Bien que vague, la réponse de Mitsuki était sensée. Le jeune homme allait donc bel et bien devoir faire ses preuves avant de pouvoir prétendre au titre d'initié. Il se demandait quand même sur quoi les masters se fondaient pour juger de ça, après-tout ils n'étaient pas omniprésents du moins, pas à sa connaissance... peut-être se baisaient-ils sur leur comportement en cours ? Ou alors, certains avaient la capacité de voir leur présent, leur futur, à travers des sortes de visions. Encore une question qu'il devrait poser à la bonne personne.

"Je vois, et t'en es à quel niveau toi ?"

Peut-être que le mot "niveau" n'était pas vraiment adapté, mais n'étant pas encore familiarisé avec le fonctionnement de cet institut, Kyzen tâchait juste de se faire comprendre avec ses mots. Lorsque Mitsuki lui annonça qu'elle serait déjà partie si telle avait été son envie, cela suffit à convaincre le jeune homme qu'elle n'agissait pas à contre-coeur, l'étudiante avait l'air sincère. Sa réaction amusa beaucoup Kyzen, il s'écria tout en se marrant à moitié :

"C'est vrai, tu as raison."

La jeune femme parut un brin mélancolique lorsque Kyzen la complimenta sur son prénom, comme il ne connaissait pas son passé, l'étudiant ne pouvait pas comprendre. Il était tout de même rassuré de voir qu'elle avait cessé de le prendre pour un fou ou un truc du genre... après tout dans le fond, c'était plutôt un mec sympa ! Quand Mitsuki avoua ne pas connaître la signification de "Kyzen", celui-ci afficha un faux air indigné et répondit :

"Vraiment, même pas une petite idée... ?"

Le jeune homme esquissa un sourire avant de poursuivre :

"En fait, à la base, mon prénom s'écrit K-I-Z-E-N. Peu de gens le savent, je l'ai modifié pour des raisons de prononciation. "Ki" ça le fait moins que "Ky" tu vois ? Bref'... Ki signifie "énergie vitale" et Zen, "méditation silencieuse". C'est à la fois complémentaire et paradoxal, d'une certaine manière, je pense que ça me ressemble un peu."

L'enthousiasme de Mitsuki devait être contagieux, le jeune homme ne perdit pas une seconde pour la suivre, il lui emboîta le pas de près dans l'intention d'avancer à côté d'elle. Cependant, la jeune femme ne lui laissa pas l'occasion de la rejoindre. Vivement, elle fit volte de face et se jeta sur lui pour agripper son bras. A peine eut-il le temps d'afficher un air surpris doublé d'un regard plein d'incompréhension, que Kyzen se retrouva devant les dortoirs, toujours en compagnie de Mitsuki. Mitsuki... que venait-elle de faire ? Sur le moment, Kyzen ressenti un étourdissement comme s'il venait de tourner très vite sur lui même. Voyant l'air ravi de l'étudiante, Kyzen se reprit aussitôt et la félicita même :

"Merci Mitsuki, c'est carrément mieux que le taxi ! T'as encore beaucoup de tours dans ton sac ?"

Il fallait admettre que c'était carrément excitant, ce pouvoir procurait une telle liberté... ça laissait Kyzen rêveur. Un temps du moins, car après avoir jeté un rapide coup d'oeil au dortoir, le jeune homme fut tout de suite ramené les pieds sur terre. La dur réalité ce tenait là, devant lui : des rangés de lits, certains étaient défaits, d'autres dégageaient une forte odeur de transpiration. Kyzen imagina ce que ça pouvait donner en pleine nuit : les ronflements, les gens qui ne cessent de se retourner dans leur lit, ceux qui se lèvent pour aller aux toilettes... un véritable enfer. Le jeune homme songea qu'il dormirait mieux dehors, mais il devait au moins déposer ses affaires. Il se tourna vers Mitsuki pour lui dire :

"Si on était pas en plein hiver, tu peux être sûr que j'aurais préféré dormir dehors !"

L'étudiant s'avança non sans réticence dans la pièce qu'il espérait quitter au plus vite, ouvrant toutes les fenêtres au passage, puis s'arrêta au niveau d'un lit inoccupé. Kyzen déposa son sac et ses armes au pied dudit lit, avant de s'y asseoir au bord. Il releva alors la tête vers Mitsuki, avec un air de celui prêt à relever le défi.

*Au pire, j'ferais régner l'ordre par la force... c'est tout juste s'ils auront le droit de respirer ahah. Ils ont vraiment pas intérêt à m'empêcher de dormir !*

"Crois-moi j'vais pas m'éterniser ici. C'est con, j'peux même pas te proposer un truc à boire !"

