Terrae, alors c’était donc ça l’endroit dans lequel on allait trouver une solution à mon problème. Une drôle d’atmosphère y régnait, c’était indéniable. Avant de quitter la maison de ma tante, j’ai emporté quelques affaires que je transportai dans un sac de sport, que j’avais jeté derrière l’épaule. Marchant dans la cour de l’institut, je réajustai mon bonnet qui était posé sur le sommet de mon crâne et pris la direction du dortoir des novices. J’avais entendu dire que quelques épreuves attendent les nouveaux venus avant que ces derniers ne soient affiliés à leurs classes définitives. Quoi qu’il en soit, je suis prêt, je n’ai peur de rien ni de personne. D’un air nonchalant, je franchis la porte du dortoir l’entrée principale et m’arrêta un moment. Pour un dortoir, ça me semblait bien calme. Ca n’est qu’une première impression, j’aurais l’occasion de découvrir comment tout fonctionne ici. Croisant d’autres étudiants sur mon chemin, je me suis mis à la recherche d’une chambre dans laquelle je pouvais m’installer. Sans réellement prendre le temps de chercher, je m’installai dans la première chambre que j’avais trouvée. Visiblement, il y avait déjà d’autres étudiants qui occupaient la chambre, mais il restait une place de libre sur l’un des lits superposés au fond de la pièce. Et en plus le lit du haut, parfait. D’un vif mouvement de bras, je jetai mon sac de sport au bout du lit et grimpa sur mon perchoir pour pouvoir me reposer un peu. Une fois installé sur mon lit, j’ouvris mon sac pour en sortir un petit carnet dans lequel j’écris mes chansons que je posai soigneusement à côté de moi. Je pris mon mp3, branchai mes écouteurs et j’étais parti pour quelques minutes dans mon univers…

* J’espère qu’on va vraiment pouvoir m’aider ici… Je n’ai pas de temps à perdre, Nakamura est toujours en danger et je ne sais pas ce qu’il m’attend ici. Autant leur montrer tout de suite à qui ils ont à faire. Je suis le meilleur et ils n’ont aucune chance. *

Je n’attendais pas que les autres étudiants me fassent des fleurs et m’accueillent à bras ouverts. Je ne devais pas me laisser marcher sur les pieds, quoi qu’il puisse se passer. Mais je dois également me concentrer sur mon objectif principal et ne pas le perdre de vue. Je reste malgré tout, curieux de rencontrer les personnes vivant ici depuis un moment. Quelles sont leurs histoires, ce qu’elles ont appris etc… Mais par-dessus-tout, j’avais hâte de faire mes preuves.
Après tout ce qu’il s’était passé peu de temps auparavant, je décidai de mettre à écouter les musiques des artistes qui influencent le plus mon style d’écriture. Je pris mon petit carnet et me mis à écrire de nouvelles compositions, attendant le premier contact avec mes semblables…

Alors que j’étais tranquillement allongé sur mon lit, écoutant de la musique, j’entendis du bruit et de l’agitation. La porte de la chambre étant entre-ouverte, je remarquai que certains étudiants s’enfuyaient en courant, visiblement des novices tout comme moi. Quelque peu surpris de ce qui semblait se passer, je décidai de me lever et d’aller jeter un œil dans le couloir. Sans plus attendre, je me redressai sur mon lit, effectuai une rotation d’un quart de tour pour me retrouver assis, les jambes dans le vide. Je pris appui sur mes mains pour effectuer un saut afin de descendre de mon lit. Une fois au sol, je pris la direction du couloir afin d’aller voir ce qui s’y passait. Je pris soin de faire glisser mon carnet dans la poche arrière droite de mon jeans et coinça le stylo derrière mon oreille, toujours du même côté. Tout en me dirigeant vers le couloir, je réajustai mon jeans qui tombait un peu trop bas et mon bonnet que je posai sur le sommet de mon crâne. J’attrapai la poignée de la porte de la chambre, la tira vers moi et fit mon premier pas dans le couloir. Alors que j’entrai à peine dans le couloir, un autre étudiant japonais prenait ses jambes à son cou, les bras encombrés de livres et de feuilles volantes. L’ayant vu détalé à vitesse grand V, je pensai encore :

