Le footing c'était un moment de la journée que Senri appréciait, ce moment entre la nuit et le jour, où tranquillement les choses s'éveillent. ET SURTOUT LES MUSCLES. Maintenant qu'il était remit, il pouvait de nouveau dépenser son énergie comme il l'entendait. Ces derniers temps il avait été de nombreuses fois réprimander sur son comportement, et si il avait accepté les remontrances à chaque fois, il ne trouvait pas de raisons à pourquoi il faisait autant n'importe quoi.

Est-ce qu'il y réfléchissait pendant son footing ? PAS LE MOINS DU MONDE. Non tout ce qu'il voulait c'était se dépasser et se muscler toujours plus. Le Centre avait été une sacré épreuve en elle-même, mais c'était surtout l'après qui avait été dur. Voir Aaron et Nana dans cet état l'avait énormément fait culpabiliser, il s'était trop reposé sur eux.

C'est pour ça qu'aujourd'hui, il avait décidé de faire son footing. Mais sur les mains.

Mais alors qu'il courait, il aperçut la silhouette d'un garçon, qui courait lui aussi. Galvanisé par l'effort et la sueur, Senri poussa les foulée (est-ce qu'on parle de moulé quand on est sur les mains ?).

- EH SALUT COMMENT CA VA TOI TU COURS, C'EST SUPER. COMMENT CA VA ??

Le garçon sembla accélérer, alors, Senri fit une petite pirouette pour se remettre debout et continua en foulée (sur les pieds).

- TU COURS SUPER VITE DIS DONC.

Il fit une petite roue, pour ne pas que ses bras se ramollissent, mais surtout pour flex.

- DIS DONC CA T’INTÉRESSERAIT PAS DE REJOINDRE LE CLUB DE VOLLEY T'ES GRAND.

Miguel s'étira avant de partir, à grandes foulées, dans la pénombre du petit matin. Il fait froid. Il a cette espèce de maillot moulant, en matière anti-transpirante, qui le couvre jusqu'au cou avec le col, jusqu'aux poignets avec les longues manches. Donc être couvert pour supporter l'air froid, mais pas trop pour baigner dans son jus... Poésie bonjour. Direction les grilles. Quelques arbres, un immense portail... et parfois un géant dont il se rappelle la présence, le jour où ils ont été emmené ici, sa pequeña et lui. L'entrée est surveillée et il y a des caméras. Des rumeurs d'un bouclier, d'une technologie que détient une Master -une certaine Mitsuki. Entrer, comme sortir, demande des ressources qu'il n'a pas. Donc, s'il veut récupérer Brad et Liz, il est obligé de passer par les membres de Terrae. Il était en train d'y réfléchir -manipulation ? par force ?... non il fallait être plus subtil avec ces gens- quand il a vu-

...Minute c'est quoi ce truc ???

......Une créature a échappé au confinement ?... Dites-lui qu'il y a un endroit à Terrae qui confinent ce genre de- truc ?!

Un terraen qui court sur les mains. Qui court. Sur les mains. Miguel serre les dents et inspire fort, une grimace typiquement latino. Si je l'ignore, tout va bien se passer.

- EH SALUT !

Fuck.

Miguel accélère parce que, non. Non il a pas le temps de faire copain avec des tarés chauves qui courent avec LEURS MAINS. Bordel de merde. :

- TU COURS SUPER VITE DIS DONC.

PAS ASSEZ VISIBLEMENT ¡MIERDA!

Alors Miguel accélère, faisant de plus grandes foulées pour échapper au SCP-3199, qui se décida à courir de manière plus conventionnelle, non sans se la péter d'une petite figure de gymnastique. La créature chauve suit son rythme et lui demande s'il peut rejoindre... le club de volley. Alors... Putain de quoi ? D'abord. Ensuite. :

-Non.

Ça a le mérite d'être clair...

- Ok pas de soucis, bonne journée.

Senri était à peine en train de s'essouffler, alors qu'il continuait à côté du jeune garçon. Un petit temps passa, durant lequel les jogger avalèrent quelques kilomètre.

- Tu veux pas genre essayer de sauter ? Parce qu'au volley, c'est hyper important de sauter, genre haut.

