Je venais de quitter Aaron, prétextant une envie soudaine d'aller aux toilettes. Ne vous méprenez pas, j'aimais passer du temps avec lui, mais... Je n'sais pas. Enfin bon. Je trouvais ça bizarre parfois... Déjà il était mon professeur, moi son élève... Et puis j'avais parfois du mal avec mes propres réactions en sa présence.
J'avais donc réussi à m'éclipser de manière assez plausible. Je me dirigeai alors vers les toilettes, passai la porte. Manque de bol ! Y'avait une queue de malade. Enfin bon, j'avais le temps de regarder la déco comme ça. Même les toilettes étaient décorées, je vous jure ! Un truc de malade tout de même.
Enfin bon, lorsqu'un cabinet se libéra ENFIN pour moi, une espèce de greluche à couette rouge derrière moi -teinture d'halloween j'imagine- qui n'arrêtait pas de se dandiner sur place me passa littéralement devant. Nan mais attendez, je rêve ?! J'ai attendu tout ce temps pour rien !
Je lui fis un croche-patte, lui adressai un joli sourire, et me pressai pour refermer le cabinet juuuste devant elle. La prochaine fois que tu veux me griller pétasse, fais au moins en sorte que je ne puisse pas t'en foutre plein la gueule ! Haha.
Bref. Je fis donc ma petite commission, super fière de la manière dont je l'avais publiquement ridiculisée, cette andouille sur patte. Je tirai ensuite la chasse, sortis du cabinet et ensuite des toilettes. Au moment où la porte se refermai derrière moi, je me retrouvai nez à nez avec...

-Oh non...

Je restai sur place, plutôt mal à l'aise.

-Ma... Matthew, c'est bien ça...?

Comme si j'aurais pu oublier son nom.

-Tu vas bien...?

Et surtout, pourquoi est-ce que lui aussi sortait en même temps que moi des toilettes ? Comme si c'était super intelligent de mettre la porte des toilettes des filles en face de celle des toilettes des garçons !

Heu, je... J'aurais peut-être mieux fait de faire comme si de rien n'était, pas vrai ? Hahaha... Super. Ce ton qui me faisait bien comprendre qu'il n'avait pas du tout envie d'engager la conversation me fit frissonner. Je posai timidement mon regard dans le sien. J'étais en train de signer mon arrêt de mort, c'est ça ? C'est dingue ça, j'étais obligée de ne rencontrer que des garçons qui me mettaient mal à l'aise ce soir ?! Secouant imperceptiblement la tête pour me remettre les idées en place, je relevai les yeux vers Matthew. Comment j'allais...? Et bien... Bien, justement, j'imagine, non ? A moins que je sois incapable de me cerner... Ca peut aussi être le cas, je l'admets. Après tout, c'est souvent que j'agis sans me comprendre. C'est ce que je qualifierais d'actions instinctives non réfléchies et parfois même non voulues.

-Ca... Va, répondis-je en laissant traîner le "ça".

Bon, et ensuite ? On m'explique pourquoi j'avais "engagé" la conversation ? Peut-être que j'avais espéré que derrière mon déguisement, il ne me reconnaîtrait pas. C'est vrai quoi, j'aurais dû piquer un masque à quelqu'un tiens ! Au moins, j'aurais pu faire genre j'avais entendu parler de lui... Comme par le biais de la bagarre qu'il avait eu avec Allen. A cette pensée, je fronçai les sourcils, un peu contrarié. C'est vrai... J'avais cru comprendre qu'ils étaient... demi-frère ? Si je faisais plus ou moins le lien avec ce mec aux cheveux blancs auquel il me comparait... Alors c'était bien... A Eriol qu'il me comparait ? Et c'était donc lui qu'il détestait, et qu'il accusait d'avoir tué sa mère...? Allen n'avait pas voulu s'étendre sur le sujet lorsqu'il m'avait raconté, mais d'après mes propres déductions, je ne devais pas être loin de la vérité. Pourtant, je ne comprenais pas... Eriol avait toujours été si gen-... Mais absent. Absent pour Matthew... Je comprenais mieux. Et j'étais bête de ne pas avoir fait le lien plus tôt.
Enfin bon... Je devais dire quoi maintenant ? "Bonne soirée, tu t'amuses ?" Ca faisait... Ami. Et nous ne l'étions pas, puisqu'il m'avait bien fait comprendre que j'étais le genre de personne qu'il n'aimait pas.
Regardant autour de moi, je pensai à voix haute :

-Tu t'es appliqué dans ton déguisement, pour quelqu'un qui semble aux premiers abords très réticent à l'idée de se mêler aux autres. Pourtant si t'es venu ici...

