Dan traversa les couloirs de Terrae, à la recherche de la chambre d’une certaine personne. Il était très tôt, personne n’était réveillé. Les pas de Dan étaient très discrets, mais furieux. Oui, il l’était. Si jamais il l’apercevait, … ce serait fini. Son eternel sang froid le quitterait d’un coup. Oui, c’était ça, se faire trahir. Il posa la lettre devant la porte.

« A mademoiselle Alamaba,

Je ne vais pas mentir et aller droit au but. Tu sais que je suis quelqu’un de très impatient, et qui n’aime pas quand on blesse son ego, et qui aime qu’une petite-amie lui soit… fidèle ?
Mais… sais-tu seulement ce qu’est la fidélité ? Je me le demande. Pourtant, une photo m’en apporte la réponse. Tu la trouveras dans l’enveloppe (juste au cas où tu serais aveugle). Je sais qui c’est, mais je ne vais pas m’attarder sur ces détails. Je pense que tu dois le connaitre beaucoup mieux que moi.
Ne t’imagine pas que je n’ai pas le culot nécessaire pour venir te parler en face-à-face. C’est plutôt parce-que je ne veux plus jamais te voir dans mon champ de vision. Au final, en quoi es-tu différente de Rin ? Tu me voulais pas pour l’argent (et tu peux prendre ça pour un compliment si tu veux), mais pour te venger d’une tapette (ça, je pense que c’est une insulte par contre). Du haut de tes ving-et une pige, tu n’es restée qu’une gamine avide de chair, voulant te venger. Tu dois te dire que je suis dans le même cas. Mais moi, quand j’ai une petite amie principale à laquelle je tiens, je suis fidèle. Je sais ce que c’est l’amour. Je sais ce que c’est la fidélité.
Toi, que sais-tu, au final ? A part trahison, lit, flirter, mecs ? Je suis très galant, et diplomate. Mais je pense que n’importe qui dans ma situation l’aurait dit : Tu me dégoûte.
Miss Alamaba, en ce si beau jour de mai, je romps avec toi… même si, de ton côté, ça devait être fait depuis longtemps. Mais comme tout homme, j’ai ce qu’on appelle « fierté ». Ce que tu n’as pas, toi. Au point de t’envoyer en l’air avec le premier venu.

A jamais. »

Il toqua trois fois (et avec force) à la porte, avant de disparaître. Non, vraiment. Il ne voulait pas la voir. Cela risquerait de créer des problèmes. Quand les femmes ne sont pas matérialistes, elles sont avides de chair. Voilà ce que cette expérience lui avait donné comme leçon.

Silsila Ye Chaahat Ka

Trois coups à la porte de ma chambre annoncèrent que ma vie allait prendre un tournant décisif.

Face à cette monstrueuse lettre, je m’écroulais sur mon lit. Les jambes coupées, le souffle coupé, le cerveau hors d’atteinte. Je venais de me faire lamentablement quitter. Moi, la briseuse de cœur. Moi, Karin Alamaba. Alors que j’aurais voulu hurler ma rage au monde entier, des misérables larmes commencèrent à couler. Une. Puis deux. Puis des pluies abondantes. Pourquoi me sentais-je aussi touchée par cette déclaration ? Je devrais être en train de rire et de la déchirer ! Pas de me sentir déchirée à l’intérieur. Pas coupable. Cette photo devant les yeux était la cause de cette douleur. Quand avait-elle été prise ? Comment ? Je devrais me lever et aller frapper quelque chose. Mais impossible de me relever. Pourquoi est-ce que cette lettre me faisait un tel effet ? Jamais je n’aurais dû m’attacher à lui à ce point, j’avais raison de vouloir m’éloigner au plus vite ! Eion m’aura aidé à ouvrir les yeux. Et pourtant… Cette déchirure ne partait pas. Alors c’était donc ça, ce qu’on appelle l’amour. Une douleur parmi tant d’autre. Et pourquoi lui ? Il représente ce que je hais ! Mais il est doux. Il est gentil. Un peu trop protecteur et possessif. J’étais quelqu’un d’important à ses yeux. J’étais tombé pour lui, comme tant d’autres… Ridicule ! C’était ridicule ! Des rires nerveux m’échappèrent, je me faisais pitié. Quelle idiote ! Quelle imbécile ! Voilà que je pleure à cause d’une de mes propres fautes… Et que fait-il lui pendant ce temps ? Il doit bien se moquer de moi ! Se sentir fier de lui-même !

Puis d’un coup, mes larmes cessèrent. Assez pleurer. J’allais lui montrer ce qu’il abandonnait derrière lui. Cette lettre m’avait ouvert les yeux : si je pleure tant pour lui, c’est qu’il est plus précieux que tout les hommes que j’ai pu côtoyer. Je ne laisserais pas la distance nous séparer. Me levant d’un coup, je fourrais en vrac des affaires dans un grand sac, tout en attrapant mon téléphone. J’avais besoin d’aide. Mon orgueil ne valait plus rien. Je ne valais plus rien. Sans son pardon, je ne pourrais plus vivre. J’allais le forcer à me revoir. Et tant pis pour ce qui suivrait : il devait m’entendre. Car bien malgré moi, mes peurs et angoisses, il m’avait touchée au cœur. Je l’aime.

- Akari ? Ne devais-tu pas aller présenter Sasuke à ta famille cette semaine ? J’aimerais m’incruster pour une visite de courtoisie. Demain ? C’est parfait. Parfait. Dan et moi avons… une certaine affaire à régler. Je m’en charge. Je suis la seule responsable.