Son ton et sa gestuelle laissaient penser que ça la gênait, bien qu'en même temps, Mitsuki n'avait pas l'air d'y attacher trop d'importance. Etant donné le caractère de Kyzen, il en déduisait un peu rapidement que l'étudiante devait avoir un niveau de débutante, sinon, elle se serait montrée plus enthousiaste non ? Après tout, le jeune homme n'avait aucune idée de la valeur attribuée au rang étoile. Lorsque Mitsuki conclut qu'il avait ruiné la signification de son prénom, Kyzen fronça les sourcils. Quand même, c'était plus profond ! Allait-il prendre la peine de lui expliquer que d'une part, c'était une amélioration phonétique et qu'en plus, ça lui permettait de cacher la véritable signification de son prénom ? Ce n'était pas une chose qu'il voulait donner à tout le monde. M'enfin, c'était dans sa tête tout ça.

"J'ai rien cassé du tout, juste agrémenté le mystère !"

Il avait des raisonnements bizarres souvent, personne n'était forcé de le comprendre. Enfin, c'était loin derrière eux tout ça, peut-être pas très loin dans le temps, mais plutôt dans l'espace. Les miracles de la téléportation... et puis, c'était le seul tour de son sac. Kyzen repensa à l'air détaché que Mitsuki avait adopté en lui annonçant qu'elle était étoile. Elle n'allait probablement pas le comprendre, mais ça partait d'un bon sentiment : il voulait l'encourager !

"T'inquiète Mitsuki-chan, ça viendra. Y'a un début à tout ! T'es peut-être limitée maintenant mais tu progresseras en t'entraînant."

Après tout, c'est comme ça que ça avait fonctionné pour lui. Du jour où il avait reçu son premier katana jusqu'à aujourd'hui, il s'était entraîné sans relâche et jamais en vain. Mitsuki lui expliqua ensuite que l'initiation souvent, ça arrivait assez vite. Bonne nouvelle ! Kyzen esquissa un sourire, pas mécontent du tout. L'idée de la cafet' n'était pas non plus pour lui déplaire, et puis ça tombait bien. Rien que d'y penser ça lui donnait faim.

"Surement pas ! C'est une excellente idée, ça te dérange pas si on y va à pieds par contre ? Parce que j'peux pas me téléporter moi, alors il faut bien que je mémorise les chemins."

Oui parce qu'en y réfléchissant, si Mitsuki le téléportait partout, Kyzen aurait beau connaitre tous les recoins de l'institut, il n'aurait aucune idée de comment s'y rendre. Pressé de quitter cet endroit, il récupéra ses deux sabres, et se dirigea vers la porte, prêt à suivre la jeune femme.

"Après-vous !"

Spoiler:

"Super, t'assures comme guide ! J'ai faim, j'ai soif... j'sais pas ce qu'ils proposent mais j'prendrais bien un truc épicé ! Et toi ?"

Kyzen esquissa un sourire. C'était pas désagréable de prendre l'air et oui, même en plein hiver. Kyzen suivait Mitsuki tout en marchant à côté d'elle, il observait brièvement les différents bâtiments devant lesquels ils passaient, comme ils portaient quasiment tous un écriteau, le jeune homme savait tout de suite à quoi ils correspondaient. Le jeune homme se voyait mal parler de tout et de rien, il préféra tenter d'en apprendre un peu plus sur son guide.

"Dis-moi, j'ai cru comprendre que t'avais rejoint cet institut depuis un petit moment déjà, qu'est ce qui t'a poussé à venir ici ? Moi un master est passé me voir y'a quelques jours, il était pas très clair mais, apparemment ils ne choisissent pas les gens au hasard, alors je me demandais ce qu'il en était pour toi."

Le cas de Kyzen était un peu particulier, il n'avait pas eu de réel traumatisme du moins, pas depuis quelques années déjà... le vide qui s'était créé en lui était comme un gouffre qui le rappelait à ses origines, car ses deux parents avaient appartenu à Terrae autrefois, et tout en lui le lui faisait savoir. Un peu comme si jusque là, il n'avait été qu'une moitié de quelque chose, l'initiation lui permettrait-t-elle vraiment de combler ce vide étrange ?

"Ça va c'est pas trop loin des dortoirs !"

Et c'était un point important pour Kyzen qui mangeait presque tout le temps ! Le jeune homme s'était arrêté devant l'entrée de la Cafétéria, lisant sur la porte les horaires d'ouverture. Alors il étaient fermés la nuit, rien d'anormal... mais l'étudiant pouvait toujours espérer non ?