Je m'arrêtai, comprenant que je venais, certainement encore une fois, de laisser échapper des paroles que j'aurais dû garder pour moi. Reportant vivement mon regard sur lui, je l'observai, mes yeux mêlant réticente et curiosité face à sa réaction future.

Prise de court, je manquai de trébucher en me prenant dans mes propres pieds alors qu'il m'entraînait au loin. Sûrement à cause de ce mec qui l'avait poussé pour aller aux toilettes...? C'est vrai qu'on gênait, debout là, tous les deux en face des portes pour aller soit aux toilettes des mecs, soit aux toilettes des filles. Mais j'étais tellement embêtée d'être face à lui, et tellement embêtée d'avoir engagé la conversation, que pour le coup, j'y avais pas réfléchi...
Bref, dans tous les cas, je fus bien contente de le voir s'arrêter ! Se retournant pour se placer face à moi, il enchaîna en ignorant ma réplique. Tant mieux j'imagine, je l'aurais sans doute énerv-... Ah, et bien finalement, il ne l'avait pas ignorée, il y avait répondu, et de manière surprenante d'ailleurs... Etait-ce parce qu'il ne m'aimait pas qu'il me parlait aussi franchement ? L'espace d'un instant, je crus qu'il se moquait de moi et qu'il était ironique, histoire de me faire comprendre que perdre du temps à bavasser avec moi ne l'intéressait absolument pas. Sauf que lorsque je croisai son regard qui semblait surpris, j'en déduis qu'en réalité, il n'avait pas prévu de me dire ça... Donc ce n'était pas une blague, à moins qu'il soit très bon acteur.

-Je pense que là où elle est, ta mère est heureuse de ce geste que tu as fait pour elle.

Pourquoi je disais ça ? Sans doute pour les mêmes raisons qui m'avaient poussé à avoir envie de l'aider un peu la dernière fois. Secouant la tête, je regardai autour de moi quelque chose sur quoi fixer mon attention. Et si finalement je repartais ? Il n'était pas trop tard. Je n'avais qu'à éviter Aaron pour ne pas être mal à l'aise... Eviter Matthew pour ne pas être mal à l'aise... Est-ce que j'avais le droit de croiser une fille ? Au moins, là, ça aurait été cool... Les filles sont pas trop du style à me mettre mal à l'aise, et franchement, c'est le genre de détail qui est le bienvenu en ce moment !
Mon regard se fixa sur deux filles qui parlaient plus loin. Ah, ben tiens !

-Tu n'es pas venu avec des amis ? Ils doivent certainement t'attendre, non...?

Ca faisait très... expéditif, mais... Je n'sais pas, je ne savais pas comment être avec lui, et je savais qu'à chaque fois que j'ouvrais la bouche, je sortais quelque chose qui venait d'une partie de mon cerveau que je croyais jusque là inexistante. Alors quitte à agir sans comprendre, autant que ce soit quand je suis seule, et pas quand je suis avec lui... Parce qu'encore une fois, je me répète, mais ça peut être très gênant.

