Je le vois rager alors que Pricie parvient à s'échapper. Je sens qu'il a envie de la poursuivre mais j'ai bien l'intention de rendre ça impossible. Puis son regard change, ce n'est plus elle la cible de sa colère. C'est moi. J'essaie de garder le visage le plus impassible possible, mais je frémis à l'intérieur. Je ne pourrais pas le raisonner. Le master en moi surgit et prend place tout naturellement, sentant le danger. Il ne veut pas entendre raison. Il me retraite de traître. Nouveau coup dans la poitrine. Je fronce les sourcils, plus aucune émotion ne transparaissant sur mon visage. Je n'ai pas le droit de parler de Mitsuki ? Je n'ai pas le droit ??? Je serre les mâchoires, je veux parler mais il m'en empêche... Une douleur fulgurante me transperce (littéralement pour le coup) l'avant-bras et je pousse un cri, tandis qu'elle remonte le long de mon bras pour exploser au niveau de l'épaule. Ses yeux se voilent. Des griffes sont plantées dans mon bras. Sa greffe. Un éclair de pure inquiétude traversent mes yeux mais je n'ai pas le temps de concocter quoique ce soit. IL me hurle dessus, des propos incohérent... Que je vais lui payer..

Un nouveau cri de douleur m'échappe, tandis qu'il embrasse ses bras, répandant par là ses flammes sur mon propre corps. La température monte de plusieurs degrès et le sol lui-même commence à être bouillant. Je tire sur mon bras par réflexe pour échapper à la douleur mais il est bien accroché, il ne me laissera pas partir.

-T'ES MALADE P*TAIN!

Tout se passe très vite. J'active ma greffe à mon tour et je m'empare de l'affinité feu qu'il possède actuellement visiblement. Le contrôle de Ys disparaissant en même temps, la température redevient aussitôt normale, les flammes disparaissent. Je balance le plat de ma main sur son torse, en l'ayant enflammé, et créé une minuscule explosion en entrant à son contact, pas pour le blesser, mais suffisamment pour qu'il me lâche. Je me recule aussitôt le plus loin possible de lui et annule ma greffe pour récupérer le pouvoir de sonore avant qu'il ne s'en serve.

-TU DÉLIRES COMPLETEMENT MEC! JE SUIS PAS TON ENNEMI BON SANG! REPREND TOI!

Je me mords les lèvres pour contenir le flot de souffrance qui parcourt mon bras, que je n'ose pas regardé. Plus tard. Ca va juste me déconcentrer... Mais vu les élancements que je ressens, autant causés par ses griffes que par les brûlures qu'il m'a collé dessus, je n'ai pas besoin de voir pour savoir que c'est moche, très moche. Je n'ai plus l'impression que j'ai un truc qui ressemble à un bras là. Mais stop! On y pense pas! Pas maintenant.

-Ys... S'teuplait mec, je veux pas me battre avec toi. Bien sûr qu'on aura les informations que tu veux, mais pas comme ça! Il y a d'autres moyens!

Ça marchera pas. Je le sais, tout mon corps le sait, pourtant... Je peux pas m'empêcher d'essayer. C'est pas un inconnu, c'est pas un mec random, c'est pas non plus un pote qui 'ma proposé un combat amical, c'est pas le combat qu'on s'était promis ça! Ça, c'est juste une putain de vraie guerre, une vraie envie de me démonter.

Alors que je reprends calmement mon souffle, la douleur me bloquant par moment, j'écoute ce qu'il me crie, j'enregistre toutes ces paroles. C'est la douleur, la colère qui parle là, ce n'est pas vraiment lui... C'est vrai qu'il a toujours dit qu'on agissait pas assez, mais pas au point de faire justice lui-même. Cet attentat avait été le coup de trop... Pricie avait été l'élément parfait pour mener son plan à bien. Sauf qu'il ne réfléchit pas... Il fonce... Sans se soucier des autres. Sans se soucier de rien. Même pas de Mitsu-chan en fait... Il s'en rend compte ça au moins ?

