Je soupirais d'ennui, vraiment prête à faire n'importe quoi pour pouvoir m'amuser un peu. Toute la journée avait été synonyme de prises de tête idiotes avec des problèmes minuscules, comme par exemple si je devais répondre à ma mère qui venait de m'appeler pour l'énième fois, envoyer bouler des dragueurs un peu trop collants, trouver Dan pour aller me promener avec lui, pester ou non contre la neige qui n'arrêtait pas de tomber... Bref, journée pourrie, car ma mère m'a tenu au téléphone deux heures, Dan était occupé, les dragueurs trop faciles à disperser et la neige... Bah, j'aime bien la neige mais je n'aime pas le froid qui l'accompagne. Il aurait fallu un Feu pour me réchauffer, mais mon préféré étant indisponible... Enfin, je vais m'occuper à autre chose maintenant, si je trouve... Tiens, et pourquoi ne pas aller s'entraîner un peu ? User de cette force monstrueuse soulagerait mes nerfs. Et puis le contrôle de la terre n'était pas aisé... Le nombre de plantes foireuses que j'ai fait pousser vous consternerez. Je me levais de mon lit, où j'étais allongée sans rien faire et prit une paire de bottes et un énooorme pull. Je déteste avoir froid. Réfléchissant à ma prochaine destination, je quittais ma chambre et choisis de me diriger vers l'arène. Je n'y étais pas souvent allée, ça me permettra au moins de voir à quoi elle ressemble lorsqu'on est en plein milieu. Je pense que ça doit être assez impressionnant... J'ai hâte d'y être !

Une fois arrivée dans les environs de l'arène, j'étais d'une humeur massacrante sans vraiment de motif. La neige m'agaçait à un point incroyable, je n'aurais jamais pensé que cette masse cotonneuse m'énerverait autant un jour. Je donnais un coup de pied rageur dans un monticule, mais trop fragile pour moi, je fus emportée par la force de ce coup et m'écroulais par terre. Génial. Journée pourrie, quand tu nous tiens... Epoussetant le plus calmement possible les traces de neige tandis que je me relevais, je me forçais à respirer de manière zen et rentrais dans l'arène. Faites que je puisse taper sur quelque chose, j'en ai vraiment besoin ! Manque de bol, quelqu'un utilisait déjà l'espace pour lui. Je la vire ou pas ? Rah, et puis je n'ai pas envie d'être partageuse ! Elle dégage, la gamine !.... Wouaw, je suis hyper zen dites moi... Allez, sois gentille quand même Karin... Une fois.

- Eh, miss ? Vous avez fini votre entraînement, je peux m'y mettre ?

Enfin, la fille avait l'air d'une tueuse en manque... Je doute que tout se passe sans animosité... J'en connais une qui est restée trop longtemps enfermée ! Et forcément, tout va se déverser sur moi. Et merde. Mais je ne me laisserais pas pourrir sans rien dire, là je ne suis vraiment pas d'humeur. Et pourtant je suis assez calme normalement... Mais qu'est-ce qui se passe avec mes sautes d'humeurs... Je pris tout de même la peine de sourire à la jeune fille, espèrant que ça donnerait une apparence plus aimable à mes paroles un peu... aggressives. Si je peux éviter une bagarre qui m'obligerait à taper sur autre chose qu'un mannequin, ça m'arrangerait...

Je sentis ma colère trouver une bonne raison d'augmenter lorsque cette gamine me dévisagea comme si j'étais une moins-que-rien. Non mais pour qui elle se prend l'autre ? Je suis là depuis tellement longtemps que je l'ai sûrement vu traîner avec un bon nombre de Novices sans jamais la remarquer, alors elle se calme ! Un garçon sortit alors soudainement de l'ombre, me faisant sursauter lorsqu'il prit la parole d'une voix presque calme. Comme quoi, je ne suis pas la seule à être d'une humeur de chien.

- Karin, si tu n'as pas compris, notre chère amie a suscité des sentiments de colère en nous afin que nous venions nous battre entre nous ici. Chose que je trouve quelques peu désolante mais bon. Comme je suis là...
- Bien joué Einstein ! répondit la jeune fille, l'air très satisfaite d'elle.