Et, il accéléra la cadence pour réaliser un grand saut, en smashant l'air.

- Genre un peu comme ça tu vois. J'suis sûr tu serais fort.

Oh non, Senri n'allait pas le lâcher. Il avait clairement l'intention de garnir les rangs du club dont il était président. Et ce garçon allait en faire partie. Il l'avait décidé. Bon, il avait également décidé tout un tas d'autre chose qui ne s'était pas produite. Mais, par contre, il était certain qu'il ne finirait pas sa course seul.

- T'es nouveau, non ? J't'ai jamais vu. Je cours souvent ici, si tu veux je te montre des trucs. Genre LE GYMNASE.

C’est comme ça que se terminent les interactions sociales généralement non ? C’est ce qu’implique un « bonne journée » ou on lui a menti durant toutes ces années ?! NON ?... Alors… POURQUOI IL EST TOUJOURS LA ??? Miguel fit de son mieux pour éviter d’accélérer, de modifier sa trajectoire, d’être… « suspect »… Quand c’est l’autre chauve qu’est v’là suspect mais- mais-… ok cette rencontre est très étrange ok. Il ne sait pas quoi faire… Où sont les dealers de Tijuana, les révolutionnaires Colombiens, les gringos corporate en costard HM ? Ça, Miguel, il gère… Les évadés du zoo ? Non. Connais pas. Il veut pas connaître. Laissez-le tranquille. MIERDA.

Mais non, il insiste le bougre. Il veut le voir sauter. Il lui montre même comment faire, sans s’arrêter de courir, juste une petite accélération et l’autre smash dans le vide -à bonne hauteur, il faut le reconnaître tout de même. Miguel ne répond pas mais ça ne l’empêche pas de continuer ; le voilà qu’il veut lui montrer le gymnase, sans doute pour toujours plus l’enrôler dans son club à la noix. Type propagande volleyante, et ça a le don d’énerver Miguel qui pourtant, se contient. Il doit rester… aimable. Faire genre que c’est un bon élève pour que un, on lui foute la paix, et deux, qu’on l’autorise à chercher Brad et Liz avec les autres… Bon sang que Brad lui manquait d’ailleurs -oui il était relou aussi mais au moins s’il courait il ne pouvait PAS LE SUIVRE LUI.

Miguel décide donc de s’arrêter. D’un coup. Faisant crier le gravier sous ses semelles. Il lâche un soupir agacé, les dents serrés mais audible. Prends une inspiration et retrouve son souffle. :

-Écoute le vieux, j’vais pas te le faire dans toutes les langues mais c’est non. J’ai autre chose à foutre que de sauter comme un débile et courir après un ballon.

Il fait un geste de la main, désignant son corps. :

-Ça, c’est pas fait pour faire le mariole et épater une galerie de mongoles que ça fait bander de voir une équipe de gusses se renvoyer la baballe. Alors à moins que le but du match c’est de trouer l’équipe adverse avec une mitraillette, m’appelle pas. Ok ?

Balancé avec un sourire méchant, parce qu’il a pas le temps. :

-Et oui je suis nouveau, et j’ai déjà vu ce hangar pourrave que les gens d’ici appellent « gymnase ». Mais mon terrain, c’est pas le mètre carré délimité par des lignes colorées à la con. C’est tout Terrae. Je suis pas là pour la ballade alors lâche-moi, tocard.

Senri était tout à fait enthousiasmé par cette nouvelle rencontre. Et évidemment, il ne voyait à quel point ce n'était pas réciproque. Ce n'est que lorsque le cadet s'arrêta que Senri put ressentir l'amertume. Il arqua un sourcil.

- Le vieux ?!

Senri était-il vexé qu'on l'appelle ainsi, alors qu'il avait toujours été traité comme un gamin hyperactif et immature ? ABSOLUMENT PAS.

ENFIN ON RECONNAISSAIT SON STATUT D'AINEE.

Un sourire de fierté se dessina sur le visage de Senri, alors qu'il bombait le torse et croisait les bras. Bon, par contre, le gamin était insolent. Et puis soudain.

Tocard.

Le sourire de Senri disparu instantanément, pour laisser place à sa veine de colère.

