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Bienvenue parmi les tiens, Nicolas.
##   Mer 5 Mai 2021 - 15:38
Hideko Honda

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Hideko Honda
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Debout au centre de la pièce, entourée de plusieurs Masters disponibles pour ce soir, je jetai un regard l'espace de quelques secondes à Aaron, un léger sourire étirant discrètement le coin de mes lèvres. Il avait eu peur d'avoir des imprévus lors de sa dernière mission, et était littéralement effrayé à l'idée de rater ce jour... Mais bon, j'espérais quand même qu'il savait que je n'aurais pas demandé à Nicolas de revenir en salle des Masters sans que son "papounet" soit là pour le voir accéder enfin au rang tant attendu de Master.

Mes yeux se reportèrent sur ma main, qui contenait la fiole qui était comme apparue par magie après le combat du jeune homme dans l'arène. La pièce avait disparu pour laisser apparaître la fiole. La fiole, une fois vidée, disparaitrait pour laisser réapparaître la pièce. Un cercle sans fin, mais qui devait suivre son cours en permanence pour renouveler notre belle famille qui ne cessait de s'agrandir chaque année.

Enfin, mon regard se posa sur les deux immenses portes de la salle des Masters, derrière lesquelles venait d'arriver l'énergie de Nicolas, entièrement rétabli à présent. J'avais lancé l'Appel quelques minutes à peine plus tôt, l'informant que nous l'attendions en salle des Masters.

Mes doigts se resserrèrent sur la fiole, et je croisai mes mains dans mon dos. Nous t'attendions, Nicolas. Il était temps d'entrer... Et de venir endosser ton nouveau rôle.


Bienvenue parmi les tiens, Nicolas.  Bxqs
##   Jeu 6 Mai 2021 - 14:48
Nicolas L.L. Williams

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Nicolas L.L. Williams
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Intro tranquille mais inutile:

Nicolas ouvre les portes de la salle des Masters sans y avoir été invité. …Bon, techniquement, il a été invité, puisqu’à mi-chemin il a senti l’Appel. Quelque chose d’indescriptible d’ailleurs... Pas comme une voix lointaine, pas comme une main qui s’accroche à son torse pour le tirer en avant… C’est un instinct. Dans tous les cas, le stress n’empêche pas d’être poli… et ça aurait eu le mérite d’éviter de lui rajouter du coulis de stress, sur le stress fourré au stress sur son lit de stress grillé. Parce qu’il y a « faire le Rêve ». Et y’a « faire le Rêve avec des témoins ». Alors voilà. Il est planté quelques secondes à l’entrée, le temps de bien nager dans l’angoisse, et puis il s’arrange pour réussir à faire un pas, puis deux… et il referme les portes derrière lui.

C’est dans ces moments où il fait de l’humour généralement, pour détendre l’atmosphère tout ça… Mais il n’y arrive pas. Il aurait voulu voir l’état des mains d’Hideko, même s’il se doutait qu’elle avait dû être soignée tout aussi bien que lui, mais le voir l’aurait rassuré, comme à chaque fois que les siens ont été blessés… sauf qu’elle les tenait dans son dos. Alors il s’avance pour se placer devant elle, n’osant saluer les autres Masters que par un bref mouvement de tête, même Ronron, étant à peu près sûr que sa voix allait le trahir. Il s’arrête, jambes écartées d’un soldat au repos, mains dans le dos par pur mimétisme, son corps un peu penché en avant pour mieux entendre ce qui allait être dit. Maintenant. Car c’était important. Ça allait être important pour le reste de sa vie.

Sa voix est un murmure grave. Un frisson longe son dos avant de se répandre dans ses bras, lui donnant la chair de poule. :

-Salut... C'est l'heure du speech  sur le Vide, le Rêve, tout ça hm ?...

Inspiration. :

-Je suis pas pressé. Personne ne l'est. Hein ? Mais vraiment, on peut passer à l'étape suivante. Je vais pas reculer maintenant.

Il était inquiet oui... mais il n'allait certainement pas faire demi-tour là alors que le plus dur restait à faire. Il avait promis de tout donner pour protéger Terrae, sa maison. Il allait le faire même si son instinct de survie lui hurlait de partir.


#666699
Bienvenue parmi les tiens, Nicolas.  Oblk2p


Spoiler:
##   Mar 11 Mai 2021 - 12:02
Hideko Honda

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Un sourire étira délicatement le coin de mes lèvres et je retins un léger rire face à ses mots. Passer si rapidement à l'étape du Rêve allait inévitablement réduire le stress du garçon, retirant à la cérémonie toute sa dimension si officielle. Malheureusement, je ne pouvais pas répondre à ses attentes ; si je ne lui posais pas directement les questions, si je ne m'assurais pas à 100% que Nicolas était sûr de lui, alors je savais que je m'en voudrais toute ma vie. L'un de nos derniers Masters avait vrillé. Je ne pouvais pas ne pas prendre toutes les précautions, même si elles étaient orales, même si elles ne reposaient sur aucun contrat. Tout reposait sur ce serment oral. Et puis, nous avions des Voyants qui pouvaient revoir la scène à volonté, et même la partager aux autres avec un peu de concentration, alors il n'y avait pas besoin de papier ou de signature.

Seulement, le dialogue devait avoir lieu, et le jeune Tonnerre ne pourrait pas y couper.

-Nicolas, si tu es ici ce soir, c'est parce que tu as prouvé que tu méritais ta place parmi nous. Quand, il y a de ça plusieurs années maintenant, tu as accepté l'invitation d'un Master pour venir ici, à Terrae, recommencer ta vie à zéro, nous t'avons promis que nous t'aiderions à remplir ce Vide en toi.


Je dévoilai mes mains qui étaient dans mon dos, tendant la fiole dans sa direction.

-Dans cette fiole se trouve le liquide qui te permettra de faire le Rêve ; ce fameux Rêve qui comblera ton Vide et te permettra de panser tes blessures passées. A la fin de ce Rêve, tu découvriras ta greffe, symbole de cette renaissance que nous t'offrons, cette fois-ci en tant que Master.


Mes doigts se refermèrent délicatement sur la fiole, ne lui laissant pas encore la possibilité de la saisir. J'ancrai mon regard dans le sien.

-Seulement, avant de te laisser boire le contenu de la fiole, je dois te demander une chose. Je sais que tu y as déjà répondu, et je sais que ta décision est prise depuis longtemps déjà, mais malheureusement, tu seras obligé de nous le dire une fois encore.

Je marquai une pause, lui adressant un sourire confiant.

-Es-tu sûre de vouloir embrasser cette nouvelle vie, jures-tu de protéger et de chérir cet endroit, ainsi que les personnes qui y vivent, au prix de ta vie, ou bien préfères-tu retourner à ta vie ordinaire, celle que tu menais autrefois avant d'arriver ici ?


Je ne lui demanderai pas s'il a des questions. Il vit avec Aaron. Toutes ses questions ont déjà trouvé leurs réponses.


Bienvenue parmi les tiens, Nicolas.  Bxqs
##   Mar 11 Mai 2021 - 16:37
Nicolas L.L. Williams

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HRP : Avant toute chose, je suis désolé, voilà. C’est long, posez un RTT pour lire. Ensuite, trigger warning : ça parle de sang, de torture, de mort et de drogue, parce que je me refais pas, et tout ça sous couvert de métaphores alambiquées et du filtre des perceptions de Nicolas. Ça, c’est fait. Je suis désolé pour les musiques, je poste ça de mon téléphone et j’ai écrit à l’avance, codes inclus. …Je crois que j’ai tout dit ? Maintenant, bon courage à vous.

Nicolas arrive à retenir son soupir déçu mais le coin de ses lèvres tressaille inévitablement quand Hideko Honda, directrice de Terrae, entame son discours, certainement bien rodé, sans prendre en compte sa demande. Bon. Il aura essayé. Mais dans son angoisse, il est assez intelligent pour éviter de s’en plaindre et l’écoute attentivement. Elle parle du Master qui est venu le chercher au village… Il se souvient. Il venait d’aider une fille à fuir son agresseur… Elle lui avait piqué son dernier billet du mois. Il n’avait plus les moyens de s’acheter de quoi manger avant un bon bout de temps, il n’était pas prêt pour le lycée et toutes ses tentatives pour essayer d’avoir une vie meilleure ailleurs s’étaient soldées par des échecs cuisants… Quand il a pris la main de Tomoe, il ne voulait pas combler son Vide -il a toujours plus ou moins eu la sensation qu’il pouvait vivre avec, à cette époque… Il voulait juste être ailleurs. Et ailleurs venait de s’offrir.

Hideko montre enfin ses mains et s’il devait se concentrer sur la fiole, Nicolas n’en fit rien. Il examina la peau qu’il pouvait voir de là où il se tenait, contenant sa frustration de ne pouvoir mieux l’observer. Puis ses yeux d’argent se posèrent dans les siens, elle devait demander, elle devait savoir. C’est normal, grand pouvoir, grande responsabilité tout ça, l’oncle Ben n’est pas mort pour rien… …Et Nicolas lâche un rire bref en entendant ses derniers mots. Pour un bref instant, il se sent tout léger… il a toujours peur, oui, mais il sait pourquoi, il se souvient pourquoi… et ça va mieux. Vraiment, il n’est plus le gamin qui s’est enfui, il est un homme qui va se battre pour sa maison.

Il s’approche doucement pour poser ses doigts sur le poignet de Hideko, sans toucher la fiole. Sans emprisonner sa main, il fait pivoter son avant-bras en l’observant sous toutes les coutures… Elle n’a aucune trace du combat. Nicolas sourit. :

-On a beau avoir des pouvoirs magiques, vous savez, pour moi la vie ordinaire, c’est celle que vous m’avez offert. Et je pense- enfin, je ressens la chose comme ça… Mais ça m’est plus précieux que le Vide, la Greffe… Il laisse planer silence. Alors avec ou sans, oui, je promets de veiller sur Terrae.

Délicatement, il s’empare de la fiole et aussitôt un nœud se forme dans sa gorge. Il souffle en la fixant ; dans d’autres circonstances, il aurait sans doute pris le temps d’analyser la substance… Mais sa curiosité scientifique est bien loin. Après quelques secondes à rassembler son courage, Nicolas ouvre la fiole et la boit d’une traite.

...


***

La synesthésie (du grec syn, avec (union), et aesthesis, sensation) est un phénomène neurologique par lequel deux ou plusieurs sens sont associés.

a ?...
♫ Muse – Map of Problematique

C'est la loi du silence, il est plein de couleurs et de chaleurs. Il flotte dans l'espace vide et infini, il n'a aucune sensation de pesanteur, mais il ne fait pas sombre. Tout est couleur et chaleur dans son monde... Parfois il entend des sons dans sa loi du silence, des mots d'amour étouffés, des cris de rage et d'injustice qui percent, une chanson murmurée qui fait vibrer ses petits os... Et sur chaque son, il voit une nouvelle couleur. Un jour, il dut inspirer pour la première fois depuis longtemps, puis il sentit de nouvelles odeurs... Un nouveau canevas s'ajouta à l'aquarelle de ses perceptions. Nicolas... Petite victoire. Nicolas tend ses mains vers la moindre petite source de lumière même si elle lui brûle les yeux. Nicolas goûte de la nourriture et s'invente des symphonies. Nicolas serre sa petite main autour d'un pouce. Ça sent le tabac et les fruits rouges. Une note traverse l'espace et le temps... Sa mâchoire se sert, ses pupilles se contractent, ses muscles s'activent d'un seul coup.

Il inspire, d'un coup, comme si cette vision n'avait été qu'apnée, que passée. Quelque chose qui vibre en lui au point d'être un bout de lui sans qu'il en ait conscience. Ce sont les premières et dernières couleurs qu'il a vu lors de la première partie de sa vie, les seules qui ont animé son enfance... Celles dont les échos s'étaient perdus au plus profond de lui. Il tousse, dégage sa gorge de l'eau qui l'étouffe encore un peu. Il lève enfin la tête... Il se trouve au milieu des bois, dans une petite ferme abandonnée. Cette petite ferme où certaines racailles venaient pour tabasser en toute impunité. Celle où des gamins lui ont cramé le dos avec un fer brûlé à blanc. Il se lève d'un coup, portant la main dans la zone de son dos où il ne sent plus rien, les nerfs ayant été détruits. Il entend les échos des rires sadiques, l'odeur de sa chair brûlée, le goût de son propre sang dans sa bouche, la sensation de l’eau dans ses poumons... Mais il n'y a rien. Il ne se passe rien. Il appelle. Sa voix n'atteint rien, comme d'habitude. Il ferme les yeux, inspire longuement... pour finalement se rendre compte qu'il n'a pas accès à son palais mental. Qu'il ne sent plus du tout la présence du Loup Noir... Qu'il est perdu dans un pan de son passé sans avoir que lui-même à quoi se raccrocher.

C’est terrifiant. Il a une sensation de vertige qui le saisit… Comment faisait-il avant ? Sans cette présence en lui, pour avancer, pour rejeter ses erreurs, pour oublier le pire ? La question lui paraît stupide, parce qu’il n’a jamais eu l’impression d’être seul… et puis elle lui fait peur… donc il n’avait jamais vraiment été seul ?

Soudain, il court. Il fuit dans les bois qu'il connaît tant, comme s'il avait façonné chaque arbre, chaque brin d'herbe, chaque détour, ... Rassurants et inquiétants à la fois. Il ne s'arrête pas. Il entend bientôt des souffles autour de lui, des chiens de chasse. Il sent leur désir, il connaît cette violence qui habite leur âme ; elle fait écho à la sienne. Il voit tout, mais il est seul. Il court dans la même direction qu’eux, mais il fuit seul. Il a des flashs d'une clairière, de trous rouges dans le cœur ivoire d'une peau ébène. La note des couleurs lui déchire le tympan. Il a le goût métallique dans sa bouche, ses mains couvertes de sang, ses yeux remplis de peur. Ces sensations et émotions gravées en lui, qui lui manquent et qu'il rejette. Parce que ce n'est pas bien. Parce que ça fait mal. Mais ça l’habite aussi autant que ses poursuivants ; l’envie de tuer pour se sentir vivant. Il hurle un silence, à s'en déchirer la gorge, à s'en exploser les poumons, en quête d'un espoir ou d'un réconfort. N'importe quoi. N'importe quoi tant que ça le retire de ces doucereuses et douloureuses blessures qu'il s'inflige et qu'il inflige.

Ça suffit, il n’en peut plus déjà.

Une sensation de vertige le pousse en avant puis en arrière. Elle stoppe sa course, lui fait perdre ses repères. Il doit reprendre le contrôle, vite, comme un instinct qui l’attire continuellement, la fuite en avant, avec une odeur de mauvaises cendres, le fond d’un cendrier qu’on n’a jamais nettoyé. Nicolas regarde le petit membre du gang… Il ne doit pas être beaucoup plus jeune que lui est pourtant c’est vers lui qu’il est venu en premier. Sans délicatesse, il soulève son visage pour mieux l’observer ; il a été torturé de manière experte. Le visage est tuméfié mais dans quelques jours il n’y aura plus de traces de coups, ses dents ont été arrachées avec soin, elles ont même été rendues. Le Chasseur est un véritable chirurgien quand il veut… Nicolas fait glisser son pouce sur la mâchoire du petit. Il n’a rien dit qu’il assure. C’est un mensonge… Sinon il aurait perdu des incisives, pas des molaires. Lentement il plante le canon de son glock entre les côtes du petit qui geint aussitôt. Ça sent les larmes d’enfants, la tristesse chaude et profonde terriblement sincère. Il n’était pas triste de potentiellement mourir, il était triste d’avoir trahi… Nicolas soupire et balance le petit au loin. Qu’il vive donc avec ses regrets et ses dents en moins.

Il serre les dents. Dans la salle de classe, il est silencieux lors d’un contrôle de maths… Sa main est douloureuse, il porte les traces de son dernier combat de rue… Il allait devoir apprendre à se servir de sa main gauche.

Quelqu’un supplie, qu’on ne coupe pas ses doigts ! C’est son seul outil de travail. Rat et Vipère pèsent le pour et le contre ; c’est un doigt ou rien puisqu’il a volé, il aurait dû y penser avant, et de toute façon couper une oreille à la hache, c’est le meilleur moyen pour en foutre partout. Mais d’un autre côté, ni l’un ni l’autre n’avait envie de s’y mettre de toute façon. Et Nicolas n’avait aucune envie d’être là. Il doit reprendre le contrôle, vite, comme trois notes de piano aigus qui lui déchire la chair, la faim est en train de faire fondre son corps et l’énergie lui manque. Il arrache la hachette des mains de Rat, fout un chiffon taché d’essence et d’huile dans la bouche du prisonnier et commence à trancher l’oreille. Il fait craquer le cartilage comme des éclairs font crépiter l’air et le hurlement de l’homme vient remplir sa bouche du goût du sang tout aussi bien que s’il avait arraché le membre avec ses propres dents. Un boucher aurait plus de tendresse. Un tueur aurait plus d’âme. Nicolas n’a vraiment aucune envie d’être là et de profiter de la vue de la chair se détachant d’un corps, laissant un trou béant. Se sentir vivant à torturer. Il jette l’oreille au sol avant de se tourner vers le voleur, lui donner une claque du revers de sa main. C’était inutile mais ça fait du bien, ça calme la symphonie chaotique des cris pour la remplacer par la douce berceuse des sanglots.

Il est dans le train. Cynthia lui a payé le billet pour qu’il aille dans la grande ville la plus proche, pour qu’il y voit s’il peut faire des études là-bas, s’il peut demander des aides, s’il peut s’enfuir… Mais la brume qui dévale les collines au petit matin, autour du village, s’accroche au train comme les doigts d’une sorcière refusant de laisser partir sa proie. Il peut l’entendre murmurer le chant le plus insidieux et persistant qu’il ait jamais écouté. Il est là, pour toujours, et elle ne le lâchera jamais. Le train entre dans un tunnel.

Le coup qu’il reçoit est faible. Pourtant il le reçoit avec une violence qui dépasse tous les coups qu’il a pu recevoir dans sa vie. Amadéus est en larmes, il a perdu son meilleur ami ce soir. Et même s’il n’est pas fautif, Nicolas en prend la responsabilité sur ses épaules d’enfant. Il a en écho, gravé dans son regard, le son des deux trous rouges dans le corps d’Oldie. C’est assourdissant ; plus fort que les sanglots et les insultes que son patron lui aboie au visage. Une vieille odeur de terre humide lui donne la nausée, il essuie distraitement sa main couverte de boue sur son pantalon tout aussi sale, trop grand et rapiécé. Mais l’odeur reste, comme une longue litanie, l’ombre d’une invocation de la mort aux sons lourds, graves, qui viennent du fond du corps, à en donner la chair de poule. Les gens qui ont peur de la mort doivent se méfier de cette prière en vérité. Elle s’accroche aux vivants plus qu’à ceux qui s’en vont. Elle s’accroche à Nicolas qui se laisse faire, même s’il n’a aucune envie d’être là, à accepter toutes les fautes du monde, à les assumer, parce qu’il est né. Et s’il ne servait pas à ça, à quoi servait-il ? A part à tuer ceux qui l’entourent…

Il ne veut plus être là. Vivre.

Le corps de son père tombe du plafond, se balançant doucement au bout d'une corde. Il arrive à reconnaître le visage bouffi et bleuté, les yeux rougis et la bave au coin des lèvres, à la note qu'émet le cou tendu par la corde ; ce son a l'odeur de la mort, de la boue qui s’insinue entre les doigts, qui s’intègre dans ta peau et te marque à vie. Il est beau François, dans son costume trois pièces bon marché, emporté dans sa tombe et le bout de ses doigts bleus, qui sentaient autrefois le tabac et les fraises, qui ont maintenant un air cacophonique en crescendo atroce. Est-ce qu'il s'est rappelé la douceur de la peau d'Hélène en touchant la corde de ses doigts d'ouvriers pour en faire un nœud ? Est-ce qu'il s'est souvenu des rires de sa famille en entendant le son de la corde se tendre sous son poids ? Est-ce que son sang qui l'étouffait, tentant désespérément d'irriguer son cerveau, avait le goût des fraises ? ...Est-ce que ça ne vaudrait pas le coup d'essayer, comme lui, pour voir ce qui déchire le cœur avant de passer à l'acte ? S’ouvrir en grand, casser les côtes, le thorax à l’air libre. Respirer pour de vrai, comme seuls les morts peuvent le faire… Il est beau et tellement con François. Comme Nicolas... Y'a un air de famille indéniable, dans la façon de se gigoter dans la vie et la mort comme un gibier pris au piège pour ce peu d'air, pour une seconde de plus sur terre avant la fin précipitée, dans la pupille contractée par la peur de mourir, dans le sourire psychotique de quelqu'un qui sait et attend la délivrance avec un bonheur extatique... Un froid immonde s'empare des entrailles de Nicolas qui hurle et tombe en arrière. Le vide, le noir néant qui l'embrasse...