-Tu dis n'importe quoi! T'as été en mission comme moi, tu sais qu'on agit quand on a besoin de nous, quand il le faut!

Je me redresse, sans le lâcher des yeux, accompagnant mes paroles à grand renfort de geste, ignorant les pulsations qui me disent d'arrêter de trop sollicité mon bras cuit à point par le demi reptile!

- Qu'est-ce que tu veux faire au juste hein ? Après l'avoir traumatisée pour le reste de sa vie, en admettant qu'elle te donne les infos, tu vas faire quoi, hein ? les traquer et tous les éliminer ? C'est ça agir pour toi ? Se comporter en vulgaire assassin ? C'est ça l'image que tu veux que le monde est de Terrae ? TU CROIS VRAIMENT QUE C'EST CE QUI VA TOUT ARRANGER ?

Je hausse les sourcils quand il commence à parler de la peur. On a peur. J'ai peur ? Oui... Peut-être qu'on a tous peur... Savoir que le terrorisme existe est une chose, y être confronter en mission est encore autre chose, le voir chez soi de ses propres yeux et le voir blesser nos amis, ça en est une autre... Et ouais, c'est flippant.

-Et tu vas me faire croire que tu réagis comme ça parce que tu flippes pas peut-être ?

Mon regard balaye la zone, de droite à gauche. Il en a profité pour m'encercler. Je grince des dents. SI je maîtrisais mieux l'air, je pourrais faire disparaître ses flammes direct... Mais j'ai pas le temps de pouvoir faire des test là, faut parer au plus urgent. Son énergie s'active, mes yeux le perde du regard. Je jure dans ma barbe. Evidemment... Fallait qu'il soit invisible. Camper sur mes deux jambes, en garde, j'essaie de me concentrer sur son énergie pour le repérer, mais il maîtrise plutôt bien la chose. J'essaie alors de me concentrer sur les particules d'air qu'il déplace en bougeant pour le repérer... Mais il ne m'en laisse pas le temps. Un coup au visage me fait perdre ma concentration, un autre au ventre, dans les côtes. Instinctivement, je me mets en position de protection, le dos rond, les bras levés pour protéger un max le visage et le haut du corps, les jambes fléchis pour ne pas qu'il me fasse trébucher (Tiag', si jamais je survis, je te paierai un mois de café pour
ça!)

Par contre, non mais t'as cru que j'étais là pour servir de cible ou quoi ? L'instinct de combat prend le dessus, je mets tous mes sentiments de côté. Je m'entoure d'une bulle d'air tourbillonnant pour freiner ses coups (et l'écharper un peu au passage) et m'adresse de nouveau à lui.

-J'ai pas peur mec... J'ai dit que je n'avais pas envie de me battre.

Je le sens se rapprocher et, dès qu'il est bien proche, je fais exploser ma bulle d'air, provoquant une onde de choc qui souffle tout ce qu'il y a autour de moi, flammes comprises.

-Je n'ai jamais dit que je ne le ferais pas.

Je tourne mon regard dans sa direction. Je t'ai repéré mon gars. Je tends la main dans sa direction et abat une chape de pression sur son corps pour essayer de le maintenir à terre le plus possible. J'ai mal dans tout le corps, je sens bien qu'une belle ecchymose doit voir le jour sur ma mâchoire, mes côtes sont douloureuses, et mon ventre me lance un peu (déso Tiag', j'ai oublié de rentrer les abdos, tu pourras m'engueuler si tu veux!)

Tandis que je le maintiens au sol avec la pression, je me rapproche prudemment si tant est qu'il arrive à y échapper pour m'esquinter à nouveau. Je suis pas expert avec l'air, et la pression c'est pas mon dada, trop bourrin pour moi, alors je préfère être prudent. Je l'ai bien amoché visiblement, mais je fais taire toute once de culpabilité qui pourrait survenir. Il m'a attaqué, je me défends, il l'a voulu, il l'a eu...  C'est un combat Akihiko, pas de sentiments, soit juste efficace. Lui ne s'en prive pas.

