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Le zapping des êtres cyniques
##   Dim 4 Mai 2014 - 22:54
Michigan Carter

Personnage ~
► Âge : 20 ans. C'est pas ça qui m'empêche de boire...
► Doubles-comptes ? :
► Rencontres ♫♪ :
Michigan Carter
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Date d'inscription : 13/06/2013
Age : 27
Emploi/loisirs : ♪ Tous les matins j'fais chier les gens, ça m'purifie, c'est important~ ! ♪
Humeur : La mienne, l'unique, la plus parfaite, quoi !

Zapping du 3 mai 2014

Aujourd'hui on est samedi.
Je me fais chier et il est encore trop tôt pour recommencer à boire -non, je n'ai pas arrêté il y a à peine dix minutes, pas du tout... Enfin bref, je décide de me consacrer à une activité lucrative et pas fatigante, pour une fois. Je décide de..... -attention accrochez vous !- regarder la télé.
Oui, je vais faire comme la majorité des adolescents qui n'ont pas encore d'ordi ou de l'américain gros et moyen avec son paquet de chips. Bon sauf que moi, j'ai un ordi hein. Pourquoi ça fait un moment que j'ai pas regardé la télé ? Je sais pas, peut-être parce qu'elle ne m'apprend rien ? De toutes façons les infos importantes je les ai de mon cousin, au moins trois jour avant leur parution alors bon...
Donc, j'allume mon ordi et je me fiche sur une version de Google au pif. Allez, la France pour changer ! Non, sans les sous-titrages. Ha, je vous ai jamais dit que j'étais polyglotte ? Wow vous êtes à la bourre... Rapidement : je parle couramment anglais -non sans blagues !-, français, russe, italien, chinois et arabe, et je me débrouille en langues scandinaves et dans les dialectes africains. Voilà, maintenant voyez l'étendue de ma puissance, mouhahahaha !
J'ai connecté mon ordi aux canaux français. Et là, choc.
J'ai pris mon crayon, amusé.
Il fallait absolument que je fasse un article là dessus.


"France 2 : Journal national du soir
Je suis admiratif de la qualité qu'ont les français d'ignorer les sujets qui fâchent par d'autres tout à faits débilisants. Comme par exemple, vous n'êtes pas sans savoir que l'Europe traverse une crise économique sans précédent -qui entre nous n'a rien à voir avec celle, cataclysmique, qui pend aux nez des Etats Unis- additionné par l'Ukraine qui a tenté de se séparer de la Russie -des suicidaires, moi je dis.
Jusque là, j'espère ne rien vous apprendre, sinon retournez dans votre caverne, vous n'avez rien à savoir de cette société dont vous ne faites visiblement pas parti.
Enfin, devinez quel a donc été le sujet de ce fameux journal pendant presque sa totalité ? Le football. Non, vous ne rêvez pas -ou cauchemardez pas, ce serait plus correct. Le grand débat était de savoir qui avait le plus de supporter, de chance de gagner ou de maillots fabriqués par grand mère entre deux équipes Bretonnes. Je suis resté interdit un moment. Essayez de vous représenter un peu la taille de la Bretagne à l'échelle mondiale. Bien. Maintenant vous voyez pas le problème ? De toutes façons, c'est FORCEMENT la Bretagne qui va gagner, NON ? En quoi ils ont besoin d'en parler, au juste ?!
Non et puis payez des gens une fortune pour courir après un ballon sans se prendre aucun nions excusez moi mais je vois pas l'intérêt. Oui je défend le football américain ! Au moins y'a de l'action dans ce jeu !
Le plus sidérant je crois, c'est encore ce qu'on ne dit pas. Je ne sais pas si je dois admirer la stupidité de la populace française ou remercier un de nos derniers profiteurs au pouvoir. Je décide, pour ne pas me consterner devant la bassesse des humains, de féliciter Poutine.
Bravo. Je n'ai jamais vu quelqu'un s'y prendre aussi bien pour déjouer une crise mondiale. Faire croire à une libération d'un territoire déjà conquit par sa diaspora en mettant un flingue virtuel sur la temple des JO ? Non franchement chapeau. Enfin si, j'ai déjà vu, mais j'avoue que le tour est si habillement joué que ça fait plaisir de voir qu'il y a encore des gens machiavéliques qui n'ont aucun tact sur cette planète.

- 3 secondes plus tard -

TFI : Pubs et loto
Si j'ai zappé c'est uniquement parce que je me suis rendu compte que la chaîne privée n'avait pas acheté le match. Simple choix ou elle s'est faite griller la place ? En tout cas, le fait que le journal soit déjà terminé et qu'elle passe de la pub montre bien qu'elle boude.
Ha si, il y aussi le loto. Conjurer l'argent du foot par l'argent personnel ? J'y crois pas trop. Mais bon, ils ont le mérite d'avoir tenté.

- Re-3 secondes plus tard-

Arte : LE COELACANTHE - PLONGÉE VERS NOS ORIGINES
Après ces deux remarques mouvementées en émotions, je me retrouve nez à nez avec le plus vieux poisson du monde.
Dépaysement total.
Cet espèce de gros spécimen marin passionne un scientifique à l'accent du Sud qui se prend un malin plaisir de nous raconter ses aventures à la manière d'Avatar. Pour un poisson. Oui, je suis resté médusé -pas de mauvais jeux de mots. Observer un poisson moyen-ageux par les temps qui cours, ça a de quoi rendre complètement... légume. Ça m'a choqué.
Il y a un début de guerre civile, des morts, une révolution instable et eux ILS MONTRENT QUOI ? Un poisson. Peut-être est-ce pour nous montrer la vie dérisoire de l'homme à l'échelle du temps ?
Moi qui espérait que cette chaîne m'offrirait un regard un peu plus critique... Je me rend compte que j'ai raté le journal. Bon, seul bon point, ils sont les seuls à avoir commencé leur programme à l'heure."
##   Mar 3 Juin 2014 - 22:17
Michigan Carter

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Zapping du 1 juin 2014

Pub Blédina

Parce qu'il y a parfois des fois dans la vie où on regarde la télé sans chercher à réfléchir (je parle pour vous évidemment) j'ai décidé de vous montrer sous un nouveau jour ce que vous manquez tous les jours ou que vous imprimez sans savoir. Parce que des conneries, y'en a des tonnes à la télé. Même là où vous ne les voyez pas.
Aujourd'hui, la pub de Blédina au service de mon cynisme paranoïaque exercé ! Parce que ce qui est destiné à vos futurs enfant est en fait le summum de la perversité adulte -oui je vois le loup derrière chaque porte fuck, je suis le loup.
Ici donc, un aperçu de la Chose en question, et ci dessous, son analyse méthodique acerbe.
Welcome to the minute Carter~

Ici la vidéooooo ♥

00:02
Oui ça commence bien. "Elles sont cultivées comment vos carottes" dit un gentil faux-papa sexy avec un gosse dans les mains. Une CAROTTE. Pour une pub avec des gosses, il vaut mieux éviter les formes phalliques vous savez ?
00:06
Sous entendu de la phrase : soit témoin de ta propre mort si t'es capable de te taper deux cent bornes pour voir ce qu'il y a dans le petit pot infâme de ton fils. Faut être fortuné dans ce pays !
00:07
On voit des mannequins dans une charrette... Prêts à être vendus sur le marché noir ? Ou alors non, c'est un plaisir pour eux de venir mettre les pieds dans la boue ! Masochistes va !
00:10
"Chez François et Hélène Prieur", ou les gens qui ont les noms les plus français au monde. Pub raciste ?
00:13
NON MAIS QUI A POSE LA QUESTION SÉRIEUX ! Non mais on te dis "déplacez vous pour venir voir où est faite la bouffe de vos enfants", ils vont au milieu d'un champs et y'a encore une meuf qui demande si c'est là ?! "Non en fait c'est à cinquante kilomètres, la balade c'était pour le fun !"
00:16
D'après le gars, son exploitation répond à des règles très strictes. Image suivante, une gamine dans un champs qui ramasse des carottes. Oubliez le pervers une minute. STRICTES ?! Ce mec fait de l'exploitation d'enfants, hohoooo !
00:20
Outre le fait qu'une charte "qualité bébé" existe (ça veut dire qualité moindre ou pas ? Parce que les bébés, c'est pas le haut du stade de l'intelligence humaine hein...), remarquez que finalement, ils se retrouvent tous à être exploités gratuitement, même les adultes ces cons. Ça donne envie d'y aller...
00:22
"Et les pesticides alors ?" dit-il avec un grand sourire. Ben oui forcément, c'est le sujet le plus fun depuis l'invention du landau, il y a de quoi rire...
00:23
Et encore un gosse qui fait mumuse avec une carotte...
00:24
"C'est proche de zéro" + acclamations. NON MAIS HO ! Vous êtes adultes ou débiles ?! Proche ne veut pas dire zéro, et depuis quand ils font des tests sur leur marchandise alors qu'ils contrôlent même pas les terrains ?! Faudrait arrêter de nous prendre pour des gens naïfs !
00:27
Blabla commercial inintéressant avec un gamin très content d'avoir fait son éducation sexuelle en douceur.
00:29
Notez le petit "et les papas" rajoutés en post prod pour pas avoir l'air trop féministe. Après tout c'est le mari qui paye non ?