Ce n'est pas le même vide que dans la loi du silence... C'est le vide de l'absence, du tréfonds, de l'abysse où il sait que la chute sera terrible.

…Il y a quelqu’un ?
Rien.
Absolument rien.
Trop long.
Avec rien.
Et puis ça fend l’espace, plus rapide que la lumière, plus intense aussi, ça anime chaque parcelle du corps et tout est plus éclairé, plus coloré, plus mélodieux, un ordre dans le chaos que lui seul peut trouver, des milliers de teintes qui s’entrechoquent et s’emmêlent, chaque personne a son harmonie, chaque respiration devient une nouvelle raison pour en avoir une nouvelle, éclater en milliards de rêves, s’accrocher à la lune et sa lumière diffuse, pulser comme une étoile pour fendre l’absolu néant de l’espace infini et le remplir d’infiniment petit, d’infiniment grand, d’infiniment utile et vivant !
Infiniment utile et vivant…
Utile et vivant.
Vivant.
Rien.
Et ce retour au rien qui brise le corps de Nicolas de l’intérieur, plus petit, plus insignifiant aussi, ça éteint chaque envie comme le souffle d’une bougie, plus de raison, plus de sensation, plus d’émotion, un chaos immobile que personne ne peut entendre, de l’absence qui se traduit dans tous les silences, chaque seconde loin de ça est une agonie, chaque moment à ne plus trouver la lumière le rend aveugle, étouffer sur lui-même, se laisser tomber dans l’oubli, agoniser dans le manque de ce qu’on a perçu pour un instant et vouloir le revivre, ne revivre plus que ça pour ne plus se sentir inutile et mort.
Mort.

ET CETTE PUTAIN D’ODEUR DE BOUE QUI NE LE LÂCHE JAMAIS !

Nicolas plante sa mâchoire dans une épaule et arrache la chair en y mettant toute la force que sa détermination peut lui donner. Il a faim. Il a faim et ça le rend fou ! D’accord c’est de sa faute si le monde souffre, si des gens sont morts. D’accord ! Mais dans ce cas qu’ils le tuent directement, qu’ils arrêtent de l’affamer… Plus il souffre et plus il se bat et plus il se déteste et plus il veut mourir. Que quelqu’un l’achève bon sang ! Mais non, ils le regardent comme s’ils ne comprenaient pas pourquoi l’enfant qu’ils battaient depuis des années devenait fou. Comme si ce n’était pas normal de voir un gamin rachitique se lécher les babines comme un animal à la recherche d’un sang qui n’est pas le sien après toutes ses épreuves innommables. Il a faim. Il a faim et s’il lui prenait l’idée de chasser ces petits villageois qui, eux, connaissent le goût d’un burger. Hm ?... Est-ce qu’il peut goûter dans sa chair à quel point il est une merde ?

Est-ce qu’il peut entendre sur les traits de son visage le goût de la peur ?

Non. Non, non, non. Pas de ça. Non. Il faut se tenir droit mais pas trop, avoir une démarche détendue pour ne pas attirer l’attention non plus. Il faut sourire, un petit sourire s’il croise le regard de quelqu’un, et rapide. Parce qu’il n’est pas là pour faire ami-ami mais il faut faire comprendre qu’il n’a aucune mauvaise intention envers les autres. Il faut apprendre à s’asseoir. Il faut apprendre à ne pas écouter les murmures autour, seulement sur la conversation qu’il tient avec la personne face à lui. Il faut apprendre à ne pas faire trop d’humour noir. Il ne faut pas dire qu’il n’a jamais fait une chose qui apparaît banale aux yeux des autres, il ne faut pas dire qu’il a déjà fait des choses que personne ne devrait faire dans sa vie. Il faut se fondre dans le décor, faire comme s’il n’était pas vraiment là, déjà parti. Il faut être seul, se couvrir d’un masque, éviter les mêmes erreurs à l’infini. Il faut être normal, moyen. Il ne faut plus exister. Ne plus avoir de substance, de présence. …Il faut admettre qu’il ne sert à rien et qu’il devrait donc ne rien faire. Statique.


Pourquoi la solitude fait aussi mal ?... L’arcade explosée d’accord, la moitié de la peau du dos arrachée très bien, brûlé à blanc bien sûr… La faim c’est une évidence, une plaie purulente est surprenante, la fatigue peut se montrer terrible alors qu’elle semble si banale… Alors pourquoi la solitude ? Alors que c’est normal qu’il soit seul. Tout ce qu’il a fait, tout ce qu’il a subi et tout ce qu’il souhaite, tout ça culmine vers un seul et même chemin. La solitude. N’y a-t-il rien de mieux que de mourir seul ? A l’abris des regards, disparaître sans nouvelles, dans l’ombre d’une petite pièce dans une petite ville sur une petite terre dans le petit bout d’espace sans fin. Disparaître sans un son, pschitt ! Perdu dans la nuit, d’un coup comme ça, comme parti dans un sommeil éternel. Garder les yeux fermés à tout jamais, à rien toujours. Ne plus être là. Plus jamais sentir. Plus jamais voir. Plus jamais écouter. Plus jamais goûter. Plus jamais. Rien. :

-Ça y est t’as fini ? Douloureux, hm ?... On peut passer à la suite ?

-…Quoi ?! MAIS-

Je lui donne un coup de pied et il part en arrière. Il chute. Il chute dans un gouffre qui n’a ni haut, ni bas, ni raison d’être. Il va droit vers le sol pourtant… Vers le plafond ?... Son corps s’écrase avec une violence inouïe, soulevant la terre autour de lui, coupant sa respiration, craquant ses os, rouvrant ses vieilles plaies, le laissant pour mort dans le noir. Il doit lutter pour respirer et se concentre uniquement sur ça pendant longtemps…
Car même là, au fond de son Cauchemar, il ne se laisse pas mourir.
Car rien ne peut le tuer dans ce monde.
Sinon lui-même.

...


La meute est un groupe de canidés, mais le terme s'applique aussi à d'autres carnivores ou autres catégories animales.

Z - Zêta
♫ Adventure Time – Everything stays

Il n’y a rien. Rien à quoi s’accrocher. Ce n’est pas comme s’il était dans le noir… Il n’y a juste rien et le néant est sombre comme ça… C’est parce qu’il n’y a pas d’étoiles… Il se plie un peu sous la douleur mais il ne se lève pas, il n’avance pas. Rien n’avance car rien ne l’attend. Il est resté le même et c’est normal, il le mérite. Il a fait du mal ; il a blessé et il a tué. Il a privé et il a saigné. …Il saigne. Toutes les blessures de son passé ouvertes non pas pour dire « vois combien tu as eu mal » mais « vois à quel point tu as fait du mal ». Car même là où il y a des plaies défensives, il y a eu contre-attaque. Il le sait. Il se souvient du pire.

Il se fait tout petit. Tout petit rien dans le néant quand il aperçoit une lumière au loin.

C’est une étoile qui apparaît. Nicolas ne veut pas bouger ; il va encore la détruire s’il va vers elle n’est-ce pas ? Il préfère qu’elle passe son chemin, il préfère qu’elle l’ignore c’est mieux comme ça. Mais l’étoile s’avance, elle tremble un peu, elle chavire lentement… Parfois elle s’arrête, s’accroupit pour faire quelque chose au sol avant de se relever et reprendre sa route. Et plus elle s’approche, plus Nicolas réalise qu’il ne s’agit pas vraiment d’une étoile… C’est un mélange, un tout, de la terre et du soleil dans un seul être… Du magma intense, mortel, doux, vivant. Dans les méandres de ce qui lui sert de chair, sous son manteau de roche durcie et noire, un feu chaleureux pulse. Si loin, elle paraissait minuscule et insignifiante mais plus près, elle dégageait une force tranquille, une paix absolue… et dans ce néant qui les entourait, elle le remplissait complètement.

Debout au bord de la crevasse, elle le regardait de là-haut sans rien dégager d’hautain ou de malintentionné. Elle semblait réfléchir avant de glisser à sa rencontre. Nicolas panique, veut pour reculer… Il avait peur de lui, peur de la blesser,… peur de lui faire peur. Mais une fois à ses côtés, elle s’agenouilla pour déposer tranquillement sa main sur son épaule, sans le brûler. Tout va bien. Et il se calma soudain bercé par la phrase familière. Phrase qui n’avait pas été prononcée. Il l’avait senti. Il avait senti les effluves de fruits d’été bien mûrs, l’odeur du bois des crayons que l’on taille, les fragrances d’un savon aux coquelicots… Un hymne vibrant de vie, riche, dynamique et pourtant si serein, stable, tranquille… Les premiers jours qui suivent le solstice d’été ont ce goût particulier. La chaleur provenant de la main emplit soudain tout son corps, apaise un peu sa souffrance… Elle la retira pour la reposer sur sa joue cette fois, les yeux bleus sondant le regard de Nicolas avec inquiétude avant de sourire tendrement.

Ils ne parlent pas, ils ne se parlent jamais en fait. Très tôt ils ont su se regarder et apprendre à connaître l’autre avec ce qu’il y avait au plus profond d’eux. Une connexion inexplicable mais pourtant si évidente, entre deux êtres qui ne se ressemblent pas du tout. Elle l’aide à s’asseoir avec des gestes mesurés, elle l’a déjà fait dans le passé, il l’entend dans sa façon de le tenir. Elle l’aide à retirer son haut déchiré avant de délicatement passer sa main chaude sur ses blessures. Nicolas tremble, Nicolas retient son souffle… L’odeur de son sang s’efface petit à petit et il comprend ce qu’il se passe… Le magma s’étale sur sa peau, referme les plaies du passé. Ses cicatrices sont toujours là mais il est temps de les fermer. Il est temps d’arrêter de faire souffrir ce corps qui en a trop vu, et se concentrer sur le mental qui a encore beaucoup à voir. Le liquide sombre crépite, bouillonne et s’évapore au contact de l’étoile… ne laissant plus que ses odeurs et mélodies estivales sur son passage. Elle plonge de nouveau ses yeux dans les siens. Bien, il est temps de bouger maintenant.

Elle se lève et lui tend ses mains. Il les fixe avant de regarder autour de lui… Le néant n’a pas changé, toujours aussi noir, sans aucune lumière à l’horizon… Mais la seule étoile présente fait un geste pour l’encourager à bouger. Il doit bouger. Nicolas parvient alors à se saisir des doigts rocheux, mais doux, qu’on lui offre, timide et encore un peu perdu. La sensation est étrange, comme si la gravité était plus forte, son poids lui paraît insupportable… Il ne veut pas gêner l’étoile alors il la lâche mais elle l’en empêche à peine avait-elle senti qu’il comptait s’éloigner. Tout va bien, répète la chanson. Alors il la laisse passer son bras par-dessus ses petites épaules… si petite mais si forte. Finalement, heureusement qu’elle était là… A deux, ils ont peiné à sortir de la crevasse, alors tout seul il aurait mis plus de temps, il aurait plus souffert, il aurait sans doute abandonné… L’étoile laisse échapper une mélopée discrète ; elle rit. Non, il n’aurait pas abandonné, ce n’est plus vraiment son genre… Par contre il aurait mis plus de temps, comme d’habitude… mais elle aurait fini par le trouver aussi.

Au-delà de la crevasse, dans le néant, rien ne semble perturber l’horizon, à moins que l’on ait envie de baisser le regard… A intervalles réguliers, de petites pousses sortent des ombres.
A des endroits opportuns, des feuilles de chêne bourgeonnent.
A des moments importants, Nicolas et l’étoile se baissent.
Ils s’accroupissent, toujours bras dessus-bras dessous, et observent ensemble les plantes qui tentent, avec ce qu’elles ont de détermination, sans forcer, d’apporter des couleurs dans le paysage monochrome. L’étoile les frôle parfois, offrant un petit mot encourageant, sa main faisant bouger de la poussière dans l’espace, comme une nébuleuse qui s’enroule sur elle-même. Est-ce que c’est bien utile de faire ça ? Ne perdaient-ils pas du temps ? L’étoile souffle calmement, la nébuleuse s’agite. Elle ne voit pas en quoi c’est inutile… et son sourire est un soleil qui traverse les ténèbres… et Nicolas y répond.

Quelqu’un loin, très loin, hurle de douleur.

L’étoile ne réagit pas… Nicolas a apparemment été le seul à l’entendre car elle n’aurait jamais ignoré un tel cri. …A la place, elle guide de nouveau son ami dans la toute nouvelle forêt, comme si elle savait exactement où il devait se rendre ensuite. C’était peut-être bien le cas, car au bout de longues minutes épuisantes à marcher, quelque chose apparut à l’horizon. Des bâtiments méconnaissables, étrangement tordus, impossibles. Les pousses d’arbres devinrent de plus en plus éparses au point de disparaître et l’étoile s’arrêta net de marcher. Nicolas se décrocha enfin d’elle pour l’observer ; elle avait l’air de faire face à un mur invisible qu’elle seule pouvait percevoir puisqu’il arrivait à tourner autour d’elle sans se sentir gêné. Elle prit soudain sa main, lui demandant de s’arrêter, attrapa sa nuque de son autre main, sans utiliser la menace, la force, la manipulation,… Lentement, elle déposa un baiser sur sa joue gauche, puis sa joue droite. Il est surpris, non pas qu’elle fasse quelque chose de presque intime, mais par le fait qu’elle le fasse maintenant. A ce moment précis, il avait l’impression qu’elle lui disait adieu. Un vent se lève… Derrière l’étoile, les rangées de petits chênes qui se battent pour un jour devenir grand font rire leur feuille avec la brise, en même temps que le corps de l’étoile se secoue de tendresse. Non, ce n’est pas un adieu idiot…

Elle le lâche enfin et repart vers le néant, sans peur, en quête d’autres anges tombés sans doute, pour les guider à l’autre bout du vide, simplement, sans jugement, tranquillement, … Apaisé, Nicolas la voit partir et attend qu’elle soit loin pour regarder ses blessures… Il ne saigne plus. Il n’a plus mal. Il peut bouger. Alors il va le faire.

Ω - Oméga
♫ Cat Steven - Father & Son

Nicolas passe une porte qui semble perdue au milieu de nulle part et pourtant, une fois de l’autre côté, il se retrouve dans un étrange salon. Il y a un canapé et deux fauteuils, aux mêmes motifs vieillots et aux couleurs jaunies, encadrant un poste de télévision qui n’affiche que de la neige. Il y a un lecteur de vinyles, posé sur le même buffet que la télévision. Il semble cassé. Les sons, autour de lui, lui viennent comme à travers un filtre. Tout comme les couleurs d'ailleurs... Même les sensations. Quand il pose un pied sur le tapis monochrome tentant vainement d'apporter un peu de couleur vive au tableau, il ressent à peine la différence avec le parquet, bien qu'il soit pied nu, pour une étrange raison. Il regarde autour de lui. Il n'y a aucune photo sur les murs, rien pour faire décorum. La pièce est nue, pauvre, il n'y a que les poutres au plafond pouvant éventuellement donner un effet de foyer chaleureux... et pourtant. Il a l'impression d'être déjà venu ici.

Il passe sous l'arche menant à une autre pièce, y pose sa main. Il n'a pas le temps de traverser, il s'arrête net entre les deux. Soudain attiré par une sensation très vive. Le bois. Il connaissait chaque aspérité de la charpente qu'il frôlait de ses doigts. Il connaissait ces éclats de joie qui sentaient les fleurs printanières et la fraise, cette berceuse qu’il connaissait par cœur autrefois dont il ne se souvient plus des paroles, mais, a parfaitement retenu toutes les nuances de leurs odeurs : le tabac froid qui se mélangeait à l’odeur de la lessive, la crème hydratante pour les mains mais surtout, cette senteur dominant tout, qu’il avait arraché de sa mémoire, omniprésente, douloureuse, apaisante, partout, … des bouquets de lavandes séchées. Il les connaissait si fort que leurs sons étaient gravés dans sa chair qui survolait ce bois qui paraissait si banal à première vue. Il en était sûr maintenant, il était déjà venu ici, il avait souvent posé sa main à cet endroit. Mais quand ? Et où était-il ?...

Il traversa enfin l'arche pour se trouver dans une cuisine. Mais il resta sur le seuil. Ce n'est pas la soudaine vivacité des couleurs qui l'empêcha d'aller plus loin, allant du vert pomme au jaune citron, ce n'est pas la multitude d'odeurs qui lui vint au nez qui l'arrêta, de bons dîners aux gâteaux aux yaourts. C'est la vision qui s'offrit à lui. Comme mise sur pause. Il y avait Hélène, flamboyante, comme jamais il ne l'avait vue. Elle souriait, elle était pleine de vie et de jeunesse, resplendissante dans sa robe aux fleurs qu'elle avait cousue elle-même. Dans ses bottines vert fluo, elle ressemblait à une enfant. Mais elle était femme, elle était mère. François, qui était à ses côtés, grand bonhomme longiligne au sourire aussi doux que sa jeunesse fut dure de travaux fermiers. Un jeune brun joyeux aux yeux noisette qui pétillent, fixant ce qui avait tout l'air d'être un bambin aux yeux d'argent dans une chaise haute. Nicolas fixa longuement la scène, se demandant s'il s'agissait d'un réel souvenir ou si, finalement, il n'avait pas tout inventé quand la figure de François s'anima soudain. Il tressaillit, prêt se défendre mais François n'avait que des gestes lents, saccadés... Comme sur une vieille VHS abîmée. Puis il ne bougea plus de nouveau, le regard planté sur Nicolas au seuil de cette cuisine étrangère. Il savait très bien qu'il n'était plus sur pause, mais il lui fallut un temps avant de comprendre pourquoi l'homme qui devait être son père ne disait rien.
…Il avait oublié le son de sa voix.

Nicolas avait retenu la plus subtile aspérité dans une poutre mais il avait oublié la voix de l’homme qui lui avait donné la vie. Il s’écœure un peu… Il sait bien, quelque part loin au fond de lui, c’est normal d’oublier ça. François n’était pas quelqu’un de bavard pour commencer, et quand ils se sont séparés, avec Hélène, ce n’était pas comme s’il le voyait tous les jours… Et puis, presque quinze ans sans entendre la voix de quelqu’un, même si c’est un parent proche, ça joue un peu quand même non ? L’émanation de ce qui a été son père ne peut pas lui répondre de toute façon… Nicolas le regarde se lever, dans cette démarche robotique, passant parfois d’un endroit à l’autre comme s’il se téléportait, avant de le rejoindre à l’entrée de ce qui a été, de toute évidence maintenant, la cuisine de sa petite enfance. L’homme pose sa main sur son épaule mais il ne sent pas son poids ou sa chaleur, il arrive à percevoir néanmoins l’odeur de confiture de fraises et d’un tabac qui n’est pas le sien. Son autre main lui tend quelque chose ; une télécommande. Nicolas s’en saisit et aussitôt, l’homme lui fait traverser la cuisine, ressortir de l’autre côté, dans une cour minuscule et couverte de petits galets ronds et gris, où un autre souvenir est mis sur pause ; petit Nicolas et François ont fabriqué un pistolet de bois et d’élastique, les balles sont des boules de chewing-gums qu’ils mâchouillent brièvement et s’amusent à tirer pour les coller sur le mur du voisin pour se venger, parce qu’il fait trop de bruit le soir. Nicolas réalise qu’il n’a pas appris à tirer… Il a toujours su.

Mais François ne s’arrête pas là et traverse la porte du garage… sauf qu’au lieu de se retrouver à l’intérieur, ils sont toujours dehors. Il pleut ici. Il y a des flaques partout sur le chemin qui se faufile entre deux champs de fleurs. Le printemps est frais, la pluie glacée, petit Nicolas n’est pas beaucoup couvert mais il n’a pas froid dans son imper et son grand chapeau jaune. Il saute de flaque en flaque avec François, jusqu’à l’orée d’un des nombreux bois de la région, un peu loin du village, juste assez pour n’y trouver personne, bien assez pour y cueillir les premières fraises sauvages de la saison. Nicolas regarde le souvenir se dérouler devant ses yeux… Il ne reconnaît pas les bonhommes pleins de vie qui rient aux éclats. Il y a un décalage énorme entre ça et la réalité. Si énorme qu’il n’arrive pas à le chérir… Ça ne lui fait plus mal. Mais ça ne lui apporte pas de joie. C’est comme un pan qui s’est ouvert sur un autre univers, bien réel et pourtant trop lointain. Et il appuie sur le bouton stop de la télécommande.

