Et merde. Qu'est-ce qu'ils me veulent encore ? On peut pas passer une journée tranquille ici.
J'obéis quand même à l'appel, avec les encouragements de camarades que je ne connais même pas, comme si c'en était fini pour moi. Je me dirige vers la Salle des Masters. Je n'y ai jamais mis les pieds, je ne sais donc pas où elle se trouve et pourtant j'y parviens facilement. Il faut dire que les panneaux dans les couloirs sont bien placés, c'est l'un des rare avantage ici.

J'entre sans frapper et je découvre une petite dizaine de Masters alignés en demi-cercle, des capuches noirs leur couvrant le visage. Malgré mon étonnement (vous en voyez beaucoup, vous, des gens tout en noir qui vous regardent l'air de dire "- Toi j'vais t'bouffer" ?), je parle d'une voix calme, comme si je n'avais rien remarqué :

- C'est bien là la Salle des Masters ? je demande.

Il manquerait plus que les panneaux disent n'importe quoi.
Des fois, je me dis que mes parents ont eu raison d'avoir foutu le camp d'ici...

Spoiler:

L'initiation. Je suppose que c'est le passage qu'on doit faire pour avoir ces fameux pouvoirs dont m'a parlé Akari. Néanmoins, je demande à avoir plus de renseignements.

Mes yeux se posent sur celle qui m'a adressé la parole. Aucun doute la dessus : elle attend un « heureux évènement ». Son ventre bien rond ne peut pas être aussi gros parce qu'elle est en surpoids, il est bien trop arrondis pour ça. Tant mieux, je ne ferais pas de gaffes si je l'évoque. Mais, je ne la féliciterais pas. Déjà parce que ça n'est pas le moment, ensuite parce que je n'en vois pas l'intérêt. Elle a sûrement déjà reçu des tonnes de « Vous aurez un beau bébé, aussi joli que sa maman », ou « Longue vie à ce bébé » ou tout simplement « Toutes mes félicitations ».
Longue vie à ce bébé. N'importe quoi. Comment un gamin peut-il avoir une vie heureuse entouré de gens qui ont souffert ? Comment cette femme sera-t-elle sûre que son enfant aura une belle existence ? Elle et le père sont des inconscients. Un gosse ne peut pas vivre normalement au milieu de gens qui ont vécu des choses horribles. Lorsqu'il leur demandera de raconter des histoires sur des choses qu'il leur sont arrivés, ils lui diront comment leurs proches sont morts, c'est cela qu'elle veut ?

Je tente de calmer ma colère, sinon je risque de tout renverser dans la salle et on me renverra en cours avec dans l'idée de ne jamais me former. Et puis ça ne me regarde pas, ce sont ses affaires.

- Je peux savoir à quoi tu penses ?

Elle voulait vraiment que je lui dise à quoi je pensais ? Bon. Très bien. Mais alors que je m'apprêtais à tout lui dire, elle me devança et ajouta :

- Si tu as été convoqué ce soir, c'est donc, comme je l'ai dit, pour passer l'initiation. Tu vas recevoir tes pouvoirs. Comme tu n'as visiblement pas de questions, je vais abréger ça... Nous te donnons le choix : accepter ou recevoir tes pouvoirs. Tu n'es forcé à rien, et si jamais tu les refuses, nous te ramènerons simplement là où nous sommes venus te chercher. Le dernier détail que je me dois de te donner concerne les scientifiques : avides de découvertes et de nouveautés, ils adulent cet ADN modifié par les pouvoirs. Chaque élève à Terrae est leur cible. Mais bien sûr, nous vous octroyons une protection sans faille dans l'enceinte de l'établissement ; la seule chose que je demande à chaque élève, c'est de ne jamais sortir de Terrae sans être accompagné par un autre Master.

Je compris qu'un bon coup de pied au cul ne suffirait pas à faire fuir les Scientifiques. L'affaire devenait plus sérieuse maintenant.
Refuser les pouvoirs. Retourner chez moi. Jamais de la vie. J'étais trop bien ici, avec Akari, Kana, et tous les autres que je ne connaissais pas encore. Une sorte de paix régnait en moi.
Kana. Elle avait déjà fait son Initiation, elle avait rencontré la Directrice qui était censée m'aider à prendre mes pouvoirs. La directrice. Hideko. La directrice... La femme enceinte... Mais oui ! C'était évident ! La seule dont je voyais le visage plus nettement que les autres, bien qu'elle ait une capuche, la seule à m'avoir adressé la parole, la seule à oser arrêter l'Initiation pour savoir ce que je pensais. Je l'avais en face de moi, je pouvais lui poser mon problème là, tout de suite, maintenant ! Non. Quand même pas ; nous n'étions pas seuls.