Dernière édition par Michigan Carter le Lun 7 Juil 2014 - 0:12, édité 1 fois
##   Lun 7 Juil 2014 - 0:08
Michigan Carter

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Zapping du 7 juillet 2014


Encore une pub qui fait bondir pas mal de monde par son étonnante non-savoir vivre. Qui n'a pas jamais été scotché devant une pub au point de ne plus pouvoir bouger pendant quelques secondes ? -oui oui, avec le filet de bave et les yeux de mérou si vous voulez, on pourrait éviter d'avoir les détails ? Analyse rapide.


00:03
Oui, déjà. Que dire d'une femme qui sort de l'eau avec le "ouch" au bout des lèvres ? Qui est aussi bien foutue qu'un mannequin mais que -hé non messieurs les pervers- dont on ne voit pas en dessous des épaules ? STOP AUX CLICHES SVP. Merci.
00:05
Attendez, rien ne vous paraît étrange ? Elle est au milieu de l'océan, absolument pas paniquée ? Souriante même ?! Je suis pas vous, mais moi, avec rien à l'horizon je panique ! Mais non mais regardez ! Y'a ni île ni bateaux ! -pourtant y'a une caméra, cherchez pas. Bon, on va mettre ça sur le compte des masochistes... Même si je suis pas sûr qu'ils y aient déjà pensé....
00:06
Ha ben voilà, la scène avec vue plongeante sur la poitrine et les cheveux à l'eau a faillit se faire attendre !
00:09
Bon, elle fait sa petite nage tranquille et là... Quoi ?! Mon Dieu une bande de masochistes. Tous souriants perdus au milieu de l'océan ! -non parce qu'avouons, ils pourraient mettre des panneaux au cas où on se perd hein... Juste une petite question, oui encore une. Vous êtres tranquille à vous baigner -au milieu de nul part, certes, mais oublions- est ce que vous trouvez ça NORMAL que ds gens sortent d'un coup de l'eau pour vous tenir compagnie ? Je sais pas, moi quand je suis tranquille j'aime pas qu'on vienne me déranger, j'ai pas envie d'avoir une bande d'inconnus qui viennent d'on ne sait où ! C'est super perturbant ! Limite de l'incitation à la paranoïa ! "Où que tu sois, nous sommes là, même au milieu de l'océan, mouhahahaha !" Flippant.
00:12
Et on replonge, parce qu'on sait jamais, on risque de se noyer si on garde la tête hors de l'eau... Logique...
00:13
Pour la vue avec la meuf je peux comprendre, mais là j'ai du mal à voir qui ils cherchent à faire fantasmer avec ce plan....
00:16
... D'où il sort le ballon là ?!
00:18
Arg mais c'est une horreur ! Y'en a encore plus ! Invasiooooon !
00:19
NON, y'a pas de quoi se réjouir, t'es suivit mec !
00:21
Ou le bébé qu'on a élevé pour être le prochain James Bond. Courage mon fils.
00:27
Regardez bien le petit pêcheur bien tranquille sur sa barque -oublions le cliché- qui ne cherche qu'à pêcher bien tranquillement...
00:28
BAAM ! Et là tout ces cons ont fait fuir le poisson, pas de friture ce midi !
00:30
Là tu sens le mec qui panique, PARCE QUE P*TAIN C'EST PAS NORMAL QUOI !
00:32
Relevez le sourire du mec : "Haha vous avez vu sa tête ? C'était une super blague qu'on a fait hein ? Héhéhé, je suis machiavélique..."
00:34
D'où sort la plage ? Non et puis un mec qui pêche si près des côtes ça choque vraiment personne ? Je suis sûr que si il descend il a pied... Autant y aller à la main hein...
00:39
Et revoilà notre petite fille toute seule, au milieu de nul part... Bah oui, vous connaissez pas la téléportation ?
00:40
Et re-téléportation, que je cours sur la plage en mode "Allez regardez comme je suis belle quand je bouge mes jambes comme ça~"
00:45
Le moment où tu comprends que c'est une pub sncf. Et que tu te demandes depuis quand ils font dans les transports maritimes.
##   Mer 26 Nov 2014 - 11:30
Michigan Carter

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Humeur : La mienne, l'unique, la plus parfaite, quoi !

J'ai l'immense honneur de vous présenter un des plus (voir le plus long) post de Terrae, avec ses 8926 mots !
Et vous savez la meilleure ?
Ce texte ne sert absolument à rien xD




» Houston L. Carter «


Identité

Nom : Carter
   Prénom : Houston Lawrence
   Age : 23 ans
   Sexe : Masculin
   Nationalité : Américaine
   Métier : Informateur pour tout ceux qui vivent dans l'illégalité

   Localisation : Partout où on ne me cherche pas. De préférence.
   Loisirs : Vivre. Ou est ce plutôt une option ?
   Humeur : Larvaire

Houston & Gae

 
Il y a des choses qui font toujours plaisir dans la vie. Par exemple quand un vieux pote reprend contact avec vous après trois ans -ou plus, faut pas me demander ça à moi- et que la première personne à qui il désire parler, c'est vous. Ça devient beaucoup moins drôle quand cet « ami » vous a déjà tiré dessus plusieurs fois, est tueur à gage et vous envoie un message en ces termes « je souhaite parler à Houston », balancé sur le moteur de recherche le plus utilisé et adressé à un type pseudo-mort, toujours et encore moi. Bien, niveau discrétion et tact, on pouvait pas faire mieux. Non mais où il a appris la politesse, ce gars ?!
Bon ok, j’admets que j'ai pas su tout de suite qui me parlait -j'ai quand même balancé un virus, plus parce que je trouvais ça drôle que par mesure de sécurité d'ailleurs- et du coup j'ai du me pencher sur les déplacements importants que je suivais ces derniers jours. Déjà, une adresse localisée dans un cybercafé en Irlande. Je crois pas avoir de relation avec la pègre aux moutons, du moins pas qu'elle soit au courant, du coup c'était forcément un de mes proches (j'entends par là « famille fouteuse de merde, psychopathes en tous genres, espions infiltrés et tout ceux qui eu un jour un flingue pointé sur mon crâne »), encore assez fou pour croire que je suis vivant et me contacter.
Ensuite, j'avais suivit de prêt les déplacements étranges d'Icare et l'histoire de l'élimination complète de la famille mafieuse de Naples peu après l'explosion d'un local aux finances étranges auxquelles je m'intéresse depuis ma mort. En recroisant les sources (bulletin funèbre annonçant la mort du petit Adriano Bianchi, mouvements suspects de Icare-monsieur-le-psychopathe-masochiste et bandes sons enregistrées pendant le massacre de Naples), j'ai reconnu celui qui m'appelait.
Gaetano. Ho l'enfoiré. Gae, ex-tueur à gage sanguinaire et vide d'émotion, mercenaire pour des gangs que j'informais à mes heures perdues, déjà responsable de trois de mes envois à l'hôpital et mystérieusement disparu après un voyage à Tokyo. Perso je me demande bien ce qu'il est allé foutre chez les Japonais, sachant de plus qu'il n'a pas tenté d'entrer en contact une seule fois avec les illégaux locaux. J'ai d'ailleurs immédiatement fait le lien avec quelques autres grands noms dans le domaine du je-t’envoie-à-la-morgue-en-deux-minutes, en plus de mes cousins récemment émigrés là bas aussi. Mais qu'est ce qui peut bien les attirer tous comme des mouches ? Ils aiment la bouffe ou quoi ? -oui, ça constitue chez moi un argument extrêmement important.
Donc Gae veut me parler. Cool, j'ai que ça à faire. Je suis à peine à New York et lui en Irlande, mis à part les kilomètres, qu'est ce qui nous sépare, on se le demande ! (Ironie, évidemment) J'ai hésité une seconde à ouvrir une fenêtre de discussion sur son ordi, puis finalement, voyant la fine protection du réseau, je me suis dit que ce serait mieux d'éviter. Bon alors je fais quoi ? Je lui envoie un billet ? Parce qu'il croit que je roule sur l'or, peut-être ? Bon, ok, lui il sait pas où je suis, c'est pas faux. C'est même le but de la manœuvre, quoi.
Je grogne et sers les dents. Génial, ma journée commence par un achat en ligne piraté et une dépense d'argent qui signera peut-être ma mort. Franchement, j'aime ma façon d'être toujours et éperdument dans la merde jusqu'au cou, même en étant décédé.