- NON MAIS C'QUOI CE DELIRE. POURQUOI TOUS LE MONDE ME VOLE MON INSULTE, TOCARD ???

Il s'était mis à s'énerver un peu. Mais se rappelant son statut d'aîné, il s'éclaircit la gorge. Et pris un air, suffisant, presque dédaigneux.

- Et pourquoi tu veux faire du volley avec une mitraillette, tocard ? Tu vas crever la balle.

Et soudain, il réalisa.

- Ah mais, ouais. T'es novice, t'as pas de pouvoir. Normal. On fait pas que du volley en mode compet, avec les règles et tout. On en fait avec les pouvoirs aussi. C'est super marrant.

Alors qu'il se détendait un peu, il se rappela qu'il fallait un peu recadrer ce garçon.

- Par contre, moi j'suis pas un adulte qui va te faire de la démagogie, là.

Pédagogie, Senri.

- Tu critiques mon sport, minus ? Tu penses t'es mieux que tout le monde ? T'as pas besoin du gymnase ? Terrae, c'est ton terrain ?

Senri s'était approché, pour faire face au garçon.

- On va voir ça, tocard. ON VA FAIRE LES EPREUVES DE TERRAE !! Ca va être carrément mieux qu'une petite course. Si tu gagnes, je te lâche la grappe, si j'gagne tu rejoins mon club ! Partant, tocard ?

Le plan de Senri semblait bien rôdé. Cela dit, il ignorait absolument en quoi allait consistait "LES ÉPREUVES DE TERRAE". Mais, il trouverait bien.

Ohoh. Qu'est-ce qu'il a dit le chimpanzé là ?... Un truc à pas dire. Évidemment. Miguel serre les poings prêt à lui foutre un coup mais se détend presque aussitôt. Il ne peut pas mettre en péril son plan. Pas maintenant. Pas pour un singe. :

-A quel moment exactement j'ai dit que je me pensais meilleur hm ? NON exactement, je l'ai pas dit. J'ai dit que j'étais fait pour autre chose. Je te croyais juste bête, en plus d'être sourd, mais c'est évident maintenant. T'es un proto-fascite hein ? Le pouvoir du club t'es monté à la tête cabrón... Tu prétends être là pour les membres de ton club ou ceux qui veulent en faire parti mais t'en as rien à foutre des envies ou des spécialités de chacun. Tu veux juste profiter de ton système autoritaire et totalitaire, en faisant passer ça pour du populisme alors que tu veux juste priver de la liberté de chacun pour ton petit bonheur... MA liberté étant de ne PAS participer dans vos p'tits clubs, quel qu'il soit. D'ailleurs vouloir priver quelqu'un d'un mot juste parce qu'on le clame comme le notre, ça fait très "heures sombres de l'histoire". Qu'est-ce que tu vas faire, cher PÉDAGOGUE, m'envoyer la Einsatzgruppen au cul ?

...Euh ok c'est un peu beaucoup là mais en gros... Miguel vient de traiter Senri de nazi. D'ailleurs il enchaîne en se penchant un peu en avant, comme s'il parlait à un enfant. :

-Je veux pas rejoindre ton club. Je veux pas faire tes épreuves de Terrae. Tu veux jouer à la balle ? Tu veux te sentir important ?

Miguel crée une boule de flammes... bien loin de celles qu'il pouvait faire fût un temps. Elle a à peu près la taille d'une balle de tennis, impressionnant pour un Initié tout récent, mais extrêmement frustrant pour lui. Et toute cette frustration, il l'a armé dans son bras pour envoyer la "balle" enflammée aussi loin que possible... en direction d'arbres et d'arbustes. :

-Va chercher.

L'adolescent en face de lui s'était mis à débité tout un tas de mot. Senri plissa les yeux, plissa le front, c'est finalement tout son visage qui devint un pli.

- J'ai rien compris.

En réalité, il avait peu compris ce que Miguel essayait de dire, mais le ton était assez équivoque. Senri aurait pu se dire que ce jeune adolescent plein de colère lui ressemblait beaucoup à être très en colère, contre, un peu tout. Mais, l'Etoile ne pouvait même pas, ne serait-ce qu'envisager un point commun entre eux.

Déjà, parce que Miguel avait des cheveux.

