Les deux eaux avaient depuis plusieurs semaines communiqués par signaux de fumée pour réussir à se mettre d’accord sans se faire griller par Ariana. Ce n’était pas évident, car elles avaient l’habitude de passer du temps à trois, et exclure l’un des trois mousquetaires n’était pas chose aisée. Il fallait éviter de gaffer en sa présence, et rien n’était moins dur !

Les mois passés avaient été compliqués, l’arrivée de Lola à Terrae avait bouleversé leur amie, non plus que cela, cela l’avait changé. Elle s’était un peu repliée sur elles, tolérant leur présence quand elle n'en supportait plus aucune autre. Cela avait rendu leur escapade plus complexe… et plus nécessaire. Elles voulaient réellement lui trouver quelque-chose qui lui ferait plaisir, qui ait du sens, et ce d’autant plus qu’Ariana avait décidé de fêter son anniversaire avec plein de monde. Les deux eaux avaient conscience de l’énergie que cela lui prendrait.

La demande de sortie de Terrae avait nécessité quelques formalités, elles avaient demandé à Ashton de les accompagner, après tout c’était le professeur très particulier d’Ariana et il pourrait avoir une idée de génie qui sublimerait leur cadeau… S’il ne trainait pas des pieds tout du long. Il avait bien été obligé d’accepter, c’était le seul disponible le jour où les jeunes femmes avaient demandé leur sortie (Oui, Afya y avait veillé ! Elle savait combien savoir que le blond était impliqué dans son cadeau serait précieux pour Ariana !)

« Bonjour ! » lance l’ivoirienne en arrivant à leur point de rendez-vous, le portail de Terrae. « Tout le monde est prêt ? Nous avons une après-midi pour trouver un cadeau à Ariana ! »

HRP : Ashton fera peut-être de brèves interventions, mais sinon on considère juste qu'il traine des pieds en les accompagnant et juge !

Vipère avait du mal à comprendre pourquoi il fallait cacher les cadeaux d'anniversaire. Dans le côté pratique de son esprit, c'était quand même l'idéal de demander ce qui pouvait faire plaisir à la personne concernée, lui acheter quelque chose qu'elle désire à défaut que ça lui soit utile à l'avenir -surtout dans le cas d'Aria, où elle considère qu'elle a déjà tout ce qui lui fait plaisir, et peut déjà fabriquer ce qui lui ferait envie. Mais Justine comprend que, faire une surprise et taper dans le mille, c'est un sentiment assez satisfaisant. Alors elle avait suivi les idées d'Afya sans plus étudier la question.

Car oui, Justine connaissait Afya ; c'était inévitable puisqu'elle voyait souvent Aria. Elle la trouvait charmante, une bonne amie... Elle avait largement eu le temps de le constater, depuis l'arrivée de la petite Lola dans l'Institut. C'était un dilemme que Justine avait bien du mal à comprendre, bien consciente que sa relation avec sa propre mère lui a donné bien peu de matériel pour soutenir Aria dans cette épreuve, mais elle tenait à rester présente et comptait un peu sur Afya, c'est vrai, pour la guider et répondre aux tourments de leur amie.

Il y avait donc deux bonnes raisons à ce qu'elles se donnent rendez-vous, en secret, pour tenter de trouver ce fameux cadeau. ...En compagnie de ce cher Ashton qui ne semblait pas ravi de partir faire du shopping. Justine fit un petit signe à la Voyante avant de lui répondre. :

-Bonjour Afya. Je suis prête, oui.

Elle a un demi-sourire, ses mains s'accrochant à la bandoulière de sa sacoche de cuir. :

-Est-ce que tu as déjà une idée ?... Je ne connais pas bien les quartiers de Tokyo non plus, je ne vais pas vous être très utile au début.

Au début, espère-t-elle, elle croise les doigts.

« Je pense qu’elle aimerait quelque-chose de joli. »

Ou de bizarre, mais c’était un bizarre qui avait toujours beaucoup de charme si l’on demandait l’avis de l’ivoirienne. Il fallait l’avouer, elle était toujours parti pris !

« J’ai beaucoup réfléchi, et je me disais un beau bijou qu’elle pourrait toujours garder avec elle ça pourrait être bien ? »

Il faut dire qu’elle avait passé des heures à demander des conseils à google, lui demandant tantôt : quel cadeau offrir à une amie pour ses trente ans ? Quel cadeau fait plaisir à une femme ? Elle avait par la suite eu plein de publicités ciblées lui proposant d’acheter des bagues, des bracelets, des broches, des… Elle ne savait pas qu’il existait tant de formes de bijoux différentes ! Ainsi, les cookies et internet l’avaient guidé sur un bijou, mais elle n’avait pas su choisir lequel.

