Ce soir, j'avais envi de dessiner. Comme souvent. Les paysages nocturnes m'inspiraient. Etant donné que nous étions en hiver, la nuit tombait plus tôt. Tout de suite après avoir quitté les cours, qui n'étaient pas spécialement interressants lorsqu'on ne pouvait pas participer, je me dépêchait d'aller dans les dortoirs pour poser mes affaires de cours et prendre celles de dessin. Lors de ma visite, j'avais repéré un petit endroit orienté vers l'ouest. Parfait pour dessiner en fin de journée par n'importe quel temps. Ou presque. Je m'activais pour arriver au champ de fleur avant la tombée de la nuit. J'avais prit une lampe de poche si jamais je décidais de rentrer alors que la nuit tombait. J'avais pris mon sac à dos en sachant très bien que la plupart des choses à l'intérieur seraient inutiles. Mais je n'avais pas le temps de trier, je pris mon sac et me dirigeais vers le champ.

Une fois arrivée, j'essayais de trouver un endroit qui n'avait pas été attaqué par la pluie et où je pourrais m'asseoir sans être trempée. Je m'assis sous un arbre, probablement un pin, qui me protégeait des derniers rayons de soleil de la journée, bien qu'ils ne soient pas forts. Le paysage était magnifique. Le ciel était couvert mais on pouvait appercevoir des petits rayons orangés qui se reflettaient sur les quelques petites fleurs qui n'avaient pas encore succombées au froid de l'hiver. Je pensais qu'elles auraient peut-être une chance de survie, mais ces temps-ci le vent était fort et ça m'aurait étonnée que les pétales résistent bien logtemps.

Je sortais mes affaires, feuilles et crayons, et mon mp3. Je mettais de la musique douce jouée au piano pour dessiner. Cette musique m'inspirait et me reposait. Elle me faisait tout oublier.


HRP: voila ce qu'elle écoute ^^

Spoiler:

La nuit était de plus en plus sombre. Bizarrement, je ne m'inquiétais pas. J'étais une habituée de la nuit. Mais je sortais quand même ma lampe de poche pour voir un peu mieux ce que je dessinais. A un moment, quand je ne m'y attendais pas, une grande silhouette se forma devant moi et me cacha les rares derniers rayons de soleil. C'était un jeune homme. Il avait une tête bizarre. Ses cheveux rouges faisaient un peu peur et ses yeux ressemblaient à ceux d'un chat. Il retira ses écouteurs et sourit... Bizarre. Je le regardais de travers, prête à me défendre si c'était nécessaire. J'enlevais à mon tour mes écouteurs. Il s'était approché doucement, comme si il voulait me prendre par surprise. Il me dit:

- C'est très joli...

Mais il me voulait quoi à la fin? Et il regardait quoi, là, penché au dessus de moi? C'est pas pour dire, mais il avait une belle vue dessus de là où il était! Je pensais pas que dans cet institut il y avait aussi des pervers ! Sérieusement, il m'énervait avec son regard bizarre et son sourire ! Je ne pouvais plus supporter les regards qu'il me lançait. Je rangeais mes affaires et me levais. OK, même pas peur. Juste une tête de plus que moi. Et en plus, il me faisait encore cette tête ! Je ne pouvais plus tenir et il se reçut un coup de poing en plein dans le nez envoyé par ma main gauche. Il l'avait mérité ! J'avais tapé de toutes mes forces et il était tombé même... Trop forte ! J'avais dû lui faire bien mal !

Après que je l'ai frappé, c'était plutôt drôle de le voir tomber. Il se frottait le nez en souriant... Il devait être maso en plus ! Il se moquait complètement de moi ! J'étais en train de partir, et là, il me dit avec encore un sourire :

- Désolé, il semblerait que je t'ai fait peur...

Moi? Peur de lui? Il se fichait royalement de moi ! Je lui écrivait rapidement sans m'embêter à m'appliquer sur mon écriture:

-Ne crois pas que j'ai peur de toi espèce de pervers ! Et tu t'es lamentablement ramassé en plus !

Je me demande pourquoi j'avais pris la peine de l'écrire en polonais, japonais et anglais ! Et il se relevait en riant comme un idiot. Mais mes gentilles petites pensées avaient repris le dessus. Je ne sais pas pourquoi, mais je me sentais coupable de l'avoir frappé, maintenant. Non mais j'étais vraiment bizarre ! Et là, comme si il voulait s'en persuader lui-même, il me dit :

- Je te promets que je ne te veux aucun mal!