Donc c'est pour ça que je ne parviens absolument pas à supporter sa tronche d'enfant pourrie gâtée. Mais quelle idée de jouer ainsi avec ses pouvoirs ! Pourquoi vouloir énerver les gens, franchement ? Remarque, si elle cherche les ennuis et les bleus, c'est exactement comme ça qu'il faut s'y prendre, elle a raison. Et l'autre gars qui s'éloigne comme si j'étais un monstre ! Il croit que je l'ai oublié peut-être ? Et d'où il connait mon nom ? Il n'est quand même pas thélépathe... Mais j'imagine que ma réputation n'est quand même pas si grande, donc il n'y a pas d'autres options. Donc, s'il est thélépathe, il est Terre. Ca me va. Solidarité entre Terres oblige, je ne le frapperais pas pour le moment, même si s'est un homme. Concentrons-nous sur cette idiote qui me manipule. Elle veux de la bagarre, elle va en avoir.
Pile au moment où cette pensée me vint, deux nouvelles émotions prirent place en moi. Je me sentais si triste, comme si je n'avais plus rien à quoi me raccrocher, et pleine de rage contre tout les autres. Je m'efforçais de lutter pour reprendre le dessus sur ces émotions qui n'étaient absolument pas les miennes en me basant sur mon bon sens (qui ne m'aimerait pas après tout ? Les hommes m'adorent, j'ai un petit ami adorable, des amies géniales, une famille aimante... Je suis incroyable en plus !) mais c'était difficile. Quand je vis que la fille était désormais contre le mur et nous regardait avec des mains pour le moins... electrique, j'eus soudain envie de cogner. La haine embrasa ma colère, tandis que la tristesse disparaissait. Il semble que je sois moins sensible à cela. Cette fille serait la première sur la liste, après je m'occupe de l'autre qui paiera pour le reste de la gente masculine.

- Alors, que faisons-nous ?
- Oh, je ne sais pas. Tu veux goûter aux tartes de tante Karin, trésor ?

Je tapais violemment au sol avec mon pied et la Terre se fendit littéralement jusqu'à la demoiselle, et une colonne bien dure sortit soudainement du sol ayant pour but d'atteindre son menton et de l'envoyer en arrière. Tch, j'espère que je l'ai eu ! Je suis vraiment à deux doigts de vouloir la défigurer à vie et l'envoyer à l'hopital. Prenant du recul, je jetais un oeil sur le garçon, méfiante. S'il tente de me gêner... Je le fais disparaître ! Rah, cette humeur belliqueuse franchement... Je ne suis pas si violente normalement !

Ces deux gamins m'agaçaient prodigieusement. Alors que je venais à peine de les rencontrer en plus, c'est pas de chance. Le garçon était fourbe ! Il avait osé détourner ma colonne de son but initial ! Je lui jetais un regard incendiaire, avec une menace clairement lisible : "Tu recommences, c'est toi qui t'en prends une". Espèce de crétin... Maintenant elle a un accès direct pour me frapper, merci énormément. Mais l'expression qu'elle avait prise en voyant la colonne à quelque centimètres d'elle avait été amusante... Je ricanais légèrement lorsque soudainement ce son se stoppa. Pourquoi est-ce que je suis en train de penser à ça ? Il n'y a aucun rapport, je ne risque rien... Pas vrai ? Il n'y a pas de risques... Je ne vais pas retomber dans le vide, c'est une arène voyons ! Pas de trou béant... Je sentis la peur me paralyser un moment avant de comprendre que le garçon avait joué avec mes souvenirs. Et ça, il allait me le payer. De plus, l'effet de ce souvenir fut totalement anéanti par l'énorme rage que je ressentais désormais. Je me mis à courir vers lui, oubliant presque l'autre jeune fille et évitant les couteaux qu'elle m'avait lancé (espèce de folle furieuse !), qui me passa juste devant alors que je freinais pour ne pas la percuter.

- Sache que tu ne t’attaque pas à une nouvelle venue. Tu ne m’effraies point Karin-San.

Sa main toucha ma cou et je ressentis une vive douleur me traverser. Bordel, ça fait mal les décharges ! Instinctivement, mon coude s'écrasa dans le dos de la fille. Je n'avais pas eu le temps de penser à gérer ma force, le coup était parti comme un réflexe, ce qui fait qu'elle devait sûrement avoir rencontré le sol à une vitesse peu enviable. Rencontre mémorable à mon avis. Je me dit que j'allais commencer à courir de nouveau pour éviter la contre-attaque. Retournant vers le garçon à vitesse grand V malgré une étrange fatigue qui n'avait absolument pas lieu d'être. Je le plaquais violemment contre le mur et lui chuchotais à l'oreille :

- Essaye encore d'utiliser mes souvenirs, et je te jure que même ta mère ne te reconnaîtras plus. Je suis passablement énervée là, ne joue pas davantage avec mes nerfs.

