pour battre un titan. Ou un téléporteur.

Il releva la tête vers l'homme, les sourcils arqués.

— Mais les titans maîtrisent la terre, nan ? Ils peuvent se faire une Armure isolante, du coup... Vous me direz, suffit de la casser.

La dernière remarque du Master en revanche, piqua l'ego de boxeur de Senri. Si bien, qu'il eut comme un regain de détermination.

— Donnez-moi une autre chance. J'étais énervé, et j'avais pas mes gants. Laissez-moi vous montrer qui je suis quand je suis à fond. Maintenant, où n'importe quand. Je m'en fous. Juste, j'peux pas vous laisser dire c'que vous avez dit sans essayer de prouver le contraire.

J'suis quand même un petit peu impressionné par à quel point il est… Je sais pas si têtu est le bon mot à ce stade. Je veux dire. La plupart des ados sont un peu comme ça, c'est facile de voir le monde seulement par un prisme de colère et de fierté quand on a des hormones qui débordent partout. Y a même des gens qui sont encore comme ça une fois adulte. Non je parle pas de moi c'est faux.

Bref.

j'essaye de ne pas rire parce que je vois qu'il prend vraiment ça très au sérieux. Mais quand même. Il a le profil du gars qui devient un super héros de comics. C'est presque attendrissant s'il était pas aussi chiant.

— T'as pas trop le sens des réalités toi, hein...

Comme si avoir des pouvoirs nous rendaient subitement meilleurs. Nan, ça demande du travail.

— Tu- Faut que tu travailles sur ton ego toi. Ce genre d'attitude va te faire finir dans une morgue ou handicapé à vie.

Son défi par contre… Je retiens un éclat de rire, me contente d'un grand sourire malicieux.

— Oh, tu penses que tu peux me battre? Intéressant.

Je soupire doucement, me passe la main sur la nuque.

— Écoute, je te propose un deal. J'suis en salle d'entrainement presque tous les matins donc tu peux passer pour un duel quand tu veux si j'suis pas déjà avec un de mes… Enfin si j'suis pas en train de m'occuper de quelqu'un.

Waaah, ce recul que j'ai fait. Hamilton et Jérémy sont mes élèves. Je suis absolument pas confortable avec ça.

— Bref. J'veux bien qu'on se fasse ça mais à condition que t'arrêtes de t'attaquer au mobilier. Ces trucs là poussent pas sur des arbres et c'est pas toi qui les répares après.

Bah, ouais j'pense aussi au budget réparation moi.

— "Le sens des réalités" c'est un truc que les tocards ont inventé pour justifier que ce sont des gros nuls à cause de la vie et pas d'eux !

Senri avait dit ses mots dans un râle mélangeant douleur et effort alors qu'il se relevait. Il put faire face au Master de toute sa hauteur quand ce dernier lui conseilla de travailler son ego. Senri ne put se retenir de serrer les dents et de pester en détournant les yeux. Il ne savait pas quoi répondre, il se contenta donc de lever les yeux au ciel.

Néanmoins, il ne put s'empêcher d'éclaircir un point du discours du Master.

— J'pense pas pouvoir vous battre. Mais, tout ce qu'vous avez fait, c'est un p'tit tour de passe-passe pour m'empêcher de bouger. Faut bien que j'en vois plus pour savoir si vous êtes à surpasser ou pas.

Si Senri garder toujours son expression colérique, une lueure de défi brillait dans ses yeux. Il reprit néanmoins une expression plus solennelle quand le Master lui fit sa proposition. L'adolescent acquiesça vivement.

— Très bien. Promis je ferais attention, la prochaine fois !! J'ai hâte de me battre avec vous !!

Il se courba respectueusement pour accentuer ses propos. Il avait toujours cet éternel air colérique, mais on sentait un certain engouement dans sa voix. Après ces politesses, il s'en retourna dans sa chambre, il allait de ce pas se préparer à cet affrontement !!