Il avait vraiment l'air d'un idiot à lever les bras comme si il avait peur que je le tue ! Je lui écrivais rapidement et sans m'appliquer, tant pis si il n'arrivait pas à me relire:

-Je suis désolée de t'avoir frappé, mais je voudrais bien savoir ce que tu me voulais à la fin ! Et tu regardais quoi tout à l'heure?

En lui montrant le message, je lui lançait un regard noir pour lui faire coprendre qu'il ne fallait pas m'embêter.

- Je suis pas un pervers! Je regardais ton dessin!

J'aimais mieux ça. Mais je n'avais toujours pas confiance en lui. Il devait me prendre pour une folle. Mais une fille a bien de quoi flipper la nuit quand un mec un peu louche viens la voir ! Et puis il aurait pu dire "Il est beau ton dessin". Il supportait pas le froid, je le sais, je l'ai vu mettre ses mains dans ses poches. Il avait l'air gêné que je l'ai traité de pervers. Et en relevant la tête vers moi, il dit:

- Je suis un artiste en herbe, alors j'aime bien rencontrer les personnes comme moi! Enfin, moi je chante...

Alors comme ça il chante? Et si il est venu me voir c'était juste parce qu'il aimait rencontrer des gens qui ont un certain talent artistique? J'étais rassurée de savoir que c'était juste ça. Je soupirais de soulagement. Je lui écrivais un peu plus lentement et mieux, toujours en trois langues :

-Je suis désolée de t'avoir traité de pervers. Et tu m'as dit que tu chantais, alors tu peux chanter s'il te plait?
Et après, je lui montrait mon cahier pour lui demander quelle langue il lisait. En esperant qu'il comprenne ce que je lui disait. Ou plutôt ce que je lui montrait. Et j'esperais qu'il accepterais mes excuses, c'est vrai que je n'avais pas été très gentille avec lui. Je lui griffonait rapidement sur un coin de ma page:

-Au fait, je m'appelle Alice et toi?

Je me rendis enfin compte que si elle se donnait la peine d'écrire ce n'était surement pas pour rien, surtout vu le temps. Elle devait être... Muette? Je n'osais pas lui demander, j'avais peur d'être indiscret.
Si elle voulait que je lui chante quelque chose, j'allais pas me gêner. J'adorais ça, et j'esperais lui offrir un bon moment grâce à ça! Et puis j'étais tellement heureux qu'elle ne me prenne plus pour un pervers que j'aurais pu lui offrir n'importe quoi pour la remercier. Avant que je ne commence à chanter, elle indiqua les trois trucs qu'elle avait écrit, j'en déduis qu'elle voulait savoir dans quelle langue écrire. Je lui montrais du bout du doigt le passage en Japonais, incapable de savoir dans quelle langue étaient les autres... Oui, je savais parler anglais, mais j'avais pas appris à lire les romanji! Elle écrivit à nouveau, me donnant son nom. Joli nom d'ailleurs! J'aimais beaucoup les noms anglais, comme le sien!

- Joli nom! Moi c'est Mugen! Et pour te remercier de ne pas continuer à me prendre pour un pervers, je veux bien te chanter quelque chose.

Je lui offrit un de mes plus beaux sourires. Avant de me remémorer une de mes nouvelles compositions. Ce n'était pas la meilleure, mais je l'aimais bien. Je fermais doucement les yeux, et me mis à chanter, laissant passer toute ma joie. J'étais heureux d'être ici avec elle, parce qu'elle avait l'air gentille au fond. Elle avait surement eut juste peur de moi et s'était emportée, je pouvais comprendre même si ça me vexait encore un peu, je devais bien l'avouer. Et puis, elle ne savait pas parler.... Alors je mettais toute mon âme dans mon chant, pour que mes cordes vocales agissent pour deux!

Ce qu'il chante :

Spoiler:

Il m'avait indiqué que je devais écrire en japonais. Ce qui me faciliterais la tâche. Mais je m'excusais d'avance pour les quelques petites fautes que je pourrais éventuellement comettre puisque le japonais n'est pas ma langue natale. Il semblait heureux que je lui ais demandé de chanter. J'avais envi de l'entendre, comme il m'avait dit qu'il était lui aussi un artiste. Et quand je lui avais donné mon prénom et demandé le sien, il me répondit:

- Joli nom! Moi c'est Mugen! Et pour te remercier de ne pas continuer à me prendre pour un pervers, je veux bien te chanter quelque chose.

Il me souriait, mais ce n'était plus le même sourire. Celui-là était joyeux, amical, chaleureux. Il essayait de se souvenir d'une musique et il se mit à chanter. Il avait fermé les yeux, il chantait avec passion. Et il avait une belle voix. C'était agréable de l'écouter chanter. Et puis j'avais envie de dessiner. Sa musique m'inspirait. Dès qu'il eut terminé de chanter, je lui fit un grand sourire en l'applaudissant et je lui écrivais:

-Tu chantes vraiment très bien ! Ta musique m'a inspirée. J'ai envie de dessiner, on va s'asseoir?