Elle trouvait que les bijouteries en ligne n’avaient pas d’âme. Aussi elle avait fini par taper : où trouver les plus beaux bijoux à Tokyo ? sur son moteur de recherche. Après de nombreuses recherche elle était tombée sur une rue où l’on pouvait trouver des habits et des bijoux traditionnels. Elle avait été séduite par les motifs des tissus qu’on pouvait y trouver, ils lui rappelaient par leurs couleurs bariolées ceux que l’on trouvait au marché de Cocovixco.

Elle espérait que Tina arrive à trouver des jolis objets, l’ivoirienne vérifierait dans le futur qu’ ils plaisent Ariana et qu’elle les porte encore dans quelques années.

Joli. C'est normal après tout, mais ce sera difficile de trouver quelque chose d'aussi jolie qu'elle. Enfin Aria trouve beaucoup de choses jolies c'est vrai... A part certains bocaux de Justine, mais ça il paraît que c'est normal, il n'y a pas grand monde qui apprécient de voir des yeux de moutons ou des scorpions flotter là-dedans -d'après Loup. Du coup parfois, Aria met des stickers dessus. Ce n'est pas très pratique pour Tina mais c'est mignon.

Heureusement, Afya avait réfléchi avant de partir... parce que les pensées de Tina s'éparpillent déjà. Si elle avait été toute seule, elle n'aurait pas avancé d'un poil. :

-Oh un bijou, c'est une bonne idée !... Quelque chose qu'elle pourrait garder hm...

Elle prend le temps de rapidement peser chaque option, dans une grande inspiration, avant de les présenter à Afya. :

-Un collier ou un bracelet, ce n'est pas idéal... elle pourrait l'accrocher souvent, en entrainement ou quand elle travaille. Elle a déjà beaucoup de bagues aussi, mais on devrait y penser tout de même, elle adore les tourner quand elle s'agite. Les boucles d'oreille aussi, elle en a pleins de formes différentes mais je suis sûre qu'on pourrait trouver quelque chose d'original quand même. Dans les moins classiques, on pourrait lui trouver quelque chose pour sa cheville ; on y pense pas souvent et pourtant ça peut être très joli avec la bonne paire de chaussures. Comme elle en a beaucoup, on ne pourra pas se tromper. Il doit y avoir des sets aussi de bijoux pour les cheveux, des anneaux et des perles. Comme elle aime souvent changer de couleurs, ce serait intéressant de lui trouver un moyen de personnaliser sa coupe un peu plus non ?

...et elle s'arrête. Pour respirer. Elle a beaucoup trop d'informations sur son amie, elle réalise. Est-ce que ça peut être mal interprété ? Peut-être. :

-Euhmm... Enfin oui un bijou, c'est bien.

Elle réfléchit en écoutant la rousse alors qu’elles franchissent le portail. Elle avait également réfléchi aux inconvénients d’un collier ou d’un bracelet.

« Si elle le perd je pourrais toujours le retrouver. »

Elle faisait souvent cela pour son amie, quand elle perdait ses affaires. Elle repartait du dernier endroit où elle était sûre de les avoir eu et remontait le temps jusqu’au moment où elle ne les avait plus. Ainsi nombre de bouches d’oreilles, écharpes, porte-monnaie, avaient échappé aux objets trouvés sous la garde de l’ivoirienne.

« J’aime beaucoup les chaines de cheville, il y en a certaines qui font du bruit quand on marche, un peu comme des grelots. »

L’ivoirienne aimait énormément ce genre d’objet musicaux. Lorsque l’on dansait, ils accompagnait le rythme de la musique. Elle jette un regard interrogateur à Ashton, a-t-il un brillant argument pour faire pencher la balance ? Bien entendu que non, et partager ses pensées pour une question qui n’est même pas formulé oralement serait faire trop d’honneur à ces petites importunes. Ou quelque-chose comme ça.

Elles franchissent les portes de Terrae, Afya retient sa respiration. Elle n’est pas sortie depuis des années et cela lui fait un peu peur. Elle recommence à respirer après quelques secondes d’apnée.

« On pourrait aussi trouver un pendentif discret… enfin on verra ce que l’on trouvera ! »

Elle n’est pas bien sûre d’avoir tout compris, même en lisant des traductions en anglais ou en français, tout lui semblait si compliqué. Par contre elles devaient prendre le bus et un métro pour y aller.

-Oh c'est vrai ! C'est bien pratique...

Heureusement qu'elle était là Afya, parce que Justine avait sa propre organisation qu'elle a travaillé pendant des années, afin de ne pas perdre ses affaires, mais elle est bien incapable d'aider Aria quand elle perd quoique ce soit.

Justine a les joues roses, parce que la Voyante ne lui fait pas de remarque, parce qu'elle surenchérit avec une superbe idée, parce que oui, décidément, heureusement qu'elle était là. :

-Je ne savais pas qu'il en existait avec des grelots ! Ça pourrait l'encourager à danser plus souvent, ce serait bien !

