Aujourd'hui, et comme tous les jours, je meurs de faim en sortant de cours. Il est midi, et j'espère trouver une place à la cafétéria où je veux manger, et de plus, j'ai de quoi m'acheter un repas complet, et je compte en profiter.

Je m'y rends sans plus tarder, car la matinée de cours m'a vraiment épuisée et affamée. Arrivée là-bas, je découvre avec une surprise mêlée de joie que la cafèt' est presque vide: un groupe de personnes riant aux éclats sur une grande table, et un adolescent tout seul, dans un coin.
Je m'empresse de commander, je prends mon plateau, et je ne sais pourquoi, mes pieds se dirigent tout seuls vers la table où le jeune garçon est assis.

Il est blond, la peau claire, de beaux yeux marrons, doux et réchauffants. Il est blanc comme neige, et la parfaité de son visage me surprend. Il est semblable à un ange,pur et cristallin, descendu des cieux sur terre, cloaque rempli de vice et de misère. Il me donne l'impression d'être étranger à tout cela, illusion surréaliste parmi un décors de pauvreté.

Je ne sais ce qui me prend, mais je lui demande:

-Ca te dérange si je mange avec toi? T'es tout seul alors je me dis…

Je m'interromps lorsqu'il tourne la tête vers moi, ses grands chaleureux remplis de surprise.
Je me sens gênée de l'avoir abordée comme ça, faisant pâle figure, face à cette lumière brillant dans les ténèbres.

Je n’ai jamais faim. Du moins, d’habitude. Car ce jour-là, bon sang, je n’en pouvais plus. Un petit creux, ce serait bien minable pour désigner l’hydre vorace logeant mon estomac, réclamant d’un rugissement déchirant son petit goûter de midi. Je m’étais donc installé, un peu seul dans la grande cantine, dans un coin pour que personne ne voie la personne imaginaire, le fantôme, ou simplement le vide avec lequel je partageais mon déjeuner. Il n’y avait pas grand monde. Il n’y avait pas ce poids lourd – celui de l’œil qui juge – pour m’écraser et la conscience, et l’appétit. Une bonne journée.

« Ça te dérange si… » me demanda une voix fluette.

Je redressai ma tête, interloqué. Une jeune fille. Très jeune même, peut-être treize ou quatorze ans. De longues bouclettes blondes encadrant le bleu profond des yeux. Le pourpre gagnait doucement ses pommettes blanches. Visiblement, je l’intimidais. Il fallait que je la mette à l’aise. Ce n’est pas chaque jour qu’une belle inconnue vient s’asseoir à notre table :

« Pas du tout ! Vas-y, je t’en prie. On ne va pas rester à manger chacun de son côté ! »

Elle prit place devant moi, posant son plateau garni. J’arrivais à la moitié de mon assiette de riz. Voilà ! C’en était assez pour moi. Je tendis l’assiette vers la petite madame toute charmante et lui proposai mon assiette :

« Tu veux un peu de riz ? Je ne finis jamais mon assiette. Je mange très peu de manière générale. Pas faim. Au fait, comment tu t’appelles ? Moi c’est Swann, seize ans. Je suis arrivé il y a quelques jours, et je suis assez… euh. Perdu. Je ne connais personne, et je ne sais que vaguement ce que je fais ici. »

Je soupirai, en adressant un regard rempli d’intérêt à la petite fille. Elle avait l’air vraiment charmante.

Le garçon s'empresse de me répondre:

-Pas du tout! Vas-y je t'en prie.On ne va pas rester à manger chacun de son côté.

J'esquissais un sourire pour le remercier, et je posais mon plateau, bien rempli je dois l'avouer.
Contrairement à moi, le jeune homme n'a qu'une assiette de riz, qu'il me tend alors qu'il n'en a mangé que la moitié:

-Tu veux un peu de riz? Je ne finis jamais mon assiette.Je mange très peu de manière générale. Pas faim. Au fait comment tu t'appelles? Moi c'est Swann, 16 ans. Je suis arrivé il y a quelques jours et je suis assez... euh... Perdu. Je ne connais personne et je ne sais que vaguement ce que je fais ici.

J'accepte son assiette de riz, que j'engloutis en quelques secondes, en bon morfale qui se respecte puis je réponds:

-Merci beaucoup! Tout le contraire de moi: je suis une vraie goinfre!

Je fais une pose, le temps de lui sourire, puis je lui reprends:

-Je suis Alicia, j'ai 14 ans. Cela fait presque deux mois que je suis dans l'Institut. Si je peux faire quelque chose pour t'aider, je suis toute ouïe.

Je finissais mon assiette sans problème, comme toujours, et alors qu'il me fixait, je lui demandais:

-Est ce que t'as des passions? Pour ma part, c'est la musique et l'escalase.

J'attendis sa réponse, le scrutant se mes yeux bleus.

