Soupire, Kin se demandait pourquoi l’éducation était si difficile à organiser à Terrae. N’y avait-il pas de manière plus simple ou c’était juste les procédures qui l’épuisaient ? Il fallait qu’il se rende à l’administration de l’institution, expliquer son parcours scolaire, faire évaluer ses diplômes, certifier qu’il comptait bien complèter son Master en droit, contacter son ancienne université à Tokyo pour que son dossier soit transmis à Terrae, débuter les démarches pour les cours en ligne et blablabla…

Lui qui pensait qu’il n’y passerait que la matinée, voilà déjà qu’il était midi passé et qu’il n’avait pas mangé. Son corps criait famine, mais il n’avait pas vraiment le luxe ni l’envie de bouger son corps de mollusque, s’asseyant sur un banc de la cour alors qu’il tendait complètement les jambes en avant, s’affaissant sur le dossier du banc alors qu’il levait les yeux en direction du ciel. Il était fatigué, cette nuit aussi fut très courte pour lui, les cernes de la quasi-nuit blanche qu’il avait passée à se renseigner sur le site de l’institution s’affichant pleinement sur son visage.

Lui qui était légèrement plus pâle que la moyenne, il manquait pas de ressembler à un véritable vampire qui s’est échappé de son cercueil. Faut dire que sa cellule de détention dans le commissariat central de Tokyo n’était pas si bien éclairée pour commencer, puis au moins ça avait permis de dissimuler facilement les quelques hématomes qui se sont invités sur sa peau. Il avait encore quelques douleurs d’ailleurs, se demandant comment ils avaient fait pour ne rien lui casser mais pour quand même bien lui faire mal… Les policiers ne sont pas des enfants de cœurs, c’était la moindre des choses qu’il pouvait en conclure… Même si de manière plus urgente, il réagissait par rapport à quelque chose qui écrasait le bout de son pied l’espace d’un instant.

- WAAA-AÏE !!

Oui, un cri bien viril et très étrange alors qu’il pliait le genou et se tenait le pied, ouvrant grand les yeux alors qu’il cherchait du regard le vil criminel qui l’a pris par surprise. Au départ bien énervé, il remarquait que c’était une femme en chaise roulante. Bon, déjà le fait qu’elle soit handicapée refroidissait pas mal sa colère, mais la mine qu’elle dégageait n’augurait rien de bon. Pour elle, en tout cas. Alors qu’il avait encore des picotements après s’être fait écrasé le pied, il faisait signe à la demoiselle avec un regard légèrement concerné.

- Ca va aller ? Tu n’as pas l’air d’aller très bien… Tu es perdue ?

Évidemment au moment où il disait ça son ventre se mit à grogner de plus belle, faut croire que la douleur avait quand même eu pour effet de réveiller son corps engourdi par la fatigue !

Clairement Kin était perplexe. Lâché dans une terre inconnue, à se taper procédures sur procédures, à se retrouver au milieu de personnes qui connaissaient mieux les choses que lui, comment ça se passe par ici etc… C’était assez épuisant. Et voilà qu’il se faisait rouler dessus. Bon, c’était en partie de sa faute, qui étendait ses jambes sur le chemin comme ça ? C’est pas la faute de la femme dans un fauteuil, ça aurait été un coureur le problème aurait été le même, quoique plus dommageable pour le coureur qui aurait trébuché et chuté. Vraiment, heureusement qu’elle était sur un fauteuil. Et au moment où il pense ça il fronce les sourcils et se dit que c’est pas sympa de se dire ça, en fait. Trop de choses se contredisaient dans sa tête, ça lui donnait une mine pas fiable, mais la fille réagissait à ce qu’il avait demandé… et elle lui demandait où se trouvait la cafétéria. Elle avait faim, elle aussi ?

- Hmm… Je devrais pouvoir me débrouiller.

Il se redressait et commencer à contourner la jeune fille, ne se doutant pas une seule seconde qu’il posait les mains sur le fauteuil d’une Master et qu’il commençait à pousser pour la faire avancer sans qu’elle n’ait à faire quoique ce soit. C’était naturel pour lui d’aider les personnes en difficulté, on apprend toujours aux petits japonais de porter les affaires des personnes âgés, de laisser sa place aux femmes enceintes dans les transports en commun et de respecter ses aînés. Il ne faisait pas du tout attention aux regards circonspects que pouvaient lancer les autres passants, tandis qu’il avancer en direction du bâtiment principal de l’institut.

- Je m’appelle Kin, c’est quoi ton nom ? Tu te promènes souvent seule ? J’espère que je suis le premier sur qui tu roules dessus, les gens peuvent porter plainte pour ça tu sais.

Il ne savait absolument pas où se trouver la cafétéria, mais c’était un grand garçon : en cherchant un peu il devrait trouver. Il n’est pas si stupide après tout. Il n’est pas du tout fatigué et au bord de l’anémie, ha ha ha.