-Ys... Arrête de...

Je n'ai pas le temps d'achever ma phrase car il m’attrape par le col. Ses mots me font froid dans le dos mais je ne montre rien, je fronce juste les sourcils, toujours prêt à lutter., et je serre les dents. Je m'apprête à lever le poing, prêt à le cogner quand je note la montée de température, comme tout à l'heure. Il va recommencer! Des flammes commencent à recouvrir son corps, le sol se fait brûlant sous son corps. Un éclair de surprise passe dans mes yeux lorsque je comprends ce qu'il entreprend et je me prépare au maximum, jusqu'à ce que les flammes commence à me grimper dessus... puis une explosion éclate derrière lui,  nous projetant tous les deux dans les airs, hors du toit. Le hurlement de Ys ne parvient pas à mes oreilles car mon propre cri le couvre alors que le chaleur des flammes dévore mon corps et tente de faire fondre entièrement ma carcasse. L'instinct prend le dessus et je mets mon plan à exécution, sans peaufiner davantage car là je suis juste sur le point de crever! Je m'empare de l'air autour de moi et, durant une brève seconde largement suffisante, je coupe le combustible qui fait brûler ses flammes, les éteignant d'un coup sec.

-T'AS CRU QUE T'ALLAIS ME CREVER COMME CA DUCON ?!

Je ne lui laisse pas le temps de se ressaisir, profitant du fait qu'il me garde près de lui je lui colle mes mains de chaque côté de sa tête en grimaçant de douleur *regarde pas tes mains, p*tain, regarde pas tes mains* et lui balance des ultrasons volume max, façon bombe sonore, directement dans son crâne. Il me lâche aussitôt et, étant dans les airs, je reprends vite le contrôle de mon pouvoir pour stabiliser ma chute et, à défaut de voler, au moins de léviter pour ne pas chuter vers une mort certaine. Je fais des hauts et des bas à la manière d'un ascenseur bourré, puis finis par redescendre plus ou moins safe sur le toit. L'atterrissage se fait un peu abruptement, je trébuche, titube sur la droite de deux deux pas de bourré, trois pas en arrière, et tombe sur les fesses à ma gauche. Les larmes mouillent mes yeux, provoquées par la douleur qui déferle sur mon corps, provoquant des picotement plus que désagréable sur mon visage. J'ai l'impression de n'être qu'une plaie géante. Je me retiens encore de regarder mes mains ou le reste de mon corps. Je ne veux pas voir ça... J'ai si mal que j'imagine parfaitement ma tronche en ce moment.
Je jette un coup d'oeil à l'autre énergumène. Il est passé où ? On était au-dessus du toit, il a pas pu chuter en bas du bâtiment, je l'ai fait exprès.

Mouahaha:

Je l'aperçois enfin, loin de moi. Il a sacrément mal atterri à voir la silhouette de tas de viandes qu'il se paye. J'aurais pu le retenir... Mais déso pas déso, chacun sa m*rde. Je devais déjà me sauver moi avant qu'il me transforme en Akishkebab donc lui, il peut bien se viander au sol, c'est pas mon bail! Je remarque qu'il se tient pas droit, qu'il tangue beaucoup. Un mini sourire satisfait étire mes lèvres, même si ça n'a pas lieu d'être. La bombe sonore a fonctionné, je ne l'ai pas totalement assommé mais il est pas indemne, ça c'est sûr. Alors connard ? Ça fait quoi d'être maltraité à son tour hein ?