Le François qui l’a amené jusque là le regarde faire… sans rien dire évidement. Et même s’il essaie vraiment de le comprendre, Nicolas n’arrive pas à savoir ce qu’il y a d’écrit dans le regard de l’homme. Il ne sait même pas s’il veut le savoir aussi… Il se sent… anesthésié. Inerte. Sans attache. Il a envie de lâcher la télécommande…

Une main l’en empêche. Elle est couverte d’écailles qui brillent de toutes les couleurs et elle sent bon les agrumes. L’orange surtout. Nicolas lève la tête vers cet homme qu’il n’a pas vu ou senti arriver ; solaire, mais pas de l’intérieur. Tout chez lui était vif, des couleurs, aux odeurs en passant par les sons. Une première couche de chaos qui renfermait quelque chose de plus secret mais infiniment attentionné… Nicolas était partout quand il plongeait son regard dans les yeux ambrés ; il était à la fois la tempête et l’œil du cyclone. Quand cette main le soutenait, il pouvait tout faire. Et là, ce qu’il avait envie de faire, après s’être battu avec son passé, après avoir traversé le néant avec une étoile de magma, après avoir subi des souvenirs qui ne voulaient plus rien dire pour lui, il avait envie de pleurer. Parce qu’avec lui il avait le droit de pleurer. Il avait le droit d’être en colère. Il avait le droit de ressentir et d’apprendre de tous ses sentiments qui se battaient dans son corps cassé comme s’ils voulaient être les premiers à en sortir. Alors il pleure, il pleure un sanglot d’enfant qui le secoue.

Quelqu’un loin, très loin, hurle de douleur.

La peau écailleuse est douce quand elle s’empare de son visage pour caresser ses joues, efface ses larmes, soulevant ses mèches récalcitrantes pour mieux voir ses yeux, avant de les secouer, joueuse. Il a le bout des doigts plus froid que ses paumes, il a dû passer un peu de temps devant son ordinateur à écrire, pourtant il est là. Il l’a trouvé, il l’a sauvé, il l’a gardé. Ils rient ensemble, soulagés. Son rire a une mélodie bien particulière ; elle ressemblait à cette brume chaude qu’on ne trouve que dans les jungles, soudain elle s’accroche à vous et vous riez avec elle. Et plus loin là-bas, un autre rire répond. Une femme qui a le rire d’une bruine matinale venant du nord, le contraste parfait qui s’harmonise avec l’homme. Ils se font de grands signes de leurs bras avant de la rejoindre. A peine Nicolas se trouve à ses côtés qu’elle s’empare elle aussi de son visage, dans le même geste protecteur. Ses mains de velours veulent essuyer une tâche inexistante sur sa joue, tentent désespérément de le recoiffer. Nicolas veut lui dire que ce n’est pas la peine, comme d’habitude, mais quelque chose dans sa main l’en empêche.
La télécommande…

Il la regarde avant de se retourner ; à l’autre bout du chemin, François n’a pas bougé bien qu’il n’ait pas été mis sur pause. Son image tressaille toujours, sans luminosité, sans contraste, … Nicolas se tourne alors à nouveau vers l’homme d’écailles et la femme de velours. Il est perdu. Non, lui assurent deux mains aux odeurs familières ; les gâteaux et les desserts, la bétadine et les pansements neufs, l’adoucissant et le savon, le chlore de la piscine en été et le feu de bois en hiver, les larmes de joie et les larmes de chagrin, les légumes qui poussent dans le jardin et le chien mouillé, ce plaid en particulier qu’il dépose sur ses épaules quand Nicolas s’endort dans le salon et cette tasse de café qu’elle lui apporte jusque dans sa chambre pour lui rappeler de faire une pause et que c’est bientôt l’heure de manger. Les glaces à l’orange et les chocolats chaud au lait de noisette. Sans attendre, Nicolas prend ses parents dans ses bras… Il les serre fort mais pas autant qu’il le voudrait. Il a des larmes aux yeux mais elles forment une symphonie si joyeuse qu’elles ne sont pas douloureuses. Il sourit même, la tête calée entre celle de son père et de sa mère, un peu penché parce qu’il est plus grand qu’eux. Il bat des paupières et se redresse… Il ne leur dit pas au revoir parce que même s’il part maintenant, il sait désormais d’où il part, et où il peut revenir.

Dans une grande inspiration, Nicolas fait demi-tour, marche droit vers François. Le fantôme instable arrive à lui faire un petit signe de la main avec un sourire avant que la télécommande ne soit dirigée vers lui. Nicolas appuie sur le bouton « POWER ».
La télévision s’éteint.

Y - Upsilon
♫ Rammstein - Sonne

Comme si appuyer sur ce simple petit bouton avait enclenché plusieurs mécanismes, le souvenir se dissipa, s’éteignant donc, ses parents n’étaient plus là et tout le paysage se mit à se pencher. Vraiment. Le chemin se soulevait et se soulevait au point où Nicolas a fini par être allongé, à glisser sur la pente, s’écorchant les mains dans les cailloux, ne sachant pas quand il atteindrait le bout. Le néant l’accueillit à nouveau et il se réceptionna tant bien que mal, évitant de se blesser pour toujours avoir l’avantage de ses deux jambes… Quand il se redressa, le village sortit de terre. Des éruptions chaotiques qui faisaient apparaître, là un des bistrots les plus fréquentés, ici un restaurant abandonné depuis les années 60 qui servait de planque à un gang adverse, ailleurs l’école maternelle et son toboggan au bois moisi par l’humidité et le manque d’entretien, et tous les bâtiments qu’il connaissait par cœur. La carte se dessina sans aucune erreur ; Nicolas pouvait sentir comme instinctivement les tracés labyrinthes des ruelles, le placement des moindres pavés sur la place de la mairie, l’ordre dans lequel les bars se tenaient dans l’avenue. Elles étaient tatouées en lui avec le sang qu’il avait versé. Alors avant même que le village ne finisse de se dresser, il n’est déjà plus vraiment le même.

Le torse et les pieds toujours nus, sa priorité n’est pourtant pas de trouver de quoi s’habiller… mais trouver une arme. Les mains dans les poches, il s’éloigne du centre-ville, empruntant les rues les moins fréquentées. Celle longeant l’église est souvent déserte, sauf le dimanche. Il s’engouffre dans un chemin, entre une boulangerie fermée et une maison de retraite. Caché par les buissons, il saute une barrière de bois, entre dans ce qui semble être un jardin privé laissé à l’abandon, les plantes devenues maîtresses du lieu. Nicolas entre dans un cagibi et trouve ce qu’il est venu chercher. Ce genre de cache discrète, il y en a partout dans le village. Disséminées de manière stratégiques, elles sont là pour aider un membre du gang en fuite ou en difficulté ; inatteignable pour les policiers, inconnus des autres gangs du coin. Sous l’établi, il y a un carton. Dans ce carton, il y a un coffre. Nicolas se souvient encore du code à quatre chiffres… Dans ce coffre, il y a un glock avec un peu de munitions. Rien d’extravagant ; une arme plutôt commune dans le coin, pas trop chère donc pas trop de perte si elle se perd. Il n’y a plus qu’à espérer que le mécanisme ne soit pas grippé. Nicolas acharne les accessoires à sa ceinture pour y glisser l’arme à feu avant de sortir à pas de loup, attrape un t-shirt trop grand qui sèche dans le jardin voisin.

Comme le néant est omniprésent il ne sait pas s’il fait nuit ou s’il fait jour… Les lampadaires sont allumés mais leur lumière est faible, lui donnant l’impression de se trouver dans un film noir. S’il fait nuit, il est clairement en position de faiblesse… Il doit rejoindre un point stratégique et rapidement. Évitant autant que possible l’avenue et les regards, il marche d’un bon pas ; il passe derrière la boulangerie toujours ouverte même le dimanche, là où il faisait ses deals en toute discrétion avec Kévin, le fils de la boulangère. Il passe sur le toit de la pharmacie habituellement blindée de monde ; des petits vieux qui ont mal aux névrosés en quête de médicaments placebos, aux gamins qui tentent de chopper des anti-douleurs sans ordonnance, aux adultes qui font semblant de prendre leur traitement pour lutter contre l’alcoolisme. Il se faufile devant un premier bar, un deuxième bar, un troisième, et la quincaillerie qui traverse les années sans être fermée uniquement parce qu’elle est tenue par une famille respectée, …un quatrième bar. Il sait maintenant quelle heure il est. Après le dîner, les petits commerces sont fermés et les bistrots pleins à craquer et bruyants, mais avant minuit, les lampadaires sont allumés et la station d’épuration laisse sentir l’odeur pestilentielle de l’usine chimique du coin…

Nicolas se cache derrière un muret d’une cour d’immeuble presque désert ; il peut voir à travers les volets, lesquels sont habités. De là, il a une vue imprenable sur l’avenue, un des ronds-points centraux du village, les nerfs du territoire, et sur les mouvements de foule, tout en étant invisible des autres. C’était un endroit important pour lui ; c’est ici qu’il veillait, quelques nuits par mois, lors des tours de gardes imposés par le patron… Il restait des heures assis, dans le noir, dans le froid des nuits d’hiver, dans la moiteur des périodes caniculaires, sans bouger. Le regard vrillé vers la rue. Notant mentalement les noms de code de tous les petits malheureux qui manquaient de discrétion, des capos des autres gangs qui ont un éventuel comportement louche, parfois même leur absence qui l’était tout autant. Nicolas avait repris sa position instinctivement, à la recherche d’une sécurité qu’il savait de toute façon impossible ici, il s’est simplement placé là où il pensait qu’était sa place, qu’il était utile… Il veille. Il voit les soiffards lentement rentrer chez eux, les bars se ferment les uns après les autres… Il y a de longues minutes durant lequel le silence paraît crier partout. L’avenue est déserte ; le seul mouvement que l’œil perçoit vient de la multitude de papillons de nuit au niveau des lampadaires tristes. …Puis d’un seul coup, ils s’éteignent tous. Il ferme les yeux pour s’habituer à l’obscurité et les rouvre sur la rue plongée dans la pénombre. Il regarde le ciel, il n’y a pas d’étoiles. C’était bien le seul avantage de vivre dans le trou du cul du monde ; pouvoir voir la Voie Lactée. Mais ça, le néant le lui a retiré… Pourtant d’autres lumières se dessinent dans la rue ; de petits yeux apparaissent dans chaque recoin, petites ruelles et interstices entres les maisonnées, petites étoiles tombées du ciel dans la fange de l’humanité. Les mains sales qui tiennent de l’argent, de la drogue, de l’alcool, des couteaux, … Il est minuit dans le village et il s’anime enfin.

Ce ne sont pas les premières heures de garde les plus difficiles. Ni même les dernières. C’est vraiment l’entre-deux, ce moment où dans un sens comme dans l’autre, on a l’impression que la lumière du jour est trop loin pour garder espoir. C’est aussi souvent à ce moment qu’il commence à avoir faim… Il ignore la sensation en fermant les yeux et secouant la tête… Quand il observe de nouveau la rue, il sursaute. Il y a une petite fille, scintillante comme la lune, qui le regarde. Si le fait qu’elle ait pu percevoir sa présence est choquante, c’est aussi parce qu’elle se tient au milieu de la rue, ignorant les yeux qui la fixent, certains ayant déjà sorti un couteau. Une petite fille seule, paraissant en bonne santé, même amaigrie et mal habillée, ça pouvait rapporter beaucoup. Mais le plus dangereux pour elle était sa couleur de cheveux affichée. Rousse. Ça pouvait très bien être sa couleur naturelle mais les salopards d’ici en avait pas grand-chose à foutre ; elle est rousse, c’est une pute. Peu importe son âge. Nicolas tremble de la tête au pied, une main déjà posée sur son arme. Il y a une tension dans l’air ; ceux qui se cachent dans les ruelles, dans les interstices infimes entres les bâtiments, bougeaient lentement, comme des rapaces près à se jeter sur leur pitance. Ils étaient nombreux. Trop nombreux. Nicolas ne pouvait pas bouger. Il devait rester à son poste, en sécurité. Cette petite n’avait rien à faire là… Elle tourna sa face lunaire, le quittant du regard pour s’engouffrer dans une rue en courant et une marée de charognards partis à sa poursuite. Nicolas serra sa main sur son glock avant de courir à son tour.

Quelqu’un loin, très loin, hurle de douleur.

Il réfléchit à toute vitesse ; elle descend la rue du Bois, il y a quelques embranchements qu’elle peut prendre mais ce ne sera pas avant un long moment. Elle sera à découvert trop longtemps. Ces faits réunis, Nicolas a déjà sauté par-dessus le muret, traversé la rue, attrapé la gouttière d’une maison pour y grimper sans se soucier du bruit qu’il fait. Sur le toit, il court en évitant les zones mal rénovées ou qui paraissent glissantes… Il enchaîne les risques mais cela paye ; il rattrape la marée humaine et la petite sans mal, attend d’être sur un toit moins élevé pour sauter de là-haut, atterrir dans une zone à la terre meuble et repartir à toute vitesse dans une roulade.

D’un mouvement fluide, il attrape la petite qui ne se débat même pas, pivote pour faire face à la vague monstrueuse et tire une fois en l’air. La particularité de ce village c’est qu’il est habité de lâches… Ils voient Nicolas, le reconnaissent, remarquent qu’il est armé et s’enfuient dans la seconde. Nicolas souffle, dépose la petite au sol. Elle ne paraît pas du tout choquée par ce qu’il vient de se passer ; elle a les traits d’une adulte sous ses joues rondes dont on peine à percevoir les taches de rousseur tant elle luit. Cette lumière qui va les mener à leur perte s’ils ne se mettent pas à couvert tout de suite. Mais à peine essaie-t-il de la guider vers le cœur du village qu’elle attrape sa main et part dans le sens opposé, vers les bois… Au fond de lui, il est terrifié ; ils marchent au milieu de la route, sans honte, surveillés de partout par des regards avides… Il veut se concentrer sur autre chose pour se forcer au calme quand il réalise… Il ne sent plus l’odeur de l’usine. Il n’y a plus qu’une odeur iodée, apporté par un vent puissant, humide et froid, implacable mais vivifiant… L’océan… qui est à des centaines de kilomètres du village. Nicolas pose son regard sur la petite qui, à chaque pas qu’elle fait, grandit. Elle grandit encore et encore au point de devenir femme mais elle a gardé son aspect lunaire, sa fragrance provenant du large, son visage alcyonien… Elle s’arrête, entre le bois et la dernière route goudronnée aux limites de la ville, entre chien et loup, elle le lâche et l’observe longuement… avant de lui mettre une claque. Une petite claque. Un de ses soufflets que seules les grandes dames du monde arrivent à maîtriser. Il frotte sa joue, interdit, avant de prendre une inspiration choquée. L’étoile à la fois soleil et magma est assise là, au pied d’un arbre. Elle semble attendre quelque chose… Quelqu’un.

La femme lunaire va jusqu’à elle, l’étoile se levant pour la prendre délicatement dans ses bras. Elle ne la tient pas du tout comme elle a tenu Nicolas… C’est tout aussi doux, mais il y a une tendresse dans les caresses qui ne peuvent s’expliquer. Et quand leurs odeurs s’unissent c’est un mélange étonnant mais pas si étrange. Elles n’échangent pas de baiser, mais Nicolas a l’impression d’être témoin de quelque chose d’encore plus intime qui le pousse à décaler un peu son regard ; dans le regard bleu et vert, il n’y avait que de l’amour. Elles se tenaient parce qu’elles avaient envie de se tenir, elles se touchaient parce qu’elles avaient envie de se toucher. C’était parce que leur lumière dégageait autant de paix et de respect que l’on pouvait deviner qu’elles avaient trouvé leur place. La femme lunaire se tourne à nouveau vers Nicolas, le doigt tendu vers le village. Il observe les rues qui se dessinent, les HLM et les bicoques qui semblent sur le point de s’effondrer, les planques et les cachettes dans les égouts, les tranchées et les carrières de charbons, les usines et les bars… Un chemin qu’il connaissait… Un chemin qu’il ne voulait plus. Il s’avança.

La main de la femme se plaqua contre son torse et une lumière aveuglante jaillit. Dans un son qui perce le néant, comme une bombe, le village devient poussière, anéanti par la soudaine force de l’éclat entre eux. Et cette poussière s’envole et rejoint les cieux…
Elle sourit, recule et va prendre la main de son étoile pour reprendre leur route ensemble.
Nicolas les regarde partir avant de poser ses yeux sur l’arme à feu qu’il tient encore.
Il l’abandonne là, avant d’à son tour entrer dans les bois.



Γ - Gamma
♫ Metallica – The Unforgiven

Il reconnaît les chênes qu’il a croisé plus tôt avec l’étoile sauf qu’ils ont bien poussé, et certains poussent encore… Il peut voir l’écorce se mouvoir à l’œil nu. La majorité des troncs sont si épais qu’il ne voit pas au-delà de quelques mètres, s’il lève les yeux au ciel il ne peut même plus voir le néant à cause des cimes feuillues… Il fait sombre mais une aura étrangement bleutée lui permet d’au moins percevoir les formes et mouvements, mais pas là où il met les pieds. Un coup à se perdre. Et c’est en se demandant comment il peut trouver son chemin si des arbres l’en empêchent… qu’il tombe dans de l’eau.

Le froid le saisit si fort qu’il doit lutter pour ne pas relâcher tout l’air qu’il a eu le temps d’inspirer avant de disparaître sous les eaux… Il ouvre les yeux. Il flotte dans l'espace vide et infini, il n'a aucune sensation de pesanteur, mais il ne fait pas sombre… ce n’est pas la loi du silence mais ça y ressemble. C’est juste froid et tout est étouffé. Il ne naît pas, il meurt. Pourtant il ne panique pas ; en regardant autour de lui, il a l’impression d’être perdu au cœur de l’océan mais s’il lève la tête, il peut voir l’image fragmentée de la surface, des arbres qui l’attendent et le bord d’une rivière… Il nage alors dans cette direction, mais c’est loin. Dans son effort il lutte en serrant les dents, comme s’il capturait l’air dans sa bouche mais l’humain est faillible. Ses vêtements semblent fondre, partent en lambeaux avant de se détacher de lui, sombrant lentement dans les tréfonds insondables. Les muscles de sa gorge se contractent et se détendent faisant voyager sa pomme d’Adam, une brûlure intense fait enfler ses poumons et le réflexe terrible de vouloir respirer par-dessus tout lui fait échapper un peu d’air, avaler de l’eau. Il bat désespérément des bras, les yeux fermés, refusant de tousser pour soulager sa gorge remplie d’eau pour repousser un peu plus la noyade… Enfin, dans une inspiration triomphante, il perce la surface et crache ce qu’il a malencontreusement avalé. A quatre pattes, il cherche la berge à tâtons avant de s’allonger là, les bras écartés, entièrement nu, encore à moitié dans l’eau… Nicolas est mort. Nicolas renaît.

Au bout d’un moment à profiter de la joie simple de pouvoir respirer, le froid devient gênant. Il se redresse, frictionne ses bras en regardant autour de lui avant de s’immobiliser. Une vipère s’est approchée de lui, atteignant sa hanche sans le toucher encore… Au vu de la proximité avec l’eau il a d’abord pensé à une couleuvre mais il a reconnu la pupille fendue de l’animal. Elle a sans doute été attirée par la chaleur qu’il dégage. Lentement, la tête triangulaire se lève, grimpe sur lui… Elle glisse sur sa peau blanche et Nicolas doit retenir un frisson. Parce qu’il a froid. Parce que si la morsure d’une vipère est rarement mortelle si les soins sont prodigués rapidement, Nicolas est seul, perdu au milieu des bois… L’animal semble comprendre sa détresse parce qu’elle lève la tête vers lui, sa langue jaillissant tranquillement de temps à autres… Elle ne va pas l’attaquer, elle ne l’attaquera jamais. Mais elle est fatiguée, elle est triste. Elle veut s’arrêter elle aussi. Elle en a marre de mourir et renaître, elle veut juste se poser là, au bord de l’eau froide et hiberner. Elle se roule en boule sur son ventre et ne bouge plus. Il hésite d’abord mais il finit par céder, laissant l’animal se reposer alors qu’il la prend délicatement entre ses grandes mains, l’une dessous, l’autre dessus, comme pour la couvrir. Il s’étonne parfois lui-même… Il a passé tellement de temps à haïr cette partie violente en lui qu’il en a oublié qu’il savait aussi prendre soin des autres.