Si j'étais sérieuse ? Bien sûr. Ce n'était pas parce qu'il ne m'aimait pas, ou parce qu'il détestait Allen -pour une raison que je pouvais d'ailleurs comprendre- qu'il n'avait pas d'amis. On ne pouvait pas vivre seul, c'était... Impossible, non ? C'est trop dur, l'homme a besoin de quelqu'un pour vivre sinon il meurt à petit feu. Mais lui, était-il aussi solitaire qu'il le disait...? Ca me faisait de la peine pour lui. Comment pouvait-il vivre seul ? Il vivait encore avec les fantômes de son passé ? Avec... sa mère ? Après tout, il était venu uniquement pour elle, non ?
Mais enfin, je n'avais pas à m'en mêler. J'y songeais, me posais des questions, mais jamais, oh grand jamais, je ne lui aurais directement dit ce que je pensais. Je n'avais pas envie de me faire incendier... Enfin bon.
Reportant mon regard sur lui, je remarquai qu'il s'était assis non loin de moi. Repartir avec mes amis ? Ben... C'était moche à dire, mais sans pour autant fuir Aaron, j'avais peur de le croiser. Et puis Allen était avec une autre fille, je les avais vu danser tout à l'heure. Je n'avais pas croisé Aoi, et puis sinon... Mes amis étaient limités. J'avais la grande faculté de rencontrer quelqu'un, super bien parler avec, m'entendre vraiment bien avec cette personne... Puis la personne en question disparaît de l'horizon et je ne la revois plus jamais ! Ce qui fait qu'au bout d'un moment, on se retrouve avec un nombre limité "d'amis". Nan mais je vais pas revenir sur un débat du style facebook ou alors retourner voir des gamins de primaires pour qu'ils me fassent un cours sur l'amitié, je veux juste dire qu'une connaissance c'est pas non plus un super best friend forever !
Bref, passons. Je finis par secouer négativement la tête.

-Je l'aurais déjà fait depuis longtemps si j'avais vraiment quelqu'un à rejoindre.

C'était super moche à dire... Mais bon, fallait être honnête, entre être mal à l'aise quinze ans et trouver une excuse pour partir, j'aurais choisi l'excuse si je l'avais en poche. Pour l'instant, je restai mal à l'aise. Peut-être que quelqu'un allait m'inviter à danser, tiens ? Ce serait beau.
Me dirigeant vers une table où reposaient encore quelques autres gâteaux et jus bizarres, je pris un verre et me servis, avant de prendre un second verre que je remplis du même liquide que j'avais pris. Je me rapprochai de Matthew et lui tendis le récipient.

-Elle était comment ta mère...?

Il fallait bien avouer que je ne m'y attendais pas. Qu'il me pose ce genre de question à moi...? Il n'était pas censé... Me détester ? Je l'observai, étonnée. Et bien... Ca devait certainement le tourmenter pour qu'il aille jusqu'à me demander ça à moi.
Cela dit, cette question raviva en moi ces souvenirs de mon combat dans l'arène avec Shizuru. Je baissai les yeux, fixai le liquide qui je fis bouger en tournant mon verre.

-Si... Mais j'ai appris à mes dépens que si j'ai enfoui ces souvenirs, c'était pour une bonne raison, et qu'une fois révélés à la lumière du jour, ces bribes de passé se sont révélées... douloureux.

Je me perdis un instant dans la contemplation du liquide aux couleurs étranges contenu dans mon verre, avant de me rappeler que la réalité était ailleurs. Secouant la tête pour me remettre dans le bain, je relevai les yeux vers Matthew.

-Après, je ne sais pas si c'est la cas pour toi... Puisque je ne connais rien de toi.

Laissant un léger silence s'installer, je repensai à ce qu'il avait dit sur sa mère. Il m'avait avoué qu'elle était la seule à l'avoir aimé, et instinctivement, je m'étais demandé si... Il avait laissé d'autres personnes qu'elle l'aimer ? S'il n'avait pas d'amis, c'est parce qu'il préférait la solitude, non...? Cependant, lorsqu'il me parla de son sourire, je ne pus que me souvenir de Maman, ou de Yureka, la mère d'Allen. Je crois qu'avoir grandi entourée de personnes souriantes me poussaient à aimer les gens souriants... Et rien que pour ça, je me fis une image très positive de la mère de Matthew. Il ajouta qu'elle avait énormément fait pour lui, pour son bonheur et pour qu'il grandisse bien. Enfin, j'imagine que grandir bien c'est grandir dans la joie... C'est peut-être un amalgame que je fais à cause de mon enfance, mais bon. Cependant, il termina ce qu'il avait dit en avouant que lui n'avait pas su lui rendre la pareille. Je me mordis la lèvre inférieure en me souvenant de ces paroles. Et il avait semblé vraiment ailleurs en disant ça... Malgré tout, j'avais réussi à le replonger dans ses souvenirs.