Une grimace tord mon visage. J'ai mal, franchement mal partout. J'ai le corps en feu, j'ai l'impression d'avoir fondu, limite que je me suis transformé en croûte géante. J'ai déjà vu des images de gens brûlés, suffisamment pour me retirer l'envie de "jouer avec le feu" dans tous les sens du terme. C'est pour ça que je ne me regarde. La douleur me suffit. Je veux pas savoir à quoi je ressemble... Je veux pas craquer maintenant. Il est encore debout. Et il a visiblement de la réserve encore. Je mets un pied à terre, alors que je suis toujours à genoux de l'autre côté, tente de me relever lorsque je sens son énergie s'activer. Tssss il va pas me foutre la paix décidément ?! Des boules filent dans ma direction. J'appuie sur mon pied pour me déplacer mais me stoppe en plein élan. Aucune n'est dirigée vers moi, aucun n'a de chances de me toucher. Je me redresse totalement, les deux pieds à plat, me tenant un peu voûté sous l'effet de la douleur. C'était quoi ça ? C'était....

Je n'ai pas le temps de réfléchir davantage que les "boules" de feu explosent comme autant de bombes. D'instinct, je mets mes bras devant mon visage pour protéger tandis qu'une épaisse fumée commence à envahir le toit. Je tousse, crachote puis, d'un large mouvement de bras qui me fait grincer des dents, je balaie cette fumée d'un courant d'air. J'ai survécu à mon bûcher, c'est pas pour mourir asphyxié!!! La vision qui s'offre à mes yeux me cloue sur place. Les écailles, les canines, les yeux... Ce... CET ENFLURE EST EN TRAIN D'ACTIVER SA GREFFE ??

-T'es sérieux ... ?  TU veux vraiment aller jusque là ... ?

Je ne le cache, là, à ce moment précis, la peur me tord les entrailles. Ca ne dure qu'un bref instant, mais c'est suffisamment vif pour me pousser à réagir. Hors de question qu'il termine sa transformation, je sais que je suis badass... MAIS JE VEUX PAS AFFRONTER UN FUCKING DRAGON! C'est beau dans les séries, mais dans la réalité c'est pas la même chose j'vous jure! D'une détente, propulsé par l'air, je le rejoins d'un bond, l'agrippe par le torse, qui commence à être sacrément écailleux, presse ma main de toute mes forces et, à l'aide de mon pouvoir, lui bloque la respiration, empêchant l'air d'entrer et de sortir de son corps. Ça me plait pas, je n'aime pas ça du tout, mais il est hors de question que j'affronte sa greffe, pas quand je sais ce qu'elle peut faire. Je veux pas le tuer! Je veux lui couper la respiration assez longtemps pour qu'il s'évanouisse, c'est tout! Je veux juste mettre fin à tout ça.

- C'est pas un combat ça... C'est juste de la violence, de la légitime défense... Rien à voir avec un vrai combat... Crétin...

Son corps se raidit, perturbé par le manque d'air, les muscles tressautent, réaction normale à ses poumons qui cherchent de l'air. Je maintiens mon emprise, encore, ignorant ses écailles, ignorant les coups que je me prends lorsque ses muscles s'agitent. Je tiens bon. Et ça marche. Ys finit par ne plus bouger, son corps se fait lourd, je lâche, le laissant tomber à terre à côté de moi. J'inspire à grands coups, comme si c'était moi qu'on avait privé d'air, et m'accroupit, lessivé. La pression retombe. Je me remets debout, prêt à quitter le toit pour appeler les secours, lorsqu'un détail attire mon attention. Il est dans les vapes là non ? Alors... Pourquoi sa greffe s'interrompt pas ? Pourquoi il a toujours cette allure ? Mon cerveau fait rapidement la connexion, mon sang ne fait qu'un tour. Boosté par l'air, je me recule en deux bonds à l'autre extrémité du toit, le plus loin possible de lui.
C'est pas vrai...
C'est pas vrai hein... ?
Mes yeux contemple toutefois ce que ma raison veut éviter de croire. J'écarquille les yeux, les lève au fur et à mesure que sa greffe se complète, agrippant la balustrade du toit à pleine main, peu importe la douleur que ça envoie dans tout mon bras. Devant moi, je contemple un dragon. Un VRAI dragon. Et je vous jure... que c'est pas comme dans les films (surtout que j'ai pas trois fées pour m'aider à lui percer le coeur...)