Il se lève, sans la lâcher, fouille un peu les environs, tasse des pierres et des feuilles mortes sèches en s’aidant de ses pieds. Il s’accroupit et la dépose là, dans le nid improvisé, gardant une main sur elle… Il la comprenait. Lui aussi en avait eu marre de renaître sans arrêt ; c’est douloureux, c’est long, ça demande tellement d’énergie de réapprendre à se connaître, … Il a lui aussi oublié d’avoir envie de vivre, préférant s’éteindre lentement entre les souffles des plaisirs faciles. Et rester au bord de l’eau semble être une bonne idée, il ne s’embêterait pas avec ce qui se trouve sur le chemin, de bien ou de mal. Il reçoit un petit caillou dans le front, le faisant tressaillir et se lever, prêt à l’attaque. Mais rien ne vient. Il n’y a qu’une femme qui se tient là, entre deux troncs, une main posée sur l’un d’entre eux… Elle couverte d’un pelage gris, les yeux verts intenses qui le fixent sans ciller. C’est une prédatrice, il le sent… Mais elle n’est pas là pour le chasser. Elle dévie une simple seconde son regard pour voir quelque chose de l’autre côté de la rivière qu’il ne capte pas, puis elle s’approche soudain pour lui attraper le poignet. Elle sent le cuir et les bandages neufs, le thé et le savon. Deux forces qui s’équilibrent, comme deux supernovas qui se toisent. Il faut bouger et c’est urgent. Il y a une cacophonie qui approche… Nicolas baisse les yeux vers la vipère, il ne pouvait pas la laisser elle aussi… Elle risquait de mourir à vouloir rester immobile. La prédatrice le secoue et un regard autoritaire lui fait clairement comprendre que ça ne sert à rien. Elle a pris sa décision, il a pris la sienne. Ce n’était pas sa responsabilité de sauver tout le monde. Maintenant, il faut qu’ils bougent. Après un bref instant de flottement où les yeux d’argent se morphent en quelque chose de plus sauvage, ils partent tous les deux, à l’unisson, comme un seul animal, dans la même direction, sans s’être concerté.

Quelqu’un au loin hurle de douleur.

La course est folle. Nicolas sent bien qu’ils ne sont pas en train de fuir, mais plutôt en train de poursuivre. L’adrénaline chante dans tout son corps qui s’active, il a la chair de poule, les yeux grands ouverts sur sa route qu’il trace. Il peine à passer entre les troncs, là où la prédatrice se meut aisément mais quand enfin ils arrivent à quitter le cœur des bois pour trouver des arbres plus fins, une végétation moins dense au point de pouvoir enfin retrouver le néant au-dessus de sa tête, ça déclenche quelque chose en lui. C’est vrai. Il adore courir. C’est l’effort physique qui lui paraît le plus naturel et le moins destructif. Un pas et le temps semble s’être arrêté. Il entend le souffle de la prédatrice qui court devant lui, le ululement d’une chouette qui s’apprête à capturer un rongeur, le bruissement des feuilles ; il y a de la vie maintenant dans le néant, beaucoup de vies. Il l’entend, il la sent et ça fait bouillir son sang, ça éveille sa chair… L’eau froide n’est plus qu’un mauvais souvenir quand ils se fondent dans la brume s’étalant au sol, couverture chaleureuse de la terre qui s’anime avec ses vers, ses insectes, et ce rongeur imprudent arraché du sol par une chouette… Un pas et le temps reprend. Nicolas est soudain boosté par une énergie dont il n’explique pas l’origine mais en trois enjambées il dépasse la prédatrice, ses cheveux noirs voletant, l’argent de ses yeux quêtant toujours en avant. Il saute au-dessus d’un tronc tombé au sol sans ralentir, il glisse pour arriver à éviter les obstacles, grimpe sur un rocher et avec toute la force de son élan et de ses jambes, saute à s’en envoler, éclatant soudain de joie. Le rire fendant l’espace comme un éclair.

Une onde se propage et les couleurs apparaissent soudain dans le paysage, atténuées, comme s’il faisait nuit. Le voile bleuté omniprésent mais il peut désormais voir et non plus sentir chaque nuance de brun dans les feuilles mortes, voir et non plus entendre l’intensité de chaque teinte. Et c’était merveilleux, comme s’il redécouvrait le monde après sa renaissance. Il allait se tourner pour profiter de ce nouveau canevas avec la prédatrice mais elle en profita pour lui sauter dessus. Dans un chaos de feuilles, de branches et de terres, ils roulèrent l’un sur l’autre en dévalant une pente. Nicolas lâcha un bruit sourd d’entre ses dents serrés quand son dos percuta le sol plus durement que prévu et la prédatrice en profita pour le plaquer au sol. Ils se battaient ou ils jouaient, il ne le savait pas vraiment.

Mais tout s’interrompt soudainement quand un coup de feu retentit. Nicolas se redresse sur ses coudes, le poids de la prédatrice encore assise sur lui l’empêchant de faire bien plus. Elle aussi se tend, regardant au loin quelques secondes avant de se lever. Nicolas secoue la tête, des morceaux de feuilles en tombent. Il se lève aussi, près à reprendre la course sauf que la prédatrice part dans l’autre sens… en direction du coup de feu. Il voulut l’arrêter mais au lieu de servir son poignet, il déposa le dos de sa main sur son bras. Ils s’échangèrent un regard avant qu’elle ne lâche un rire, comme un grondement du fond de sa gorge, et lui cogne amicalement l’épaule. Le poil de la prédatrice devient un peu plus bouffant ; elle l’a dit, elle ne pensait pas qu’elle allait devoir se répéter. Elle a fait le choix d’aller dans cette direction, son choix. Son chemin. Maintenant qu’il arrête de vouloir protéger tout le monde à les étouffer dans ses bras, elle était grande et elle n’hésiterait pas à lui foutre une raclée méritée. Et si elle avait un souci, elle savait qu’il serait toujours là. Tandis qu’elle retourne au cœur des bois sans se rendre compte de ce qu’elle vient de faire, un frisson le secoue tout entier.

J’essaie de dire quelque chose mais il m’en empêche.

Nicolas secoue la tête, repoussant cette sensation. Il frictionne ses bras et le souffle qu’il relâche n’est que vapeur avant de se dissiper et disparaître comme un mirage… Il a de nouveau froid. Oui, il faut qu’il bouge.


#666699
Bienvenue parmi les tiens, Nicolas.  Oblk2p


Spoiler:
##   Mar 11 Mai 2021 - 16:45
Nicolas L.L. Williams

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Nicolas L.L. Williams
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Ψ - Psi
♫ Soundgarden – Black Hole Sun

Les arbres devinrent de plus en plus épars, Nicolas pouvait mieux voir ce qui l’entourait, même s’il faisait toujours nuit noire et qu’il n’y avait pas d’étoiles dans le ciel. C’était tout comme les bois dans lesquels il avait passé la majorité de son temps. Une majorité d’arbres feuillus même si ça et là, quelques conifères se battaient, tout en hauteur. La tapis de feuilles et de mousses au sol était épais au plus profond, un coussin qui respirait à chacun de ses pas. Des buissons de ronces et de fougères formaient des bouquets parfois grandioses. Et pour ceux qui avaient l’œil, il y avait des pommes de terre sauvages, ayant un petit goût de noisette quand on les faisait cuir, des orties qui poussaient si bien qu’ils pouvaient faire facilement deux mètres, mais dont les feuilles pouvaient récompenser les courageux qui les cueillaient et les mangeaient. Nicolas pouvait manger des feuilles d’orties après les avoir cueillies et caressées les feuilles pour retirer ses propriétés urticantes. C’était comme remercier la plante pour le nourrir. L’été il pouvait cueillir des pissenlits et des mûres dans les ronces. L’automne et la multitude de châtaigniers et de noisetiers de la région étaient une bénédiction. Il oublie trop souvent que les bois, même s’ils ont été un lieu de souffrance et de peur, lui ont souvent sauvé la vie. Ils lui ont donné de la nourriture, de la chaleur, … une forme de maison en soi, plus que l’appartement désolé dans lequel Hélène ne faisait rien.  

Et dans une certaine clairière assez éloignée du village, il se trouvait autrefois un cabanon. Dans cette clairière où il se tient maintenant, il y a une pierre tombale. Nicolas se tient à l’orée comme s’il avait peur de salir le lieu sacré avec sa présence. Il ne se souvient pas qu’il y avait autant de fleurs qui poussaient à cet endroit… Il déglutit, admirant un instant les touches de couleurs ternes dans la pénombre avant de prendre son courage à deux mains. Il s’avance, faisant de son possible pour ne rien écraser avant d’aller s’asseoir devant la pierre. Il hésite un peu, mais finit par poser sa main dessus. Bonjour Oldie.

Le vent se lève comme pour lui répondre… Nicolas inspire profondément. Il y a une odeur de cappuccino bon marché qui lui revient, du petit poêle et du bois traité des quatre planches qui lui servaient de maison. Il sourit tristement. Parfois, Nicolas se demandait qui lui manquait réellement, le seul ami qui arrivait encore à le faire rire ou l’homme qui arrivait à le soutenir alors que sa situation n’était pas meilleure que la sienne. Qu’avait-il pleuré exactement quand il a vu la vie s’échapper de ses yeux noirs ?... Pendant longtemps, il a essayé de se faire croire que c’était d’avoir perdu un avantage et un soutien important du gang. Puis il avait fini par accepter le fait que plus que ça ; avoir perdu une famille de substitution avant même qu’il n’ait le temps de la construire un peu plus. Il tremble à nouveau de froid maintenant qu’il est immobile, il se serre dans ses bras, ses yeux fixant la roche. …Son manteau de cuir est lentement déposé sur ses épaules.

Une jeune femme blonde, fantomatique, se tient assise à ses côtés, elle aussi tournée vers la tombe. Elle n’est pas triste, elle sourit un peu même… Et Nicolas répond naturellement à ce sourire. Ils restent longtemps comme ça tous les deux, silencieux. Il ne se sentait pas honteux de faire ça en sa compagnie, plus maintenant qu’il faisait un deuil pragmatique après avoir passé beaucoup de temps à s’en vouloir, à en vouloir aux autres puis à se détester pour ne pas réussir à trouver un responsable à cette mort complétement injuste. Il souffle avant de parler. :

-Son vrai prénom, c’était Hakîm.  

Quelqu’un hurle de douleur.

Le fantôme regarde les bois en claquant la langue, agacée par l’interruption mais l’encourage à ne pas s’arrêter d’un signe de la main. Alors il obtempère. :

-Hakîm Martin. Il disait que ça le faisait toujours marrer de voir des caucasiens réagir à sa face de malien, son prénom arabe et son nom français. Ses parents sont morts dans l’incendie qui a cramé tout ce qu’il possédait… et la moitié de son visage. Il était jeune mais c’est facile de disparaître dans le coin, je suppose, surtout quand personne ne te cherche. Ce qui lui a sauvé la vie, c’est d’être ami avec Amadéus, le patron du gang. Enfin, je pense qu’il aurait fini par se débrouiller. Il avait ce don, mais-… je ne saurais pas expliquer… Il était vraiment, vraiment nul avec les travaux manuels. Mais tout ce qu’il faisait, tenait comme par miracle ! Sa cabane tiens. Tu sais pas le nombre de fois où j’ai dû l’aider à la retaper… Il en prenait pas soin alors ça moisissait de partout à cause de l’hiver et de la pluie au printemps. Et ben y’avait pas à chier, chaque été y’avait un truc à refaire dans ce machin. A se demander comment il a fait pour pas crever plus tôt… asphyxié par la fumée de son poêle ch’ais pas… Quoiqu’il avait tendance à faire attention à ça. Ben oui trauma ça aide un peu. Tu sais pas qu’il me surveillait quand je l’aidais à allumer un feu ? Oui. Le seul adulte responsable qui surveillait un môme de douze ans quand il s’approchait des flammes dans toute l’agglo et il vivait au fond des bois. Bon après, il restait un gangster aussi hein… Il m’a appris comment me libérer de menottes et… t’sais là, ces liens de plastique j’ai oublié le nom. Il n’était pas d’accord pour que je manipule les armes à feu mais il se doutait qu’il valait mieux que je fasse ça sous ses yeux plutôt qu’en scrèd’… Il me disait « Si un jour tu veux essayer la drogue, ok. Mais tu viens me voir d’abord, fais pas ça avec n’importe quoi et n’importe qui. ». J’crois qu’il s’était rendu compte que ça servait à rien d’empêcher le pire d’arriver… mais qu’il pouvait être présent quand même, pour éviter le pire du pire. Et à côté il aimait pas savoir que je buvais du café si jeune alors il achetait du cappuccino instantané, comme pour compenser.

…Je sais pas comment il faisait des fois. Personne ne l’aimait parce qu’il était noir mais il avait des copains partout ! Une fois, un gars du village d’à côté et qui a des ruches lui a ramené un cadre en bois où y’avait encore les rayons de cire gorgé d’miel… ch’ais pas si tu vois ?... Han la la… C’était tellement bon. On plongeait nos doigts dedans pour arracher des gros morceaux et les mâcher, comme de gros chewing-gums de miel. Trop bon. Y’avait Jacky aussi, et j’déconne pas c’était vraiment son nom, qui lui ramenait des batteries de voitures qui partaient à la casse, pour alimenter le peu d’électroménager qu’il avait. Il avait un téléphone à clapet alors je te laisse imaginer à quel point il était paumé quand il fallait qu’il utilise une bouilloire. Déjà que son rasoir c’était limite… Bon je devrais pas me moquer, à l’époque j’étais tout aussi paumé que lui. J’aurais voulu que tu vois le jour où on a essayé de faire fonctionner un four électrique. Aaaah c’était pas glorieux. J’crois qu’Amadéus nous a engueulé parce qu’on était à la bourre en plus… mais on s’était bien marré. Il lui en fallait peu en même temps. Il avait le rire facile, hyper communicatif. L’humour noir… Ahah, il disait que ça lui allait au teint. Il avait… pouaaah quinze ans de plus que moi ? Ça se sentait parfois, il me sortait des phrases dignes de grands philosophes, hyper sages et tout… mais la majorité du temps, il était comme un gosse.

Il ne m’appelait pas souvent par mon nom de code, parfois c’était mon prénom mais le plus souvent, il disait « champion ». Je sais pas pourquoi. Je crois qu’il m’aimait bien, genre, comme on aime un gosse plus qu’un autre dans un groupe ?... Enfin je dis ça j’en sais rien non plus, pis je le saurais jamais. Pour les autres, je devais passer pour une espèce d’héritier… Parce qu’il s’occupait de la partie « drogue », de la fabrication à la distribution, dans le gang, qu’il était le bras droit d’Amadéus et je trainais souvent avec eux. Peut-être même plus que certains capos quand j’y pense… Mais il m’en a jamais parlé. Je crois qu’il voulait pas que je reste dans le village de toute façon… Quand je lui ai dit que j’avais peut-être trouvé un lycée pro, du côté de Lyon, il a été le seul à m’encourager. Il voulait pas que j’aille faire ma rose… euh… j’veux dire, travailler dans les champs pour une jardinerie pépinière du coin. C’était de l’argent facile et plus ou moins légal mais c’était clair qu’ils abusaient des employés, qu’importe leur âge, et il voulait pas que je m’impose ça. Au final j’ai été obligé de le faire… et de combiner avec un travail au black au centre équestre… il aurait été vivant à ce moment-là de ma vie, je crois qu’il aurait été capable d’aller secouer les puces d’Ama pour mieux me payer…
Mais il est mort. Et j’ai survécu.
Il sourit.

J’l’aurais peut-être jamais ma recette du bonheur, et je suis désolé d’ailleurs, mais à chaque fois qu’une journée passe je découvre un nouvel ingrédient ou j’en retrouve un parmi mes souvenirs, ceux que je voulais tellement effacer pour ne plus sentir la honte qui me rongeait. Aujourd’hui le bonheur, ça doit être un rayon de miel. Demain ce sera ce fameux cappuccino instantané et vraiment dégueu. Je ne sais pas…

Il s’arrête et le fantôme lui tend aussitôt des vêtements. Nicolas s’habille sans un mot, sans gêne, plus léger. Il ne sent presque plus la douleur dans son corps, même après avoir traversé autant d’épreuves. Il lui sourit en remettant son cuir et se penche pour déposer un baiser sur son front, puisqu’elle ne peut pas se lever. Il lui fait signe en s’éloignant d’un pas mesuré mais déterminé… Elle lui répond d’un même geste alors qu’il disparaît entre les arbres. Hakîm, tout aussi spectral qu’elle, sort de sa tombe en imitant les vampires des vieux films, bras croisés sur son torse, le corps tendu. Il rit pour lui avant de flotter autour d’elle. :

-Eh ben, j’ai jamais autant entendu mon champion parler… Il a changé, c’est bien. …Et toi t’as rien dit ?

-…S’il y a bien un truc que j’ai appris avec celui-là, c’est qu’il peut être buté dans sa connerie parce qu’il a trop entendu les mêmes phrases quand il était gamin. Plus t’as tendance à entendre quelqu’un te dire que t’es con, plus tu le deviens. Alors je préfère l’écouter. Y’a pas beaucoup de gens qui l’ont écouté. Pas comme lui a pu écouter les autres en tout cas.

-Jusqu’au jour où il pourra s’écouter…

La jeune femme soupire. Il n’y a plus qu’à espérer que ce jour est aujourd’hui.

Θ - Thêta
♫ The Delgados – The Light Before we Land

-Colaaaas ! J’arrive pas à les faire comme toi !
-Mais- Qu’est-ce que tu fais ici ?
-Je fais des étoiles mais j’y arrive PÔ.
-Non je voulais dire- Il s’interrompt, pousse un soupir avant de s’asseoir en tailleur par terre, à ses côtés. Qu’est-ce que t’arrives pas à faire Starshine ?
-Moi quand je plie le papier, il est tout écrasé… C’est moche.
-Fais voir. …Mais elles sont très bien tes étoiles qu’est-ce que tu racontes ?!
-Nah. Le papier y dépasse. Pis elles sont pas toute bien comme tu fais. Elle laisse trainer un silence avant de se mettre à quatre pattes pour se glisser dans le creux de ses jambes, comme d’habitude. Tu peux me remontrer dis ? Dis ?!
-Oui, oui… Tu veux une couleur ?
-Celle-là ! s’exclame l’enfant en pointant une bande de papier orange.
-Pourquoi tu veux faire des étoiles ? demande-t-il en activant ses mains.
-Pour les mettre dans le ciel… T’as vu y’en a pas ! Alors je les mets. Et je veux commencer par papa.
-Et papa est orange foncé ? Il rit doucement.
-Des fois. Souvent. Il a beaucoup de couleurs. Parfois il est bleu mais faut pas lui dire, il aime pas quand on le voit qu’il est bleu.
-Hmm… Voilà. Il lui montre l’origami dans le creux de sa main, elle le prend tout doucement comme s’il s’agissait d’une pierre précieuse. Il est bien comme ça papa ?
-Voui ! Tu peux faire maman aussi ? Je veux que c’est les deux plus beaux dans le ciel !
-D’accord, d’accord.
-Prends le vert !
-Celui-là ?
-Pfft non celui-là c’est ton vert ! lâche-t-elle outrée. [color:a15c=#goldenrod]Celui-là à côté, comme une pomme !
-Oh je suis vert moi aussi ?
-Oui. Et tu es souvent tout noir aussi.