*On n’est définitivement pas du même pays…*

Je me mis en direction de la sortie du dortoir pour aller profiter un peu du soleil dans le parc de l’institut. Mes affaires déposées, je n’avais plus vraiment de soucis à me faire. Alors que j’étais en route, je distinguai tout au fond du couloir, des étudiants rassemblés en groupe, l’air un peu paniqué. Plus je me rapprochai du groupe et plus il me semblait que quelque chose d’anormal se passait. N’étant plus qu’à quelques pas, je distinguai dès à présent parfaitement ce qui se passait. L’un des étudiants, visiblement n’étant plus novice, venait s’en prendre aux petits nouveaux. Il le tenait par le col de sa chemise et lui demandait de lire ce qui était écrit sur le bout de papier qu’il tenait en main. Etant tout proche de la scène, je passai mon chemin sans prêter une attention particulière. Une fois dehors, je sortis le paquet de cigarettes rangé soigneusement dans la poche arrière gauche de mon jeans. Je pris le paquet dans la main gauche et d’un vif mouvement, le cogna contre mon poignet droit pour en faire apparaître une cigarette. Cette dernière n’étant pas totalement sortit du paquet, je portai le petit boîtier en carton jusqu’à ma bouche, saisit la cigarette du coin des lèvres et remis le paquet dans la poche de mon jeans. Tout en l’allumant, je jetai un regard par-dessus mon épaule gauche et pensai :

*Même ici il y a un bizutage donc… Haha… qu’ils viennent pour voir, je vais leur montrer de quel bois je me chauffe. Ils comprendront vite qu’ils ne faut pas me chercher…*

Alors que je venais de prendre la première taffe sur ma cigarette, j’entendis juste derrière moi :

- « Shinzaburo Tadashiwa. »

Je me doutais bien que tôt ou tard j’allais m’attirer des ennuis, je suis plutôt doué dans cet exercice, mais je ne pensais pas que ça arriverait aussi tôt. Tout en me retournant, je pris une autre taffe sur la cigarette que je venais d’entamer. Je faisais maintenant face aux deux garçons qui se tenaient juste devant moi. La cigarette dans la main droite, la main gauche dans la poche de jeans, je les regardai d’un air amusé et m’adressai au grand gaillard qui tenait sa victime par le col de sa chemise :

- « Alors c’est comme ça qu’on accueille les nouveaux ici ? … Hahahaha…»

Relâchant le petit asiatique qui m'avait servit de traducteur de hiéroglyphe japonais, mon regard se porta à présent sur celui qui se présenta devant moi. Vu sa réaction lorsque ce prénom à rallonge fût prononcé à haute voix, il devait en être le porteur... Ou au moins le connaitre.
En tout cas ce gars semblait différent des autres. Un sourcil levé, je pris donc soin de le regarder de haut en bas. A première vue, ce mec était loin de ressembler à tous ces petits japonais hauts comme trois pommes. En plus de cela, il fumait...
Le fait qu'il fume n'était pas qu'un petit détail, car j'avais rencontré peu de gens qui fumait dans cet établissement. A chaque fois que j'en allumais une, on me regardait comme un déchet. Je n'avais rencontré qu'un seul fumeur depuis mon arrivé et ce gars était le deuxième.

- Alors c'est toi le nouveau? Demandais-je en mettant à mon tour une clope au coin de mes lèvres.

Mais avant même que je l'allume, un petit morpion vint à tirer sur ma veste pour attirer mon attention.

- Monsieur. Fit le petit innocent en me montrant du doigt le panneau "interdiction de fumer".

Laissant échappé un long soupire je m'avançais vers ce panneau fixé au mur. Puis, sous le curieux regard de l'enfant, je posai ma main sur le panneau et l'arracha comme un vulgaire bout de papier coller au mur. Je remarquai que beaucoup de novices furent impressionnés par ma force. Ils n'avaient pas vraiment vu ce dont on était capable avec nos pouvoirs, sinon il en aurait fallut plus pour les fasciner.
Jetant ensuite le panneau à la poubelle, je tapotais la tête du gamin qui resta bouché bée.

- Ça c'est fait. Dis-je avant de me ré-intéresser à celui que j'étais venu chercher. Bon 'William', j'ai quelques trucs à te montrer avant de te laisser seul dans la nature. Alors ramène ton cul le novice.

Pourquoi William? Car je ne me rappelais déjà plus de son nom...
Bref, j'étais certain que le nouveau ne me suivrais pas. Du moins, pas tant que je ne lui demanderai poliment...
Comment je le savais?
Sachez qu'on m'en avait dit un minimum sur ce gars avant de m'en donner la charge. On m'avait dit qu'il avait du caractère et c'est pour cela que m'amusai enfin à titiller sa curiosité pour l'inciter à me suivre.

A part si... tu n'as pas envie d'en savoir plus sur les moyens de devenir plus fort. Ça peut être utile ce genre de truc.

Fourrant mes mains dans mes poches, je lui adressai un petit sourire moqueur avant de lui tourner le dos et de m'avancer dans les couloirs de l'institut.