A l’aéroport, 10h15, Kiosque à journaux.
C'est l'heure. Non mais qu'est ce qu'il fout, c'est l'heure, quoi ! J'ai l'air de quoi, avec mes cheveux attachés et une vieille casquette sur la tête en lisant le journal ? Le New York Times en plus. Comme si ils révélaient des nouveautés, quoi. Ça m'énerve de perdre mon temps, ces journaux pseudo-informatifs relèvent maintenant plus du magasine people aux scandales survolés. Bon, il fait quoi l'autre tordu ?
Je sens une présence dans mon dos. Un homme qui s'approche. L'air qui transporte me laisse deviner une corpulence fine, peut-être une femme en fait. Pas Gae en tout cas, ce mec est monté comme une armoire. Et encore, moi je parierai pas sur mon armoire...

_ Je vous offre un café ?

Je tourne à peine l’œil. Un mec. Blond. Un putain de mec blond avec la peau pâle et pas du tout gagnant contre mon armoire. Seuls ses yeux me laissent vraiment perplexe. Même vert que le tueur prit d'une soudaine envie de recoller les morceaux, corpulence moins baraquée mais pas tout à fait étrangère non plus... Je hausse un sourcil. On a mélangé la Belle au Bois Dormant avec un psychopathe, mais sinon tout va bien.
Il connaît le code que je lui ai envoyé. Soit ce gars est un imposteur, soit il porte un masque pour se foutre de ma gueule. Je tilte. Gae porter un masque ? Ça ce serait rigolo comme idée... Je souris et ferme le journal -marre des conneries en petites lettres. Au pire si c'est juste un mec de passage, il va me l'offrir le café, non ?

_ Ouais sans problèmes.

L'homme me fait un grand sourire aux abords un peu sadique. Ça ça ressemble vraiment au sien, mais le voir sur une gueule d'ange c'est presque plus flippant.

_ Crève !

Je me détend un peu. Ok, j'ai bien affaire à la bonne personne. Humour très tournée autour du ne-t'inquiètes-pas-je-vais-te-buter-de-toutes-façons, et surtout, les yeux. Il pourra mettre des lentilles, porter une perruque ou ce qu'il veut, ses yeux le trahiront toujours. Sanguinaires, effilés, froids. Cool, un mec qui fait parti de mes connaissances ! Mais revenons au plus urgent, voulez vous...

_ Déjà fait. En plus techniquement ce serait à moi de dire ça, connard. Tu pouvais pas me dire que t’avais l’autre fou au cul ?!

Je le vois tourner la tête et apercevoir Icare au loin. Lui ne nous a pas encore vu -petite précaution de ma part, il a été légèrement... distrait à sa sortie de l'avion. Il grogne d'un air insatisfait. Ho oui, moi aussi je sais combien ce mec peut être chiant quand il veut...

_ Ce mec est une vraie tique, ça fait deux mois qu’il me colle au cul !

Je hausse les épaules, las.

_ Et moi trois ans qu’il cherche à me tuer. Dis-moi, c’est qui ton esthéticien ? Je trouve qu’il a un peu raté le nez.

Allez, taquinons un peu ce grand gaillard ! Après tout il est beaucoup moins intimidant sous cette nouvelle apparence, et à ce que je sache c'est pas le truc qu'on peut changer tous les jours. Je suis pas sûr qu'une décoloration puisse arriver à ce résultat d'ailleurs...
Il me fusille du regard . Ha, voilà un truc qui m'avait pas encore manqué...

_ Et toi tu ressembles toujours autant à un clodo !

Et toujours aussi sympathiques avec les mecs qui vous sauvent la vie ! Un peu plus et on vous croirait ingrat, mon cher...

_ Au moins je ressemble pas à l’arbre dans Pocahontas. (Je me retourne et commence à partir -pitié ne lui pose pas de questions...) Bon tu te bouges, monsieur-j’ai-besoin-de-l’aide-d’un-clodo ?

Oui, je connais Pocahontas ! Faites pas chier, je suis américain, j'ai grandi avec les Disney. Et puis sérieux, vous avez vu la tête de l'arbre ? C'est un truc à être traumatisé des forêts à vie ! Pire qu'une balle dans le thorax ! Je l'entend soupirer en m'emboîtant le pas.

_  J’ai peut-être besoin d’aide mais c’est pas moi qui fuis ma propre famille.

Je me raidis imperceptiblement. J'aime pas trop tout ce qui tourne autour de ma famille. Ça me fait presque plus peur que tout ce que j'ai déjà vu. Suffit de voir ma mère... Et puis pour qui il se prend là ?! Il aborde ce sujet alors qu'il vient me demander de l'aide ? Mais il a quoi comme ordre des priorités ce mec ? Je prends un ton acide. Faut pas me chercher sur les sujets sensibles, moi aussi j'en connais un rayon.

_ Au moins je l’aie pas encore éliminée, ma famille…

Je le sentis s'arrêter brusquement. Pas besoin de me retourner pour savoir qu'il me réserve un de ces mignons petits visages froids comme il sait si bien les faire. « Regarde-moi bien dans les yeux, je fais te fusiller du regard, PAN ! ». Ou « BOUH ! » serait peut-être plus approprié. Mais à moins qu'il ne prenne le visage de ma mère en version zombie, je doute qu'il puisse vraiment me terrifier au point que je m'excuse. (Quoique version normale elle est tout aussi effrayante)

_ Fait attention à ce que tu dis Houston. Tu n’as aucune idée de ma dangerosité et je te conseille vivement de la boucler si tu ne veux pas finir à l’hosto. Encore.

Je me retourne nonchalamment en me grattant le lobe de l'oreille. « Aucune idée de ma dangerosité, finir à l'hosto et blablabla », je trouve que depuis un moment il y a un sacré laisser-aller dans les menaces que je reçois, à croire qu'ils ont tous acheter le même manuel du tueur-beau-parleur.

_ Ouais, ouais, ok. J’ai compris le deal. Tiens à propos de famille, t’aurais pas croisé Michigan pendant tes visites au Japon ?

Oui, et c'est moi qui voulait pas parler de famille... Il me fixe une seconde avant de hausser les épaules.

_ Va savoir… C’est grand le Japon…

Ha non, je suis pas d'accord ! Y'a des fois où ça devient vexant, qu'on me prenne pour un con ! Non mais aussi, faudrait être aveugle pour pas se rendre compte qu'il se passait quelque chose là bas, entre mes cousins qui partent mystérieusement là, lui aussi, sans compter une autre espionne française que je connais de nom et un paquet de gosses de riches et pauvres, le tout confondu. Ils feraient pas de l'enlèvement d'enfants, par hasard ? Non, je vois mal Gae se faire enlever par un pédophile... « Tu veux des bonbons mon petit Gae ? ♥ » Je souris à cette pensée. Faudra que j'essaye, un jour.

_ Te fous pas de ma gueule tu veux ? Bon tant pis, je ne veux pas savoir. (Je sors mon portable -ENORME PRIVILEGE, je sais pas si il s'en rend compte, mais je tiens entre mes mains la sécurité de la moitié des États du monde...) Grouille, le taxi attend.

Il sourit aussi -nous l'aurait-on changer celui là ? Perso ça me fait plus peur de le voir sourire que de faire les gros yeux...- et me suis en montant dans le taxi.

_  T’as raison je crois que tu ne veux pas savoir. Ceci dit, je lui passerais le bonjour si je le croise…

Le taxi démarre. Lui passer le bonjour ? Alors que ce mec est insupportable au possible et m'a raccroché au nez la dernière fois ? C'est marrant, je vois pas du tout mon cousin s'entendre avec lui, pas vous ? Lui passer le bonjour... Pourquoi pas lui offrir le thé aussi pendant que tu y es ?!

