Il accepta de répondre à ma question et je l'écoutai avec intérêt. Je n'avais jamais parlé avec quelqu'un qui était ou qui avait été soldat, donc j'étais curieuse. Ce devait être dur sur le mental, ça je n'en doutais pas. Je baissai les yeux lorsqu'il déclara que c'était nécessaire dans ce monde. C'était... triste. Il précisa avoir majoritement servi en Afrique, contre des groupes terroristes.

— Mon père vient du Nigéria et j'y suis déjà allée quelques fois... Je suis contente de ne pas y habiter.

Il me semblait bien que le Nigéria se trouve en Afrique de l'ouest justement. Il y avait déjà eu une attaque terroriste à quelques kilomètres de la maison de grand-mère pendant une de nos visites. Mon père avait d'ailleurs dû m'expliquer ce que c'était, le terrorisme.

Puis, j'appris qu'Akkiko et Tiago s'étaient déjà battus côte à côte à deux reprises. En un an, ça aurait pu être pire. Il me demanda comment j'avais rencontré le colombien. Je me rémemorai alors la journée de merde que j'avais eu et la façon dont j'avais pété les plombs.

— J'étais en train de me défouler sur un arbre avec mes éclairs. J'étais... à bout de mon travail. Et lui m'a adressé la parole et m'a invité à aller boire un café, m'a laissé vider mon sac. Ensuite il s'est rapproché d'une de mes potes, du coup on a commencé à se côtoyer, déclarai-je avant de prendre une gorgée de ma boisson chaude.

Moi non plus, je ne connaissais pas le passé de Tiago. Ni grand-chose sur lui maintenant que j'y réfléchissais bien. C'était un peu étrange vu que dans mon cas, j'avais partagé un bon nombre de choses me concernant avec lui. Le pauvre, il était souvent là quand j'étais mal ! D'abord lors d'une crise de colère à notre rencontre, puis une crise existentielle a.k.a mon étoilisation, puis une crise larmes quand Ariana m'avait rejeté. Et tout cela était complètement hasardeux. Wow, what the fuck.

— Ouaip... répondis-je après avoir réalisé la plaie que j'avais été.

Peut-être que, dans son cas, il n'aimait pas parler de son passé ou de son ressenti. En tout cas, il m'avait soutenu et c'était toujours sympa de traîner avec lui. Je hochai la tête aux paroles d'Akkiko : je pense que pour tout le monde, Terrae était comme une grande bouffée d'air nouveau et frais. Il s'exclama ensuite que je pourrais venir le voir la prochaine voir que je n'irais pas bien, qu'il me montrerait des méthodes pour me défouler autre que de taper sur un arbre. Il mentionna une famille de tanukis et précisa qu'il avait déjà été garde forestier.

— Oh je vois. Ne t'inquiètes pas, ce n'est pas dans mes habitudes de rager sur des arbres. De toute façon, je trouve qu'un sac de boxe est beaucoup mieux.

J'étais passée au travers d'une période remplie de colère après ma bagarre en phase six de l'éclipse et sans punching bag, ça aurait été difficile à surmonter. Ça et Bito, bien entendu... Il m'avait aidé à retrouver ma joie de vivre.

— Française.

Akkiko reçut alors un message et dit qu'il espérait qu'on se reverrait. C'était probable oui étant donné que la ville était plutôt petite ! Un jour, je connaîtrais peut-être tout le monde. Je ne comptais pas partir après tout.

— C'est moi qui devrait te remercier ! Gimli est important pour moi.

Il me souhaita une bonne journée et réitéra sa proposition de combat de boxe. Ça pourrait être sympa comme en plus, je n'avais que peu de gens avec qui boxer. La plupart du temps, je ne faisais que m'entraîner.

— Cool ! À la revoyure.

Je le regardai partir en agitant la main, puis terminai mon chocolat chaud avant de sortir mon téléphone pour demander à Elisha si elle était libre pour faire quelque chose ensemble.