Et puis qu'il était feu. Quand l'adolescent matérialisa une boule de feu, assez conséquente, Senri arqua un petit sourcil. Sans se défaire de son expression colérique habituel, il eut un sourire. Ce qui donnait l'impression qu'il prenait une expression suffisante et arrogante.

- Ah bah, finalement, t'es pas novice.

Une éclair se mit à courir contre l'épaule de Senri, pour filer en ligne droite et toucher la boule de feu en son centre. la dispersion dans une détonation, légère mais sonore.

- J'ai plutôt l'impression que cherche à te sentir important, là. En utilisant tes mots bizarre, là. Proto-chépaiquoi. Mais t'es pas très concentré, j'ai dis que j'serais pas pédagogue.

Il croisa les bras contre son torse, toisant Miguel de haut.

- Alors, c'est qui, qui est sourd, tocard ?!

C'était impressionnant comme Senri se sentait fier d'avoir mouché un adolescent de cinq ans son cadet, tout de même.

Il a rien compris. Étonnant -c'est un sarcasme. Mais son expression change et à peine la boule de feu quitte la main de Miguel, il aperçoit les éclairs qui filent dans sa direction. Son autre bras se lève alors, s'arque et à défaut de diriger la détonation, repousse le gros de la chaleur de chaque côté de lui, comme s'il fendait l'explosion. Il tend son bras, un peu de fumée accrochée à lui, comme s'il brûlait de l'intérieur. :

-Effectivement, j'ai dit que j'étais nouveau. Pas novice.

Et le singe veut lui renvoyer la balle. Comme quoi c'est lui qui veut se sentir important... Miguel... lève les yeux au ciel. Il sait pas ce qu'on les gringos à croire que tout le monde veut se sentir au dessus des autres, mais c'est un schéma qui se répète chez ceux qui ont vécu dans une société dite "développée". Il soupire. :

-Aaah, excuse-moi je croyais que tu étais ironique... Tu sais... Dire le contraire de ce que tu veux faire entendre ? Mais si tu n'as pas compris ce que j'ai dit, j'ai juste surestimé tes capacités.

Miguel est calme mais ça faisait longtemps qu'il n'avait pas eu autant des envies de meurtres... Pourtant, son désir d'accomplir son plan et sauver le reste de son équipe surpasse cette envie futile. :

-Fini ? Bien. Maintenant le tocard sourd qui se croit important à des choses à faire, وَدَاعًا...

Discuter avec des gens qui ne comprennent pas, c'est pas son rayon. Il ne servait que bien peu aux missions d'infiltrations parce qu'il n'avait pas le charme de Brad, le jeu d'actrice de Liz ou la détermination d'Aylan à obtenir ce qu'il veut de quelqu'un d'autre. Miguel se débrouille pour se servir. Alors Miguel se casse, en marchant, mains dans les poches.

Oui, bon, peut être que Senri n'avait pas tout à fait prévu le fait que dissiper une boule de feu de cette manière allait dégager une forte vague de chaleur. Il serra un peu des mâchoire pour s'efforcer de ne rien laissait paraître, mais déjà, quelques goutte de sueur coulaient de son crâne. Il se racla la gorge.

- Hm, c'est bizarre, tu as dû avoir tes pouvoirs vachement vite. Pas mal. Pour un nouveau.

La remarque sur l'ironie arracha un soupir d'agacement à Senri. Et il secoua la tête, tout en se tournant, pour commencer à marcher à côté de Miguel l'air de rien.

- Mais, j'comprends pas c'que vous avez avec l'ironie. Genre, si tu veux dire un truc, pourquoi tu le dis pas direct ? C'est trop casse tête à comprendre, après.

Cette remarque avait eut le don de déplacer la colère de Senri contre autre chose que contre Miguel. Néanmoins, ce n'est pas pour autant qu'il comptait lui lâcher les basques.

- Par contre comment ça tu m'as surestimé ??? JE SUIS LE PLUS FORT OK ??? J'connais p'tet pas tes mots bizarre, prototisme là, mais, j'connais plein d'autres trucs, hein.

Il mit un instant pour réfléchir.

- Genre, la boxe, la muscu, le volley, bref un peu tous les sports quoi.