Le lâchant, j'esquissais un sourire ô combien faux, et rajoutais d'une voix doucereuse :

- La seule raison qui m'empêche de te frapper pour le moment est que tu es aussi un Terre. Profites-en pour m'aider à punir l'autre fille.

Me retournant vers elle, j'attendis la suite des attaques avec impatience. Je n'avais pas vraiment l'intention de leur briser les os sans le vouloir, je me rendais bien compte que ma force pouvait leur occasionner des blessures internes mortelles, je devais donc me retenir un peu. Le coup que j'avais donné à la fille avait dû être assez douloureux... J'aurais peut-être dû m'excuser non ? Bah non, elle m'énerve trop ! Et elle m'a éléctrocuté en plus !

Ah... Il fuit. En pensant que faire pousser des ronces derrière lui me ralentira. Pauvre garçon, moi qui avait l'intention de ne taper que sur une personne... S'ils se liguent contre moi, ils ne pourront s'en prendre qu'à eux. Et la fille apprendrait à réfléchir à deux fois avant d'énerver n'importe qui. Car au départ, j'étais d'une humeur très pacifiste, je signale ! J'aurais été ravie de faire de nouvelles connaissances ! Mais non, il fallait qu'une Initiée joue avec ses pouvoirs. Je laissais le garçon courrir vers la jeune fille et l'emmener loin de moi pour se protèger de mes coups dévastateurs. Ah... Les enfants... Les voilà qui attendent que je les attaque par devant maintenant... Mais qui a dit que nous devions suivre les règles du jeu ? De plus, des attaques portant sur le psychisme me paraissent assez peu fair-play... J'attachais lentement mes cheveux en une queue de cheval et repoussais les quelques mèches qui me tombaient devant les yeux, attendant patiemment la réplique des deux jeunes. Que voulez-vous, à cet âge, on est si impatient... D'ailleurs, la jeune fille m'envoya plusieurs poignards qui ne fit que prouver ce raisonnement. J'en évitais la plupart, mais l'un d'eux vint tout de même se planter dans mon bras gauche. La douleur se fit sentir immédiatement, mais je ne criais pas. Je retirais doucement le poignard et le serrais dans ma main : une arme de plus.
La deuxième réplique ne tarda pas. Brusquement, je sentis une nouvelle émotion prendre le pas en moi : la peur. Je me mis à rire d'une manière démente sans le vouoir, tandis que tout mon coprs tremblait. A force de vouloir m'imposer tant de sentiments, je vais devenir folle ! De la colère, de la peur, de la fatigue, de la haine... Je vais exploser ! Mon rire s'éleva de plus en plus fort, et s'acheva tandis que je frappais au sol avec mes mains si violemment qu'elles y laissèrent des empreintes. Un blanc s'installa tandis que mes ricanements continuaient nerveusement, malgré moi. Puis, après une brusque secousse, la terre se fendit à l'opposé de moi, derrière eux, les ronces se résorbèrent et les deux enfants furent séparés par un trou béant. Celui que le garçon m'avait obligé à revoir. Souriant comme une tarée, je tapais des mains en riant. Je suis en train de devenir timbrée... Ivre de puissance, je levais mes bras au ciel et des arbres de forêt vierge défoncèrent le sol et les murs de l'arène. Ils encerclèrent la gamine électrique, et je tentais avec leurs lianes d'immobiliser totalement le jeune homme pour l'empêcher d'utiliser sa maîtrise. Je trouve ça nettement plus simple de bouger pour contrôler la terre, on verra si c'est le contraire pour lui. M'approchant d'eux, je m'entendis dire avec un accent mélangeant la haine et la peur :

- Alors les enfants, on s'amuse ?

J'avais peur de moi-même et des conséquences de mes actes, mais je n'arrivais plus à m'arrêter. Trop de sentiments violents en moi... Qui se nourrissaient de tous mes ressentis, mes colères, mes inquiètudes... Tout ça alimentait ma brutalité. C'est la dernière fois que je vais faire un tour du côté de l'arène...

Je n'eut pas vraiment le temps de réfléchir. Sa puissance me laissa littéralement sans voix. Aussi, son esprit dément vint rapidement perturber ma perception de ses pensées, m'empêchant de prévoir l'attaque qui allait suivre. En l'espace de quelques secondes, Meiling et moi nous retrouvons entravés et séparés, submergés par une nature dense et luxuriante. Si cela aurait dans une autre occasion, j'aurais put apprécier le spectacle.. Mais là, vu le risque prédominant de finir étripé ou démembré... La vue de cette preuve de puissance ne m'était pas réjouissante, bien au contraire..