Quelqu’un tout proche, gémit de douleur. :

-Hm ? T’as dit quelque chose Colas ?
-Non ?... …Dis, tu veux pas réessayer de faire une étoile ? Je peux pas tout faire tout seul !
-Hmmmm t’as raison ! Je vais faire tata Cassy.
-Bonne idée ! Si elle apprend que c’est moi qui l’ai faite, elle me gronderait.
-Rooooh nooon tata Cassy, elle me gronde jamais moi !
-C’est parce que tu es plus mignonne que moi ! Tiens, j’ai fait maman. Je la mets à côté de papa pour pas la perdre.
-Voui ! Tiens ! Ça c’est pour Mymy !
-Du violet ?
-Il veut pas du blanc, je sais, alors violet tout pâle, parce que ton vert est tout foncé.
-Logique. Dit-il sans, finalement, comprendre la logique de l’enfant. Tu arrives à faire tata Cassy ?
-Tu pinces les coins à la fin c’est ça ?
-Hmhm.
-…………TADAAA ! Elle est bien hein ?!
-Elle est très bien Lottie. Et Mymy tu le trouves comment ?
-Hihi ! Encore une Colas ! Encore !
-Qu’est-ce que tu as comme couleur dis-moi.
-Alors y’a la framboiiise pour tata Piuuu, et ce rose là c’est Aoiii et le bleu là c’est Huo !
-Tu en as trouvé pleins dis donc !
-Oui ! J’ai même trouvé ce rouge-là pour Mitsutsu ! Et j’aime beaucoup ce violet pour Ely. On dirait une prune. J’adore les prunes.
-Je sais Starshine.
-Et ce vert là il va bien à ton chéri non ?!
-MERCI STARSHINE. Oh mais- oooooh ! fait-il soudainement pour changer de sujet. C’est qui ce joli gris ?
-Tomoeeee ! Oh ! Et celui-là on dirait pas une pêche ?! Devine qui c’est, devine !
-Hmmm Alice peut-être ?
-OUI ! Et j’ai trouvé un joli rouge tout doux pour Adé. Elles vont être trop belles ensemble !
-Tu as bien travaillé à ce que je vois. Elle glousse, toute fière, alors qu’ils reprennent tranquillement leur activité… … Est-ce que tu as peur du noir ? Est-ce que c’est pour ça que tu fais des étoiles ?
-Hein ? Nan pas du tout ! Juste je trouve les étoiles jolies, alors j’en fais, comme toi ! Et pis après si tout le monde peut en profiter, c’est chouette ! Moi j’ai peur de rien d’abord ! Et pis tu dis souvent que les étoiles, c’est important. Ça guide les gens, ça les aide pour rêver. Imagine quelqu’un se promène dans la forêt et se perd ! Je peux l’aider moi ! Alors je fais des étoiles.
-Merci Starshine. Merci. Il sourit et sa petite sœur le lui renvoie, même si elle n’a pas compris pourquoi il l’a remerciée. Tu as d’autres couleurs à me passer ?
-Hmhmmmmm ! Regarde ça ! Du jaune presque vert ! … du jaurt ?... C’est pour Boubou. Et ça, je pensais que ça pouvait être Hideko mais je connais pas le nom.
-Je… crois que ça s’appelle bordeaux ?
-Colas connaît pas toutes les couleuuurs !
-Colas ne connaît pas tout. Eh.

Ils rient tout en reprenant leur travail. Ils s’amusent ensemble à trouver des couleurs pour tout le monde ; après Hideko, ils ont trouvé les couleurs de sa petite famille et la fillette, trouvant qu’il n’y avait pas suffisamment d’étoiles, a demandé à Nicolas de rajouter tous les gens qu’il connaissait, même s’il ne savait pas quoi leur donner comme couleur… Sans s’en rendre compte, une bonne partie de Terrae se retrouva étalée au sol. Ceux dont il n’avait que le nom, ceux qu’il n’avait rencontré qu’une fois, ceux qu’il avait perdu de vue, ceux qu’il voyait souvent, ceux qu’il voyait trop souvent, ceux qu’il voulait voir plus souvent, ceux qu’il aidait parfois, ceux qui l’aidaient parfois, ceux qu’il voyait tous les jours… Tout ceux qu’il voulait revoir encore. L’enfant réunit ce petit monde sur sa jupe, la soulevant un peu pour réussir à porter tout le monde en même temps. Elle demande à son grand frère de la soulever bien haut au-dessus de lui, pour bien que les étoiles s’envolent. Nicolas s’exécute, se préparant à devoir consoler la petite lorsqu’elle comprendra qu’elle ne peut pas accrocher des étoiles comme ça dans le ciel, mais dès qu’il la lâche au-dessus de sa tête, elle se met à flotter.

Partant de ses mains d’enfant, les étoiles filent à travers le néant, dans un bruit semblable à ceux des feux d’artifices avant qu’ils n’éclatent… Sauf qu’il n’y a aucune explosion, seulement le rire éclatant d’une petite fille qui a réussi à allumer le néant. Nicolas est brièvement subjugué avant de rattraper sa petite sœur et la garder contre lui. Quand il était enfant, il répétait souvent la même chose… « Regarde le ciel, il n’y a pas d’étoile. »… Starshine souffle, les yeux brillants. :

-Regarde le ciel Colas ! Y’a pleins d’étoiles !

Aah… Les rats doivent avoir raison. On mange pour vivre, on vit pour donner à manger à ceux dont on ne veut pas voir disparaître l’étincelle dans les yeux… et seulement à ce moment, la mort n’est plus une amie. Nicolas baisse les yeux et repère l’animal qui le fixait déjà… A sa manière, le rat aussi instaure la peur chez les humains ; plus insidieuse, moins sauvage, tout aussi terrible et injustifiée. :

-Finalement, j’ai compris. Je suis désolé.

Le rat ne répond pas… Sans colère, sans joie, il s’en va entre les arbres, suivi des trois ratons à qui il a décidé de dédier sa vie, avant même leur naissance.

Φ - Phi
♫ Linkin Park – In Between

Laisser l’enfant derrière lui était une expérience douloureuse. Il avait peur de la laisser. Elle répétait qu’elle ne risquait rien dans la forêt, que tout le monde veillait sur elle, pointant son minuscule index vers les cieux… C’était vrai mais que savait-elle des animaux dangereux qui se tenaient bien ancrés au sol ? Pourtant il n’arriva pas à la poursuivre alors qu’elle partait en courant entre les arbres. Nicolas serrait les poings, sentant une présence qui s’approchait lentement. Elle ne faisait aucun bruit mais elle sentait l’alcool pas cher, la cendre froide qui s’entasse dans le cendrier et les effluves envoutantes de la drogue sous toutes ses formes. Rien que l’illusion de sa présence le remplissait d’un besoin physique intense ; rien que le souvenir de ce qu’elle anesthésiait en lui donnait envie de la prendre. Il se haïssait si fort, constamment. Pour son impuissance face aux situations banales, comme aider une amie, quand il saurait comment réagir face à un homme armé. Pour son incapacité à tenir quelqu’un dans ses bras sans pouvoir oublier tout le sang qu’il a eu sur les mains. Pour tout cet amour qu’on lui avait donné et qu’il n’arrivait pas à rendre correctement parce qu’il n’a pas appris. Il n’a pas appris à tenir quelqu’un, à être doux, il s’est forcé pour paraître, se fondre dans la masse… Qui il était… Il était une bête dans le fond. Et la seule qui arrivait à calmer cette bête arriva lentement derrière lui, glissant ses bras au-dessus de ses épaules, ses mains passant sous son cuir pour masser l’endroit où se trouve son cœur douloureux et lui murmurer doucement à l’oreille, le faisant soupirer de bien-être. :

-Je te manque.

Nicolas se retourne pour la regarder. Elle n’est que fumée et liquide, son corps roule contre le sien. Il ne sent plus que ça. Quand ils s’embrassent, sa langue rencontrant la sienne, il retrouve aussitôt le picotement caractéristique de la bière que l’on boit trop, tous les jours, qui remplit sa bouche, sa gorge. Son odeur de beuh lui rappelle l’entrepôt du gang certes, mais engourdit le bout de ses doigts qu’il plante dans la chair liquide de ses reins tequila, l’accrochant un peu plus à lui… Et ce contact contre sa peau, qui absorbe toute sa chaleur le laissant tremblant d’envie, ce contact qui fait pénétrer la méthamphétamine dans son système, éveille ses sens un peu plus pour se concentrer uniquement sur elle, sur le maintenant, sur ce qu’il perçoit. Rien d’autre ne compte ; la culpabilité a disparu, la souffrance est un vieux souvenir et, même lui, Nicolas n’existe plus quand il la prend toute entière. Ni bête, ni ombre, ni poussière dans l’espace vide. Et elle lui rend tout. Pas par amour, pas par devoir. Elle est juste conçue comme ça, comme Nicolas a été conçu pour tout détruire.

Et puis dans un souffle, elle disparaît dans un nuage de fumée, le laissant seul. Seul avec son absence. Une douleur affreuse lui cisaille le crâne, il veut vomir plus que le contenu de son estomac… S’il pouvait, il relâcherait ses entrailles sur le sol de cette forêt. Une fine couche de sueur couvre son corps, il tremble… Il entend tout, les bruissements de la forêt ne chantent plus, ils hurlent dans sa tête douloureuse, les battements de son cœur sont assourdissants. C’est douloureux, mais pas autant que la souffrance qu’il ressent au retour de la haine pure qui l’habite. Il se déteste, c’est si fort qu’il saisit maintenant pourquoi il n’a jamais vraiment réussi à se tuer… Quand on haït quelqu’un aussi fort on n’a pas envie de le tuer, même de ses propres mains, non. Quand on haït quelqu’un aussi fort… on veut le voir souffrir. Longtemps. Le maintenir juste assez en vie pour le torturer chaque jour, le rendre fou de douleur, l’entendre crier, pleurer, prier… Cette douleur qui rendait Nicolas fou le faisait sourire ; il était à la fois victime et bourreau… et il adorait ça. Il maîtrisait le mal, forgé par le mal, qui pouvait réussir à l’atteindre maintenant ?

Personne.

Il était seul et devait le rester. L’écho de sa voix hurlante lui revient des bois. Les étoiles sont témoins mais elles sont si lointaines. Peut-être qu’il allait vraiment mourir cette fois ? se disait-il avant de la retrouver encore une fois, se fondre dans ses bras pour un instant de répit pour se reposer la même question une fois qu’elle n’est plus là. Allongé au sol, yeux mi-clos, il laisse son esprit vagabonder. Il a toujours su quelque part, que ça finirait ainsi… Avant même de ressentir le Vide, peut-être même qu’il l’a compris juste après le suicide de François… Il allait finir seul, qu’importe le chemin, il n’y avait pas d’espoir. Parce qu’il n’a jamais rien entrevu d’autre que la solitude cruelle dans sa courte vie et que la compagnie des autres lui faisait bien plus peur.

Il ne l’a pas entendu approcher, mais quelqu’un s’assoit à ses côtés, en entrant intentionnellement dans son champ de vision. Ses genoux ramenés contre son torse, il semble juste vouloir être présent plutôt que lui demander quelque chose… Pourtant Nicolas se redresse d’un coup, ignorant ses muscles endoloris qui lui crient de rester allonger. L’homme le regarde alors, lui offre un sourire rayonnant avant de regarder en direction des bois. Il ne dit rien, il ne demande rien. Il est juste là… Et Nicolas est terrifié. La honte le submerge ; il ne voulait pas qu’il le voit comme ça. C’est pour ça qu’il était tout seul, c’était mieux comme ça… Les autres, ils ont toute leur vie devant eux, Nicolas a perdu la sienne il y a bien longtemps ; il n’a aucun droit de retenir ceux qu’il aime de réaliser leurs rêves, leurs vies, même si cela veut dire qu’il doit rester en arrière… Surtout si ça veut dire qu’il doit rester en arrière. Mais ça, il n’arrive pas à le dire. Il n’arrive jamais à parler. Parce qu’il est si faible quand il s’agit des gens qu’il aime, ses amis, la famille qu’il a choisie. Ils lui diraient de sauter d’un avion en plein vol sans parachute, il le ferait. Ils lui diraient de décimer toute une ville au point de la raser, il le ferait… Ils lui ont dit de rester en vie, il le fait, peu importe ce que ça lui coûte. Alors s’ils lui demandaient de parler, il sait à quel point ça le torturerait de l’intérieur. Non, il ne pourrait jamais dire à quel point il s’en voulait d’exister, d’avoir été présent, même un peu, dans leur vie. A quel point ils étaient sa faiblesse préférée. A quel point il leur était faillible…

Des larmes coulent sur le visage de Nicolas… Il ne les a pas sentie arriver, elles aussi, mais elles tombent là, alors qu’il essaie de toute ses forces de briser le silence entre lui et le blondinet qui se tient juste là, à juste être là. Il a envie de crier à quel point il tient à lui, vraiment, pour de vrai, mais ça reste coincé dans sa gorge. S’il lui prenait ces mots, il allait peut-être s’enfuir après. Comme tant d’autres… Est-ce que Nicolas allait pouvoir survivre à une énième séparation ?... Il se perd dans le sourire de la personne qui lui fait face, toujours là. Ce sourire a bien des formes mais il est toujours là. Nicolas déglutit avant de réussir à parler, enfin. :

-J’ai-.. J’ai jamais dit que j’avais pas d’ami. J’ai juste si peur… si tu savais. J’ai si peur de voir encore des gens que j’aime tellement disparaître alors je me coupe de tout. Tu sais ? Si je disparais à votre place alors vous n’aurez pas à le faire…

Ils se regardent… ils attendent tous les deux la suite. Finalement Nicolas craque ; il pleure, pour de bon, sa voix partant en une symphonie de sanglot, son corps se penche petit à petit en avant,…

-Mais ça me fait si mal…

Quelqu’un de proche, tout proche, hurle de douleur.

Mais Nicolas est réceptionné par deux bras avant que son front ne rencontre ses genoux. Il ferme aussitôt les yeux, bercé par l’odeur de son ami ; il sent les cocktails au citron vert de ses soirées où ils faisaient des jeux tous ensemble, il a aussi le fantôme d’une odeur de cigarette qui disparaît à la faveur d’une nuit passé assis dans l’herbe. Il a l’odeur des souvenirs accrochés partout sur sa veste ; des shots entrecoupés de chants, d’une danse ridicule au milieu de la route déserte alors qu’ils se tiennent bras dessus-bras dessous en tanguant, les bouteilles de peinture pour taguer le monde entier de couleurs, les soirées malbouffe en regardant un film, les mauvaises idées de génie,… Il a des berceuses qui s’échappent de ses mains quand il vient lui caresser doucement les cheveux ; ces moments de paix quand ils sont dans la même pièce sans se parler, des discussions posées en prenant un café, quand ils partagent une oreillette pour échanger leurs nouvelles découvertes en musique, ces câlins qu’ils se donnent parfois et qui arrivent à les surprendre encore, les magnifiques idées de merde,… Nicolas ferme les yeux. Il sait que c’est sa place. Qu’il ne sera pas plus heureux dans les bras de celle qui le fait souffrir…

Un cri terrifiant les fait se reculer l’un de l’autre et regarder en direction des bois. Elle est là, remplie de rage, le regard vitriole, la bouche d’où s’échappe son haleine de mauvais whiskey et la fumée de cigarette a les dents serrées. Elle ne le laissera pas partir. Elle continuera de lui manquer. Ils se lèvent, comme un seul homme, Nicolas prêt à se battre cette fois mais une main l’arrête… Il regarde son meilleur ami qui n’a pas perdu son sourire et qui retire sa capuche de la main qui ne le retient pas. Dans le chaos blond de ses cheveux, de la lumière s’échappe, crépitante, animée, vivante… Elle lui forme comme une auréole. Pas une auréole de saint. Une auréole de survivant. :

-Nicky. Cours.

Nicolas a une inspiration peinée. Il ne veut pas le laisser l’affronter seul… Mais il sait qu’il aura plus de mal à résister à cette tentation vile qui reste dans son corps, comme une maladie pernicieuse qui attend son heure. Alors parce que ses amis sont sa faiblesse, il obéit. Il s’empare de sa nuque, l’approche pour déposer un baiser rapide sur sa joue avant de reculer. L’immondice sort des bois en hurlant à la mort, elle enfle au point de devenir un nuage monstrueux qui englobe les arbres. Nicolas commence à courir mais ne résiste pas à se retourner au bout d’un moment.

L’homme se tient là, bras écartés, elle ne passera plus jamais.

Et soudain, l’orage s’abat sur eux.

H - Êta
♫ Muse – Starlight

Nicolas a déjà couru pour sa vie, les balles sifflantes autour de lui alors qu’il prenait la fuite. Ça devient une idée fixe, elle habite le corps tout entier. Dans la tête, dans la chair, dans le sang, dans les os. Quand soudain on a une promesse à tenir et qu’on a peur de la mort, il n’y a plus que ça. L’orage a ralenti la menace mais elle a enflé au point de dépasser les arbres. La tempête est si puissante que, malgré sa course, Nicolas ballotte de gauche à droite au gré des vents. Il lutte contre l’air qui le ralentit, en plus des arbres qu’il doit éviter. Il trébuche, se rattrape avec sa main qui s’enfonce dans la terre, se meut comme un animal, la tête basse évitant de justesse une branche emportée par les puissances qui se déchaînent autour de lui. Il se redresse en s’accrochant à un tronc, les ongles plantés dans l’écorce, force son corps subissant encore les effets de celle qu’il a pris dans ses bras plus tôt à se relever.

Elle écrase son poing géant de fumée noire dans la terre, l’impact fait partir le corps de Nicolas en avant, et elle pousse un hurlement de harpie à s’en déchirer la gorge. Elle ne le lâchera pas, jamais. Même si elle doit en souffrir, même si ça lui fait mal. Elle le veut, elle l’a choisi, elle le mérite ! Il n’a pas le droit de fuir, pas après tout ce qu’ils ont traversé. Et parce qu’il a fait des promesses à d’autres il croyait pouvoir l’oublier ? Il était le seul à la traiter comme une reine, depuis quand croyait-il qu’elle lui avait autorisé à arrêter ?! Elle seule pouvait le protéger ! Elle allait couvrir le ciel tout entier pour l’éternité afin qu’il n’y ait plus jamais d’étoiles ! Les nuages enflent un peu plus, l’orage gronde, et Nicolas sent la panique envahir son corps… mais il reprend la course. Il ne sait faire que ça, fuir. Il a fui le village, il a fui ses pouvoirs, il a fui ses émotions, il a fui ses responsabilités, … Qu’est-ce que croient les autres ? Quand on le fait une fois, on peut le refaire deux, trois, mille fois. Fuir pour ne pas admettre sa faiblesse, fuir parce qu’il est incapable de demander de l’aide. Ce n’est pas de l’orgueil pourtant… c’est un réflexe. C’est inscrit en lui, survivre par ses propres moyens. Et l’arracher de cette terrible habitude est la plus difficile des choses à faire.

Le chemin continue en pente et Nicolas doit se pencher pour continuer à avancer, presque à quatre pattes dans la terre, misérable. Mais il ne s’arrêtera pas, il ne s’arrêtera… En haut de la colline, il s’arrête. C’est une falaise. En contre-bas, la forêt continue loin, très loin, bien au-delà de l’horizon. S’il saute de cette hauteur, il est sûr de se casser quelque chose. S’il saute, il n’aura plus ses deux jambes pour s’enfuir. S’il saute, il sera à sa merci. Il se retourne et son regard se remplit d’horreur. Elle s’est dressée, géante, bouche déformée grande ouverte sur un vide insondable, prête à le dévorer. Il est désolé, vraiment, de n’avoir pas pu l’aider, de n’être pas resté… Mais il n’a pas pu, il n’avait plus la force, à quinze ans, de rester dans ce village. Ni pour elle, ni pour Hélène, ni pour lui. Il ne pouvait pas grandir, étouffé dans cette violence quotidienne, dans la faim et dans le froid. Il était désolé… Mais il ne pouvait rien faire de plus. Il ne pouvait pas lui donner ce qu’elle souhaitait de tout son cœur, parce que le sien ne lui a jamais appartenu. Nicolas n’a pas besoin qu’on le protège, Nicolas a besoin qu’on le soutienne… Alors que la pluie froide lui écorche la peau, que ses genoux l’abandonnent, assis en haut de cette falaise où il attend que la foudre vienne le frapper pour le libérer, terrifié à l’idée d’affronter cette chose, une larme chaude s’extirpant enfin du bord de ses yeux, les mots de Nicolas le quittent plus qu’il ne les jette dans la tempête. Un souffle qu’il n’entend pas lui-même mais que les cieux écoutent. :

-…A l’aide.

Une détonation retentit là-haut, au-dessus d’eux, et quelque chose fend les nuages pour fondre droit vers le sol, entre la menace et Nicolas. La terre se soulève, la poussière envahit l’espace et Nicolas doit fermer les yeux, se protéger le visage de ses bras. Il tousse et tente d’observer ce qui vient de tomber du ciel mais il ne perçoit que la silhouette qui écarte les bras. D’un coup, plus de pluie, plus d’orage, et les étoiles réapparaissent pour illuminer la scène quand la poussière a fini de retomber… Un ange. Un ange a la peau blanche, aux yeux de lune, aux ailes multicolores se tient là. Le cœur de Nicolas saute dans sa poitrine, comme s’il reconnaissait son propriétaire… Plus rien n’avait d’importance. Il gardait son regard fixe sur l’ange qui fit face à la menace, la fumée noire poussant un hurlement animal. Il prit une lente inspiration, comme si tout cela l’ennuyait plus que de raison avant de claquer ses mains devant lui. Le résultat fut immédiat ; l’impact souffle le monstre, souffle les arbres qui se plient dans un craquement terrible et aussi facilement, le calme revient.