J’aurais certainement dû me révolter, lui sauter au coup et lui faire payer l’humiliation qu’il venait de faire subir à mon semblable. Il venait de se débarrasser de ce jeune japonais comme d’une vulgaire chaussette. Et pourtant, je dois reconnaître, sans aucune honte, que la façon dont il l’avait traité m’avait amusé. Ça ne pouvait pas leur faire de mal quelqu’un qui les secoue un peu, quelqu’un avec du caractère. En plus des cigarettes, il semblait que ce garçon et moi ayons d’autres points communs. Je dois reconnaître que j’étais quelque peu curieux d’en apprendre à son sujet. Alors que j’assistai cette scène de violence, bien plus verbale que physique il faut le reconnaître, je ne pus m’empêcher de rire en voyant la tête des autres novices lorsque le jeune homme arracha le dit panneau avec une facilité pour le moins déconcertante. Je réajustai mon bonnet sur le sommet de mon crâne, retirai la cigarette que j’avais dans la bouche et glissai ma main gauche dans la poche de mon jean. Passant rapidement le pouce sur mon nez pour mettre fin à une démangeaison, je m’adresse à mon interlocuteur :

- « William ? T’as du mal à imprimer ce qu’on te dit visiblement… Quand on a les muscles on n’a pas forcément le cerveau qui va avec. Mais bon, t’es à 1 sur 2, c’est déjà pas mal. Ça saute tant aux yeux que ça que je sois nouveau dans le coin ? T’es qui toi ? »

Je sentais que le jeune garçon à qui je m’adressai semblait avoir le même caractère que moi. Orgueilleux, sûr de lui et n’ayant pas la langue dans sa poche. Je n’avais encore jamais rencontré de japonais ayant une personnalité similaire à la mienne. J’allais être pour le peu dépaysé, l’une des premières personnes qui s’adressait à moi depuis mon arrivée à Terrae était un étranger. Mais j’avais du mal à dire d’où il venait. A ses réactions, je dirais qu’il est sans doute américain, soit tout l’opposé culturel du pays dont je suis originaire. Je savais qu’en s’adressant à moi de cette manière, le jeune étranger cherchait d’une façon ou d’une autre à me jauger. Voir quelles sont mes réactions, comment j’allais réagir à ses paroles etc… Il n’allait pas être déçu du voyage. Le voyant se retourner et entrer dans les couloirs du bâtiment sans prêter une attention particulière au fait que je le suive ou pas, je lui fis :
- « J’imagine que si tu es l’hôtesse d’accueil c’est parce que tu n’as pas vraiment eu le choix. Tu es du genre à t’attirer des ennuis… Bienvenu au club ! Mais si tu veux que je te suive va falloir être un peu plus courtois. Ça pourrait être sympa que pour une fois, t’aies quelqu’un de ton côté… non ? »

Je ne pus m’empêcher d’esquisser un sourire malicieux lorsque j’eus terminé de m’adresser à lui. Nous savions tous les 2 que j’avais raison. J’avais envie d’en apprendre plus sur lui, nous avons des profils plutôt similaires à première vue. Il n’avait pas l’air de se laisser faire et ça promettait de faire des étincelles.

Toujours le dos tourné, j'écoutai tout de même les paroles du novice. Mes pas arrêtèrent alors de s'enchainer et un petit sourire en coin se dessina doucement sur mes lèvres.
Comme prévu ce mec était différent, il ne mâchait pas ses mots. Sans aucune crainte, il s'était permis de me faire une remarque par rapport au prénom de rechange que je lui avait donné... Tout dans les muscles et rien dans le cerveau, affirmait-il. Ce n'était pas la première fois qu'on me le disait et j'avais toujours prouvé le contraire.
Même si ce qu'il avait dit aurait pu vexé n'importe quel écervelé impulsif, (Ce que je ne suis pas) moi ce genre commentaire m'amusait plus qu'autre chose. Me tournant enfin vers lui je dressai le mon pouce et le pointai vers mon visage avant de me présenter.

Bob Waldo, c'est mon nom. Fis-je en gardant ce sourire amusé et cet air sûr de soit. Et ce que tu dis est vrai. Si je suis venu "t'accueillir" ce n'est pas par plaisir, c'est juste une corvée qu'on m'a refilé.

Baissant mon pouce je laissai ma main descendre dans la poche de mon jean afin d'en sortir mon briquet à essence, plus souvent appelé Zippo. L'ouvrant d'un petit geste sec du poignet, je l'allumai puis l'approcha de ma cigarette toujours calée dans le coin de ma bouche.

Certains initiés se font un plaisir de vous raconter tout un tas de conneries sur Terrae. Moi, j'ai juste deux ou trois trucs important à t'apprendre avant de te laisser faire ta petite vie tranquille.

Refermant mon zippo pour ensuite le ranger dans la poche arrière de mon jean, je me me décalai d'un pas sur la coté et lui présentai le couloir devant lui.

Alors si Monsieur le nouveau voudrait bien suivre...

Marquant une pause pour lui laisser le temps de réagir, je finis par lui demander:

Par conte, t'aurais pas un surnom? Je galère un peu avec les prénoms japonais et j'ai l'impression que le tiens est encore chiant prononcer que les autres.