- OK. J'accepte les pouvoirs.

Les révélations seront pour plus tard, que ce soit pour mes parents, ou pour le bébé.

La directrice me fait signe d'avancer au centre des Masters. J'obéis. Le demi-cercle se transforme en un cercle d'hommes habillés de noir.
Un courant d'air souffle sur mes cheveux et les capuches remontés des Masters et soudain je m'élève dans les airs, de plus en plus haut. Merde, qu'est-ce qu'ils font ? Calmant mon début de colère, je me dis que c'est pour l'Initiation, que c'est comme ça que l'on fait. Oui, ce doit être ça... j'imagine.
Hideko et ses disciples deviennent de plus en plus petits en fait. Bon, pas énormément, mais à cause de la hauteur, je les domine d'une certaine manière. J'aime ça.

Et puis plus rien. Je ne vois plus rien. Je n'entends plus rien. Je dois dormir, ou alors être tomber dans les pommes. Quelque chose comme ça, déclenché par les Master, puisque rien d'autre n'aurait pu me faire tomber inconscient.
Je n'arrivais pas à ouvrir les yeux, et l'obscurité m'inquiète. Non pas que j'en ai peur, mais je ne peux pas savoir ce qu'il se passe autour de moi. Je n'aime pas ça. Je déteste ça.
Une nouvelle sensation s'ajoute à tout cela, malgré que je ne puisse y voir clair : je tombe. Lentement, mais je tombe tout de même. Puis, je sens le sol dure sous moi. Cette fois-ci, ce sont les Masters qui me dominent.

Une vague de fatigue m'envahit. J'ai envie de rester allongé là, de dormir encore et encore, de ne pas bouger. La voix d'Hideko me réveille et j'essaie de me relever. À la première tentative, je retombe sur les fesses. Oh non. Pas question de retourner me coincer à l'hôpital. Est-ce que c'est comme ça que se passent les Initiations ? Les Initiés sont tellement fatigués qu'ils doivent se rendre, non, être emmenés à l'hôpital ? Je n'espère pas. J'ai envie d'utiliser mon pouvoir le plus vite possible, même si j'ai une énorme envie de sommeiller.

HRP : T'inquiète, la réponse est niquel ; ) Par contre moi c'est vraiment court, pardon... ><

Le corps de Ren'ji me semblait lourd... Terriblement lourd, même pour lui. Lorsqu'il tenta de se redresser, ce fut plus ou moins un échec, car il ne parvint pas à se relever tel qu'il le voulait.
Je lui souris alors doucement. Je n'allais pas l'enfoncer, lui marcher dessus, me relever et poser mon talon sur son torse en lui ordonnant de me dire enfin clairement ce qu'il avait pensé tout à l'heure. Je n'étais pas rancunière. Je m'énervais vite, mais je pouvais vite oublier. Et ce n'était pas non plus mon genre d'enfoncer les gens et de refuser de les aider, de les guider, ou quoi que ce soit d'autre alors qu'ils entraient dans un monde où j'étais la seule à pouvoir les guider aux débuts. Après, c'était beaucoup plus simple et ils pouvaient d'eux-même s'entraîner, mais au début...
Je lui souris donc, et me relevai, tendant une main dans sa direction.

-Que dirais-tu de passer au test de tes pouvoirs ? A moins que tu préfères te reposer. Si jamais ça ne va pas, n'hésite pas à le dire, déclarai-je de ma voix de Master, douce et encourageante.

J'acceptais la poigne d'Hideko. Je pu enfin me relever, pendant qu'elle me proposait de tester mes pouvoirs ou de faire une pause. Elle m'avait aidé à me relever, pas question de faire le faible en demandant à me reposer.

- On fait le test des pouvoirs.

Je souffla discrètement, ferma les yeux un instant. Je sentais la fatigue à travers tout mes membres, tout mon corps mais il fallait que je le fasse sans broncher. Je n'avais pas du tout envie de montrer épuisement à Hideko et à tous les autres Masters. Au pire, ils m'administreraient quelques heures de sommeil en plus. Que demander de mieux ?

HRP : No problème, ta réponse me convient ;) moi non plus elle est pas top =S