L’ange se retourne et lui sourit, lui offrant une main pour l’aider à se relever… S’il ne la prend pas, Nicolas se lève tout de même rapidement, aussi obéissant qu’un chien, tentant vainement de paraître présentable devant celui qui lui faisait perdre tout ses moyens. Une main cherche à aplatir ses cheveux pleins de feuilles mortes et de poussières, l’autre se frotte contre son pantalon qu’il sait couvert de boue. L’ange rit un peu devant son agitation et fait un pas en ouvrant ses bras. Nicolas recule, juste un peu pour éviter de tomber de la falaise tout de même ; il ne voulait pas le salir, à l’exception de ses ailes majestueuses, il était tout en blanc, luisant comme la lune. L’ange lâche un soupir avant de s’avancer de nouveau, Nicolas ne peut pas fuir alors il accepte le câlin. Des bras possessifs entourent son torse après s’être glissés sous son manteau de cuir et il rougit légèrement quand la tête se pose doucement contre lui. Il ne sait d’abord pas quoi faire de ses bras avant de se laisser porter par l’odeur des aurores de printemps, de la rosée et des vieux livres… Une odeur si discrète mais si prenante pour lui, qui le calme jusqu’au fond de son âme. Lentement, ses bras se posent autour des épaules de l’ange. Sans vouloir le tenir en cage, il veut pourtant être égoïste et le garder pour toujours contre lui.

L’ange s’écarte un peu pour lever son visage vers lui, gardant ses yeux fermés. Nicolas a beau lui dire qu’il les aime ses yeux, même aveugles, il les a souvent clos quand il est face à quelqu’un. Il fait glisser son pouce sur la peau opale et ce petit geste lui donne la sensation de guérir tout entier. Un sourire, un geste, et il est réparé, neuf de la tête aux pieds. L’ange veut pencher sa tête pour la poser dans le creux de sa paume mais il la retire avant… Il se baisse un peu, saisit par le besoin soudain de vouloir lui donner un baiser.

Quelqu’un de proche, tout proche, hurle de douleur.

Un index interrompt son geste. Nicolas bat des paupières, surpris alors que l’ange rit. Un doux son calme mais pleins d’émotions qui fait naître des frissons dans son corps. :

-Quand tu seras entier. promet l’ange.

J’essaie une nouvelle fois d’intervenir mais je suis repoussé avec force.

L’instant qui suit, Nicolas est trop abasourdi qu’il se laisse porter par l’ange, s’accrochant au son cou tandis qu’il avait passé une main dans son dos, l’autre sous ses genoux, pour s’envoler et le déposer en bas de la falaise… Là, les arbres sont intacts, ayant été épargné du chaos qui a eu lieu plus haut… Les chênes et les sapins sont de nouveau plus épais, comme s’ils étaient entrés dans un bois dépassant le millénaire. La main dans la main, ils s’avancent tranquillement ensemble, en silence. Nicolas se rend compte d’à quel point son environnement a changé ; tous les canevas de ses perceptions ont été comme réparées. Il sent l’humidité dans l’air à cause de la pluie qui est tombée. Il sent avec une nette précision l’odeur des bois. Il entend bien mieux encore la vie qui grouille autour de lui. Il sait qu’ils s’approchent d’un lac avant même de le voir et, quand il lève les yeux vers le ciel, la pleine lune a rejoint l’attroupement d’étoiles sur la toile bleutée de la nuit. Le néant n’existe plus.

Pourtant il manque quelque chose, Nicolas le réalise. Et peut-être que l’ange le sent aussi parce qu’il s’arrête, se tourne vers lui et prend une de ses mains pour la poser sur sa joue. Ce qu’il avait essayé de faire plus tôt, ce que Nicolas n’avait fait… pas voulu faire ? Il sait que c’est un geste habituel, il sait qu’il aime ça… Pourtant il a la sensation que ce simple mouvement ne lui appartient pas. Ses doigts crépitent, sensation électrique chaude et vivante, son cœur danse une ronde, comme le trou noir au centre de la Voie Lactée. Terriblement sombre et mortel, entouré de la myriade d’étoiles qui illuminent l’espace, tassées là dans l’attente de sa rencontre… Et la gravité sombre quand il le prend dans ses bras. Et le temps se dilate quand ils se touchent. Il leur est vraiment si impossible de se tenir éloigné l’un de l’autre à ce point… L’ange caresse sa joue tendrement, se met un peu sur la pointe des pieds pour l’atteindre et l’embrasser, au bord de la commissure de ses lèvres. Un bruit sourd les fait sursauter. Dans le ciel, une étoile a explosé, dessinant des volutes spectrales colorées, nébuleuse mouvante. Nicolas toussote. :

-Erm. C’est pas moi.

L’ange sourit, les joues roses, avant d’ouvrir ses ailes de phœnix, faire un petit signe de main et s’envoler vers l’espace. Nicolas lui fait au revoir lui aussi, longtemps, jusqu’à ce qu’il n’arrive même plus à l’apercevoir.

B - Bêta
♫ Woodkid – Stabat Mater

Nicolas longe le bord d’un lac qui ressemble plutôt à ces tranchées qui entourent le village, qui ont été remplie d’eau de pluie au fil des décennies… des cicatrices dans la terre… des souvenirs de guerre comblées de larmes. Le temps se rafraîchit d’un coup et le souffle de Nicolas devient visible. C’est comme si son corps réagissait automatiquement à l’hiver, dégageant d’autant plus de chaleur, l’impressionnant un peu à chaque fois. S’il ne faisait pas attention à maîtriser son souffle, il dégageait d’énormes nuages de buée, plus gros, plus persistants que ceux des autres… Combien de fois avait-il posé sa main sur un carreau d’une fenêtre pour voir la chaleur de sa chair créer une empreinte dessus ? Si l’hiver était la saison morte, elle le rendait tellement vivant. La neige tombe, lentement, à gros flocons, elle s’accroche dans ses cheveux noirs, fond doucement sur son manteau de cuir… Il contraste tellement avec le paysage à ce moment, on pourrait croire qu’il détonnerait mais non. Le lac gelant petit à petit, Nicolas reconnaît qu’il se sent à sa place… Dans l’odeur des bois gelés. Son odeur de prédateur.

Il s’immobilise en voyant une silhouette noire de l’autre côté du lac… Il y a un bref instant où rien ne se passe. Ils se regardent, ils se reconnaissent. Nicolas ne sait pas comment il doit réagir… jusqu’au moment où le coup de fusil retentit. Il part en écho dans l’espace et il tressaille, se courbant en avant prêt pour s’enfuir. Il savait pourtant qu’il ne fallait jamais faire confiance à un Chasseur, pourquoi avait-il baissé sa garde ? Il sait ce qu’il lui reste à faire, face à une arme à feu, il doit se cacher dans les bois. Il tourne le dos au lac, fait à peine quelques pas avant qu’une vive douleur naisse dans sa jambe gauche. …Le piège à loup plante ses crochets de fer profondément dans sa chair, ignorant le cuir de ses chaussures, dévorant son mollet sans pitié. Nicolas s’effondre, mains serrant fort sa cuisse, juste au-dessus du genou. L’adrénaline lui fait retrouver des réflexes. Ralentir l’hémorragie au maximum. Rester conscient. Où est le danger ? Il se retourne et sa respiration se bloque dans sa gorge. Le Chasseur marche sur la glace du lac, lentement, sans paraître gêné par la nature hasardeuse et glissante de l’endroit où il pose ses pieds. Le visage inexpressif, il recharge son fusil sans une seule fois quitter sa proie des yeux. …Nicolas ne le reconnaît pas. Il a toujours été mauvais avec les armes à feu, il s’en est servi qu’une seule fois et il sait qu’il l’a toujours regretté. Le Chasseur préfère les couteaux et les armes de jet. Alors pourquoi ? Est-ce qu’il était si important que ça pour lui d’annihiler la seule chose qui lui rappelait ses erreurs ?... Ou est-ce qu’il veut juste finir le travail, se débarrasser de ce qui autrefois lui donnait une raison de vivre pour passer à autre chose ?... C’était bien son genre. Faire table rase.

Nicolas n’arrive même pas à ressentir de la panique. Quelque chose a été soufflé en lui quand il voit cette silhouette noire se rapprocher et atteindre son côté du lac. Quand il le voit le viser. Quand il ne voit rien dans le regard du Chasseur ; ni haine, ni joie. Alors il ferme les yeux. Il ne veut pas mourir mais il ne veut plus se battre non plus. Il ne veut pas demander pitié, ce serait une insulte pour eux deux. Alors il ne peut compter que sur une chose, cette petite lumière d’espoir qu’il a réussi à voir chez lui, qu’il a passé tant de temps à vouloir cacher et étouffer, mais qui peut brûler si intensément. …Un son étrange lui fait ouvrir les yeux. Un craquement, mais sourd. Quelque chose de dense qui se fend, de lourd et immense… Le chasseur se retourne vers le lac gelé.

Brisant la surface, sortant des tréfonds aquatiques, une bête immense sortit soudain du lac dans un fracas terrible. Des pattes griffues s’accrochèrent à la terre, non loin de l’endroit où ils tenaient encore, se protégeant des éventuels débris de glace. Les écailles bleues nuit reflétant la lumière des étoiles dans le ciel, une tête immense parée d’un pelage, de cornes et d’un regard d’un rouge sombre comme le sang, le dragon gronde à en faire trembler la terre, montrant les crocs. Lentement, il prit une grande inspiration comme s’il cherchait à remplir le moindre recoin de ses poumons. Nicolas sut instinctivement ce que ça voulait dire, mais ses doutes se confirmèrent quand il vit le fond de la gorge monstrueuse se remplir d’étincelles menaçantes. La bête allait cracher toutes les flammes de l’enfer sur le Chasseur. Chasseur tétanisé par la vue des quelques flammèches. Nicolas se réanima soudain, prenant chaque partie du piège lui tenant encore la jambe. Il souffle pour rassembler son courage et lutte de toutes ses forces contre le mécanisme à ressort, lâchant un cri long et guttural en sentant les crochets s’arracher lentement, trop lentement de sa chair. Enfin libre, il se lève, court vers le Chasseur et saute pour le dégager de la route que va prendre le souffle meurtrier.

Quelqu’un de proche, tout proche, hurle de douleur.

Nicolas tient fermement le Chasseur, cachant son visage dans le creux de son corps. Il est moins massif que lui, mais la façon dont il le garde donne l’impression qu’il est plus grand. Son torse est un abri où règne la sérénité, la chaleur réconfortante et la douceur. Son dos est le rempart où s’arrête la terrible vague infernale de la colère. Comme l’étoile de magma qui l’avait aidé à se relever, Nicolas s’entend chanter une berceuse… Tout va bien. Une main tremblante va chercher ses côtes sous son cuir, les griffes perçant sa peau. Tout va bien. Nicolas caresse sa tête doucement, ses doigts plongeant dans son pelage blanc tacheté de noir. Tout va bien. Petit à petit, les flammes s’amenuisent mais Nicolas continue de le garder, il continuera de le garder tant qu’il trouvera le courage de s’éloigner.

Quand finalement, le dragon s’arrête de cracher, Nicolas le voit se morpher du coin de l’œil… Il rétrécit, d’abord, puis ses pattes deviennent des mains, son corps serpentins quelque chose d’humain… Il garde ses écailles bleues et sa chevelure sanglante… mais sa voix est bien plus calme que le rugissement de la bête, presque triste même. :

-Xiaodi…

-Wooolah non je t’arrête tout de suite ! Déjà merci pour l’intervention bro. C’était costaud mais ça a eut le mérite d’être efficace…

Le dragon gronde un rire et fait un pas… et Nicolas se retrouve aussitôt prisonnier de bras immenses. Le chasseur feule en direction du dragon qui s’immobilise, surpris. Nicolas, à moitié allongé, à moitié tenu par le félin protecteur, lève son index pour attirer leur attention et terminer sa phrase. :

-…ensuite ouais y’a ça mais ça m’arrangerait que mes frangins évitent de se foutre sur la gueule. S’il-vous-plaît ?... J’ai la jambe en compote alors je suis pas en état pour vous arrêter.

Les deux baissent leur regard sur la blessure ensanglantée. Le félin lâche un son torturé du fond de sa gorge, comme s’il réalisait ce qu’il avait fait, ce qu’il avait failli faire… Agile et vif, il se lève et part en courant dans les bois, cachant sa honte et ses remords, comme souvent. Nicolas veut le rattraper mais il s’étale dans la neige, la douleur de sa plaie le rattrape. Le dragon a profité de la fuite du chasseur pour s’approcher de lui, poser une main sur son épaule, l’autre sur son genou. :

-Ne t’en fais pas pour lui… Il y a quelqu’un qui le cherche déjà dans les bois.

Il hoche la tête pour toute réponse, regardant les mains s’activer sur sa jambe. Il n’y a que son muscle qui a prit le gros de dégâts, l’os ne semble pas s’être fêlé malgré la puissance du piège. Rétrospectivement, ça doit être la blessure la plus minime qu’il ait reçu du chasseur. Le dragon nettoie la plaie avec de la neige, la cautérise avec un feu vif se dégageant de ses mains. Nicolas serre les dents mais il connaît trop bien cette sensation pour lui céder, que ce soit en poussant un cri de douleur ou en s’évanouissant. Dans l’air, ça sent la poudre à canon et le sang, très légèrement… Mais les fragrances les plus puissantes sont celles du savon et des soirs d’hiver avec ses feux de cheminée. Nicolas souffle. :

-C’est un truc de frères de se battre dans la neige tu crois ?

Le dragon lève seulement les yeux, lui lançant un sourire bref avant de replacer son pantalon par-dessus sa plaie soignée à la va-vite, avec les moyens du bord. :

-Dans les autres familles je ne pense pas… On a qu’à dire que c’est notre truc à nous.

Nicolas lâche un rire avant de prendre la main que lui tend le dragon pour l’aider à se relever. Il teste ses appuis et considère qu’il s’en sort plutôt bien pour quelqu’un qui avait la jambe dans un piège à loup y’a pas si longtemps. :

-Tu vas pouvoir marcher ? Tu as encore un peu de chemin à faire.

-Du chemin ?

Le dragon ne dit rien, il regarde en direction des bois avant de revenir vers lui, inquiet. Pourtant il finit par lui offrir un demi-sourire en tapotant son épaule. Il ne répond pas à sa question, il lui tourne le dos et retourne au bord du lac au milieu duquel l’attend quelqu’un qui tient un enfant dans ses bras.


HRP : La fin du Rêve demain,  je dois peaufiner. Promis c’est pas aussi long. Je crois… on verra !


#666699
Bienvenue parmi les tiens, Nicolas.  Oblk2p


Spoiler:
##   Mer 12 Mai 2021 - 15:09
Nicolas L.L. Williams

Personnage ~
► Âge : 22
► Doubles-comptes ? : Jérémy B. Williams - Chrys Suede - Kaiko Yamada - Justine da Silva - Miguel Villa
► Rencontres ♫♪ :
Nicolas L.L. Williams
Master Tonnerre Solaire
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Humeur : Oui.

Masque : Objet dont on couvre le visage humain pour transformer son aspect naturel. Dehors trompeur. Aspect du visage. Empreinte prise sur le visage d'une personne, en particulier d'un mort. Appareil qui sert à protéger le visage. Couche d'un produit appliqué sur le visage pour resserrer, tonifier, adoucir l'épiderme. Abri, obstacle naturel formant un écran.

A - Alpha
♫ Muse – Interlude

Il y a quelque chose d’irréel dans les vieux bois. L’homme est si loin, sa présence est un mirage. Pourtant vous êtes bien là. Vous vous rappelez alors que vous n’êtes pas seul au monde… Vous sortirez des frontières de ces lieux et vous retrouverez la civilisation, tout simplement. Mais il y a ce doute qui s’insinue en vous, cette sensation persistante… Devant ces arbres qui ont tout vu, qu’êtes-vous de plus qu’un autre animal ?
…Êtes-vous seulement humain ?

♫ Muse – Hysteria

Ce qu’il y a de plus terrible pour un narrateur, c’est de ne pas pouvoir décrire ce qu’il a sous les yeux. Ce qu’il y a de plus terrible pour moi, c’est d’être incapable de décrire ma propre maison. Je connais chaque arbre mais je ne peux pas voir la forêt. Je connais chaque étoile mais je ne peux pas voir le ciel. Je ne peux pas raconter ce qu’il y a autour de moi, ce lieu qui m’est réservé parce que Nicolas n’est jamais entré dans cette partie de son palais mental. Et comme le premier explorateur a mis les pieds dans la forêt vierge, ses yeux se sont posés sur l’étendue sauvage et j’ai pu voir ma maison à travers ses yeux… pour la première fois. Comme un enfant éveille enfin ses sens et sa mémoire.
Nicolas est entré dans cette partie des bois où la nuit est éternelle, les arbres plus épais encore, plus grand, la terre couverte de racines larges qui courent les unes sur les autres, s’entremêlent et luttent. L’atmosphère est lourde mais glacée. Il est obligé de respirer fort pour trop peu d’oxygène, l’air si froid qu’il a la sensation de saigner dans sa bouche et dans sa gorge. Le gel fait craquer la terre sous ses pas et le son paraît venir de partout et nulle part à la fois. Des arbres millénaires, une jungle froide et rien d’humain… Rien de vivant, sinon moi.
Il grimpe sur une racine et regarde au-delà. Au creux du chêne face à lui, assis dans mon nid, je me lève. Je suis plus que son reflet, plus que la forme qu’il possédait lorsqu’il était morphe, à moitié homme, à moitié loup… J’ai une forme, le corps d’un homme au pelage noir et l’esprit d’une bête humaine qui chasse en meute. Comme un enfant qui se regarde pour la première fois dans un miroir. Nicolas me voit et ne peut plus m’ignorer. Je suis là, j’ai toujours été là… et il me déteste pour ça. :

-Non… Non, pas toi. Tout sauf toi.

Je ne sais pas quoi lui répondre. Il devrait être le premier à me comprendre… Je n’ai pas demandé à exister, pourtant me voilà, et chaque interaction avec le monde me rappelle que je n’ai rien à y faire. Chaque inspiration est une lente agonie, de la première à la dernière. Chaque geste que je fais est une abomination, du parfaitement beau à l’horriblement immonde. Et mes mots sont incompris, froids et blessants, et dès que je fais semblant de sourire l’on s’en contente. C’est plus facile et gérable que ce qui pourrit dans le fond. La peau reste belle tant qu’on n’y touche pas, sinon au moindre contact, elle éclate et le doigt s’enfonce dans un bruit de succion affreux, dans la masse de chair, moisissant comme une pomme laissée trop longtemps à l’abandon.

Mais voilà Nicolas ! Grand et beau Nicolas, debout après toutes ces épreuves, magnifique ! Nicolas le survivant ! Et moi son ombre, bien cachée, récoltant ses victoires les plus honteuses, ses pulsions les plus abjectes, ses moindres laideurs… Je devrais lui en vouloir peut-être, qu’il me haïsse pour tout ça alors que je n’en suis pas responsable, mais c’est impossible. On ne se reconnait jamais vraiment dans un miroir, notre perception de nous-même est biaisée et Nicolas a porté tellement de visages qu’il ne sait même plus lequel est le sien ; un petit garçon curieux et maladroit, un enfant timide mais joyeux, parfois muet, parfois bruyant, élève modèle ou gangster, celui qui soigne les petits bobos ou celui qui brise les os, celui qui saute d’un arbre pour sauver quelqu’un ou celui qui en laisse un autre inconscient dans les bois, ennemi, ami, frère, fils, traître, oublié. Il ne sait pas qui il est. Il ne sait plus qui je suis. :

-Écoute…

Dans une détonation fracassante, Nicolas fonce droit vers moi. L’impact de son point de départ explose la racine. J’entends les cris d’agonie de l’arbre et la seconde qui suit je suis plaqué au fond de mon nid, dans le creux du chêne. Il m’étrangle, ne me laissant aucune chance pour m’enfuir, mes mains griffues s’accrochent avec peine à son avant-bras. Je reconnais son regard… Il est si proche que je peux voir le détail de son iris… Il y a plusieurs nuances de gris, un fond sombre où éclate une étoile plus claire et au centre, un trou noir. Sa pupille contractée par la haine, le chat d’une aiguille avec tout le poids de l’univers à l’intérieur. Sa voix est profonde, grave, provenant du tréfond des âges. Son souffle chaud est un coup de couteau sur ma peau et fend l’air glacé. :

-Je vais te tuer… et je continuerai d’exister… encore et toujours…

-Ah… Sauf que- gnh… tu oublies quelque chose…

J’arrive à sourire dans cette situation alors qu’il a perdu toute trace d’humour en lui. Ses lèvres tremblent de rage… Doucement, je serre son poignet. Sans plus de force qu’au début, quand je luttais pour respirer, avant de transformer ma main en étau. Sa mâchoire se contracte, il ne montre pas que je lui fais mal mais je sais… encore un peu de pression et je lui tords le bras. :

-…devine à qui tu as donné ton envie de survivre ?