Le Master a l'air... de respirer. Justine trouvait ça étrange d'être en compagnie de quelqu'un dont le visage était plus morne que le sien... c'était rare. Et c'était pas un mal hein, ce monsieur a peut-être des problèmes lui aussi. Devant le... peu de réponse du bonhomme, Justine hocha la tête à la dernière proposition d'Afya ; bien sûr qu'un pendentif n'est pas exclu. Elle ne put s'empêcher de lui demander. :

-Ça va Afya ?... Tu es agoraphobe ? Hésite pas à me prévenir si tu veux faire une pause quelque part.

Justine proposa de prendre le bus... parce que c'était la première fois qu'elle voyait une grande ville et que le principe d'un "train souterrain" l'angoissait un peu. Et si elles devaient s'avouer leurs angoisses pour vivre une bonne journée shopping pour Aria, ainsi soit-il.

« C’est vrai, ce serait chouette si elle dansait plus. »

Pas qu’elle ne le fit jamais, mais elle le faisait moins. Elle recommençait, mais la mission, et l’arrivée de Lola, avaient laissé des traces bien visibles pour qui connaissait Ariana. Et ses deux amies la connaissaient bien.

Afya aurait souhaité que son anxiété ne se voit pas, elle avait toujours honte de ce qu’il s’était passé la dernière fois qu’elle avait quitté Terrae. Oh, ce n’était plus aussi prenant, aussi vibrant, que cela n’avait été. Elle ne s’en était ouverte à personne, elle avait laissé le temps faire son œuvre, cachant sous le tapis la poussière plutôt que de l’aspirer. Laissant une faille qu’il n’était pas toujours aisée de masquer.

« Merci, j’ai jamais aimé la foule. Si ce n’était pas pour Aria, je t’aurais jamais proposé de sortir… Mais si on avait cherché qu’à Terrae on aurait eu moins de choix et on aurait pu moins la surprendre ! »

Ariana connaissait toutes les boutiques de Terrae, et si elle avait cherché à y acheter quelque-chose, elle l’y aurait trouvé. Si elles voulaient la surprendre, il fallait partir en terrain inconnu. L’ivoirienne avait noté sur un petit papier l’itinéraire et les changements de bus qu’il leur faudrait faire, elle avait prévu que Tina ne souhaite pas prendre le métro. Elle ne la connaissait pas si bien qu’Ariana, mais elle se doutait qu’elle préfèrerait profiter du paysage.

« Yes, on va prendre ce bus ici, puis on aura deux correspondances avant d’arriver ! »

Justine note alors que la Voyante n'aime pas la foule. Très bien, dans ce cas ils feront attention. Le coin de ses lèvres se soulève brièvement, contracté dans une imitation de demi-sourire quand elle précise qu'elle se déplace en ville uniquement pour faire plaisir à Aria. :

-C'est très courageux... et logique. C'est vrai qu'Aria aime faire du shopping !

Elle avait déjà encouragé Justine à sortir plusieurs fois juste pour lui présenter -parfois plusieurs fois les mêmes- les magasins de Terrae.

Justine qui est impressionnée par la prévoyance de Afya. ...Avant de se rappeler qu'elle est Voyante -encore- donc ça doit simplifier la tâche. Venant d'un petit village, Tina est surprise de devoir prendre plusieurs lignes différentes dans une seule est même ville. Elle qui n'a jamais voyagé pensait que les villes faisaient plus ou moins la même taille, mais prenaient surtout de la hauteur pour accueillir plus de monde... C'est en apercevant les rues de Tokyo s'enchainer par la fenêtre des bus, comme si elles étaient infinies, qu'elle comprit à quel point ce n'était pas le cas. ...Finalement, métro ou pas, elle se sentit tout de même un peu écrasée. :

-Je crois que je ne me ferais jamais à la ville... marmonne-t-elle malgré elle.

Les tours qui les regardent de haut ont quelque-chose d’impressionnant. Afya comprend parfaitement ce que ressent la sorcière à ses côtés. Les bâtiments qui cachent la vue du ciel ne lui sont pourtant pas inconnus, mais depuis Abidjan certaine choses ont changé. Les tours ne lui semblaient plus inaccessibles, mais elle se rendait compte qu’elle n’avait plus envie de les gravir. Elle se sentait bien plus heureuse de vivre à Terrae que dans ces prisons étagées. Elle cherche un instant une réponse, une citation, quelque-chose à dire, et finalement le silence lui semble suffisamment pertinent.