-Oh p*tain... oh p*tain... ooooh.... Tout doux Minidraco....

Dracolosse conviendrait mieux là, ouais, je suis d'accord. Mais c'est Ys, donc il a droit qu'au premier stade d'évolution. Mon premier réflexe est de reculer encore, ce qui serait possible si je n'étais pas déjà contre la balustrade. Reflexe suivant : DÉFENDRE CHÈREMENT MA PEAU! Dragon ou pas je vais pas me laisser bouffer sans rien dire! Pas question d'abandonner sans me battre! Comme tout à l'heure, je concentre de l'air sous mes pieds, prêt à bondir loin et vite en cas d'attaque, cherchant une solution contre... ça

TU ME FAIS PAS PEUR! JE VAIS T’ÉPILER LES ÉCAILLES UNE A UNE, LE LÉZARD!

Si certains trouvent ça classe d'avoir un dragon en face de soi, de pouvoir voir un dragon en vrai... Je leur cède ma place sans hésiter. Franchement, on voit tout de suite qu'Eragon c'est de la merde de fiction. "J'ai réussi à dompter Saphira", TG p*tain! Elle était fake la tienne. Viens dire ça là, maintenant, alors que des yeux de lézard te fixent, alors que tu contemples un truc qui fait 5 fois ta taille et 30 fois ton poids, alors que tu sens son haleine de souffre dégueulasse qui remplie l'atmosphère, alors que t'as le corps qui tremble tellement que que tu te dis "même si j'étais invisible, il me repérerait aux claquements de mes os". La situation est tout ce qu'il y a de plus inimaginable et pourtant... je n'ai pas si peur que ça. J'ai eu un grand coup d'effroi, normal vous me direz, mais je parviens à me calmer petit à petit, à penser calmement, à me préparer à réagir en fonction de ce qu'il va me faire. Mon cerveau saute d'une idée à une autre très rapidement, mettant au point diverses stratégies qui pourraient fonctionner ou pas contre ce reptile mal dégrossi. Je ne le quitte pas des yeux (difficile en même temps, il me bouche l'horizon ce tas d'écailles et de saindoux!), ne fais aucun mouvement. Le fixer de façon aussi intense, aussi gênant que ce soit, me rassure bizarrement, car je ne peux pas m'empêcher d'imaginer Ys sur son museau (qui a la taille d'une vache OMG) ce qui me donne une folle envie de le tarter, et me motive à lutter contre l'instinct primaire de fuir. Aussi parce que je peux aller nulle part. Fail.