-Je pense que tu as rendu ta mère heureuse malgré tout. J'imagine, de par ce que j'ai vécu, que lorsqu'on est parent, une des choses les plus importantes est de voir ses enfants sourire... Et si tu as été heureux grâce à ta mère et à ce qu'elle a fait, je pense que tu l'as alors aussi rendu heureuse... Enfin, désolée, je pense à voix haute !

Je bus mon verre d'une traite et allais m'en resservir un autre. Bah, de toute façon, je doutais que ce soit de l'alcool, ils ne vérifiaient pas qui prenait quoi, et étant dans une école malgré tout japonaise, il fallait avoir 21 ans pour boire de l'alcool. Or, très peu de personne ici, sans compter les Masters, ont 21 ans...

-Tu as déjà pu faire des choses dans le passé que tu as regretté ? demandai-je en terminant de me servir.

Je tournai subitement la tête vers lui au moment où j'entendis quelque chose tomber sur le sol. Machinalement, sous la surprise, je lâchai à mon tour mon verre qui vint pourtant, par chance pour ceux chargé de nettoyer, se poser correctement sur la table. En même temps, j'étais en train de me servir de ce liquide bizarre avec une louche, et mon verre n'était vraiment pas loin de la table... Enfin bon, là ne se situait pas le point important.
Alors que le liquide précédemment contenu dans le verre de Matthew se répandait sur le sol, l'adolescent en question se releva et vascilla dangereusement avant de basculer à nouveau sur le sol. Je clignai des yeux au moment de percevoir le bruit sourd de sa chute, atterrissant sur les genoux. Comprenant que c'était encore une fois de ma faute, je m'approchai de lui, et c'est là que je l'entendis dire qu'il voulait rentrer...
J'avais remarqué que lorsque quelque chose le troublait vraiment, son corps agissait pour lui, pour montrer ce qu'il ressentait vraiment. Déjà lors de notre dernière rencontre, ça s'était passé ainsi. Il était extrêmement expressif, que ce soit volontaire ou non.
M'accroupissant à ses côtés, je doutais bien sûr que ce ne soit pas forcément de ça qu'il aie envie à cet instant là, mais je ne voulais pas que d'autres regards se posent sur lui ; il y en avait déjà bien assez comme ça.

-Matthew... Je suis désolée.

Regrettant réellement d'avoir posé cette question, je passai une main dans son dos, attrapant son bras pour le passer autour de mes épaules et le pousser à se relever.

-Je t'emmène dehors, que... Que tu prennes l'air. Ensuite si tu retrouves tes forces, je te laisserais, je vais rentrer aussi de toute façon... Encore désolée, vraiment...

Peut-être que j'aurais dû me taire, comme souvent ? Oui, sans doute...

C'était rare que je croise quelqu'un comme Matthew. Vraiment. C'était peut-être pour ça que je cherchais à le comprendre malgré tout, et que mon corps ne réagissait pas forcément comme je le voulais : il était une vraie énigme pour moi. Et tout le monde sait que la curiosité est un vilain défaut... Il suffisait de voir l'état dans lequel je l'avais mis.
J'avais été surprise qu'il s'attache à ma main comme ça. C'était comme s'il recherchait et acceptait l'aide de partout où elle venait, complètement perdu, déboussolé, se sentant... Abandonné face à ses propres démons ? Sauf que j'étais responsable de ça... Et je ne me sentais pas capable d'y faire quoi que ce soit pour changer son état actuel. J'étais fautive, il était comme ça à cause de moi... Et moi, bêtement, j'étais incapable de l'aider. De toute façon, je doutais qu'il veuille de mon aide... S'il m'avait tenu comme ça, c'était simplement parce qu'il se sentait mal, et qu'il avait peur de tomber à nouveau.
Il tenta de parler, mais ne termina jamais sa phrase. A cet instant, un sourire triste avait barré mon visage.

