__-Et voilà qu’elle s’est endormie.
__-Elle a l’air d’avoir trouvé un foyer, mais c’est moi qui suis paumée.
__-Je l’allonge dans mon hamac et lui mets une couverture dessus, puis vais dans mon dortoir réservé aux agrumes. On est en milieu d’après-midi, elle se réveillera pour le dîner, probablement. Le temps qu’elle se réveille, tout ça, puis que je cuisine à dîner, ça lui fera plaisir d’avoir un apéro, et je ne vais pas lui sortir une bière. Du coup je cueille quelques oranges, les presse et mets le tout dans un verre que je pose à côté du hamac avec un post-it : Si tu ne me vois pas, c’est que je dois être en train de bédave dans un coin. Suis la fumée.
__-Huh, dit comme ça, ça fait pas très grand sœur responsable. Mais à un moment, je reste comme je suis, on va dire.
__-Et effectivement, une fois mes écouteurs retrouvés, je vais m’affaler sur un coin de mousse quelque part au fond des dortoirs, proche d’une fenêtre, un peu de Joe Walsh dans les oreilles, un bon gros pétard des familles et on détend absolument tous ses muscles.
__-Han, ’faudrait que je me fasse pousser des champis, ça ce serait extra.
__-Ouais, j’arrive à dire ça cinq minutes après avoir adopté une mineure.
__-On me changera pas, je vous ai dit.
__-Enfin, maintenant que j’ai détendu chaque atome de mon corps et de mon esprit, on peut réfléchir un peu posément, mais sans stresser.
__-Est-ce que c’était une bonne idée ? Carrément pas.
__-Est-ce que je vais avoir les moyens de l’assumer ? Jamais de la vie.
__-Est-ce que j’en ai quelque chose à foutre ? Même réponse que précédemment. À un moment, quand le destin te tend une perche. Il faut savoir saisir l’occasion quand elle se présente. Pfiou, ça y est, je commence à dire des banalités, c’est le signe que c’est foutu là haut, sous mon crâne ; plus de réflexion poussée possible. J’vais probablement m’assoupir un coup, moi aussi, tiens…