Second temps.

- Pis, j'crois c'est tout.

Troisième temps.

- Ah non, j'suis un spécialiste de tous les pouvoirs, aussi. J'les ai tous maîtrisés, après tout.

Là, on aurait pu y avoir de la vantardise, mais pas tant. Évidemment, tout son discours avait pour objectif de mettre en valeurs ses savoirs, mais la mention des pouvoirs rejoignait la liste de ces derniers.

Miguel s'éloigne sans commenter, si ce n'est un énorme soupir devant la... simplicité du bonhomme. Dans d'autres circonstances il aurait pu en profiter pour soutirer des informations, mais devant son incompréhension totale de mots pourtant basiques, il se doute qu'il puisse apprendre quoi que ce soit sur Terrae et ses points faibles... et puis c'était pas ses méthodes. Donc oui, il était totalement parti pour l'ignorer, rentrer se doucher et reprendre ses activités habituelles...

...jusqu'à sa dernière remarque.

Immobile, Miguel réfléchit vite. Il doute qu'effectivement le singe chauve soit un quelconque spécialiste des pouvoirs. De TOUS les pouvoirs. Mais Miguel sait ce qu'est l'Éclipse, il en a subi les frais. Mais ce guignol sait, et il est certainement Étoile. Et pourquoi en parle-t-il ? Pour le convaincre absolument de rejoindre son club à la noix ? Peut-être. Ou juste se mousser un peu. Avoir un plus jeune en train de l'admirer et de le respecter. Erg. Pathétique.

MAIS- Mais... Peut-être suffisamment crédule pour obtenir quelque chose ; un avantage qu'il pourrait ressortir de sa poche en cas d'urgence. Miguel pivote d'un coup. :

-Maîtrisés hein ?... Donc tu es juste lent intellectuellement. Ravi de l'apprendre. Je n'ai pas pu les apprécier à leur juste valeur puisque j'avais... plus ou moins l'interdiction de les utiliser lors de l'Éclipse.

Miguel fait genre il observe les alentours, Miguel fait genre il masse sa nuque pour montrer une vulnérabilité... Miguel fait genre il fait la moue comme un adolescent entêté pour obtenir ce qu'il veut. :

-Est-ce que c'était dur pour toi ? Changer de pouvoir ? Passer Étoile ?

- Eh vas-y par contre, redis chui con et je te démoli, tocard.

Visiblement Senri avait réussi à capter l'attention de Miguel. Il avait lancé sa "menace" de manière vraiment spontanée. Ce n'était pas vraiment une menace, ni dit sur un ton particulièrement menaçant. C'était plus une prédiction. L'expression de Senri ne changea presque pas en entendant la suite. Mais il arqua un sourcil en voyant Miguel s'arrêter et se gratter la tête.

Ses questions surprirent l'Etoile. Il prit un moment pour réfléchir. Avant de croiser les bras.

- Ça dépend. J'étais initié à l'époque, donc j'avais moins de contrôle. Mais en gros, je dirais qu'il y avait un mal physique et genre, mental. Tu vois ? Je suis sensitif à la base, et recevoir les émotions des autres, c'était durs, et tout. C'est un peu pareil pour télépathe, voyant et euuuh, bah c'est tout quoi. C'était un peu des pouvoirs qui s'imposent à toi, en mode bam, je te montre un truc, je t'ai fais entendre des machins. Ca rendait la vie vraiment dur au quotidien, au début, mais avec de l'entraînement, tu apprends à dresser des barrières contre ces nouvelles énergies. En fait, c'était comme se faire un claquage, puis reprendre la muscu. Sauf que là, c'était chaque mois.

Tout en parlant, il mimait ce qu'il disait, contractant son biceps pour illustrer son propos.

- Mais en soit, c'est déstabilisant ouais, mais ces pouvoirs tu les comprends mieux car ça se base sur les autres, tu vois ? Là, où mes pouvoirs préférés, c'était des trucs plus terre à terre. Et pourtant, bah ça détruisait mon corps, du coup, je pensais les maîtriser et en fait non, parce que je me cassais des trucs, je me cognais tout ça. Et aussi, la perception de l'énergie est pas pareil, mais ça c'est à cause des éléments, je crois.