J'étais totalement entravé, des lianes s'étant enroulées tout autour de mes membres, me ligotant sans réel espoir de libération. C'était peu rassurant, mais ce n'était pas la mort.. Enfin, pas maintenant en tout cas.. Rapidement, je repris contact avec Meiling par la pensée, à priori elle n'était ni morte ni inconsciente, un bon point.. Mais je n'arrivais pas à savoir si elle était blessée, surement avait-elle sa fierté et elle masquait ses émotions et sa pensée dans le but de me rendre aveugle sur ce point là. Je me mit à fermer les yeux et me concentra sur la liane de ma main gauche, avec difficulté je finis par, non pas par prendre le dessus sur la maîtrise de Karin, mais d'en changer la nature. Aussi, après quelques dizaines de secondes, la liane finit par devenir une feuille enroulée que je pût déchirer avec facilité. Afin d'essayer de passer inaperçu, je me focalisa sur l'esprit de la jeune femme aux pouvoirs débridés. Tâchant de respecter au mieux ma condition, je tenta de lui envoyer une image de la scène où rien ne se passait à part quelques gesticulation pour me "libérer". Ne sachant pas si l'illusion fonctionnait, j'essayais quand même de défaire les liens avec ma main de libre, mellant force brute et maîtrise de la terre. Si je devais protéger Meiling, il fallait déjà que je sois apte à la défense avant toute chose.

[Désolé du retard.. J'ai eu une petite période creuse, je m'y remet]

Hrp : Bon, puisque Meiling n'est pas venue depuis longtemps, je poste et on arrête là ?

Ma tête me faisait atrocement souffrir. Je sentais mon pouls battre à grand coup, et franchement, ce n’était pas la sensation la plus agréable qui soit. Les deux adolescents ne représentant plus une grande menace pour moi, je me permis de m’asseoir à même le sol dans l’espoir de cesser de voir le sol tourner à une vitesse folle. Le garçon toujours emprisonné tentait de se débattre contre mes lianes, et la fille devait sûrement faire la même chose… Cela les occuperaient un petit moment. D’un seul coup, je me sentais vidée de toute énergie. Bouger ne serait-ce que la main me coûtait énormément. Essayant de paraître quand même effrayante et dangereuse, j’esquissais entre eux et moi un dernier obstacle : un petit mur de terre. Totalement ridicule par rapport à ce que je venais de faire auparavant, mais bon… Au moins, ça me protégeait un minimum. D’assisse, je passais à allongée. J’avais tellement mal à la tête ! Comme si quelqu’un avait décidé de s’en servir comme enclume. Décidément, trop utiliser ses pouvoirs n’était effectivement pas bon pour la santé.
Finalement, laissant de côté le trop plein d’émotions dû à la fillette, je fis un effort pour me relever. M’appuyant sur le mur que je venais de créer, je dis d’une voix faible :

- Je me déclare vaincue par forfait…. Et je crois que je vais vomir.

Oups, ça c’est sorti tout seul. Mais j’ai vraiment la nausée pour le coup. Préférant me rallonger pour éviter tout malheureux accident de parcours, je respirais le plus calmement possible. Puis un souvenir s’imposa : Haley m’avait dit un jour qu’après l’étoilisation, on ressentait une énorme fatigue car on venait de briser le sceau bridant nos pouvoirs. Vu la teneur de ma fatigue, je pense pouvoir avancer sans me tromper que c’était justement ce que j’étais en train de vivre. Pas trop tôt… J’aurais enfin ces foutues trois étoiles pour lesquelles j’ai tant attendues ! Youpi ! Argh, ma tête… Si quelqu’un daignait m’aider pour m’accompagner jusqu’à ma chambre… Ouais, enfin non. Je vais me débrouiller comme une grande. Sortant mon portable de ma poche, je composais le numéro de ma meilleure copine, lui expliquait la situation d’une voix pâteuse (à tel point que je dus lui jurer que non, je n’avais pas prit d’alcool avant) et attendis les secours. D’ailleurs, en parlant de secours : faudrait peut-être penser à libérer les gosses. Respirant un grand coup, je me levais à nouveau et claquais des doigts assez théâtralement. La plupart des lianes eurent la décence de m’obéir et se résorbèrent peu à peu, laissant les jeunes libres de leurs mouvements. Et après ce dernier effort, je m’évanouis. La classe.