J'avais encore envi de l'entendre chanter. Et je voulais dessiner.

Il était très gentil. Je m'en voulais de l'avoir traité de pervers. Il était galant, et il chantait bien. On s'assit par terre. Il était content que sa musique me fasse plaisir. Il ne chantait apparemment que pour faire plaisir aux autres, et à lui-même je suppose. Il s'était installé de façon à avoir chaud. Et il me demanda :

- Je me demande quel genre de dessins je pourrais t'inspirer...

Je mis un certain temps à répondre. Je ne savais pas trop. Mais en fait, la réponse était évidente. Je dessinai presque tout ce que je voyais. Et la dernière chose que j'avais vue, c'était lui. Alors je lui écrit tranquillement:

-Ca te dérange si je te dessine?

J'esperais qu'il allait être d'accord.
J'avais trop chaud avec mon pull donc je l'enlevais. Je me retrouvais juste avec un gillet assez fin. Il me donait chaud avec son gros manteau. Cet air frais me faisait énormément de bien. Aussi, je lui écris :

-Et tu pourrais me chanter autre chose s'il te plait pendant que je dessine?

J'étais contente. Je souriais. J'étais contente de pouvoir mener ma petite vie nocurne sans être enfermée dans la solitude.

Il était d'accord pour que je le dessine, et aussi pour me chanter une autre chanson. Il avait fait apparaitre un peu de feu dans ses mains, probablement pour les réchauffer. Il souriait presque constamment. Il était flatté par ma demande. Et il avait l'air encore plus heureux que je lui demande de chanter. En même temps, ses musiques faisaient partie d'un autre monde par rapport aux musiques instrumentales au piano que j'écoutais souvent. Enfin, tout le temps. J'aimais bien sa voix. Comme à la précédente chanson, il avait fermé les yeux. Il s'était redressé pour mieux chanter. Il avait l'air passionné par le chant. Je lui écrivais un petit message lorsqu'il avait fini de chanter:

-Tu as vraiment une belle voix. J'aime bien t'entendre chanter.

On se faisait des sortes d'échanges de sourires. Je le dessinais en souriant, un peu éclairée par le feu qu’il avait fait apparaitre. Son feu n’était pas le même que j’avais vu à mon arrivée. En même temps, il n’essayait pas de me l’envoyer dessus.
La nuit était réellement tombée. Je regardais ma montre. Il se faisait vraiment tard, il était plus de 23 heures. Mais pour moi, c’était une habitude de ne pas dormir à cette heure-là. Et je n’avais pas terminé mon dessin, je n’avais fait que le crayon. Et je ne comptais pas me coucher avant d’avoir fini. Je lui écrivais :

-Tu es fatigué ? On dirait que tu vas t’endormir.

Mais au fond de moi, j’espérais qu’il pouvait encore tenir le temps que je finisse mon dessin. Personnellement, j’étais en pleine forme.

Je lui griffonnais un petit "merci" parce qu'il voulait bien rester. Il se concentrait sur ses flammes qui bougeaient dans tous les sens. Il me faisait de la lumière, c'était gentil. J'échappais aux dortoirs. Je préférais rester seule avec lui plutôt que de devoir rejoindre les autres filles qui ne faisaient que se disputer et parler de mode et autres trucs ininterressants pendant toute la nuit.
C'était plus agréable d'être dehors, et puis l'air frais me faisait beaucoup de bien. Par contre, Mugen semblait avoir froid. Je repassais les traits de mon dessin au stylo pour pouvoir gommer le crayon ensuite. Et je cherchais les couleurs qui pourraient bien correspondre. C'était plutôt des teintes sombres puisque la luminosité était faible. Je faisais en sorte de bien réussir mon dessin. Je me rapprochais un peu de lui pour avoir un peu plus de lumière. Je continuais mon dessin. J'avais remis ma veste, je commençais à avoir vraiment froid. En même temps, son feu était une bonne source de chaleur. Mon cou était gelé, je n’avais pas d’écharpe, mais au moins la marque qui y était présente ne me brulait pas, ce qui était bon signe. Je profitais de ce moment. Je lui écrivais un petit message :

-Pendant combien de temps as-tu réussi à rester éveillé au maximum ? Moi une semaine mais après j’avais bien dormi.

J'étais fière de ma performance pas très interressante. Je lui souriait. Je me demandais si il avait réussi à faire plus que moi en matière de dormir peux. Seules deux heures me suffisaient pour me faire une nuit complète. Je n'aimais pas dormir.