_ Tu ferais mieux de lui foutre ton poing dans la gueule, marmonnais-je (rien à voir avec les marmots, je précise) Ahem… Bon tu veux quoi princesse ?

Je le vois hausser un sourcil.

_ Si toi aussi tu te met à m’appeler comme Icare, je crois qu’on va jamais s’en sortir… (Puis pour lui tout bas) Si Aaron s’y met aussi je lui fout un pain…
_ Te plains pas, tu donnes pas de nouvelles pendant cinq ans et tu réapparais comme une fleur, faut pas s’étonner qu’on te confonde avec la belle au bois dormant. En plus t’es blond maintenant… T’as trouvé un prince charmant ?

Moi, tenter le Diable ? C'est mal me connaître, les cocos !

_ J’ai besoin de nouveaux papiers d’identité et d’informations, dit-il en ignorant complètement ma provocation.
_ Sans blague… (Je pousse un soupir exaspéré... Quand il verra le nombre d'infos que j'ai... J'espère au moins qu'il a une idée précise de ce qu'il veut) C'est pas gratuit tu sais ?
_ Je suis sur la paille !

Pourquoi j'ai jamais de chances avec mes clients... En même temps ça m'étonne pas, si il a pas tué de l'humain depuis un moment... Heureusement que j'ai mon forfait spécial Gros Tarés !

_ T'inquiète, je peux te faire un report... Remboursable à vie, ça te va ?
_ Tu pourrais au moins me faire un prix d'ami, répondit-il d'un air blasé.

Je manquais de m'étrangler. Amis ? AMIS !?! Ok il a définitivement plus toute sa tête, je sais pas ce qu'il a bu ou fumé mais ça lui réussit pas vraiment. Je lâche un rire sarcastique. Pour un mec qui me menace et m'a déjà envoyé à l'hôpital, je trouve qu'il a quand même un sacré culot de se pointer avec ce mot à la bouche... J'ai pas d'amis.

_ Ami ? Depuis quand on est amis ? P'tain le délire quoi... Bon vas-y, dis-moi ce que tu veux, je fixerais le prix après.

Je le sens bouder. Amis... Ha on me l'avait jamais faites celle là !

_ Tu as peut-être entendu parler d'organisations étranges ou de laboratoires isolés ? Je veux que tu me trouve des informations sur cette organisation. (Il sourit) Ah, et juste comme ça, je te conseille de creuser du côté de ton cher oncle...

Mon visage se ferme. Il est un peu lourd sur les bords. Si il y a quelque chose de moins crédible que la fin du monde en 2015, c'est bien moi qui dit « ha bah non, je sais pas, je fouille pas trop dans les affaires de mon oncle... » et ça il le sait. Laboratoires isolés ? Ouais, ça je connais, trop bien même. Je pourrais même ajouter derrière une bonne centaine de mots clés tous plus illégaux les uns que les autres. Et pour cause, c'est mon plus gros dossier. Celui qui me permettra enfin de faire tomber M. Oregon Carter de son piédestal. Enfin au moins de l'obliger à nous laisser la vie tranquille, ce sera déjà ça.

_ Ouais, il se pourrait que je sache deux trois trucs à ce propos. (Je marque une pause. Deux trois trucs, putain l'hérésie... Je saisis mon portable et plonge mon regard dedans) Tu veux quoi comme infos ? Des données sur le personnel ? Géolocalisation ? Payements ? Activités ? Archives ? Papier ou informatique ?
_ Tout. Je veux tout ce que tu as sur eux. Même ce qui peut paraître insignifiant.

Je grimace. Tout ? Ben oui bien sûr, pourquoi pas ! Et tu veux pas ma vie entre tes mains non plus ?! De toutes façon il l'a déjà j'ai envie de dire mais même, je m'apprête à balancer les infos qui ont failli me coûter la vie, je ne sais pas si il se rend compte de leur prix... Oui, ma vie vaut de l'or.

_ T'as intérêt à trouver du fric rapidement, je risque ma vie tous les jours pour ces infos, enfoiré ! (Je fais signe au taxi) On va chez moi. Là-bas y'a tout ce que tu veux. (Je marque une pause. Puis me rapproche de lui.) Ha oui. Si tu laisses échapper ne serait-ce qu'une seule fuite et t'es mort. Et ce sera pas de ma main.

Il n'a pas l'air d'apprécier ma tirade, ce dont je me contre-fiche complètement en fait, parce que je compte pas perdre la vie inutilement en donnant des infos à un revenant.

_ Tu l'auras ton fric ! Et sache que je ne cherche pas ces infos pour les balancer ensuite, je ne te paie pas pour rien. (Il marque aussi une pause -c'est la mode, la petite pose théâtrale, genre je vais sortir mon flingue si tu dis un mot de plus et pan !) Et t'en fait pas pour moi. Je sais exactement à quoi je m'expose. J'en connais sûrement plus que toi sur eux.

« Gnagnagna, je suis le seul à être en danger, mais comme je suis le fort et gentil héros je vais m'en sortir et tant pis pour l'informateur, c'est qu'un dommage collatéral ! » Je commence à en avoir marre de leur rengaine à tous, je suis pas une vache à lait, je suis celui qui démêle les ficelles pendant qu'ils s'attirent le beau rôle, ça devrait mériter du respect... Je secoue la tête et hausse les épaules. Mais donnons lui raison de toutes façons je peux pas faire grand chose, vu ma constitution physique...

_ Oui, j'en doute pas. (Je ne peux m'empêcher de murmurer) Moi je connais leurs patrons. (Puis de serrer les dents. Cette affaire me perdra, si c'est pas déjà fait...) Tu veux du café ou du thé en arrivant ?

Il prend d'un coup un œil intéressé -mais il a une oreille sur-développée ou quoi ?!

_ Leur patrons ? Du café. Tu me connais non ?

J'aime son habilité à changer de sujet. Pour ceux qui auraient été leurés, il s'intéresse évidemment bien plus au café qu'à mes infos... Ou l'inverse ? Ho commencez pas, j'en suis à ma troisième nuit blanche de la semaine, je peux pas être ok partout non plus !
Je le frappe amicalement -et il a pas intérêt à mes la rendre sinon il va me déboîter l'épaule, cet espèce de bourrin...- puis lui répond avec un sourire non dissimulé (parce que je suis bien décider à me foutre de sa gueule. Sérieux, il s'est fait une décoloration quoi... Gae ! Ça se trouve il a même fait des séances anti-bronzage...)

_ Laisse pas traîner tes oreilles partout ! Tu sauras ça en temps et en heures ! Et je connaissais le brun basané, pas la blonde...

Il me sourit -putain ça fait peur les sadiques qui sourient vous imaginez même pas...

_ Laisser traîner mes oreilles c'est ma spécialité ! (Pas étonnant, tes parents t'ont trop mal élevé ! Ahem...) Sache que la blonde t'emmerde ! (Toujours aussi charmant, je vous disais...) Et le brun doit rester caché...

Je retiens l'information précieusement dans un coin de ma tête. Caché ? Il est toujours brun ? Révélation du siècle quoi ! Il porte une perruque vachement bien foutu... Je secoue légèrement la tête. C'est pas une perruque. Mais c'est pas non plus ses cheveux, si ?
En tous cas cette phrase n'était pas dans le ton. Je sais qu'il a fait le con jusqu'ici, mais jamais au point de se cacher. Gaetano, c'était plutôt le type qui vous attrapait dans l'ombre et vous assassinait en pleine rue sans un bruit, sans un regard de personne -je le sais, je l'ai déjà vu faire.
Je décide néanmoins de prendre le ton de l'humour. Je ne veux pas qu'il devine ce que je vois, il pourrait se refermer aussi facilement qu'il s'est ouvert -comme les palourdes, vous voyez ? Gae est une grosse palourde !- C'est plus prudent.

_ Ho, aurais tu appris la prudence ? (La voiture s'arrête dans une vieille banlieue paumée, j'ouvre la porte avant même qu'elle ne se soit arrêtée) Allez, terminus princesse !

Je descend de la voiture, ramène mes cheveux sous ma casquette et tend une main à travers la vitre passager avant pour payer le chauffeur. Depuis le début du trajet, je ne lui ai laissé aucune occasion de voir mon visage. Les billets sont évidemment des faux. Mais le temps que la banque s'en aperçoive, je serai déjà loin... J’attends que le taxi soit hors de vue depuis un moment avant de rentrer dans un bâtiment le pas léger. Je pense tout d'un coup à un détail, en montant les escaliers.