-Ne te force pas à parler, j'ai pas besoin de comprendre si tu n'as pas envie de t'expliquer...

Alors que je franchissais enfin la porte extérieure, ayant fait comprendre dans un regard aux gens qui passaient que je n'avais pas de temps à perdre à zigzaguer entre eux.
Je poussai la porte de sortie, soulagée de ne pas avoir croisé Aaron, ce qui n'aurait pas franchement été adapté à la situation. Me dirigeant vers un banc que j'apercevais au loin, je m'y dirigeai, gardant Matthew contre moi pour l'aider à avancer. Il avait vraiment perdu toutes ces forces...

-Tu voudras... Que j'aille te chercher un verre d'eau ou bien... ?

Ou bien je m'en vais et je te laisse là tout seul, à ruminer ton passé...?
Je l'aidai à s'asseoir, et le fixant malgré tout d'un regard inquiet. Je ne pouvais pas m'empêcher de m'en vouloir. Même si notre première rencontre ne s'était pas bien passée, si je n'avais pas eu la chance d'être moins curieuse avec mes questions déplacées, ça ne serait pas arrivé, et je m'en voulais. Je savais que je n'étais pas de la meilleure compagnie, mais c'était mieux que d'être seul, non...?

J'écarquillai les yeux et fixai Matthew pendant un temps qui rivalisa facilement avec l'éternité. Abasourdie par ses paroles, je les tournai et retournai en boucle dans ma tête, jusqu'à ce que je me rende compte que c'était à moi de répondre. Affichant un sourire un peu troublé, je hochai machinalement la tête.

-Si tu veux.

Mais je pensais que tu serais bien mieux sans moi, j'étais responsable de ton état... Cela dit, je n'étais pas à l'abri des surprises. Une fois n'est pas coutume, il reprit la parole, tandis que sa tête était baissé, ses cheveux balayant son visage. Il agripait son t-shirt à l'emplacement de son coeur. J'acquiesçai à ses paroles. Oh ça oui, ça avait l'air de tellement te faire mal... Mais à quoi est-ce que tu avais pensé, Matthew ? Qu'est-ce qui t'avais mis dans cet état...? Je savais, j'avais compris que ça avait un rapport avec sa mère... Mais ensuite ? Il y avait autre chose, j'en étais persuadée... Mais quoi ?
Hésitante, je rapprochai une main de la sienne et la serrai doucement. Je l'obligeai délicatement à lâcher son t-shirt, et c'est là que je vis les larmes sur ses joues. Je ne savais pas trop ce que je faisais, c'était sans doute instinctif. J'avais déjà vu la mère d'Allen le faire lorsque j'étais petite... Et je me souvenais qu'à chaque fois qu'elle m'avait regardé avec ses yeux bleus, sont sourire, et qu'elle m'avait dit de sa voix douce que tout allait bien se passer, elle avait eu raison. J'avais cru en ces paroles, en cette promesse, j'avais retrouvé mon sourire... Mais j'étais une gamine. Matthew était plus grand, ses démons étaient bien plus puissants et destructeurs. Alors est-ce que j'allais au moins réussir à le mettre rien qu'un peu de meilleure humeur ? Je l'espérais tellement, et pour une fois, j'étais vraiment sincère. Après ce qu'il semblait vivre, je ne pouvais pas lui cracher dessus et lui dire que je n'en avais rien à foutre de ses malheurs alors que lui n'avais pas hésité à m'enfoncer quand il en avait eu la possibilité. J'avais un coeur... Au moins un petit, non ?

-Matthew... Calme-toi. Respire calmement, reprends-toi.

J'affichai un petit sourire bête et triste.

-Je doute que tu veuilles que je te vois dans cet état-là.

Serrant gentiment sa main pour lui montrer que j'étais malgré tout là pour l'aider, je repris :

-Peut-être que si tu en parles ça te fera du bien...