Drôle de question, pour commencer une petite discussion. Pas le temps de se poser la question, une autre est déjà sur le feu :

« Hm, et bien, j’aime… tout ! Non, je blague. En fait pas… Je vais te répondre par l’inverse en te disant que rien ne me déplaît vraiment. Enfin, si, comme tout le monde, les petites tracasseries telles que tempêtes, la neige qui empêche le bus d’avancer, et les filles qui crient. Ça m’irrite. Voilà. »
Tic-tac. Tic-tac. Non tu ne craques pas. Tic-tac.

Je remarquai à quelle vitesse elle dérobait le riz de mon assiette pour le mâcher avec enthousiasme dans sa bouche. Visiblement, elle n’avait pas mangé depuis quatre jours, au moins.

« Et toi, qu’est-ce que tu apprécies bien ? » demandai-je un peu innocemment, pour ne pas laisser le silence d’installer. Il est menaçant.

Mes yeux étaient posés sur cette petite assiette ronde qu’elle me rendit. Quelques grains de riz restants, baignant dans une sauce champignon à en juger l’aspect grisâtre effleurant le marron des mycètes forestières. Oh… J’essayais de détacher mon regard de l’assiette, assez envoûtante fallait-il l’avouer. Un coup d’œil à Alicia : elle papotait de bon train.

Comment se passionner pour de si petits grains de riz ? Leur disposition était celle d’un cercle, d’un cadran presque.

Tic-tac. Tu craques. Maintenant.

J’adressai à Alicia un regard paniqué. Elle s’interrompit dans ses paroles, avec sa figure toute curieuse, m’interrogeant d’un haussement de sourcil.

Tic-tac. Il est l’heure du rendez-vous.

Je me levai de ma chaise, enfilant d’une rapidité tout à fait bordélique mon manteau :

« Hm… Je suis désolé Alicia, mais… Je dois te laisser. J’ai un rendez-vous avec quelqu’un et je n’ai pas vu l’heure tourner… Je suis déjà en retard je crois ! »
Je pris mon plateau dans mes mains, sans lui accorder une moindre parole. Quel égoïsme de ma part. Ce n’étaient pas des manières, pour s’adresser à une simple connaissance.

« Pardon. On se revoit bientôt, d’accord ? Mon casier n’est pas loin de la salle des Masters. Nous pourrons nous y croiser à l’occasion. À bientôt, désolé… ! »

Et avec mes petites pattes, je filais d’une allure pressée. Je m’en voulais un peu. Désolé.

(Désolé de ne pas avoir répondu Alicia. Je mets fin à ce RP, cela fait bien trop longtemps qu'il est entamé. Nous pouvons le continuer ailleurs, voyons ça par MP.)

Swann parut étonné, mais il me répondit tout de même:

-Hm, et bien, j'aime... tout! Non je blague. En fait pas... Je vais te répondre par l'inverse en te disant que rien ne me déplaît vraiment. Enfin si, comme tout le monde, les petites tracasseries telles que les tempêtes, la neige qui empêche le bus d'avancer, et les filles qui crient. Ça m'irrite. Voilà.

Swann était quelqu'un d'étrange. Non, pas étrange, mais plutôt original. Et puis il était marrant. Il reprit de sa petite voix:

-Et toi, qu'est ce que tu apprécies bien?

Je lui souris, il était décidément bien mignon:

-Comme je l'ai dit précedemment, j'aime la musique et l'escalade, et comme tu l'as sûrement remarqué j'aime la nourriture.

J'accompagnais ma petite déclaration d'un geste désignateur de ma fourchette vers mon assiette, puis je continuai:

-Sinon j'aime bien être avec ceux que j'aime, j'aime bien dormir aussi, et j'aime bien lire. Des choses plutôt simples quoi.

Je souriais toujours à Swann, qui semblait maintenant préoccupé. Il sembla tout à coup très préssé, et je le questionnai d'un regard interrogateur. Swann se leva précipitamment et enfila son manteau avec panique:

-Hm... Je suis désolé Alicia mais... Je dois te laisser. J'ai un rendez vous avec quelqu'un et je n'ai pas vu l'heure tourner... Je suis déjà en retard je crois!

Il fit une légère le pause le temps de saisir son plateau:

-Pardon. On se revoit bientôt, d'accord? Mon casier n'est pas loin de la salle des Masters. Nous pourrons nous y croiser à l'occasion. A bientôt, désolé...!

Je lui lançais, heureuse qu'il accepte de me revoir:

-Ne t'en fais pas, ce n'est rien. Bonne après midi, et à bientôt j'espère!

Je lui fis un dernier signe de main avant qu'il ne disparaisse. Au bout de quelques minutes, je quittais la cafétéria à mon tour, c'était l'heure des cours.

[HRP: T'inquiète pas! ;) ]