Il refit une autre pause, pour concentrer un peu d'électricité autour de son bras.

- Tu vois, la foudre, c'est mouvant, ça bouge un peu partout, c'est un peu imprévisible. Bah, pour manipuler l'énergie moi c'était pareil. Le feu avait tendance à être un truc très fort que je devais contenir, l'eau c'était un peu des deux, fluide et incontrôlable. L'air, c'était super par contre, très malléable, parce que tu vois, y en a partout. La Terre par contre, un enfer.

Il se gratta lui aussi la tête.

- Donc, ouais, des fois c'était dur. Mais, on prends une grande inspiration et on s'entraîne. Pour s'adapter et que ça devienne tes pouvoirs, t'vois ? Parce que finalement, tu gardes la même énergie, c'est juste comment elle se manifeste qui change. Et... pour l'étoilisation, c'était bizarre aussi. J'ai utilisé plein de cristaux en même temps, juste après le rêve. Tu l'as eu aussi non ? Il parait qu'on pouvait changer de pouvoir avec, j'aurais trop aimé être téléporteur, pfff.

Bizarrement, dès que ça parlait de pouvoir, on n'arrêtait plus Senri. Il sembla néanmoins réaliser une chose.

- Attends, mais si tu as vécu l'Eclipse, tu es pas du tout nouveau !

Oh bon sang qu'il était barbant. Et long... Miguel n'en avait rien à foutre de son délire de mal mental ou physique et de ce qu'il se passait pour l'autre neuneu pendant l'Éclipse. Il avait besoin d'informations plus tangibles qu'il n'avait pas déjà. Il l'écoute, le regarde en train de contracter son biceps sans rien dire en retenant une furieuse envie de lui dire de fermer sa gueule et de répondre directement à la question qui l'intéresse vraiment. Mais Miguel sait qu'il doit rester patient. Savoir ce qu'on veut ; poser une question aléatoire pour donner l'impression qu'on s'intéresse à l'autre puis seulement, poser la question qui nous intéresse vraiment.

Dans ce blabla incessant, il note sa remarque sur la foudre qui bouge tout le temps, reste imprévisible... ...réflexion un peu bancale puisque l'air bouge aussi tout le temps et niveau impondérabilité on peut en dire autant du feu maiiis pour un système plutôt basique ça se tient.

ENFIN, il en vient au cœur du sujet ; l'Étoilisation. Le singe chauve avait réussi à le faire en utilisant plusieurs cristaux d'un coup. Miguel se gratte le menton. C'était risqué, il sait le potentiel pouvoir que détient ces cristaux et ça peut clairement le mettre en danger... Et dans le même temps, attendre que ce satané sceau pète de lui-même prendra trop de temps... Un temps que Brad et Liz n'ont pas. Toutefois un autre problème se dessinait à l'horizon ; est-ce qu'il arriverait à se faire assez d'amis pour lui prêter des cristaux ?... Il a vite compris qu'ici, c'était pas un commerce car offrir un cristal était une affaire personnelle. Du moins pour ceux qu'il a vu en circulation... Et prendre le risque d'en voler des plus conséquent ruinerait la première partie de son plan...

Miguel est sorti de ses réflexions quand le singe l'interpelle, comprenant enfin que quelque chose cloche... Il sourit, mauvais, remet les mains dans ses poches. :

-Oooh si bien sûr que je suis nouveau ! Tout frais d'ailleurs !... Arrivé en décembre... avec le reste des anciens soldats du Centre, gros malin.

Prochaine étape, mettre la main sur autant de cristaux que possible.

Alors que Senri venait de partir dans un exposé aussi long et précis que possible, son interlocuteur semblait, au moins un peu intrigué. Jusqu'à ce que Senri soulève l'incohérence de la récente arrivée de Miguel. Le sourire de ce dernier arracha un léger frisson à Senri, qui résonna avec la suite de sa phrase. Senri eut un soudain changement de visage et d'expression, ses sourcils se froncèrent, ses poings se serrèrent.

- Ancien soldat... Du Centre ?