Ce n’est pas Ashton qui va ajouter quelque-chose, peut-être n’a-t-il même pas écouté leur échange, et est-il plus occupé à penser au tas de copie qui l’attend, à la session d’entrainement qu’il loupe, et peut-être bien au match de waterponey qu’il aurait préféré regarder. Ses pensées l’entrainant bien loin des deux jeunes femmes. Pourtant s’il s’en donnait la peine, il pourrait apprendre à connaitre deux de ses consœurs eaux. Seule Ariana semble l’intéresser, songe l’ivoirienne quand son regard se pose quelques secondes sur lui. En a-t-il conscience ? Non, bien entendu.

Les arrêts défilent, le groupe doit attendre le bus suivant. Le temps qu’Afya s’interroge.

« Est-ce que nos billets seront valables pour le prochain bus ? »

Elle n’a pas envie de se faire contrôler et de payer une amande. Elle a lu sur internet que c’était plutôt cher. Le professeur de mathématique soupire et lui glisse un truc du style « il me semblait que t’étais voyante. » Elle cherche du soutient dans le regard de Justine, et se plonge dans l’avenir.

« Les billets ne seront plus valables si on demande au conducteur mais on ne se fera pas contrôler si on ne demande rien. »

S’il n’en tenait qu’à elle, elle ne voyait pas l’intérêt de payer un autre ticket… Mais elle ne pouvait entrainer toute la troupe dans un acte qu’elle savait un peu délictuel.

Afya pose une question à voix haute qui attire l'attention de Justine, qui jusque là tentait d'apercevoir le ciel au-dessus des tombes immenses accueillant des milliers de petites vies qui meurent en y entrant... Question qui, semble pertinente, mais n'a aucun sens pour Justine. Parce qu'il faut différents billets ? Dans une même ville ?? L'incommodité de ce système lui paraît tellement absurde qu'elle ne sait quoi répondre au regard que la Voyante lui lance. De toute façon, avant même qu'elle n'y réfléchisse, Afya répond à sa propre question avec l'aide d'une vision. Et tout de suite, les questions fusent. :

-Est-ce qu'il n'y a pas de contrôleur peu importe si l'on demande ou non ? Le conducteur ne nous demande pas de vérifier nos billets quoi qu'il arrive ? Est-ce que cela change quoi que ce soit si on attend le bus suivant ? Quel impact ça aurait de ne pas avoir de billets ? Quelles sont les conséquences des abus de fraudes au Japon pour les salariés ? Le système entier ?...

Elle reprend son souffle. :

-Euh... Pardon. ...J'aimerais qu'on prenne le temps d'avoir des billets valides... S'il-vous-plaît.

Dans son esprit, une phrase terrible lui revient, la première qui l'a foncièrement blessée mais en même temps, permis de ne pas mourir de faim... Tout travail mérite salaire. Mais son visage ne montre rien ; il se contracte dans un sourire, imité d'un autre miroir aux canines plus proéminentes que les autres, pour rassurer, faire croire qu'elle n'est pas inquiète peu importe ce qui arrive. :

-Et puis c'est l'occasion pour moi de voir comment on fait ! Entraîner mon japonais aussi.

...Elle sait qu'elle n'ira pas loin, elle n'a eu le temps d'apprendre que quelques formules de politesse, mais c'est une excuse comme une autre.

Est-ce que j’ai déjà écrit quinze fois le début de ce poste sans m’en trouver satisfaite ? Oui. Alors il est ddes jours où il faut se lancer et accepter que rien n’est parfait. Il y a beaucoup de questions, et si les réponses pourraient venir avec le temps et une dépense de pouvoir non négligeables, les gros yeux d’Ashton et la demande de Justine scellent leur destin et leur choix éthique.

« Je ne sais pas mais va pour les billets ! »

Ce n’est pas comme si elle ne pouvait pas se le permettre, mais toute économie constituait un pécule qu’elle peut envoyer en Côte d’Ivoire à sa famille. Radine ? Sans doute trop. Les tickets sont rachetés, le bus est pris. Et le temps va avancer très vite par le pouvoir de la narration.

« On descend là ! »

Elle en était certaine et devant eux derrière l’arrêt de bus qui ne portait même pas d’abri, signant le manque de place de la capitale nippone, ou peut-être la régularité de ses transports. Les bâtiments les écrasaient de leurs imposantes devantures mais pas de leur hauteur. Les plus hauts ne mesurant tout au plus que trois étages, des tissus aux dessins somptueux marquaient l’entrée de nombreuses devantures en bois, et des pancartes aux inscriptions qu’elle devinait en kanji sans réussir à toutes les déchiffrer encombraient l’avenue. Elles n’avaient d’yeux pour regarder partout. Au dessus de la maigre foule bravant la chaleur de ce milieu d’après-midi, on pouvait percevoir le brouhaha diffus des conversations entre climatiseurs, promesse d’échoppes fraiches.

« Il y a plusieurs bijoutiers dans la rue, il nous suffit de nous promener… » dit-elle quand elle eut fini de contempler, cette rue atypique auxquelles les photos ne savaient rendre hommage.