Je ne prends pas le temps de profiter de son expression de surprise. Je le repousse avec toute ma force, lui donne un coup de pied dans l’estomac alors qu’il est déséquilibré. Son corps file dans l’air, comme la balle d’un fusil… Sa jambe est rattrapée par la racine d’un arbre qui le balance au sol dans un geste négligé. Il a blessé l’un des leurs, ils n’auront aucune pitié. A l’entrée de mon nid, je vois Nicolas s’écraser au sol face contre terre, créant une fissure dans le sol dans un son d’os qui se brise. Pas les siens. Ça vient de la terre gelée. Il veut se relever mais d’autres racines l’emprisonnent, saisissant son torse, ses bras, ses jambes. Il se secoue et lutte… Il ne s’est pas privé de sa détermination et de son pur esprit de contradiction. :

-Calme-toi… Écoute-moi.

-Et t’entendre parler de toi, comme si tu m’avais sauvé du monde, comme si tu m’empêchais d’être plus névrosé. Quoi ? C’est un remerciement que tu veux ? Toi aussi tu as oublié quelque chose alors… …si tu es le survivant, ça veut dire que je suis le suicidaire.

Bon sang, il m’énerve quand il est comme ça. Il tire sur les liens qui le retiennent, ça tire sa peau, ça la déchire lentement, ça tord ses muscles comme on essore un gant de toilette et le sang goutte entre les racines… Il a compris que je ne lui voulais pas de mal, alors il utilise ce point faible pour me forcer au combat. …Il m’énerve. :

-Non… Lâchez-le ! S’il-vous-plaît LÂCHEZ-MOI !!!


C’est mercredi. La grande section de l’école maternelle du village va toujours à la bibliothèque le mercredi. Nicolas tient un petit livre illustré dans ses mains. Les autres enfants n’aiment pas les images, elles leur font peur… Nicolas pense que c’est une autre excuse qu’ils ont trouvée pour ne pas lire le livre ensemble. Personne ne veut jouer avec l’étranger, et il est trop timide pour demander à une grande personne s’il peut proposer l’histoire au conteur, pour qu’il puisse la lire à la classe cette semaine… La maîtresse le remarque, assis tout seul à une table adaptée à sa taille d’enfant. Elle est peut-être prise de pitié pour lui quand elle lui demande de raconter l’histoire du livre qu’il tient dans ses mains.

Nicolas hoche la tête et sourit, content de pouvoir partager sa trouvaille. C’est l’histoire d’une bête dans le Gévaudan, de meurtres et d’un meneur de loups… Dans cette version édulcorée, le bien l’emporte sur le mal, comme dans les autres contes, chaperon rouge ou trois petits cochons, et le loup innocent meurt, mais il aime les images... La maîtresse fronce les sourcils… Elle dit gentiment à l’étranger, qui est peut-être un peu lent par rapport aux autres mais c’est normal, que l’histoire de la Bête du Gévaudan est inspirée de faits réels et que le loup n’était pas innocent. :

-Mais madame, si c’est vrai, c’est stupide… Les loups chassent en meute, comment il pourrait y avoir qu’une Bête ?... Je pense pas c’était un loup madame. Je pense c’était un homme.


Le poing de Nicolas rencontre mon torse, m’empêchant de respirer. :

-TA GUEULE ! C’est MON histoire !

Je me redresse en grimaçant, empoigne sa gorge. Il tente de me donner un coup mais je l’immobilise. :

-C’est ce que… j’essaie-

Je reçois un coup de front dans mon nez. Je le relâche et me prend aussitôt un revers sans avoir eu le temps de me défendre. Mon corps s’envole au loin, dépasse deux, trois, quatre arbres et il me rattrape en un seul bond, vif comme l’éclair, bruyant comme le tonnerre, puissant comme l’orage. Un coup de coude entre les côtes interrompt mon envol et me fait rejoindre la terre. L’onde de l’impact se propage comme sur l’eau d’un lac. Les arbres se penchent, craquent, ils hurlent arrachés et laissés soudain gisant. Je crache, de la salive mêlée à du sang, puis je suis soulevé de force. Nicolas me tient à bout de bras et je me secoue faiblement. Ses traits sont déformés par la colère mais il y a autre chose maintenant. :

-Tu sais parfois je suis désolé.

-Pour quoi ? Tu regrettes mon existence ou la tienne ?

-Je ne sais plus…

Ça veut dire… que je peux l’atteindre.


Grégoire est encore en train de l’engueuler pour des détails… Après la guerre des gangs, les plus gros poissons se sont partagés les planques connues d’Amadéus. Mais leurs informations étaient incomplètes, les petites étaient préservées et il fallait les récupérer avant que d’autres arrivent à mettre la main dessus. Peu importait comment, il ne fallait absolument pas laisser le gang mourir… où la plupart des gosses allaient crever de faim dans les mois à venir, Nicolas y compris. Mais Grégoire ne pouvait pas comprendre ça. Il a des parents lui. Des parents sains d’esprit qui le nourrissent et lui payent les leçons d’escrime dont il est si fier. Nicolas se tient droit face à lui, prêt à lui foutre une raclée et Justine se place entre eux, une fois de plus. Elle a beau être toute petite, elle n’a pas peur. Elle ferait tout pour protéger les petits du gang, même de la colère de ses collègues…

Les voilà, les trois derniers capos d’Amadéus. Trois gamins qui se soutiennent sans se comprendre. Grégoire gronde entre ses dents serrées, leur tourne le dos. Nicolas serre les poings mais ne bouge pas sauf quand Justine tente de lui toucher l’épaule… peut-être dans un geste pour le calmer. Un geste qui le terrifiait. Si elle le touchait, il ne savait même pas comment il allait réagir… Elle retire sa main restée en suspens entre eux, souffle doucement avant de murmurer qu’un loup solitaire ne survivait jamais longtemps. Nicolas baisse la tête. :

-Et pourtant je n’ai jamais eu de meute.


Nicolas me jette au sol. Ses mains rejoignent ses tempes comme s’il pouvait m’empêcher, à la source, de raconter l’histoire. :

-Arrête… Arrête ! Ce n’était pas toi…

-Bien sûr que c’était moi… Écoute. Tu as fait tout ce chemin jusqu’ici. Qu’est-ce que tu as vu ? Qu’est-ce que tu as appris ?

Je me lève lentement… Je suis un animal, je sais très bien ce qui risque d’arriver si je le brusque… :

-Je n’ai pas peur d’utiliser leurs prénoms mais tu les connais hein ?... Moi aussi et tu le sais au plus profond de toi sinon ils n’hanteraient pas mon Antre. Qu’est-ce qu’a dit Mathéo-

Il me pousse, m’interrompt. Je roule au sol mais il s’avance. Il me donne un coup de pied. Je roule plus loin mais il s’avance. Inexorablement, il me chasse toujours plus loin jusqu’au moment où je suis coincé entre lui et un rocher… Si la colère de Nicolas était brûlante, maintenant elle est plus glacée que l’air ambiant. :

-Non. Jamais. Plus jamais son nom dans ta bouche. Tu n’es pas moi. Tu n’es plus rien. Ni moi, ni mon Vide.

Je m’accroche à la roche comme un homme à la mer à une bouée. Je le vois me toiser de toute sa hauteur… Je déglutis, pas de peur ou de tristesse. :

-Je le sais… Parce que c’est toi, le Vide.

Je ne vois aucune réaction dans ses yeux… Quelque part, il le savait déjà. Énième masque pour affronter une nouvelle réalité et j’étais dessous pendant tout ce temps. J’étais là Nicolas. Même avant le Vide et tu le sais… et toi ?... :

-Alors je prendrais ta place. Je prendrais tout ce qu’il reste. Et je serais toujours là.

Il lève son poing, prêt à faire pleuvoir sa rage sur moi, m’enterrer avec sa force en croyant pouvoir me survivre… Je ne veux pas mourir, mais je ne veux pas le tuer. Dans tous les cas, je suis perdant et le rêve s’achève ici.

Un hurlement résonne dans les bois et une jeune femme en sort en courant. Elle s’élance et tombe presque sur moi, me protégeant avec son corps tout entier. Nicolas s’est immobilisé… il la reconnaît. On n’oublie jamais que le soleil se lève mais on le redécouvre à chaque aube de manière différente. :

-Nirolas !


♫ Muse – Blackout

Ariana m’aide à me redresser une fois qu’elle constate que son arrivée a complétement arrêté Nicolas. Elle m’assoit, dos contre le rocher et regarde l’amas de bleus, mon pelage ensanglanté… Elle grimace et sort un mouchoir, elle tapote gentiment mes blessures pour les nettoyer… Il commence à neiger. :

-Ah la la regarde-toi. Encore tout cassé Nirolas.

-Sunshine. lâche Nicolas, le souffle coupé. Non, c’est moi ! Pas lui ! Ne l’écoute pas il- tu ne sais pas à quel monstre tu as affaire.

-AH ! J’ai travaillé dans le même restaurant que Jérémy et t’as aucune idée de ce qu’il devient quand il s’occupe des commandes en plein rush. T’as pas mon niveau en gérance de monstre. Assis-toi.

Il obéit, perdu mais incapable d’aller à l’encontre des ordres de sa meilleure amie. Ça aurait pu me faire rire mais Ariana a choisi ce moment pour appuyer un poil plus fort sur mes côtes souffrantes. Je lâche une onomatopée d’enfant blessé. :

-Oh oui tiens, grand méchant Loup mon œil !

-Tu sais ce qu’on dit… La douleur est un cadeau.

-Qui qu’a dit une bêtise pareille ?

-La citation est incomplète… La douleur est un cadeau car sans la capacité de pouvoir la ressentir, on ne pourrait pas comprendre celle que l’on inflige aux autres.

Toute trace de véhémence a quitté son visage, il cherche à comprendre. Il voit Aria prendre soin de ce qu’il hait le plus en lui. Elle, elle sourit. :

-L’ironie d’un Sensitif qui s’inflige ce qu’il n’infligerait jamais aux autres.

-Ariana…

-Sunshine…

-Oui je sais. Je- Tu- Vous, voilà ! Je suis peut-être trop bête pour comprendre tout ça mais je me souviens. Je me souviens du jour où on s’est rencontré. Ton premier jour à Terrae… Tu n’avais aucune idée d’à quel point tu existais déjà.

Elle ne parle pas à l’un ou l’autre, à Nicolas ou au Loup, à lui ou à moi. Elle parle à son ami. Celui qu’elle connaît, entier ou divisé, celui qu’elle a vu changer, celui qu’elle aime. Celui qui l’a soutenu et qu’elle soutient. Sa voix porte les chants de son pays et les odeurs de la lumière… :

-Est-ce que tu peux regarder et me dire ce que tu vois ?

-Je vois… le monstre que je-

-Non. Regarder. Pas forcément toi. Tu es où ? Et comment t’as fait pour arriver ici ?

-Il m’a poussé… Il m’a poussé et j’ai vu-…

Il réalise lentement… Il souffrait le martyr, comme toujours. Parce que c’est toujours la première chose qui lui vient à l’esprit lorsqu’il s’agit de lui ; les bons souvenirs sont présents certes, ils ont leur place dans la balance mais leur écho n’a pas la même présence. Il a tellement de souvenirs d’agonies qu’il a l’impression d’avoir vécu cent vies. Déjà trop vieux pour changer mais trop jeune pour le comprendre. …J’aime bien lui rappeler dans ces moments, les petites choses qui, plus que son instinct de survie, expliquent qu’il est toujours vivant aujourd’hui. Je le pousse pour qu’il voit. :

-J’ai vu Alice… Papa et maman… Adé et Elwynn. Ipiu… Lottie avait tout Terrae dans ses petites mains et… Boubou bon sang, comment j’ai pu-… Mathéo !… Huo et Jérémy…

-Ce que tu vois.

-Haaaan c’qu’il est lent. Ariana se tourne vers moi. T’es malin mais tu es lent hein ?... Que vous êtes lents. Y’a jamais eu Nico et le Loup, quoi que ça veuille dire.

Elle prend sa main, elle prend la mienne. Elle les joint ensemble. :

-Y’a jamais eu que Nirolas. Et y’a une meute entière pour te le prouver… Je comprends que c’est difficile mais regarde-moi.

Son pelage roux s’étend sur sa peau mouchetée de taches de rousseur. Son sourire est éclatant, autant que ses yeux verts pétillent. Sunshine. Éclat de lumière. Une louve rousse. :

-Et regarde-toi.

Je lui obéis encore. Je suis. Je ne peux pas l’expliquer autrement. Entier. Mes mains jointes comme si je priais. Mon pelage noir qui gonfle, j’ai la chair de poule. Et les bras d’Aria m’enlacent soudain. Je sens des larmes qui viennent mais ne tombent pas et je plonge mon nez dans son cou… ce que j’ai toujours fait. Elle sent la lumière, les chants rythmés,… Mon amie Mère Louve danse avec moi. :

-Aria… Je suis là. Je suis vraiment là… Je suis vivant et je serais toujours là. je marmonne comme si j’avais du mal à le réaliser. J’ai le droit…

Elle m’apaise d’une caresse. Je n’ai plus besoin de crier dans le silence pour qu’on m’entende. On m’écoute. J’étais déjà corps et âme pour eux. Je devais juste relier les deux.

Je sens ma forme qui se meut. Mes membres s’étirent, je deviens massif. Il existe des procès-verbaux de cette terrible histoire de la Bête du Gévaudan ; on y parle d’un être immense, de deux ou trois mètres selon les témoignages, le plus souvent à quatre pattes, parfois bipède, au pelage sombre, rougeoyant du sang de ses victimes, avec l’enfer au fond des yeux. Quelque chose s’agrippe dans mon dos. Elwynn, dans son pelage gris, s’étale à moitié sur moi, les bras grands ouvert et le nez dans ma fourrure. Elle souffle, commente la chaleur que je dégage et Aria se lève, me contourne toute guillerette en confirmant cette sensation. Les deux louves se tiennent là et l’instant suivant, Mathéo se pose devant moi. Il me sourit et replie ses ailes, se roule en boule entre mes jambes sans rien dire. Papa arrive avec maman, Charlotte dans ses bras. Toute joyeuse, elle demande à être posée sur mes épaules et nos parents l’aident. Ses petites mains attrapent mes poils mais elle fait attention à ne pas tirer, toute douce, et Aaron, une fois certain qu’elle ne risque rien là-haut, prend la main de Louisa pour qu’elle s’assoit à ma gauche et la rejoindre. A ma droite, Alice et Adélaïde viennent faire de même ; la première littéralement terrestre et solaire, la seconde lune animée de flammes. Asbjorn s’installe face à moi, il chantonne un air des années 80 en faisant des tresses dans mes poils. Ipiu est apparue à bonne distance… Fantôme translucide, une présence que je ne vois pas aussi souvent que je le souhaite mais belle et bien là. Comme lorsqu’elle passait dans le couloir des Tonnerres pour vérifier si j’étais toujours vivant quand je me droguais… Ma patte va la cueillir délicatement, la rapproche contre ma jambe en faisant attention aux siennes. J’entends la voix d’Elwynn qui se fait toute calme, tendre… Elle attire Jérémy hors des bois, tend sa main pour qu’il s’en empare. Elle la dépose dans mon dos, lui disant de sentir. Huo surveille ses réactions tout en guidant Aoi jusqu’à nous, leur enfant dans les bras. Ce n’est pas fini. Mitsuki est toute seule, elle est triste mais ne pleure pas. Je l’attrape et la dépose à côté de Aaron, laissant Hideko et Ryu installer leur petite famille aussi calmement que possible. Des échos de gens que je n’ai pas vu depuis longtemps sont intangibles mais je les garde tout de même, je veille sur Tahia, Ludmila et Oktober… Je fais danser Adonis avec les mélodies que je peux voir dans ses yeux. Je sens les odeurs des histoires qu’elle raconte sur la peau d’Afya. Akira bougonne dans un coin, j’évite de lui faire comprendre que j’ai remarqué sa présence, histoire qu’il ne se mette pas en rogne… En parlant de rogne, Senri en forme de parfait petit électron libre, pousse des cris incompréhensibles. Ma patte tapote son crâne, il bat des bras pour l’éloigner mais ne m’empêche pas de le garder aussi. …Il y a quelqu’un plus loin entre les arbres, sentinelle qui ne veut pas s’approcher plus. Des élèves que je n’ai croisés qu’une fois sont là. Des gens que j’ai croisés sans même leur parler sont là.

Elle est bizarre ma Meute. Mais je l’aime.


♫ Muse – Butterflies and Hurricanes

La terre se met à trembler… Il fait encore plus froid, la couche de neige qui nous entoure est rigide. L’oxygène dans l’air s’est raréfié et je lutte pour respirer. Quand tout un pan du sol près de nous s’effondre pour disparaître, laissant l’espace scintillant d’étoiles apparaître dessous, je serre Mathéo contre moi d’un bras, l’autre éloignant ceux se tenant trop près du gouffre, comme si je pouvais les protéger d’une chute dans le vide. :

-Qu’est-ce qu’il se passe ?

-Tu n’as plus besoin de l’Antre maintenant, ta maison t’attend ailleurs.

Je regarde Aria. Je comprends… Je comprends que je suis juste dans un cauchemar éveillé où les rêves deviennent réalité. J’embrasse le front de mon amie, je lui souris. :

-Comme si j’allais me réveiller maintenant et vous laissez ici.

Elle veut me dire quelque chose mais je me lève. Je frappe ma poitrine, le bruit sourd résonne plus fort encore que ce qui fait s’écrouler le monde autour de moi. Ça me fait mal encore, j’ai les traces des épreuves que j’ai vécu, les plus anciennes comme les plus fraîches, mais j’écarte les bras. Je défie le petit bout de monde que j’ai créé. :

-Aller ! Viens ! J’t’attends l’Apocalypse !... J’ai la Meute la plus grande et la puissante du monde ! Tu crois que tu m’fais peur ?!

Quelque chose d’ancien me répond.

Je suis le caillou d’or et de feu que Dieu jette,
Comme avec une fronde, au front noir de la nuit.
Je suis ce qui renaît quand un monde est détruit.

Dans un éclat aveuglant, le monde disparaît. Les vents veulent me pousser en arrière mais je reste immobile. Je fais face à toute la puissance de l’univers avec ce que je vois, ce que je sens, ce que j’entends. Je transforme mes amis en symphonie, je suis leurs yeux, ils sont les miens. J’ai grandi dans l’ombre mais je m’élève dans la lumière ; j’aime trop profondément les étoiles pour la craindre. J’entends le bruissement des ailes de Mathéo. Des chansons d’amour dans les mains de mes parents, des rires dans les gorges de mes amis. Je suis un trou noir qui sombre éternellement sur lui-même et la galaxie danse autour de moi, chorégraphiant des étoiles électriques dans les canevas de mes perceptions.

Je ne suis pas vide. La loi du silence vient d’être brisée, je vibre de couleurs et de chaleurs.

Et tout le monde peut enfin le voir.

Il me suffit d’ouvrir les yeux.




***

Nicolas ouvre soudainement les yeux. Il ne reconnait pas le plafond. C’est fou ça, on ne se rend pas compte à quel point un plafond peut être rassurant quand on le connaît bien, à quel point il est terrifiant quand on ne l’a jamais vu avant. Nicolas se redresse brutalement et plusieurs choses se passe d’un coup. D’abord la douleur, dans son crâne et dans son cœur, mais qui s’évanouissent petit à petit pour finalement disparaitre. La panique aussi quand il voit qu’il est entouré d’autres personnes avant de reconnaître leur aura… Leur aura. Ah ! Les Masters, le Rêve ! Nicolas vient de se réveiller et il n’est pas mort. Il n’est pas mort ? YOUHOU ! :

-Je suis pas m-…

Il se tait, apporte sa main à sa gorge. Sa voix… Ouuuh… C’est très bizarre. C’est nouveau. :

-Woh… Erm… Re-bonsoir vous tous. …Ça va ? On s’fait un barbeuc’ ?

Ah. L’humour de merde est revenu. Parfait.


HRP : Hé ! C'est fini pour de vrai ! CHAMPOMY LES POULETS !... Je peux mourir tranquille, j'ai cité Sarah Williams, Victor Hugo, Doctor Who et FUCKING Naruto dans le même post *self-highfive*.


#666699
Bienvenue parmi les tiens, Nicolas.  Oblk2p


Spoiler:
##   Mar 18 Mai 2021 - 10:05
Hideko Honda

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Nicolas but d'une traite le contenu de la fiole. L'instant d'après, il basculait dans l'inconscient, et nous rassemblâmes nos énergies pour l'empêcher de chuter sur le sol.

Son corps se souleva lentement, et une lumière, d'abord timide, puis vive, commença à s'en échapper. Un doux sourire s'étira sur mes lèvres alors que son visage prenait les traits de tout ceux qui étaient passés avant lui et qui entraient dans le Rêve.

