Était-ce le fait d’avoir accepté récemment ses pouvoirs sans jamais avoir rien fait ni écouté en cours pour les apprivoiser ? En tout cas en ce moment Pricie avait des ‘’sursauts’’, des brides d’images trop floues pour être discernables mais qui la déstabilisaient beaucoup. Elle y cherchait un sens, une forme sans la trouver.

Et toutes les nuits le même cauchemar.

*Pricie était sous terre, il faisait chaud, le tunnel était long, elle grimpait, grimpait vers les lueurs minuscules étincelant à la surface. Soudain elle entendait le bruit de l’eau sous elle et une voix comme celle de son père : « Retourne avec nous Pricie ! Tu as oublié pour qui je suis mort ? Tu as oublié tout ce qu’on a fait pour la cause des Karasu ? »  

L’eau bouillonnait et une main à la peau fondante saisit la jambe de Pricie.
La jeune fille se débattait : « Maintenant Terrae est aussi ma maison Papa ! » Un air de Bob Marley résonnait de la surface du tunnel,  là haut dans les éclats de soleil. Luna ! Sa grande-sœur de cœur de Terrae elle devait la rejoindre !

Mais elle avait beau tirer sur le bras en feu qui la tirait en arrière, pour aller vers la sortie du tunnel, l’air libre semblait toujours aussi loin.

Elle agrippait les pierres pour ne pas reculer. Quand elle les lâchait elle se réveillait toujours.*

Cette nuit ci ne fit pas exception, elle se réveilla à la réalité essoufflée, des perles de sueurs dûes à la peur sur le front.  Elle soupira et tenta malgré ses tremblements de se rendormir en vain.

La jeune Pricie se sentait mal aujourd’hui, épuisée, en colère aussi des cauchemars et perdue face à ce don qui sans aucun contrôle venait lui donner mal à la tête de plus en plus souvent. C’est pour ça qu’elle voulait être tranquille et la forêt s’avérait le bon endroit.

Il faisait beau et chaud. Tant mieux. La jeune adolescente s’allongea contre un arbre après avoir regardé à droite et à gauche vérifiant que personne ne la voyait, elle sortit un petit chien en tissu de son sac : son doudou Zéphyr. Elle le serra fort dans ses bras et s’endormit.

Des bruits de frottements réveillèrent Pricie une heure après, elle aperçut devant elle un raton laveur juste après avoir constaté l’absence de son doudou en ses bras. Forcément, le raton laveur l’avait dans sa gueule.

« Hé toi ! Rends moi ça ! » s’écria l’adolescente en se levant d’un bond sac à l’épaule. Elle coursa un moment l’animal et soudain la jeune fille le vit se stopper, c’était sa chance ! Elle se précipita, fit craquer une brindille, vacilla de quelques pas alors qu’une nouvelle vague courte de vision floue déboula, de l’eau ou le ciel c’était bleu en tout cas et ça bougeait autant que sa tête épuisée, légèrement paniquée et furieuse.

« Aie ! J’en ai marre ! Il ne peut pas se contrôler tout seul ce don ? Et toi espèce de Poire de raton- laveur dès que ma tête arrête de tourner je t’attrape et je récupère mon doudou ! Aie aie aie ! »

Pricie se tenait la tête, un nouveau flash du jaune cette fois et du orange, du feu ? De l’eau du feu cela ne voulait rien dire ! Elle frappa le sol tête vacillante sans ouvrir les yeux bordés de larmes de peur autant que de rage.

Elle n’avait pas vu l’adulte non loin , elle elle voulait juste que ce fichu raton-laveur lui rende son doudou !

Pricie rougit de honte en entendant l’adulte parler : « Bonjour... Je vois que Bill t'embête. Ont va récupérer ton doudou dans un instant d'accord Mais déjà ont va s'occuper de ton mal de tête tu veut bien? regarde, commence par masser tes tempes avec tes mains. »

La jeune fille grimace alors ce voleur de boule de poil a un nom ? A cause de lui l’adulte savait qu’elle avait encore un doudou malgré ses quatorze ans. C’était son secret grr si elle attrape cet animal.

Un nouvel étourdissement reporta les propos vengeurs de l’adolescente et vu son état elle fut bien obligée de suivre le conseil de l’adulte. La jeune fille massa ses tempes en tournant du mieux qu’elle put, petit à petit la douleur diminuait.

Sous ses yeux qu’elle a rouvert la jeune Pricie vit l’adulte les mains vers le sol faire sortir un brin de lavande de terre.

«La lavande aide à apaisé les migraines, tiens, respire son parfum. cela va aller mieux petit à petit. »

Une phrase de Karasu cette secte près de laquelle elle a grandi lui revint en mémoire et elle y pensa : * Les Terraens se prennent pour des dieux mais il n’y a que le divin qui a le droit de création ! *

Alors que l’odeur de la lavande lui fait reprendre pied, Pricie s’exclame fort : « C’est faux ! » Elle lève le regard vers l’adulte et rougit : « Vous ne vous prenez pas pour des dieux n’est-ce-pas ? »

La jeune adolescente se sent un peu mieux et recule pour s’asseoir sur un rocher non loin, elle garde en visu d’un oeil le raton-laveur voleur qui tient toujours en sa gueule sa peluche, de l’autre elle scrute l’adulte.  Grand plus grand que la jeune adolescente du moins, cheveux châtains, yeux verts, il a tout l’air d’un adulte normal, d’un humain normal.

La jeune fille fit silence quelques secondes avant de demander timidement : « Il paraît que les Terraens ont commis entre autres le crime de création...Cette fleur vous l’avez créé ? »

Et puis même...Si ce crime existait comme le fait de créer de l’eau ou du feu était-ce vraiment un crime ?

« Rahh je n’y comprends plus rien ! Ici il y a des gens gentils ! Et ils sont Terraens ! Ils ont un don ! Grande-sœur Luna dit que rien n’est que mauvais ou bon avec sa belle fleur qui a du poison qui peut guérir des cancers bien utilisée ! Mais... »

Elle hésita à se confier puis se lança au point où elle en était : « Mais de là où je viens c’est bien plus scindé les Terraens sont vus comme criminels et monstrueux mais je sais que c’est faux je ne suis pas un monstre, mes amis Terraens non plus ! Vous non plus ! »

Un nouveau flash, du sombre, une pénombre fumante, de l’eau, du feu, du sombre ces visions floues et aléatoires donnaient bien du mal à Pricie.

Elle se tint la tête grognant un : «  Non pas encore ! »

C’est sûrement son indécision, son étirement entre deux groupes à la vision du monde très différente, son questionnement sur à qui faire confiance, toutes ces questions sur son chemin qui la perturbaient qui troublaient un peu les sursauts aléatoires déjà de base, et là encore plus, de son don.

Sa peur face à un choix à faire qu’elle n’arrivait pas à décider.