Senri n'avait pas énormément de lien avec ces enfants. Ni particulièrement d'à priori contre eux. C'était néanmoins le terme de soldat qui le mettait beaucoup moins à l'aise. Il fronça un peu plus les sourcils en réalisant qu'il venait de parler de cristaux, et en se demandant, s'il pouvait réellement faire confiance à cette individu dont le comportement apparaissait d'une manière tout à fait nouvelle à Senri.

- Et pourquoi tu veux savoir tout ça ? Et surtout, comment ça se fait qu't'es ici ? La dernière fois que j'ai vu un gamin du Centre, j'lui ai montré qui était le meilleur tonnerre.

Il savait que l'enjeu des mission qui avait été mené étaient de ramené des enfants, mais le fait est que son interlocuteur semblait avoir déjà une allégeance envers le Centre. Insidieusement, Senri déploya son pouvoir de sensitif. Il était beaucoup plus habile à présent pour s'ouvrir aux énergies et capter les émotions d'autrui. Mais, en sachant que Miguel était déjà familier avec les énergies et les pouvoirs, il allait devoir être le plus discret avec son pouvoir pour capter les émotions et intention du Feu.

Le comportement du singe change. Miguel ne bouge pas, sinon pour hausser les épaules quand il lui pose des questions. :

-Ce que je veux sont mes affaires. Et ce que je fais ici, ben c'est votre idée hein. A moins que tu n'ai pas suivi le petit speech d'explications avant de t'envoyer en mission, et alors là, c'est ton problème.

Ce que Senri peut sentir est probablement une colère vive, constante, brûlante. Une rage sans fin qui couvre toute sa douleur. La tristesse parce qu'un petit, peut-être pas son équipier mais un pequeño quand même, s'est fait tabassé gratos par l'autre grand neuneu devant lui, peut-être qu'il était fidèle au Centre, complétement lobotomisé pour leur cause, testé comme beaucoup d'entre eux, ou peut-être qu'il ne faisait qu'obéir aux ordres de peur de la punition, de la mort. La peine de ne pas avoir pu faire plus, sauver plus, avoir compris plus tôt ce qu'il se passait, avoir perdu le reste de son équipe, les siens, et être enfermé ici sans moyen, prisonnier jusque dans son propre corps avec ce sceau qui semble le ronger chaque jour. La souffrance qu'il s'inflige à chaque seconde, comme des milliers de dagues qui le transpercent dès qu'il est éveillé.

Mais il est toujours debout, tranquille, contraste absolu de ce qu'il ressent à l'intérieur... Avec son petit sourire aux lèvres et ses mains dans les poches. :

-En tout cas, merci pour ta contribution. Non, je ne rejoindrai pas ton club. Promis, je ferai pas de bêtises. J'ai compris, c'est bon. lâche-t-il en levant les yeux au ciel.

Il veut juste sauver Brad et Liz. Et qu'on le laisse en paix.

Senri ne put camoufler sa grimace en sentant la colère vive, assourdissante de l'adolescent face à lui. Peut être que Senti aurait pu le comprendre, après tout, la colère, malgré les raisons, reste de la colère. Mais justement, elle ne s'explique, ni ne se comprend.

Qui plus est l'attitude narquoise du Feu acheva de mettre Senri en colère.

- Comme si toutes les missions tournaient autour de sales gosses avec trois pouvoirs qu'ils maîtrisent pas.

Senri était de mauvaise foi. Mais peut être était-ce parce que, d'une manière ou d'une autre il avait entendu le dégoût du sceau de son jeune interlocuteur. Pour Senri aussi, le sceau gênerait de la frustration. Mais la frustration de l'effort. Cependant, ça lui était insupportable que ces efforts soient tourné en ridicule. En particulier par un gamin de 12 ans dont les pouvoirs lui offraient une possibilité infinie. Néanmoins, le sceau servait de garde-fou, de cadre. Sans lui, nul doute que Senri aurait dû été consumé par ses propres pouvoirs.

Le remerciement de Miguel sonnait faux. L'étoile serra les dents.

- Ouais, c'est ça. J'garderais un oeil sur toi, tocard.

Puis d'un seul coup, il se rappela de quelques chose.

- EH ATTENDS. Une scientifique du centre qui se fait appeler "Maman" ça te dit quelque chose ?