_ Ah oui au fait, j'ai pas de café. Si t'en veux tu peux aller en chercher dans le magasin d'en dessous. Il est fermé mais on peut entrer par effraction.

J'entends Gaetano me suivre en soupirant dans un « Tant pis je ferais sans... » ce qui me confirme son rôle de fumiste. Le monde est trop cher, il pensait tout de même pas que j'allais lui offrir le café quoi ! Déjà que je lui ai offert le billet aller...
J'ouvre la porte de mon appartement provisoire avec un léger cliquetis. Je fis une petite moue en regardant la mer de paperasse.

_  Welcome to my house, Peach !

Il s'arrête sur le palier alors que j'entre, à peine gêné. Quand je dis une mer de paperasse, c'est pas l'état de votre chambre quand vous oubliez de la ranger pendant trois ans hein. Non, là c'est comme si vous aviez été deux cents étudiants à débarquer avec tous vos cours et êtes restés réviser pendant 6 à 8 ans. Une mer qui arrivait jusqu'aux genoux et qui recouvrait toute la surface du sol, toutes les pièces sauf la salle de bain. Toujours figé sur le palier, Gae me lance une phrase du domaine de l'incompréhensible pour moi qui ne l'ai pas vu depuis 5 ans.

_ Putain, t'es encore pire qu'Aaron et c'est pas peu dire...

Tiens ? J'ai comme l'impression que c'est pas la première fois qu'il mentionne quelqu'un que je ne connais pas. Peut-être est ce parce qu'il y fait attention ? Aaron... Ce nom convient à n'importe quel américain, et j'en ai connu pas mal. Je cherche dans ma mémoire -presque plus fiable que celle de mon ordinateur. Apparemment bordélique, une rencontre qui remonte à... 3 ans ? Non, il faut que ça remonte à plus loin, ce doit être une ancienne connaissance... Mon cerveau travaille à cent à l'heure. Des disparitions d'Aaron depuis 5 ou 6 ans, il y en eu un paquet... Je suis tenté de lui demander son nom de famille puis je me retiens au dernier moment. Pas le moment, pas le temps, trop de choses à voir. Allez, humour sauve moi encore.

_ Aaron c'est le prince charmant ? (j'essaye vainement d'imaginer un mec déguisé en Mario -chacun ses goûts hein !) Je le prend pour un compliment.

Je sautille entre les piles de paperasses. Il me suffit d'un regard pour les scanner et en deviner leur contenu mais j'essaye de faire abstraction de mon talent, fouillant autant dans ma mémoire que dans la paperasse pour trouver... Merde, mais où est ce que j'ai bien pu foutre ce truc ? Bon sang... Je me retourne vers mon invité (invité ? Un mec qui m'a déjà envoyé plusieurs fois à l'hosto et m'a menacé je sais plus combien de fois ? Faut croire que je suis pas rancunier hein...)

_ Trouve-toi un endroit pour t’asseoir, je suis pas sûr de retrouver les chaises...

Ha oui c'est vrai ! Je sors mon ordinateur des décombres avec un sourire. Sauvé ! Je l'allume et branche discrètement mon portable dessus. C'est mon portable le vrai danger, les ordis c'est trop facile à craquer et à perdre. Je sens le matelas du bout du pied et m'avachis dessus, sans faire attention aux papiers qui le rendent invisible. Je suis fort quand même, avoir mis une pièce dans cet état en moins de deux jours... Je vois Gaetano galérer à essayer d'avancer sans marcher sur les papiers et je souris. Trop mignon -si un jour on m'avait dire que je penserai ça de lui je me serai suicidé, juste pour la forme... Mais il s'y prend comme un manche à balai. Promis si il se casse la gueule je rigole.

_ C'est plus facile à dire qu'à faire dans tout ce bordel...

J'ignore sa remarque, déçu qu'il se soit pas encore étalé comme une vulgaire chaussette. Oui, quand on a la chance de rencontrer qu'un seul être vivant tous les 2 ans en moyenne, on aime pouvoir se sentir supérieur au moins sur quelque chose. Pour moi c'est l'information.

_ Alors, on commence par quoi ?

Il soulève enfin une pile de papiers -c'est bon princesse, y'a pas trop de risque de se couper, tu peux y aller avec les deux mains !- et s'assoit sur une chaise (ha ? Il y en avait une ici ?).

_ Je sais pas... Je te fais confiance pour ce genre de choses, tu t'y connais mieux que moi.

Évidemment que je m'y connais mieux, heureusement même ! Avec lui comme informateur, on aura de quoi s'inquiéter pour l'avenir du monde... Je regarde autour de moi en levant un sourcil. Cool. Par où commencer ? Mon cerveau trie les informations inscrites sur les feuilles les plus proches de moi. Non, trop pointilleux. Si vous saviez les quantités d'infos qui peuplent mon cerveau... Il est drôle, Gae, très drôle.
Je souffle.

_ Tss, si il y avait qu'une manière de commencer y'aurait pas tout ce bordel, du con ! Et comme je suppose qu'on va pas partager les infos... (je passe une main dans mes cheveux, un parce que ça a la classe, deux parce qu'ils me gênent) Bon ok, on commence par la géolocalisation !

Je me retourne et, cherchant trois secondes du regard parmi la paperasse, j'en sors une carte que je lui montre -même si « balancer à la figure » serait plus approprié à mon goût.

_ Voilà, là tu as les principaux pôles d'actions étranges que j'ai pu repérer.

Il regarde attentivement la carte, hochant très légèrement la tête sur certains, me prouvant ainsi qu'il en connaît. Voir même tous, qu'est ce que j'en sais moi ?! Mais pourquoi il vient me voir au juste ?

_ T'en a oublié un en Irlande...

Je grogne. Ben vas-y, corrige ma carte pendant que tu y es aussi ! Non mais il veut m'apprendre à faire mon boulot aussi ? Et pour ma défense je connais tout de même beaucoup mieux ceux qui sont aux États Unis...

_ Fuck l'Irlande, j'aime pas les moutons... Et je t'ai dit, il n'y a que ceux dont les finances m'ont attirés, les autres sont beaucoup plus petits...

Je lui lance un regard de côté. Je prends un bout de tissu au pif et commence à griffonner un plan rapidement, tout en souriant légèrement. Mieux vaut ne pas me provoquer sur mon terrain...

_ D'ailleurs je crois que je peux railler celui de Naples maintenant.
_ Tu peux effectivement rayer celui de Naples, répondit-il en grimaçant.

Ho non sérieux, il est pas drôle quoi... Moi je voulais qu'il se mette en rogne, revoir le vieux bon gros Gae, le méchant avec son flingue ! Zut. Oui je suis maso, je vous l'avais pas dit ?

_ Pour faire simple ce sont des "pôles d'activités scientifiques" dont personne ne parle jamais ni ne sort jamais.

Mais je suis sûr que Môsieur en sait déjà beaucoup plus que moi sur ces endroits, évidemment, il vient juste pour narguer son ancien collègue poursuivit par ces odieux  psychopathes alors que lui se la coule douce au Japon !
Il se lève et va s'accouder à la fenêtre. Voilà. Maintenant il va jouer son grand mystérieux dépressif, vous allez voir. Non parce que la vue sur les vieux quartiers délabrés je suis pas sûr que ça l'intéresse... A moins qu'il soit nostalgique ? Pff, ridicule.

_ Centre de torture serait sans doute plus adapté que « pôle d'activité scientifique »...

VOILA ! Crâneur va.

_ Ils ne sont pas contrôlés et reçoivent des financements faramineux de nombreux mécènes... Plus particulièrement politiques (je me pince la lèvre. Bon, c'est pas comme si j'étais personnellement impliqué, non ?) Mais je n'en ai pas beaucoup. Je connais seulement ceux liés à mon oncle, et c'est déjà assez dur de les localiser... Par contre, je peux avoir une liste de leurs critères de sélections des nouveaux employés et leur matériel commandé récemment, ça t'intéresse ? Même si c'est pas très précis, c'est pas vraiment mon domaine…

Allez, avoue que je suis un boss mec, que même toi tu savais pas ça ! Bon, même si ok je m'y intéresse uniquement parce que Oregon est mêlé à ce truc... Je suis pas un justicier, faut pas croire.
Il se retourne. Jackpot ! Rien à voir avec le fait que Jack est mon pote, je vous rassure.