Quelque part, je m'étais toujours demandé à quoi cela pouvait bien ressembler. Ayant reçu mes pouvoirs en tant qu'Originelle, je n'avais pas eu ce luxe. Alors, à chaque passage au rang de Master, je ne pouvais m'empêcher de m'imaginer à quoi mon Rêve aurait pu ressembler. A quoi aurais-je été confrontée ? Quelque part, quelle était la véritable origine de mon Vide ? Il avait été comblé, certes, autant par la présence de Ryu que par la création de Terrae. Mais si Terrae avait déjà existé, si j'avais ressenti le Vide différemment, si c'était des Masters qui étaient venus me chercher et que j'avais grandi ici, que j'avais démarré en tant qu'initié, puis Etoile, puis Master... Aurais-je été la même que celle que je suis aujourd'hui ? Et qu'aurait été Terrae avec quelqu'un d'autre à sa tête ? Aurait-elle été moins dangereuse pour les gens de l'extérieur ? Aurions-nous vécu moins de drames, entre les scientifiques, l'Avatar, le Centre, les anti-terraens ? La vie des personnes ici aurait-elle était plus simple ?

Le corps de Nicolas se mit à trembler et je fronçai légèrement les sourcils en me reconcentrant. Une énergie électrique aux courbes folles s'échappait de son corps, venant lécher le plafond, maîtrisé à l'intérieur de cette pièce uniquement grâce à l'ensemble de nos énergies réunies. Les arcs qui émanaient de lui s'intensifièrent, habillant les murs de formes diverses et variées, doux écho de ce fouet utilisé dans l'arène.

Après un temps que je n'aurais jamais été véritablement capable d'estimer, le halo lumineux qui entourait la silhouette du jeune nouveau Master se résorba, venant se loger à l'endroit où le tatouage de sa greffe était en train de se dessiner. Son corps redescendit délicatement sur le sol froid de la salle des Masters et ses yeux s'ouvrirent soudainement alors que nous rompions à peine le contact entre nous tous.

Un mince sourire étira à nouveau mes lèvres alors qu'il se redressait d'un coup, le regard affolé. Ses yeux se posèrent sur nous et il sembla se rappeler. Il ne termina pas sa phrase, découvrant en même temps que nous ce nouveau timbre dans sa voix ; si posé, si calme, si plein de confiance.

Une question passa la barrière de ses lèvres, et j'éclatai d'un rire franc, avant de lui tendre une main pour l'aider à se relever complètement.

-Avant le barbecue, il va falloir que tu nous en apprennes plus sur le nouveau toi.

Je m'éloignai de quelques pas, et fis naître une dizaine de boules de feu, qui tournoyèrent gaiement autour de moi avant de foncer dans sa direction. Nous étions tous impatients de découvrir ta greffe, Nicolas...


Bienvenue parmi les tiens, Nicolas.  Bxqs
##   Mar 18 Mai 2021 - 18:00
Nicolas L.L. Williams

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Nicolas renifle. Il se sent différent mais pareil, pas vraiment mieux juste… c’est compliqué ? Ça vient de lui, il le sent. Vraiment il sent… Comme un frisson dans la nuque quand quelque chose est sur le point d’arriver. Pas forcément un danger, juste… une prémonition constante. Oui bon y’a ça et la paix qu’il ressent, sa voix et fatalement sa propre aura qui doit jouer mais- Oh ouais ! Il a faim aussi. Une bonne grosse dalle m’sieur l’juge ! C’est vrai qu’un barbec’ c’est pas con… P’t’être pas dans la Salle Masters par contre, c’est un coup à sentir le graillon jusqu’à l’année prochaine. Merde. Il est absolument pas concentré.

Il se lève, aidé par Hideko qui repousse le barbecue -oooh…- et qui veut en apprendre plus sur le nouveau lui. Il aimerait bien hein, mais comment ? Il écarte les bras en haussant les épaules, l’air de dire qu’il sait pas trop par quoi commencer pendant qu’elle recule. Pourquoi elle recule ?... Pour faire des boules de feu. Ah ! Il les connaît ! Il sourit légèrement en les voyant tournoyer… avant de le perdre quand elles foncent vers lui. Putain, ça recommence. Il marche aussitôt à l’instinct. Il peut faire un bouclier s’il n’y a personne trop près, c’est pas le moment d’électrocuter les collègues. Il tourne le dos aux flammes, constate que les autres ce sont éloignés -c’était prévu ça ?! ah les salauds !- sauf une personne qu’il s’empresse d’aller serrer contre lui avant d’activer un bouclier où les flammes viennent s’écraser…

Le picotement dans sa nuque devint plus fort. Et quelque chose enveloppa son crâne, son visage, ses épaules et son dos. Nicolas fait battre ses paupières.

Je vois… Je vois d’un autre regard. Le monde est différent avec ses yeux… son œil.

Il sent la chaleur qu’il dégage se répandre dans celui de son père… Nicolas pose ses mains sur les épaules d’Aaron et l’éloigne un peu pour mieux le regarder.

Je suis si grand et pourtant j’ai l’air d’un gamin. C’est quoi ça ? Ma Greffe ?... Eh ben heureusement que j’ai fait la paix avec moi-même hein, j’ai vraiment l’air d’un loup maintenant. Aaah mais c’est quoi ça ?! Pourquoi ton œil… mon œil ? On voit rien c’est chiant !

-Mais t’as carrément caché à quel point t’étais miro ! Papa sans déconner…

Il soupire avant de renifler, encore.

C’est l’odeur de papa. Son odeur d’agrumes et de brume et de chaud. C’est sa musique à lui… Minute. Si je peux voir aves tes yeux, est-ce que tu vois avec les miens ?... Est-ce qu’il entend… ce que je vois ?

Il retire ses mains des épaules du Master mais la connexion est toujours là… Il se tourne vers les autres, un sourcil arqué. :

-Ok je crois que ça va être compliqué à expliquer… Oof.

Il a tourné la tête vers sa gauche, comme pour couvrir toute l’étendue que son père ne pouvait voir avec son propre œil… Il voyait pour deux, il sentait pour deux, il écoutait pour deux… Un catalyseur pour unir sa Meute. Ok, va falloir s’y habituer c’est un coup à chopper une migraine de tous les diables. …Et pis il a toujours faim.


#666699
Bienvenue parmi les tiens, Nicolas.  Oblk2p


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##   Ven 4 Juin 2021 - 20:58
Aaron Williams

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Emploi/loisirs : Prof de maths et papaaaaa ♥
Humeur : Aha ! ... Attendez, c'était une vraie question ?

J'suis content qu'on se cache derrière nos capuches pendant les Masterisations, Etoilisations et Initiations, en vrai. C'est cool. Ca me permet de cacher mes yeux humides de larmes débiles, mais j'suis presque sûr qu'on peut entendre mes reniflements de temps à autres pendant le processus d'intégration des pouvoirs. Ouais je suis un chialeur, qu'est-ce que vous allez faire ?! Vous voulez vous battre ?! J'ai l'impression d'assister à la cérémonie de remise de diplôme de mon gamin, là, comprenez moi wesh. KEITARO, TA GUEULE J'T'AI ENTENDU RICANER. Salauds !

Finalement, enfin, après un long moment passé à contenir ses pouvoirs débridés, son énergie regagne son corps... Et je sens mon souffle se couper. Un grand sourire naît sur mes lèvres et j'amène mes deux poings serrés contre ma bouche pour retenir un couinement ravi. Trop d'énergie dans mon corps, malgré la pointe de fatigue due à la concentration. Nicolas se redresse. COUCOU NICOLAS TON PAPOU EST FIER DE TOI. Ok, non, ok, calme toi Aaron. NON MAIS JE SUIS FIER- Essaie d'être un adulte. Quelques secondes au moins. Juste quelques secondes de plus. Stp.

J'ai presque envie de répondre "j'avoue j'ai faim ok pour le bbq on va acheter des merguez viens", et j'suis trop occupé à avoir mon oeil et demi fixé sur Nico avec des étoiles qui brillent dedans... nan j'déconne j'sèche mes larmes bande de connards. J'sens un peu d'énergie qui tournoie dans la pièce, comme d'hab quand on vient d'introniser un nouveau Master ma foi, c'est toujours le moment d'la vengeance où on leur lance des trucs à la tronche... Mais j'avoue que j'pensais pas être sur la ligne de mire, là, sinon j'me serais p'tetre décalé de genre un peu plus qu'un demi pas.

Et là d'un coup, c'est chelou. Il se passe masse de trucs, quand même. Déjà, Nico me fait un méga câlin qui était pas prévu au programme et fait retomber ma capuche dans le mouvement, mais j'accepte, j'aime bien les câlins, vous savez, j'suis pas comme ça comme mec. Puis surtout ça grésille d'électricité (son bouclier) et des boules de feu s'écrasent dessus. Beh. Beh. C'est gentil tout plein mon Nico, mais kanmem je peux me débrouiller tu sais ?!! NAN PUIS HIDEKO ABUSE ELLE AURAIT PU VISER AILLEURS.

'Fin j'avoue que le plus chelou c'est le fait de me voir et de voir Nico en même temps, d'un coup. Woah. Sacré tatouage dis donc. Wesh j'ai l'air de rien avec ma cape. Par contre, content de constater que j'suis toujours un BG malgré mes cernes de prof-daron de l'enfer, yes !! l-loul. Oh merde, c'est sa Greffe, c'est ça ?! Merde... C'est quoi ces sensations super bizarres ? Ces... odeurs... Super fortes ? Les sons ? Wow. Ok je. J'comprends pas tout. Y a une lueur d'incompréhension qui passe dans mes yeux, je me vois ouvrir la bouche, je m'entends parler de l'intérieur et de l'extérieur, j'entends Nicolas comme si c'était moi... J'inspire pour trouver de l'air, sans trop savoir si je dois dire "T'ES TROP FORT REGARDE TOI T'ES BEAU OUIN" ou juste "wtf gro".

—Merci Nico. C'est, je... Je dois avoir pris un truc pas net. Le tatouage, c'est BG par contre, je souffle avant que Nicolas me REPROCHE DE LUI AVOIR CACHE QUOI ? MAIS GENRE ??? MAIS GEEEEENRE !!! Mais quoi caché !! J'ai jamais rien caché !!! J'ai jamais dit... que je voyais bien....

Nan mais ok, la moitié gauche de mon champ visuel est quasi inexistante, mais c'est pas une raison pour me callout comme ça. Je me passe une main sur la nuque, super gêné. J'ai l'impression d'être au coeur d'un mauvais trip avec toutes ces sensations décuplées. De redécouvrir des visages, des sons, des couleurs, des odeurs. Redécouvrir ? Ou découvrir... tout simplement ? Autrement... Ehhh.

Une partie de moi trouve la sensation étrange, mais pas forcément déplaisante. C'est comme regarder dans un kaléidoscope... C'est splendide, et bizarre tout à la fois. Mais c'est Nicolas, alors c'est rassurant.

Et c'est surtout bizarre de me voir comme lui me voit.

C'est ça, sa Greffe, alors, hein ?
J'ai un sourire fier, les yeux pétillants. Ah. C'est cette tête que je fais, quand je pense à mes gamins ?

J'ai presque l'impression d'entendre ce qu'il se dit, ce qu'il pense, ce qui le traverse, mais je suis tellement sonné par cette myriade de changements que j'ai du mal à focaliser mon attention dessus, comme un chat  à qui on a d'un coup présenté trop de jouets.

Je lui tapote gentiment le dos... et lui refait un câlin. Parce que sentir un câlin une fois c'est cool mais sentir un câlin deux fois c'est encore mieux mdr. Puis Nicolas se détourne et je vois la pièce d'un peu trop d'angles différents (j'déconne, seulement un en plus, mais c'est déjà beaucoup trop si vous voulez mon avis). Surpris, je fais quelques pas dans la salle, en essayant de m'habituer à cette double-vue... tiens c'est marrant ! On dirait vraiment que j'suis ivre ! REGARDE NICO REGARDE !! Je trébuche à demi à travers mes propres pieds, trop concentré sur... à peu près tout sauf mes pieds, du coup, c'est comme quand on regarde dans un miroir et qu'on a pas encore capté dans quel sens aller pour choper l'épi random du matin. Ourf !!! Trop d'énergie en moi d'un coup, je me sens presque vibrer tellement je suis content. Personne doit comprendre ce qu'il se passe, je vois leur tête grâce à Nico, leurs sourcils haussés, leurs incompréhensions, leurs rires, sourires joyeux. Sans avoir besoin de les regarder. C'est tellement cool. C'est tellement Nico.

—HEY, NICO !!! Tourne-toi juste !! (Je me mets dos à lui, et tourne la tête vers lui, tout souriant, presque euphorique de fierté, j'en secouerais les bras pour .) J'veux voir comment j'suis de dos !!! Alors, alors ?!

C'est le moment de savoir si Ipiu avait raison à propos de mon boule. Bah quoi ?

Je souris encore, éperdument. C'est pas le moment pour lui dire, parce qu'il y a trop de gens, qu'il y a trop de choses à dire, à faire, à partager, à féliciter. J'aimerais juste pouvoir te dire à quel point j'suis fier, à quel point c'est beau, à quel point tu fais un grand Master. Dans le doute, j'ouvre juste les vannes de mes émotions vers lui, vers son énergie pleine, entière, ondoyante... Mes yeux me piquent de larmes alors que je ris, et au final je sais plus trop si c'est les siennes ou les miennes qui se pointent.

Sans doute les miennes, Nico chiale pas autant que moi, faut dire.
Et oui, promis, on va manger bientôt, tu me donnes encore plus faim avec ta dalle de ventre sur pattes.




HRP : C'ETAIT TROP BEAU A LIRE PTN  !!!!!!😭 Et cette scène de Nico qui protège Ronron est tellement chou !!!! Par contre désolée Aaron réagit comme un gamin hyperactif, j'crois qu'avoir encore plus de stimulations dans tous les sens ça lui a fait péter un boulon dans son ciboulot. :x J'l'ai imaginé tout du long avec des yeux de chaton qui vient de se rouler dans de l'herbe à chat, c'est terrible.

#déso c'est long



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##   Dim 6 Juin 2021 - 9:55
Hideko Honda

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La découverte de la greffe du nouveau Master est toujours un moment unique et précieux que je chéris personnellement. Cela marque, selon moi, l'entrée absolue de cet ancien élève parmi les siens. Et puis, c'est aussi la surprise. La découverte. Les initiations et les étoilisations se passent toujours de la même façon. Les rituels sont répétitifs, lassants. En revanche, lorsque quelqu'un passe au rang de Master... C'est le renouveau. Tout change. Tout est différent. Parce que chaque greffe est propre au Master qui la détient.

J'offris un sourire au duo qui se trouvait en face de moi. Je n'arrivais pas encore bien à comprendre ce qu'il se passait... Mais j'avais bien l'impression qu'Aaron et Nicolas partageaient bien plus qu'une simple accolade. Mes flammes avaient bien vite disparues sur ce bouclier électrique, et pourtant, l'énergie qui les entouraient redoublaient en cet instant de puissance. Je penchai la tête sur le côté quelques micro-secondes, avant de reprendre un air plus sérieux, croisant mes mains dans mon dos.

-Nicolas, ton passage au rang de Master est donc officiellement terminé... Bienvenue parmi nous. Et merci de nous avoir fait confiance tout ce temps.

Je lui souris.

-Nous nous reverrons rapidement, dans la semaine, pour mettre des mots sur ta greffe.

Ne t'inquiète pas, certaines greffes restent encore mystérieuses malgré le temps... N'est-ce pas Athéna ?

-Nous verrons également ensemble quelles seront tes prochaines tâches...


Et nous attribuerons le rôle de préfet à ton (ou ta ?) successeur. Pitié, faites que ce ne soit pas Senri...

-Pour l'instant, repose-toi. Je te souhaite une excellente soirée, Nicolas.


Bienvenue parmi les tiens, Nicolas.  Bxqs
##   Sam 10 Juil 2021 - 10:35
Nicolas L.L. Williams

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Ce que Nicolas arrive à voir à travers les sens de Aaron n’est pas plus terne, ce sont les siens qui sont plus vifs. Mais avec les yeux… l’œil de son père, tout est dans le détail. Et il l’entend ?... Ce ne sont pas des pensées mais c’est plus précis que les émotions. C’est un instinct qui murmure ; Aaron n’a pas besoin de dire qu’il trouve le tatouage classe, à l’intérieur c’est comme si son cœur vibrait tellement il est heureux et fier de le voir ainsi. Du coup il ne dit plus rien Nico. Il est comme un gamin qu’on félicite pour la première fois de sa vie et il a du mal à s’en remettre.

Il regarde Aaron regarder un peu partout, voir comme il voit, sentir comme il sent et entendre comme il entend, tout ce qui les entoure… Ils sont dans une pièce, il devrait vite en faire le tour mais s’ils étaient dehors il n’ose pas imaginer à quel point il serait d’autant plus excité… Le deuxième câlin ne le surprend pas, puisqu’il l’avait senti arriver, mais l’expérimenter un peu mieux que le premier, juste après l’attaque d’Hideko, le fait doucement sourire… Il sent les bras d’Aaron sur lui, mais aussi les siens sur Aaron à travers lui. Double-câlin. C’est très bref mais très fort comme moment. Encore un peu et il aurait été capable de saisir l’instant où leurs battements de cœur ce seraient synchronisés.

Aaron s’éloigne et fait le tour de la pièce, Nicolas reste face à Hideko. C’est fascinant de pouvoir voir toute l’étendue de la salle de réunion ainsi ; à eux deux, ils voyaient tout. …Ils tanguaient à mort par contre. Nicolas tourne la tête vers son père avant même qu’il ne l’appelle… et il ne l’appelle même pas en fait. Il a l’air ivre, manque de se marcher dessus. Il sent toute l’énergie joyeuse de Aaron et à soudain envie de faire pleins d’expériences ; est-ce que ça marche avec tout le monde ? est-ce que ça ne marche qu’avec deux personnes ? est-ce qu’il y a une distance limite ? Il se tourne vers Hideko et les autres Masters, c’est fini pour ce soir mais il veut déjà être prêt pour la suite. La directrice l’a remercié pour leur avoir fait confiance…

En fait, c’est lui qui voudrait dire à quel point il les remercie pour leur confiance… De là où il venait, Nicolas n’avait pas franchement l’espoir de devenir autre chose qu’un monstre, un caïd de gang,… Il avait tout un tas de comportements à risque ; violent, suicidaire,… Il savait comment torturer ou tuer quelqu’un, l’idée de le faire ne le gênait pas tant que ça, même s’il sait que c’est pas… bien. Pourtant il était là. Et il serait toujours là maintenant. Avec un nouvel avenir qu’on lui avait donné. Tout ça reste dans sa gorge, tout ce qu’il arrive à souffler est un bref « Merci » timide…

Puis Aaron l’appelle. Vraiment cette fois. Alors il tourne la tête, entend sa demande et s’exécute, observant son dos. Et son cul. Puisqu’apparemment il veut vérifier quelque chose d’important avec son cul. Ses yeux voyagent de haut en bas avant de se fermer rapidement. WTF PAPA ?! Mais sa gêne est surtout due à ce qu’il se passe ensuite. Ce que Aaron ne dit pas, ce qu’il ressent au fond… Il le comprend très nettement. D’autant plus quand ses émotions lui parviennent, ajoutant à la netteté une touche de détail. Le dernier coup de pinceau d’un tableau immense en gros. Ok, il a fait le gars sûr jusque là mais là c’est beaucoup quand même… Se sentant rougir jusqu’aux oreilles, il baisse la tête, la détourne au maximum des autres Masters pour qu’on ne le voit pas, une main couvrant sa bouche et son sourire tremblant d’émotions… Encore une fois ; WTF PAPA ?!

Hideko les relâche en leur souhaitant une bonne soirée. Nicolas ouvre la bouche réalisant à quel point il avait à peine parlé ; il se passait tellement de choses dans sa tête et sa connexion avec Aaron, c’était toute une aventure de tenter de se centrer sur soi pour faire quoi que ce soit d’autre. …Ça réveille son appétit. :

-D’accord. Bonne soirée à vous aussi. J’ai hâte… ...et sa voix se perd.

Nicolas regarde ses bras où son tatouage se meut comme un véritable pelage… avant de se tourner vers Aaron. C’est son idée ou la sienne de faire des merguez pour ce soir ? Parce que c’est vraiment une bonne idée en fait… et oui, il est désolé pour lui faire sentir qu’il a faim.

…Minute. Comment on éteint une Greffe ?


#666699
Bienvenue parmi les tiens, Nicolas.  Oblk2p


Spoiler:
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