Une lumière au niveau de son poitrail attire mon regard tandis qu'il grimpe lentement le long de son cou, faisant rougir ses écailles sur son passage. J'écarquille les yeux en comprenant ce qui va arriver et si le prévoir est une chose, le contempler et savoir que ça arrive... C'est P*TAIN DE DIFFÉRENT! Je reste concentré, bien campé et je suis son exemple : je rassemble les moindres particules de pouvoir qu'il me reste, je mobilise toute mon énergie et quand il s'élève dans les airs... Je suis prêt.
Sa gueule rougeoie alors qu'elle s'ouvre sur un véritable Enfer, qui déferle tel un torrent sur le toit de l'institut... Sur moi. Je plisse les yeux un instant sous la clarté puis déploie la plus grosse bulle d'air possible, pour tenir les flammes le plus loin possible de moi. Je place mes deux bras en avant (comme pour un kamehameha ultra badass) pour donner à l'air la forme que je veux, celle d'un courant qui circule de part et d'autres de mon corps, éclatant le souffle du dragon, les deux parties scindées se déversant sur le reste du toit. Je suis désolé... Je ne peux pas faire mieux... Je prie pour qu'il n'y ait personne à l'étage juste en-dessous...
Je maintiens mon écran avec toute la force de ma volonté, c'est presque la seule chose qui me fait tenir actuellement. J'essaie de réduire la friction de l'air pour ne pas mourir carbonisé mais le fait est que la chaleur, diminuée certes, reste forte, la sueur qui inonde mon corps ravive les douleurs de mes brûlures, la suffocation me fait haleter comme si je délivrais le plus gros billot de ma vie, je sens ma peau (lol il m'en reste ? On regarde pas on a dit) en feu, je la sens presque se craqueler, à vif, mes yeux se plissent naturellement sous l'éclat des flammes et c'est comme si on m'enfonçait des aiguilles dans les orbites, je sens mon corps poisseux et je suis quasi sûr que c'est pas qu'à cause de la sueur là... Et lui qui tient le coup! Il le maintient son jet! Il cède pas! Ça doit faire au moins 2h que je tiens là ! Non ?
Concentre-toi mec, c'est pas le moment de céder! J'AI PAS ENVIE DE CREVER OK! JE VAIS PAS TE LAISSER ME GRILLER COMME CA!
J'vous jure que je choisirai plus jamais de Pokemon feu! Maintenant je comprends ce que ressentent les pixels de ma gameboy quand je leur balance une attaque lance-flamme! Désolé Salamèche, Héricendre, Ousticram... Je vous préférerais l'eau et les plantes maintenant!
Il s'arrête toujours pas. Et moi je suis à bout de force. J'en peux plus. Je flotte au-dessus de moi-même j'ai l'impression, je suis dans un état au-delà du physique. Seuls les nerfs et la volonté me permettent de m'accrocher encore. Les conneries que je me répète en boucle aussi.

Puis tout s'arrête. Le souffle, la chaleur, le feu, la lumière... tout. Je relâche mon pouvoir, cligne des yeux plusieurs fois d'un air stupide, ne comprenant pas ce qu'il se passe. Ma vision est si floue que je distingue mal les formes, mais il me semble distinguer une grosse tâche (c'est cadeau!) rapetisser et tomber sur le toit, en face de moi. Encore ébahi, ne réalisant toujours pas complètement que tout est fini, je claudique jusqu'à la tâche que je suppose être Ys. Une fois plus proche, je me rends compte que c'est bien lui, je tombe à genoux près de son corps, un sourire victorieux sur le visage.

-Alors ? ... C'est qui le dragon... maintenant hein ? ... J'tavais dit que j'étais le meilleur... Connard...

J'ai du mal à reprendre mon souffle, mais malgré ça, je lève le poing et lui décoche une bonne droite dans la mâchoire, puis une deuxième... Je lève le poing pour une troisième mais l'adrénaline retombe au même moment, la fatigue m'enserre comme un corset sur une taille trop grasse. Je laisse mon bras retomber le long de mon corps. Je n'ai même plus la force de dire "Aïe". Je n'ai même plus la force d'avoir mal en fait. Ma vision est trouble, je dodeline tout seul sur ma position, comme un brin d'herbe sur lequel le vent vient souffler.

J'entends une grosse cacophonie. Des bruits, trop de bruits, des voix, trop de voix. En vrai je sais pas combien ils sont, mais ils font du bruit. Je vois une tâche s'accroupir près de moi, une tâche que je reconnais à son énergie et son allure.

-Oooooh Ryuuu... Hey... ,dis-je en lui offrant un grand sourire à la Akihiko, t'arrives un peu tard mec...Mais t'inquiètes... J'ai géré de ouf sa greffe à ta place... Pas mal hein ?

Des rires nerveux sortent par saccades alors que je lui parle puis soudain, c'est le trou noir.