_ Ça m'intéresse. (Héhéhé, je sais je sais, je m'aime aussi) Tout m'intéresse, notamment les petites manigances d'Oregon Carter concernant les scientifiques. En fait je ne suis même pas étonné que ce connard les finances…

Je sens venir le truc. Haaaaa non, je refuse catégoriquement que Gae aille fourrer son cul dans les affaires de mon oncle. Pas parce que je le protège, loin de là, ça c'était avant, maintenant je ne sers que mes intérêt. Mais je refuse d'avoir passé toute ma putain de vie à recueillir des informations en manquant de me faire buter à chaque fois, et tout ça pour quoi ? Pour qu'il aille se charger de son cas ? Non, qu'il crève. Ce qu'il faut, c'est le ruiner, le traîner dans la boue, pas le tuer. Ce serait trop doux comme fin. Beaucoup trop doux.

_ Et je suis désolé, mais ce que fait môsieur Carter, c'est trop subtile pour se pointer avec un flingue et lui exploser la gueule... Mais les gangs qu’il contrôle l'aident dans ce trafic sans même le savoir, ça rend la chose encore plus complexe...

Même toi tu l'as aidé, Gae. Quand tu faisais parti des gangs que Oregon contrôlait, quand je servais de médiateur et d'informateur aux chefs. C'est pas parce que t'es parti que c'est fini, loin de là.

_ Sache que j'en ai fini avec les meurtres... Je me suis lassé de repeindre les murs.

Je lève un sourcil. Non, il blague là ! Nono, le grand et terrible, finit avec ses fameux berreta et son regard tueur ? Sérieux ? Youhou, blague de l'année les gens ! Genre il vient pas du tout de tuer Primo, pas du tout ! C'était rien, une poussière sur son chemin ? On change pas comme ça, Gae.

_ Finis avec les meurtres ? Mais c'est qu'ils nous l'ont changés ma parole ! Lui lançais-je d'un ton ironique. Enfin, de toutes façons t'as jamais eu des bons goûts en déco... (Ouais, surtout quand c'était ma cervelle que tu voulais voir sur les murs. Ahem.) D'ailleurs ils sont pas mal à les financer. Ils font passer les fonds par des moyens illégaux avant de les blanchir dans ces "ateliers de torture" comme tu dis, et ça fait un paquet de fric qui échappe au gouvernement...
_ Bien sûr que le gouvernement ne s'en rend pas compte, ils sont tous plus aveugles que des taupes ! Mais je sais bien que je ne peux rien faire en étant diplomatique et j'ai jamais dit que je l'étais ou que nous préférions cette voie...

Tiens, est-ce que le gouvernement l'aurait irrité ? Ha, enfin ! Un autre truc me titille par contre. « Nous » ? Soit il est momentanément devenu schizophrène soit il n'est vraiment pas seul... A Tokyo ? Ça je le savais déjà. Mais il faudrait que je penche un peu plus sur la fameuse affaire des enfants disparus... Je fais mine de chercher dans mon bordel et en tire une liste.

_ Tiens, une liste des principaux politiques impliqués. Mais je te dis, tu ne pourras pas faire grand-chose sans passer par la diplomatie...

Mais si Gae en veut au gouvernement... Si la politique pouvait faire changer quelque chose alors... Peut-être que...

_ Peut-être que Michigan pourrait être utile...

Je secoue la tête. Ha ouais, ça c'est bien une idée à la con. Jamais il accepterait. Jamais.

_ Je suis pas sûr que ton cousin puisse vraiment t'être utile, parce qu'à moins qu'il n'ait décidé de buter son père, ce que je ne lui conseille pas, il est pieds et poings liés. D'autant que je ne suis pas sûr de le laisser faire une connerie pareille...

Oui, il a décidé de buter son père, et même si je sais qu'il ne s'arrêtera pas là, il fera quand même cette connerie, surtout avec un flingue sur la tempe. Michigan... J'ai beau le connaître parfaitement et avoir envie de croire en ses capacités -je l'avoue- je ne sais que trop bien ce qu'il risque de se passer. Ce mec a été élevé pour être un monstre. Rien de plus.

_ Moi aussi je sais quelques petites choses...

Ok, je suis vraiment un Dieu. De un, il le connaît. De nom ou de vue, je viens d'avoir la confirmation qu'ils sont au même endroit, ce qui pourra m'être d'une utilité insoupçonnée.

_ Mon cousin est peut-être le pire crétin que je connaisse, mais il a appris avec son père. Tu serais surpris de ses compétences politiques... Mais en effet, ça m'étonnerait qu'il puisse lui faire face sans le buter, ce qui d'ailleurs devrait pas tarder à arriver, que tu le veuilles ou non... J'ai presque l'impression que les meurtres en famille sont génétiques chez nous...

Entre moi, Dakota, Chelsea et Michigan, je crois que les générations ont chez nous une espérance de vie de moins de 40 ans...

_ Eh bien je pense que son père n'a pas eu qu'une influence bénéfique sur lui... Parce que vu son dossier et ses problèmes mentaux...

Je remonte le col de mon T-shirt jusqu'à mon nez pour me pincer à nouveau les lèvres. Genre Oregon est capable d'avoir une influence bénéfique chez quelqu'un... Même sa femme il l'a lobotomisée. Mais les dossiers ? Problèmes mentaux ? Putain ça sent pas bon. Michigan a toujours fait un nombre incalculable de conneries, mais presque jamais personne n'avait deviné ses problèmes mentaux, sous son masque si parfait. Ça voudrait dire que... Non, je préfère pas y penser. Si il chute définitivement, on aura jamais plus l'occasion d'en finir avec cette histoire. Je devrais demander des infos à Seattle tiens...
Dans mes mauvais réflexes de vieux zombie en état de décomposition, je pousse un soupir désespéré et grogne. Super charmant je sais.

_ Ça devait forcément arriver pour lui. D'ailleurs je m'étonne encore de tenir debout...

Ben ouais, à force de m'occuper de rattraper les erreurs de ce boulet...

_ Je dis simplement que ton cousin n'est pas là où il est maintenant s’il n'y avait pas une bonne raison.

Ha ! On avance ! Donc il y a bien un lien entre toutes les personnes qui sont dans cet endroit (oui parce qu'il est tellement tâche qu'il vient encore de me confirmer qu'il sait. Franchement je lui confierais jamais une info importante à ce gars, il sait rien garder... Comment ça ? Si c'est ce que je suis en train de faire ? … ET MERDE !) Déjà c'est pas les nationalités, leurs parents ne se connaissaient pas, pas de point commun génétique apparent... Ha mince, qu'est ce que ça peut être ? Quelque chose d'irrationnel ? Genre ils sont connectés de la tête ?
Je secoue la tête. Ta gueule Houston, ça part trop loin là...

_ Enfin bref ! Tu sais quoi ? (là je ne lui demande pas si il sait à quoi je pense mais ce qu'il sait lui. La confusion est possible, j'en conviens) Non attends, je me demande si j'ai vraiment envie de savoir...

L'avantage avec une bonne mémoire, c'est qu'on oublie rien. L'inconvénient avec une bonne mémoire, c'est qu'on oublie rien. La nuance réside dans le choix de vos ennemis. Et moi j'ai pas choisis les bons.

_ Ce que je sais dépend de toi... (Ho qu'il est mignon ! Oui tu dépends de moi mon petit Gae~ ça t'énerve hein ? Mouhahaha comme c'est jouissif de se sentir attendu ! Vous devriez essayer, c'est, c'est... Génial !) Qu'est-ce que tu veux savoir exactement ?
_ Rien, je ne veux rien savoir du tout. Si tu peux faire péter un entrepôt grand comme un terrain de rugby et complexe comme un  bâtiment de la CIA, c'est ton problème, pas le mien. Je veux pas savoir. (Mon cul que je veux pas ! Bien sûr que si je veux savoir, merde ! Houston ta gueule) Parce qu'après je ne pourrais plus jamais oublier, et tu le sais...

J'essaye de ne pas lui laisser le temps de se foutre de ma fucking gueule et sort un dossier de la mer à mes pieds, que je lui tend. Non puis bon sang, vas-y avec ta réplique, ça se voit que t'en crève d'envie ! T'es content hein ? C'est tellement simple de rabaisser les zombies ! Tu vas voir un jour je vais te mettre ma mère à dos, on verra qui rigolera...

_ Tiens, là-dedans t'as toutes les dernière transactions effectuées par lesdits sites. Et j'espère que t'as de quoi transporter tout ça, je les ai faites exprès pour toi !

Il me lance son sourire. Son gentil sourire ironique acheté chez « psychopathes et company ». Attendez ça devrait plus tarder. Etttttt...

_ Oh si tu veux savoir. T'en crève d'envie je peux le voir sur ton visage. C'est ton fléau Houston, c'est ce qui fait que t'arrive pas à décrocher alors même que tu t'es fait passé pour mort. Tu veux tout savoir, tout contrôler...

Gnagnagna ! Ouais ET ALORS ? Je fais encore ce que je veux non ? Non ? Mec, qu'est ce que tu veux que j'y fasse ? Depuis que je suis né on m'a élevé comme ça. Changer de vie ? Plus facile à dire qu'à faire. C'est quoi, la vie ?

_ Et même si je pouvais faire ce que tu dis, ça me détruirait probablement. Même si je t'avoue que je perdrais un bras pour ça

Ben ouais, mais je me demande toujours comment il a bien pu faire pour détruire la face à Primo si facilement et ressortir sans être sur aucune caméra. Je me demande aussi comment il a pu faire péter tout un complexe sans une bombe sur lui et arriver ici sans une égratignure, l'air décontracté en mode « Ha excusez moi, j'aurai voulu prendre une douche avant le prochain sauvetage du monde ! ». Classé secret défense c'est ça ? Même à moi ? Sérieusement, faudrait peut-être arrêter de faire semblant, genre ça se voit pas...
Je secoue à nouveau la tête -je vais finir par la faire tomber vous allez voir !
Il me fait un grand sourire à la ultra bright, ce qui me fait à nouveau hausser un sourcil. Je crois que j'ai jamais vu quelqu'un qui prenait autant de plaisir à se foutre de ma gueule... C'est qui le blond là ?! Désolé Gae, mais avec ce sourire t'as quand même une tête pas crédible pour quelqu'un qui ment...
Je secoue la tête.

_ Ben voyons, prends-moi pour un con.
_ J'oserai pas ! (il attrape le dossier que je lui tend et hoche la tête -en signe de remerciement ? HAHA. Ho mais c'est un cauchemars là...) T'en fait pas j'ai bien assez de place. (il le feuillette rapidement genre « j'en ai rien  foutre mais je regarde on sait jamais mais p'tain qu'il y a du texte quand même ! » qui me convint de lui mettre ça par numérique) Tu devrais faire gaffe. Le milieu m'a détruit et c'est ce qui risque de t'arriver si tu ne sors pas. Enfin, je suppose que ça tu le sais déjà... Mais t'es pire qu'un junkie...

Et maintenant il me fait la morale ? J'ai envie de sourire mais je grogne à nouveau. Si je sors pas... Ha la blague. Si je pouvais au moins !

_ Et oui, je suis accro, comme si j'y pouvais quelque chose... Merci de t'inquiéter mais pour l'instant ça va, je me tiens à l'écart de ma famille et je fuis les gangs tranquillement, rien de trop stressant...

Halala, avouez je sais bien mentir. Sérieux je crois que j'ai pas eu de période aussi stressante et mouvementée que ces derniers jours. Ou ces dernières heures ? Il est mignon de s'inquiéter mais je suis déjà mort. En fait je suis même jamais né, je n'existe pas, je n'ai aucun registre de naissance à mon nom. Je regarde mon portable, où des petits points de couleurs s'affichent, avec un nombre incalculable de coordonnée géographiques. Je ferme les yeux et laisse mon cerveau effectué son calcul. Ils sont rapides les bougres... Avec un dernier regard au réseau et aux tentatives de piratage échouées de mon téléphone, je soupire.

_ T'as l'air crevé, repose toi, je te prépare de la paperasse sur cette fameuse organisation et après on se barre. (Avant de lâcher avec un air enjoué) Plus que 3 heures avant le débarquement des mabouls !

Il hoche la tête. Bon sang, comment je vais lutter contre le sommeil sans quelqu'un à côté moi ?

_ Je peux t'emprunter ton lit ? (il marmonne) Ça doit être le décalage horaire...

Ben ouais, le décalage horaire ! Et pourquoi pas une promenade au parc qui l'aurait fatigué aussi ! Il me prends pour un débile ce mec... Je sais quand même ce que c'est que de fuir hein.
Je fouille à nouveau dans mes papiers, à moitié à la recherche de sa première demande. J'abandonne aussitôt, préférant faire travailler son autogestion musculaire plutôt que la mienne.

_ Ouais, si tu le trouve !

J'attends quelques secondes et, le voyant déplacer des piles de papiers, un peu crevé. Chanceux va, toi au moins tu peux t'endormir en plein jour...

_  D'ailleurs ça m'étonne que tu arrives à te détendre avec moi dans la même pièce...Y'a une époque où tu m'aurais foutu ton Beretta entre les deux yeux avant de fermer un œil...

Je lâche un faux soupir nostalgique. Haaaa, si il savait comme ça simplifierait tout... Je le vois fermer les yeux. Il doit VRAIMENT être crevé...

_ A une époque peut-être... Mais y a que les cons qui changent pas d'avis on te l'a jamais dit ? (Il baille. Non mais vas-y, dis que je te fais chier aussi hein) Mais si t'es trop nostalgique, t'en fait pas je les ai toujours mes Beretta.
_ En gros je suis con c'est ça ? (Je ris doucement. C'est bizarre, j'ai l'impression d'être hors du temps, là.) Connard va ! Garde les cachés tes chéris, je crois que je les connais déjà par cœur...

Je le regarde s'endormir, mi envieux, mi rêveur. Moi aussi je voudrais dormir...
Mais il faut que je bosse.



Mes poignets me font mal. Mes yeux me brûlent, cherchent désespérément la lumière du soleil, ne serait-ce qu'un rayon à travers les rideaux épais. Mais rien sur les écrans lumineux n'a le signe ni la trace de la porte vers la liberté, et ce ne sont que des chiffres, encore et encore, qui défilent sous mes yeux effarés. Des chiffrent qui viennent taper contre ma rétine pour s'imprimer dans ma tête, bien profondément, là où je ne pourrai jamais les oublier.
Le sol me blesse. Je voudrai un coussin pour m'asseoir, mais je ne peux qu'imaginer la douceur de celui ci, le contact de son tissu fin, sans pouvoir jamais le palper. Mes mains ne savent qu'appuyer là où le sang commence à ne plus circuler, engourdissant mes membres inférieurs. Je n'ose plus bouger mes jambes, de peur de les perdre. Cette peur stupide de l'enfant, cette peur irrationnelle et paralysante.
J'ai oublié ce que c'était de courir, de sauter, de bouger à n'en plus pouvoir, de se sentir envahit par la chaleur d'un essoufflement. Je ne sais plus. Tout ce que je sais, ce sont ces chiffres que je veux fuir, mais dont je ne peux détacher mon regard. On m'a dit qu'un jour je saurai, je comprendrai ce qu'ils veulent dire. Mais pas encore, ce n'était pas le moment.
Je regarde un instant mes doigts, puis mes mains, puis mes bras, puis mes jambes. Encore. Une seule seconde de liberté volée, pour voir à quel point mes mollets, épuisés par l'immobilité trop constante, se sont déformés, comme s'ils voulaient épouser le sol.
Je serre les dents et gémis lorsque j'ai le malheur de déplacer mon genoux. A peine.
Un jour, je serai fort. Un jour, je comprendrai tous les chiffres, et je leur montrerai que j'ai le droit de sortir de cette pièce trop sombre, de ne plus regarder avidement ces écrans trop lumineux. De la mauvaise lumière.
Un jour je sortirai.
Un jour je courrai.
Je serai libre.
Ho oui, tu es libre.
Mais tu n'en finis plus de courir.


Je soupire.
Le temps passe vite, et il ne m'est que trop compté. Je regarde distraitement une feuille que je tiens, avant de la poser à côté de moi, dans cette cheminé, et de regarder avec une attention presque malsaine les flamme la dévorer. Elles grignotent si vite sa couleurs pâle, réduisant au noir et à néant son message. En quelques secondes, elle vole en petits morceaux de cendres paris ses semblables, chaude et achevé.
Je prends une autre feuille, à laquelle je fais subir le même sort. Tous ces papiers... Si pathétiques. Maintenant tous leurs secrets n'ont plus qu'un seul propriétaire : moi. Tout, jusque dans la moindre phrase, jusque dans le moindre mot écris dans la plus petite des police se trouve dans ma tête. Certes ce n'est plus une preuve. C'est désormais un savoir. Un savoir que je suis le seul à posséder, un savoir qui me rend précieux. Qui me rend fort.
Même si ce n'est qu'une illusion.
En savoir trop est autant gage de pouvoir que de faiblesse.
La dernière feuille se meurt à présent. Comme les autres, la dernière trace de matérialité des éléments. Il reste peu de temps. Peut-être une vingtaine de minutes avant de devoir réveiller Gaetano. En vérité, j'ai du mal à dire que sa présence ici m'intrigue. Je suis intimement persuadé que quelqu'un, qui que soit cette personne, fait qu'il n'existe pas de coïncidences. Je devient parano, oui si vous voulez.
Je m'allonge par terre. Je ne devrai pas profiter de ces minutes, je n'ai pas le droit. Je devrai regarder où en sont mes ennemis sur mon traceur, je devrai me renseigner encore et toujours plus à leur sujet, pour mieux pouvoir les surpasser. Mais depuis quelques temps, je perd du terrain dans tous les domaines. Je perd l'envie. L'envie de fuir, l'envie de devenir plus fort. La seule chose qui m'aide encore à tenir est de relativiser, d'en rire. Mais mon sort n'a rien de drôle, si ce n'est que je l'ai en parti provoqué moi même. Moi petit enfant de 12 ans qui ai rêvé un jour d'être libre alors que je n'y était pas destiné. Est ce pour autant ma faute ? Je ne pense pas.
Peu importe si je passe mon temps à plaisanter ou à me plaindre, n'est ce pas toujours mieux que de tout garder enfermer au fond de soi et d'en périr de mal être ? Je suis comme je suis, insolent et dévergondé à mes heures, jamais sérieux. Jamais sérieux ? Mais qu'est ce qui mérite votre attention lorsque vous savez que depuis que vous êtes jeune tout est perdu ? Certes persistent les rêves, mais ils sont bien vite rattrapés, bien trop vite, par cette réalité trop cinglante et rapide. Cette réalité qui ne laisse pas de place aux écartements de l'esprit, aussi petits soient-ils. Mes rêves d'ailleurs, ne sont pas les mêmes que ceux des autres. Mes rêves ne sont plus de partir, de fuir. Mes rêves, ce sont de toutes petites choses, comme manger un cookie à une terrasse de café vide, de dormir une nuit de huit heures complètes, regarder une série sur mon ordinateur. Des choses asociales, banales, qui me manquent désormais. Aller vers la liberté n'est pas mon idéal. N'est plus.
Je pense que c'est d'ailleurs ce qui me maintiens en vie.



Je me retourne.
Et cet abruti qui pionce encore, non mais je vous jure ! Il pouvait pas se mettre un réveil aussi, genre je suis sa bonne ! Je jette un coup d’œil nerveux à ma montre. Plus que vingt minutes.
Je m'approche de la Belle au Bois Dormant. Putain comment il peut dormir, là maintenant ?! Je m'approche de son oreille avec un rire intérieur. Quelques millimètres de plus et je serais le sosie de ce pervers de Michigan...

_ Réveilles-toi Peach, sinon le prince charmant va te faire un bisou ! ♥

J'entends cet abruti grogner, comme quoi y'a pas que moi qui est un zombie tiens...

_ Éloigne tout de suite ta salle tête ou je t'en colle une !

Oui, lui aussi il bat des records de politesses. Je vous ai dit, c'est le milieu, c'est pas possible autrement. Ou comment la politique et les gangs vous transforme en des connards gentleman !

_ Bah alors grognon dès le matin ? (je me lève et lui lance le portable que j'ai préparé spécialement pour lui, vous avez vu comme je suis un ange !) Dépêche toi on se barre.

On oublie pas les fondamentaux ! Il se lève brusquement et me lance à nouveau son regard de tueur sympathique, vous savez lequel je crois que je me suis assez étendu sur le sujet... Au moins ça le fait bouger hein !

_  Et y a quoi sur le portable ?

Je lève un sourcil. Faut pas me prendre pour un con. Je suis têtu, borné et lourd. Et j'assume.

_ Je sais pas... Des trucs ?

Je hausse un sourcil, amusé. Ha, j'aime bien sa tête de blasé ! A croire que je suis capable de casser son masque en le désespérant complètement. A retenir ! Il regarde autour de lui.

_  Bah dis-donc c'est rapide le ménage avec toi !

C'est ça change de sujet, tu crois que j'ai le temps pour ça ? Tant de puérilité dans un si cruel visage je trouve ça drôle, pas vous ?

_ Oui, parce que je suis Monsieur Propre !

Je me dirige vers la porte (parce que c'est pas que ça urge notre départ mais... Ha si un peu quand même !) et l'invite à sortir d'un grand et élégant geste (parce que vous comprenez, môsieur tient à ce qu'on le traite comme un invité donc bon...).

_ Votre carrosse vous attend.

Parce qu'évidemment, c'est encore moi qui ai payé le taxi. Et le billet d'avion. Et putain mais il m'a ruiné cet enfoiré ! Et en plus il se retient de soupirer en passant la porte... Ingrat va !

_ Ah oui au fait si ça t'intéresse ce qu'il y a sur le portable… Je dirais à peu près toutes les feuilles qui sont à présent dans la cheminée...
_ Dans ce cas je n'ai rien à dire.

Il me lance un micro sourire (MY GOD UN SOURIRE MERDE), ce qui évidemment réveille mon esprit de chieur lourdingue... (on se refait pas, je vous l'ai dit) Je descend rapidement l'escalier.

_ Sur le carrosse ou sur le portable ? Parce que je ne te permettrai pas de critiquer mon boulot.

Il semble à nouveau agacé par ma réponse (comme si j'étais là pour lui faire plaisir déjà à la base... Franchement je suis soft, ça aurait pu être pire, j'aurai pu être de bonne humeur !) et il me lance cette fois son vrai sourire de tueur, genre il peut me tuer ou m'effrayer avec ça quoi... Putain maman j'ai peur ! Ha mais non ça marche pas, ma mère me fait bien plus flipper que lui.

_ Ne pousses pas ta chance trop loin, Houston !

Ha dommage, c'est ma spécialité !

_ Le mot de passe c'est Gaepeach, tout est classé, rangé, parfait quoi ! Tu prends la voiture au bout de la rue, tu changes à la cinquième, tu demandes le billet au SDF devant l'aéroport et tu n'as jamais entendu parlé de moi, bien sûr !
_ Bien sûr !

Dit-il en reprenant un visage sérieux (il a un nombre d'expressions faciales assez limité vous remarquerez....) avant de me foutre un coup d'épaule, dans le but sûrement de me la déboîter.

_ Celle-là c'est pour t'être foutu de ma gueule ! Et toi non-plus tu ne m'a pas vu, tu n'as jamais entendu parlé de moi et encore moins de ce que tu as vu.

Il se détourne et commence à partir. Ouais non mais vous voyez, il va pas s'arrêter là, il lui faut forcément une petite phrase classe et cliché je vous dis, c'est toujours la même chose. Attendez... Un pas, deux pas...
Il se retourne.

_ Je te revaudrais ça Houston ! Et si jamais t'as besoin de moi… Je suppose que tu sauras me trouver…

MOUAHAHAHA ! Si je suis pas trop fort je vous jure. Franchement on devrait me décerner une médaille. Refusant de laisser un sourire mi-satisfait mi-protecteur sur mon visage, je me masse l'épaule et décide de râler -tiens, ça faisait longtemps ! Ahem.

_ Un mort ne voit pas, ne parle pas et n'as pas de besoins, bouffon ! Et je te recontacterai pour le paiement.

Phrase tout à fait contradictoire, je vous emmerde.
Il sourit, ouvre la porte, sort. Il me salue. J'attends qu'il disparaisse, les mains dans les poches.
Je baisse ma casquette avec un sourire. Sors. Joue avec mon briquet. Le lance dans la maison. Le feu se propage presque immédiatement grâce à l'alcool au sol. Je me dirige d'un pas tranquille vers le bout de la rue.
Un mort ne laisse pas de traces non plus. Jamais.

Merci à Astel pour le code ♥
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Le zapping des êtres cyniques

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